Take a sad song and make it better (gaëlle)

take a sad song and make it better

Gaëlle & Joseph

Encore une journée des plus banales qui s'annonçait pour bibi. Mais aujourd'hui, je ne travaillais que l'après-midi. Par chance, c'était Maxxie qui faisait le matin et je m'occupais de l'après-midi, sans lui. Il avait quelque chose à faire je crois alors on s'est arrangé comme ça. Et puis, il se débrouillait assez bien maintenant pour rester seul. Enfin, il avait encore beaucoup à apprendre bien sûr pour arriver à ma hauteur ! Quoiqu'il en soit, c'était grasse mat' pour moi et lorsque j'ai ouvert les yeux sans que ce ne soit mon réveil qui m'y force, je me suis senti vraiment bien. C'est tellement mieux de se réveiller seul, non ? J'ai traîné toute la matinée, à prendre mon temps pour manger, à regarder la télé pendant un moment et à profiter de l'eau chaude longuement sous ma douche. Seulement, l'après-midi arriva à grand pas et flemmard ou pas, il me fallait retourner au boulot à un moment. J'attrapais ma salade déjà prête au frigo avant de rejoindre la librairie en vitesse. Arrivé là-bas, Maxxie me jeta un regard noir. " Je sais je sais, je suis en retard ! Désolé, j'ai pas vu l'heure passé, mais je suis là maintenant tu peux y aller ! " Il rejoint l'arrière boutique et moi aussi puisque ce n'était que midi et demi et qu'il me fallait encore manger. Je commençais donc à manger ma salade pendant qu'il se préparait pour partir. Il me salua avant de quitter la pièce et je me rendis compte que je l'avais fixé un peu trop longtemps. Enfoiré de Maxxie, comme si un gars aussi arrogant pouvait me plaire ! Je terminais ma salade avec vigueur, enragé par cet abruti qui réussissait à me faire de l'effet alors que je ne le voulais pas.

Une fois le repas terminé, j'ouvrais la boutique et j'allais vérifier comment ce cher stagiaire avait trié les livres aujourd'hui. J'en réarrangeais quelques-uns parce que ça ne me convenait pas et je recevais les clients qui commençaient à venir bien tôt. Des mamies qui ne se souvenaient plus de ce qu'elles voulaient, des parents trop évasifs sur un livre qu'ils ont vu à la télé mais dont ils ne se souviennent ni le nom ni la couverture ni l'auteur et des étudiants qui venaient chercher leurs livres scolaires préalablement commandés. Bref, encore une journée habituelle comme il était le cas à la librairie. Seulement, il  y avait une petite différence par rapport à récemment. Il y avait longtemps que je n'avais plus était seul en boutique et à vrai dire, même s'il me tapait sur le système, Maxxie me faisait de l'animation. Les heures passaient, parfois il y avait cinq clients à la fois alors que juste après j'attendais pendant un moment sans personne. Mais ce fut vers la fin de la journée qu'un événement imprévu arriva. J'étais avec une vieille dame à la caisse lorsque j'ai vu arriver Gaëlle avec un air triste.

" Une seconde madame je vous prie. " Je me décalais de la caisse pour aller la voir, un peu inquiet. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'elle soit dans cet état ? Elle avait vraiment l'air mal. " Ça va Gaëlle ? Attends, viens avec moi. " J'attrapais sa main et je l'amenais jusqu'à l'arrière-boutique. Je la laissais s'installer à une des chaises avant de me baisser pour me mettre à son niveau. " Je finis avec ma client et je viens te voir après, d'accord ? " Je ressortais rapidement, tentant d'aider la vieille dame à retrouver le nom du livre et une fois retrouvé et payé, je la raccompagnais vers la sortie pour fermer la boutique. Il était l'heure de toute façon donc ça tombait bien. Je me dépêchais de retourner voir mon amie qui était dans le même état voire pire que tout à l'heure. J'étais inquiet bien sûr, un peu curieux c'est vrai mais je voulais surtout tenter de la rassurer. " Tu veux boire quelque chose ? De l'eau, du café, du thé ? " Pour ma part, je me préparais un thé chaud, préparant ce qu'elle m'avait demandé avant de revenir m'asseoir face à elle. Je me penchais vers elle, attrapant ses mains en la regardant avec un air inquiet. " Raconte moi Gaelle, qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi cet air si triste ? " C'était mon amie et c'était normal de vouloir l'aider après tout.

