Bryce alias Moustique alias Brie de Nice

"Donne moi un cookie Barry !", qu'est-ce qu'il pouvait être chiant quand il s'y mettait. Maman venait de faire ses fameux cookies, et comme à chaque fois, c'était la guerre entre moi et mon frère. Il y en avait un qui prenait le pot avec tous les cookies et l'autre lui courait après pour réussir à en manger quelques uns. Sauf que cette fois, il a été plus vite que moi et plus rusé. Je lui ai couru après dans toute la maison, sauf qu'il était plus vieux et plus fort que moi. Comment le faire plier pour qu'il me donne les cookies ? Une idée émergea dans ma tête, j'avançai doucement vers lui avec ce petit sourire malicieux qui signifiait que j'avais une idée en tête. "Donne moi quatre cookies ou je dis pas à maman que c'est toi qui a cassé son vase préféré", je le vis hésiter puis il me tendit finalement mes quatre cookies, voulant l'embêter jusqu'au bout, je lui en tend un à moitié cassé, "j'en veux un autre, il est pas entier lui". Avec un grand sourire, je pris le nouveau cookie et après les avoir mis en sécurité, je commençai à courir tout en lui hurlant "je vais quand même lui dire". Bien sûr que je n'allais rien dire à notre mère, c'était juste pour lui faire faire un peu d'exercice.

Avec Barry, on avait une relation pas fusionnelle mais presque, j'adorais mon grand frère. Il était mon modèle aussi bien pour les conneries mais aussi comme figure masculine. Comme un grand frère qui se respecte, il me protégeait à chaque fois que l'on m'embêtait à l'école et faisait toujours attention à moi. A cause de ma naïveté, en primaire, on arrêtait pas de me piquer mon goûter et de m'embêter à la récréation. En voyant que je ne voulais plus aller à l'école et que je me comportais pas comme d'habitude, il est venu une fois dans ma chambre et s'est assis à côté de moi. "Bah alors moustique, qu'est-ce qui ne va pas ?", à peine m'avait-il pris dans ses bras que je commençai à sangloter. "On arrête pas de prendre mon goûter et de se moquer de moi.." Je n'avais à en dire plus pour qu'il me serre dans ses bras et me dit qu'il va s'en occuper. Le lendemain, je le retrouve à la sortie de l'école attendant impatiemment ceux qui m'embêtait. Je venais de sortir du bâtiment que je le voyais parler à mes camarades de classe, j'attendais qu'il avait fini pour le rejoindre. Je ne sais pas ce qu'il a dit mais ça a fonctionné. Ils ne venaient plus me piquer mes gâteaux, ils m'évitaient même.

Après cet épisode, j'adorais aller à l'école, ce que mon frère ne comprenait pas, "t'es vraiment pas normal Moustique..", pour lui rester tranquille pendant une heure à écouter les profs était proche de la torture. Tout le contraire de moi, je pouvais rester des heures mes fesses sur une chaise à écouter l'histoire de notre pays ou étudier la littérature étrangère. La matière que j'ai le plus aimé au lycée a été la philosophie, là où la plupart des élèves trainaient des pieds pour entrer dans la salle, j'étais la première assise. "C'est officiel, tu peux pas être ma sœur Moustique" dit-il avec une mine dégoutée tout en s'empiffrant des cookies. Je lisais à longueur de journées des livres et essayait d'initier Barry sans grand succès.

Quelques jours après mes 18 ans, je m'envolais à Chicago vers une nouvelle vie. Ils proposaient un cursus en philosophie qui était l'un des meilleurs du pays et je ne pouvais pas manquer ça. Même si le départ a été très dur, j'attendais ça avec impatience. Je soupçonne même que mon frère a versé quelques larmes en voyant partir, je sais qu'au fond il est sentimental. Il ne me fallut pas longtemps avant de me faire des amies, on passait la plupart de nos soirées ensembles et on sortait dans un bar proche du campus. Et c'est lors de l'une de nos nombreuses soirées que je l'ai rencontré, lui qui va partager plus d'une décennie de ma vie. Quand j'ai posé mon regard sur lui, j'ai su que c'était lui et aucun autre. Comment ? Je ne sais pas, mais je le savais. Après une bonne gorgée de courage liquide, j'allais lui parler. Voilà comment tout a commencé.

Après l'obtention de mon diplôme, on s'est installé ensemble à Chicago. A chaque vacances, j'allais rendre visite à mes parents et à Barry, leur raconter comment ça se passait à l'autre bout du pays et me goinfrer des cookies de maman. A chaque fois, Barry me demandait un rapport détaillé de ma relation avec mon petit ami. J'avais beau lui dire tout ce que je voulais, il avait cette mimique où il fronçait les sourcils et avait une moue bizarre. Et c'est aussi à cause de lui que ma facture téléphonique explosait à chaque mois, mais il le vaut bien cette pourriture. Deux à trois fois par semaine, on se fait un skype et il était souvent affalé sur le canapé et me narguait en mangeant les gâteaux de maman. On ne pouvait pas se passer de ces moments-là, c'était un moyen pour voir sa face plus souvent même si ce n'était pas aussi que de le voir en chair et en os.

Mes valises posées à côté de moi, je tendis mon doigt sur la sonnette et appuya timidement. Cela faisait quatre semaines que j'avais quitté la maison sans le prévenir. Mon fiancé ne savait pas où j'étais et ce que je devenais. Quatre semaines, 1 mois que j'ai appris que j'étais enceinte mais merde ça devait pas être pour maintenant. Il n'en voudrait jamais de ce gosse et tout ce qu'il aurait eu à la bouche était l'avortement. De toute façon, il était trop tard pour ça, je ne l'ai su qu'à trois mois de grossesse qu'un asticot poussait dans mon ventre, oui j'appelle mon bébé l'asticot vu qu'il est encore tout petit. J'entendis Barry râlait, comme d'habitude, mais je sonnais une deuxième et là il vint enfin m'ouvrir. La surprise se lisait dans son regard quand il avait à peine ouvert la porte, et il ne me fallut pas plus longtemps pour lui sauter dans les bras. J'avais errer pendant deux semaines dans le Texas où des cousines habitaient, le temps de savoir ce que j'allais faire. Mais me voilà maintenant à Blossom Hills, chez mon frère, à attendre la naissance de mon futur enfant.