claire (+) You only live once, but if you do it right, once is enough.

Claire posa ses petits yeux noisettes sur l’homme assis devant elle avec un regard d’interrogation. La jeune demoiselle ne comprenait pas du tout ce qui se passait, mais elle savait que l’on parlait d’elle. L’homme parlait de plusieurs choses, des choses qu’elle ne comprenait pas, mais elle savait qu’elles était tous à propos d’elle. Claire entendait son nom ici et là, voyait le regard de l’homme changer lorsqu’elle la regardait et ses parents qui ne semblaient pas du tout heureux d’être là.

Assise sur les genoux de sa mère depuis une dizaine de minutes maintenant, elle désirait bouger, faire quelque chose, tout sauf rester assise. “Papa... Est-ce que je peux aller jouer ?” Claire lui faisait des yeux digne du chat botté, avec sa petite voix remplit de douceur afin d’être certaine qu’il lui dise oui. Après une petite minute, il lui fit un sourire un peu forcé et lui fit un signe de tête en direction de la petite zone qui contenait les jouets. Sa mère lui donna un baiser sur le dessus de sa tête avant de relâcher son étreinte pour la laisser partir.

Claire descendit des genoux de sa mère et se dirigea en direction de la section du bureau contenant les jouets. Elle regarda les jouets autour d’elle. Il n’y en avait pas énormément mais assez pour donner le choix à tous les enfants qui passaient dans ce bureau. “des blocs !!” dit-elle de sa petite voix avec un sourire naïf illuminant son visage. Elle se mit à les empiler alors que ses parents parlaient avec l’homme à la veste blanche. La jeune demoiselle en faisait des pyramides, des structures un peu complexe pour une enfant de cinq ans, mais le tout tenait toujours debout.

Après une dizaine de minutes, elle entendit la voix de sa mère l’appeler. Elle tourna sa tête pour la regarder faire un signe de la main lui disant de venir vers elle. Claire se leva et marcha en direction de ses parents. Arrivée devant eux, sa mère pleurait et son père tentait de retenir ses larmes du mieux qu’il pouvait. La voix brisée de sa mère se mit alors à parler. “Ohh ma chérie... Le monsieur dans la veste blanche est un médecin.. Tu te souviens de la dernière fois que tu étais venu, les gens t’avaient pris quelques goutes de sang parce que tu n’allais pas bien ? ... Et bien ils ont trouvé ce que tu as...” Sa mère n’en pouvait plus, elle se remit à pleurer. Elle sera très fort sa fille contre elle. Claire regardait son père alors que sa mère la gardait dans ces bras. Son père voyait très bien qu’il devrait continuer, qu’il allait devoir annoncer la mauvaise nouvelle à sa fille de cinq ans. “Claire... Ton sang est malade... ” Il la prit des bras de sa mère et la posa sur ses genoux. Il pris son petit bras et le tourna de manière à ce que sa paume de main soit face vers le haut. Il se mit alors à déplacer un doigt sur son bras suivant les veines qu’il pouvait apercevoir. “Le sang, c’est ce que tu vois, ce sont les lignes bleues sur ton bras. Et il est malade, ce qui te rends aussi malade, mais ne t’inquiète pas, tout vas bien aller.”  Le sourire sur le visage de son père était complètement forcé, mais tout de même rassurant pour un enfant de cette âge puisqu’elle ne pouvait pas distinguer ce qui était vrai et faux.

Ce fut le jour où elle apprit qu’elle avait la leucémie.

4 ans, 8 mois et 13 jours. Claire passa les portes de l’hôpital comme à son habitude. Heureusement, aujourd’hui était une autre bonne journée, elle arrivait à se tenir debout et à marcher d’elle-même. Elle n’avait pas eu besoin de la chaise roulante depuis deux semaines maintenant et elle en était plus qu’heureuse. Malheureusement, ses pas étaient tout de même hésitant et tramblant. Ses mains tramblaient aussi, mais elle pouvait facilement les cacher dans les poches de sa veste. Ces yeux étaient rouges, ils criaient la fatigue. Ses cheveux, elle n’en avait plus. Ils avaient fini par disparaitre après le premier mois de chimiothérapie.

Elle marchait accompagnée par ses parents dans les corridors de l’hôpital. Elle avançait malgré elle, elle ne voulait pas être là. Toutes les fibres de son corps lui disait de retourner chez elle, de se coucher dans son lit et d’y rester pour le reste de ses jours. Elle était fatiguée, épuisée de devoir combattre son propre corps. De devoir renoncer à tout pour rester en vie, pour survivre une journée de plus.

Claire finit par s’assoir sur un siège de la salle d’attente, prit le livre qu’elle apportait avec elle partout depuis quelques jours maintenant et l’ouvrit à l’endroit qu’elle l’avait laissé pour continuer sa lecture. Pendant ce temps là, ses parents annonçaient leur présence à la secrétaire tout en espérant que le temps d’attente pour leur rendez-vous ne serait pas énorme comme à chaque fois qu’ils se présentaient à l’hôpital.

Le médecin finit par sortir de son bureau dix minutes plus tard demandant à Claire et ses parents de venir. La demoiselle rengea son livre à contrecoeur et suivit ses parents à l’intérieur du bureau du docteur Wilson. Rendu à l’intérieur, elle prit une chaise et se mit à regarder le plancher tout en faisant baloter ses pieds. Elle ne voulait pas être ici, elle ne voulait pas savoir ce que son docteur allait lui dire. Elle espérait disparaitre, se fondre dans la chaise et disparaitre. Elle entendait ses parents parler avec son docteur. Il disait plusieurs thermes médicaux que Claire ne comprenait qu’à moitié, puis Claire entendit ce qu’elle désirait entendre depuis toujours. “Claire.. Tu es en rémission. Ton cancer a finit par être éliminé par les traitements.”