Take a sad song and make it better.

Joseph & Gaëlle

Une journée de repos ? Mais bien entendu. C'est fou ce que je suis reposée depuis ce matin. Je n'ai rien pu avaler à midi tellement j'ai le ventre noué et la tête en vrac. Je suis complètement perdue. Mes pas m'ont menés jusqu'à un endroit plus reculé, où je me suis laissé glisser contre un arbre pour m'asseoir par terre. Repliant mes jambes, je les entoure de mes bras. Pourquoi ce combat m'achève de la sorte ? Ce n'est pourtant pas nouveau. Il m'a déjà dit que j'ai été une erreur dans sa vie. Pourquoi donc, aujourd'hui, ces paroles me mettent autant à mal ? Christopher avait raison, une fois de plus. Je n'aurai jamais dû lui parler. Ce n'est décidément pas lui, cet Edgecombe, qui va m'aider à retrouver celle que j'ai été. Un soupir m'échappe alors que je pose mon menton sur mes genoux. Qu'est-ce qui ne tourne donc pas rond chez moi ? Pour la centième fois depuis ce matin, mon téléphone vibre dans ma poche. C'est mon cher fiancé qui m'envoi un petit message. Il semblerait qu'il soit inquiet de mon silence. Je me décide finalement à lui répondre, m'excusant de cette absence-là. J'en viens même à le négliger. Invraisemblable ! Je m'en veux de ne pas l'avoir écouté et de n'en avoir fait qu'à ma tête. Qu'est-ce que j'ai donc récolté ? Un nouveau, t'es une erreur dans ma vie, un boulet que je me suis trainé, je suis bien mieux aujourd'hui qu'avant. Même si je n'ai aucun souvenir de ce qui a bien pu causer ces faits, je suis obligée d'y céder. Son discours n'a pas changé depuis tous ces mois.. Moi qui souhaite toujours faire au mieux pour tout le monde, j'ai échoué, lamentablement. C'est surtout ce constat qui me met mal à l'aise. Après tout, je suis heureuse avec Christopher, je ne recherche rien d'autre que la simple possibilité de retrouver celle que j'étais. Mais finalement, est-ce que j'en ai encore envie après cette matinée-là ? Est-ce que je souhaite vraiment troquer ce flou sur mon passé contre des faits que l'ancienne moi a pu dire ou vivre, au risque de me dégouter de moi-même ? Une fois mon téléphone remis dans l'une de mes poches de veste, je laisse ma tête s'appuyer contre le tronc de cet arbre imposant. Je ne peux décemment pas retourner à l'appartement dans cet état-là. Chris va forcément voir que quelque chose ne va vraiment pas une fois qu'il sera rentré.. Et je n'ai pas envie de l'inquiéter avec ça. Surtout qu'il savait. Il m'a pourtant bien prévenu de ne plus adresser ne serait-ce qu'un regard envers cet homme qui me traite, sans ménagement, de plus grosse erreur dans sa vie. Pourtant, il m'a fait me retourner, il m'a appelé. Il est resté près de moi assez longtemps pour qu'on puisse tenir une sorte de .. Discussion, qui s'est vite transformée en spectacle de rue. Je secoue la tête rien qu'en y pensant.

