(Groupe C) La fête des souvenirs

Accrochée au bras de Maximilien, la demoiselle naviguait entre la foule pour la fête des souvenirs. Cette dernière était apparemment un événement récurrent qui attirait moult villageois, les rues était animées et la belle pouvait ainsi mettre ses problèmes de côté. En effet, être au milieu de son fiancé et de son beau-frère était une torture de tout les instants. Ses bêtises l'attirait soit davantage vers l'un & le soir d'après dans les bras de l'autre. Ces changements la chamboulaient au-delà de la raison et elle avait la sensation de ne pas pouvoir respirer. En plus, comme elle ne connaissait personne en ville, elle devait faire avec et rester dans les pattes des deux hommes qui faisaient battre son cœur.
Brody prétexta un passage aux toilettes pour s'éclipser et elle se retrouva seule avec son fiancé, qui, tout sourire revivait son enfance en lui montrant tout les endroits intéressants de la ville. Le jeune homme aimait particulièrement cette fête puisqu'elle était empreinte de nostalgie et que Blossoms Hills réservait à ses habitants son lot de surprises. Elle s'était prise au jeu et avait glissé son secret dans la boîte comme bon nombres de ses compères.  Chloé fronça les sourcils en voyant un attroupement de plus en plus conséquent devant ce que Maximilien lui avait indiqué comme le bar de Barry. Il l'abandonna lui aussi pour aller aux toilettes, la laissant seule alors qu'elle ne connaissait personne. "Tu te rends compte ? Placarder les secrets des gens comme ça !" sans même avoir tendu l'oreille, cette révélation qu'elle avait entendu par hasard l'étonna et provoqua en elle une peur viscérale. Trottinant vers la foule pour entendre confirmation à ce qu'elle craignait, elle bouscula accidentellement une blonde. "Excusez-moi..."   elle fixait, dépitée, les petits secrets des habitants dévoilés au grand jour. "Y...Y'a pas de mal." déglutissant avec peine, elle pointa du doigt à la jolie blonde les mots écrit au marqueur "C'est bien ce que je crois ?" quelle idée de mettre son secret dans cette foutue boîte, dans quelle merde s'était-elle encore fourrée ?!

Nan mais quelle connerie que d'avoir mis son secret dans cette stupide boîte ! J'avais eu raison de me méfier mais c'était une tradition ici... Je m'étais prêtée au jeu les autres années et il n'y a avait pas eu de problème jusque là... Oui mais voilà... Il fallait bien que cela arrive un jour... Mais apparement, c'était la première fois vu les réactions choquées autour de moi. Les bons vieux fermiers de Blossom Hills ne s'étaient jamais posés la question du vol de la boîte des secrets. A un autre moment, j'aurais peut-être apprécié le spectacle que je voyais autour de moi. Me délectant des mines affolées et des visages verts qui m'entouraient. Oui mais voilà. Moi aussi j'avais mis un de mes secrets dedans. Un que personne ne connaissait même pas Jaeden. Surtout lui d'ailleurs. Sinon j'en aurais entendu parler tout au long de ces onze dernières années.  Valait mieux que cela reste un secret. Aussi bien pour lui que pour moi.
J'aurais bien voulu voir ce qu'il y avait réellement sur les vitres de Sexy Barry mais impossible de m'en approcher. Du coup, je me suis reculée. Sauf que je percutais quelqu'un au passage. M'excusant auprès de la jeune femme, j'écoutais sa question. Elle devait être nouvelle. Je ne l'avais jamais vu encore. A BH tout le monde finissait par se connaître et elle elle faisait exception à la règle. Et au vu du visage qu'elle m'offrait, elle aussi avait dû se faire avoir par cette boîte...

Lui souriant avec compassion, je lui répondais d'une voix douce

"Je crois qu'un petit malin a cru bon de déterrer la boîte..."

Puis je laissais échapper un petit rire en affichant un air serein que j'étais loin de ressentir.

"Au moins les commères de cette ville auront de quoi s'en donner à cœur joie ces prochains jours..."

La regardant un instant, j'enchainais alors

"Vous êtes nouvelles hein ? Je ne vous avais jamais vu... Je m'appelle Az Allister."

