Siegfried ♦ "J'ai jamais eu la prétention d'être un mec bien ou un modèle, je me contente d'être ce que je suis et ça me convient très bien !"

Pour comprendre mon Histoire, il est plus simple de comprendre celle de mes parents. Je vais pas vous la dicter du début à la fin, ne vous inquiétez pas. Je pense surtout évoquer un passage qui me paraît important : à savoir, leur rencontre et tout ce qui en a découlé par la suite. D'abord, je pense qu'il est important de savoir que ma mère est écossaise et que mon père est islandais. Un choc des cultures qui aurait dû être détonant sur tous les points, vous en conviendrez. Malheureusement, ça ne s'est pas exactement déroulé comme on peut légitimement le penser. Pour leur rencontre, ça s'est fait de manière tout à fait naturelle et relativement banale. Mon père s'était permis un petit voyage en Ecosse avec un de ses amis. Ami qui a rencontré ma mère lors d'une sortie en solitaire. De ce que je sais, ils ont discuté puis, c'est là qu'il en est venu à présenter ma mère à mon père, un soir, sur une terrasse de café. Ils ont discuté tous les trois et de fil en aiguille, quelque chose s'est tissé entre mes futurs parents. Il y a eu une sorte de connexion, un déclic dans leur esprit. C'est ce qu'ils m'ont raconté mais ils ont aussi rajouté que ce n'est pourtant pas ce jour-là qu'ils se sont mis ensemble. En réalité, tout s'est joué le lendemain. Ils étaient tous les deux partis pour faire des courses et ils se sont retrouvés dans le même magasin, après être passés à la caisse. Ils se sont d'abord regardés avec un air niais avant de se saluer, de se regarder dans le blanc des yeux pendant cinq minutes et ils ont fini par s'embrasser. Comme ça. C'est ainsi que tout a commencé. Pour la suite, l'ami de mon père est rentré en Islande après la semaine qui était, à la base, prévue mais mon père, il a prolongé son séjour de sept jours supplémentaires. Et ces pendants ces derniers que j'ai été conçu. Oui messieurs, oui mesdames. Ils n'ont pas attendu avant d'agir... Ils ont tellement peu attendu que ma mère est partie en Islande avec lui quand le moment est arrivé. A la suite de cela, elle n'a plus jamais remis les pieds dans son pays d'origine. Voilà, vous connaissez les événements qui ont mené à ma naissance mais j'imagine que ce n'est en rien suffisant pour satisfaire votre inlassable curiosité. Alors soit, voyez ces premiers mots comme un préambule servant à introduire ce qui, visiblement, nous intéresse le plus à l'heure actuelle : ma propre Histoire. Prenez un siège, posez votre fessier dessus, taisez-vous et contentez-vous de m'écouter. Je tenterai d'être relativement bref tout en restant clair mais je ne garantis rien, sachez-le.

Je suis donc né neuf mois plus tard, en Islande, il y a de cela trente-huit ans. Je viens plus précisément de Reykjavik, la capitale du pays, située à plus de deux cents kilomètres au sud du cercle polaire arctique. Alors autant dire que les grands froids, ça ne m'est pas totalement étranger. Et c'est exactement la même chose pour mes deux petits frères et mes deux petites sœurs parce qu'en effet, je suis également l'aîné d'une fratrie de cinq enfants. Et ma mère ? Eh bien elle s'est parfaitement acclimatée à la rudesse de l'Islande. Elle est littéralement tombée amoureuse de ce pays et c'est même à se demander si elle ne préfère pas ce dernier à son mari ou même à ses enfants. Il faut dire qu'elle est même allée jusqu'à plus ou moins renier sa culture pour celle du nord. Du coup, c'est pour ça que nous, ses enfants, on se retrouve tous avec un prénom de héros, de dieux ou de créatures scandinaves avec plus ou moins de difficulté au niveau de la prononciation. Pour moi, elle en a choisi un relativement connu par chez nous. Celui d'un héros qu'elle a rapidement apprécié. Et le second... Non, évitons d'en parler, ce sera préférable. Comprenez par là qu'elle a placé de grands espoirs en moi mais malheureusement, elle a très rapidement