Le temps passe, sans même que j'y porte la moindre attention. Et je reste là, contre cet arbre, à essayer de me convaincre de plusieurs choses, mais surtout, à tâcher de retrouver ce semblant de sourire. Elément pourtant nécessaire. Et comme si ça ne suffit pas, il se met à pleuvoir. C'est bien ma veine ! Quelle journée de merde.. Je me relève alors, voulant éviter de me retrouver embourbée au pied de cet arbre. Par réflexe plus que par véritable envie, je me dirige tranquillement cependant vers la librairie. Le temps se joue vraiment de moi, puisque le Soleil redevient radieux sur le chemin ! Tant pis, j'ai besoin d'un livre. J'essaie d'arborer une mine moins triste que celle que j'ai alors, mais en vain. A peine je rentre dans cette librairie que mon regard croise celui de Joseph. « Une seconde madame je vous prie. » Me voilà repérée. Je baisse la tête en le voyant venir vers moi avec cette inquiétude dans le regard qui ne m'échappe pas. Ce jeune homme est vraiment d'une gentillesse folle.. Il est, en fait, la première personne dans cette nouvelle ville que je peux vraiment considérer comme un ami et que je prends plaisir à venir embêter très souvent -pour ne pas dire presque quotidiennement.. Ok, j'exagère un peu !-, prenant l'excuse d'un livre à acheter. Oui, aussi souvent que ça. Je me mordille la lèvre en le voyant face à moi, alors que mes bonnes résolutions que je venais de prendre se fissurent doucement. « Ça va Gaëlle ? Attends, viens avec moi. » Dire que je vais bien serait mentir. Je sais très bien que cela ne fait pas longtemps que je suis dans cette ville, ni même une éternité que je connais ce jeune homme. Et pourtant, c'est comme si j'ai espéré qu'il me dise ces paroles-là. Je le suis silencieusement alors qu'il s'empare de ma main. Une fois arrivée dans cette pièce-là, je marmonne un petit. « J'ai connu mieux.. » ... enfin je crois. Je m'installe sur cette chaise, glissant un petit « Et toi ? », espérant vraiment qu'il n'ait pas une mauvaise nouvelle à m'annoncer à son tour. Je ne peux même pas détourner mon regard alors qu'il se met à mon niveau -oui, bien bas. Je suis petite, et je l'assume !-. « Je finis avec ma client et je viens te voir après, d'accord ? » Je lui adresse alors une petite ébauche de sourire. A croire que j'attendais vraiment ce genre d'attention amicale. « Pas de soucis. » Je reporte mon attention vers mon téléphone, le tirant une fois de plus de ma poche alors que mon nouvel ami s'occupe de cette dame. Faut dire qu'il a l'air de bien aimer son travail et que pour moi, il a toujours des petits livres à me proposer. A croire qu'il connait déjà mes goûts de lecture, bien qu'ils soient très variés. « Tu veux boire quelque chose ? De l'eau, du café, du thé ? » qu'il me dit une fois à nouveau dans cette pièce. Bon sang, si j'savais qu'il est déjà si tard ! Je souris à sa proposition, et en bonne Anglaise que je suis, je lui réponds. « Un petit thé, s'il te plait. T'es adorable, merci. » Adorable de me proposer une petite boisson, adorable de m'accorder un peu de temps, et juste adorable dans sa façon d'être. Un gentil en fait, comme moi. Je profite du fait qu'il prépare tout ça pour ranger mon téléphone. Hors de question d'être dérangée. Je le remercie d'un nouveau petit sourire, alors que mon regard est toujours traversé par ce sentiment d'être juste.. Perdue. « Raconte moi Gaelle, qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi cet air si triste ? » J'arrive, en général, plutôt bien à me faire une réelle première impression des gens. Et pour moi, ce jeune homme est une personne digne de confiance. Sauf que pour répondre à ses deux questions pourtant si innocentes, je vais devoir me mettre à raconter des choses de mon passé que je préfère presque oublier. Disons que ce n'est pas la chose que je crie à tout va, comme quoi j'ai une sacrée amnésie quant à mes dernières années. J'hausse légèrement les épaules, ne sachant pas par où commencer. « Ce n'est pas facile à expliquer .. J'sais même pas, en fait. » Et c'est bien là le problème. Mon regard se perd sur ce thé si gentiment servi. « Ce matin, j'ai croisé une personne que je n'pensais pas voir ici. » Au moins, c'est clair comme ça. Il sait déjà que je viens de Londres. Et croiser une personne, par ici, si loin de là où je viens.. Il faut avouer que c'est un sacré hasard.

