Raphaël ▲ " J’avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c’était cela la liberté. "

" N’as-tu jamais fait un de ces rêves qui ont l’air plus vrai que la réalité ? Si tu étais incapable de sortir d’un de ces rêves, comme ferais-tu la différence entre le monde réel et le monde des rêves ?" [Matrix]

J'ai vu le jour il y a maintenant 27 ans de cela, dans un p'tit village excessivement morne, à proximité de Londres. Ouais, c'est dingue, on dirait pas, mais en fait, j'suis anglais. Les Edgecombe, en gentils petits moutons, n'ont jamais quitté Londres, depuis qu'ils s'y sont installés, en.... Oh, on s'en fout, j'te fais pas un cours d'Histoire sur ma passionnante famille hautement soporifique ! Je viens d'une famille foutrement nombreuse. Et oui, on était 14 chez moi : 7 garçons, 5 filles, et mes parents. Bon, en fait, on était plus nombreux. On avait quand même : 5 chiens (ils auraient été plus nombreux si on ne les avait pas castrés : j'ai jamais vu des trucs aussi obsédés que ces clep's !) - 3 chats (je suis sûr que même tes pieds sont plus intelligents que le plus jeune d'entre eux !) - un aquarium plein de poissons rouges (les cons, ils n'ont jamais voulu que je les dresse pour sauter à travers un cerceau enflammé : mais au moins, on a parfois bouffé quelques poissons grillés ! Non, j'déconne ! Pas pour le coup de ma tentative de dressage de poisson. Ouais, vu que j'pouvais pas être dresseur de pokémon, je me suis rabattu sur un truc plus réaliste !) - 4 chevaux (bah ouais, j'allais en calèche à l'école même ! Bon, on avait bien une calèche, mais on s'en servait pour faire des tours à des abrutis de touristes !) - une flopée de cochons (avec l'un de mes frères aînés, on s'amusait à les peindre pour s'entraîner à la peinture des oeufs de Pâques ! Ouais, Pâques, ça n'arrive qu'une fois par an, et nous, on voulait être prêts ! Et on voulait surtout peindre en fait. Bon, OK : on était jeunes et cons ! Enfin, je suis toujours con, pour ma part ! Et mon frère, lui, bah.... Il est mort ! Etre accro à la drogue, tôt ou tard, ça fini mal. Chez lui, l'issu est venue assez tôt !) - une petite dizaine de canards, (dont un qu'une de mes petites sœurs a pris en affection au point qu'il a atterrit à la maison, au même titre que les chats et les chiens. Il dormait même dans la chambre de ma sœur. On est une famille assez barge en fait !) - des vaches et des moutons, mais je vais te faire grâce de te dire combien (bon, faut dire que j'en ai pas la moindre idée !)

Non, je ne vivais pas dans un zoo. Mes parents étaient juste des fermiers. Les Edgecombe étaient des fermiers depuis.... qu'ils avaient posés leurs valises en Angleterre. Alors, tu te doutes qu'au fil des siècles, ils ont achetés un paquet de terres, et se sont faits une jolie réputation dans le métier. Tant et si bien qu'on était les exploitants agricoles les plus connus du coin. Et les Edgecombe ont toujours aimés les familles très nombreuses, aussi mon père se partageait-il son exploitation avec 3 de ses frères, et sa seule soeur. Donc, les seuls animaux qui étaient réellement à ma famille et non à la ferme, c'était les chats, les chiens et les poissons : le reste était en partage.

Bref... J'vais pas m'étendre sur le chapitre de mon enfance. Je suis le n°9 de l'immense tribu, et le 6ème garçons. Je suis paradoxalement celui qui a été le plus chouchouté par les aînés et les parents, mais aussi celui qui est passé le plus inaperçu de l'ensemble. Dès que j'voulais aider, on me disait d'aller jouer, ou d'aller traîner ailleurs. Mais j'ai toujours obtenu ce que je voulais. Enfin, dans une moindre mesure : on n'était pas riche, j'ai porté les vieilles fringues de mes frangins jusqu'à ce que je sois en âge de gagner mon propre argent pour remplir mon armoire. Mon aide était sollicité pour les boulots exigeants une main d’œuvre nombreuse, aussi suis-je habitué depuis toujours aux travaux éprouvants physiquement. L'avantage, en plus, c'est que j'ai pu avoir très tôt de l'argent de poche. Mais bon, j'ai eu besoin de voir ailleurs, de voir autre chose, donc, dès que j'ai été en âge de trouver des p'tits boulots durant les vacances, j'en ai profité. Ca me changeait les idées et ça me permettait de gagner de l'argent qui n'était pas à ma famille.

