Le père de la jeune fille glissa entre ses mains un petit paquet qu'elle fit tourner entre ses doigts, curieuse. L'appareil photo qu'il contenait allait devenir pratiquement toute sa vie. En effet, l'objet était toujours à porter de main pour immortaliser tout les grands moments de sa vie : l'anniversaire de Julie, le remariage de ses parents, l'obtention de son diplôme. Toutes les photographies avec un aspect sentimental pour elle, même celles qui relevait du banal : la Tour Eiffel illuminée ; le sourire de sa mère, gênée d'avoir été prise en photo ; les lancées de son père qui tentait avec toute la volonté du monde d'apprendre à sa petite sœur à jouer au baseball. Chaque petit bout de sa vie était des souvenirs dont elle ne se lassait pas de revoir les photos. L'une d'elle représentait l'entassement des cartons dans la voiture dû à leur déménagement. En effet, la demoiselle venait de Paris, capitale de la mode, qu'elle avait dû quitter car son paternel avait obtenu une opportunité professionnelle. Les revenus des Martin étaient toujours modestes et Chloé avait apprit grâce à ses parents la valeur de l'argent. Elle se contentait du peu et avait conscience que l'argent ne faisait pas le bonheur. La brune savourait les petits plaisirs de la vie, rien ne la rendait plus heureuse qu'un magnifique ciel étoilé. Elle idolâtrait ses parents : Christine et Daniel. D'une part pour leur amour inébranlable et d'autre part en tant que personne. Les sourires qu'ils s'échangeaient, ses parents n'avaient pas besoin de parler pour communiquer, un seul regard suffisait, Chloé appelait ça l'harmonie. Ils étaient deux moitié d'un tout. Et elle et sa sœur étaient leur trésor et leur foyer était un endroit aimant et chaleureux. La demoiselle se sentait choyée et très chanceuse. Peu importe l'endroit où elle vivait, elle se sentait chez elle tant qu'elle était entourée de sa famille.
Chapitre 2 : L'âge de la puberté.
Sa mère la regardait fixement recouvrir son miroir d'une bâche « Ma chérie, c'est ridicule. » s'assurant qu'aucune surface du miroir ne subsistait, elle se tourna vers elle ensuite. « Non ça ne l'est pas, tu m'as vu ? » elle pinça entre ses doigts un bourrelet au creux de son ventre. « Oui. Et je ne vois pas ce qui suscite autant de complexes. Tu es magnifique, combien de fois dois-je te le répéter? » soupirant à la limite de grogner, elle s'installa sur le lit en jetant un coup d’œil à sa génitrice. « Je suis ta fille, donc tu n'es pas objective. Je me vois avec objectivité, et je suis grosse, maman. Terriblement et fatalement grosse. » une claque légère à l'arrière de sa tête la fit légèrement sourire, malgré les larmes qu'elle refoulaient mais qui perlaient néanmoins au coin de ses yeux. « Tu es ma fille et je suis honnête, mon ange. Tu n'es pas grosse, tu es parfaite comme tu es. Alors enlève moi cette foutu bâche! » croisant les bras dans une moue boudeuse, la petite fillette rondelette lui servit son fameux regard noir. « Je vais faire un régime, perdre du poids et à ce moment là, je pourrais me regarder dans un miroir sans avoir honte. C'est à ce moment là que j'enlèverais cette bâche. Ce bouclier qui me protège contre mon image. Je déteste ce que je vois dans le miroir. » sa mère la prit dans ses bras et elle déposa sa tête contre son épaule en humant son odeur, rassurée par cette simple action.« Bien. Je te laisse faire, je te fais confiance. Mais tu promets de m'écouter, et d'abandonner ton projet si ça te met en danger. Sans discussion.» elle hocha la tête frénétiquement en relâchant sa mère qui lui donna un regard d'avertissement avant de quitter la pièce. Chloé avait suivit ses dires, elle avait fait du sport, baissé les quantités et arrêté de grignoter. Elle s'était affinée, avait prit du muscle en devenant plus féminine que jamais.
Chapitre 3 : la renaissance.
