Well, I think we better go

Je suis né dans une famille reconnue, dans la sublime ville de Blossom Hill. C'est bon, tout le monde connait ? Le parc des orangers, le ceriser ... C'est un bout de paradis ce coin là, on ne voudrait jamais en partir surtout si on y est depuis des générations entières. Mon père est un grand avocat connu dans le pays et même ailleurs, il est très influent et a une bonne réputation, il fait parti des "gentils" on va dire, ceux qui défendent les pauvres victimes, la veuve et l'orphelin. Ma mère était déjà à l'époque la directrice d'une banque. Je me rappelle encore les après-midis passées à jouer dans les locaux, enfin comme je le pouvais. Je crois que j'étais plutôt une bonne mascotte, puis un enfant avec de grands yeux clairs et un sourire naïf, ça marche à tous les coups. Nan j'déconne, j'ai pas une vie comme ça, surtout pas dans c'coin paumé faut pas rêver. Mon père c'est le co-fondateur d'une entreprise locale d'import-export et ma mère elle est assistante d'un PDG, donc autant dire que c'est pas des métiers qui sont géniaux. Je suis un gamin de Blossom Hill, on a toujours vécu ici, depuis des générations entières je crois, et ça a pas l'air de changer parce que même moi j'ai pas le courage de quitter la ville. Mais bref, je connais tout d'ici comme j'y suis né, la moitié de la ville sait qui je suis et de quelle famille je viens, celle qui a jamais d'histoire. Sauf que moi j'en veux une, je veux vivre, mais j'ai un peu trop peur je crois.

Mon entrée au lycée, au début j'étais perdu, je comprenais pas pourquoi ici je n'étais plus personne, c'est pas le genre de choses auxquelles j'avais habitude parce qu'avant je connaissais tout le monde, chaque élève presque. J'ai découvert de nouvelles personnes, de nouveaux horizons, d'ailleurs c'est grâce au collège que j'ai commencé le football américain car il y avait une équipe. J'ai rapidement adoré la dureté et la réflexion qu'il faut pour ce sport. Je crois même que ça a été ça l'élément déclencheur. Fini le petit garçon que l'on pose sur une chaise et qui ne bouge plus, j'avais besoin de liberté. Je me suis encore plus affirmé, imposant mes envies et mes idées à mes parents, ma nouvelle personnalité et mon style. Laissons le respect et la politesse de côté, Josh était de sorti, tout était en constante évolution autour de moi, je grandissais. J'avais ma propre vision du monde, je voulais plus être le gamin de Monsieur et Madame, j'avais ce rêve d'émancipation. Des petits costumes taillés sur mesure je suis passé aux tee shirts troués avec le jean délavés. Je me suis cherché pendant longtemps, essayant beaucoup de styles différents. Je m'ennuyais en cours, je n'avais qu'une hâte, de fouler le terrain de sport, rentrer chez moi jouer avec les potes, fumer, faire du volley. Alors petit à petit j'ai un peu lâché prise, passant de l'élève studieux au feignant ne se donnant qu'à fond qu'en cours de sport, pourtant j'avais les capacités. Allez, je l'avoue j'ai eu une période assez difficile ... C'était vers la fin du lycée, j'avais pas les bonnes fréquentations on va dire. C'est là que j'ai commencé à fumer et à fréquenter. "Josh ? Tu as les yeux rouges comme si tous tes vaisseaux avaient éclatés. Et puis c'est quoi cette odeur ? Ouvres ton sac immédiatement. Mais c'est pas possible Josh! Où est-ce que tu as eu ça ?!" "C'est quoi ce coquard ? Tu t'es fais mal à l'entrainement ? Non ? Avec qui tu t'es battu Josh !" Un garçon de bonne famille qui part à la dérive ainsi, c'est triste. Ajoutez donc le sport, les amis, la drogue et vous obtenez un gamin impulsif se noyant dans un océan de problème. Le sport m'avait libéré, me donnant un caractère indépendant, leader et provocateur. J'avais aucune raison de lâcher mes amis malgré la mauvaise influence qu'ils pouvaient avoir sur moi. La dernière année de lycée fut donc un désastre colossal, mes parents ne me reconnaissaient plus, ils n'arrivaient plus à me gérer. Crise existentielle ? Taux de testostérone trop élevé ? J''en sais rien.

Certains diront que c'est ridicule, qu'y a aucune raison à mon changement brutal, qu'un peu plus de fermeté ça me ferait du bien. Mais je suis pas d'accord, ce que j'ai besoin c'est d'un but je crois mais j'en trouve pas. L'école c'est fini pour moi et hors de question de travailler. Je passes mes journées à jouer à la console, trainer dans les rues ou alors fumer dans ma chambre. Je gueule sur mes parents, je fous le bordel, je m'énerve pour rien mais au fond je les aime, j'aime tout le monde en fait je dirai. Mais j'arrive pas à le dire, à parler aux gens, parce que sous cette carapace de faux truand, se cache un petit garçon qui veut seulement exister en étant rassurer. Sauf que personne est capable de m'aider, même pas moi-même. Alors mes journées c'est un peu en solitaire comme presque tout le monde étudie ou bosse, y faut que je me trouves des occupations donc des fois j'accepte de lever mes fesses pour aller à l'épicerie du coin. Et je crois qu'inconsciemment j'ai trouvé un passe-temps pour une heure dans la semaine, c'est d'aller trainer dans les rayons à la recherche d'un produit introuvable pour au final finir par taper la causette à ce caissier qui est bien trop gentil pour n'être qu'un simple employé. La première que je l'ai vu ce Phil, j'ai passé plus de temps à le regarder plutôt que de vérifier que j'avais rien oublier. Il a ce truc qui fait que tu peux pas regarder ailleurs, que j'ai pas envie de vite emballer mes affaires pour partir comme d'habitude. A part le fait que son prénom soit vieux-jeu, il a rien d'un ancien et il est même intéressant, plus que les autres gars que je peux croiser dans les rues ou en soirée. Finalement il se pourrait qu'une chose puisse m'attacher à Blossom Hill, une chose pas comme les autres et qui risque de changer pas mal ma vie.