compris qu'elle s'était complètement fourvoyée. J'allais tout le temps à l'encontre de ce qu'elle disait, je faisais exprès de lui désobéir dès que l'occasion se présentait. Je n'avais aucune raison particulière pour le faire, ça m'amusait, c'est tout. Sans doute qu'inconsciemment, je ne voulais pas de cette image d'enfant sage et trop bien éduqué qu'elle s'évertuait à vouloir me transmettre. Et apparemment, elle a transmis sa déception sur mon premier petit frère, né deux ans après moi. Qu'est-ce qui me fait dire ça ? Elle lui a donné le prénom de Nídhögg, un dragon ou serpent de chez nous qui vivait sous Yggdrasill, le célèbre Arbre-Monde, si je me souviens bien de mes leçons. Entre nous, rien que les sonorités sont assez spéciales. Et pour tout vous dire, en y repensant, je ne me suis pas totalement trompé. A l'âge de quatre ans pour moi et de deux ans pour mon frère, elle nous a envoyé, après avoir obtenu l'aval de mon fichu père, vivre avec nos grands-parents du côté paternel. J'appréhendais un peu, sur ce coup-là. Je ne les avais jamais rencontrés auparavant et j'avais peur qu'ils soient comme mes parents, qu'ils me forcent à être ce que je ne suis pas, ce que je n'ai jamais été et ce que je ne serai sans doute jamais. Alors mon soulagement fut tout simple gigantesque lorsque, après avoir passé quelques jours là-bas, je me suis rendu compte qu'ils me laissaient énormément de libertés. Je pouvais enfin être moi-même avec eux et je ne les remercierai jamais suffisamment pour cela. Et surtout, ils étaient aussi agréables avec Nid, mon petit frère (on a décidé qu'on l'appellerait comme ça, ça fait moins bizarre que le prénom en entier). Nous étions heureux et bien avec eux. Mon frère et moi, nous étions extrêmement proches l'un de l'autre, quasiment toujours ensemble aussi. On nous appelait parfois les jumeaux même si, entre nous, on ne s'est jamais ressemblé physiquement. Mais étrangement, à lui comme à moi, ça nous convenait parfaitement. Ce qui étrange, c'est qu'avec lui, c'est aussi fusionnel. Un regard suffit à ce qu'on comprenne ce que l'autre ne parvient pas à exprimer avec des mots. Cette proximité, je pense qu'elle nous vient beaucoup du fait que nous avons tous les deux été plus ou moins rejeté par nos parents, sous prétexte qu'on ne correspondait pas à leur vision des choses. Vous savez, nos géniteurs, c'est le genre de personnes qui, dès que tu ne rentres pas dans le moule, que tu ne corresponds pas aux critères établis par la société, tu as forcément un problème, tu n'es pas net. Alors on se débrouille pour ne plus avoir à te supporter. Donc oui, définitivement, aller chez nos grand-parents et grandir avec eux, dans une ambiance plus saine, ça a été une véritable libération. Et à tous les niveaux. Un incroyable bonheur.

Et ce qui était assez amusant, c'est que nous avions chacun une préférence pour l'un de nos grands-parents et apparemment, c'était aussi plus ou moins le cas pour eux. Moi, j'étais plutôt proche de mon grand-père que j'aimais réellement énormément. On faisait plein de choses tous les deux et surtout, c'était la seule personne à qui je pouvais faire des câlins. Quant à mon frère, il était bien plus proche de notre grand-mère. Elle lui passait tout, elle en faisait systématiquement l'éloge dès qu'elle en avait l'occasion. A mon sujet, elle se faisait beaucoup plus discrète mais ça ne me gênait pas vraiment sur le coup parce que j'avais mon grand-père à mes côtés, je n'avais aucune raison de lui en vouloir pour ça. Que ce soit à elle ou à mon frère envers qui je suis bien incapable de reprocher quoi que ce soit. Et encore une fois, nous étions bien tous les quatre. Parfois, il m'arrivait de rentrer voir mes parents mais ça ne durait jamais bien longtemps. A peine deux ou trois jours, je dirais. C'est en arrivant une journée que j'ai découvert que je venais d'avoir un autre petit frère, également. De neuf ans mon cadet, ma mère n'avait pas arrêté avec sa