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Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël


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MessageSujet: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyMar 8 Déc 2015 - 13:19
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



J’regrette rien, hormis d’pas t’avoir quitté avant. On se serait pas autant étouffé mutuellement, et on se serait évité bien des emmerdes ! J’doute qu’tu veuilles d’un d’mes conseils, mais oublie vraiment ton passé, pour t’concentrer sur votre vie à venir. Avant d’réaliser qu’on n’était que des crétins qui voulaient retrouver un amour de jeunesse. Comme j’t’ai dis, j’ai voulu croire que mon amour d’ado pour toi s’transformerait en véritable amour. Mais ça n’est jamais arrivé. C’est des choses qui arrivent ! Trop sage pour moi, trop lisse.. D’être incapable d’oublier qu’si ma famille est à moitié détruite, c’est à cause d’nous ?D’savoir qu’j’aurai pu t’condamner ainsi qu’notre gosse à une vie d’mensonges et d’faux-semblants ? A moins qu’ça n’soit l’fait d’conserver en moi la conviction qu’j’ai faillis t’tuer c’soir-là ? Si j’étais resté aussi longtemps avec toi, c’était par culpabilité d’c’qu’on avait fait à Riley ?

Deux semaines. Voilà maintenant déjà deux longues semaines, quatorze jours interminables, ponctués de toutes ces phrases-là et bien d'autres qui s'agitent dans ma tête, s'accaparant de la moindre de mes pensées. Deux longues semaines au cours desquelles mes nuits ne ressemblent plus à rien. Deux semaines que des cernes énormes jouent des coudes pour marquer mon visage et contre lesquelles je dois redoubler de ruse pour les cacher. Deux semaines que je prétends à mon cher fiancé que c'est le mal du pays qui me fout dans cet état. Deux semaines que je vis avec ce poids d'avoir été, un jour, un boulet dans la vie de quelqu'un alors que j'en ai aucun souvenir. Deux semaines, encore, que j'ai l'impression que mon coeur s'est fissuré en mille morceaux. Deux semaines que je joue un jeu, que je me mens à moi-même. Non, vraiment. C'est juste impossible de continuer sur cette lancée au risque d'en devenir dingue. Bien entendu, j'ai déjà appelé Sarah pour lui faire part de cette rencontre subite et imprévue qui est à l'origine même de tout ce bordel. Elle n'avait, étrangement, pas l'air surprise de cette nouvelle. Je ne doute pas que Raphaël m'ait devancé sur ce coup-là et pourtant, elle m'a juré ne pas savoir que son frère était toujours dans cette ville dans laquelle elle m'a envoyé. Si j'avais su.. Sincèrement, Londres c'était cool ! Pas besoin de se voiler la face, je n'avais qu'à profiter de la présence rassurante de Christopher et rien d'autre. J'en avais même mis cet homme de côté, me concentrant simplement sur mon bonheur présent. Même si mon adorable doc' ne doit pas avoir conscience des choses qui m'agitent et me retournent intérieurement, je me doute bien qu'il ne doit pas être aveugle au point de ne pas s'interroger sur mon état. D'ailleurs, il a modifié quelques petites choses sur mon traitement qui sont censées m'aider à faire le vide. Donc oui, il voit bien que je ne suis pas aussi disponible qu'avant notre départ de Londres, il est loin d'être bête. Puis, il me connait à force.C'est même assez déstabilisant de vivre avec son propre doc'. Mais, ça me rassure dans un sens. Je sais qu'il ne me laissera pas tomber.

T’as pas besoin d’moi, Gaëlle ! J’ai plus besoin d’toi. T’as plus rien à m’apporter. Hormis d’m’étouffer un peu plus. J'ai l'impression de me prendre une gifle en pleine face. Dur retour à la réalité. Entendre cette voix prononcer ces paroles me fait presque sursauter alors que je m'étais perdue dans mes pensées, une fois de plus. « Désolée. » Voilà le simple mot que je glisse à mon patient. Même au travail je ne suis pas moi-même, attentionnée et efficace. Non, je divague un peu. Heureusement, sans jamais faire de dégats malgré ma maladresse légendaire ! Là, pour le coup, je relâche doucement ma prise sur ce dos que je masse depuis maintenant un bon quart d'heure. C'est comme si je deviens parano, à douter de tout et de tout le monde, comme si je redoute d'être une erreur dans la vie de quelqu'un d'autre. Non, en deux semaines, je n'ai toujours pas de souvenirs de ces moments de tension. Certaines choses me reviennent doucement, mais c'est à croire que c'est complètement erroné. Et ça m'énerve. Sincèrement, ça me rend folle. La séance se finit enfin. J'accompagne mon dernier patient de la journée jusqu'à la porte tout en le saluant d'un sourire à moitié éteint et d'une poignée de main. Une fois de retour, seule, dans mon bureau, j'ouvre l'une des grandes armoires où des dossiers papiers se trouvent. Et oui, il y a des choses qui n'ont pas été traitées informatiquement, surtout les patients occasionnels en fait. Comme cette personne qui vient de partir. Je cherche donc son dossier parmi cette pile presque poussiéreuse. Et dans mes recherches, sur quel nom je ne tombe pas ? Edgecombe, Raphaël. Comme par hasard. Franchement, si même les petits trésors cachés de mon bureau poussent ce nom sous mes yeux.. Je me mordille la lèvre en le prenant, et rien qu'en ayant caressé ce nom du regard, je sens que mon coeur loupe quelques battements. Je l'ouvre, tout en me dirigeant vers mon bureau. Sa venue ne date d'il n'y a pas si longtemps que ça. Des sentiments étranges s'emparent de moi, je ne comprends pas. Mon attention se pose sur son numéro de portable. Un soupir m'échappe. Je m'apprête certainement à faire une grosse connerie, mais je n'y fais pas attention. Expirant un bon coup, je tire mon propre téléphone de ma veste. Je ne connais, bien évidemment pas, ce nouveau numéro sur ce papier. Mais, étant plutôt récent, je ne me pose pas plus de questions que ça. J'écris, j'efface. Je verrouille même mon téléphone, me disant que ce n'est vraiment pas une bonne idée. Posant mon téléphone sur mon bureau, je me décide à lui envoyer juste un petit mot. Est-ce un cri du coeur ? Je n'en sais rien..

Et voilà, le message est parti. Impossible de retourner en arrière. Je remets mon téléphone dans la poche de ma veste, les mains tremblantes. Après plusieurs minutes pour rassembler mes pensées, je me décide à ranger ce dossier où il était puis à enfiler ma veste pour rentrer retrouver Christopher. J'attends sa réponse.. Et plus le temps passe, plus j'ai de mal à ne pas jeter un coup d'oeil à mon téléphone.








Raph
Messagerie

Je suis désolée pour ce qui s'est passé l'autre jour.
G.

CREDIT > CHAUSSETTE

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyMar 8 Déc 2015 - 22:09
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


Deux semaines. Deux foutues semaines que j’tente de sortir la tête de l’eau qui est venu parfaire l’gouffre sans fond dans lequel j’ai l’impression d’m’étouffer depuis qu’j’L’ai revue. Deux semaines qu’j’dors encore moins qu’avant, parce qu’j’bois tellement d’café qu’j’suis sûr qu’y’a plus d’caféine qu’de sang dans mes veines. Deux semaines qu’j’fuis donc l’sommeil, pour éviter d’trop repenser à Elle. A notre dernière entrevue – catastrophique, faut l’avouer – qui m’a laissé un goût amer dans la bouche. Deux semaines qu'j'me rase à peine, alors qu'j'ai horreur d'avoir une barbe un peu trop visible en général. Deux semaines qu’j’quitte encore moins mon atelier qu’d’habitude. J’prétends qu’c’est parce qu’il faut qu’j’bosse, qu’j’comble l’retard dans lequel m’ont mis mes divers déménagements, mais en fait, c’est juste qu’j’fuis. Ma propre vie. Elle. L’merdier d’ces derniers temps. J’ai pas la force d’La revoir une autre fois, redoutant d’tomber nez-à-nez sur Elle et Son nouveau mec. Pas sûr qu’j’parvienne à n’pas m’noyer encore un peu plus si j’venais à les voir ensemble. J’fuis Loan, aussi, l’temps d’me faire à l’idée qu’j’vais être père. C’est pas vraiment ma voisine, qu’j’fuis, mais plutôt l’fait d’avoir fait un gosse avec elle. J’l’aime bien, j’dis pas l’contraire, j’aurai même pu tomber amoureux d’elle si j’étais pas déjà irrémédiablement épris d’une certaine amnésique. M’faut donc un peu d’temps pour m’retrouver, même si Loan sait qu’elle peut compter sur moi pour l’moindre problème, comme j’lui ai promis, suite à une longue conversation. J’ai la certitude qu’j’suis l’père du gosse. Loan veut l’garder, car ça lui tient à coeur d’avoir un marmot.J’suis p’têtre qu’un connard, mais j’ai pas envie d’laisser croire à c’marmot qu’il n’est rien d’mieux qu’un bâtard, pas envie qu’il s’considère aussi mal qu’s’considère mon cousin Gabriel, donc, j’vais l’assumer, c’gamin. J’suis p’têtre qu’un connard, mais j’refuse d’comprendre qu’si j’suis dans une telle frénésie créatrice, c’est pas uniquement pour chasser les fantômes d’mon passé qui viennent m’détruire encore un peu plus dès qu’mon cerveau n’est pas assez occupé pour les repousser. Ca doit sans doute paraître con, mais c’est grâce à la simple présence d’celle qu’j’ai toujours considéré comme ma muse, qu’j’parviens à ordonner un peu plus mes idées. Et, paradoxalement, c’est également à cause d’Sa présence qu’mon cerveau est en vrac, lorsqu’j’suis loin d’mon atelier. Dès qu’j’tente d’me reposer, toutes les pensées qu’j’ai réussis à virer d’mon esprit jusqu’alors viennent m’bouffer, s’jetant sur mon cerveau encore plus rapidement qu’des zombies crevant la dalle face à une proie à l’agonie et incapable d’se déplacer. J’ai alors l’droit à des centaines d’flashs. Sur notre passé. Sur la vie qu’on aurait dû être la nôtre. Sur la vie qu’Elle mène très certainement avec Son toubib. C’est d’ailleurs ces dernières images qui m’font l’plus souffrir : imager à quoi peut ressembler leur routine, leurs éclats d’rire, les surnoms qu’ils s’donnent, leurs étreintes. Ouais, nan, parfois, j’ai sérieusement l’envie d’me crever les yeux, mais ça servirait à rien, ces images danseraient toujours dans mon esprit. Parfois, j’ai sérieusement l’envie d’me tirer une balle dans la tête, ça sera plus efficace, mais j’ai déjà un truc qui m’bouffe l’crâne et s’charge du boulot pour moi... Car ouais, j’assume, j’ai toujours pas été voir d’cancérologue. Mais bon, y’a du mieux comparé à y’a quelques jours seulement, j’me suis bougé l’cul en découvrant la grossesse d’Loan, et j’ai pris rendez-vous, j’en vois un demain. Joie !

En attendant, bah... J’sculpte. Quasiment toute la journée, et durant une bonne partie d’la nuit, j’avance sur des esquisses d’projets à venir. Et les rares moments d’répit qu’j’m’octroîe, j’les passe avec des potes, à des soirées poker ou juste à s’vautrer devant un sport quelconque en picolant une bière pas forcément terrible mais qui n’a qu’un seul office : noyer mes idées sous des flots bienvenus d’alcool libérateur. Ou j’sors, avec des potes ou non, pour trouver une nana, qui n’aura qu’une seule mission : m’faire passer un moment agréable en sa compagnie pour m’La faire oublier, durant quelques brèves heures. Voici donc ma routine depuis 2 semaines : soirées à la con, filles insipides, lisses et parfois plus jeunes qu'les jumelles (chose qu'j''évitais il y a encore peu !), et boulot, jusqu’à l’usure, mais ma tumeur aura raison d’moi avant qu’l’usure tant attendue n’vienne enfin m’délivrer. Aujourd’hui, comme bien souvent depuis 2 semaines, j’me suis levé aux aurores, j’ai viré l’inconnue qu’j’avais ramené chez moi, j’ai été courir, puis j’me suis enfermé dans mon atelier pour bosser, la musique à fond afin d’masquer l’bruit d’mes pensées. La musique est tellement forte qu’on pourrait bien venir sonner à la porte et même tambouriner contre elle qu’j’entendrai que dalle. C’est pour ça qu’j’percute même pas qu’j’ai reçu plusieurs SMS. Et si ça n’tenait qu’à moi, j’ne les aurais pas remarqué avant un moment. Mais ma play-list aléatoire passe une musique qui m’distrait en quelques secondes seulement, et pour cause, c’est la chanson qu’était diffusé dans la voiture, juste avant l’accident. Il n’faut donc pas longtemps pour qu’mon cerveau reconnaisse la musique, et oublie un peu trop rapidement ce qu’il était en train d’faire. C’qui a pour résultat d’me rendre aussi maladroit qu’Elle. « Ah, putain d’bordel de merde ! », est un joli aperçu du chapelet d’injures qu’j’sors après m’être involontairement explosé l’pouce gauche. Immédiatement, j’fais une pause, afin d’aller soigner mon doigt blessé. ‘fin, avant d’accéder à la trousse d’secours qu’j’ai rangé dans mon atelier, j’prends soin d’aller éteindre la musique. Si j’pouvais juste m’concentrer sur ma douleur actuelle et éviter d’penser à la soirée qu’a foutue ma vie en l’air, ça serait presque l’paradis.