Te méprends pas : j'aimais ma famille. C'était pas la joie tout le temps à la maison, mais je les aimais quand même. Je m'entendais pas avec tout le monde, j'étais plus proche de certaines personnes, mais ils comptaient pour moi. Même quand mes sœurs aînées me prenaient pour une poupée et m'habillaient en fille (lourd traumatisme là, tu t'en doutes hein ! J'rigole. Enfin, c'était chiant quand même !). Même quand mes frères aînés se foutaient de ma gueule en me voyant griffonner quelques dessins et essayer de sculpter tout ce que je pouvais sculpter !). Même quand mes p'tites soeurs me foutaient la honte devant mes potes en me réclamant des câlins ou en exigeant de faire "du dada" sur mon dos. Même quand mon père me forçait à me sortir du lit alors que le jour était à peine levé, pour que j'aille donner un coup de main à la ferme (Ca a sans doute contribué au fait que je déteste faire la grasse mat' : j'ai l'impression de perdre mon temps à dormir !) Même quand ma mère me forçait à porter un costume ridicule pour aller à l'office, tous les dimanches. Mais on était toujours entre nous : la solitude, ça n'existait pas, y'avait toujours un autre Edgecombe dans les parages (frères, soeurs, parents, oncles, tantes, cousins, cousines... Bref, toute la famille quoi !). Alors moi, je voulais voir le reste du monde. Donc, je bossais ailleurs. CQFD !

Tout allait pour le mieux chez les Edgecombe, jusqu'à mes 7 ans : ma mère a commencé à faire n'importe quoi. A tenir des propos incohérents, envers n'importe qui, et n'importe quand. A parler toute seule. A faire n'importe quoi. Bref, c'était le bordel. Et ça a été crescendo. On s'est cependant tous voilé la face. Enfin, mon père et mes aîné(e)s surtout : les autres, on était tous trop jeunes pour percuter ce qui se passait. Ce fut toutefois long pour que mon père se décide à amener ma mère voir un toubib. Faut dire que ça aurait été joué avec nos vies d'attendre plus longtemps : elle avait oublié de serrer le frein de la voiture, qu'elle avait garé devant la ferme, dans la pente, dans le sens de la descente, et, dans la bagnole, elle avait oubliée les jumelles qui n'avaient que 8 mois à l'époque. Y'a eut plus de peur que de mal, mais ça a été le déclic nécessaire pour qu'on se bouge enfin. J'avais à peine 11 ans, et ma mère venait d'être diagnostiqué schizophrène.... Tu comprends mieux, maintenant, ma citation sur la difficulté à savoir ce qui est réel ou non. Et pourtant, perso, j'suis comme un con : je continue à ne croire que ce que j'vois... C'est comme ça, on s'refait pas !

" Jamais on est averti quand on est amoureux, on le ressent de part en part, du cœur aux couilles jusqu’aux os. " [Matrix]

On a fini par faire interner ma mère, quand on a vu que son traitement ne lui convenait pas (faut dire qu'elle le prenait pas, même si on lui en donnait un différent, elle le prenait rarement : on se demande d'où je tiens le fait de ne pas prendre mes médoc' hein ?), et que l'ambiance à la maison devenait trop glauque. C'est ma mère qui a choisi cette solution. Je crois qu'elle avait honte d'elle, et qu'elle avait aussi peur de nous faire du mal. A l'aube de mes 13 ans, j'avais donc ma mère internée. Mon père excessivement malheureux (comme quoi, l'amour rend bien con et faible !). Et Josh, mon frère avec qui je peignais les cochons (qui avait 3 ans de plus que moi), qui flippait : il a toujours ressemblé à ma mère, tout le monde le lui disait. Aussi avait-il peur d'être malade un beau jour. C'est pour fuir cette probabilité qu'il a commencé à se réfugier dans la drogue. Il s'est tourné vers les drogues les plus fortes lorsque mon cancer a pointé le bout de son nez : il ne devait pas supporter de me voir malade, alors qu'on avait toujours été très proches. C'est vrai quoi, aux yeux de tous, on était comme des jumeaux, lui et moi. On avait toujours été là l'un pour l'autre. Mais on n'a pas réussit à l'être lorsqu'on avait vraiment besoin de l'autre : je n'ai pas vu à temps qu'il avait plongé dans la drogue, et il n'était déjà plus vraiment là lorsque ma tumeur a bien commencée à me faire chier !

