« La plupart des gens n’ont aucune reconnaissance d’être en vie ».
C’était un soir d’automne, au déclin d’une arrière saison. Au crépuscule, alors que le feuilles vermeilles des érables alentours tournoyaient dans une symphonie grotesque, des pleurs vinrent accompagner le mistral automnale. Ainsi, en ce 20 octobre de l’année 1993, la petite Suri Malia Hensley vit le jour pour la première fois. Fruit d’une union aussi fraîche que la rosée, les parents de cette petite merveille se trouvèrent être les humains les plus comblés du monde. Ils avaient tant priés pour obtenir ce cadeau du ciel, quémandant chaque dimanche à l’autel que le Seigneur puisse leur offrir ce petit bout de paradis. Suri, c’est ainsi qu’ils l’avaient appelé. D’origine yiddish, les géniteurs de la fillette l’avait affublé de ce prénom suite à une trouvaille ô combien saugrenue. Il fallait accueillir l’enfant roi, lui offrir ce qu’il y avait de meilleur. Errant des les magasins décoratifs afin de trouver le landau parfait, les parents avaient fini par tomber sur des panneaux décoratifs où gisait des lettes gravées dans un bois onéreux. Des tas d’amas de lettres se présentaient à eux, passant par la culture maya pour finalement s’arrêter dans la paysannerie japonaise. Néanmoins, c’est un prénom d’origine germanique qui attira leur attention. Suri, tel était l’histoire de son prénom. Burlesque, qui plus est. Une rapide décision suite à la vue d’un bout de bois gravé. Souvent, les histoires des prénoms beaucoup plus élaborées, recherchées. Venant parfois d’un ancêtre ou d’une personnalité de l’époque qui avait alors accompli de grandes choses durant son existence. Seulement, rien de tout ça. La recherche de son prénom s’apparentait à l’idée même qu’ils avaient pris ce qu’ils avaient trouvé. Comme si son père, au détour d’un bureau de tabac, avait pris le nom d’une actrice pornographique qui trônait sur la dernière couverture de Playboy. L’important c’est d’avoir un nom, diront certains. Le reste n’a aucune importance. Et ce choix peu réfléchi se révélera être l’ébauche d’une décadence bien désastreuse. Rapidement, l’idylle de ses parents se trouva mis à mal lorsqu’il fallut se lever à des heures pas possibles pour donner le biberon ou bien changer la couche, le quotidien des époux Hensley devenant aussitôt un enfer sur Terre. Suri dû faire ses dents, apprendre à marcher, à devenir propre. Autant de choses qui laissaient ses créateurs à bout de nerfs. Ils ne cessaient de se hurler dessus, laissant la gamine éclater en sanglot au beau milieu de la cuisine. Créchant dans un appartement minable, Suri se retrouva aussitôt délaissée lorsqu’elle passa la barre des trois ans. Elle savait articuler quelques mots, marcher quelques temps sans trébucher. Rien de bien savant, rien de bien extraordinaire. Pourtant, ses parents avaient tout deux décidé de reprendre le travail. L’enfant se trouva alors malmenée de nourrice en nourrice, tout aussi douteuses les unes que les autres, la laissant avec des tâches de terre plein la figure lorsqu’elle venait à jouer à l’extérieur. Les écoles qu’elle fréquentait n’avait rien de bien sûres, des gamines d’à peine six ans levaient déjà leurs jupes pour obtenir un biscuit de la part de garçons plus âgés. L’innocence n’avait plus sa place dans le monde de la petite Suri, arrachée brusquement à son cocon douillet qu’elle s’était confectionné. Apprenant rapidement à lire grâce à la vieille femme qui nichait dans l’appartement en face de celui de ses parents, les livres devinrent rapidement un échappatoire à cette vie décadente qu’elle entamait alors. Esseulée, elle laissait son imagination s’engouffrer dans des recueils aux paysages magiques, aux idées lumineuses qui laissaient un sourire découvrir les deux incisives de la fillette. Durant des années, elle attendra que Peter Pan vienne la chercher en ouvrant la fenêtre de sa chambre, pensant ardemment que tout cela était vrai. Qu’elle pourrait un jour être une petite fille comme les autres. Les années passèrent, et rien ne se manifesta. Bientôt, elle comprit que le Pays Imaginaire n’était rien d’autre qu’une fantasmagorie, qu’elle finirait comme cette bonne vieille Wendy et qu’un jour elle serait arrachée à sa chambre d’enfant. Tout du moins, si cela n’avait pas déjà été effectué de façon inconsciente, ses parents ayant oublié il y a très longtemps qu’elle n’était qu’une enfant.