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Gaëlle & Joseph

Gaëlle était une bonne amie. On ne se connaissait pas tant que ça, en fait elle avait commencé à venir à la librairie de plus en plus souvent, c'est comme ça qu'on s'est rapprochés. Je ne l'avais jamais vu dans la ville avant ça. Du coup, c'est sûr qu'on était pas non plus les meilleurs amis du monde, on était pas si proches non plus. Mais c'était une fille sympathique et avec un petit quelque chose de pétillant. J'aimais bien quand elle venait dans la boutique, c'était toujours sympa et puis elle s'intéressait aux livres. Tous ceux qui aiment les livres gagnent déjà des bons points avec moi. Sauf Maxxie peut-être, mais lui c'est un cas à part. Oui, Gaëlle faisait partie de mes clients préférés avec qui j'ai bien sympathisé voire même beaucoup. Au sens amical bien entendu. Et comme toutes les personnes que j'apprécie, je ne peux pas m'empêcher d'être compatissant lorsque quelque chose leur arrive. Que ce soit en bien ou en mal. Alors forcément, la voir arriver trempée et avec une petite mine, ça ne pouvait que me faire de la peine. Je ne connaissais pas vraiment sa vie, son histoire donc je ne pouvais pas savoir ce qu'elle traversait ou ce qui pouvait ne pas aller. En fait, je l'appréciais, mais je n'avais jamais cherché à en savoir plus que ça sur elle pour le moment. Moi qui suis très curieux pourtant, c'est simplement parce que j'estime quand même que les gens ont le droit à leur période de vie privée. Mais je finis toujours pas faire ma fouine, volontairement ou involontairement. Dans ce cas là, c'est plutôt que je cherche à l'aider, à la soutenir.

Visiblement, elle n'était vraiment pas bien, mais je n'avais pas plus m'y intéresser un peu plus avant d'avoir viré la mamie qui restait et de fermer la boutique. En tout cas, puisqu'elle était triste et qu'une soirée de discussion s'annonçait pour la soirée, elle avait le droit de toucher au stock du personnel concernant les boissons. " Un petit thé, s'il te plait. T'es adorable, merci. " Tout comme moi. Une fois les thé prêts, je lui donnais sa tasse avant de me réinstaller. " Ce n'est pas facile à expliquer .. J'sais même pas, en fait. " Bon, ça devait pas être un petit souci alors. Mais je ne voulais pas la forcer à parler non plus, je ne voulais pas qu'elle raconte ce qui n'allait pas si elle préférait que ça reste pour elle. Je voulais l'aider d'une façon ou d'une autre, pas la pousser à tout me dire. " [color:be50=A52A2A]Ce matin, j'ai croisé une personne que je n'pensais pas voir ici. " Pas voir ici, dans la ville ? Elle n'était pas d'ici ? Ça pourrait expliquer pourquoi je ne l'avais jamais vu jusque là. Bon, je ne connais pas tout le monde, mais ce n'est pas une très grande ville et tout le monde connait un peu tout le monde. Même de vue. C'était donc une étrangère et elle avait retrouvé une personne de son passé. Le tableau s'éclaircissait, mais j'étais encore loin du compte, je n'avais que quelques éléments.

Je buvais une gorgée de mon thé, me brûlant légèrement au passage avant de reposer la tasse. Qui était cette personne ? De la famille ? Un ex ? Je ne voulais pas non plus me montrer trop curieux. Je ne voulais pas l'être, pas dans cette situation. Je l'observais tandis que son regard se perdait dans le vide. Elle n'allait vraiment pas bien. " Tu sais, si tu ne veux pas en parler, tu n'es pas obligée hein. " Il fallait bien que je lui précise après tout, vu la difficulté qu'elle avait de me le dire. Ce devait être très récent pour qu'elle soit dans cet état. Je m'avançais un peu et attrapait l'une de ses mains avant de lui lancer un petit sourire. " Tu sais, on se connait pas tant que ça au final, mais je t'aime bien Gaëlle, t'es comme une amie pour moi depuis le temps alors je veux t'aider du mieux que je peux ! Après tout, j'ai besoin de ma cliente favorite et son sourire brillant ! " Je rigolais un peu, pour rendre mes propos plus sympathique et pourquoi pas tenter de lui arracher un tout petit sourire. Je voulais qu'elle sache qu'elle était en sécurité avec moi, que j'étais sincère quand je lui parlais de l'aider. Je n'étais pas le genre à être dans le second degré pour ce genre de moments. " Tu veux qu'on aille s'installer dans le coin lecture de la boutique ? Les fauteuils sont plus confortables et peut-être que te sentir entouré de bouquins pourra t'aider à aller mieux ! "