C'est après la découverte de la maladie de ma mère que je me suis rapprochée d'Elle. Pourtant, je La connaissais depuis toujours : Elle est en effet la fille unique de mon parrain. Tu sais, le fameux Oscar alcoolo dont j'ai parlé un peu plus tôt ? Oscar, c'est le meilleur ami à mon père. Ils se connaissent depuis toujours, et ont fait les 400 coups ensemble. Alors il était obligatoire qu'Oscar finisse un jour à être le parrain d'un rejeton Edgecombe ! Du coup, tu te doutes que je La connais depuis toujours, d'autant plus qu'Elle a tout juste 2 ans de moins que moi, et qu'Elle est la meilleure amie d'une de mes plus jeunes sœurs. En plus, son père et Elle habitaient non loin de chez moi. Ouais, je dis "son père et Elle" car sa mère est mort en Lui donnant la vie. C'est probablement ça qui a rendu Oscar aussi amer, et qui l'a peu à peu amené à croire qu'Elle était coupable de la mort de sa femme adorée. J'sais pas si mes parents savaient ce qui se passait chez Oscar. J'espère qu'il ignorait que ce poivrot La frappait. Moi, si j'l'ai appris, c'est parce que Riley, l'une de mes petits frères, né 2 ans après moi, me l'a dit. Il était son meilleur ami depuis toujours. Et depuis quelque temps, ils étaient même en couple. Je crois que la découverte du fait qu'Elle soit frappée m'a rendu aussi cinglé que lorsque j'ai appris qu'Elle était la petite amie de mon frère. Ouais, je sais, ça craint : j'étais amoureux de la fille de mon parrain, qui était accessoirement la fille dont l'un de mes frangins était aussi amoureux... J'ai jamais dit que ma vie était simple ! Mais, pour ma défense, j'avais pris conscience de mes sentiments pour Elle qu'en découvrant qu'Elle était avec mon frère... Si, lors de l'annonce du couple qu'Elle formait avec mon frère, j'ai pris sur moi, là, ce fut plus complexe. Riley a été obligé de me calmer pour que je ne fasse rien. Il savait qu'Elle ne voulait pas que ça se sache, Elle refusait que son père aille en taule. Elle le défendait, bordel !

J'ai tenu la promesse faite à mon frangin. Par contre, j'ai été Lui parler, pour proposer mon aide. Et je crois que c'est ça qui nous a rapproché, même si Elle n'a pas appréciée, de prime abord, de découvrir que je savais ce qu'Elle vivait chez Elle. Cette drôle de situation : être proche d'Elle sans vraiment pouvoir être avec, ça m'a rendu un peu cinglé. Je crois que ça m'a donné le coup de grâce (ça + la maladie de ma mère + l'ambiance à la maison [pas joyeuse du tout] + les ragots sur ma famille qui se propageaient dans le village : j'en pouvais plus !) et ça m'a rendu encore plus chiant. Avant, j'étais déjà du genre à répondre à tous les adultes (famille comme profs), et à chercher la bagarre pour n'importe quelle raison. Là, c'est progressivement devenu pire. Je crois qu'en plus, j'aimais à frapper les autres pour m'imaginer la joie de frapper Oscar. J'avais la flemme de balancer des tomates pour faire ma catharsis, que veux-tu, c'était trop simple et doux pour moi ça ! Cependant, c'est vraiment quand ma tumeur s'est pointée qu'on s'est beaucoup rapprochés tous les deux. Ca ne plaisait pas vraiment à Riley, mais, à l'époque, Elle et moi, on était que des amis. Je suis un connard, mais jamais je n'aurais touché à la copine d'un de mes frangins, même si j'en étais raide dingue. (Si Elle avait été avec un de mes potes, par contre, là, j'en aurai sans doute rien eu à battre, mais bon !) Tu peux pas imaginer la torture que c'était ! Elle me prenait parfois dans Ses bras pour chercher du réconfort. Elle venait parfois me voir, chez moi ou au bahut, pour Se confier à moi. Avoir partiellement la fille que tu veux : c'est la merde, crois-moi...