« Si mentir était un crime, nous serions tous en prison ».
Assertion contraire à la vérité, énoncée pour tromper. Inventer quelque chose de faux, user de la ruse. Duper son monde, se jouer d’une personne. C’est ainsi que le mensonge pouvait être vu, défini comme étant un acte tout bonnement abominable. Pourtant, c’est l’une des choses que son paternel lui enseigna aux prémices de sa vie, laissant une marque importante qui définira la personne qu’elle deviendra. En effet, la première fois qu’elle se retrouva confrontée à un mensonge, ce fût grâce aux paroles de celui qui était un modèle masculin pour elle. Son père, escamoteur invétéré. Tout commence avec l’histoire traditionnelle du mari qui rentre chaque jour un peu plus tard, feintant des obligations sorties de nul part. Inventions, excuses. Premières choses qu’un homme utiliseras lorsqu’il se sentira en danger. Absent d’un cocon qui se devait être familial, l’épouse commença à avoir des doutes, questionnant sa moitié afin de savoir ce qui n’allait pas. Prétextes, simulacres. Des voyages d’affaires imprévus, des réunions de dernières minutes. Ces paroles sortaient de la bouche du concerné, avec un naturel déconcertant. La femme, préférant fermer les yeux, continuera d’agir comme si tout allait pour le mieux. Il venait de monter dans l’échelle sociale, ramenant maintenant une paye qui permettait à la famille d’acheter plus de choses qu’ils n’auraient jamais pu. Le chef de famille rentrait tard dans la nuit, foulant avec discrétion le parquet pour se glisser dans le lit conjugal comme si de rien n’était. Des fois, il ne se donnait même pas la peine de rentrer. Des questions commencèrent à fuser dans son entourage, la fillette venant même à quémander après son père. Et, lorsqu’elle posait la question fatidique à propos de ce dernier, elle se retrouvait aussi expédiée dans sa chambre pendant que des torrents de larmes se déversaient des yeux fatigués de sa mère. Loin d’être naïve, elle avait fini par suivre son mari qui déserté trop souvent le domicile familier depuis quelques mois. Elle se devait d’obtenir la vérité, elle en avait besoin. L’alchimie dans le couple n’était plus présent depuis bien longtemps, l’amour des premiers jours semblait même s’être évaporé. Elle les avait vu s’embrasser comme de jeunes tourtereaux, elle les avait vu sortir d’un tas de restaurants gastronomiques main dans la main comme un couple sans histoire. Elle avait tout vu. Trahie par celui pour qui elle avait tout donné, il était de son devoir de crever l’abcès. Jusqu’à ce que la mort nous sépare, avait-il dit. Souvent, la mort s’apparente à une jolie et jeune femme d’affaires. Une blonde plantureuse, aux jambes interminables. Voilà ce par quoi il l’avait remplacé, ce pourquoi il avait détruit tout ce qu’ils avaient construits. L’habitacle devint aussi tôt un endroit chaotique, les vociférations se mêlèrent à des éclats de voix ô effluves scabreuses. Rapidement, le divorce fût prononcé. Étant devenu un homme d’affaires, le paternel n’avait pas le temps de s’occuper pleinement de ce petit bout d’humain, les voyages d’affaires qu’il entreprenait avec cette femme qui partageait dorénavant sa vie lui prenant un temps considérable. C’est donc la mère de Suri qui obtint la garde complète de la fillette, la concernée devant rendre visite à son père au moins deux fois par an. Histoire de garder les liens familiaux au sec, de ne pas les laisser sombrer dans des eaux glaciales. L’ancienne épouse Hensley n’accepta jamais cette rupture, cherchant coûte que coûte une personne sur qui rejeter la faute. Elle n’était pas fautive, cela ne pouvait pas être possible. Elle avait toujours