Qu'est-ce que je fous là ? Non, mais sérieusement, venir à une fête avec tout le village, j'suis vraiment con ou ça se passe comment ? À tous les coups, je vais tomber sur des personnes que je n'ai pas envie de voir. Je soupire, il manquerait plus que mon père débarque, me voit et décide de venir me parler et ce serait le summum de la journée de merde. Ça me gonfle, j'en ai marre d'être ici, j'ai envie de rentrer chez les Hastings. Je suis venu pour Sara parce qu'elle n'a pas arrêté de me pousser, de me dire que ce serait vraiment fun, que je pourrais enfin rencontrer tous ses amis et tout et tout. Ouais, j'ai fini par craquer pour lui faire plaisir alors que je n'ai aucune envie de rencontrer ses amis, du moins son meilleur ami et toute autre personne possédant le nom de famille Griffin. Je suis venu, j'ai joué le jeu, j'ai écrit un secret et j'ai tenté du mieux que j'ai pu d'éviter tous les Griffin. Pour le moment, je m'en sors comme un chef, je n’en ai croisé aucun. Amen. Enfin, c'est vite dit parce qu'au moment où je me dis que je vais finalement m'en sortir, Sara m'annonce fièrement qu'elle vient d'apercevoir Aksel. Donnez-moi une corde et un tabouret que j’en finisse tout de suite !  Je lui adresse tant bien que mal un sourire et je lui lance doucement. « Je vais nous chercher un truc à boire et je te rejoins. » Ni une, ni deux, je disparais avant qu’elle puisse répondre quoi que ce soit. Je sais très bien que c'est con comme réaction, sauf que je m’en fous royalement. Un jour, je vais être obligé de me taper ce putain de face à face avec Aksel, mais ce jour ne sera pas aujourd’hui ! Je m'éloigne de la foule, je m'éloigne des festivités et je pars m'isoler dans un coin, tranquille, loin de tous ces Griffin à la con. J'observe les gens de loin, tout le monde semble se connaître ici, ça me déprime. Ça me donne encore plus l'impression que je ne suis pas à ma place, parce que clairement, Blossom Hills, ce n'est pas ma ville et ça ne le sera jamais. C'est la ville de ma copine, celle de mon père également, mais pas la mienne.

Écouteurs dans les oreilles, je m'allume une cigarette quand tout à coup, tout le monde s'affole. Je vois les gens commencer à courir comme des imbéciles et je lève un sourcil surpris. Euuh... Il se passe quoi, ça fait partie de la fête ? Ouais, plus rien ne m’étonne ici. J'enlève un de mes écouteurs et j'entends très nettement plusieurs personnes dire que la boite avec tous les secrets a été dérobée. Et là, c'est le drame. Merde ! Pourquoi est-ce que j'ai suivi Sara à cette stupide fête ? Pourquoi est-ce que j'ai écrit précisément ce secret ? J'aurais pu écrire un milliard d'autres trucs, mais non, il a fallu que j’écrive ça ! Je commence à paniquer comme un con. Je savais que ça allait finir par se savoir, mais merde, pas maintenant. J'essaie de réfléchir au plus vite, il faut que je me casse d'ici. Je vais rentrer chez les Hastings, prétexter un truc à la con et si quelqu'un vient à lire ce que j'ai écrit, je pourrais toujours dire que ce n'est pas mon secret. Ouais, bonne idée. Je m'apprête à partir quand je tombe nez à nez avec Ioan Griffin. Je le reconnais immédiatement, merci, les nombreuses photos qui ornent le mur de la chambre de Sara.  J’ai vraiment la poisse, j’arrive à éviter Aksel in extremis et il faut que je tombe sur Ioan. Je reste un instant immobile, je ne sais pas comment réagir. « Merde. » Ça sort tout seul, pour le coup, il doit me prendre pour un con. Je ne lui laisse pas le temps d'en placer une, je me casse, je prends la fuite. Je dois vraiment avoir l'air d'un abruti fini à cet instant et ça continue parce qu'en essayant de m'enfuir je m'étale comme une merde devant deux jeunes femmes en pleine discussion. La tête à moitié dans le gazon, j'ai qu'une envie, faire un avec Dame nature et disparaître totalement. À cet instant précis, j'ai vraiment l'impression d'être un boulet de service. Pourquoi est-ce que je suis sorti aujourd’hui ? Je me relève légèrement tout de même avec le peu de dignité qu'il me reste, j'adresse un sourire aux deux jeunes femmes et lance le premier truc qui me vient à l'esprit. « Désolé. » Ouais, je m'excuse de m'être étalé comme une grosse merde. Mais putain, j'ai vraiment décidé d'être con jusqu'au bout aujourd'hui ou ça se passe comment ? Je me retourne rapidement vers l'endroit où j'ai laissé Ioan, mais le jeune homme a disparu. Ouf.

