arya ϟ we’re all stories, in the end. just make it a good one, eh?

Mamaaan ! Tu pleures et appelles désespérément ta mère, à moitié cachée sous tes couvertures. Un coup de tonnerre te fait sursauter et pousser un nouveau cri. La porte s'ouvre et un faible rayon de lumière blanchâtre s'approche, vacillant. Maman… Arya, calmes-toi un peu. C'est juste l'orage, ce n'est rien. Pas de quoi avoir si peur. Tu sanglotes toujours, mais tu es soulagée. Maman est venue. Elle est vraiment venue. Elle n'a pas envoyé Jackson ou Elicia comme elle le fait souvent. Ça fait du bruit… et y'a plus de lumière… Tu renifles et essayes de te calmer. Maman est venue, alors il faut que tu arrêtes de pleurer, sinon elle va en avoir marre et repartira. Tu aurais peut-être pu supporter (bien que très difficilement) l'orage s'il n'y avait pas eu de coupure de courant. Ta lampe de chevet est donc éteinte, et ça, c'est pire que tout pour toi, qui a cinq ans et demi et craint le noir plus que l'orage. Oui, c'est le tonnerre, c'est tout à fait normal. Et lorsque l'orage est très fort, comme maintenant, il arrive qu'il coupe l'électricité. C'est pour ça que j'ai apporté une lampe de poche, tu vois ? Tu hoches la tête, mais cela ne te rassure en rien. Les larmes continuent de rouler sur tes petites joues. Tu remues sous ta grosse couette, incertaine de ce que tu dois faire. Ta maman reste un moment devant face à toi puis, dans un soupir, pose la lampe de poche et te rejoins dans ton lit. Je vais rester là jusqu'à ce que tu te rendormes, d'accord ? Trop heureuse, tu ne réponds pas et te contentes d'hocher fortement la tête. Cela fait si longtemps que tu ne t'es plus blottie contre ta maman. La tête contre son cou, tu t'endors très vite, oubliant l'effrayant tonnerre.
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Tu balances tes pieds sous ta chaise, chantonnant une chanson bouche fermée tout en dessinant sur une feuille. Ton institutrice est malade, alors tu as une remplaçante pendant quelques jours, mais vous ne travaillez pas beaucoup parce qu'elle ne sait pas quoi vous faire faire. Quelques coups sont donnés à la porte, mais ne te font pas relever la tête, tu es concentrée sur ce que tu fais. Tu veux que ton dessin soit le plus beau. C'est pour ton institutrice, pour qu'elle guérisse plus vite. Mais puisque c'est Madame la Directrice et qu'elle demande que tout le monde l'écoute, tu es obligée de poser ton crayon et de lever les yeux. Il y a une petite fille avec elle et tu comprends vite que c'est une nouvelle élève. C'est la troisième, cette année, mais celle-ci arrive assez tard quand même. … vient tous juste d'emménager. Soyez gentils avec elle, d'accord ? Vous savez que ce n'est pas très facile de changer d'école en plein milieu de l'année. Tiens, va t'asseoir à côté d'Arya, puisqu'il n'y a personne. Tu jettes un rapide coup d'oeil autour de toi : il y a plusieurs autres bancs à moitié occupés, mais bon. La petite fille vient s'asseoir à côté de toi et, les mains sur ses jambes, ne bouge pas pendant plusieurs minutes. Tu t'appelles comment ? demandes-tu après un moment, parce que la voir immobile et silencieuse te mets mal à l'aise. Elle te jette un regard surpris. Lou. Tu aimes bien dessiner ? Elle hoche la tête, sans te quitter des yeux. Dans un sourire amical, tu déplaces ta boîte de crayons et la place entre vous deux. Tu peux utiliser mes crayons, si tu veux. Elle te sourit à son tour. Tu ne savais pas, à ce moment-là, à quel point Lou deviendrait importante pour toi. Comment aurais-tu pu le savoir ? Vous n'aviez que huit ans.
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Tu étais dans le salon, essayant de faire cette fichue dissertation d'anglais sans y parvenir et te plaignais à intervalles réguliers auprès de Lou par sms. Tu avais treize ans et tu aurais préféré faire autre chose un samedi, comme voir ta meilleure amie, par exemple. Ça aurait été le cas, si tu n'avais pas attendu la dernière minute pour terminer cette dissert. « Je t'avais proposé de la faire avec moi, la semaine passée… mais tu n'as pas voulu :( » disait le dernier sms de Lou. Tu allais y répondre lorsque l'écran changea pour afficher le nom de Simon, ton frère. Tu jetas un regard au livre posé sur la table et aussitôt un sourire moqueur se dessina sur tes lèvres. C'est pas pratique de rapporter le livre à la bibliothèque en laissant le livre à la maison ! lanças-tu en décrochant. Arya ! Arya, Jackson a eu un accident ! Vas prévenir Eli et venez rapidement à l'hôpital, okay ? C'est pas une blague. Dépêchez-vous. S'il vous plait. Ton sourire s'effaças et, alors que Simon avait raccroché, tu te demandais brièvement si tu ne t'étais pas endormie sur ta dissertation. Peut-être que ce n'était qu'un cauchemar ? Mais la douleur dans ta poitrine et la brûlure dans tes yeux n'étaient que des preuves supplémentaires pour te prouver que c'était bien réel. Alors, en essayant de ne pas pleurer, tu t'élanças dans les escaliers. Eli ! Eli, Jacks a eu un accident ! Il est à l'hôpital !