était courtoise, parfaite. La femme parfait. Il lui fallait un coupable, un bouc émissaire. Devinez donc qui se trouva entraînée dans ce cercle vicieux ? Suri. Sa naissance, selon sa créatrice, avait engendré la fin de son mariage. S’étant reconvertie en femme au foyer, le temps qu’elle consacrait à ce bout d’âme l’empêchait de prendre du temps pour elle. Pourquoi aurait-il prit le temps de couvrir son faciès de cosmétiques pour faire la cuisine ou bien changer des couches. Elle n’en voyait décemment pas l’intérêt. Elle s’était laissée aller, il s’était lassé. Rien de bien compliqué à comprendre. Seulement, la matriarche refusait l’idée. Le problème ne venait pas d’elle, il venait bel et bien du fruit de leur union catastrophique. « Ce n’est pas pas de ta faute si tu as gâché ma vie, Suri. Tu n’es qu’une sale gamine après tout. Un poids que je dois maintenant portée seule ».
« C’est dans le mensonge que la vérité commence ».
Sa vie, d’aussi loin qu’elle pouvait s’en souvenir, semblait s’être construite autour de l’adultère qu’avait orchestré le paternel. Suri ne pouvait se souvenir d’un moment agréable passé avec ses parents, seules des images de violences et de clameurs se présentaient devant ses yeux. Mal dans sa peau, il est évident que la gamine ne se sentait pas à sa place partout où elle allait. Âgée alors d’une huitaine d’années, la fillette apprenait réellement ce qu’était la vie. Sa mère ne cessait de lui lancer des piques, plus ou moins désagréables selon son humeur. Aussi étrange que cela fût, elle trouva rapidement refuge dans un drôle de domaine. Un domaine dans lequel elle avait grandit. C’est alors que l’expression les chats ne font pas de chiens prit tout son sens, montrant que le sang Hensley coulait parfaitement dans ses veines. « Qu’est-ce qu’il s’est passé avec tes parents ? ». Ding, premier mensonge. À peine le divorce de ses créateurs avait été prononcé qu’elle se retrouva criblée de questions. La curiosité, un bien vilain défaut qui s’allie au péché capital qu’elle aimera tant. « Mon père travaillait trop, ma mère voulait un vrai mari. Non un mari à mi-temps ». Ô douce Suri, toi qui maniait parfaitement la rhétorique du haut de ton jeune âge. Elle savait parler, elle savait s’exprimer. Et, pour la première fois de sa triste vie, sa petite bouche venait de mentir. Qui osera dire par la suite que la vérité sors de la bouche des enfants ? Certainement pas la jeune brune. Ce plaisir de ne pas dire la vérité, ce plaisir de s’inventer une vie qui n’est pas la sienne. Si des personnes lambda viennent à la critiquer ? Qu’est-ce que cela peut lui faire, ce n’est pas sa vie, ce n’est pas elle. Ce sentiment, elle l’aima tout de suite. Cette petite pointe d’adrénaline dans sa cage thoracique, cette lueur malicieuse dans ses yeux qui s’animaient lorsqu’elle mentait. Elle aimait cette sensation, elle ne pouvait le nier. Et cela, elle l’avait compris à l’instant même où elle lâcha son premier mensonge. « Suri, te considères-tu comme heureuse ? ». Boum, la bombe était lâchée. La réponse positive qui avait suivi cette question venait de lui ouvrir les portes du royaume du mensonge. Suri, heureuse ? Quelle ironie. Elle mentait pour se protéger, pour ne pas souffrir. Raconter sa vie serait trop pénible, trop douloureux. Mentir, s’inventer une vie tranquille semblait beaucoup plus alléchant. Elle mentait pour subsister, pour ne pas tomber au fond du puits. Mentir pour vivre, mentir pour survivre. À l’école, elle accusait sans cesse les autres, mentant à qui voulait l’entendre. Ce n’était jamais elle, c’était toujours les autres. Elle n’était qu’une gamine, toutes les gamines mentent plus