NALAH ♡ « Alors c’est ma théorie, que ces moments où il y a impact définissent qui nous sommes. Mais il y a une chose que je n’avais jamais envisagé ; et si un jour on arrivait plus à se souvenir d’aucun de ces instants ? »

∞ Mistreated. Misplaced, missunderstood. Miss know it, it's all good. It didn't slow me down. Mistaken. Always second guessing. Underestimated. Look I'm still around.

Je crois que je suis, comme on dit, née au mauvais endroit au mauvais moment. Le premier drame de ma vie a eu lieu le jour même de ma naissance : ma mère n’a tout simplement pas survécu à l’accouchement. Je suis arrivée plus tôt que prévu et de manière non prémédité du au détachement du placenta de ma mère. Et, malgré la rapidité de mon père pour l’amener à l’hôpital, elle avait perdu trop de sang. Bébé déjà, on m’avait amputé d’une des personnes les plus importantes de ma vie, cette femme qui était supposé m’épauler et me soutenir dans toutes les étapes de ma vie d’enfant, de jeune fille, de femme. Au décès de ma mère, mon père a vu sa vie tomber en morceaux. Elle était la femme de sa vie et on lui avait enlevé. Il est devenu amorphe, un véritable fantôme. C’est ma grande mère maternelle qui a tout fait pour que je puisse vivre correctement, que je ne manque de rien. Très vite, elle m’a appris à devenir autonome, à faire à manger, à faire la vaisselle, le repassage, la lessive.. A sept ans, j’étais déjà une véritable petite fée du logis. Malheureusement, la mort a emporté ma grand-mère l’année de mes huit ans. J’ai été lourdement peiné, ma grand-mère était la personne qui ressemblait le plus à une mère pour moi. J’avais l’impression d’avoir perdu ce côté maternelle une nouvelle fois. Ne passant plus de temps chez ma grand-mère et elle ne venant plus chez moi, je me retrouvais en permanence seule avec mon père, « dans ces pattes » comme il disait. C’est quelques semaines après la morte de ma grand-mère que j’ai reçu mes premiers coups..

C’était pour une broutille, une bêtise, quelque chose d’anodin. J’avais eu un b- à mon interrogation de mathématique. Lorsque j’ai présenté mes résultats à mon père, la gifle est partie sans que je ne la voie venir pour finir par se poser violemment sur ma joue. « Tu n’es qu’une incapable. » Je ne comprenais pas, je me sentais perdue et sans repère. Je suis rapidement montée dans ma chambre avant de pleurer à chaudes larmes, une photo de ma mère serrée contre ma poitrine. Néanmoins, j’étais loin de me douter que la situation ne ferait qu’empirer au fil des jours, des semaines, des mois, des années.. Mon père en exigeait toujours plus de moi-même sans jamais m’accorder son aide ou le moindre encouragement. Je pense que je me souviendrais toujours de ce jour où il a définitivement fini d’être mon père pour devenir « Oscar » à mes yeux. Il avait bu, beaucoup trop bu, marmonnait entre ses dents. C’était mauvais signe, je le savais. Mais, avant que je n’eus le temps de monter dans ma chambre pour fuir ses violences, sa bouteille de vin était venue s’éclater sur le mur à seulement un mètre de moi et il avait lâché dans un grognement : « Si seulement tu avais pu crever à la place de ta mère. » Sans attendre plus longtemps, j’étais sortie de la maison pour courir jusqu’à la maison des Edgecombe.

Cette famille, je l’enviais tellement. Ils étaient soudés, complémentaires et terriblement attachants. Je crois que si je ne les avais pas eus durant mon enfance, j’aurais fini par sombrer ou par fuir. Mais, à chaque fois que je me sentais mal, il suffisait que je rentre dans cette grande ferme familiale pour me sentir à ma place et à l’aise. J’appréciais chacun d’entre eux pour des raisons différentes. Tout d’abord, il y avait Sarah, cette petite fille qui au fil des années était devenue ma meilleure amie. Nous parlions de tout, ou presque. Elle était mon tout : ma confidente, mon rayon de soleil, mon ange gardien, la grande sœur que je n’ai jamais eu. Ensuite, il y avait Riley, ce petit garçon qui me rendait toujours le sourire, qui partageait la même classe que moi depuis la maternelle. Je le considérais comme mon meilleur ami, celui qui serait toujours là pour moi. Puis, il y avait les jumelles, Abbie et Gwen, ces deux petites têtes brunes qui me donnaient l’impression que la vie valait la peine d’être vécue. Ces petites filles que je gardais souvent avec plaisir lorsque le reste de la famille était en vadrouille, mes bébés comme j’aimais les appeler. Je n’avais pas vraiment de lien particulier avec le reste de la famille mais notre relation restait amicale et sympathique. Puis, il y avait Raphaël : cet espèce de bout en train qui faisait vivre un enfer à ses parents, qui passait son temps à faire des conneries. Il m’intriguait beaucoup à l’époque. Il croquait la vie à pleine dent et, parfois, je l’enviais.