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Joseph & Gaëlle

Avec ce qui s'est passé ce matin, je suis quand même bien angoissée. Je redoute tellement ce moment où je vais revoir Christopher, lui qui me connait si bien.. Dans cet état dans lequel je me trouve en ce moment et bien, il se rendra forcément compte de quelque chose. S'il y a bien un talent que je ne possède pas, c'est celui de la comédie. Il m'est juste impossible de camoufler mes ressentis. Il est si facile, lorsqu'on me connait un minimum, de lire dans mes yeux comme dans un livre ouvert. Et ça m'effraie. On est bien dans cette ville, Chris et moi. J'ai repris la moitié d'un cabinet de kiné, mes nouveaux patients sont bien agréables .. Comment mon fiancé pourrait-il réagir si je le dis que j'ai croisé Raphaël au détour d'une rue ? Une partie de moi, guidée par mon petit coeur souffrant, savait très bien que ce n'est vraiment -mais alors vraiment pas-, une bonne idée de lâcher cette information. Je vais devoir la taire face à Chris. Etrangement, je redoute tellement le simple fait de savoir que ces deux-là peuvent se tomber dessus. Cela m'inquiète, j'ai vraiment peur que la situation ne m'échappe. Du moins, plus qu'actuellement. Peut-être qu'en parler à quelqu'un extérieur à tout ça va pouvoir soulager un peu ma conscience ? Bien entendu, je ne veux pas me taper l'incruste dans cette librairie alors que la fermeture est annoncée lorsque Joseph s'en occupe tranquillement, me laissant encore un peu à mes pensées pour essayer de les rassembler puis de les trier un peu. Je n'ai aucune envie de l'ennuyer avec mes histoires, mais vraiment pas. C'est inconsciemment que je suis arrivée jusqu'ici. Et comme je n'aime pas trop laisser les choses sous le simple coup du hasard.. Il est vraiment bien gentil ce libraire, qui me prend sous l'bras pour me proposer un petit thé. J'en souris, bien légèrement certes, mais j'en souris.

Ca ne va pas être facile de placer des mots sur ce qui m'arrive et surtout, sur ce que je ressens depuis ces dernières heures. Pourtant, avec cet Edgecombe, on a eu une conversation déjà existante, ce n'était pas une découverte. Il m'a déjà dit que j'ai été un boulet dans sa vie. Mais là, pour le coup.. Ca me fait plus mal qu'il y a quelques mois. « Tu sais, si tu ne veux pas en parler, tu n'es pas obligée hein. » Je sais bien qu'il ne me forcera pas la main, même si je me décide à lui faire part de quelques informations. Mais entendre ces mots me prouve que je suis chez la bonne personne après tout. J'acquiesce d'un petit signe de la tête, comme pour lui dire que j'en suis bien consciente et mon regard le suit lorsqu'il s'avance pour me prendre la main. Son sourire me rassure, je n'ai plus l'impression d'être seule pour porter ce poids qui m'étouffe. « Tu sais, on se connait pas tant que ça au final, mais je t'aime bien Gaëlle, t'es comme une amie pour moi depuis le temps alors je veux t'aider du mieux que je peux ! Après tout, j'ai besoin de ma cliente favorite et son sourire brillant ! » J'en souris un peu plus. Oui, il réussit plutôt facilement à me rendre cette expression-là, sans doute par gêne de savoir que je fais partie de ses clientes favorites, je baisse un peu la tête. Franchement, je suis ravie d'être tombée sur quelqu'un aussi gentil que lui tenant une librairie, alors que je sais très bien que ma passion pour l'empiffrement de livres me force à y aller souvent. Cela aurait été vraiment plus délicat si je devais faire face à une personne bien moins sympa qu'il ne l'est. Je garde un peu sa main dans la mienne, une chose qui me donne un peu de courage. S'il y a bien quelque chose qui me manque ici, ce sont de vrais amis comme Sarah, à qui je peux me confier sans crainte. « Tu veux qu'on aille s'installer dans le coin lecture de la boutique ? Les fauteuils sont plus confortables et peut-être que te sentir entouré de bouquins pourra t'aider à aller mieux ! » J'approuve d'un petit signe de la tête avant de dire un peu à voix basse. « C'est une bonne idée. » J'aime vraiment cet endroit empli de livres, que j'ai envie de dévorer. Mais tout de même, je garde en tête que mon ami à sans doute autre chose à faire de sa soirée que d'ouvrir le bureau des Pleurs. « Enfin.. Si tu n'as rien de prévu bien entendu. » Une façon de lui dire que je ne veux absolument pas le déranger. En tout cas, si une chose est certaine, c'est que je lui dois un bon paquet de muffins pour tout ça. Cette simple pensée m'amuse, et je le regarde pour confirmer mes paroles. Je ne veux en aucun cas l'empêcher de rentrer chez lui et de vaquer à ses occupations. « C'est une longue histoire, digne de l'un des romans que t'as dans cette librairie. »  Et encore, si je savais tout de ce qui m'arrive, nul doute que ce serait un roman à succès. Je devrais sans doute y penser, un jour. Lorsque le vrai éclatera enfin.

