« Simon, tu viens ? » Le jeune homme acquiesça mais ne se précipitait pas pour la suivre comme à son habitude. « Qu’est-ce qui t’arrives aujourd’hui ? T’es bizarre. » Sutton s’était arrêtée, elle le regardait des pieds à la tête avec sa mine impatiente qui avait le don de mettre la pression aux gens. « Je… J’voulais te dire un truc. Mais oublie... » Elle leva les yeux et Ciel. « Qu’est-ce que tu veux dire Finley ? » Elle adorait appeler son meilleur ami par son nom de famille, ce qu’il trouvait impersonnel et désagréable. « Non, rien, juste que… Euh… J’ai fini notre dossier de chimie ! » Un sourire se dessina sur les lèvres de Sutton, elle passa sa main autour du coup de Simon et reprit le chemin de la sortie du lycée. « T’es le meilleur, tu le sais ça ? » Il baissa la tête, sans même y répondre. Sur la route de leur café préféré, la blonde ne put s’empêcher de lui parler de ce garçon qu’elle aimait particulièrement, Wes. « Tu crois qu’il m’aime bien ? » Simon souffla de dépit, c’était tous les jours la même chose, et à chaque fois qu’elle s’embarquait dans une relation avec un mec, elle finissait en miette et il était le con qui devait la ramasser à la petite cuillère alors qu’il l’avait pourtant prévenue. « A quoi ça sert que je te dise que ce n’est pas un gars pour toi, puisque de toute façon, tu ne m’écouteras pas. » Sutton se mit à rire, elle savait bien qu’il marquait un point sur ce coup-là, mais elle était bien trop têtue pour accorder de l’importance à un avis qui n’allait pas dans son sens. « Tu sais quoi, si dans 10 ans je n’ai trouvé personne, je me marierai avec toi ! » Simon fronça les sourcils. « Ouais donc je suis ta roue de secours quoi… Tu sais quoi Sutton, j’en ai marre, je rentre. » Son sourire s’effaça tandis qu’elle regardait son meilleur ami s’éloigner. « Simon !!! Simon !!!! » Ses hurlement ne firent rien, et condamnée à boire son verre toute seule, elle décida finalement de rentrer chez elle. Une fois posée sur son lit, elle lui envoya un texto, essayant de récolter plus d’explications, mais la réponse la surprit : « Sutton, je suis amoureux de toi depuis que je suis en âge d’avoir des sentiments pour quelqu’un, alors s’il te plait, si tu as un peu de respect pour moi, laisse-moi tranquille, j’ai besoin d’être un peu seul. » Elle relut le message une dizaine de fois, mais les mots restaient les mêmes, écrits noir sur blanc. Elle était triste et en colère, il venait de tout gâcher, et en même temps, elle l’avait blessé sans le vouloir. Comment pouvait-il lui en vouloir, elle n’y était pour rien si elle ne ressentait pas la même chose que lui. Elle se laissa tomber sur son lit et resta allongée à fixer le plafond. Quelle galère !