Perdre du poids et son entrée à l'université l'avait révélé à elle-même, elle s'était endurcie et possédait désormais une répartie à toute épreuve. La nourriture était toujours un sujet tabou pour elle mais elle avait apprit à s'en accommoder. Ses notes étaient au beau fixe et tout semblait lui sourire. Chloé avait même rencontré un garçon : Maximilien. Il était beau, il était gentil, il la traitait comme une princesse. Il était tendre, et à l'écoute. Elle s'égarait. Bref, sa vie était parfaite et la bâche dans sa chambre avait pu être retiré avec fierté bien qu'elle peinait à soutenir son regard dans le miroir. Le ciel pouvait lui tomber sur la tête qu'elle s'en foutrait. Chloé respirait calmement à ses côtés, elle pouvait se reposer sur quelqu'un. Comme ses parents, ils partageaient une harmonie. Ils terminaient les phrases de l'autre et la joie leur collait à la peau. C'était très romantique et elle rêvait pour la première fois d'avenir. C'était étonnant, tout nouveau, elle ne se savait pas si niaise. En même temps, elle n'aurait jamais cru rencontrer le prince charmant. Depuis quelque temps ils envisageaient même de vivre ensemble. Elle avait d'abord été hésitante avant de finalement lui céder. « Hm...Non. » la demoiselle en fut désemparée, baissant les yeux, elle reprit d'une petite voix. « Excuse moi. Non ? Quoi ? » elle lui fit une moue de chien battu, cependant il ne la regardait pas « J'y ai repensé et vivre ensemble ce n'est pas rien hein. Tu avais raison. » elle se mordit l'intérieur de la joue, sous le choc. « Oh....je vois....ce n'est pas rien. Qui s'en préoccupe de toute façon ? Pas moi hein. Ça non. Ne t'inquiète pas pour moi. On ne vivra pas ensemble. Tu pense qu'on ne devrait pas vivre ensemble alors ? » elle soupira de déception. « Non. » encaissant le coup avec force, elle lutta contre les larmes en baissant davantage la tête, tâchant de maîtriser sa voix. « D...D'accord. » il reprit sur le même ton. « En fait, je pense même qu'on devrait se marier. » un rire nerveux sortit de sa bouche quand elle releva la tête pour croiser son regard.« Quoi ? » Il s'était finalement décidé à la regarder. « Je pense qu'on devrait se marier. » reniflant sans élégance, elle bafouilla. « P...Pourtant... tu viens de dire que...tu ne voulais p..plus » il attrapa ses mains entre les siennes en souriant.« Qu'est-ce que tu en pense ? » voyant son manque de réponse, il caressa sa joue mi-rieur mi-inquiet « Chloé? » posant une main sur la sienne, une larme glissa le long de sa joue.« Oui! Oui sans hésité! Oh mon dieu on va se marier! » les larmes coulaient abondamment sur ses joues maintenant. « Tu es bien conscient que cela implique vivre ensemble pas vrai ? » il rit de bon cœur en la serrant dans ses bras. « Oui, Chloé. Je veux tout ça avec toi. » l'étreignant fort contre elle, elle rit d'un rire tremblotant à cause de ses pleurs. « Très bien, tu l'auras voulu. Je t'aime » elle n'était pas à l'aise avec ce mot, elle ne le disait pour ainsi dire jamais, ainsi elle rougit avant de baisser la tête. Tout s'était précipité ensuite et la toute jeune fiancée vivait la fin définitive de son célibat avec bonheur.
Chapitre 4 : La boîte de nuit.
