Sebastian ► Children have got to be free to lead their own lives

« Maman ? » Madame Ashwood s’arrête alors qu’elle allait sortir de la chambre du petit garçon qu’elle pensait endormi et se retourne dans sa direction. Elle avait été persuadée qu’il s’était endormi après son histoire du soir, et pourtant, il était bien éveillé. De ses grands yeux bleus, il l’observait attentivement et elle croisa alors son regard tout en lui adressant un sourire, le même qu’elle avait tendance à lui offrir lorsqu’elle s’adressait à lui. « Oui mon ange ? » Le petit garçon se redresse alors et quitte ses couvertures pour se diriger vers ses étagères où se trouvent ses livres. Mais ce n’est pas une seconde histoire qu’il souhaite. Bien au contraire. Et cela, sa mère l’a bien compris en le voyant prendre le petit album photos qu’elle-même et son mari ont confectionnés pour lui, le jour de son arrivée dans leurs vies. En serrant contre lui le précieux album, le petit garçon de trois ans s’avance vers elle et l’interroge à nouveau. « Tu peux me raconter mon histoire ? » Son histoire, il la connait, mais ne se lasse jamais de l’écouter. Et quand il la regarde attentivement comme il le fait, la jeune femme ne peut presque rien lui refuser. Cette fois encore, il a gagné, il le sait, il l’a compris lorsqu’il a vu son sourire s’élargir sur ses lèvres, un sourire qu’il lui rends, ravi à l’idée d’avoir droit à une seconde histoire, et alors qu’elle lui prends doucement le petit album des mains, il coure se glisser dans son lit en riant, pour échapper à la main de sa mère qui menace de lui ébouriffer les cheveux. Mais il n’y échappera pas une fois de plus, et cela se finira par une légère séance de chatouilles en guise de punition pour avoir tenté de fuir. Quelques instants plus tard, le calme est revenu, le petit garçon s’est arrêté de rire, et écoute attentivement sa mère, blotti tout contre elle, à regarder une à une chacune des photos qui défilent sous ses yeux alors que sa mère les détaille au fur et à mesure. Avec des mots simples, elle lui explique une fois de plus qu’il n’a pas évolué dans son ventre, mais dans celui d’une autre femme et qu’elle et son mari sont venus le chercher pour prendre soin de lui peu après sa naissance. Elle lui répète que pour eux, ça ne change rien, qu’il reste leur petit garçon et qu’ils l’aiment plus que tout au monde. Et qu’ils sont reconnaissants à l’égard de sa vraie maman pour lui avoir donné la vie car grâce à elle, ils sont heureux tous les trois. Dès son plus jeune âge, Sebastian a toujours sû qu’il avait été adopté, ses parents ne lui ont jamais cachés la vérité. C’est vrai, il sait qu’il a une maman quelque part, mais pour lui, ses parents ne sont personne d’autre que les Ashwood. Et comme s’ils lui avaient donnés la vie, il est très fusionnel avec eux. Image par image, elle lui raconte son arrivée dans la famille, son premier Noel avec eux, puis plus tard, sa première assiette de spaghettis. Une image qui fait d’ailleurs toujours sourire le petit garçon lorsqu’il la regarde. Pour lui, c’est l’occasion de réécouter toutes ces petites anecdotes le concernant, et savourer le fait également de ne plus être un bébé, mais un petit garçon à présent. Dans cet album, il y a les trois premières années de sa vie et il y a rien de mieux à ses yeux de voir à quel point il a grandi. Pour sa mère adoptive, lorsqu’elle se replonge dans tous ces souvenirs, c’est comme s’ils dataient d’hier. Après avoir détaillé la dernière photo, elle reporte son attention sur son fils qui lutte contre la fatigue en se frottant les yeux pour les empêcher de se fermer. Mais il ne peut s’empêcher de bailler. Il est tard, du moins, tard pour un petit garçon de son age… Et demain, il y a école. Dès lors, elle le rappelle gentiment à l’ordre. «  Allez, c’est l’heure de dormir. Tu me fais un bisou ? » S’en suit le bisou demandé et les bras du petit garçon se tendent vers elle pour un dernier câlin, un dernier je t’aime, un dernier bonne nuit. Elle se lève alors pour remettre l’album à sa place et quitte la chambre du petit garçon. Elle sait que demain, elle devra recommencer à lui détailler chacune des photos de son album… C’est devenu comme un rituel pour tous les deux. Un moment qui n’appartient qu’à eux. Et qu’elle partage avec lui avec un plaisir aussi intense à chaque fois.


