Bryce ~Ce qui m'énerve le plus c'est quand je dis quelque chose et qu'on ne me crois pas alors que je sais très bien que j'ai raison

"Félicitations c'est une adorable petite fille. Comment voulez-vous l'appeler ?"
La phrase que mon père redoutait depuis le début de la grossesse, qu'on lui annonce qu'il était père d'une fille et non d'un garçon. Personne pour reprendre le flambeau de l'entreprise familiale, une véritable tragédie pour lui. "Bryce" lâcha ma mère, elle aussi était déçue . Seuls mes grands parents maternels s'étaient réjouis de ma naissance.
Je n'ai pas été élevée par mes parents mais par une gouvernante. Ils n'avaient pas le temps de s'occuper de moi avec leur boulot et les réunions des clubs, pour moi ils ne voulaient pas s'encombrer d'un gosse qu'il n'aimait pas. S'ils avaient pu m'abandonner sur le bord d'une route, ils l'auraient fait sans hésiter. Pendant les vacances, j'allais chez mes grands parents maternels et j'y trouvais l'amour et l'attention dont je n'avais pas à la maison. Pour les grandes vacances, on se retrouvait entre cousins pour 1 mois et j'attendais toujours avec impatience ces vacances. C'était l'un des seuls moments où je pouvais me comporter comme un enfant, puis après retour à la maison. La routine allait se remettre en place : école, cours de piano et français, ignorance des parents. A force on s'y habitue et on y fait plus attention.

J'ai essayé une fois de faire plaisir à ma mère, je devais avoir six ou sept ans à l'époque. Avec Anna, la gouvernante, on avait passé toute l'après-midi à faire des gâteaux pour le goûter avec maman. Je lui avais même fait un dessin nous représentant tous les trois main dans la main et heureux d'être ensemble. La voyant enfin, j'ai couru vers elle toute excitée de lui montrer ce qu'on a préparé, mais c'est à peine si elle m'a adressé un regard. "Regarde maman, je t'ai fait un beau dessin et avec Anna, on t'a préparé un goûter." Je lui ai tendu mon dessin le sourire aux lèvres et pleine d'espoir, un peu trop même. "Oui c'est bien Bryce. Alors je te disais.." , elle a regardé bizarrement la feuille puis elle est repartie dans sa conversation téléphonique. En sortant de la cuisine, je l'ai vu jeté mon dessin à la poubelle. Les larmes commençaient à couler sur mes joues et je suis partie dans ma chambre. Anna m'a suivi puis a toqué à ma porte avant de rentrer. En me voyant remplir mon petit sac à dos, elle n'a pas pu s'empêcher de rire. "Qu'est-ce que tu fais là ?" - "Je déménage. Personne ne m'aime ici."- "Et moi je ne compte pas ?" Je ne lui réponds pas et continue à préparer mon sac, puis j'ai senti une main sur mon épaule. Elle s'est assise sur mon lit et m'a prise dans ses bras pour me faire un câlin. On est restée comme ça pendant un moment ; elle m'a rassuré en me disant que elle m'aimait et que c'était déjà pas mal. Je considérais Anna comme ma mère, j'ai partagé beaucoup plus avec elle qu'avec celle qui m'a mise au monde. Et dire que mes parents ne l'ont pas remercié pour tout ce qu'elle a fait, non ils ne pensent qu'à leur petite personne.

A mes dix-huit ans, je suis partie définitivement du domicile familial. Je ne pouvais pas supporter de rester plus longtemps avec mes parents. J'ai pris mes affaires et ai voyagé à travers le pays pendant quelques années. Je ne leur ai pas donné de nouvelles depuis mon départ et ils n'ont pas essayé de me contacter, je ne sais plus rien d'eux. Ils ont pu divorcer, mourir ou avoir d'autres enfants, je ne veux plus rien savoir de ce qu'ils leur arrivent. Les seuls contacts que j'avais était avec mes grands parents maternels. Ils m'ont accompagné sur quelques étapes comme en Alaska, à Vegas ou dans une partie perdue du Canada. Comme je n'avais plus de rentrée d'argent, j'ai fait des petits boulots, donner des cours de piano et de danse classique ; mais de temps en temps mes grands parents me donnaient de l'argent. "Pour t'aider, car tes petits boulots ne vont pas tout payer" c'est qu'avait sorti ma grand-mère comme argument pour la somme énorme qu'elle m'a donné.

Vers l'âge de 22 ans, je suis arrivée à Blossom Hill, ce qui devait être une simple étape de mon voyage s'est transformé en sédentarisation. Je suis tombée sur le charme de cette petite ville que j'ai décidé de m'y installer définitivement. Les grandes villes, la pollution et le flux incessants de personnes ne m'intéressaient plus, j'étais décidée à me poser et à vivre tranquillement et simplement. Un poste de professeur de danse classique s'était libérée à l'école de danse de la ville, j'en ai profité pour postuler. Depuis, je donne toujours des cours de danse classique et de temps en temps des cours de piano. J'y ai pris mes habitudes, comme ma balade du soir dans le centre ville avec mon chien et un restaurent une fois par semaine.
Lors d'une soirée avec des connaissances venus en vacances dans la ville, on a été dans un bar juste à côté de la ville, boire un coup à nos retrouvailles. M'étant installé au comptoir pendant qu'ils étaient partis fumer dehors, j'ai fait la connaissance d'un homme. La conversation a été rapide et quelques minutes après, je me retrouve dans son lit. Le lendemain matin, après avoir décuvé, je le vois encore endormi et j'en profite pour me sauver. Trois mois après cette aventure d'un soir, je fais un malaise en plein cours. Voilà que je me retrouve dans un lit d'hôpital avec une perfusion, je leur ai bien dit qu'il n'était pas nécessaire de faire venir les pompiers mais ils ne m'ont pas écouté. Seule dans une chambre, j'attends un médecin pour les résultats des analyses. On toque à la porte puis une silhouette apparait, c'est un homme d'environ quarante ans avec un début de calvitie. "J'ai les résultats, rien de bien grave. Mais faites attention, faire un effort trop poussé pendant la grosses peut être dangereux." Je le regarde étonnée puis éclate de rire, moi enceinte ? J'ai toujours fait très attention, pris ma pilule à la bonne heure et toujours une capote dans mon portefeuille. "Je peux savoir de combien mois ?", on vient me faire une échographie et on m'annonce que j'en suis à trois mois de grossesse. Et c'est la révélation, mon aventure d'un soir avec l'inconnu datait d'environ trois mois, c'était lui le père de l'enfant. Je ne savais rien de cet homme, où il habitait, s'il avait quelqu'un, sa couleur de cheveux. Il était l'inconnu du bar. Le chercher aurait été inutile, je ne me rappelle même plus d'où il habite.

Me voilà à 7 mois de grossesse avec un ventre énorme, en gros je ressemble à une baleine. En apprenant la nouvelle, pépé et mémé sont venus s'installer plus près de Blossom et m'aide à préparer l'arrivée du bébé. Les filles de la danse m'aident aussi beaucoup, ce sont de véritables anges. Oh et j'ai oublié de dire, c'est une petite fille.