La liberté commence là où l'ignorance fini.

Le peu que je connaisse de mes parents, je l'ai appris au fil du temps. Je suis née en 1987, à Kiev en Ukraine. Mon père a quitté notre monde le 30 mai 1986. Il était l'un des « liquidateurs » de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl, suite à la catastrophe du 26 avril. De ce que je sais, il serait mort dans de grandes souffrances à cause des radiations. Ma mère était tout juste enceinte de lui quand il est mort, et elle avait quitté Pripyat quelques jours après sa mort. Ils n'avaient pas étés évacués après la catastrophe, aussi décida t-elle de partir d'elle même. Tout ceci, je le sais de la lettre qu'elle m'a laissée, le jour où elle m'a déposée à l'orphelinat de Galata, en Roumanie. Elle voulait que je sois le plus loin possible de ce pays pollué, et c'est ce qu'il s'est passé. A l'âge de cinq ans, j'ai été adoptée par une famille américaine qui était en vacances en Roumanie. Ils avaient eu un fils, mais ce dernier est mort d'un cancer deux ans avant mon adoption. Alors, en quelques mois, j'ai rejoins leur famille, j'ai rejoins la sublime ville de Blossom Hills. Et bien que je ne me souvienne pas de mon enfance en Roumanie, ni même du visage de ma mère, j'ai cherché mes origines durant de nombreuses années, mes parents adoptifs ayant eut la merveilleuse idée, de ne changer ni mon prénom ni mon nom de famille.

Efficacité, précision, pragmatisme. Autant de qualités demandées pour être chirurgien. Malgré la difficulté pour exercer ce métier, je ne cédais pas. Mon père adoptif était lui même chef de chirurgie, c'est lui qui me transmit cette passion, cette envie. Ils m'offrirent des études dans l'hôpital universitaire le plus prestigieux de Seattle, et je fis tout pour les rendre fier de moi. Après tout, ils m'avaient élevée, et je les aimais comme mes propres parents - à défaut d'avoir connu ces derniers -. Tout en étudiant pour réussir mes premières années de médecine, j'en profitais pour faire des recherches sur mes parents, et sortir avec mes amis, profiter de cette jeunesse que j'appréciais, que j'enviais aux autres. En effet, l'année de mes quinze ans, j'avais mis au monde un bébé. Bien que j'ai toujours su qui fut le père de cet enfant, je ne le mis jamais au courant puisque l'on m'avait changé d'école. L'enfant fut placé à l'orphelinat aussitôt né, je ne pouvais, et ne voulais pas m'en occuper. J'étais bien trop jeune, et persuadée de ne pas être faite pour être mère. Il avait besoin d'un avenir solide, comme celui que mes parents m'avaient offerts. Alors, après sa naissance, je repris doucement mes études malgré le déchirement que j'avais vécu, afin d'entrer en fac de médecine à dix huit ans.

En médecine, on voit tous les jours des patients différents, des cas différents. Des soldats, des garçons trop stupides pour comprendre qu'on ne peut pas sauter du haut d'un toit, même pour internet, des adolescent trop amoureux. Les urgences regorgent de tout un tas de patients divers et variés, mais tous avec leur intérêt. Ce fut lors d'une de ces journées banales aux urgences que je fis sa rencontre, il y a trois ans. Il était dans un état critique, mais pas autant que son frère. Ces deux garçons venaient de rencontrer un train alors qu'ils étaient dans une voiture. Le plus grand, celui qui était au volant, avait été éjecté de la voiture et était dans un bien sale état, aussi ce fut mon chef de chirurgie traumatique qui s'occupa de lui, tandis qu'avec un autre interne, je m'occupais de lui. C'était ma dernière année d'internat, d'ailleurs, et je venais d'intégrer l'hôpital de Blossom Hills pour finir mon internat et y travailler. Parmi les deux frères seulement le passager, mon patient, survécu. Son frère aîné, le conducteur, n'avait pas survécu car ses blessures étaient trop importantes. Mon beau patient revint tous les mois suivant l'accident pendant une année, puis on espaça les visites à tous les trois mois. Bien que j'étais désormais résidente en chirurgie générale, je continuais son suivi. Après tout, c'était mon beau patient aux yeux bleus.