ou moins. Elle aurait voulu arrêter, tout stopper. Dire qu’elle avait monter de toutes pièces ses paroles. Seulement, elle ne pouvait s’y résoudre. Dire la vérité serait une acte horrible, un château de cartes s’effondrant sous un courant d’air. Elle avait besoin de ses mensonges, elle avait besoin de cette fausse vie. Toutes les gamines disent qu’elles ont un poney, qu’elles ont des milliers de poupées jonchant le parquet de leur chambre. Qu’elles sont des princesses, qu’elles ont une baguette magique. Mentir, un c’est passage obligatoire pour se construire. Faire la différence entre le bien et le mal, savoir s’arrêter lorsqu’on est au bord du gouffre. Non, bien au contraire, elle ne faisait que s’y enfoncer. Sournoisement, insidieusement. Chaque jour, elle se disait que c’était son dernier mensonge, qu’ensuite elle arrêterait. Et, comme cette foutue drogue qu’est la cigarette, ses lèves en demandaient toujours plus. Sa bouche en raffolait, sa gorge en était dépendante. Mentir n’était désormais plus qu’un jeu d’enfants.
« Les mensonges, c’est comme les chips, on ne peut pas s’arrêter à une ».
En prenant le temps d’y penser, Suri aurait pu être la perfection incarnée. Grande, brune, élancée. Elle avait un faciès séraphique, une douceur enivrante. Tout du moins, c’est ce qu’elle aurait pu sciemment devenir si elle n’avait pas gaiement accepté de s’engager sur un chemin escarpé des plus méphistophéliques. Les années filaient à tout allure, l’eau s’étant écoulée sous les ponts. Avec le temps, tout s’en va. Les soucis, les inquiétudes, les regrets.À l’aube de ses seize ans, Suri pensait que cette vie de mensonges finirait par la quitter, qu’un jour elle serait libérée de ses chaînes. Cependant, elle savait qu’au plus profond d’elle, se révéler au grand pourrait lui être fatal. Désormais bien loin de l’âge juvénile et de cette petite fille aux pommettes pimpantes qu’elle était, ses hâbleries se firent beaucoup plus importants. Beaucoup plus présents, beaucoup plus fréquents. Alors que durant sa douce enfance elle mentait pour se protéger, elle mentait désormais pour s’inventer une vie qu’elle n’avait pas. Un père absent, une mère désormais prise par le motel qu’elle tenait. Des amis en carton, des connaissances douteuses. Une vie monotone, sans grande importance. Une existence qu’elle n’aimait guère, un quotidien qu’elle semblait haïr. Le seul moment de réconfort était lorsqu’elle retrouvait son lit, son imagination pouvant alors divaguer aux limites du réel. Suri s’imaginait une vie. La vie qu’elle aurait voulu vivre, celle qui fait rêver toutes les petites filles. C’est au détour d’un rêve, d’un songe éphémère, qu’une idée lui traversa l’esprit. Pourquoi ne pas retranscrire cette utopie onirique dans la vie de tous les jours ? Pourquoi ne pas calquer ses désirs à son quotidien ? Mentir un peu plus ou bien moins, cela ne changerait guère ses habitudes. Suri le savait pertinemment, elle ne pourrait plus faire marche arrière. Ses mensonges avaient pris trop de place, avouer la vérité lui apporterait des ennuis. Tout comme son père qui, lorsqu’il avait décidé d’être franc avec sa mère, s’était retrouvé avec quelques points de suture sur le visage. La vérité peut parfois faire mal, le mensonge empêche donc la douleur. Ainsi était la philosophie de la jeune Hensley. Une fille banale, c’est ce qu’elle avait toujours été. Rien de bien intéressant, elle n’avait rien de l’adolescente avec qui on avait envie de tisser des liens. Tout du moins, jusqu’au jour où elle décida de faire circuler une rumeur à propos d’une personne en particulier. Une fille qu’elle ne connaissait pas plus que cela. Suri ne sait même