Quelques minutes plus tard, j’arbore une poupée ridicule au pouce, mais au moins, ça devrait laisser l’temps à mon doigt d’se remettre d’ses émotions. Ca fait bien longtemps qu’j’m’étais pas blessé en sculptant, fallait bien qu’ça s’reproduise un jour... Dire qu’autrefois, j’avais à mes côtés une certaine personne pour m’dorloter en d’tels cas, maintenant, j’dois juste m’contenter d’ma connerie. Constat presque plus douloureux qu’l’coup qu’j’viens d’me manger. J’espère qu’mon pouce va bientôt s’remettre, car j’suis quand même gaucher, moi, donc, j’ai besoin d’avoir un usage complet d’cette fichue main. Ouais, j’sais, j’suis bizarre, car j’suis gaucher, mais j’bosse avec ma main droite pour sculpter... J’sors une bière du p’tit frigo qu’j’ai installé dans la pièce, et j’la sirote, tout en m’rendant vers mon portable, dans l’intention d’le récupérer pour aller m’faire à manger (j’ai pas mangé c’midi, j’ai un peu la dalle là.). Mon portable en main, les lumières éteintes, j’sors d’la pièce pour m’diriger dans la cuisine, qu’est déjà moins encombrée qu’il y a quelques temps, j’me suis forcé à déballer un peu plus correctement mes cartons au cours des jours passés. Tout en marchant, j’lis les tonnes d’SMS qu’j’ai reçu, jusqu’à ce qu’j’vois qu’j’en ai un en provenance d’un numéro inconnu. « P’tain, j’espère qu’c’est pas l’une des gourdasses rencontré dernièrement.... ». J’suis gentil, j’sais, lorsqu’j’parle d’mes conquêtes d’un soir... Ma curiosité m’incite cependant à l’lire. Ma bouche dessine progressivement un rond d’étonnement alors qu’j’comprends d’qui vient c’message. Et cette fois, c’est la surprise qui m’rend maladroit, m’faisant relâcher l’emprise d’ma main droite autour d’mon portable, qui s’écrase au sol avant même qu’j’n’ai l’temps d’essayer d’le rattraper. « Putain mais c’est pas vrai ! », qu’j’m’écrie en m’baissant pour ramasser mon téléphone, dont la coque et la batterie n’ont rien trouvé d’mieux qu’d’aller faire un tour. « C’est une blague ! », qu’j’peste alors, en tâchant d’reconstruire l’portable, faisant illusion à mon inhabituelle maladresse. Pas facile d’remonter son portable, avec un doigt en vrac et en étant aussi fébrile qu’j’le suis (car j’me demande quand même sérieusement si j’ai pas juste rêvé c’message). J’suis d’ailleurs toujours au sol lorsqu’j’parviens enfin à redémarrer l’téléphone.  « Et merde ! », est l’seul constat qu’j’parviens à faire, en relisant le SMS, alors qu’mon cœur tambourine encore plus fort qu’à sa 1ère lecture. Car y’a pas d’doutes : c’est bien Elle.


J’passe presque 5 bonnes minutes, vautré sur le sol, à relire inlassablement Ses quelques mots, comme si j’voulais les apprendre par cœur, au point qu’mon cœur, d’ailleurs, s’agite d’plus en plus nerveusement. « C’est mauvais pour ton p'tit coeur l'ancien ! », qu’j’L’entends presque m’dire, en un douloureux écho d’notre vie commune, si jamais Elle était encore à mes côtés, contre moi au point d’sentir l’agitation d’ce stupide organe. J’secoue finalement la tête, électrisé par cette voix qui n’provient qu’mon imagination malade, et parvient enfin à m’relever, non sans récupérer la bière qu’j’avais pausé au sol en remontant mon téléphone. J’me force à poser l’mobile sur la table d’la cuisine, pour m’faire à bouffer. Contrairement à c’qu’j’avais prévu, j’allume la télé, afin qu’ça m’distrais un peu, et j’oublie mon envie d’me faire réchauffer un plat tout prêt pour m’faire un vrai repas. Autant d’manière d’oublier c’message, et d’me laisser l’temps d’réfléchir sur c’qu’j’vais faire. Répondre ? L’ignorer ? Les deux solutions m’tentent vraiment, et s’succèdent dans mon esprit. En répondant, au moins, j’continue dans la lancée du « T’es qu’une vieille connaissance qui m'rappelle pas forcément d'bons souvenirs, mais qu’j’tolère » qu’j’ai démarré à l’issue d’notre précédente conversation. Mais j’prends l’risque d’vouloir prolonger un éventuel échange d’SMS, car, indubitablement, j'en voudrais plus, juste pour l'plaisir d'savoir qu'pendant quelques minutes, l'temps qu'Elle lise mes messages et y réponde, Elle pensera à moi. En l’ignorant, j’peux détruire c’qu’j’Lui ai dis l’autre jour, lui faire croire qu’Elle m’insupporte au point qu’j’ai même pas envie d’parler avec Elle par SMS.

Il est plus de minuit quand j’me décide enfin, après avoir essayer - en vain - d'manger (m'sentant presque aussi tétanisé qu'un ado qui connait ses 1ers émois amoureux et qu'à l'ventre noué à cause d'ça), et d’me regarder un film, qu’j’ai même pas vraiment vu, préférant regarder, presque toutes les demi-heures, mon téléphone, juste pour m’assurer d’la véracité d’ce message. Nan, en fait, j'ai été pire qu'un ado, j'crois bien : pathétique... J’me demande d’ailleurs comment Elle a bien pu récupérer mon numéro : ça n’peut pas être un coup de Sarah ou de James, j’me suis assuré, après L’avoir vu, d’leur faire comprendre c’qu’ils leur en coûteraient s’ils s’mêlaient à nouveau d’ma vie. Ca n’peut pas être un coup d’Gabriel, il n’sait trop bien les conséquences qu’auront sur moi d’avoir d’Ses nouvelles. Ca n’peut pas être un coup d’Isis, elle préférerait sans doute s’péter la cheville qu’d’faire un truc qui pourrait m’rapprocher à nouveau d’Elle. « Dans l’fond, j’m’en fous. », qu’j’tente d’me convaincre, tout en rédigeant ma réponse. Car ouais, j’Lui réponds, finalement, des heures après son SMS. Presque un exploit pour moi, avant, j’Lui aurais répondu dès qu’j’aurai vu son message... Mais c’est pas forcément une bonne idée.... « D’toute façon, c’est trop tard.... », l’message est déjà envoyé.... J’retourne dans mon atelier, mon portable à la main, incapable d’dormir, trop fébrile quant à une éventuelle réponse qui n’viendra sans doute pas avant d’longues heures car Elle doit déjà dormir. Non, moi, j’vais aller dessiner, ça m’occupera l’esprit, et pour ça, j’ai pas besoin d’avoir un volume sonore trop élevé, contrairement à lorsqu’j’sculpte ! Quelque chose m’dit qu’j’vais souvent jeter un œil à mon téléphone, et qu’j’risque pas d’dessiner des masses...
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   ElleJe suis désolée pour ce qui s'est passé l'autre jour.
G.
T’as pas à t’excuser, j’ai été pire que toi. Mais fallait qu’on se dise tout ça, on avait des trucs à mettre au clair. C’est une bonne chose de faite si on veut éviter de se gueuler dessus si jamais on se recroise un jour !
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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyMer 9 Déc 2015 - 23:14
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Une fois sortie de mon cabinet, je dois mener un véritable combat pour ne pas avoir à regarder mon téléphone sans arrêt. C'est comme si, au fond de moi, j'espère recevoir un message d'un illustre inconnu me disant que je me suis trompé de destinataire. Et pourtant, ce genre de message ne m'arrive pas tout comme le moindre message d'erreur. Je n'en mène pas bien large en marchant dans les rues de cette ville qui me parait si étrange. Heureusement que je vais bientôt retrouver Christopher pour me blottir dans ses bras et faire comme un énième "reset" de ma mémoire près de lui. Il n'y a pas à dire, je suis complètement déconnectée du monde dans lequel je vis. Je n'arrive plus à suivre le chemin de celle que je veux être puisque la Gaëlle que j'ai été me semble encore si loin. Allez savoir je vais, un jour, avoir la force de la retrouver ou si je ne vais pas plutôt abandonner la partie pour de bon. Cet envoi inconscient de message que j'ai eu, comme une pulsion incontrôlable à peine j'ai lu le nom de cet homme me laisse un goût étrange. Sincèrement, si je devais véritablement le voir comme l'ami qu'il est, pourquoi est-ce que je suis sous pression comme ça ? La crainte de recevoir par écrit ce qu'il m'a dit ? Sans doute. Faut bien avouer que je n'aime vraiment pas avoir des personnes à dos. Et là, c'est comme si je dois reprendre le train en marche face à cet ancien fiancé que mon ancienne moi ne supportait visiblement pas. Et je n'ai pas les cartes en main pour mener un tel jeu. Peut-être que si j'en parle, finalement, à Christopher.. Il pourra m'aider ? Je marche toujours dans ces rues, sans véritablement savoir où je vais. Si seulement je pouvais avoir l'un de ces flashs d'une dispute cinglante. Là au moins, je saurai pourquoi lui en vouloir. Cette situation me dépasse totalement, et je n'apprécie pas vraiment ce sentiment de me sentir ainsi vaincue. Sur le chemin, je m'arrête chez un petit traiteur qui fait des plats à emporter. Chris va être ravi, l'un de ses plats préférés est au programme. Puis comme ça au moins, avec mes bras ainsi chargés, je ne vais pas être tentée de regarder une énième fois mon téléphone. Enfin, pas après avoir envoyé un petit message pour prévenir mon cher fiancé que j'amène le repas, si jamais il est déjà chez nous. Je m'active doucement, donnant un vrai coup de pied pour disperser mes pensées et rentrer, une fois de plus, plus tranquille chez moi. Lorsque Christopher est près de moi, je ne pense plus à toute cette histoire. Je me sens presque mieux, mais pas 'guérie'.

Enfin chez moi, j'enlève ma veste et pose mes affaires comme toujours. J'amène le repas dans la cuisine, sachant que mon fiancé ne va pas tarder à rentrer vu son message me confirmant qu'il n'allait pas être en retard. Je n'oublie tout de même pas de prendre mon téléphone avec moi, alors que je range un peu la cuisine. C'est enfin rangé dans ce petit duplex que j'adore tellement, tous les cartons sont enfin vides. Officiellement, nous sommes donc bien arrivés dans cette ville. J'aime vraiment la simple idée de ne plus croiser de carton dans n'importe quelle pièce où je me rends. Ca me met de bonne humeur. Enfin, d'une humeur plus légère. Je crois que ça n'échappe pas à Chris d'ailleurs, qui parait se plaire de ce début de tension qui s'est évaporé comme par magie. Et pourtant .. Ce n'est qu'en profondeur. Je me force à ne rien laisser paraitre, à tout garder pour moi. Non, lui en parler serait véritablement une mauvaise idée. Alors que je me sers un verre, j'entends la porte s'ouvrir. Je souris en le voyant. Franchement, j'ai de la chance d'avoir un homme comme lui, pas vrai ? Les questions habituelles fusent alors, je n'hésite pas à lui dire que je vais bien. Je fais preuve d'une belle force de persuasion, si bien qu'il ne décèle rien. Ouf. Ou alors, il se doute qu'il y a vraiment quelque chose, mais il a la bonté de ne poser aucune question. Nous mangeons alors, tranquillement, parlant de choses et d'autres. J'en oublie presque mon téléphone qui, je le sais, s'il se met à vibrer, attirera forcément mon attention d'une manière bien trop décuplée pour être naturelle. Je profite un peu de la présence de mon homme pour passer une bonne soirée, tranquille, après une longue journée de travail. C'est vraiment mon moment préféré dans la journée. Malheureusement pour moi, je n'ai pas la force de rester éveillée tout le long du film que nous avons décidé de regarder. Je sombre dans le sommeil, me réveillant au générique de fin, ce qui amuse Christopher. Mon travail me prend tellement de temps en ce moment, pour que j'ai le temps de mettre ma patte sur tous les dossiers et personnaliser un peu toute cette paperasse de mon prédécesseur qui traîne de partout. Et franchement, elle et moi, nous ne sommes pas vraiment de grandes amies super intimes. Mais, il faut bien le faire. Je me change alors, me prépare à passer une nouvelle nuit au sommeil très léger et largement insuffisant. Me glissant sous la couverture, je n'oublie pas de prendre mon téléphone pour l'avoir à porter de main -une chose qui ne me ressemble pas des masses-, et je me blottis contre Christopher, feignant de trouver le sommeil en même temps que lui. Une fois que je le sais bien endormi, je me tourne pour prendre mon téléphone. Un rapide tour sur Facebook, je me mets alors à jouer à quelques jeux pour passer le temps. Aucun nouveau message, du moins pas de sa part, à lui. Une pointe de tristesse m'arrache ce petit sourire pourtant si habituel sur mon visage. Bon sang, qu'est-ce qu'il me prend ? Je ne sais même pas si je peux le considérer comme un ami, ou comme .. Quelqu'un en fait. Est-ce que j'ai vraiment fait une connerie ? Je me mords la lèvre, tournant la tête pour jeter un regard vers Christopher.. Chose qui me recolle un sourire. J'en profite pour relever un peu la couverture, et alors que je reprends mon téléphone en main, à plus de minuit passé, je vois qu'un nouveau message m'est parvenu. Soudainement, je me sens terriblement mal, déchirée entre plusieurs ressentis. Il n'en faudrait d'ailleurs pas plus pour que mon regard se teinte d'une couleur bien trop embrumée. J'ai peur d'ouvrir cette réponse, puisque oui. Ce message vient bien de Raphaël. J'ai même failli lâcher un petit cri de surprise, me contentant de mordre ma lèvre encore plus fort. « T’as pas à t’excuser, j’ai été pire que toi. Mais fallait qu’on se dise tout ça, on avait des trucs à mettre au clair. C’est une bonne chose de faite si on veut éviter de se gueuler dessus si jamais on se recroise un jour ! » En lisant son message -plusieurs fois, bien entendu !-, je ne sais vraiment pas comment le prendre. Est-ce une forme d'excuse, dans ses premiers mots ? J'en sais rien, et ça m'intrigue énormément. Mon petit coeur en vient à me soudoyer l'idée qu'il a peut-être quelques remords d'avoir prononcé certaines paroles. Un espoir qui se tait pourtant avec la suite de son message. J'ai bien envie de le revoir, il m'intrigue tellement en même temps.. Pourquoi avoir dessiné cette possibilité dans la fin de son message ? Est-ce que lui aussi, voudrait me revoir ? Je secoue la tête de gauche à droite alors que je sens Chris bouger derrière moi. Je suis assez anxieuse pour le coup, comme si je lui cache quelque chose. Alors que non ! Raphaël est censé être.. Plus rien dans ma vie ? Pourtant, recevoir sa réponse ne devrait pas me mettre dans un tel état, non ? Ah.. Nouveau combat tête contre coeur. Il me faut plusieurs minutes pour savoir quoi lui répondre. Après tout, j'ai bien commencé à lui envoyer le premier message. Ce n'est pas pour passer pour un fantôme, non ? Mes premiers mots sont un pur mensonge, je le sais. Je pense juste l'inverse de tout ça. Non, ce n'est pas mieux pour reprendre ce fichu mot qui me rend malade. Mais, je fais tout comme. Mon sans doute montre indirectement ce paradoxe qui trône dans mon esprit. Puis, la fatigue et une pensée inconsciente me dominent, me forçant littéralement à écrire cette fin de message-là. Ce n'est qu'en relisant mon message une fois celui-ci envoyé que je me rends compte de ce que j'ai osé lui écrire. Et pour le coup, j'ai juste envie de me fracasser la tête contre le mur ! Déjà qu'il n'a dû attendre qu'une dizaine de minutes pour avoir un signe de moi. Voilà que je lui écris des choses plutôt déplacées vu la situation actuelle. Rhaaa Gaëlle.. Je ferme les yeux, me remettant sur le dos, laissant mon portable à côté de moi. Il est plus que temps que je retrouve enfin la route de nuits complètes au risque, sinon, de faire encore plus de conneries de ce genre ! Mais quand même.. Cette simple phrase est partie en toute franchise.