« Alors, qu’est-ce que tu veux que le Père Noel t’apporte cette année ? » l’interroge son père adoptif alors que sa mère est partie faire quelques courses, les laissant tous les deux entre hommes. Sebastian apprécie particulièrement les moments qu’il peut passer avec son père. C’est avec lui qu’il a construit sa première cabane dans les arbres, c’est avec lui qu’il joue au football ou au basket dans le jardin, et cet après-midi là, son père l’a emmené apprendre à pêcher, et comme leurs seaux sont déjà bien remplis,  que le repas de ce soir est assuré, il en profite pour avoir avec son fils une petite discussion, histoire de ne pas se tromper de cadeaux à glisser sous le sapin. L’idée de parler des cadeaux fait naître un sourire sur les lèvres du petit garçon de six ans. Noel est de loin sa fête préférée, il préfère d’ailleurs fêter Noel que fêter son anniversaire car Noel, c’est quelque chose de magique… Même s’il se pose de plus en plus pas mal de questions sur ce mystérieux vieil homme vêtu en rouge et blanc et sur ses rennes sencés pouvoir voler pour faire le tour de la terre en une seule nuit. Il n’y a aucun doute qu’il ne croira plus en ce mythe très longtemps... Qu’est-ce qu’il voudrait ? C’est une excellente question. C’est vrai qu’il est assez gâté du coté des jouets, bien que ses parents ne roulent pas sur l’or. Sa mère est institutrice maternelle, son père quand à lui est cuisinier dans le restaurant du village, ils vivent donc de revenus assez modestes, mais Sebastian n’en est pas moins un garçon pleinement épanoui pour autant. Il observe d’ailleurs son père avec un regard pétillant, un large sourire et un petit air enjoué. « Un petit frère. » C’est vrai que ça, il n’en a pas encore… Et ça lui manque. Il aimerait beaucoup pouvoir partager ses jouets et se sentir important aussi en apprenant certaines choses au plus jeune, comme jouer au football par exemple, ou bien comment bien dessiner, et j’en passe. Il s’est déjà imaginé pleins de choses qu’il pourrait faire avec son petit frère lorsqu’il serait présent. En revanche, le père de famille lui, à voir sa mine déconfite, devait s’attendre à tout sauf à cette réponse… Indécis, il était resté silencieux un court instant en détournant le regard de son fils et s’était passé machinalement une main à l’arrière de la tête, signe qu’il réfléchissait à la meilleure réponse à offrir à son fils. Une réponse qui n’avait pas tardé à franchir ses lèvres. « Tu sais, demander un petit frère pour Noel, c’est une bonne idée, mais ce n’est pas dit que tu l’auras le jour de Noel… Y’a des cadeaux qui mettent plus longtemps à arriver et les petits frères et les petites sœurs en font partie… Mais si tu veux, je peux en parler avec maman… En revanche, tu dois savoir qu’on ne peut pas choisir ce qu’on nous proposera. Quand tu es arrivé chez nous, c’est parce qu’on nous avait proposé un petit garçon… C’est comme ça que ça se passe, il faut prendre ce qui vient… Pour nous, ça n’avait pas d’importance que tu sois un garçon ou une fille… Et si on nous propose une fille, tu dirais quoi ? » Le petit garçon n’avait pu retenir une légère grimace en détournant un peu le regard. Le fait d’avoir une sœur le tentait nettement moins. La réaction instantanée de son fils avait cependant eu le mérite d’amuser son père qui n’avait pu s’empêcher de rire. « Je vois que ça te ferais plaisir… » Sebastian lui, s’empressa de secouer négativement la tête avec une petite mine dégoutée. « Non je veux pas de sœur. Je peux l’échanger contre un petit chat ? Ca au moins, c'est cool… » C’est vrai que Sebastian adore les animaux, et ce détail n’a jamais échappé au couple qui prévoyait justement de lui offrir un animal de compagnie. C’est plus dans leurs cordes également. Dès lors, le père de famille acquiesse positivement en gardant son sourire. « Pour moi ca va et je pense que maman ne sera pas contre non plus… Bon, il est temps de rentrer… Je prépare le repas et toi, tu écris ta lettre au Père Noel avec maman, ca te conviens ?» Le petit garçon fait oui de la