Lorsque nous avons eu 10 ans, Riley et moi sommes passés du stade de meilleurs amis à amour de jeunesse. Nous étions encore des enfants mais nous jouions déjà au petit couple parfait. A l’école, nous étions inséparables et j’imaginais déjà mon futur avec lui. S’il n’y avait eu que moi, nous serions déjà partis faire notre petite vie, j’aurais ainsi pu fuir mon père. Enfin.. Oscar. C’est dans le courant de cette année-là que Riley a découvert la violence de mon père à mon égard. De façon simple et incongru, il avait tout simplement été témoin d’une énième scène de terreur. Apeurée, je lui ai ordonné de partir et lui ai fait promettre de ne rien dire à personne. Par après sans trop comprendre ni pourquoi ni comment, je me suis rapproché de Raph. Je ne venais plus chez les Edgecombe juste pour voir Riley et Sarah. Non, je venais aussi voir celui que je considérais un peu comme un grand frère à l’époque : Raphaël. Il est devenu mon protecteur, mon confident, celui à qui je racontais tout, avec qui je partageais tout. C’est ainsi que sans m’en apercevoir, je me suis tout doucement détachée de Riley.

Et puis, de nouveau, la vie m’a donné un coup de poing en pleine figure : alors qu’il n’avait que 15 ans, les médecins ont découvert que Raphaël avait une tumeur cérébrale. Etrangement, cela m’a encore plus rapproché de lui. Je passais énormément de temps avec lui, à l’hôpital, à tel point que ses parents me ramenait à mon père lorsqu’il se faisait tard. J’essayais de lui changer les idées. Je lui parlais de tout et de rien, lui lisait des livres, jouait à des jeux de sociétés. Je voulais être présente pour lui comme il l’avait été pour moi. Je voulais lui montrer qu’il avait une place de choix dans ma vie. Grâce à ce souci de santé, j’ai également découvert une facette de lui que je ne connaissais pas : la fragilité. Et, cette fois, et pour la première fois de ma vie, j’avais plus envie de le protéger lui que de me faire protéger. C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que c’était bien plus qu’une relation amicale ou fraternelle qui nous liait. C’était également différent de ce que j’avais pu vivre avec Riley. J’avais envie d’être dans ses bras, j’avais envie d’être avec lui en permanence, j’avais envie de l’embrasser. Et j’ai finis par le faire, quelques mois plus tard. J’étais passé le voir à la ferme, nous étions seuls et j’avais envie de savoir si mon attirance pour lui était réciproque. J’avais une de ces trouilles. Je ne voulais pas gâcher quelque chose, je ne voulais pas perdre ce que nous avions. Mais, il ne m’a pas repoussé. Au contraire, il a répondu à mon baiser. Je me sentais vivante, je me sentais entière.

Malheureusement, ce bonheur parfait fut de courte durée. En effet, rapidement, nous avons dû annoncer notre relation à nos proches. Chez les Edgecombe, les réactions étaient mitigées. Bien évidemment, Riley nous en a voulu à mort. Il s’est senti trahi et je le comprenais complètement. De son côté, Sarah étaient sur un nuage. Pour elle, c’était une évidence qu’on finisse ensemble. Elle connaissait mes sentiments naissants pour lui et je pense qu’elle se doutait également de l’attirance de son frère à mon égard. Mon père, quant à lui, le vivait très mal. Pour lui, me mettre avec Raph, c’était me jeter dans la gueule du loup, m’attirer des ennuis. Mais, au fond, je pense qu’il avait surtout peur de finir tout seul, que Raph m’enlève à lui parce que, même s’il me battait, mon père avait besoin de moi. Oui, il avait besoin de moi : pour faire la cuisine, pour faire le ménage, pour se défouler et surtout pour ne pas être totalement seul. Néanmoins, c’est ce qui a fini par arriver. Depuis que je sortais avec Raph, les coups se faisaient plus forts, plus réguliers, plus volontaires. Ca rendait Raph dingue et je crois que si je ne l’avais pas retenu, il aurait tout simplement massacré mon père. Un jour, alors que l’on était chez moi et que j’étais occupé à préparer le diner, une dispute a éclaté dans le salon. Je ne sais même pas ce qui l’a déclenché. Tout ce que je sais, c’est que lorsque j’ai vu mon père levé la main sur Raph, c’est moi qui suis devenue dingue. Je me suis interposée entre eux, suppliant Raph de partir. Je ne voulais pas qu’il subisse la même chose que moi, je ne voulais pas qu’il se fasse humilier de la sorte. Au final, il est bel et bien parti mais avec moi à son bras. On a vécu comme des vagabonds durant des semaines, on savait qu’on ne pourrait pas vivre cette vie sans attaches longtemps mais nous avons dû retourner plus tôt que prévu.