Raph
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Tu as raison. C'est sans doute mieux maintenant..
C'est certainement déplacé vu la situation et en plus à cette heure, mais ça m'a fait plaisir de te revoir.

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyJeu 10 Déc 2015 - 21:57
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


Dès qu’j’retourne dans mon atelier, j’allume, avec modération, la musique. J’me fige quelques secondes, alors qu’la possibilité d’virer le titre responsable d’mon pouce en piteux état m’frôle l’esprit. Mais j’me ressaisis bien vite. Oui, cette musique m’fait penser à l’accident, parce qu’elle résonnait dans l’habitacle avant la collision, qu’Elle s’amusait même à chanter à tue-tête, parce qu’Elle l’adorait. Et c’est bien ça mon problème : Elle aimait cette maudite chanson. Moi aussi, fut un temps, juste parce qu’elle m’faisait penser à Elle, comme tout c’qu’Elle aimait. Et comme à chaque fois qu’il me faut m’séparer d’un truc un peu trop lié à Elle, j’arrive pas à m’résoudre à aller jusqu’au bout d’la démarche. Bien souvent, j’me contente d’virer les trucs, dans un carton quelconque, m’débrouillant soit pour l’foutre dans un endroit où j’vais jamais, soit en rendre l’accès difficile. Jeter réellement l’moindre élément qui m’fait penser à Elle, ça m’donne tout simplement l’impression d’détacher peu à peu les rares liens qu’on ait encore, d’renier notre passé, d’La perdre un peu plus, d’manière un peu trop définitive à mon goût... Puis, d’toute façon, si j’voulais ôter d’ma vie tout c’qu’est lié à Elle, d’près ou d’loin, j’devrai presque tout enlever, arrêter d’lire, d’regarder l’moindre film, d’sortir, d’regarder la moindre série, d’écouter d’la musique... Bref, j’devrai arrêter d’vivre... M’enfin, ça, c’est plus ou moins prévu, faut juste qu’j’m’arme d’patience, c’qu’est pas ma qualité principale ! Tâchant d’résister à l’envie d’regarder à nouveau mon portable, parce qu’j’sais qu’j’ai pas d’réponses, et qu’ça n’en fera pas venir plus vite, j’me dirige vers ma table pour dessiner. En chemin, comme à mon habitude, ma main s’pose sur une d’mes rares sculptures qu’j’me suis toujours refusé à vendre, et qu’j’considère comme un grigri, pour en dessiner les contours : l’bateau du pirate Jack Rackham. Une sculpture qu’j’ai faite en l’honneur d’un gamin, malade, qu’j’ai connu quand j’étais hospitalisé et qui n’a pas survécu à sa maladie. Une sculpture qu’j’ai présenté à mon expo, d’ailleurs, la seule d’cette maudite soirée qu’j’ai conservée. C’est con, mais j’aime à l’avoir sous les yeux, à pouvoir poser les mains sur elle, j’ai l’impression d’retrouver un peu d’énergie et d’inspiration à chaque fois, comme si Jack, l’gamin en question, tentait d’m’épauler.

J’m’assieds enfin à la table en bois que James, menuisier, m’a fait y’a des années d’ça. J’pose minutieusement la tasse d’café qu’j’ai pris l’soin d’me faire avant d’venir ici, car, quitte à voir l’sommeil m’fuir comme moi j’le fuis, autant être surcaféiné ! Mon téléphone, pour une fois, finit aussi sur la table, alors qu’j’me force à l’oublier, afin d’m’concentrer sur l’dessin. J’ai pas l’envie d’continuer celui sur lequel j’bosse depuis quelques nuits, j’en entame donc un nouveau. Une partie d’moi remercierait presque mes saletés profs d’primaire, qui m’ont forcé à écrire aussi bien d’la main gauche qu’d’la main droite, car j’peux donc dessiner avec la main droite sans problème et laisser mon autre main s’remettre d’ses émotions. L’processus d’concentration est assez compliqué à atteindre, car mon cerveau refuse d’se plier au jeu d’l’oubli pour s’focaliser sur l’message qui hante mon esprit depuis d’longues heures à présent. Par chance, l’plus têtu des deux, c’est bien moi, d’autant plus qu’j’mets en application les diverses méthodes visant à m’aider à m’concentrer plus facilement qu’j’ai appris en faisant divers sports. Faut bien, après tout : vu l’heure, y’a peu d’chances qu’Elle m’réponde. C’est d’ailleurs pour ça qu’j’Lui ai envoyé si tard un SMS, une fois ma décision prise d’Lui répondre, parce qu’j’sais qu’Elle doit dormir, l’contraire serait foutrement surprenant. A moins que... Ouais, non, j’vais éviter d’penser à c’qu’ils pourraient faire, sinon, mon crayon va finir tout droit dans l’un d’mes yeux. Comme souvent lorsqu’j’m’adonne à mon Art, j’me laisse bercer par la musique et mon inspiration, n’faisant pas vraiment attention à c’que j’fais. Une sorte d’état d’automatisme déconnecté qu’j’adore, somme tout. Illusoire béatitude qui prend rapidement fin, parce qu’mon téléphone vibre. Fortement, à mes oreilles qui n’sont bercées qu’par l’fin volume sonore qui m’coupe d’la quiétude nocturne. Ca m’fait même sursauter, au point d’me faire raturer l’dessin, la mine du crayon s’imprimant fortement dans l’papier. J’ne tarde pas à attraper mon téléphone, qu’j’ramène rapidement vers moi. P’têtre trop, d’ailleurs, dans ma précipitation d’voir si c’est bien Elle, un espoir qu’j’n’ose même pas caresser tant ça m’semble improbable. Non, ça doit être un Edgecombe, qui souffre d’insomnie et qui, comme cela est bien souvent l’cas, s’décide à faire chier l’seul Edgecombe qu’est connu pour n’pas dormir des masses : moi ! Bref, j’suis partagé entre l’espoir et la raison, et c’mélange est néfaste pour mon cerveau, qui n’fait même pas gaffe au fait qu’entre l’chemin séparant mon téléphone d’moi, s’trouve ma tasse d’café. A moitié pleine d’liquide encore chaud. Pas besoin d’vous faire un dessin, j’crois qu’vous avez compris c’qui s’produit : ma main heurte la tasse, l’café s’répand allégrement sur l’dessin qu’j’viens à peine d’commencer, et poursuit son p’tit bonhomme d’chemin là où la gravité l’entraîne : au sol. Sauf qu’entre l’café et l’sol, bah, y’a... mes jambes... « Ah ! Sa mère la pute ! », qu’j’m’exclame en bondissant rapidement hors d’ma chaise, m’cognant d’ailleurs les jambes dans la table. Ouais, parce qu’sinon, ça n’aurait pas été aussi drôlement pathétique.... Vous savez, histoire d’me foutre encore plus d’café et d’faire bouger la tasse qui trouve fun d’rouler encore un peu et d’s’exploser par terre. « Bah voyons ! », qu’j’râle en voyant qu’décidément, c’soir, j’suis incontestablement plus maladroit qu’Elle n’l’a jamais été. « C’est quoi la suite ? J’pose ma main contre un pilier et la baraque s’écroule sur moi ? ». Ouais, s’foutre d’moi, c’est l’seul moyen qu’j’trouve pour essayer d’rendre l’tout moins con...

Un dilemme s’impose alors à moi : lire enfin c’maudit message, pour savoir d’qui il provient et hypothétiquement aider mon cœur à retrouver un rythme d’battement un peu moins frénétique, ou ramasser les débris d’ma tasse. Parce qu’j’suis pieds nus, comme à mon habitude. Et qu’vu mon adresse du moment, j’serai bien capable d’poser l’pied sur un morceau d’tasse pour finir à l’hosto.... J’ai réussis à l’éviter y’a 2 semaines d’ça après une sacré bagarre qui m’a valu d’pisser l’sang d’l’arcade sourcilière droite, en allant chez Loan pour qu’elle m’soigne (et y apprendre qu’elle était enceinte...), j’ai pas l’intention d’y finir cette nuit... Pas envie qu’ils m’demandent d’couper mon portable moi ! J’pose mon téléphone sur la table (bien au sec, j’suis pas con), et j’m’apprête à ramasser les fragments d’ma tasse lorsqu’j’sens un truc m’lécher l’pied. « Oh, dégage Placebo ! Saleté d’bestiole va ! », qu’j’peste contre la boule d’poils qui vient m’gonfler lors d’un des moments les plus pathétiques d’toute ma vie d’vie ! Placebo, c’est l’jeune berger australien qu’m’a offert Gab, y’a une dizaine de jours. M’demandez pas pourquoi, mais mon cousin estimait qu’j’avais besoin d’compagnie. Il planifiait cela depuis un moment déjà, visiblement avec la complicité d’Isis, et a accéléré l’processus d’adoption en voyant qu’j’commençais presque à hiberner après L’avoir vu. « T’as besoin de compagnie ! », qu’il m’avait dit en m’apportant l’chiot. « Et m’dis pas que tu ne l’veux pas, tu m’as toi-même confié qu’tu pensais, depuis des mois, à te prendre un animal d’compagnie ! ». J’l’ai foudroyé du regard et l’ai copieusement insulté d’tous les noms, jusqu’à c’qu’le chiot s’mette à couiner et à attirer ainsi mon attention sur lui, c’qui m’a direct’ calmer : sérieusement, z’avez vu la tronche du chien ? J’suis visiblement pas encore assez amer pour n’pas fondre. « Gab, j’te déteste ! », est l’seul remerciement qu’j’ai alors adressé à mon cousin, qui lui s’est fendu d’un souriant : « De rien, mon vieux, ça m’fait plaisir ! ». Mon cousin est un enfoiré. Histoire d’bien le lui faire comprendre, j’ai choisis d’appeler l’chien Placebo. Parce qu’Gab’ pense qu’le chien m’aidera à aller mieux, mais c’est qu’un placebo, en fait (si vous connaissez pas l’sens d’ce mot, j’suis pas fautif d’votre manque d’vocabulaire ! Même un p’tit campagnard inculte comme moi l’connait, alors faites des efforts, c’est pas sérieux !) Et aussi parce qu’c’est l’nom d’un groupe qu’j’aime bien. (Idem, si vous connaissez pas c’groupe britannique : débrouillez-vous pour acheter un peu d’culture !)