lubie des prénoms et comme premier d'entre eux, elle lui a donné Skoll, en rappel au loup poursuivant systématiquement Sól, la personnification du soleil. J'étais lié par le sang avec lui, ça ne faisait aucun doute. Pourtant, je n'éprouvais pas d'affection particulière à son égard. Pour des raisons très simple : je ne vivais pas avec lui, difficile donc d'apprendre à le connaître et surtout, il était l'image du fils modèle bien sage et bien obéissant qu'ils avaient toujours rêvé d'avoir un jour. Je le sais parce que depuis sa naissance, ma mère n'a pas cessé de me le rabâcher à chaque fois que j'allais la voir. C'était incroyablement blessant et parfois même humiliant. Inévitablement et inconsciemment, ils me poussaient à le détester, à le haïr. Alors qu'il n'avait rien fait pour mériter cela de ma part. Ce n'était pas de sa faute s'il était né avec toutes les qualités demandées par ma "mère" et que moi, j'en ai toujours été dépourvu. Je ne sais pas si elle s'en est aperçue mais ça n'a fait que creuser davantage le fossé qui s'était déjà créé entre nous. Tout ça, ça m'a poussé à aller la voir de moins en moins régulièrement et à me concentrer sur mes études (où j'étais un élève modeste) et à continuer à approfondir ma relation avec mon premier frère et mon grand-père, plus que ma grand-mère, donc, même si je l'aimais aussi. Ma génitrice, quant à elle, je ne l'ai vu que deux fois par la suite : quand ma première petite sœur, avec qui j'ai onze ans d'écart, est née. Elle l'a prénommée Bestla ; la géante mère d'Odin. Encore une qu'elle imaginait mettre au-dessus de moi et de ce que je sais, elle n'a pas loupé son coup pour elle, non plus. Et la dernière fois que je l'ai vu, c'est pour la naissance de ma dernière petite sœur, deux ans plus tard, environ. Ce qui me fait treize ans de différence avec elle. Une certaine Sigyn, femme de Loki dans la mythologie et déesse de la fidélité, dit-on. Sauf que de ce que je sais aujourd'hui d'elle, elle a repris mon flambeau et celui de Nid' en se rebellant contre nos parents. J'ignore ce qu'ils vont faire d'elle mais à l'heure d'aujourd'hui, l’accueillir ne me dérangerait pas. Enfin, en tout cas, après ça, je n'ai pas jamais revu la femme qui m'avait mis au monde et ce n'était pas un mal. Et mon père ? Je ne l'ai pas revu non plus. Après tout, il n'a rien fait pour me récupérer, au contraire. Il a approuvé les faits et gestes de ma mère comme si elle avait toujours raison ! Pour moi, il est donc, au même titre qu'elle, quelqu'un que je préfère définitivement bannir de ma vie. Il n'a jamais rien été à mes yeux et il le sait très bien, d'ailleurs. Ils ne m'ont jamais manqué. J'ai poursuivi mes études, ma vie avec mon frère et mes grands-parents sans penser à eux. J'aurais pu vivre ainsi toute ma vie. J'aurais pu ! Hélas, l'année de mes dix-huit ans, j'ai eu mon diplôme mais un triste événement est venu gâcher la joie d'avoir obtenu ce dernier... Mon grand-père était gravement malade depuis quelques temps et cette année-là, le moment où j'aurais le plus eu besoin de lui à mes côtés pour fêter ma réussite, il est parti. Loin. Très loin de moi... Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-il que tu sois rappelé à ce moment-là ? Pourquoi a-t-il fallu que tu m'abandonnes alors que j'avais encore tellement besoin de toi, de ta présence, des tes conseils... ? Pourquoi ? Toi. Le seul adulte qui comprenait réellement mes peines, mes douleurs, mes envies, mes craintes, mes doutes, mes angoisses, mes rêves... Tu étais mon guide, ma lumière, celui pour qui je me démenais parce que je voulais le rendre fier de ce que je faisais. Eh dis-moi, l'as-tu été ? Fier de moi ? As-tu été satisfait de tout ce que j'ai pu te proposer ? Tu sais, il y a tellement de choses que je regrette, tellement d'autres choses que j'aurais voulu faire en ta compagnie. Tellement de choses que j'aurais voulu te dire. Un dernier adieu. Un dernier je t'aime. Un dernier merci... Pour tout.