C'est sans doute à cause de ma maladie que la situation a commencé à atteindre un équilibre hautement merdique. J'sais pas, j'ai dû passer, à Ses yeux, du stade de grand frère, protecteur et chieur, à celui de p'tite chose fragile. J'sais pas trop en fait, et j'm'en cogne. Mais, l'année de mes 16 ans, après un nouveau séjour à l'hôpital, cet équilibre a définitivement basculé, lorsqu'Elle m'a embrassé. Sérieux, si la drogue, ça te procure des sensations comme m'a procuré Son baiser, (et tout les autres qui ont suivit au fil des années) j'comprends pourquoi Josh était aussi accro ! Mais revenons-en à mon histoire, veux-tu ? Donc, à ce moment-là, j'étais foutrement heureux et foutrement malheureux : on s'était enfin embrassé. Et mon frère allait me tuer. Bon, j'te cache pas que ce fut le bordel lorsque Riley fut mis au courant. Il a mis des mois à nous pardonner (et j'crois qu'il l'a toujours en travers de la gorge en fait !) et des clans se sont limites formés chez moi (certains soutenait le couple qu'Elle avait formé avec Riley, d'autres préféraient celui qu'Elle formait avec moi, et le reste en avait strictement rien à cirer !). Néanmoins, la seule personne qui n'acceptait pas la situation, c'était Oscar. Il n'appréciait pas de voir sa fille aimer un "connard" (je le cite) tel que moi. Riley était assez bien pour Elle, moi, je ne Lui arrivais même pas aux chevilles (bon, j'avoue, il avait peut-être pas tort, mais Elle a toujours fait ce qu'Elle voulait, je ne L'ai jamais forcé à rien ! J'avais été renvoyé à plusieurs reprises du bahut alors qu'Elle était une bonne élève. J'avais fait pas mal de conneries avec mes potes, qui m'avaient valu une jolie réputation avec les flics. On me prenait pour un délinquant plein d'avenir !). Cet enfoiré La frappait encore plus souvent qu'avant, parce qu'il pensait que ça allait La forcer à changer d'avis sur moi. Tout ce qu'il a réussit à faire, c'est à Lui faire ouvrir les yeux. A moins que ça n'ait été le fait que j'ai finis par Lui dire que j'allais le tuer s'il osait à nouveau La frapper. Bien que totalement détraqué par l'alcool, il n'était pas con au point de La frapper au visage, aussi, nul ne se doutait du calvaire qu'Elle vivait. Mais le reste de Son corps, par contre, était couvert de bleus.

Je te jure, je l'aurai tué avec plaisir pour lui faire payer ce qu'il osait Lui faire endurer, alors qu'Elle l'aimait et le défendait ! Mais, un soir, je me suis engueulé avec lui. Ca a dérapé. Il a levé la main sur moi. Je me suis pas laissé faire. Elle s'est interposée. Elle m'a suppliée de partir. Je L'ai amené avec moi, chez moi. On a longuement parlé. Elle m'a enfin avoué qu'Elle avait peur qu'il ne La tue, ou qu'il ne me tue. Sérieux, Elle avait plus peur pour moi que pour Elle... On a décidé de s'enfuir, loin de chez nous. J'ai pris mes médoc', on a faire nos valises, on a volé toute la thune qu'Oscar gardait chez lui (soit : un petit pactole ! Ce fils de pute était foutrement riche !) et on s'est tiré. Je sais pas ce qu'on aurait fait, sur la longue durée. Je le saurai jamais, car, au bout de 2 semaines, on a dû revenir chez nous. Oscar était allé chez moi, un soir, totalement bourré. Il avait provoqué Josh, qui était totalement défoncé, croyant que mon frère saurait où on était. Oui, Josh le savait, mais il ne nous a pas balancé. Ils se sont engueulés, mon père les a séparé, Oscar a promis de revenir se venger. Il est revenu, quelques heures plus tard, alors que tout le monde dormait. Et il a foutu le feu à la maison. Ce con : il y avait mon père à l'intérieur, ainsi 6 de mes frères et sœurs à l'intérieur ! Riley est mort dans l'incendie, ainsi que ma soeur Tara. Ma soeur Abigail (une des jumelles) est horriblement brûlée.  Mon frère Ben s'en est sorti de justesse, mais il est à présent handicapé à vie. Les autres ont réussis à s'en sortir, sans trop de dégâts.

Bref, ce bordel nous a fait revenir chez nous. Oscar a été emprisonné. Elle en a tiré le courage nécessaire pour dénoncer les violences dont Elle était victime. J'ai aidé les miens à reconstruire notre maison, tandis qu'Elle a déménagée à Londres, avec l'une de ses tantes. On a ainsi cessé progressivement de se voir, portant tous deux sur nos épaules le poids de la culpabilité de ce drame.