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Gaëlle & Joseph

Elle était toujours là, assise, le regard perdu dans le vide, trop concentrée dans ses pensées sans aucun doute. Gaelle appréciait mes gestes et me répondait au moins avec des petites expressions de visage, mais je voyais bien qu'elle était ailleurs, qu'elle était dans un événement qui apparemment s'était déjà passé. Je ne pouvais la forcer de rien et je ne le voulais surtout pas évidemment. Elle ne semblait pas prête à parler, elle avait beaucoup de mal à reprendre ses esprits, mais après tout c'était normal. Je ne savais pas ce qu'elle avait, mais évidemment je savais ce que représentait des événements tristes, bouleversants pour en avoir vécu moi-même. Le départ de mon père notamment. Je savais ce que signifiait la peine, la douleur et c'est pour ça que j'avais tendance à compatir plus souvent avec les autres. C'est parce que je tenais aux personnes que je compatissais aussi, parce que je tenais à certaines personnes particulièrement et que même dans les pires moments de leur vie, ma porte leur serait toujours ouverte. Toujours. Au sens littéral comme figuré du terme. Gaelle était comme en état de choc, quelqu'un qui avait besoin maintenant de tendresse avant tout, de se sentir soutenue plus qu'autre chose. Et j'étais prêt à lui apporter, j'étais prêt à lui montrer qu'elle n'était pas seule dans cette ville. Je valais ce que je valais : maladroit, têtu, gamin, joueur, soit disant drôle et maigrichon, mais au moins j'étais présent et j'étais là pour l'aider. " C'est une bonne idée. " J'étais certain que ça lui plairait, je la connaissais quand même un petit peu. Alors ni une ni deux, je me levais de ma chaise, ne lâchant pas sa main pour autant. Peut-être que petit à petit, je réussirais à la faire parler voire même, à sourire.

J'étais prêt à rejoindre le coin salon, à sortir de l'arrière-boutique, mais Gaelle gardait elle aussi sa part d'intérêt pour les autres, malgré le fait qu'elle se sentait mal. Elle était loin d'être égoïste, je le savais. " Enfin.. Si tu n'as rien de prévu bien entendu. " Je hausse les sourcils, un peu surpris malgré tout par sa réaction et je ne peux m'empêcher d'étirer un sourire avant de pousser un petit rire, pas moqueur du tout. " Si si, j'ai quelque chose de prévu. Je dois écouter une de mes amies et la réconforter, mais je ne pense pas que ça gênera tes projets à toi. " Ce n'était pas de l'ironie ou de la moquerie, le ton n'y était pas non plus, je voulais juste tenter de lui apporter un peu de joie, pourquoi pas un petit sourire ou un rire. Je la laissais se lever pour rejoindre la boutique principale, là où les livres dépassaient les hommes, là où l'imaginaire devenait réel et là où les rêves étaient possibles. Je la guidais jusqu'au coin salon, situé dans un coin au fond de la boutique. " C'est une longue histoire, digne de l'un des romans que t'as dans cette librairie. " Ah oui ? Cette remarque me fit sourire à nouveau, amusé de voir que malgré tout, elle restait la jeune femme que j'avais l'habitude de voir. Je m'installais dans l'un des fauteuils bien plus confortable que les chaises de tout à l'heure et je la laissais s'asseoir à son tour. " Si ton histoire est digne d'un roman, alors je crois que c'est l'endroit parfait pour te confier. " Elle ne serait qu'une histoire de plus parmi les autres, qu'une aventure riche en émotion de plus. Une histoire vraie cependant, une personne réelle.