La ferme avait brûlé. Correction : mon père avait brûlé la ferme des Edgecombe. Je me sentais terriblement honteuse. Honteuse d’avoir pour père un homme aussi cruel et sans scrupule. Lorsque l’on est rentré en ville, on a pu en apprendre davantage. Et là, ce fut le drame. Tara et Riley avait péri dans les flammes. Riley, mon Riley. Il y a tellement de choses que j’aurais encore eu à lui dire, tellement de choses pour lesquelles je voulais me faire pardonner. J’en voulais terriblement à mon père. Les Edgecombe ont fait inculper mon père pour l’incendie meurtrier qu’il avait causé et, quant à moi, je me sentais enfin capable de dénoncer mon père pour les atrocités qu’il m’avait fait subir durant mon enfance. Raphaël a aidé le reste de sa famille à reconstruire la ferme et moi, j’ai fui retrouver une partie de ma famille à Londres. Raph voulait qu’on essaye de préserver notre relation mais, de mon côté, je m’en sentais incapable : à cause de ce que mon père avait fait, à cause de la distance qui s’imposer désormais à nous. J’ai essayé de le résonner, lui envoyait des lettres lui ordonnant de m’oublier, de faire sa vie. Je voulais qu’il soit heureux, qu’il vive sa vie à pleine dent comme il le faisait lorsqu’il était enfant.

A Londres, j’ai eu du mal à prendre mes marques. Je n’avais plus mon père, plus Sarah, plus Riley et surtout plus Raphaël. Heureusement que j’avais ma tante et mes cousines pour m’aider à prendre mes repères dans cette grande ville qui me paraissait si vide sans Raph. Je ne lui ai jamais dit pour qu’il puisse faire le deuil de notre relation en paix mais il m’a manqué à un point inimaginable. Je le cherchais partout où j’allais et ce même si je savais qu’il se trouvait à des kilomètres. Puis, il est enfin apparu dans mon champ de vision. Il était venu faire ses études dans la capitale, me retrouvant par la même occasion. J’ai enfin pu apprécier ma vie à Londres avec lui à mes côtés.  Néanmoins, nous étions toujours séparés et j’ai profité de mon célibat pour attiser sa jalousie. Comme je l’espérais, ça a fonctionné et on a fini par se remettre ensemble. Un an plus tard, nous officialisions notre union en emménageant ensemble. La vie à deux, c’était le pied, le paradis, le nirvana. Mais, comme le destin a décidé de ne pas nous épargnez, un nouveau drame est venu pointer le bout de son nez : la mort de Josh. Je n’avais jamais été très proche de ce fils Edgecombe mais c’était sans doute celui dont Raph était le plus proche. Cette période a été très difficile à vivre pour lui et j’ai essayé de le soutenir du mieux que je pouvais. Et je crois que ça a fini par fonctionner. Son rire a fini de sonner faux et son sourire est redevenu aussi lumineux qu’avant. Nous filions le parfait amour et pour la première fois de ma vie, je rêvais d’un avenir avec un homme. Je voulais des enfants, beaucoup d’enfants. Une grande maison pleine de vie et un jardin rempli de cachettes secrètes. Un chien, pourquoi pas un border collie, qui serait le compagnon de jeux de nos enfants. Il y a un an de cela, il m’a demandé ma main. Vous vous en doutez, j’ai accepté sans attendre. Quelques semaines plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. La petite vie parfaite pouvait officiellement commencé. Puis..

Il a eu sa première inauguration. Enfin, son travail était apprécié à sa juste valeur. J’étais si fière de lui, un truc de dingue. Je passais mon temps à dire aux visiteurs que, oui, l’artiste était mon futur mari. Notre bonheur était à son apogée. Mais, au retour vers la maison, un chauffard lui a coupé la route et notre voiture est allée s’encastrer contre un arbre. C’est là que notre vie a basculé. Je me suis retrouvée dans le coma, inerte et amorfe. Lorsque je me suis réveillée, je ne me souvenais absolument de rien depuis mes 18 ans. Pour moi, c’était Raph, mon ex, mon ami, mon confident. Ce n’était ni mon mari, ni le père de mon enfant. Il me racontait des choses dont je ne me souvenais pas. Les sentiments n’étaient plus là, il n’était qu’un bon ami à mes yeux. Petit à petit, je me suis amourachée d’un jeune interne qui s’occupait de moi. Il était drôle, charmeur et attentionné. C’était tout ce dont j’avais besoin : de la nouveauté, de la fraicheur. J’avais besoin de m’extirper de cette vie qui ne semblait pas être la mienne. Finalement, Raphaël est parti. Et, je dois bien avouer que dans un premier temps, je ne l’ai pas regretté. Il m’avait dit des atrocités avant de partir. Je ne l’aimais plus, c’était une certitude.

Adrian et moi avons fini par nous fiancer. C’est aller très vite entre nous mais ça me semblait évident. J’avais l’impression d’avoir rencontré l’homme de ma vie alors pourquoi attendre ? Je n’avais plus le temps. La vie devait être vécue à cent pourcents. J’ai choisi de venir célébrer notre amour ici-même sous les conseils précieux de Sarah et James. Je débarque donc en ville pour venir visiter la ville avant de faire le grand saut. Néanmoins.. Et si cet amour n’était pas parfait ? J’ai de plus souvent des flash ayant Raphaël comme acteur. Puis.. Si tout ce qu’il m’a dit est vrai, ne suis pas en train de gâcher nos vies ? L’avenir nous le dira..