C'était le bordel. Y'avait pas d'autres mots. Entre le retour d'Ahilan mais ce silence pesant qu'il nous imposait à tous et la grossesse de Jazmin, j'avais besoin de changer d'air, de penser à autre chose l'espace d'une soirée et oublier à quel point ma vie était sans dessus-dessous. La fête des souvenirs avait toujours été une soirée sympathique durant laquelle tout le monde passait un bon moment, on mangeait, on dansait, on riait tous ensemble en se promettant de recommencer rapidement, mais on savait tous que la prochaine fois serait certainement un an plus tard, même jour, même heure, même fête du village. Peu importait, c'était cool et j'avais besoin de ca. Arrivé sous le cerisier, j'apercevais des têtes connues, envoyai quelques tapes dans le dos, serrai quelques mains, adressai quelques sourires polis à tous ces visages familiers quand je me retrouvai nez à nez avec un mec. "Merde" lança-t-il. Bon, c'est ce que je lui inspirais ? Sa tête me disait quelque chose mais pourtant, j'étais sûr de ne pas le connaître. Trop bizarre comme sensation. Je n'eus pas le temps de lui demander quoique ce soit ou de m'offusquer de son impolitesse qu'il avait déjà détaler comme un lapin. Enfin, comme un lapin... C'était vite dit, il était quelques mètres plus loin étalé le nez dans le gazon. Aussitôt, je courus vers lui et me plaçais en face de lui. Son premier réflexe fut de se retourner vers l'endroit de notre rencontre, ce qui me parut pour le moins étrange. C'est moi qui l'effrayais ? C'est qui ce type ? Un psychopathe ou quoi ? Je lui tendis tout de même un main amicale afin de l'aider à se relever. "Si c'est de l'herbe que tu cherches, je peux te donner deux trois noms à qui t'adresser tu sais... C'est ce que j'appelle une arrivée en fanfare en tout cas, grande classe. J'suis Ioan." Je lui souriais gentiment, en espérant qu'il finirait par me dire autre chose qu'un juron, genre pourquoi sa tête me dit quelque chose ?

Pendant que je lui tendais la main, tout le monde commença à s’esclaffer, à s'agiter dans tous les sens, puis de partir dans tous les sens. Il se passait quoi là ? Au détour d'une conversation, j'entendis deux vieilles dames parler de la boîte à souvenirs volée. Non mais attendez une minute. "La boîte a été volée ??" Ma question n'était adressée à personne en particulier, mais un petit garçon qui trottinait à côté acquiesça. Et bin voilà, cette soirée ne pouvait pas être tranquille, je ne pouvais pas avoir un moment de répits. Vie de merde.

J'suis encore à moitié avachi sur le sol quand une main apparaît comme par magie devant moi. Merde, je l’ai pas vu arriver ce con. Il prend un ton sympathique, il m'fait même un putain de sourire et me lance comme si on allait devenir les meilleurs potes du monde : « Si c'est de l'herbe que tu cherches, je peux te donner deux trois noms à qui t'adresser tu sais... C'est ce que j'appelle une arrivée en fanfare en tout cas, grande classe. J'suis Ioan. » Je ne prends pas sa main. Je lui fous le vent du siècle et j’en suis ravi. Je m'appuie sur l'herbe et je me relève enfin, bah ouais j’vais pas passer une heure étalé comme une merde dans l’herbe. J'agis comme un con, je le sais et alors ? J'voulais pas le voir, j'voulais pas lui parler, pourquoi il m'a suivi, bordel ?! Je réponds à son sourire par un sourire forcé, un sourire de faux-cul et ça se voit, pas besoin d'être Einstein pour le capter. Je prends un ton froid et je lui balance simplement. « Stan. » Simple, concis, on rentre pas dans les détails, j'veux pas faire ami-ami avec ce mec. Je le déteste. Non seulement il est sorti avec Sara et ça me fout en rogne, mais en plus, mon père l'a adopté. Bref, il me saoule, c'est tout.

En plus d'être un abruti, il a un cerveau qui tourne à deux à l'heure. Il réalise enfin ce que tout le monde a capté depuis quelques minutes et il pose LA question qu’on redoute tous. « La boîte a été volée ?? » Je réponds rien, les deux nanas à côté de nous non plus, mais un petit garçon confirme. Et j'sais pas pourquoi, je lui balance d'un ton encore plus froid que tout à l'heure : « T'as quelque chose à cacher ? » J'agis comme un con, là. J’suis pas du genre à chercher la merde normalement. Je devrais me casser et rentrer, mais non, je me sens obligé de lui renvoyer une phrase stupide. J'ai accumulé tant de haine contre mon père et contre ses enfants avec les années qu’il fallait bien que ça sorte un jour.