Je pensais bien qu'elle était prête à se confier, qu'elle m'estimait assez digne pour me raconter ses malheurs, mais allez savoir pourquoi je sentais qu'il fallait encore lui prouver une preuve de plus de ma confiance. Je devais lui montrer que j'avais confiance en elle alors qu'elle pouvait me le rendre. Je m'avançais un peu sur mon fauteuil avec un air un peu coquin, comme un enfant qui s'apprête à faire une bêtise. " Tu sais quoi, pour te mettre à l'aise, je vais commencer en premier. Je vais te révéler un secret que personne, je dis bien personne à part toi ne connaît. " Et c'était la vérité, je n'en avais encore parlé à personne, bien trop gêne pour le dire à quiconque. Je jetais un regard sur les livres autour de nous, comme pour me donner du courage avant de finalement la regarder à nouveau. " En fait... Puisque tu me parles d'histoires... Eh bien... J'ai décidé d'écrire un livre. Je ne prétends pas être un excellent écrivain ou quoi, mais... J'ai envie d'en écrire un, juste pour le plaisir. " Je n'attendais pas d'encouragement de sa part, c'était juste pour lui donner une atmosphère de confiance. Ce n'était pas grand chose de mon côté et c'était loin d'être une mauvaise nouvelle, mais ça restait un de mes secrets caché. Je souriais un peu, comme pour l'encourager à se lancer à son tour. " Si c'est digne d'un roman, alors je crois être la personne idéale pour écouter ton histoire. "

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Joseph & Gaëlle

Même si je ne suis pas le stéréotype même de la petite Anglaise, je dois bien reconnaitre que le cliché du thé, pour moi .. C'est quelque chose d'assez vrai. J'ai toujours ma petite thermos portable avec mon thé bien chaud dedans. Caramel et fruits des bois sont d'ailleurs mes préférés. Même si j'apprécie aussi grandement celui à la menthe, sans oublier les plus classiques. Bref, là, je ne suis vraiment pas compliquée à ce niveau. Tant que ça se boit chaud, avec un demi sucre pour certaines saveurs comme pour les fruits des bois, sans pour les autres. Moi ça me va. Puis, il faut bien dire que je suis plus thé que café.. Ce qui n'est pas plus mal. Et là, après une telle journée, je reconnais que ça fait du bien, cette tasse qu'il me propose. Juste parce que j'ai passé ma journée dehors, à broyer de sombres pensées. Puis, ce Joseph, il a quelque chose de rassurant dans sa façon d'être. Si gentil et agréable. Tous les jours. Je me demande même parfois comment il fait pour avoir le sourire comme ça. Mais, même si je ne suis pas en grande forme, je ne veux vraiment pas priver mon ami de sa soirée. C'est pour ça que je lui ai donné cette possibilité de couper court à cette discussion à venir. Son petit rire m'amuse. « Si si, j'ai quelque chose de prévu. Je dois écouter une de mes amies et la réconforter, mais je ne pense pas que ça gênera tes projets à toi. » La façon dont il me répond alors m'arrache un nouveau léger sourire. Non, c'est certain que cela ne gênera pas mes propres projets. D'ailleurs, est-ce que j'en ai seulement pour cette fin de journée ? J'ai encore quelques heures pour chasser cette obscurité qui m'entoure depuis ce matin. Christopher ne va pas rentrer avant plusieurs heures, et pourtant je sais qu'il ne doit pas me voir dans cet état. Il m'a prévenu, j'en ai fait qu'à ma tête.. Mais je ne veux pas que cela se retourne contre Raphaël malgré tout. « Non. Tu as raison. » N'empêche, je suis bien contente de savoir que je peux compter sur une personne dans cette ville. Sarah me manque énormément pour tout ça, et c'est vrai que d'arriver comme ça, dans une nouvelle ville, dans un nouveau pays.. C'est sacrément déstabilisant. Heureusement que Chris est là. Rejoignant cette fameuse pièce aux côtés de mon ami, je m'installe à mon tour sur l'un des fauteuils si confortables de cet endroit. Je me sens bien dans cette librairie, sincèrement. C'est un véritable petit plaisir que de venir jusqu'ici.

