Anna - La vie n'a pas besoin d'être parfaite, elle a juste besoin d'être vécue.

▲ Un dimanche, pendant le dîner ▲


Mes parents sont face à moi et comme toujours nous échangeons quelques mots durant le dîner.  Un festin digne d'un 5 étoiles et pourtant nous n'en mangerons que quelques bouchées. Les familles aisées ne veulent pas ressembler aux prolétaires et doivent garder la ligne. Même si j'aimerais pourvoir dévorer un cupcake red velvet entreposé minutieusement face à moi, mon préféré,  je reste de marbre. Pendant qu'ils dégustaient une salade verte, sans sauce, je faisais tourner du bout de ma fourchette celle qui était disposée dans mon assiette.  J'en avais horreur et j'attendais le moment de pouvoir quitter la table. Quand j'aurais à mon tour des enfants, au moins trois, je leurs laisserait manger autant de choses qu'ils voudront. A quoi ca sert d'être une adulte dans un corps d'enfant.  J'en ai assez souffert de mon éducation stricte et quasi sans sentiments. Alors que je n'avais que treize ans, mes parents m'ont payé un camp pour jeune fille. C'était plutôt un camp pour faire des cauchemars. Ils me forçaient à me conduire comme une dame, parler comme si je détenais le plus gros QI du pays et à savoir faire toutes les tâches qu'une jeune femme bonne à marier saurait faire à la maison. J'ai supplier mes parents de ne plus jamais y retourner et ils ont acceptés. J'étais devenue assez sage et docile pour qu'il ne m'y renvoi pas de force.

« Nous allons accueillir deux jeunes à la maison la semaine prochaine AnnaLynne. Ton père et moi pensons qu’il était grand temps pour toi de le savoir puisqu’ils resteront pour une longue  période, si tout se passe bien. » Je laissais alors mon étonnement me submerger devant eux, béate. J’allais donc finalement bien avoir deux frères adoptifs. Je savais que mes parents désiraient avoir un autre enfant depuis quelques années maintenant mais qu'ils ne pourraient en avoir par eux mêmes.   J’étais presque dans l’âge d’obtenir mes diplômes et d’aller travailler mais ce fut un choc brutal pour moi. Être la petite fille modèle de la prestigieuse famille McKay me convenait et j’allais devoir accueillir deux inconnus chez moi. « Tu ne dis rien, Anna chérie ? » Seul mon père ne prenait pas la peine de prononcer mon prénom en entier. Il savait que je trouvais ça trop formel envers sa fille. Je posai ma fourchette en fermant ma bouche comme pour réfléchir à ce que j’allais lui répondre. Je ne voulais pas les décevoir et puis ce n’était pas une si mauvaise nouvelle. Je lui adressais mon plus beau sourire en retrouvant ma bonne humeur. « J’en suis ravie, c’est juste que je ne m’attendais pas à accueillir deux personnes. Je sais que vous attendiez depuis longtemps de me trouver un petit frère. » Je m’essuyai la bouche du bout des lèvres en les regardant tours à tours. Le bonheur pouvait se lire sur leurs visages et rien d’autres ne pouvait me faire autant plaisir. La vie d’enfant unique gâtée allait me passer sous le nez mais à seize ans j’étais prête à faire des concessions. Le dîner repris et je posais alors un tas de question pour en savoir un peu plus. Les deux garçons avaient un an de moins que moi et avaient vécut une enfance douloureuse. Mes parents me firent promettre de m’occuper d’eux et de les accepter comme deux frères biologiques. Jaime et Cain, deux prénoms dont je ne me doutais pas à cet instant-là qu’ils seraient un tournant dans ma vie. Mon quotidien allait en être complètement chamboulé mais c’était un mal pour un bien. La petite AnnaLynne allait grandir et apprendre que les contes de fée resteront à jamais dans les bouquins de son enfance.



▲ Un an après l’arrivée de Jaime & Cain ▲


C’était comme si je n’étais plus la même depuis qu’ils étaient arrivés dans ma vie. Autant dire qu’avoir grandit entourée seulement de filles à l’école ne m’avait pas aidé.  Je n’y connaissais vraiment rien aux garçons et j’étais tombé bêtement sous le charme de ceux qui habitaient désormais avec moi. Mon cœur balance entre le tendre et réfléchi Jaime et pour le mystérieux et attachant Cain. Ils m’ont redonné le goût de vivre, enfin surtout Cain. Avec lui j’ai pu rattraper toutes mes années de calme pour enfin m’amuser un peu. Sauf que tout s’est emballé rapidement, j’ai finis par perdre ma virginité un soir d’été dans ses draps. C’était tout ce que je ne n’attendais pas de lui,  une nuit tendre et attentionné dans ses bras. Depuis je ne peux plus lui refuser quoi que ce soit quand il entre dans ma chambre pendant la nuit. Mais avec Jaime tout allait trop lentement, nous nous étions simplement échangé un baiser. Parfois je regrettais car je ne voulais pas le blesser et d’autres fois je me demandais ce que je foutais avec Cain. Les yeux bleus de Jaime sont à tomber et avec lui c’était comme dans un conte de fée. Je savais très bien que si je devais me marier un jour c’est lui que je choisirais, enfin aujourd’hui je n'en suis plus tellement sûre. Tout devient trop flou.

