RIGGA, 11 Novembre 1998, chez Aksel.
« Maman, il est où Papa ? Il rentre quand ? » C'est le genre de question que toi Aksel, quatre ans, pose toujours à ta mère depuis que tu as compris que tu n'étais pas comme les autres enfants. Les autres à l'école, ils ont un papa et une maman. Toi tu n'as qu'une figure maternelle et elle refuse de te répondre sur ton père. « Aksel, j'ai pas le temps, va jouer ailleurs. » Ta mère, elle n'a jamais le temps pour toi. Elle est toujours occupée à passer des coups de fils ou à recevoir des messieurs chez vous. Tu ne sais pas ce qu'elle fait dans la vie, mais des fois tu entends des bruits bizarres. Ces gens ne restent jamais bien longtemps et ta maman sort de la chambre débraillée comme toi quand tu reviens de l'école et que tu t'es battu avec Staņislavs à la récréation. Elle tient aussi beaucoup de billets dans ses mains. Tu es trop petit pour comprendre, mais lorsque tu seras plus vieux, tu comprendras qu'elle vendait son corps pour vous faire vivre tous les deux. Tu imagines aussi que ton père est un de ses clients et donc, que jamais tu ne sauras qui il est réellement. Mais pour le moment, tu es trop jeune, et tu veux juste savoir pourquoi toi, t'es pas comme Staņislavs et que tu ne joues pas à la bagarre avec ton papa. Alors que ta mère accueille un nouveau monsieur, toi, tu t'éclipse chez les voisins, les parents de ton copain Staņislavs. T'as pas envie d'entendre ces bruits qui te mettent mal à l'aise. Tu toques à la porte et c'est la maman de ton camarade qui ouvre. Elle sait ce qui se passe chez toi, mais elle ne peut rien y faire, ou plutôt ne veut pas se mouiller en prévenant les autorités. Autour de toi, tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. Après, tu n'es pas maltraité ou même mal nourri, mais ce n'est pas un environnement sain pour toi.RIGGA, 28 Avril 1999, à l'école.
« MADAME ! AKSEL IL A COUPE MA NATTE ! » Rita hurle dans la classe alors que tu tiens dans les mains l'arme du crime et ta victime. Tu souris mal à l'aise alors que la maîtresse s'avance vers toi furieuse. Tu ne sais pas que ce que tu as fait est mal. A vrai dire, tu es trop petit pour faire la différence entre le bien et le mal. Toi, tout ce que tu voulais c'était un bout de Rita à ramener chez toi parce que tu l'aimes. Tu voudrais lui faire des câlins et des bisous sur la bouche comme Stan fait avec Olga. Mais Rita ne veut pas. Elle, elle aime Stanislavs et pas toi. Alors forcément, t'es jaloux et tu veux quand même avoir un truc à elle pour toi et seulement pour toi. « Tu m'expliques Aksel ? » demande-t-elle avec des yeux prêts à te tuer sur place. « Mais... c'est... Je voulais qu'elle m'aime. » Tu sens que tu vas bientôt pleurer. Mais toi t'es un garçon et les garçons ça pleure pas. C'est le Monsieur qui vit chez vous avec ta mère qui te l'a dit. Alors tu ravales le tout et tu essaies de bomber le torse comme il t'a montré. Seulement chez toi ça fait totalement ridicule et tout le monde se moque de toi. Tu éclates alors en sanglots et tu lâches tes ciseaux et les cheveux de Rita pour te mettre en boule près de ton bureau. Tu voudrais disparaître de la surface de la terre. Tu as honte et tu continues de pleurer malgré ça. Heureusement, la sonnerie retentit et tout le monde se précipite dehors pour aller jouer alors que toi tu restes là en plein milieu de la pièce à pleurer. Tes camarades t'ont oublié et ça te convient comme ça. Cependant, la maîtresse est toujours là et elle s'accroupit près de toi avant de te prendre dans ses bras et de te serrer fort contre elle et de te caresser les cheveux affectueusement. Tu sanglotes de plus belle. Tu connais pas ce genre de réconfort. Ta mère n'a jamais eu de gestes aussi affectueux envers toi. Elle t'aime c'est certain, mais elle ne te l'a jamais montré de cette façon. Pendant que tes larmes coulent encore le long de tes joues, la maîtresse prend la parole. « Tu sais Aksel, quand tu veux dire à quelqu'un que tu l'aimes, il faut lui dire ou lui montrer mais pas comme tu as fait. Les cheveux d'une fille sont très important pour elle alors lui couper c'était méchant et ça lui montre pas ton amour. Faut lui offrir des fleurs, lui dire qu'elle est belle et tout plein d'autres choses. Mais tu verras quand tu seras plus grand. » Elle dépose un baiser sur le sommet de ton crâne avant de sécher tes larmes et te dire de quitter la classe. Tu lui souris et tu te dis que plus tard, c'est avec une fille comme ça que tu te marieras.RIGGA, 26 Octobre 2001, chez Tata.