Cette robe rouge la moulait décidément beaucoup trop, les regards lubriques des types sur elle la rendait plus mal à l'aise qu'autre chose. En même temps, elle s'était surpassée ce soir. Sa robe était échancrée le long de sa cuisse fine et son dos était presque intégralement nu. Ses talons la faisait paraître plus grande et ses cheveux était lissés pour l'occasion. La musique vrillait ses oreilles et elle dansait maintenant depuis plusieurs heures. Les yeux fermés, Chloé se laissait porter par la musique. Un coup sur la hanche l'amena à finalement ouvrir les yeux et soutenir le regard marron de l'inconnu qui la dévisageait, qui après réflexion était plus bleu/vert que marron. Son regard est différent des autres types qui la reluque, il ne la met pas mal à l'aise au contraire....il la fait se sentir femme. La température semblait avoir monté de quelques degrés, elle avait chaud, et ses yeux ne voulaient pas quitter celui de son bel inconnu. Plus que le désir, la culpabilité monta en elle. Elle était fiancée, elle n'avait pas le droit de ressentir du plaisir à ce qu'un autre homme pose son regard sur elle. Secouant la tête, elle se trouva un peu honteuse. Elle sortit dehors à la recherche d'air, se faufilant à travers les corps transpirants des autres danseurs. Une fois sous l'air frais, elle remarqua qu'elle avait cessé de respirer depuis qu'elle avait vu le brun ténébreux. Les gens qui fumaient à côté d'elle la font tousser cependant elle respire l'air à pleins poumons pour retrouver ses esprits. Sa respiration se bloque de nouveau, elle n'a même pas besoin de se retourner, elle sait qu'il la suivit. Comme mué par la force du destin, Chloé se retourne et se pend au cou de l'inconnu. Elle s'accroche à sa chemise, se colle à lui autant qu'elle le peut et rapproche ses lèvres des siennes. Ses paumes contre ses hanches la brûle, elle devient folle. Cela n'a rien à voir avec la douceur de Maximilien, ceci c'est de la passion. Elle dévore la bouche du brun de tout son saoul avant de tiquet. Maximilien. Son fiancé. L'homme de sa vie. Le seul qui serait à jamais capable de l'aimer. Hoquetant elle se détache des délicieuses lèvres de son inconnu. Horrifiée par son comportement, elle se recule lentement les jambes tremblotantes, chuchotant un "désolée" qu'il ne dû sûrement pas entendre avant de retourner dans la boîte de nuit en courant sans demander son reste. Elle décida de ne pas se retourner une seule seconde, c'était seulement un moment de faiblesse qui ne se reproduirait jamais, jamais plus elle n'entendrait parler de ce garçon : elle ne savait même pas son prénom après tout. Personne ne l'avait vu et elle serait la seule au courant. Chloé ne le dirait même pas à sa mère.
Chapitre 5 : Aimant à problème.
Ses valises étaient prêtes depuis un long moment et elle s'assurait que l'appartement était bien fermé avec soin, ainsi que toutes les fenêtres. Maximilien s'occupa de charger les valises tandis qu'elle s'installait sur le siège passager. Il ne cessait de parler de sa famille depuis quelques jours, après tout cela faisait 5 ans que le jeune homme n'avait pas vu son frère et étonnamment elle ressentait le même enthousiasme que lui. Tapotant sa cuisse, elle lui offrit un tendre sourire. « On y est bientôt, mon amour. Ne sois pas impatient. » elle ricane en pointant le pare-brise devant elle. « Concentre toi sur la route. » allumant la radio, elle chantonna les chansons qu'elle connaissait en perdant son regard dans la fenêtre du côté. Elle ne se rendit même pas compte qu'elle s'était endormie pendant le trajet. Elle allait passer plusieurs nuits loin de chez elle puisque le frère de Maximilien avait gentiment proposé de les héberger un petit moment. Une fois arrivé, elle observe la maison familiale avec admiration. « Whoo... » bien que petite, elle avait un charme certain. Il lui offre un clin d’œil en s'engouffrant à l'intérieur. Des rires lui parvient et elle sourit tendrement, elle aime savoir son bien-aimé heureux. « Je te présente Chloé, ma fiancée » puisqu'elle fut annoncée, elle rejoignit alors son compagnon « Bonjour... » ses yeux s'écarquille et le phénomène recommence à nouveau. Elle cesse de respirer et s'empresse de baisser les yeux. « Enchanté » sa voix est aussi sexy que son physique, un frisson remonte le long de son dos. Il lui fait un tel effet, c'est fou. « D...De même » elle glisse sa main dans la sienne en se forçant à sourire, bien plus perturbée qu'elle ne veut l'avouer. Elle meurtrit sa lèvre au sang en fixant ses pieds. « C'est adorable de nous avoir autoriser à rester quelque temps ici.... » elle lance un regard de détresse à son fiancé qu'il manqua. Les prochains jours risquaient d'être très mouvementés.
A suivre...