Un soupçon de thriller...

"Debby, nous revoilà encore toi et moi, seuls dans ce placard à l'abri du monstre. Il m'a encore frappé. Tu te rappelles du gros hématome que je t'ai montré sur ma hanche gauche? Il s'est agrandit aujourd'hui à cause de lui. Cela fait très mal quand je bouge trop.  Maman m'a donné un tube de pommade et m'a dit de me frotter avec et que ça atténuera la douleur. Cette fois elle a pas menti, j'ai moins mal. Debby, est-ce que c'est vrai que je suis débile et que je sers à rien? J'ai eu une mauvaise note à l'école et le monstre m'a dit que j'étais un incapable, un raté. Il a honte de moi et toute le monde pense comme lui. Dis Debby, toi aussi tu penses pareil? Tu me réponds jamais. Toi aussi tu t'en fiches de ce que je pense? C'est pas grave, toi au moins tu ne m'insultes pas ni me frappe. J'entends des pas, il arrive. J'espère qu'il ne va pas trouver ma cachette. Debby, j'ai peur, protège moi..."

La porte du placard s'ouvre soudainement. Se confontre alors deux êtres: le père et l'enfant. Le monstre et la proie. Il va encore vivre un enfer. Un enfer d'un tout autre genre.

"Debby, tu as bien dormi? Moi, je n'y suis pas arrivé. Hier soir, le monstre a interrompu notre discussion. Il m'a dit qu'il était venu me border. Une lueur d'espoir m'a traversé, j'ai cru que ça allait se passer comme dans toute les familles modèles. J'imaginais qu'il me lirait une histoire en imitant les différents personnages, puis je réclamerais une autre et qu'il me ferait la promesse de m'en lire une nouvelle la nuit suivante et qu'enfin il me ferait un bisou sur la joue en me souhaitant bonne nuit. Je regarde trop la télévision parce que c'est pas du tout ce qu'il s'est passé. Il m'a fait me coucher et il s'est allongé près de moi. Sa main a enlacé la mienne puis il l'a guidé vers lui. En tenant fermement mon poignet, il a parcouru tout le haut de son corps avec ma main jusqu'à arriver à la ceinture de son pantalon. Et après tout est devenu flou.  J'ai pleuré silencieusement jusqu'à ce qu'il en ai fini avec moi. Debby, j'ai mal partout, à l'extérieur et à l'intérieur de moi. Je dois te laisser parce que je crois que mon petit déjeuner remonte dans ma gorge et je vais pas tarder à tout renvoyer."

Le petit Worrick vécut encore huit longues années dans ces horribles conditions au côté d'un père et d'une mère qui n'en avait que l'apparence. Debby resta à ses côtés sans piper mot mais sa présence suffisait à le faire se sentir moins seul. Vint le jour où le destin  les sépara à jamais.
" -Worrick!
-Oui?
-Qu'est-ce que tu fais encore avec cette peluche? Cela fait déjà plus de dix ans que tu l'as, il serait temps de grandir un peu!"

Sa mère ne cessait de lui répéter de se débarrasser de cette peluche qui ressemblait désormais plus qu'à un tas de chiffons. Elle voulait lui retirer la seule chose qu'il lui tenait encore à coeur dans ce monde. Rien et personne ne le sépara de Debby à part le monstre. Le monstre qui réduisit sa peluche en cendre devant ses yeux.
Worrick contempla les flammes qui consumait petit à petit ce qui restait de Debby. Ce n'était pas à elle de finir comme cela mais eux.

"Flash info:Cette nuit s'est deroulé un incendie mortelle causant la mort de trois personnes: un couple et leur fils. Les corps n'ont pas encore été identifié mais selon certaines sources il n'y avait que ces trois personnes qui vivaient en ces lieux."

Worrick pose les pieds dans le village de Blossom Hills avec pour seul bagage un sac à dos et un peu d'argent liquide dans les poches. Il avait besoin de fuir. Fuir quoi? Le fantôme du monstre.

"Un brin de thriller à Blossom Hill, ça vous dit?"