It's just like were going backwards (brody)

"tu rangeras ta chambre Brody, c'est un vrai foutoir !" râlant dans un gémissement, les bras ballants, je lève les yeux au ciel. Maman savait être très persuasive quand elle le voulait mais ce soir là, je n'avais pas envie de l'écouter. Au moment de partir, ma chambre est toujours un bordel monstre et sous le cou de la colère, ma mère croise ses mains contre sa poitrine et me lance vivement: "je t'avais prévenu, tu restes là ce soir, j'ai appelé mamie, elle sera là dans cinq minutes !"  "mais maman !" "pas de mais. La prochaine fois, si tu veux venir au cinéma, tu rangeras ta chambre. Et tu peux dire adieu à ton match de football demain matin si ta chambre n'est toujours pas rangée quand on rentre."   "je te déteste !" fis je en boudant avant de monter dans ma chambre. [...]  "mamie j'ai fi... " je ne termine pas ma phrase alors que je descend l'escalier et remarque la présence des policiers. Ma grand mère se tourne vers moi, les larmes aux yeux, il n'en faut pas plus pour que je comprenne que quelque chose de grave est arrivé. C'est plus tard qu'on apprendra la triste nouvelle: mes parents sont morts sur le coup. Max, mon jeune frère quand à lui s'en sort presque indemne, seule une large cicatrice orne sa cuisse. La disparition de mes parents  m'a affecté bien plus que je n'ai voulu le montrer. Ce jour reste le pire de mon existence, je ne m'en suis jamais vraiment remis. J'ai pas pleuré, pas ce jour là, pas le jour de l'enterrement, c'est comme si mes larmes étaient sèches, sclérosés, incapables de sortir. Et ces trois mots, ces trois derniers mots que j'ai prononcé à ma mère avant qu'elle s'en aille. C'est le problème quand les gens sont morts, c'est trop tard, pour tout, pour des excuses notamment, et ça m'a très longtemps hanté. Aujourd'hui encore, cette histoire est derrière moi même si je tente de me convaincre du contraire.

Je la vois, au fond de la salle, dans sa robe rouge, je étudie du regard, les yeux toujours joyeux mais les lèvres pensives. Je ne l'ai jamais vu en ville avant aujourd'hui et je peux vous assurer qu'elle est nouvelle, une telle prestance, je n'aurais pas pu passer à côté. Elle me remarque enfin, ses yeux transperçant mon âme. Elle se laisse aller sur la musique, elle est sexy. Nos yeux se rencontrent, ni elle ni moi ne détournons le regard. Je sirote une bière avec un ami et le fait qu'elle me surprenne en train de l'observer éveille en moi un désir fulgurant qui descend comme une brûlure dans le bas de mon ventre. Elle se faufile au travers de la foule et se fraye un chemin vers l'extérieur, une ruelle calme où seuls quelques fumeurs sont là. Je la suis, mon petit doigt me dit qu'elle n'attend que ça. Une fois dehors, mon cœur palpite alors que mon regard s'accroche au sien. Elle en arriverait presque à me rendre fou, cette inconnue me fait un effet terrible. D'un commun accord, on se rapproche, elle passe une main dans mon cou, m'attirant à elle, son baiser parvient à allier douceur et brutalité. Je suis au paradis. Puis, dans un mouvement brusque, elle recule, comme si je la brûlais avant de s'enfuir à toutes jambes de nouveau à l'intérieur de la boite de nuit. [...] Je prend mon frère dans mes bras, parti depuis cinq ans, les nouvelles que l'on s'est donné n'ont été que brèves et j'étais tellement impatient de le voir revenir en ville. Il a bien changé. "c'est un cheveux blanc que je vois là ?" Il rit jaune et me tapote l'épaule. Il recule alors qu'elle entre dans la maison léguée par mes grands parents: "je te présente Chloé, ma fiancé." Mon coeur ne fait qu'un bond dans ma poitrine. La fille en robe rouge. J'avale difficilement ma salive, visiblement aussi gêné qu'elle puisqu'elle n'ose même pas me regarder dans les yeux. Prenant sur moi, je viens à lui serrer la main et un frisson étrange parcourt mon échine.  "enchanté." quelle idée j'ai eu de l'inviter lui et sa petite amie à rester dans la maison familiale le temps qu'il faut...