Je crois que je n'ai jamais cessé de porter le deuil... Cet homme, c'était véritablement tout pour moi. Un modèle. Et pour l'honorer, j'ai décidé de continuer à poursuivre ma vie comme je l'ai toujours souhaité. Parce que pour moi, il était encore là, quelque part, à veiller sur moi, à me surveiller. C'est dur pour ceux qui restent... Mais je continue, pour moi, pour lui. Parce qu'il n'aurait pas voulu que ma vie s'arrête avec la sienne. Et moi non plus. Je me devais de poursuivre les rêves que j'avais entrepris. Et c'est ce que j'ai fait. Même si moralement, ça n'a pas toujours été très simple, j'ai poursuivi mes études, je suis allé dans une université d'histoire des arts où j'ai appris cette matière et à côté de ça, j'étais également dans un atelier où je pratiquais les différents arts : la sculpture, la peinture, l'architecture et même, dans un cadre plus personnel, l'écriture. J'ai donc un peu touché à tout. Et au niveau de mes études, je suis allé jusqu'à ce qu'il était nécessaire de posséder pour pouvoir devenir professeur. Une fois que j'ai obtenu ce que je voulais, je me suis empressé de rassembler le peu d'affaires que j'avais et je suis parti. J'ai quitté l'Islande, comme ça. Je me suis évadé de ce pays qui m'avait vu naître, m'épanouir et avoir mal. J'ai salué ma grand-mère, promis à mon petit-frère que je ne le laissais pas tomber et que je l’appellerai souvent... Et je me suis envolé, loin d'ici. Ma première destination a été l'Angleterre. Un pays très différent de celui qui a été le mien durant des années. Je me suis installé dans la ville de Londres. Inutile de compliquer les choses quand on peut procéder de manière simple. Et j'ai commencé à enseigner dans l'université des  arts de la ville. C'est là que j'ai rencontré un certain Raphaël Edgecombe, d'ailleurs. Un élève avec un talent bien particulier. Je me suis même surpris à m'attacher particulièrement à ce jeune homme. Dès que je sentais qu'il avait un quelconque problème, j'essayais de le faire parler, qu'il se décharge de ses soucis et ne porte pas seul ses fardeaux. Mais ça n'était pas toujours évident ! Il n'était pas du genre à se livrer et il fallait y aller pour lui tirer les vers du nez. Mais bon, dans les faits, je pense que nous sommes parvenus à tisser un lien un peu plus profond qu'une simple relation de professeur à élève. Du moins, c'est ainsi que je le ressens et j'espère que la réciproque est également vraie. C'est aussi à ce moment-là que j'ai rencontré mon premier véritable amour. Celui que j'avais cru être le bon... Elle s'appelait Kimberly et elle était originaire de Londres. Elle travaillait non loin l'université et ça nous permettait de nous voir régulièrement. D'ailleurs, c'est cette proximité qui nous a permis de nous rencontrer. C'était pendant un déjeuner. Sur la terrasse d'un petit restaurant, elle s'est assise à ma table, on a longuement discuté avant que je me rende compte que je devais partir au plus vite. Le lendemain, on s'est revu exactement au même endroit et nous nous sommes embrassés sans attendre. C'est vrai qu'expliqué de cette façon, on remarque direct que j'ai procédé de la même manière que mes parents à leur époque et ça, ça aurait pu sembler louche à n'importe qui. Si seulement j'avais su interpréter les signes un peu plus concrètement... Je crois que ça m'aurait évité une énorme déception de ce côté-là. J'ai vécu le bonheur avec elle pendant plusieurs mois voire même un an, à vrai dire. Vraiment, j'étais bien avec elle. Elle me faisait oublier mon passé, elle me donnait l'espoir d'un futur paisible et heureux... Mais tout ça, ça n'était au final que calomnies et utopies. Un vaste mensonge. Elle a tout balayé, réfuté, fait comme si finalement, il n'y avait jamais rien eu de vrai dans notre couple. Comme si ça n'avait été qu'un vulgaire jeu pour elle. J'ai été sa bonne poire. Un simple divertissement. Et elle me l'a bien fait comprendre le jour où elle m'a envoyé paître, comme ça, en me donnant une raison plus que douteuse, à mon sens. Je ne sais plus exactement ce qu'elle m'avait inventé. Je crois que ça ressemblait à quelque chose du genre : nous n'étions pas faits pour être ensemble ou ça n'aurait de toute façon pas pu fonctionner. Bref, l'excuse débile classique par excellence.