Tu regardes ta mère donner plein d'affaires à ta tante sans vraiment te rendre compte de ce que cela signifie. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'elle te donne à garder à sa grande sœur. Mais là, ça à l'air différent. Pour la première fois, ta maman pleure. C'est la première fois que tu la vois dans cet état et ça te remue tout ça. Tu t'approches alors d'elle et sans rien dire, tu passes tes bras autour de sa taille et tu la serres fort contre toi. T'as jamais eu ce genre de comportement envers elle mais faut un début à tout. Au début, elle hésite à te rendre l'appareil avant de s'accroupir près de toi et t'enlacer comme la maîtresse l'a une fois. Cependant, ce n'est pas la même chose. Là, tu ressens tout l'amour que ta maman a pour toi et tu vas pleurer toi aussi parce que tu sais, sans comprendre pourquoi, que c'est la dernière fois que tu la vois. « Pars pas maman. J'ai besoin de toi moi. » Elle s'écarte de toi et dépose un baiser sur ton front. « Il faut que j'y aille mon bébé. Reste ici avec tata et tout se passera bien. » Tu ouvres la bouche pour parler mais rien ne te vient. C'est bien la première fois qu'elle te donne un petit surnom affectueux. C'est la journée des premières fois mais surtout des dernières fois. Elle ne te le dira pas, mais tu comprendras plus tard qu'elle a eu des problèmes avec quelques uns de ses clients et qu'elle a fait ça pour te protéger. Ta mère se relève alors et elle enlève son foulard pour te le tendre. « Comme ça, je serai toujours avec toi. » Après un dernier baiser, elle enlace sa sœur avant de partir sans se retenir. Tu te mets alors à pleurer, à crier à ta mère de revenir. Elle ne peut pas t'abandonner comme ça. Ta tante essaie de te calmer mais il n'y a rien à faire. Tu ne veux pas qu'elle parte. Quand tu ne la vois plus, tu arrêtes de crier, et tu tombes à genoux son foulard dans les mains que tu refuses de lâcher. Pendant des jours, tu as été inconsolable et encore maintenant, quand tu penses à cet époque, tu ne peux pas t'empêcher de te sentir mal. RIGGA, 5 Mai 2004, à l'orphelinat.