Faisant gaffe à où j’pose mes pieds, j’vais chercher l’balai et la pelle qui s’trouvent dans mon atelier, et j’fais un brin d’ménage, tandis qu’mon jeune compagnon à 4 pattes m’boude royalement dans un coin d’la pièce (c’qui m’arrange, c’con serait capable d’aller jouer avec les bouts d’tasse et d’se blesser ! J’ai pas plus envie d’aller au véto qu’de finir à l’hosto ! Et j'le virerai bien d'l'atelier, mais il y reviendrait, car j'laisse la porte entrouverte depuis qu'il est ici). J’passe d’ailleurs vers lui pour aller jeter les débris à la poubelle, c’qui fait qu’Placebo s’met à m’suivre, agitant frénétiquement la queue, pensant qu’l’heure est venue pour nous d’aller jouer. Ayant déposé les morceaux d’tasse à la poubelle, j’remarque enfin son p’tit manège, qui m’arrache un sourire. « Ok, on va s’promener ! », qu’j’déclare alors. J’vais chercher mon portable, puis j’quitte l’atelier, avec l’chiot qui m’suit comme mon ombre, afin d’aller récupérer sa laisse et mon paquet d’clopes. Car ouais, j’ai décidé, récemment, d’me remettre à fumer. Habitude qu’j’avais gagné avant d’aller à Londres. Et qu’j’ai réussis à n’pas voir revenir, jusqu’à mes retrouvailles avec une certaine anglaise. Ouais, allez, vous pouvez l’dire, j’suis assez doué pour m’détruire lentement, par divers moyens ! C’est bien pour ça qu’j’prends même pas la peine d’choper un pull ou un manteau avant d’m’engouffrer dans la douceur nocturne, tenant Placebo en laisse. J’vous rassure, j’ai pas oublié qu’j’ai un message à lire. J’gagne juste du temps avant d’le lire, n’craignant qu’trop d’voir mon espoir qu’ça n’soit Elle m’flinguer encore plus l’moral en réalisant qu’j’me suis très certainement planté : Elle doit forcément dormir... Alors ouais, pendant quelques minutes, alors qu’j’me balade avec mon clebs, j’me contente d’observer Placebo renifler tout c’qui attire son attention (à savoir : presque tout c’qu’on rencontre !). Lorsqu’on arrive enfin au cerisier, j’décide d’libérer Placebo, estimant qu’vu l’heure tardive, il n’devrait pas rencontrer grand monde, et d’toute façon, il est encore un peu trop trouillard pour s’éloigner trop d’moi. J’m’adosse contre l’arbre et j’m’allume enfin une clope, tandis qu’la boule d’poils s’défoule un peu. C’est pour ça qu’Gab a choisit cette race de chien, réputé pour être sportif : pour qu’j’ai un compagnon supplémentaire, et en mesure d’suivre mon rythme, durant mes séances d’courses, mes randos ou mes balades en vélo dans les forêts environnantes. J’ai fumé la moitié d’ma cigarette lorsqu’Placebo délaisse enfin l’papier qui traînait et après lequel il s’amusait à courir, pour revenir vers moi. « Oh, hey, c’est bon, ça va, m’juge pas comme ça hein ! », qu’j’lui balance en considérant qu’son regard est un regard désapprobateur sur la clope coincée entre mes lèvres, « on verra si t’feras mieux toi ! ‘fin, t’verras p’têtre tout seul, d’ailleurs. », dis-je en fronçant les sourcils, réalisant qu’Gab’ s’retrouvera sans doute obligé d’prendre l’chien qu’il a jugé bon d’m’offrir, si, avec un peu d’chance, Tumy décide enfin d’gagner la guerre que nous avons commencé y’a des années d’ça.

Tout en gardant un œil sur Placebo et en jouant avec lui (vive les bouts d’bâtons qu’on balance et qu’il va chercher !), j’sors enfin l’portable d’la poche d’mon jean qui s’souviendra d’cette soirée (car ouais, j’me suis pas changé, pas la peine, j’suis pas là pour tenter d’draguer. Dommage, avec Placebo, ça serait presque trop facile ! Mais non, c’soir, j’ai clairement pas envie d’terminer la nuit dans les bras d’une morne inconnue. Pourtant, ça serait une bonne idée pour m’La faire sortir d’l’esprit, mais Elle est encore plus présente qu’jamais dans mon crâne, alors ça sera pas possible.... Ou alors faut qu'j'ramène deux nanas à la maison. Mais, même ça, ça m'dit rien c'soir.). M’laissant glisser contre l’cerisier, j’m’accroupis, adossé contre l’arbre, afin d’voir qui d’mon espoir ou d’ma raison a visé juste. « Evidement ! », qu’j’peste en voyant qu’j’ai deux SMS. J’tombe automatiquement sur l’plus récent des deux, et j’pousse un soupir d’dépit en réalisant qu’il s’agit d’un d’mes neveux. L’truc chiant quand on est né dans une famille aussi nombreuse qu’la mienne, c’est qu’y a d’fortes chances pour qu’on ait des neveux et nièces guères plus vieux ou plus jeunes qu’soi. Et là, comme il s’agit d’Arnaud, l’un des gosses d’Elizabeth, l’aînée d’ma famille, il est un peu plus jeune qu’moi, ayant fêté récemment ses 21 ans. Croyez-moi, ça fait quand même bizarre d’savoir qu’on a presque grandit avec certains d’nos neveux et nièces. Bref, Arnaud s’trouve être dans l’tas d’la nouvelle génération d’Edgecombe avec lesquels j’ai presque été élevé, c’est même l’un d’ceux dont j’suis l’plus proche. Et il s’avère qu’crétin n’a rien d’mieux à foutre qu’d’me demander des conseils pour une sortie sympa, et imprévue, à faire à Londres, avec une gonzesse qu’il vient de rencontrer dans un bar. Ca m’fait lever les yeux au ciel, car ça fait un bail qu’j’ai pas foutu les pieds à Londres, et qu’même si lui n’y est qu’depuis 3 semaines, il doit sans doute mieux connaître la ville qu’moi. J’lui réponds brièvement, lui proposant quelques endroits sympas qui doivent toujours exister, puis « Je te rappelle quand même que t’as un entretien demain, pour ton stage pro’, alors, tente de pas de coucher trop tard : une tête de déterrée, ça donne pas envie qu’on l’accepte ! ». Ouais, j’tente d’rester sérieux, comme oncle, tout d’même....

Les yeux dans l’vague alors qu’j’envoie c’message, j’gratouille Placebo, qu’est venu réclamer des caresses. J’profite d’l’air, frais, qui m’rafraîchi les idées. J’tarde pas à rouvrir les yeux, cependant, pour voir d’qui provient le premier texto, priant, inconsciemment, pour qu’ça soit bien d’Elle. Ma main se crispe encore plus autour d’mon portable quand j’vois qu’Elle en est bien l’auteur. Une ébauche d’sourire apparaît même sur mon visage, tandis qu’mon cœur s’remet à faire l’con, résonnant tellement fort dans ma poitrine qu’j’en viens à m’demander si j’vais pas réveiller l’voisinage. « Tu as raison. C'est sans doute mieux maintenant.. » J’pousse un soupir en lisant ça, m’faisant la remarque qu’ça n’pourra jamais être mieux. « C'est certainement déplacé vu la situation et en plus à cette heure, mais ça m'a fait plaisir de te revoir. ». Surtout pas en lisant d’telles choses.... « Elle veut m’tuer, c’est pas possible ! », qu’j’explique à Placebo, alors qu’j’me force à détourner les yeux d’mon portable, connaissant déjà ce nouvel SMS par cœur. « Allez, on rentre mon gros ! », qu’j’balance à mon chien, tentant d’contrôler l’tremblement qu’a pris possession d’mes mains depuis la lecture d’sa dernière phrase. « Ca m’a fait plaisir de te revoir. », n’a d’cesse d’tourner et d’retourner dans mon esprit, s’agitant, telle une balle rebondissante et infernale, dans mon crâne. Si notre vie n’avait pas foutue l’camp, si jamais nous avions été séparés pour quelques temps, peu importe les raisons, ça aurait plutôt été du « Tu me manques, et tu manques aussi à notre enfant. ». Ouais, ça aurait été un truc du genre, si jamais j’avais dû m’absenter pour quelques temps et que nous n’avions que le téléphone pour palier à la distance physique. Et cette pensée m’broie l’cœur, littéralement... Ca devrait être l’une des seules conclusions possibles, et pas c’truc qu’on peut envoyer à un vieux pote. J’ne devrais pas n’être que une vieille connaissance à Ses yeux... « Rah, putain, j’arrive à rien c’soir ! ». Voilà qu’j’m’énerve, parce qu’j’galère à attacher la laisse d’Placebo à son collier, et qu’le chiot n’tient plus en place. Il m’faut quelques minutes pour parvenir à coordonner mes mains et mon cerveau, ce dernier n’cessant d’faire des voyages dans l’recoin contenant Sa réponse.

J’marche lentement pour rentrer chez moi, comme si, rien qu’en prenant mon temps, j’allais avoir une idée d’réponse d’folie à Lui envoyer. J’peux pas m’empêcher d’sourire comme un con à la simple idée qu’Elle ne dorme pas encore, même si mon cerveau préfère n’voir là qu’la preuve qu’Elle s’est couchée tard, ou qu’Elle n’arrive pas à trouver l’sommeil car trop d’soucis ou pas habituée à Sa nouvelle vie ici. Bref, tout plutôt qu’d’m’imaginer qu’Elle soit dans un état similaire au mien. Non, parce qu’déjà qu’j’me trouve ridicule à m’comporter comme un ado, comme lorsqu’on commençait à s’envoyer quelques SMS alors qu’Elle était toujours avec Riley, alors s’il faut qu’j’pense qu’Elle est comme moi... Là, non, ça fera un peu trop d’espoir pour moi. Hors, j’suis convaincu qu’Elle n’voit en moi qu’un ancien ami, avec lequel il est préférable d’renouer, pour entretenir un minimum d’rapports conviviaux, vu qu’on vit dans l’même bled... J’m’arrête quelques secondes sur un banc. Juste pour souffler un peu et profiter à nouveau d’l’air froid, car j’ai pris un récent coup d’chaud (on s’demande pas pourquoi....). Juste pour m’allumer une autre clope, car j’ai besoin d’me pourrir un peu plus l’esprit (on s’demande pas pourquoi....). Juste pour pouvoir lui répondre, car j’préfère ‘l’faire maintenant, à l’air libre qu’chez moi (on s’demande pas pourquoi... Si ? Ah, bah, juste pour éviter d’avoir l’impression d’étouffer d’l’intérieur comme d’l’extérieur.). Ma réponse, j’en suis pas vraiment fier, mais c’est la seule qui m’soit venue à l’esprit. Puis bon, ça fait déjà bien 40 minutes qu’Elle m’a envoyée la Sienne, alors j’estime qu’j’ai perdu bien trop d’temps comme ça. Pourvu qu’Elle n’dorme pas.... J’m’adosse plus confortablement contre l’dossier, froid, du banc, tandis qu’le vent frais s’lève, mais c’est pas lui qu’est responsable du frisson qui m’parcourt. Non, lui, il vient du fait qu’j’peux pas m’empêcher d’imaginer l’sourire qu’j’aimerai qui s’dessine sur Son visage lorsqu’Elle lira ma réponse, espérant qu’ça l’amusera. Et surtout, qu’Elle en oubliera la belle esquive qu’j’ai faite d’Sa seconde partie du SMS.... Même si, réflexion faite, j’me demande si j’ai pas fais preuve d’un peu trop d’curiosité en m’interrogeant, indirectement sur l’fait qu’Elle n’dorme pas encore...

Et là, j’me demande si j’ai pas été trop loin, avec la fin d’mon message. En disant autant d’conneries. En retrouvant d’vieux automatismes. Alors qu’Placebo s’couche à mes pieds (qu’j’ai chaussé pour l’occasion !), j’pose mes coudes sur mes cuisses, afin d’me prendre la tête entre les mains. Paradoxalement, j’suis content d’Lui parler par SMS. Mais ça m’fait un mal de chien. Parce qu’ça n’est pas assez pour moi, même si c’est nettement mieux qu’ces derniers mois. Cependant, j’suis déjà accro à nos échanges et à Ses mots, alors qu’ils viennent à peine d’commencer, et j’sais déjà qu’j’en crèverais presque si jamais ils venaient à s’interrompre. Mon téléphone entre les mains, j’pose mon front sur celui-ci, les yeux clos, n’m’empêchant d’penser, à Sa destination : « J’t’en supplie, n’dors pas. Pense encore à moi, pour quelques minutes seulement... ». Ouais, j’en suis réduit à ça : espérer qu’la femme qu’j’aime à en crever souffre d’insomnie, pour une fois, et m’accorde quelques précieuses minutes d’Ses pensées. Pathétique, j’vous l’avais bien dis....