pas ce qui lui a pris, elle ne sait même pas si tout cela était intentionnel. Sa bouche avait articulé quelques mots, engendrant des fourberies. Telle une vipère, elle avait craché un venin que seule elle savait préparer. Mentir était devenu un art, un art dans lequel elle était passé maître. Elle avait détruit la réputation d’une personne, sans grand état d’âme. Elle avait alors amassé de l’importance, elle s’était vu offrir une notoriété. Elle avait brisé une vie pour embellir la sienne. Tout comme son géniteur quelques années plutôt. Tel père telle fille, après tout. Des rumeurs, voilà ce qu’elle faisait véhiculer. Des mensonges, des saloperies fallacieuses. Elle n’avait pas vraiment de vie, alors elle s’en inventer une, vivant par procuration dans celles des autres lorsque cela lui chantait. Elle le savait pertinent ses mensonges finiraient par la noyer, pas l’entraîner à tout jamais dans les profondeurs. Les autres buvaient ses paroles aux allures d’Évangile, Suri faisant mine d’être un horrible personnage. Elle était tellement loin de tout ça. Elle, la jolie brune mythomane, menteuse invétérée qui crachait des mensonges comme un geyser crache de l’eau. La popularité, un foutu rasoir entre les mains d’un enfant. Elle, elle s’était coupée plus d’une fois. Plus elle avançait dans les classes supérieures, plus elle se donnait le genre de la fille inaccessible que personne ne pouvait avoir. Elle alla même jusqu’à se créer le petit-ami parfait, détenteur d’un manoir dans les Hampton qu’elle entrevoyait chaque vacance. Bien sûr, il n’existait pas. Tout comme sa vie, tout comme la Suri qu’elle aimait à montrer aux autres. Cette gamine perfide et superficielle, moqueuse au plus haut point. Ça n’était pas elle, ça n’était pas la petite Suri qui ne quittait jamais ses contes de fées. Sa vraie personnalité ne s’entrevoyait que dans une seule et unique chose : ses dessins. Endroit où elle était vraie, où elle laissait transparaître ses émotions et ses pensées. Des toiles, des centaines de toiles. Voilà ce qui gorgeait le sous-sol du motel de sa mère où elle s’était installé un petit atelier. À l’abri des regards. Peindre lui permettait de se calmer, lui permettait de décompresser. De se canaliser, d’oublier un foutu instant qu’elle n’était qu’une vulgaire menteuse. Souvent, elle se posait la question de savoir si oui ou non elle mentait avec conscience. Et, bizarrement, la réponse n’arrivait jamais. Naïve, Suri. Candide enfant. Elle ne savait même plus quoi penser, quoi faire. Elle était coincée dans un flot de mensonges, une rivière tumultueuse qu’elle ne pouvait pas quitter. Elle continuait alors le rôle qu’elle s’était crée, celui de cette fausse peste qui n’avait peur que d’une chose : la vie. Ce qu’elle montre, c’est ce qu’elle n’est absolument pas. Ce qu’elle cache, c’est ce qu’elle est. Suri est un paradoxe, une antithèse comme on en fait plus. Être a découvert, paraître à fleur de peau : jamais. Elle n’aime personne, elle ne veut de personne. Les sentiments l’ont beaucoup trop fait souffrir, l’homme n’étant qu’une montage d’hypocrisie. Son coeur est anesthésié par la peur de souffrir, ses membres sont atrophiés par les coups de la vie. Elle ne doit en aucun cas faillir, en aucun montrer patte blanche. Elle n’avait jamais été aimée, elle ne le serait jamais. Seuls ses rêveries étaient là pour elle, seuls ses mensonges pouvaient lui créer cette carapace qui l’empêchait d’être percée à jour. Dans la vie, il y a ceux qui sont devant et ceux qui suivent. Suri ne veut plus être de l’arrière-plan, elle en a beaucoup trop souffert. D’où on vient n’a aucune importance, c’est ce qu’on raconte qui en a.