Tu as vécu trois ans chez ta tante. T'as espéré tous les jours que ta mère revienne, qu'elle vienne te récupérer. Mais au bout d'un moment, t'as laissé tombé et tu as accepté ta vie comme elle l'était. Avec ta tante tu as été heureux. Elle t'a donné l'amour que ta mère ne t'as jamais donné. Pendant trois ans tu as été plus heureux que les sept années avant. Tata n'avait pas d'enfants et elle t'a tout donné à toi. Et puis un jour, on te la reprit. Elle a eu un accident de voiture et elle est morte sur le coup, brûlée vive. Et toi, encore une fois, tu t'es retrouvé seul. On t'avait encore enlevé une personne que tu aimais. Cette fois-ci, tu n'as pas pleuré. Tu n'as même pas versé une seule larme pas même à l'enterrement où tu as voulu aller avant d'être amené à l'orphelinat. Tu n'avais plus de famille et donc, tu t'es retrouvé dans le système d'adoption. Heureusement, tu n'y es pas resté longtemps, à peine quelques mois. Tu avais été adopté par un couple américain. Sauf que tu ne connaissais pas la langue. Avant de les voir arriver, tu as eu peur. Peur de ne pas leur plaire, peur de ne pas être comme ils souhaitaient et qu'au final, ils te laissent ici. Tu t'es préparé comme si tu allais à une grande occasion et t'as même revêtu ton costume de l'enterrement pour faire bonne impression. Et alors que tu les attends dans le hall d'entrée, tu stresses à mort. Tu tritures tes doigts et te balances d'un pied à l'autre. Tu n'as qu'une envie partir de là. Cependant, quand tu les vois arriver, le sourire aux lèvres quand ils t'aperçoivent, tu sais que tu seras bien avec eux. Ils s'avancent vers toi et se présentent tour à tour. Sauf que toi tu comprends rien. Tu parles pas l'anglais. Heureusement y a la directrice de l'orphelinat qui a quelques bases et qui te traduit tout. Tu sais pas vraiment comment réagir alors tu fais ce que ton instinct te dit de t'avancer vers eux et c'est ce que tu fais. Timidement, tu fais quelques pas vers celle qui va devenir ta mère. Elle est heureuse, ça se voit sur son visage et toi, tu ne peux pas t'empêcher de sourire comme un idiot. Miranda s'accroupit devant toi et te souris aussi. Alors, tu ouvres tes bras et tu les passes autour de son cou. Tu scelles alors ton adoption. Tu seras bien avec eux. Maintenant, il te reste à rencontrer tes frères et ça t'angoisse.BLOSSOM HILLS, 28 Mars 2009, chez les Griffin
C'est ton anniversaire aujourd'hui. Tu as quinze ans aujourd'hui et tes frères ont décidé que vous ne dormiriez pas de la nuit. Ils veulent jouer à deux jeux vidéos, discuter et élaborer des plans pour emmerder Benjamin. Toi Benjamin, tu l'aimais bien quand t'es arrivé. Tu aurais même pu être proche de lui si seulement il ne t'avait pas rejeté de la sorte. Il a été méchant, cruel avec toi et apparemment, d'après Ahilan et Ioan, c'était pas la première fois. Alors, t'es devenu proche d'eux. Dis comme ça, ça fait un peu comme si c'était les roues de secours, les personnes avec qui on reste simplement parce qu'on a personne d'autres. Mais pas du tout. Vous vous êtes retrouvés à être les meilleurs amis du monde, mieux que des frères même. En fait, même toi tu peux pas décrire votre relation. C'est spécial. Cependant, des fois, tu te sens un peu exclu parce que as encore du mal avec la langue alors que tes frères la parlent couramment et parfaitement et se font des privates jokes que tu ne comprends pas. T'as l'impression d'être en trop et dans ces moments là, tu te mures dans le silence. D'ailleurs, là, tu les observes discuter entre eux sans prendre part à la discussion. Ils te le demandent pas aussi. Toi tu suis simplement ce que tes frères font. T'as jamais eu d'initiative pour le moment et peut