A la suite de cet événement, j'ai pris une décision très radicale. Je me suis enfui, une nouvelle fois, pour fuir mes problèmes, la réalité. Je ne voulais plus d'une vie comme ça. Je voulais retrouver le bonheur qui avait été le mien durant mon enfance en Islande. J'ai donc tenté le rêve américain et je me suis envolé pour Las Vegas, la célèbre ville des jeux ! Là-bas, je pensais qu'il ne pourrait rien m'arriver de plus étrange. Eh bien je me suis complètement trompé. Sur toute la ligne. Parfois, il m'arrive encore de me demander comment j'ai bien pu faire pour en arriver à ce point-là et d'autres fois, je me dis que finalement, c'est une situation assez amusante à devoir gérer. En gros, je me trouvais dans un des nombreux bars de la ville, à siroter tranquillement quelques verres. Jusque-là, rien d'anormal, on peut penser qu'il n'y a pas vraiment de raison d'en faire tout un drame. Et c'est vrai. Ce qui a changé la donne pendant cette soirée-là, c'est l'arrivée soudaine d'une étrange jeune fille aux cheveux multicolores et de son meilleur ami pas forcément plus normal qu'elle. Je ne sais plus exactement pourquoi mais nous avons commencé à discuter. De façon tout à fait innocente au premier abord. Puis, petit à petit, ça a clairement dérivé. Nous avons continué à boire ensemble, à discuter, à se taper des délires... Et je ne sais plus qui a mis ça sur le tapis ni comment mais... Nous avons fini par nous marier. Carrément. Je vous laisse imaginer nos têtes respectives quand, le lendemain, nous avons découvert que nous nous étions passés la bague au doigt. A ce moment-là, il me semble que j'ai plutôt hésité entre les rires et les pleurs et que finalement, je suis resté muet. Cela dit, à la suite de cela, n'importe quelle personne d'à peu près censée aurait immédiatement demandé le divorce, entamé une procédure. Mais pas nous. Parce que nous avons réfléchi et nous sommes arrivés à la conclusion que cette situation pouvait nous servir à l'un comme à l'autre. Nous avons été honnête au moins et nous nous le sommes avoués. Moi, c'était pour rendre jalouse mon ex-femme, celle qui m'avait abandonné par lâcheté. Et elle, pour que sa mère malade puisse partir en paix en voyant sa fille potentiellement heureuse avec quelqu'un. Une raison beaucoup plus noble que la mienne mais au moins, je ne lui ai pas menti. Au fur et à mesure, j'avoue que j'ai pourtant commencé à m'attacher à elle. Pas au point d'avoir des sentiments d'amour indiscutables ! Mais je l'apprécie vraiment. Je pense que je serai tout de même près à faire beaucoup de choses pour elle. Et à mon avis, ça ne changera pas même si nous devons un jour nous séparer... Un fait qui arrivera peut-être à la mort de sa mère mais très franchement, je préfère ne pas penser à cet événement maintenant. Parce que je ne veux pas imaginer à l'avance la galère que nous aurions à gérer ! Enfin bref, dans les faits, nous voyagions souvent à trois : moi, elle et Arthur, son meilleur ami. Lui aussi, j'avais appris à le trouver sympathique et sa présence ne me gênait pas. Puis un jour, j'ai eu vent d'une nouveauté assez intéressante pour moi. Mon ex-femme avait, semble-t-il, trouvé refuge dans un petit village américain de fermiers. Son nom : Blossom Hills. C'était là l'occasion rêvé pour une petite vengeance à son encontre. C'est pour ça que j'en ai immédiatement informé Jean qui, elle-même, en a informé Arthur. Et tous les trois, nous sommes partis en direction de cet endroit un peu perdu. Une fois arrivés, la première chose que j'ai faite, avant même l'installation, c'est d'envoyer un message à mon petit frère Nid' pour l'informer de l'endroit où je me trouvais, qu'il ne s'inquiète pas et qu'il pouvait nous rejoindre si jamais l'envie lui prenait. Maintenant que ça, c'était fait, j'ai aidé mes deux autres compagnons pour tout poser. Pour ma part, j'ai trouvé un job dans le lycée du coin où je peux continuer à exercer ce que j'ai toujours fait. Je crois que mon ex n'a pas encore remarqué ma présence et ce n'est pas un mal, pour être honnête. Surtout que j'attends le bon moment pour ré-apparaître devant elle. En attendant, je prends mon mal en patience en m'occupant autrement ! En visitant la ville, ses alentours, ce genre de choses... Sans pour autant oublier ce qui m'a fait venir ici...