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ElleTu as raison. C'est sans doute mieux maintenant..
C'est certainement déplacé vu la situation et en plus à cette heure, mais ça m'a fait plaisir de te revoir.
J’ai toujours raison, tu l’as quand même pas oublié ça ?!
« A cette heure » : tu sais que tu devrais dormir, d’ailleurs ! Tu bosses pas, demain ? Pas sûr que tes patients aimeraient voir leur kiné leur baver dessus parce qu’elle s’est endormie sur eux ! (Remarque, y’a des gens qui ont des délires étranges, alors qui sait...)
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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyDim 13 Déc 2015 - 22:28
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Comme quoi, même une grosse journée de travail n'arrive pas à me faire tomber de fatigue. Qu'est-ce que j'en aurai besoin pourtant. Et non, me voilà à regarder les minutes défiler sur l'écran de mon téléphone, le regard aussi perdu que mon esprit peut l'être. Les seuls moments où mon attention est détournée de mon mobile, c'est lorsque je sens Christopher bouger derrière moi. Je me suis mise dos à lui pour ne pas qu'il se réveille avec la luminosité de l'écran, même si je l'ai baissé au maximum. Un léger sourire se forme sur mes lèvres lorsque je le regarde dormir. Il parait si tranquille, si serein.. Un peu à mon opposé actuellement. J'ai vraiment du mal avec tout ce qui me tombe dessus. J'ai l'impression d'étouffer, de me faire engloutir sous le flot continu et de plus en plus important de pensées. J'en ai mal à la tête, je me sens juste.. Fragilisée. Tellement de questions restent sans réponse, et ça me rend folle. J'en arrive même, de plus en plus souvent, à me dire que ce combat que je mène pour retrouver ce qui me manque est perdu d'avance, que je devrai apprendre à conjuguer mon futur sans prendre en compte mon passé, que ce serait tellement plus facile à vivre.. Malheureusement, je suis forcée d'admettre que lorsque j'ai une idée en tête, je ne l'ai nul part ailleurs. Et je dois réussir, je le peux. Je n'ai juste pas le choix.. Ce n'est pas comme si j'ai passé une demi-année dans une autre réalité, tout de même. Mais, il n'a suffit que de quelques semaines pour tout foutre en l'air, et laisser cette confiance en la personne que je suis voler en éclats. Car oui, j'ai fais un énorme pas en arrière, doutant de tout. Doutant de moi, des autres. Sauf de Christopher. Il est le seul en qui je ne doute pas. Puis, il y a Sarah aussi, même si franchement, je n'ai toujours pas compris son explication sans queue ni tête pour m'avoir conseillé cette ville. Elle savait très bien que Raphaël y fait sa vie et qu'il est loin d'en partir. Je soupire doucement, levant mon regard vers la fenêtre alors que mon téléphone est posé juste à côté de mon visage sur l'oreiller. La nuit est noire, il n'y a que très peu d'étoiles dans le ciel. Et oui, je suis une rêveuse qui aime se perdre dans l'immensité de cette obscurité. Si j'étais un poil plus courageuse, y'a pas à douter que je serai dehors bien souvent, allongée dans l'herbe et la tête dans les nuages. Manque de pot, je suis ce qu'on peut appeler une anxieuse de la vie, et même si j'en meurs d'envie et bien, je garde ça pour moi. Un vieux rêve, que je pouvais réaliser avant, dans mon petit village où je ne risquais rien. Et surtout que je n'étais pas seule.. Cela ne fait que quelques minutes, de très courtes minutes que j'ai répondu à Raphaël. Et pourtant, j'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Si on avait un petit chat, je serai certainement à le caresser tout en laissant mon p'tit coeur s'exprimer en silence. Il m'est définitivement impossible de le brider, il se révèle être un élément bien fougueux que je lutte à dompter. On ne se comprend pas depuis quelques semaines, avant même notre arrivée dans cette ville en fait. Depuis ce coup de téléphone qui m'a un peu remué, tout comme cet océan poussiéreux de souvenirs défaits et décousus dans lequel je me perds à mesure que le temps passe. Mon attention est attirée sur un point lumineux qui semble traverser le ciel, le marquant d'une trace que mes yeux suivent. Au fond de moi, je formule un voeux silencieux après cette vision. J'ai envie d'y croire.

A ce même moment, l'écran de mon téléphone s'allume, et le voyant clignote alors que cette unique source lumineuse s'éteint à nouveau. Est-ce que j'ai rêvé ou il m'a répondu ? Encore un signal bleu, indiquant un message non lu. J'ai l'impression que mon coeur manque des battements devenant aussi maladroit que je le suis par moment, comme s'il se ruait dans des escaliers pour être le premier à ouvrir la porte à cet invité venant de sonner. Il n'est d'ailleurs pas déçu lorsque je vois son nom. C'est comme s'il déborde de joie, accélérant de fait son rythme fou et boiteux d'un coeur déchu. « J’ai toujours raison, tu l’as quand même pas oublié ça ?! » Une simple question écrite qui m'arrache un léger sourire. Encore un homme pensant avoir la science infuse. Habituel après tout, et oui, je me souviens l'entendre dire ça depuis toujours en fait. Même si durant notre enfance, il donnait à ces mots une saveur bien enrobée de cet humour qui se force à travers ce simple message. Comme je m'y suis attendue, il me fait une remarque sur le fait que je ne dorme pas contrairement à mon habitude. « « A cette heure » : tu sais que tu devrais dormir, d’ailleurs ! Tu bosses pas, demain ? » Je m'en mords la lèvre. Je sais que je devrais dormir, là, maintenant. Mais ce n'est pas possible. Le marchand de Sable doit faire grève pour moi depuis ces deux longues dernières semaines. Allez savoir pourquoi. Ou alors, il m'oublie délibérément, estimant que j'ai accumulé déjà trop d'heures de sommeil dans toute ma vie pour réussir à survivre à ces longues semaines de presque nuits blanches. D'ailleurs, lorsque je me prépare le matin, j'ai même l'impression de partir pour une Zombie Walk sans même avoir besoin de passer par la case maquillage. Mal du pays, hein. Mal tout court, plutôt. Cela semblerait plus juste, et pourtant je ne m'y résous pas. Christopher m'aide déjà du mieux qu'il peut, il lui est juste impossible de faire plus pour moi. J'suis toute seule, à devoir me démerder comme une grande. Parfois, je me demande si je ne souffre pas de ce syndrome de Peter Pan tant j'ai du mal à grandir, ce qui est d'ailleurs étrange tant j'avais été dans l'idée de sauter dans la vie d'adulte il y a encore peu. J'en reviens au message, le relisant une fois de plus. Et lui, alors ? Il n'a pas l'air d'avoir trouvé le sommeil non plus. Je m'inquiète pour lui, malgré tout ce qu'il m'a dit l'autre jour. Faut quand même dire que j'ai vécu à ses côtés de bien nombreuses années, qui ne devaient pas toutes être lisses et étouffante, et que donc.. Quoiqu'il en dise, je ne peux pas faire une croix sur son nom. C'est juste impossible. « Pas sûr que tes patients aimeraient voir leur kiné leur baver dessus parce qu’elle s’est endormie sur eux ! » Et un sourire un peu plus prononcé. Je m'imagine la scène en fait. Moi, complètement éreintée, m'endormant sur place. Il y aurait de quoi bien se moquer de moi si ça devait arriver un jour. Bon, il n'a pas tort, il faut que je dorme. Mais, cette nuit encore plus que les précédentes, je n'y arrive pas. Mon palpitant se montre trop insistant et présent pour que je ne l'oublie pas. Mais je ne le comprends pas, ou alors.. « (Remarque, y’a des gens qui ont des délires étranges, alors qui sait...) » Là, je suis à nouveau obligé de mordre ma lèvre pour ne pas laisser un petit rire m'échapper. Je tourne alors la tête vers Christopher qui dort si paisiblement. Quel chanceux.. Des délires étranges ? Comme se faire masser avec la bave de son kiné ? Bizarre quand même. J'espère que ce n'est pas encore arrivé, ce serait vraiment déstabilisant si j'entends un jour l'une de ses choses. Evidement, je me doute que certaines personnes prennent un sacré plaisir à se faire masser.. Mais quand même, je n'aspire pas à prendre les traits de leur fantasme du moment.

Même si je ne tarde pas à écrire une nouvelle petite réponse, je prends tout de même le temps de relire son message une fois de plus.. Mais je ne prends pas le même temps pour relire ma réponse, que j'envoie par réflexe comme lorsqu'on finit un message en fait. Je me demande ce qu'il fait. Est-ce qu'il est devant l'une de ses sculptures ? Est-ce que je suis en droit de lui poser ce genre de questions ? J'en sais trop rien. Alors que je regarde à nouveau ce ciel sombre, je repose le téléphone près de moi, sur mon oreiller comme avant. Est-ce qu'il va me répondre ? Est-ce qu'il s'est endormi ? Aucune idée .. Je sais juste qu'il se passe des choses juste incompréhensibles.




Raph
Messagerie

Je ne l'ai pas oublié, ça, rassure-toi :). Et si, je bosse toute la journée. Juste un peu de mal à m'endormir en ce moment.. Au pire, si je leur bave dessus, ce sera une p'tite économie de crèmes pour masser ;). Et toi alors, t'as pas l'air de dormir plus que moi cette nuit.. ?

CREDIT > CHAUSSETTE

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyLun 14 Déc 2015 - 22:15
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


J’ne reste que quelques secondes, assis sur l’banc, l’illustration parfaite du pathétisme qui semble rythmer ma vie depuis quelques jours à présent. C’est Placebo, en poussant un p’tit couinement, qui m’fait revenir à moi. L’froid commence visiblement à avoir raison d’son envie d’traîner dehors. Qu’j’aimerai pouvoir en dire autant, être en mesure d’ressentir la morsure du vent qui balaie les rues en c’moment-même. Mais c’est comme si j’étais anesthésié, depuis quelques jours, j’ressens plus grand-chose, hormis un engourdissement qui m’envahit progressivement. J’sais même plus c’qui n’est qu’le fruit d’mon imagination et du deuil qu’j’tente d’faire depuis qu’j’L’ai perdu, c’qui n’résulte qu’du fait d’L’avoir revu, c’qui provient d’notre surprenante conversation SMS, et c’qui est engendré par Tumy. J’sais qu’elle est d’retour, mon doc’ m’l’a appris quand j’étais encore en Angleterre. J’ignore juste sous quelle forme elle a décidée d’faire son grand come-back, et à quel stade elle en est, à l’heure actuelle. Alors qu’j’me lève pour rentrer chez moi, j’me fais la réflexion qu’elle doit avoir encore mieux qu’un pokémon. Ouais, je sais, j’ai un humour à la con. J’appréhende les merdes qui m’tombent sur la gueule comme j’veux, OK ? Puis bon, vaut mieux en rire qu’en pleurer, nan, car d’toute façon, l’issue sera la même, alors bon... Tout en marchant, j’remets mon téléphone dans ma poche, m’allumant la 2nde cigarette tant attendue, ayant balancé la précédente dans la 1ère poubelle trouvée, dès qu’elle fut finie. L’allumer m’oblige à m’arrêter, c’qui n’est pas au goût d’Placebo, qui n’se cache pas pour râler. C’clébard, c’est bien mon chien, y’a pas à dire, il est en passe d’avoir un caractère aussi chieur qu’moi. « L’avantage, avec toi, c’est qu’y’aura toujours quelqu’un pour faire chier Gab’ quand j’serais plus là pour l’faire hein ! », qu’j’lance en reprenant la route, laissant un peu de moue à Placebo, avec la laisse, pour qu’il puisse gambader comme il le souhaite. Lorsqu’on arrive devant la porte, il parait enfin fatigué. « Ah, on fait moins l’malin maintenant, hein ! ». C’est sur ces paroles qu’j’ouvre la porte d’chez-moi. Bien qu’mon portable ait vibré. S’il n’y avait qu’moi à poireauter dehors, j’prendrais l’temps d’lire c’nouveau SMS, priant pour qu’ça soit bien d’Elle, mais j’ai un sac à puces qui semble pressé d’retrouver la chaleur d’notre maison, donc.... Ca attendra...

D’ailleurs, une fois Placebo libéré d’sa laisse, il m’fausse compagnie pour aller s’réfugier dans son panier, c’qui m’arrache un sourire amusé. J’sens, sans vraiment l’sentir, qu’mon corps s’réchauffe, après l’petit séjour qu’j’lui ai imposé en extérieur. J’en profite pour sortir mon téléphone, mes lèvres se resserrant encore plus autour d’ma clope alors qu’j’espère qu’ça n’soit pas pour lire un SMS d’un Edgecombe, mais bel et bien un provenant d’une personne qu’j’sais qu’il m’serait préférable d’oublier. Autant m’demander d’arrêter d’respirer, c’est bien plus facile pour moi ! Pour preuve, même sans m’le demander, ma respiration s’interrompt, juste en lisant qu’l’expéditeur s’compose d’quatre lettre à la con, 4 lettres qui en ont remplacés 6 autres, pour en atténuer la perte, mais qui ont tout autant d’importance à mes yeux : Elle. La seule appellation, La désignant, qu’j’m’autorise à avoir, ayant banni son prénom (bien qu’j’ai été obligé d’le prononcer à nouveau lorsqu’on s’est vu...). Quelle drôle de sensation, d’ailleurs, qu’d’avoir le souffle coupé et l’cœur qui s’agite comme s’il était un nouveau-né particulièrement brailleur.... Son « Je ne l'ai pas oublié, ça, rassure-toi :). » m’arrache un sourire amer : au moins une chose sur moi qu’Elle n’a pas oubliée. Même si j’aurais préféré qu’Elle s’souvienne d’l’amour qui nous unissait l’un à l’autre au lieu d’garder en mémoire l’fait qu’j’sois cabochard. A moins qu’ça n’soit précisément parce qu’Elle s’souvient parfaitement d’mon caractère d’merde qu’Elle est infichue d’se souvenir d’c’qu’Elle éprouvait pour moi, autrefois. Dire qu’j’avais réussis à la séduire, non pas une fois, mais deux fois, sans vraiment l’chercher la 1ère fois, et sans vraiment y croire la 2nde, et qu’là qu’j’ai vraiment essayé d’la conquérir... Que dalle.... Fait chier tiens.... Reconquérir la femme qu’aurait dû m’épouser : franchement, vous avez déjà entendu plus pathétique ? Non ? Bah, y’a pire : échouer ! Ca m’ferait p’têtre moins souffrir si j’avais fait un truc pour La perdre au préalable, alors qu’là, même pas. Pourtant, j’ai toujours su qu’rien n’était acquis pour de bon, c’était bien pour ça qu’j’m’ingéniais autant à La surprendre, d’temps à autre, pour entretenir la flamme. Mais l’amnésie a débarquée, dévastant tout sur son passage, broyant mes tentatives d’désengourdir la moindre parcelle d’Sa mémoire sur nous. P’têtre qu’j’m’y suis pris comme un manche. P’têtre qu’j’ai pas fait assez d’efforts pour Lui plaire une fois d’plus. P’têtre qu’si j’avais réussis à L’avoir à mes côtés ces fois précédentes, c’était uniquement parce qu’Elle m’voulait, qu’par un étrange coup du sort, j’Lui paraissais être c’qu’il y avait d’mieux pour Elle. Et qu’là, avec une mise à jour dans sa mémoire, l’toubib Lui paraissait nettement plus intéressant qu’moi. P’têtre qu’en fait, c’était mon destin d’La perdre. P’têtre qu’j’devrais juste m’estimer heureux d’L’avoir connue, et d’avoir partagé, trop brièvement à mon goût, Sa vie. J’sais pas, et à dire vrai, j’évite d’trop y penser, car ça m’fout automatiquement l’moral à zéro. Et il n’est pas déjà pas bien haut, en c’moment, alors bon, autant s’concentrer sur la suite d’Son message.... « Et si, je bosse toute la journée. Juste un peu de mal à m'endormir en ce moment.. » Ca, j’l’aurai parié, même si j’me demande c’qui La travaille autant. Très certainement l’déménagement, ça L’a sans doute pas mal déboussolée. A coup sûr, elle doit s’faire du souci pour certains d’Ses patients anglais qu’Elle affectionnait particulièrement, comme l’p’tit Yan, par exemple... Tiens, d’ailleurs, j’me demande c’qu’il devient, c’gamin. On va aussi éviter d’y penser, ça peut aussi finir par donner l’cafard. D’nouveau, j’quitte mes pensées, peu joyeuses, pour continuer ma lecture « Au pire, si je leur bave dessus, ce sera une p'tite économie de crèmes pour masser ;) » Une simple vanne, qui parvient à m’faire rire. Légèrement. Rire teinté d’un peu d’dégoût en imaginant la scène. Rire qui s’compose surtout d’douce mélancolie (quand j’vous dis qu’j’vire lentement maso !), parce qu’c’est typiquement une connerie qu’Elle aurait pu m’renvoyer, en temps normal. Mais plus rien n’est normal, entre nous. D’ailleurs, y’a même plus d’nous... Cette simple boutade m’met dans un état assez indescriptible, un mélange d’déchirement face à une routine qui n’sera jamais plus, d’chagrin d’me retrouver à Lui parler et réaliser qu’Elle est toujours fidèle à Elle-même sans pour autant être celle qu’j’ai connu et aimé et d’amertume parce qu’j’sais qu’j’m’en contenterais. Pathétique, j’l’ai déjà dis. Ouais, j’en suis réduit à grappiller des semblants d’restes d’Son attention. L’vif mépris qu’j’ressens à mon encontre m’fait serrer l’poing. Gauche. Vu qu’mon portable s’trouve dans ma main droite. Mauvaise idée, étant donné qu’mon pouce a connu une brève mais intense histoire d’amour avec un marteau, qui l’a visiblement marqué aussi intensivement qu’j’le suis d’mon histoire avec Elle. « Aïe, putain ! », est c’qui finit par m’échapper lorsqu’la douleur d’mon pouce, qu’j’broie entre ma main, s’réveille. « Bravo Raph, t’es d’plus en plus doué comme gars ! ». Faut bien s’complimenter, parfois, quand on s’trouve face à autant d’talents d’moi, qui vient quand même d’me faire saigner, à nouveau, ma blessure....