tête, donne sa canne à pêche à son père et se penche pour porter son seau. Il n’a attrapé que deux poissons, mais pour une première fois, il est plutôt ravi du résultat et il a hâte de pouvoir montrer sa récolte à sa mère. Il a particulièrement apprécié cet après-midi, c’était agréable pour lui de parler de tout et de rien avec son père et il espère vivement qu’il y aura d’autres journées comme celle-ci. Dès lors, il ne manque pas d’interroger son père à nouveau. « On pourra revenir demain ? Je veux encore attraper pleins de poissons… » Bon, c’est surtout son père qui les a remontés pour lui, mais Sebastian a adoré, et puis, il adore le poisson. L’enthousiasme de l’enfant fait sourire le père de famille. « On reviendra, c’est promis. Bon peut-être pas demain mais un autre jour. Demain tu restes un peu avec maman, après l’école et je crois qu’elle a prévu de faire avec toi un gateau au chocolat pour le dessert. N’oublie pas de m’en laisser une part… » Le petit garçon le regarde avec un petit air amusé. Il adore le gateau au chocolat, mais sur ce point, son père n’a pas à s’inquiéter, il en restera largement. « Si t’es sage… » Qui aime bien chatille bien, et il entend tellement ce chantage de la part de son père qu’il n’a pas hésité une seconde à lui renvoyer la balle cette fois ci avant de laisser échapper un petit rire, bientôt rejoint par son père pour reprendre ensemble le chemin de la maison.


« Je peux m’asseoir à coté de toi ? » Ca y est, les vacances sont terminées, l’école reprends son cours. Une nouvelle année scolaire attends Sebastian. Nouvelle classe et peut-être, nouveaux amis pour lui, même si Alex et Nathan, ses camarades de toujours, sont toujours présents, mais Sebastian n’a jamais été contre l’idée d’élargir son cercle d’amis. Bien au contraire. L’élève interrogé hoche la tête positivement et le jeune garçon s’installe, sans manquer de le remercier avant de se présenter à lui. Leur institutrice est occupée à observer un à un ses futurs élèves qui prennent place, et du coup, lui en profite pour discuter et faire connaissance. « Je m’appelle Sebastian. Et toi ? C’est bizarre que tu sois dans cette classe… D’habitude, tu es pas avec nous… Comment ça se fait? » Sebastian l’avait déjà apperçu dans les rangs d’une classe inférieure à la sienne et il ne pouvait s’empêcher d’être intrigué. Heureusement, son nouveau camarade ne l’avait pas mal pris, et s’était présenté à lui sous le prénom de Timothey, avant de lui expliquer qu’il avait sauté une classe, ce qui suffi à surprendre le jeune garçon qui lui adressa rapidement un sourire élogieux. « Cool. T’auras pas à faire à madame Smith… T’as de la chance, elle nous mettait toujours pleins de devoirs… » Des devoirs que Sebastian finissait toujours assez rapidement, mais il aurait préféré en avoir un peu moins. Sans compter les dictées… Il n’aimait pas trop cela, heureusement, il lit beaucoup depuis toujours et ça l’empêche de faire beaucoup de fautes… Cette année par contre, il espère que leur nouvelle institutrice sera plus souple sur les devoirs et sur les dictées… Et il a particulièrement hâte de commencer cette nouvelle année. Comme chaque premier jour, tout le monde a dû se présenter un peu à la classe avant de retourner s’asseoir, et Sebastian a pu constater rapidement que Timothey était le seul nouveau. Aussi, il avait pris soin de lui proposer de rejoindre son groupe d’amis à la récréation pour ne pas qu’il reste tout seul… De venir manger près d’eux à la cantine également, et de fil en aiguille, les deux garçons ne s’étaient pas vraiment quittés. Sebastian n’a jamais apprécié que quelqu’un reste de coté, et après avoir appris que Tim avait un an de moins que ses camarades, il s’était mis un point d’honneur à faire tout pour qu’il soit bien auprès d’eux. Après tout, ca ne devait pas être facile pour lui de se retrouver dans une classe complètement inconnue, et Seb se disait que s’il avait été à la place de Tim, il aurait apprécié de trouver quelqu’un qui l’aide autant à se trouver une petite place parmi