être que t'en auras jamais. T'es pas né pour être un leader. « T'es d'accord Askel ? » Tu lèves un sourcil interrogateur vers Ahilan qui t'as posé la question. Tu sais pas quoi répondre parce que tu sais pas de quoi ils parlaient et que t'as pas écouté. Tu ris bêtement pour cacher ton malaise et tu commences à bégayer en letton. « Euh... bah oui... enfin non... enfin, je sais pas vraiment. » C'est à leur tour de te regarder bizarrement parce qu'ils ne te comprennent pas. « On a pas compris... » reprend Ahilan alors que tu deviens tout rouge et que tu voudrais te cacher... Non mais pourquoi t'es toujours comme ça. Et encore c'est pire avec les filles. Tu n'arrives pas à les approcher à moins de un mètre sans te mettre à devenir rouge et à balbutier des phrases sans queue ni tête. À ce rythme, tu vas finir puceau pour le reste de ta vie, tes frères en son convaincu. Tu secoues la tête pour chasser tout ça de ton esprit et tu essaies de reprendre en anglais. « Vous disiez quoi ? » Ioan soupire et te réexplique tout pendant que Ahilan se fout de toi encore une fois. Tu sais que c'est pas méchant et même si ça l'était, tu ne le verrais pas... Soudain, un bruit sourd se fait entendre, te faisant sursauter et te cacher sous ta couette déclenchant une nouvelle fois les rires de Ahilan et Ioan. Ce que tu as pris pour un coup de tonnerre n'est autre que l'abruti qui a sa chambre a côté de la tienne... Par abruti, il faut comprendre Benjamin bien entendu. Vous le dérangez à parler et rire aussi fort parce que si vous vous ne voulez pas dormir, lui il veut. BLOSSOM HILLS, 26 Juin 2014, aéroport
Tu n'as pas envie de sourire aujourd'hui. Tu n'as pas envie d'être le Aksou que tout le monde connaît et aime. Aujourd'hui tu es triste parce que ta famille se déchire. Elle se déchire à cause d'un départ et d'une tête de mule et toi, t'es au milieu de tout ça. T'es déchiré toi aussi. Les voir dans cet état te fend le cœur et t'as qu'une envie c'est leur foutre un coup de pied au cul pour qu'ils se rabibochent. Mais tu sais que ça ne se fera pas... Ahilan est trop têtu pour ça, c'est pour ça qu'il n'est pas là pour dire au revoir à Ioan. C'est dommage d'en arriver là mais tu ne peux rien y faire. Tu souffres en silence pendant que tes deux frères ne se parlent plus. T'as l'impression d'être un fantôme, d'être le spectateur de ta propre vie alors que tu suis ta famille dans l'aéroport pour dire au revoir à Ioan qui s'en va pour tu ne sais combien de temps. Même si tu sais qu'il va revenir, t'as l'impression qu'il t'abandonne et tu ne supportes pas. Tu voudrais l'attacher à toi et faire en sorte qu'il ne s'en aille jamais mais tu ne peux pas. Alors, tu le regardes faire ses au revoir à la famille. T'es surpris quand il enlace Ben, mais ne dis rien. Quand il arrive à toi, tu fais le fort pour ne pas pleurer mais ses mots te font lâcher une larme. « Promis. » C'est tout ce que tu arrives à articuler alors que les sanglots s'étranglent dans ta gorge. Tu le regardes partir vers son pays natal et tu ne peux pas t'empêcher d'avoir peur pour lui. Et s'il se plaisait là-bas et qu'il ne revenait jamais. Tu sais que c'est également la crainte de ta mère alors tu t'approches d'elle et tu places ta main dans la sienne. Elle pleure en silence mais tu sais qu'elle voudrait hurler et courir pour le rattraper. « Il va revenir ! C'est nous sa famille... Pas eux. » En même temps que tu le dis, tu essaies de t'en convaincre. Cependant, c'est perdu d'avance. T'espère juste qu'il te donnera de ses nouvelles.BLOSSOM HILLS, 15 Septembre 2014, chez les Griffin