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Comment va ton frère ? Mieux. Enfin, je crois… Il s'est enfin débarrassé de son fauteuil roulant alors je pense que c'est pas mal… il a encore du mal à marcher, mais ça va mieux. Tu avais essayé d'aider Jacks un maximum, mais ce n'était pas facile ; il n'était pas souvent d'humeur et, avec tes treize-ans-presque-quatorze, tu ne savais pas vraiment quoi faire. D'habitude, c'était lui qui veillait sur toi, pas l'inverse. Mais tu avais été déterminée à faire n'importe quoi, principalement de petites choses, pour lui rendre la vie un minimum plus simple. Il est vraiment courageux… je crois pas que je pourrais supporter ça, moi. Quoi ? La rééduc' ?  Non… Elle tourna la tête vers toi et hésita quelques secondes. Être responsable de la mort de son meilleur ami. Tu déglutis, détournant le regard. Tu ne pourrais pas non plus et tu n'osais imaginer comme cela devait être dur pour ton frère. Tu dessines quoi ? Tu tendis le cou pour apercevoir son dessin. Andy… Tu pinças les lèvres pour réprimer ton sourire, tu savais que Lou avait le béguin pour Andy depuis plusieurs semaines. Elle ne te l'avait pas dit, mais tu l'avais deviné et elle le savait. Tu dessines tellement bien, je suis jalouse… soupiras-tu.
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J'ai bien réfléchi et je pensais suivre des études de floriculture… comme ça… je pourrais aider pour la boutique. Simon te jeta un regard quelque peu surpris. Probablement parce que tu ne lui en avais pas parlé avant. Tu lui jetas un petit sourire d'excuses et guettas la réaction de tes parents, mais il n'y en eut pas. Ton père hocha la tête mais la garda baissée vers son assiette. Tu avais espéré, peut-être bêtement, un peu plus d'enthousiasme. Ils avaient toujours dit qu'ils souhaitaient que vous poursuiviez l'affaire familiale, non ? Alors pourquoi ne réagissaient-ils pas ? Tu tentas de cacher ta déception et piquas dans une pomme de terre avec ta fourchette avant de la porter à ta bouche. Tout ce que tu mangeas ce soir-là te sembla amer.

Plus tard, dans la soirée, Simon te prit à part. Pourquoi tu fais ça, Arya ? Floriculture, sérieux ? Tu haussas les épaules. J'aime bien les fleurs. Bien sûr. Tu espérais quoi, qu'en aidant à la boutique, ils se rendraient compte qu'ils avaient une deuxième fille et qu'ils devraient faire attention à elle ? Arya… ça change rien pour eux. Toi et moi… on pourrait aussi bien ne pas exister. Arrête de dire ça. Tu tournas la tête. Tu ne voulais pas voir la sincérité dans ses yeux. Il ne disait pas ça pour te blesser, tu le savais. Mais tu ne supportais pas d'entendre ces mots. Arya… Il soupira puis passa son bras autour de toi pour te serrer contre lui. Si c'est vraiment ce que tu veux faire, alors fais-le. Mais fais-le pour toi, pas pour eux.

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Tu espérais que tes yeux n'avaient pas l'air aussi écarquillés que tu en avais l'impression, parce que c'était moyennement discret. Ce n'était pas ta faute, en même temps : qu'est-ce qui était passé par la tête de Lou pour mettre une robe si courte ? Tu lui attrapas le bras et l'entraînas à l'écart, jetant des coups d'oeils à droite et à gauche pour fusiller du regard les paires d'yeux qui regardaient en votre direction. Qu'est-ce que tu fais ? Toi, qu'est-ce tu fais ? T'as vu la longueur de ta robe ? Lou baissa les yeux vers le vêtement, sourcils froncés. Je vois pas où est le soucis… elle est courte, oui, mais c'est une soirée. Y'a rien de choquant. Rien de choquant ? Mais… enfin, Lou… tu te rends pas compte que les mecs te… dévorent du regard, allais-tu dire, mais tu t'étais arrêtée avant. Lou ne semblait toujours pas comprendre où était le soucis et c'est vrai qu'il n'y aurait pas dû y en avoir un. Tu n'avais aucune remarque à lui faire. Tu n'étais pas sa mère. Ni sa petite-amie. Petite-amie. Ces derniers mots te firent comme un déclic et tu relâchas aussitôt le bras de ton amie, ayant subitement la sensation d'étouffer. Tu as raison, je… excuse-moi, c'était débile. Je vais prendre un peu l'air… je te retrouve plus tard. Arya… Mais tu ne fis pas demi-tour, tu essayas au contraire de t'éloigner encore plus vite. Ta respiration s'était accélérée sans que tu ne saches pourquoi. Des crises de panique, tu n'en avais jamais fait, alors c'était pas le moment de commencer. Arrivée dehors, tu aspiras l'air à grands coups et, après quelques minutes, ça alla un peu mieux. Tu étais consciente depuis plusieurs mois que tes sentiments pour Lou avaient changés, mais tu n'avais pas réalisé à quel point. Tu avais juste remarqué que tu tenais plus à elle, tu avais plus envie de la voir et de passer du temps avec elle. Vous étiez aussi plus tactiles encore qu'avant. Mais cela ne t'avait pas tant choquée, tu pensais juste que c'est ce qui arrivait quand on connaissait sa meilleure amie depuis dix ans. Tu n'avais pas une seconde imaginé que c'était parce que tu étais en train de tomber amoureuse d'elle. Et maintenant… maintenant, tu étais dans la merde. Vraiment. Parce que Lou n'avait jamais semblé être intéressée par les filles. Et parce que Lou était amoureuse d'un autre gars. Et parce que Lou était ta meilleure amie et qu'il y avait de grandes chances que tu fasses tout foirer.