eux. Très vite, les deux garçons ne s’étaient plus lâchés, au plus grand bonheur de Sebastian qui avait très vite considéré Tim comme son meilleur ami. Il n’était pas rare que l’un aille dormir chez l’autre, Sebastian avait même un jour insisté pour que Timothey vienne passer des vacances auprès d’eux, la fameuse fois où ils étaient partis faire du camping. Avec le temps, une belle complicité est née entre les deux garçons. Une complicité qui a fait en sorte qu’ils se disent tout. Vraiment tout. Aussi, Sebastian s’est vu un jour confier de la part de Timothey que ce dernier aimait les garçons… C’était sans doute quelque chose de pas simple à avouer, mais pour Sebastian, cela ne faisait pas de différence… Aussi, il s’était contenté de hausser un peu les épaules avec un sourire en lui assurant que pour lui, ça ne changeait rien. Il appréciait Timothey pour le garçon qu’il était, maintenant, que ce dernier soit attiré par les autres garçons n’était pas un problème pour Sebastian. Bien au contraire. Il voulait croire que rien ne pourrait compromettre leur amitié. Et le fait que Timothey lui fasse assez confiance que pour lui faire une telle confidence avait au moins eu le mérite d’une chose : renforcer leur amitié encore un peu plus. La confidence de Timothey, Sebastian l’a toujours gardée pour lui, partant du principe que si quelqu’un d’autre doit être au courant, ce devait être de la part de Timothey, et non de la sienne. A présent, Timothey est entré au lycée, bien avant Sebastian, car il a une nouvelle fois sauté une classe. Evidemment, Sebastian était un peu triste de ne plus avoir son meilleur ami auprès de lui, mais leur amitié semble indestructible et ce n'est pas le fait de ne plus se voir à l'école qui les as séparés. Au contraire. Dès qu'ils peuvent passer du temps ensemble, ils en profitent pleinement.


Timothey est inconsolable, et Sebastian peine à trouver les mots pour le faire se sentir mieux. En même temps, comment l’aider à aller mieux ? Il vient tout de même de perdre ses parents dans un tragique accident de la route dont il est le seul rescapé… Et Sebastian en est convaincu, rien de ce qu’il pourra dire ne pourra le consoler… Aussi, il se tait, mais reste présent pour son meilleur ami. Il sait que ce dont il a besoin c’est de ne pas rester seul, aussi, à défaut de trouver les mots, il mets un point d’honneur à être là pour lui. Comme il voudrait que Tim soit là pour lui si jamais c’était lui-même qui se trouvait à sa place. Il lui propose de partir faire un tour, convaincu que prendre l’air lui fera du bien. Au cours de leur promenade, ils discutent énormément et Timothey se console un peu petit à petit… Avant de lancer la discussion vers son meilleur ami… Aux yeux de Tim qui vient de perdre ses parents, il trouve important que Sebastian fasse des recherches sur ses parents biologiques… Chose que Seb se refuse à faire. A ses yeux, si ses parents l’ont laissés, c’est qu’ils n’ont pas envie de le connaître, dès lors pourquoi ferait-il des recherches pour les rencontrer ? Et puis, il faut le reconnaître, Sebastian leur en veux de l’avoir laissé… Même s’il est très heureux dans sa famille d’adoption. Timothey lui, insiste… Et finira par convaincre Sebastian d’au moins faire des recherches sur sa mère biologique. Sebastian connait au moins son nom de famille. Il y a quelques mois, le jeune garçon avait demandé son acte de naissance  à ses parents adoptifs qui le lui avaient donnés. C’est comme cela qu’il a appris que son vrai nom était normalement Koniecko. Il a aussi découvers en même temps qu’il était né ici, à Blossom Hills. Il n’en sait pas plus sur son histoire, mais pour faire plaisir à son meilleur ami, il est bien décidé à en apprendre davantage. Il s’est donc mis il y a quelques semaines à la recherche de sa mère biologique, bien décidé à comprendre le pourquoi du comment de son abandon. Blossom Hills étant un petit village, il espère d’un coté qu’elle s’y trouve toujours et qu’elle pourra lui apporter des réponses. Pour le reste, tout reste à écrire.