Ce fut le jour où elle apprit qu’elle était guéri.

Claire vivait finalement une vie presque normale.

Elle devait encore aller à chaque six mois ou presque afin de faire des tests et d’en connaitre leur résultat pour s’assurer que la leucémie ne reviendrait pas, mais à part tout ça, la vie était belle. Elle ne donnait plus l’impression d’être resté éveillée pendant plus d’une semaine, ses cheveux avaient finit par repousser afin de lui donner une chevelure digne d’une annonce de shampoing. Ses parents avaient même terminé par lui permettre d’aller à l’école telle une enfant normale, ce qui a finit par la mener à la fin du lycée.

“Et puis, est-ce que tu as fini par te décider entre la robe rouge et la or ? ” Lindsay et Caroline étaient les deux seules dans le groupe d’amies de Claire qui avaient déjà été invité par un garçon au bal de promo. Donc les deux seules qui avaient commencé à regarder pour une robe. Claire, Julie, Leïa et Yancie espéraient encore être invité par quelqu’un, mais parlaient de plus en plus à y aller entre amies sans mecs à leur côtés. Elles avaient toutes bien réussies à survivre leur la majorité de leurs études sans petit copain donc une soirée de plus ou de moins ça ne changerait pas grand chose. “Caroline tu dois absolument prendre la robe rouge, elle te va à merveille et honnêtement, elle te fait une poitrine du tonerre.” dit Leïa tout lui en faisant un clin d’oeil avant de prendre une nouvelle gorgée dans sa boite de jus.

Les six demoiselles continuèrent de parler de robes de bal, de coiffures beaucoup trop compliqués mais au combien belles, de chaussures magnifiques mais qui allaient probablement les torturées dès la première heure pendant leur heure de lunch. Elles étaient en train de remballer leurs choses lorsque Julie vit Mikhail approcher lentement de leur table. “Ouhhh Claire ... Devine qui vient par ici ?” Toutes ses amies étaient au courrant qu’elle avait le béguin pour Mikhail depuis le début de l’année, soit depuis qu’ils étaient partenaires en science. Donc ce fut sans surprises que Claire les vues partir le plus rapidement possible afin de la laisser seule avec Mike.

Son coeur se mit à battre un peu plus rapidement, sa respiration se fut plus courte et ses mains devirent moites. Elle serra nerveusement ses livres contre sa poitrine. Elle évitait de regarder Mike dans les yeux puisqu’elle savait très bien qu’elle serait incapable de soutenir son regard. Alors qu’il la saluait, elle remarqua qu’il avait l’air presque aussi nerveux qu’elle, ce qui était assez étrange puisqu’il était toujours sûr de lui. Elle était trop nerveuse et trop timide, elle savait très bien qu’aucun son n’allait sortir de sa bouche, alors elle lui sourit. Son sourire eu comme l’effet d’un baume sur lui, il prit une grande respiration juste avant de parler. “Heum, Claire.. Voudrais-tu m’accompagner au bal ?”

Ce fut le jour où elle apprit qu’elle n’irait pas au bal seule.

Claire n'y échapperait jamais. Peu importe à quelle étape de sa vie, elle y retournerait sans cesse, que ce soit pour elle, pour quelqu'un de sa famille ou l'une de ses meilleures amies. L'hôpital, l'histoire de sa vie. Alors qu'elle passait les portes de l'hôpital, le sentiment qu'elle éprouvait était un peu étrange. Elle était contente que cette visite ne la concerne pas, mais elle était tout de même triste puisqu'elle devait voir sa tante préférée dans l'un de ces lits trop peu confortable et dans une chambre aux couleurs déprimantes.

Personne ne voulait dire à la jeune demoiselle ce que sa tante avait, personne ne voulait l’inquiéter, mais ils ne comprenaient pas que la tenir dans le noir ne pouvait que l’inquiéter encore plus. Claire devait regarder sa tante dans un lit d’hôpital sans savoir si elle allait s’en sortir. Tout le monde lui disait de ne pas s’en faire, mais elle ne les croyait pas. Elle avait vu tellement de patients avec elle lors de ses traitements se faire dire que tout allait bien aller, de ne pas s’en faire, alors que quelques semaines plus tard, ils finissaient par succomber à leur cancer. Elle espérait tout simplement que sa tante ne finirait pas ainsi.

Claire ne savait pas du tout quoi faire d’elle-même. Elle était assise sur une chaise au pied du lit de sa tante et elle regardait partout autour d’elle. Ses parents lui parlaient de tout, de rien, mais elle en était incapable. Elle avait toujours détesté qu’on lui parle d’absolument rien lorsqu’elle se trouvait dans cette position, qu’on lui fasse des conversations vides, sans intérêts, donc elle n’arrivait pas à le faire dans la position inverse.

Bien entendu, elle répondait aux questions que l’on lui posait. Elle essayait même de donner le plus de détail possible, du moins, ce qui était pertinent de dire, mais ce n’était jamais assez pour créer une conversation. Jusqu’à ce moment-là. “Claire, tu te souviens de mon chien, Orion ? Il est tout seul présentement à la maison et de ce que j’ai pu comprendre, tu n’aurais aucun problème à prendre soin de lui.. À moins que ...” Sa tante laissa sa phrase en suspens, laissant la balle dans le camps de claire. “Non, j’adorais prendre soin d’Orion en attendant que tu prennes du mieux.” Claire laissa sa tante lui expliquer tout ce qu’elle devrait faire. Elle lui laissait même sa maison, elle l’invitait à vivre dans sa maison pendant le temps qu’elle se trouverait à l’hôpital.

Ce fut le jour où elle apprit qu’elle allait vivre à Blossom Hills.