C’est donc en pestant contre moi-même qu’j’me dirige vers la salle de bain, pour changer mon pansement. Bon, par contre, ça serait bien mal me connaître si jamais vous pensez que, chemin faisant, j’m’amuse pas à terminer ma lecture hein ! « Et toi alors, t'as pas l'air de dormir plus que moi cette nuit.. ? ». Sa conclusion fait naître un soupir d’ma part. Comme si j’pouvais dormir, alors qu’Elle est passée d’plusieurs kilomètres à seulement quelques mètres d’moi. Comme si j’pouvais dormir alors qu’Elle n’était plus là pour m’dire d’aller m’coucher, pour m’sortir la tête d’mon boulot. Comme si j’pouvais dormir dans un lit qu’Elle n’réchauffait plus d’par sa simple présence. Comme si j’pouvais dormir alors qu’Elle n’est plus là pour s’coller à moi, en quête d’chaleur, Elle qu’était toujours glacée. C’est bien pour essayer d’pallier à Son absence qu’j’enchaîne aussi souvent les conquêtes, tâchant d’retrouver entre les bras d’ces inconnues un semblant d’ressemblance avec Elle, un semblant d’intérêt auquel m’raccrocher. Alors non, en effet, j’dors toujours pas. J’dors même moins qu’avant, parce qu’j’passe encore plus de temps dans mon atelier, du fait qu’celui-ci s’trouve désormais à domicile. Et j’ai personne pour m’donner l’envie d’le quitter et passer du temps en sa compagnie, car Elle a été la seule à réussir cette prouesse ! C’est donc en pestant encore plus, contre mon pouce, contre moi, contre mon cœur qui refuse d’battre pour une autre personne, qu’j’rentre dans la salle de bain. Le plus rapidement et le plus efficacement possible, j’me soigne à nouveau l’pouce, m’faisant la réflexion qu’si dans les jours à venir, j’perds pas mon ongle, c’est vraiment qu’j’aurais du bol (c’qui, au vu des événements d’la soirée, n’semble pas gagné d’avance !). Puis j’range tout mon foutoir dans l’armoire à pharmacie. Et lorsqu’j’referme celui-ci, j’ai comme un bug devant mon reflet qui s’dessine dans son miroir. J’ai vraiment une tronche.... pathétique. Ouais, j’crois qu’j’aime bien c’mot, j’vais l’adopter. Et m’acheter un poisson rouge qu’j’nommerais ainsi ! Ca ira bien avec Placebo, nan ? Bref, pour en revenir à mon reflet assez misérable.... Mes cheveux ressemblent à rien, on voit clairement qu’j’les peigne plus depuis des jours à présent, et ma barbe... Bah, disons qu’j’me suis pas rasé depuis plus d’dix jours, donc, elle a jamais été aussi « conséquente » que ça... Bon, par contre, j’vous arrête, j’me laisse pas aller au point d’plus m’laver hein, j’vous vois venir, vous, avez vos remarques à la con qui pullulent dans vos cerveaux dès qu’j’évoque ma tignasse qui ressemble à que dalle. C’est juste qu’le côté « tâcher d’bien s’présenter », j’l’ai laissé sur l’bas côté ! Quand j’dis qu’j’suis déphasé, j’suis dans l’vrai. Ma routine, d’toute façon, c’est manger (quand j’arrive à avoir un semblant d’appétit. J’pense qu’pour ça, Tumy doit être partiellement coupable !), bosser, m’occuper d’Placebo, sortir quelques fois, n’faire les courses qu’lorsque c’est nécessaire (et jamais à BH : pas envie d’tomber sur Elle. Pour ça même qu’j’utilise l’drive dès qu’possible !), donner quelques signes d’vie à mes proches (ils seraient capable d’me croire morts et d’débarquer ici !), et tâcher d’dormir. J’suis sûr qu’si j’continue comme ça, dans trois mois, j’ai un look d’homme des cavernes (ce que, soit dit en passant, j’évite d’imaginer, aussi bien niveau barbe qu’cheveux !). Oh, et j’oublie l’fait qu’j’ai gagné une nouvelle cicatrice, de par mon arcade sourcilière précédemment explosée. « Gamin ! », qu’j’me lance dans l’miroir, parce qu’j’ai vraiment l’impression d’me retrouver face à celui qu’j’étais, en tant qu’jeune étudiant qui démarrait les cours à Londres. J’sais pas trop pourquoi, une citation m’vient alors à l’esprit : « Il arrive qu'une femme rencontre une épave et qu'elle décide d'en faire un homme sain. Elle y réussit parfois. Il arrive qu'une femme rencontre un homme sain et décide d'en faire une épave. Elle y réussit toujours. ». J’sais plus vraiment d’où j’l’ai lu. Mais j’suis assez d’accord avec cette phrase. Enfin, partiellement, dirais-je : J’étais une épave, Elle a réussit à faire d’moi un homme bien à force d’efforts, d’patience et d’amour. Et sans l’vouloir, à cause d’Sa mémoire qu’a foutu l’camp, d’par Son absence et Son involontaire abandon, l’épave est d’retour ! « L’épave II », l’film qui sera prochainement sur tous vos écrans ! « Faudrait p’têtre qu’j’pense à dormir moi, j’commence à dérailler un peu trop là ! ».

N’supportant même pas mon reflet (qu’j’fuis depuis plusieurs jours, d’où ma surprise !), j’détourne mon regard du miroir, et j’finis par quitter cette pièce, pour retourner à mon bureau, dans mon atelier. Alors qu’j’tente d’connecter mes neurones pour Lui répondre, y’a Placebo qui débarque. Et qui s’roule en boule. Sur mes cuisses. J’lève les yeux au ciel en lui disant : « T’vas quand même pas, toi aussi, m’prendre pour un oreiller et un radiateur ? ». J’tente d’en rire, mais j’fais chou blanc. D’autant plus qu’le chiot s’en fout, il dort déjà même ! « Pot d’colle va ! T’pourras pas l’faire bien longtemps ça, t’sais ! ». M’enfin, j’suis aussi coupable hein, vu qu’j’sors pas des masses, Placebo n’connait qu’moi et est toujours fourré vers moi....Dans quelques temps, même roulé en boule, il tiendra plus sur mes cuisses, il aura trop de partie de son corps sur les côtés, et j’espère qu’il trouvera ça assez peu agréable et ne s’amusera donc plus à ça ! Car, faut l’avouer, c’est pas trop pratique quand, comme ce soir, j’ai dans l’idée d’essayer (j’ai bien dis « essayer » !) d’bosser. Même s’il faudra d’abord qu’j’nettoie la table (promis, j’me motive à l’faire dès qu’j’ai envoyé le SMS), et qu’j’fasse un nouveau dessin, l’précédent étant presque entièrement recouvert d’café. Mon regard glisse douloureusement dessus, alors qu’j’ressens, en l’voyant, un pincement au cœur. J’sais pas pourquoi j’ai fais c’dessin. J’l’ai pas vraiment choisit, c’est venu, comme ça. C’est Elle. Dans sa tenue d’pirate. Celle qu’Elle a porté un jour, en venant m’rendre visite à l’atelier, quelque temps après m’avoir annoncé Sa grossesse. A croire qu’j’ai involontairement pensé à c’moment-là en allant brièvement m’recueillir vers l’bateau pirate pour Jack. Blasé, j’pose ma tête contre l’bureau, ne m’préoccupant pas l’moins du monde du fait qu’il soit encore plein d’café. J’aurai préféré n’pas faire c’dessin. Car non seulement il m’rappelle d’foutus bons souvenirs, mais en plus, il m’fait penser à des choses qui n’seront jamais. Comme l’voyage en France qu’j’avais prévu pour nous. Et dont j’lui avais parlé c’jour-là. Voyage qu’on aurait dû faire quelques jours après mon expo, on avait même préparé, ensemble, ce qu’on allait faire pour l’occasion, parce qu’j’voulais qu’ce voyage nous plaise à tous les deux, qu’il nous serve aussi bien à nous reposer après de longs mois passés à bosser, qu’à profiter d’un petit moment rien que nous deux, avant la naissance du gosse. Il m’semble bien qu’j’ai toujours les billets et les diverses réservations dans un carton, d’ailleurs. J’l’ai déjà dis, mais j’ai des difficultés à virer n’importe quoi qui ait un rapport avec notre histoire....  C’est en sentant Placebo tenter d’bouger, l’pauvre s’retrouvant à moitié prisonnier entre mes cuisses et mon ventre, qu’j’reviens au présent. « Pardon ! », qu’j’lance à mon chien en m’redressant. Bon, allez, assez d’auto-apitoiement ! Faut qu’j’réponde ! J’ai assez traîné, même si j’suis plus rapide qu’la fois précédente, ma réponse part 20 minutes après qu’j’ai reçu la Sienne.

J’avoue, d’ailleurs, mais j’ai eu plus d’mal cette fois à Lui répondre qu’tout à l’heure. J’me sens comme un équilibriste, effectuant un numéro assez risqué, dans un équilibre pour l’moins précaire, oscillant entre la cruelle habitude d’La vanner comme avant, et un désir d’me préserver, car j’sais qu’Elle n’est plus mienne. Et qu’j’me sens quand même coupable d’Lui parler, avec autant d’familiarité qu’autrefois, alors qu’nous n’sommes plus rien l’un pour l’autre. Ca m’gênait pas autant, lorsqu’nous n’étions qu’ado, parce qu’c’était plus innocent, dans ma tête, qu’j’savais toujours qu’j’ferais jamais rien qui pourrait nuire à Riley, du coup, y’avait quand même quelques réserves, d’part et d’autre. Que là, c’est bien plus confus, dans ma tête. Il m’est impossible d’faire comme si j’ressentais rien pour Elle, d’éviter l’écueil d’la routine qui était la nôtre, il y a d’longs mois d’cela, d’retrouver la distance qu’j’ai automatiquement avec d’autres personnes, qui n’sont qu’des potes pour moi. Mais là, c’est Elle, et c’est... l’bordel... C’est pas parce qu’j’reste persuadé qu’Elle peut bien penser quelques minutes à moi, vu qu’moi, j’passe bien mon temps à penser à Elle alors que je le veux pas forcément, qu’j’sois fier d’la situation. Elle est promise à un autre. Et bien qu’j’l’aime pas, c’mec, j’respecte assez l’engagement qu’Elle s’apprête à prendre pour m’sentir honteux d’être dans une telle situation avec une future épouse. Même si, dans Sa tête, ça doit être nettement moins ambigüe qu’dans la mienne.... Pour ça qu’j’modifie plusieurs fois mon message, faisant disparaître le « Un assistant qui me bave dessus en guise de représailles si je traîne trop (c’est pas un kiné, par contre, c’est un chiot : on fait avec les moyens du bord pour s’assurer que les employés ne traînent pas !) » au profit d’un truc moins familier, à mon goût, mais aussi moins « moi » Lui répondant. Déjà que le reste est bien assez taquin comme ça, pas besoin d’en rajouter. J’veux Lui faire croire qu’on peut être des semblants d’amis, alors faut qu’j’agisse comme j’le ferais, si j’le pensais vraiment : vanneur, mais sans trop, car c’côte très facétieux Lui était exclusivement réservé. Puis bon, j’ai pas envie qu’Elle s’mette en tête qu’j’ai envie qu’Elle m’bave dessus. Et crevez pour qu’j’vous dise l’fond d’ma pensée sur l’sujet ! « Allez, vire ! », qu’j’lance alors à Placebo, une fois le message envoyé. J’pose l’téléphone sur l’bureau, m’surprenant presque en espérant qu’cette fois, elle dorme. Ca m’inquiète d’savoir qu’elle dort mal ces jours-ci. Et j’avoue qu’j’ai bien besoin d’essayer d’retrouver un peu mes neurones. Même si, j’vous l’cache pas, j’serais assez vexé qu’Elle s’soit endormie sans m’dire un p’tit mot avant, pour m’annoncer qu’Elle s’sentait sombrée dans les bras d’Morphée. Encore mon p’tit côté pathétiquement maso qui ressort, d’vouloir d’Son attention au point qu’Elle m’dise un truc banalement triste comme « bonne nuit » ou « à plus ».... J’me fais pitié, vraiment.... Bref, mes neurones, ils sont où déjà ? J’me mets à leur recherche, en nettoyant –enfin – la table. Mais, comme l’con qu’j’suis, j’conserve l’dessin d’Elle, qu’j’pose autre part, pour l’faire sécher. Puis j’me remets à dessiner, tandis qu’Placebo s’est terré dans son autre panier, qui s’trouve dans l’atelier.

