JESSALYN → J'préfère mourir en enfer, qu'être esclave au paradis

On rêve tous d’avoir une vie parfaite. On veut tous rencontrer la personne qui nous aimera quoi qu’il arrive. Je me souviens encore lorsque j’étais petite, je voulais être une princesse. Je voulais avoir la vie de château. Je voulais déjà partir de Blossom Hills pour ne pas faire comme tout le monde. Je voyais les choses en grand. Mais seulement, rien ne s’est passé comme prévu. Je suis née au milieu du mois d’aout, deux minutes avant mon jumeau et quatre ans après ma sœur. Si j’ai toujours été très fusionnelle avec mon frère, les rapports ont toujours été plus compliqués avec ma sœur. On se parlait, bien évidemment. On s’aimait. Mais ce n’était jamais vers elle que je me tournais lorsque quelque chose n’allait pas. C’est plutôt vers mon jumeau que j’allais. Peut-être parce que je trouvais qu’il me comprenait mieux, sachant qu’on avait le même âge.

A l’école, je suis le genre de fille à être plutôt discrète et faire mes devoirs en temps et en heure. J’ai de l’ambition et je veux réussir. Je n’ai, pour autant, jamais été première de ma classe. Non pas par manque de travail, mais plus par manque d’envie. Je voyais comment mes camarades traitaient les premiers de classe et je ne voulais pas être catégorisée comme certains pouvaient l’être. Lors des réunions parents/professeurs, ils voulaient toujours me pousser à aller au bout de ma capacité, mais j’ai toujours refusé. Je suis relativement bornée lorsque je veux quelque chose. Au collège, rien ne change vraiment mais je deviens une fille assez populaire. J’ai mon petit groupe d’amis qui me connait depuis ma plus tendre enfance et avec qui, j’aime faire les quatre cents coups. J’ai écopé plusieurs fois d’heures de colle. J’ai même été viré durant trois jours, pour avoir suivis mes amis dans leur bêtise. Mais je fais mes propres expériences.

Les années lycée sont sans doute les meilleures, pour moi. Je deviens présidente du conseil des élèves. On me connait pour les soirées que j’organise. Je les enchaine tout en faisant attention à ne pas me mettre dans des états pitoyables. Je continue d’avoir de bonnes notes bien que je passe énormément de temps avec mes amis. C’est d’ailleurs lors d’une ses soirées que je rencontre Mattias. Il a deux ans de plus que moi et son petit frère, Asher, est l’un de mes meilleures amis. D’ailleurs, il m’avait prévenu de ne pas sortir avec lui. Pendant une année, on s’est tourné autour. On jouait au jeu du chat et de la sourie : celui qui craquera en premier. Le seul point positif c’est que j’ai gagné. Il m’a embrassé et notre histoire à durer jusqu’à il y a quelques mois. Avec Mattias, j’avais l’impression d’être différente. J’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver. J’avais l’impression qu’il était différent, même si je n’avais pas eu beaucoup d’aventure amoureuse.

Notre relation n’a jamais été parfaite. On s’est engueulé, déchiré, fait la gueule pour mieux se retrouver plus tard. On pouvait se détester à certain moment, comme s’aimer à un point inimaginable. On était fusionnel. Puis un jour, je suis tombée enceinte. J’ai eu peur. Peur qu’il me quitte. Peur qu’il n’assume pas ses responsabilités. Peur que je sois dans l’obligation d’arrêter mes études de communication. Mais il est resté. Il était même content de devenir père. J’avais l’impression d’être sur un petit nuage. Et je prouvais à Asher qu’il avait eu tort sur toute la ligne. J’étais amoureuse. Vraiment amoureuse. Le rêve ne dura pas longtemps, puisque j’ai finis par faire une fausse couche. Persuadée que Mattias sera toujours là pour moi, je lui ai dit. Il est resté silencieux avant de partir en claquant la porte. Il m’a juste envoyé un texto pour dire que lui et moi, c’était finis. Je suis restée une semaine dans ma chambre enfermée, avant de prendre mon courage à deux mains : faire ma valise et partir. J’ai opté pour Las Vegas, la ville de la démesure.

Arrivée à l’hôtel que j’avais réservé, j’ai appelé Asher. Je voyais que lui pour m’aider à surmonter tout ça. Il a accepté de venir à Las Vegas. Là-bas, c’était un peu mon mentor. Celui qui me ramenait lorsque j’avais trop bu après avoir fait une tournée des bars. Celui sur qui je pleurais lorsque j’avais besoin de parler.  Celui qui m’empêchait de dépenser tout mon argent aux machines à sous. Je suis même allée jusqu’à l’embrasser. Par vengeance par rapport à Mattias ? Sûrement. Après avoir passé trois longs mois à Las Vegas, sans donner de nouvelle à personne, on a décidé de revenir.  C’est lui qui m’a forcé la main. Moi, à Blossom Hills, j’ai trop peur de le croiser. J’ai peur de ne pas être assez forte face à lui. Asher m’a promis d’être toujours là. Mais je le sais : dès que mes études seront finies, je partirais pour de bons de Blossom Hills. Et bien que, je fasse la fière devant tout le monde : j’ai encore des sentiments pour Mattias.