Ça fait presque quatre mois que Ioan est parti et pourtant t'as l'impression que ça fait une éternité. La situation a bien changé à la maison. Ahilan ne te parle plus et tu te retrouves tout seul encore une fois. T'en as marre de tout ça. T'en as marre de cette situation de merde. Tu ne veux plus de ça. Alors aujourd'hui t'as pris la décision d'aller parler à ton frère. Tu sais qu'il va s'en foutre ou alors t'envoyer chier, mais tu ne peux pas continuer comme ça. Toi qui est si calme et qui ne cherche pas forcément les ennuis, sauf quand Ioan et Ahi t'embarquent avec eux, tu entres dans la chambre de ton frère avec fracas. Tu le vois déjà en train de s'énerver mais tu ne lui laisses pas le temps de parler. « T'es vraiment un connard Ahilan ! C'est pas ma faute s'il est parti en Bulgarie. C'est pas moi qui l'ait poussé à le faire. Alors je vois pas pourquoi c'est moi qui prend tout dans la gueule. Ouais t'es en colère et t'es même peut être triste en ce moment, ce que je peux comprendre, c'est pareil pour moi. Mais merde quoi tu crois que ça va changer quelque chose de me mettre de côté ! Il est parti parce qu'il en avait besoin. Moi je suis là, moi je suis resté quoi. J'ai besoin de mon grand frère... J'en ai déjà perdu un, je veux pas perdre les deux... » Tes yeux s'embuent alors que tu parles. T'as jamais été aussi direct, aussi percutant dans tes propos. Mais t'as pas fini. « T'es pas obligé de me rejeter comme ça pour pas souffrir. Merde à la fin moi j'suis pas parti et je compte pas le faire. Ma famille c'est vous maintenant, les Griffin et je compte pas chercher celle qui m'a abandonné. Alors arrête de jouer au con et redeviens mon frère. Parce que le type qui est en face de moi n'est pas mon frère mais un putain de connard égoïste qui pense qu'il est le seul à souffrir du départ de Ioan. » Ahi te regarde comme si c'était la première qu'il te voyait et son expression se durcit quand tu prononces le prénom de celui qui est un traître à ses yeux. Tu sais que la tempête est sur le point d'arriver alors tu tournes les talons. Sur le pas de la porte tu ne peux pas t'empêcher de te retourner et de lui tirer la langue comme lorsque vous étiez petits. Tu te diriges vers le salon et Ben te bouscule en passant ou c'est toi qui le bouscule, tu sais pas vraiment. Ton bras se lève et un magnifique fuck apparaît devant son visage tandis que tu continues ton chemin. Tu le tiens responsable de l'état d'Ahi parce que tu sais qu'ils se sont rapprochés et qu'il continue à le laisser dans cet état de haine envers Ioio. BLOSSOM HILLS, 28 Février 2015, chez les Griffin
À peine sorti du travail que ton téléphone est plein de message de Ioan qui te demande de revenir vite à la maison. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu sais que quelque chose est arrivé. Tu imagines alors plein de chose et tu ne peux pas t'empêcher de voir le pire. T'espère que tes parents vont bien ainsi que tes frères. T'aimerai rentré et ne pas les voir se battre encore une fois. Mais c'est impossible ça. Ta vie familiale est rythmée par les cris de tes frères mélangés à ceux de tes parents qui essaient de désamorcer la situation. Toi, comme d'habitude tu observes le tout et tu te tais. Tu ne prends la défense d'aucun des deux. Ce sont tes frères à la fin bordel. Comme pour le départ de Ioan, cette situation te pèse mais tu ne peux rien y faire. Un nouveau message te fait redescendre sur terre et tu presses le pas pour rentrer chez toi. L'avantage c'est que tu n'habites pas loin de la boutique où tu travailles. Et puis, tu n'as pas de voiture aussi. T'as pas assez d'argent pour te la payer. Alors tu fais tout à pied ou à vélo. Arrivé chez toi, tu te rends directement dans le salon où tu vois Ioan en train de consoler ta mère en pleurs et ton père totalement