" Comment peut on regarder la femme qu’on aime et se dire que c’est le moment de lui tourner le dos ? " [The Vow]

On ne s'est retrouvé que lorsque j'ai finis le lycée, pour intégrer une école d'art, à Londres. J'avoue que j'avais choisis cette école pour La retrouver, car je n'avais pas réussis à L'oublier, en dépit de mes efforts, en dépit de Ses demandes (adressée par le biais de rares lettres). Mais Londres, c'était aussi parce que ma mère y était, et que je voulais la voir.  Avec le reste de ma famille, l'ambiance était assez étrange. Certains me jugeaient coupable de l'incendie, d'autres étaient juste contents de me voir de retour à la raison, et prêts à continuer sérieusement mon traitement (j'aurai été dans la merde s'il avait fallu le continuer tout en étant fugueur !). C'est pour éviter l'ambiance familiale lourde que je restais à Londres, pour la plupart des vacances. Sans oublier qu'on voyait d'un très mauvais œil le fait que je ne veuille pas devenir fermier, car c'était le métier qu'avait choisit la plupart de mes frangins. Tout le reste de la tribu avait choisit des métiers qui leur permettrait de rester dans notre village natal : médecin, enseignant, coiffeur... Y'a que moi qui ait "fait chier son monde" en voulant devenir artiste....

J'ai continué mes efforts pour L'oublier. Je sortais pas mal, je draguais énormément. Bref.... Mais ça n'aboutissait pas, car, au final, Elle revenait toujours hanter mes pensées. Nous n'avons cependant renoué le contact que 10 mois après mon emménagement à Londres, et nous ne nous somme remis ensemble qu'au cours de ma 3ème année passée à Londres. Un an après, alors que je venais tout juste de fêter mes 22 ans, on a emménagé ensemble. Trois ans plus tard, on parlait de mariage et de bébé. L'année dernière, on planifiait notre mariage, qui aurait dû avoir lieu il y a 3 mois de cela. L'année dernière, Elle est tombée enceinte. Ce fut le plus beau jour de ma vie, lorsqu'Elle me l'annonça ! Mais voilà, alors que ça faisait à peine 2 mois qu'on se préparait à être parents, on s'est rendus à ma 1ère inauguration : je commençais en effet ma carrière en tant que sculpteur. Je n'ai rien bu ce soir-là : je ne buvais pas beaucoup lorsque j'étais avec Elle, quand on faisait la fête. J'avais trop peur qu'Elle me craigne, en me voyant ivre. Je ne suis pas violent, mais ça pouvait parfaitement Lui faire ressurgir de mauvais souvenirs. Je n'ai vraiment bu que lors des quelques années passées sans Elle, pour essayer de L'oublier. Je ne bois à nouveau que depuis quelques mois, pour essayer de L'oublier à nouveau. Revenons-en à nos moutons.... Ce soir-là, il pleuvait à verse. Je me suis montré très prudent, lorsque je conduisais, pour nous ramener chez nous. Mais un chauffard a croisé notre route. J'ai essayé de l'éviter. La voiture a dérapé. On a percuté un arbre.

Elle a perdu notre enfant. Elle est tombée dans le coma. Je L'ai veillé, des heures durant, pleurant seul notre enfant qui ne verrait jamais le jour, espérait qu'Elle ouvre enfin les yeux. Pour la 1ère fois de ma vie, j'ai prié pour que Dieu me redonne enfin ce qui me faisait vivre, ce qui me faisait tenir le coup, jour après jour, alors que ma tumeur pouvait parfois me tordre de douleur : je voulais qu'Il me La rende. Il m'a écouté, mais m'a sans doute fait payé toutes les horreurs que j'ai pu dire sur Lui : Elle m'a oublié. Elle avait tout oublié de nous.

J'ai essayé de réveillé en Elle ses souvenirs de notre vie commune. Pendant 6 mois, j'ai tout mis en œuvre pour qu'Elle s'en souvienne : je Lui ai montré toutes nos photos, toutes nos vidéos, je L'ai ramené chez nous, sur les lieux qui ont marqués notre histoire. Mais Elle m'a bel et bien oublié... Pire, même, Elle s'est éprise d'un étudiant en médecine qu'Elle devait voir pour son traitement. Il y a donc 7 mois de cela, j'ai rendu les armes. Je Lui ai rendu sa liberté. J'ai quitté Londres, et j'ai quitté le pays. J'ai fuis mon passé. J'ai fuis ma famille. Je L'ai fuis, Elle. J'ai cherché un endroit tranquille. Voici donc comment je suis installé ici, depuis maintenant 4 mois. Pour fuir Son nouveau bonheur sans moi. Pour fuir Gaëlle. (Ouais, j'suis gentil, j'te donne Son prénom, même si j'ai horreur de le prononcer, et même de le penser !). Bon, maintenant, t'es gentil, tu vas me laisser tranquille, j'ai une sculpture à terminer !