Mais quelques semaines après un incident s’est produit pour mettre à fin à mon inconscience. La maison semblait aussi tendue que nous trois, même mes parents n’osaient plus parler de ce qui s’est passé pour éviter le conflit. Jaime nous avaient surpris sur mon bureau un soir de révision, a moitié déshabillé et déjà en pleins acte. Je ne pensais jamais me faire surprendre et encore moins pour une stupide histoire de stylo. Ce soir là j’avais finis en larme en me sentant complètement conne d’avoir joué avec le feu. Aucun des deux ne m’avait encore adressé la parole et je ne me voyais pas retourner vers eux non plus. C’étaient entièrement de leur faute si j'étais devenue une vie facile et « amoureuse ». Tout était plus simple avant qu’ils ne débarquent. Je n’avais pas encore fait l’expérience des papillons dans le ventre et des baisers sous la couette. De l'alcool à danser jusqu'au bout de la nuit dans les bras de Cain, sans me soucier de ce que pourrait penser mes chers parents. Est-ce que j'étais en pleine crise d'adolescence, je ne crois pas. J'avais besoin aussi de pouvoir m'amuser comme tout adolescent de mon âge, je savais très bien que j'étais toujours la même Anna douce et tendre.

J'avais vendue de la drogue pendant plusieurs mois à des étudiants. Au début, je m'amusais sans penser aux conséquences. A chaque vente l'adrénaline me faisait me sentir plus vivante que jamais. A croire que moi même je me droguais à quelque chose. Sauf que je n'y touchais encore pas, je n'étais pas prête à détruire ma santé pour quelques heures de "bonheur". De toute façon, ça n'aurait sûrement pas plu à mes prétendants de me voir devenir une accro à la coque. Je trouvais toujours de nouveaux moyens de leurs faire parvenir la drogue et eux me payaient sans broncher. N'importe quel fils ou fille de riche voulait faire la fête et se retourner la tête jusqu'à pas d'heures. Moi je voulais simplement les impressionner et montrer aux autres que j'étais capable de ne pas avoir un balai coincé dans le cul. Je n'avais jamais été aussi souriante de ma vie. J'étais aux anges tout tournais autour de ma petite personne. Je n'aurais jamais imaginé que l'un des deux ne ressentent de sentiments assez fort pour vouloir m'avoir rien que pour lui. Je me suis demander, à tourner et retourner la question dans ma tête de savoir si mes sentiments étaient plus forts pour l'un d'eux. C'était peine perdu.

J’étais censée réviser dans ma chambre mais mes pensées tournaient en boucle pour me rappeler ce moment. Sauf qu’un nouvel incident vint tout bouleverser. Le destin voulait se charger de me remettre à ma place mais ma bonne étoile semble m’avoir donné une seconde chance. Les flics avaient débarqué à la maison me dénonçant d’avoir illégalement de la drogue à la maison. Ils ont rapidement retrouvé le kilo de came qui se trouvait dans un de mes pulls. J’étais terrorisée à l’idée de me retrouver en prison à seulement 17 ans. J’hurlais pour qu’il relâche son emprise sur moi, étouffant sous le poids du flic qui me retenait à terre. Dans un geste héroïque ou complètement dingue, Cain se dénonça à ma place. Ils l’embarquèrent et plus jamais je n’ai osé lui donner de mes nouvelles. Je n’osais pas, par peur de voir dans ces yeux de la colère et du rejet. Encore aujourd’hui, 5 ans après son arrestation ces derniers mots réapparaissent dans mes rêves les plus profonds. « Pleure pas, ça sert à rien gueule d'amour. Pour une fois que je pense à autre chose qu'a moi. Occupe-toi de cette tête de nœud s'il te plait. » Je n’ai pas vraiment respecté sa demande, nos chemins se sont séparés car Jaime m’en veux encore à mort. Je ne pouvais plus le regarder dans les yeux par peur de tout lui avouer mais je n’ai jamais rien dit. Il m’en voulait déjà tellement pour le reste, j’étais trop faible pour ça. Depuis j'ai retenue la leçon et mes parents m'ont offert une seconde chance, du moins ils m'ont pistonné pour mon job. Pas même ma meilleure amie, Ophélie, ne connait l'histoire qui me relie à Cain et Jaime, sauf que chaque jours je regarde l'écran de mon portable en espérant que l'un des deux m'envoie un message pour reprendre contact. Je ferais n'importe quoi pour savoir s'ils pourraient me pardonner mes erreurs et accepter de prendre un nouveau départ avec moi.