dévasté... « Qu'est-ce qui se passe encore ? » Tu rajoutes le encore en soupirant parce que t'en as vraiment marre des dramas dans la famille. Tu souhaites juste une vie de famille normale comme avant. Ioan, sans un mot, te montre une lettre sur la table du salon. Tu fronces les sourcils en reconnaissant l'écriture de Ahilan puis tu commences à lire. Au fur et à mesure que tu avances dans ta lecture, ton visage se ferme. La tristesse et la colère s'empare de toi mais au lieu de pleurer le départ de ton frère, tu exploses mais avant de crier en anglais, tu commences à gueuler en Letton. Seulement, personne ne te comprends et ça t'énerve encore plus. Tu reprends donc en anglais. « J'EN AI RAS LE CUL DE VOS CONNERIES. A CAUSE DE VOS DISPUTES A LA CON, LA FAMILLE S'EST DIVISEE ENCORE PLUS. ET PUIS C'EST QUOI CETTE NOUVELLE LUBIE DE PARTIR ! MOI AUSSI JE VAIS ME CASSER EN LETTONIE VOUS ALLEZ VOIR. » Tu t'arrêtes de crier quand ta mère pousse un cri de détresse quand tu parles de partir toi aussi. Tu te précipites près d'elle et la prends dans tes bras. « Non maman te mets pas dans tes états pareils. Je compte pas partir. Je reste ici à Blossom Hills avec vous ma famille. Alors sèche tes larmes s'il te plait. » T'es tout penaud d'avoir causé plus de peine à ta mère. Tu l'embrasses sur la tempe pendant qu'elle vous serre, Ioan et toi dans ses bras. Franchement, ça ne s'arrêtera jamais dans cette famille.BLOSSOM HILLS, 20 Juillet 2015, à la boutique animalière
Il est quinze heures et tu guettes son passage comme tous les jours. Depuis que tu l'as remarqué il y a quelques semaines, tu ne peux pas t'empêcher d'attendre son passage avec impatience. Tu la trouves belle et t'aimerai bien avoir le courage de lui parler. Seulement, tu es toi et tout ce qui sort de ta bouche quand tu abordes une fille, c'est des trucs inintelligibles. Tu te tapes la honte à chaque fois et c'est toujours pareil, aucune fille ne veut de toi. Cependant, aujourd'hui, t'as décidé de franchir le pas. Aujourd'hui tu vas te comporter en homme et aller lui parler. Ça fait des semaines que tu la vois et des semaines que tu l'observes simplement de derrière la vitrine. Alors, aujourd'hui est un grand jour. Tu jettes des coups d'oeil frénétiques à ta montre attendant nerveusement quinze heures et quart. Lorsque l'heure s'affiche sur ta montre, tu prends ton courage à deux mains et tu quittes le magasin, un air conquérant sur le visage et tu bombes le torse. Encore aujourd'hui, après des années, tu es toujours aussi ridicule. La jeune femme passe alors près de toi et tu lui souris avant de l'aborder. « Salut, je suis Aksel. Ça te dirait de prendre un verre avec moi ? » Wahou, t'as réussit à dire cette phrase à une fille sans bégayer ni même changer de langue. T'es fier de toi et tu te félicites en te faisant un high five mental. Si Ahi et Ioan avaient été là, ils t'auraient encouragé ou se seraient foutu de toi. Tu sais pas vraiment. Alors que tu attends la réponse de la jeune fille, elle se met à devenir toute rouge, à balbutier quelques mots que tu ne comprends pas avant de prendre la fuite. Là, t'es complètement sur le cul. Tu viens de recevoir le pire vent de toute l'humanité alors que t'avais posé tes couilles sur la table et agit en mec. T'as l'impression de t'être vu en version féminine et ça ne t'aurait pas dérangé si ça ne t'avait pas pris des semaines de préparation. T'as même pas dormi cette nuit tellement t'étais stressé. Frustré par la situation, tu commences à t'énerver dans ta langue natale alors que tu retournes travailler. C'est clair que plus jamais tu ne recommenceras l'expérience. Tes frères ont sûrement raison, tu finiras puceau et tout seul.