Assis à table, les Fosters dînaient tous ensemble lorsque Robyn, la sœur de Sutton amena le sujet qui fâche au cœur de leur conversation. « Au fait Sut’, j’ai croisé Simon ce matin au marché, tu m’avais pas dit qu’il avait une nouvelle copine. Elle est super mignonne en plus ! » Sutton grogna dans son assiette. « Ha j’ai touché un point sensible ? » Sutton lâcha sa fourchette et lui lança un regard assassin. « Tais-toi Robyn. » L’idée de savoir Simon en couple avec sa pimbêche de copine énervait Sutton au plus haut point. Il ne voyait donc pas qu’elle se foutait de sa gueule, qu’elle profitait de lui, de sa gentillesse, qu’elle abusait d’un garçon fantastique alors qu’il était évident qu’elle n’avait aucun sentiment pour lui. Le dîner se termina sans encombre, mais quelques instants plus tard, l’aînée rejoint Sutton dans la cuisine tandis qu’elle faisait la vaisselle. « Ça te tracasse hein ? T’as l’impression que Simon te remplace ? » La petite blonde ne répondit pas. « Tu sais, c’est souvent quand les gens nous échappent que l’on réalise l’importance qu’ils ont dans nos vies. » Sutton s’arrêta. « Tu ne sais pas de quoi tu parles, Simon est mon meilleur ami depuis toujours, évidemment que je l’aime. Mais là, cette fille va lui briser le cœur, j’ai envie de lui ouvrir les yeux mais chacune de mes tentatives s’est terminée en violente dispute. » Robyn serra sa sœur contre elle tandis que Sutton séchait les larmes qui coulaient sur ses joues. « T’inquiète pas, les choses finiront bien par rentrer dans l’ordre tôt ou tard, et puis s’il a besoin de toi, il sait qu’il peut compter sur sa meilleure amie… Mais bon, je soupçonne une pointe de jalousie quand même. » Conclut-elle en s’échappant de la cuisine avant d’avoir à subir les ronchonnements de sa sœur une fois de plus. Elle n’avait pas tout à fait tort, voir Simon avec cette fille lui retournait l’estomac, mais c’était parce qu’il était à elle, c’était SON Simon, qui plus est, c’était d’elle qu’il était amoureux, pas d’une autre. Elle savait bien qu’elle n’avait pas le droit de lui infliger ça, elle n’avait jamais su lui rendre ce qu’il lui donnait, lui offrir ce qu’il attendait d’elle, et pourtant là, égoïstement, elle voudrait le priver de ça parce qu’elle détestait l’idée de le partager, elle avait pris pour acquis l’amour de Simon à son égard et tout était remis en question désormais.
« Bonjour mademoiselle Foster. » Des frissons parcoururent le corps tout entier de Sutton. Sans qu’elle ait besoin de se retourner, elle savait qu’il se tenait derrière elle, dans un costard de la plus grande classe, à quelques centimètres à peine d’elle. Elle sentait sa présence dans son dos, c’était comme s’ils se touchaient sans le faire pour autant, il s’enivrait de son parfum à elle, elle s’exaltait de cette passion interdite qui la dévorait. Appuyée sur l’ilot de l’accueil, la blonde restait immobile, répondit un hésitant « Bonjour Monsieur Wright. » et comprit qu’il attendait son retour pour s’éloigner. Soulagée, heureuse de lui avoir parlé, mais pourtant toujours l’estomac noué par l’adrénaline que provoque chacune de ses apparitions, Sutton alla s’asseoir à son bureau. Deux petites heures plus tard, le téléphone de son bureau sonna, il la convoquait dans son bureau, immédiatement. Un sourire satisfait au coin des lèvres, la blonde se leva et se rendit vers le lieu de la convocation. Elle frappa et rapidement, il lui indiqua d’entrer. Les stores tirés, il était debout, appuyé contre son bureau, et la regardait entrer dans sa petite robe noire. « Ferme la porte tu veux ? » Elle s’exécuta et verrouilla derrière elle avant d’avancer pleine d’assurance vers son patron. Une demi-seconde plus tard, c’était elle qui était appuyée contre le bureau et lui qui l’allongeait doucement sur la table, prenant le soin de lui retirer le superflu, à savoir ses vêtements. Un moment plus tard, les deux se rhabillèrent, Sutton prit le soin de se recoiffer et de se remaquiller avant d’aller de nouveau se mêler à ses collègues. Avant de partir, elle resta un moment assise en face de lui, cherchant une quelconque réponse à toutes les questions qui abreuvaient son esprit. « Graham… » Il détourna le regard : « Sutton s’il te plait, pas aujourd’hui. » Il savait ce qu’elle allait lui demander, mais lui-même ne savait pas quoi penser de tout ça. Rien n’y faisait, cette fille lui faisait tourner la tête, mais pourtant, lorsqu’il rentrait le soir, qu’il y trouvait sa femme et toutes ces années ensemble, tout prenait son sens. Inconsciemment, il passa ses doigts sur son alliance, et Sutton comprit qu’il était temps pour elle de retourner à son bureau.