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ElleJe ne l'ai pas oublié, ça, rassure-toi :). Et si, je bosse toute la journée. Juste un peu de mal à m'endormir en ce moment.. Au pire, si je leur bave dessus, ce sera une p'tite économie de crèmes pour masser ;). Et toi alors, t'as pas l'air de dormir plus que moi cette nuit.. ? Parfait ! Vas dormir, tu dis trop de conneries là : la seule bave qui marchera, c’est celle d’escargot (vantes des vertus thérapeutiques, tu crées une mode et tu deviens riche !) Et moi, j’ai un patron tyrannique (moi) qui veut que j’avance sur quelques projets, un assistant qui veille au grain, et j’ai jamais dormi beaucoup !© 2981 12289 0

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyMar 15 Déc 2015 - 19:56
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Il n'y a pas à dire. Cette nuit-là, déjà bien entamée, promet de ne pas être couronnée de sommeil de si tôt. C'est bien la première fois depuis très longtemps que je suis dans un tel état. Tout s'embrouille dans ma tête, j'ai cette impression que le sol se dérobe sous mes pieds tellement tout devient flou, incompréhensible et mélangé. Heureusement, je n'en viens pas à douter de ce couple que je forme avec Christopher, non. Enfin je ne crois pas. Mais j'en viens à douter de celui que j'ai formé avec Raphaël, comme si tout ce qu'il nous met sur le dos sonne bien étrangement. J'ai beau cherché, si je me souviens de quelques unes de nos disputes -enfin, me souviens.. C'est beaucoup dire !-, je n'ai pas ce sentiment d'une vague déception continue. Et c'est ça qui me bouffe le plus. Il me manque un énorme chapitre dans le livre de ma vie. J'ai du mal à reprendre le train en marche, comme si je me vautre lamentablement à chaque fois que j'essaie d'y monter et que je le vois partir, de plus en plus loin sans réussir à me faire une place dans ma propre existence. Déjà, je ne comprends pas pourquoi je lui ai envoyé ce premier message. Qu'est-ce que j'ai bien pu en attendre ? Quelle mouche m'a piqué, pour venir ainsi m'excuser pour ce spectacle de rue pour lequel on était tous deux acteurs ? C'est pourtant clair : il ne veut pas me voir, il ne veut pas me parler. Sans doute est-ce pour cette raison qu'il a décidé de quitter l'Angleterre. A cause de moi.. Ma main alors posée sur le drap à côté de moi se resserre dessus. Je suis certainement trop bornée dans mon idée du je ne crois que ce que je vois pour pouvoir lâcher du lest sur cette histoire. Et ça me bouffe, ça me ronge de l'intérieur. Ça me rend juste folle, au point de sacrifier des heures de sommeil -pourtant si sacrées !- au profit d'une quelconque quête de compréhension, de souvenirs. Je suis certaine qu'une fois que ce sera fait, qu'une fois que je saurai véritablement quel couple ingrat on a été, et bien .. Je serai en mesure de tourner la page. Je n'ai pas à me plaindre. J'ai un travail qui paie bien, d'ailleurs plus qu'à Londres vu que le cabinet m'appartient pour moitié, j'ai le beau duplex de mes rêves et un homme qui partage ma vie. Je soupire. Est-ce que c'est si égoïste que ça, de vouloir retrouver ces morceaux de puzzles perdus ? À cause de ça, j'ai l'impression de faire souffrir deux personnes en plus de moi. Christopher, bien entendu, puisqu'il n'a pas conscience de ce tourment qui m'obsède et qu'il ne mérite pas de connaître, il m'aide déjà bien assez. Puis Raphaël aussi. Ce geste de la main, ce regard qu'il a eu avant de partir.. Ces quelques mots qu'il a prononcé.. Tant de petits détails que je garde en tête, rien que pour moi. En parler à Sarah ? Ce serait presque suicidaire. Elle risquerait de lui en parler, et d'ainsi, me voir cataloguer -une fois de plus- comme la nana étouffante qu'il me reproche d'avoir été. En tout cas, même si mon corps réclame sa dose de sommeil, ma tête est bien loin de la lui accorder. Ça ne m'étonne pas, finalement, que je me tape des migraines à m'en cogner la tête contre le mur en ce moment. Quand je disais que ça me bouffe, ce n'est pas dit juste comme ça. Après une longue contemplation du ciel noir, mes yeux se ferment. Et pourtant, je ne dors pas. Impossible de tomber dans le sommeil. Est-ce qu'il va seulement me répondre ? Mais pour me dire quoi, maintenant ? Qu'il en a juste.. Marre de mes messages ? Que je devrai arrêter de lui en envoyer ? Christopher bouge un peu, me tirant momentanément de mes pensées, ce qui me fait tourner la tête doucement vers lui. Je remonte un peu la couverture pour mieux le couvrir vu la fraicheur de la soirée, toujours avec mon petit sourire. Les minutes passent, se ressemblant toutes. Je n'ai plus vraiment d'espoir d'avoir une nouvelle réponse de Raphaël. Il s'est peut-être endormi, finalement.

Ma lutte intérieure se poursuit, même si la fatigue rend les choses plus difficiles maintenant. Je dois encore plus me concentrer pour essayer de cerner ces choses manquantes. Sincèrement, si j'avais su .. Je serai restée à Londres ou je serai ailleurs en ayant refusé d'écouter Sarah et James. Au moins, toutes ces questions ne se seraient pas posées. Ou du moins pas si rapidement. Là, pour le coup, c'est juste horrible. Certes, ça ne date pas du seul moment où j'ai croisé la route de cet homme, mais déjà avant notre départ pour cette nouvelle ville. Et les choses se sont dégradées d'un coup face à cette rencontre. Oui, ça c'est passé ainsi. Une dégradation de mon état, à ne pas laisser à la seule faute de ce changement de décor, j'en suis largement consciente. Ne m'attendant plus à avoir de messages, je prends tout de même mon téléphone en main et je me mets à jouer à quelques petits jeux, dans le simple but de faire passer le temps, de me fatiguer encore un peu plus jusqu'à espérer réussir à fermer les yeux. Je ne me débrouille pas trop mal pour le moment, gagnant ma partie haut la main, jusqu'à ce que je voie, en haut de mon écran, l'arrivée d'un nouveau message. Personne ne m'écrit jamais à cette heure, mon côté marmotte n'étant un secret pour personne. Une partie de moi à envie de se ruer à lire ce nouveau message, y trouvant là une sorte de.. Plaisir. L'autre en tout cas est bien plus réticente, ne comprenant toujours pas pourquoi je me suis lancée dans ce plan foireux. J'ai peur, en plus, que Christopher voit ces échanges d'SMS. Pourtant, je ne devrais pas craindre cela. Il fait partie d'un certain passé après tout, et pourtant.. Ma tête posée de côté sur mon oreiller, je tiens le téléphone devant moi. En ouvrant ce nouveau message, je ne sais vraiment pas ce que je vais finir par y trouver. « Parfait ! » que je me souvienne qu'il dit avoir toujours raison ? Hum .. Un petit sourire se forme sur mes lèvres alors que je sens Christopher se rapprocher de moi, toujours en dormant. À croire que même ensommeillé, il garde un œil sur moi. « Vas dormir, tu dis trop de conneries là. » Des conneries ? Je ne faisais pourtant que rebondir sur ce qu'il a écrit peu avant. Comment interpréter son vas dormir ? Un conseil ? Un ordre ? Une façon de me dire, gentiment, de le laisser tranquille ? Je sais, je me mets à analyser tout et n'importe quoi. Mais depuis notre.. Rencontre dans cette ville, ses paroles -certes déstabilisantes, me mettent un certain coup de fouet. Je reste bloquée sur cette simple phrase, lui accordant sans doute bien plus d'importance qu'elle ne devrait en avoir. Je poursuis ma lecture, finalement. « La seule bave qui marchera, c’est celle d’escargot (vantes des vertus thérapeutiques, tu crées une mode et tu deviens riche !) » Je secoue doucement la tête de gauche à droite sur mon oreiller. La bave d'escargot.. Il n'est pas sérieux, là ? J'ai beau adoré les animaux .. Masser le dos d'un patient avec cette bave sous les mains, ça ne me dit pas grand chose de bien appétissant ! Après, je ne doute pas de ce genre de vertus.. La nature a énormément de choses à nous apprendre encore, si seulement l'homme prend enfin conscience qu'il est un vrai poison pour sa propre Terre. Et faut dire que je privilégie le plus naturel possible, même au travail avec mes crèmes. Je ne fais pas seulement ça pour moi, mais surtout pour les générations à venir. Ça aide d'avoir grandi à l'extérieur des grandes villes. Bref, je m'égare. J'en reviens à lire à nouveau le début de ce message pour me rafraîchir la mémoire. C'est fou, mais j'ai comme un coup de froid qui me glace des pieds à la tête. Je me fonds un peu plus sous ma couverture, ne laissant que le haut de ma tête en dépasser. Hors de question de réveiller Christopher qui dort si tranquillement, surtout en ayant mon téléphone en main.« Et moi, j’ai un patron tyrannique (moi) qui veut que j’avance sur quelques projets ... » Il bosse. À cette heure-ci, il travaille encore sur ses projets. Je fais un nouveau non de la tête. Lui aussi, il devrait plutôt aller dormir ! Alors que je lis ces mots, je suis loin d'imaginer que ceux qui suivent vont me plonger dans un brouillard encore plus aveuglant. « ... un assistant qui veille au grain ... » Allez savoir pourquoi, mais j'y lis très clairement unE assistantE, rien qu'à cause de l'heure avancée. Ça ne peut qu'être une nana avec lui.. Et bizarrement, j'ai comme un goût amer dans la bouche.. Comme si j'ai la moindre raison d'être... Non, pas possible. Mon sourire, pourtant, s'est évanouit, il n'est plus là. Mon regard fusille littéralement mon téléphone, mais je m'en aveugle. Je laisse ça sur le simple fait que je ne vais pas tarder à m'endormir. J'essaie de m'en persuader.. « ... et j’ai jamais dormi beaucoup ! » Je me souviens bien qu'il était toujours le premier réveillé, pour aller courir. Tiens, est-ce qu'en allant faire sa course matinale .. il ne m'évitait pas un peu ? Ce serait comme une sorte d'explication me permettant de me considérer comme un boulet, une entrave à la liberté. Un début d'une réponse pourtant si fausse.. J'ai soudainement besoin d'air, comme si j'étouffe sous ma couverture. Je sors ma tête de là, le téléphone toujours sous les yeux. Cette fois-ci, je réfléchis un peu plus à mon message, prenant quelques minutes pour l'écrire puis pour le relire. Une bonne dizaine de minutes se passent ainsi, silencieusement, sous l'obscurité d'une nuit étouffante.




Raph
Messagerie

J'y penserai, mais pauvres escargots quand même ! Ton patron tyrannique (toi), devrait te laisser aller dormir un peu.. C'est de l'esclavagisme à cette heure :/ ! T'as carrément une assistante maintenant. Ca ne rigole plus..  Va dormir, toi aussi. Juste quelques heures au moins.