Tout en gardant ma tasse bien chaude dans les mains après avoir été tiré jusqu'ici par mon ami, je l'écoute toujours attentivement, même si ma tête me fait si mal avec toutes ces pensées qui se bousculent dedans comme ça. Il faudrait que je pense à leur dire que ce ne sont pas des auto-tamponneuses qui peuvent s'éclater n'importe comment contre ma paroi crânienne ! « Si ton histoire est digne d'un roman, alors je crois que c'est l'endroit parfait pour te confier. » Buvant une petite gorgée, tout en laissant mon regard s'attarder sur le sourire de ce jeune homme à la gentillesse incroyable, j'essaie de me détendre un peu et surtout, de faire le tri pour avoir des paroles plus ou moins censées. « Sans doute, oui. Mais j'aurai préféré ne jamais avoir écrit ces pages-là. » que je lui avoue, baissant ma tête vers cette petite tasse encore bien remplie. Si seulement je pouvais remonter le temps, avant cet accident.. Et savoir qui j'ai été, ou juste à ce matin. Et ne pas être sortie de chez moi. Je le regarde alors, comme s'il a quelque chose sur la langue qu'il s'apprête à me révéler et qui a le goût d'un secret. Je tends l'oreille ayant toujours été bien curieuse. « Tu sais quoi, pour te mettre à l'aise, je vais commencer en premier. Je vais te révéler un secret que personne, je dis bien personne à part toi ne connaît. » Ma curiosité est attisée, si bien que mon regard semble s'illuminer l'espace de quelques brèves secondes. « En fait... Puisque tu me parles d'histoires... Eh bien... J'ai décidé d'écrire un livre. Je ne prétends pas être un excellent écrivain ou quoi, mais... J'ai envie d'en écrire un, juste pour le plaisir. » Alors ça.. Je ne m'y suis pas attendue ! Un sourire fait le forcing sur mon visage, j'adore ce genre de nouvelles-là. « Oh ! C'est super ! » Ma voix est emplie de sincérité alors que j'ajoute de suite après un petit.. « Tu me laisseras la chance de lire tout ça, hein ? » Je me redresse un peu sur ce fauteuil, soudainement toute avide de détails, même si je me doute qu'il va tout de même garder des faits bien secrets. Je m'en mords la lèvre pour m'empêcher de l'assaillir de questions. En tout cas, je ne doute pas que son écrit vaudra le coup d'être lu. Son sourire qui suit alors me pousse à me lancer à mon tour. Je baisse un peu le regard, mes yeux retrouvant cette pointe assombrie. « Si c'est digne d'un roman, alors je crois être la personne idéale pour écouter ton histoire. » Ca tombe sous le sens vu la révélation que j'ai eu l'honneur d'entendre. Puis même, il n'a pas l'air d'être un fouteur de m*rde. Tiens, d'ailleurs.. Est-ce qu'il connait Raphaël de près ou de loin ? « Il semblerait, oui. » J'hausse sensiblement mes épaules. C'est difficile, vraiment.. Mais j'ai besoin de parler. « Je ne sais même pas par où commencer.. » Ca, c'est peu dire. Je bois une nouvelle petite gorgée pour me redonner un peu de courage. C'est le moment, je ne peux -et je ne veux !- pas faire demi-tour. Ma voix se fait plus faible sans que je m'en rende compte. « Disons que ... J'ai pas toute ma tête depuis plusieurs mois. Je.. » Là, c'est délicat. Pas qu'il me prenne pour une folle quand même ! Mais évoquer cet accident dont, finalement, je n'ai finalement que quelques flashs depuis peu.. C'est tendu. « Je ne me souviens pas de mes années passées. » Presque coupable, je baisse ma tête, me mordant la lèvre une fois de plus. J'ai du mal, vraiment. Je m'en veux de ce que je suis devenue. « C'est comme si j'suis une étrangère pour moi. » Aie, ça fait mal de mettre ces mots-là sur ce que je pense de moi. Mais ils sont justes. Qui suis-je finalement ? A part cette blonde amnésique face à ses dernières années ? Et un boulet dans la vie d'un homme, sans que je ne me souvienne des raisons m'ayant poussée à le devenir ?