CREDIT > CHAUSSETTE

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyJeu 17 Déc 2015 - 23:46
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


J’fixe la feuille blanche qui attend qu’j’la fasse disparaître sous un nouveau dessin, mais rien n’vient. Faut dire qu’mon regard, perdu dans l’vague, n’aide pas réellement à être en mesure d’y croquer quoi qu’ce soit. Enfin, sauf si j’veux réaliser un truc abstrait, et là, disons qu’c’est pas vraiment dans mes cordes. Déjà qu’même une esquisse quelque peu réaliste, j’serai pas capable d’vous la sortir. Dire qu’autrefois, Elle m’inspirait, qu’Elle soit auprès d’moi lorsqu’j’oeuvrais ou non, et voilà qu’là, Elle m’fait planter. Littéralement. Comme un vieil ordi qui tente d’faire une mise à jour super compliquée. Qui vous interdit l’accès à votre PC pendant plusieurs heures. C’qui vous fait regretter d’pas avoir un ordi plus performant, et surtout, d’avoir autant repoussé l’échéance d’la mise à jour. Bref, bien l’merdier quoi. Remarquez, ça m’empêche pas d’faire des comparaisons à la con d’ce genre-là, donc, on va dire qu’tout espoir n’est pas perdu pour mon cerveau ! Il n’y a qu’lorsque j’reviens enfin à moi qu’j’réalise qu’j’risquais d’attendre encore bien longtemps avant d’pouvoir dessiner, vu qu’j’m’amusais à faire rouler l’crayon entre mes doigts. « Heureusement qu’j’ai plus d’expo à préparer ! », est la remarque, amère, qui exprime à quel point cette situation m’tue. Dire qu’normalement, avec un peu d’chances, j’devrai être en train d’élaborer quelques œuvres pour ma seconde expo, vu qu’la première avait réussit à attirer, raisonnablement, bien entendu, l’attention sur c’que j’suis en mesure d’faire. J’serai même très certainement déjà en train d’savourer la quiétude d’la maison qui réunirait les membres d’ma famille, celle qu’on aurait dû construire ensemble. P’têtre qu’on aurait un autre gosse, ou pas, mais toujours est-il qu’on serait déjà parents. Des parents sans doute fatigués par leurs boulots, par leur marmaille aussi, mais foutrement heureux, car c’était là c’qu’on avait toujours désiré. Sans oublier qu’on serait enfin mari et femme, depuis début mai 2015. Indubitablement, ça n’serait pas toujours rose, entre nous, avec nos obligations pro et notre vie d’famille. Mais on serait quand même heureux, car toujours ensemble, et c’était bien là tout qu’on demandait d’la vie. « Fait chier tiens ! », m’échappe, tandis qu’j’glisse l’crayon sur l’une d’mes oreilles, pour, les mains dans les poches, aller jusqu’à mon ordi, qu’était jusqu’à présent en veille. Faudrait qu’j’pense à investir dans un casque sans fil, un jour, histoire d’pouvoir écouter d’la musique, (et d’me rendre sourd au passage, car si la musique n’couvre pas mes pensées quand j’bosse, ça sert à rien !), sans gêner mes pauvres voisins. Et sans avoir à faire gaffe à l’heure qu’il est. N’sachant pas vraiment quoi mettre, doutant qu’y’ait vraiment un seul titre au monde qui soit capable d’reconnecter mes neurones entre eux, cette nuit, j’laisse l’ordi puiser, aléatoirement, dans l’ensemble d’ma play-list. C’qui représente un sacré paquet d’possibilité, avec un peu d’chance, y’a bien quelques musiques qui m’sortiront d’ma léthargie. L’pire dans tout ça, c’est qu’j’suis même pas fatigué hein ! Loin d’là, en fait, là, j’sais qu’c’est mort, j’vais pas pouvoir aller m’coucher avant minimum une heure, voire plus, si Elle poursuit encore cet étrange échange d’SMS. Mon surplus d’énergie n’est en rien du fait d’ma consommation d’café, j’n’en ai pas ingurgité plus qu’d’habitude. Et j’en bois tellement, depuis.... toujours ou presque !, qu’j’suis pas vraiment convaincu qu’ça m’donne un regain quelconque d’énergie, vous savez ? Non, c’est juste.... Elle, et son curieux effet électrisant, qu’Elle a toujours eut sur moi, sans même avoir à s’forcer. Sans doute pour ça qu’j’bois nettement plus d’cafés depuis qu’j’L’ai laissé, vaine tentative d’ma part d’trouver un truc qui m’rebooste autant qu’Sa présence ou Ses mots. Même si là, paradoxalement, Son effet anéantit un peu ma capacité à travailler. La musique envahit peu à peu la pièce, qu’j’scrute du regard. J’sais pas si c’est l’heure qui m’fait dire ça, ou juste c’qui s’produit en c’moment, mais, là, bordel qu’j’trouve qu’c’est l’foutoir. Pourtant, ça n’est pas l’cas, la part consciente qui tente encore d’se faire remarquer en moi l’sait parfaitement. Mais j’le vois pas. Non, j’vois juste qu’j’ai pas nettoyer l’merdier, au centre d’la pièce, ayant été engendré par ma session d’sculpture. C’qui peut s’comprendre, étant donné qu’j’ai arrêté car j’me suis blessé, et qu’j’ai vu, par la suite, Son SMS, c’qui m’a un peu stoppé net, du moins, plus certainement qu’mon pouce. J’vois aussi qu’mon coin peinture est un peu en désordre, certains pinceaux dont j’me sers pas, et même certaines peintures inutilisées pour l’instant, n’sont toujours pas rangés. Un nouvel espace a récemment fait son apparition, et est incontestablement l’plus en bordel, du fait qu’j’suis en train d’tester la poterie et la céramique. Depuis qu’j’ai quitté l’Angleterre, estimant qu’j’avais fait l’tour d’l’origami (même si j’en fais encore d’temps à autre), j’m’adonne aussi au pop-up. C’est un truc qu’j’voulais essayer depuis un moment, à la lointaine époque où ma vie avait encore un goût d’paradis. J’Lui avais alors suggéré, après qu’Elle m’ait enfin présenté Yan, d’m’aider à faire un cadeau pour l’gamin. Histoire d’l’encourager encore plus face à sa lutte contre la maladie. J’avais prévu d’lui faire un p’tit pop-up qui l’mettrait en scène auprès d’ses super-héros préférés. Malheureusement, j’ai même pas eu l’temps d’commencer à réfléchir sur l’projet, vu qu’y’a eu l’accident.... Et, du coup, j’ai tenté qu’récemment... D’ailleurs, on peut voir certains d’mes essais trôner sur ma table fourre-tout, celle sur laquelle j’mets, normalement, mes projets en cours, ceux qu’j’ai couchés sur l’papier, du moins, les autres attendant toujours leur heure, dans un recoin d’mon cerveau. L’plus gros d’ces projets sont aux murs, y’a un paquet d’esquisses, d’œuvres à venir ou d’simples dessins visant à décorer les lieux. Y’en a tellement qu’on n’voit presque plus les murs, c’est pour dire ! Un dernier recoin d’l’atelier est consacré à la vannerie, même si j’avoue qu’ça fait un bail qu’j’ai délaissé cela. J’m’y remettrai un d’ces jours ! Et ouais, même si mon boulot « principal », celui qu’j’présente comme étant l’emploi qu’occupe la plupart d’mon temps, est sculpteur, il s’avère qu’j’me limite pas à ça. J’me considère plutôt comme un artiste touche-à-tout, tant qu’ça reste dans l’domaine d’l’Art Plastique, même si j’me trouve plus doué pour la sculpture et l’dessin. Néanmoins, il s’avère qu’j’me lasse assez vite, alors avoir plusieurs cordes à mon arc m’permet d’changer d’projet, dans la même journée, et donc, d’manière d’donner vie à mon imagination parfois un peu trop débordante à mon goût. C’est ainsi qu’il m’arrive d’bosser sur plusieurs projets à la fois, mais qui n’sont pas dans l’même domaine d’création pour autant. C’est nettement plus apaisant pour mon cerveau, qui va tellement vite qu’parfois, même moi, il m’perd ! Autour d’ma table bric-à-brac, j’vois d’ailleurs quelques dessins qui s’sont vus froissés, car n’correspondant pas au résultat escompté, et ayant été balancé, rageusement, au sol. Y’a aussi des chutes d’papiers qu’j’ai découpés pour les plier par la suite. Mouais, réflexion faite, c’est p’têtre l’bordel là. Et l’fait d’avoir un chiot n’aide guère à maintenir la pièce clean, Placebo aime à jouer avec tout c’qui passe à portée d’truffe ! M’voilà, contre mon gré, plongé dans une longue phase d’dressage canin : merci Gab ! Heureusement qu’j’ai vu, presque durant toute ma vie, les aînés Edgecombe, dresser nos chiens d’bergers, et qu’mon père m’a inculqué cet art, sinon, ça m’gonflera nettement ! Déjà qu’là, c’est parfois gonflant, du fait qu’Placebo soit constamment dans mes pattes, même quand j’bosse....

Sachant très bien qu’j’serais pas plus enclin à dessiner que je n’l’étais jusqu’alors, j’pousse un soupir sonore, qui a l’mérite d’attirer l’attention, endormie, d’Placebo, car celui-ci gigote dans son panier. J’jette un regard à la sculpture sur laquelle j’travaille, mais j’évite d’trop m’attarder, j’sais qu’à l’heure actuelle, y’a pas grand-chose qui m’plairait dans mon travail. J’chope, dans un rangement d’mon bureau fourre-tout, un drap, qu’j’étends sur ma sculpture. Un truc à la con qu’j’fais lorsqu’j’ai pas envie d’voir l’boulot sur lequel j’suis pour l’instant, ayant conscience qu’si j’m’attarde dessus malgré tout, l’truc finira par être pulvérisé, ou retravaillé, et qu’j’le regretterais dans quelques heures ! Toujours cacher l’œuvre, quand t’as pas envie d’voir sa tronche, et qu’elle est pas terminée : c’est une leçon qu’j’ai appris assez tôt, après avoir vu bons nombres d’mes essais avorter sur un coup d’tête. Une fois l’indésirable dissimulée, j’vais chercher mon téléphone, sachant très bien qu’avec la musique, même si elle n’est pas forte, j’risque d’pas forcément l’entendre. J’le glisse alors dans ma poche, puis j’me mets en tête d’nettoyer mon foutoir. C’est soit ça, soit courir, soit... du saut à l’élastique. Ouais, ça, ça m’plairait rudement bien ! Mais, vu l’heure, j’crains qu’ça n’soit guère possible. Sans oublier qu’ça serait p’têtre un brin suicidaire (c’qu’est pourtant pas mon intention, j’précise, vu qu’j’ai une « bombe à retardement » dans ma tête !). Quoi que, niveau adrénaline, là, j’devrai être servi ! Faudra qu’j’me renseigne pour voir si c’est pas faisable, j’suis sûr qu’Gab serait plus qu’partant ! Hey, après tout, faut qu’j’en profite, j’ai comme l’impression qu’j’aurai nettement moins l’occasion d’m’amuser, dans les mois à venir ! Ca n’est qu’partie remise ! (Bon, j’avoue qu’avec Gab, demain, après mon rendez-vous chez l’doc’, on a prévu d’se retrouver pour s’faire un p’tit saut en parachute, dans une ville voisine. On fête bien les diplômes des gens, et leur guérison, j’ai décrété qu’fallait fêter aussi la maladie. Parce que si on fête qu’les bonnes nouvelles, on s’amusera pas des masses, hein, à moins d’vivre dans un conte de fées ! Puis bon, suivant l’stade d’Tumy, j’vais sans doute devoir faire l’impasse sur l’sport, et sur presque tout c’qu’j’aime faire, alors j’compte bien en profiter tant qu’j’ai encore assez d’énergie pour ça !) C’est ainsi qu’j’me rabats sur l’ménage. Là, au moins, mon cerveau ne s’égare pas trop, c’qui n’est pas l’cas lorsque j’dessine ou qu’je sculpte. Faire l’ménage, même si j’ai jamais aimé ça, a toujours eu l’mérite d’couper, pour quelques minutes, mon cerveau. J’ai cependant pas l’temps d’faire grand-chose, car j’ai un nouveau SMS. C’qui m’vaut d’me figer, tenant la poubelle d’une main, et attrapant, d’l’autre main, mes brouillons qui n’ont pas passés l’cap d’mon exigence parfois démesurée. J’jette l’papier qu’j’ai à la main, et j’dépose la poubelle, n’pouvant pas résister plus longtemps à la tentation d’voir qu’Elle a bien pu m’répondre. Attrapant mon portable, j’peux m’empêcher d’espérer qu’ça n’soit pas un message d’Arnaud, qu’j’adore hein, mais à choisir entre une réponse d’mon neveu, et une, d’Sa part, ma préférence va à la 2nde possibilité, sans même qu’j’ai besoin d’réfléchir ! A nouveau, un sourire sans doute douloureusement con fleurit sur mes lèvres lorsqu’j’ai la confirmation qu’c’est bien Elle. J’fais un peu d’place sur la table, juste pour pouvoir m’y asseoir partiellement, et être ainsi plus à l’aise pour lire Sa réponse : « J'y penserai, mais pauvres escargots quand même ! » Les prémices d’un sourire apparaissent sur mes lèvres, mais celui-ci n’aboutit jamais. Bien entendu que ça me plaît de La voir renchérir, à nouveau, sur ma connerie. Bien entendu qu’j’La reconnais bien, là, dans Sa façon de s’préoccuper d’la sorte du sort d’une bestiole. Quand on était gosses, parfois, j’me disais qu’Elle bosserait avec les animaux, tant Elle aimait leur présence. Mais j’n’ai pourtant pas été surpris d’La voir devenir kiné, parc’qu’ça aussi, ça Lui ressemblait, Elle qui a toujours aimé aider autrui. P’têtre même qu’c’était pour ça qu’Elle m’a aimée, à l’époque, parce qu’j’avais besoin qu’on m’aide à réaliser qu’j’valais mieux qu’c’qu’on n’disait d’moi, mais aussi qu’on m’fasse voir l’monde à travers l’prisme des yeux d’une personne moins blasée qu’moi. Malheureusement pour moi, ça n’a pas duré... J’La reconnais bien dans Ses mots. Si j’étais maso, j’pourrai presque m’convaincre qu’tout est normal. Mais, l’coup d’massue m’tombe sur la gueule avec Son « Ton patron tyrannique (toi), devrait te laisser aller dormir un peu.. C'est de l'esclavagisme à cette heure :/ ! ». Parce qu’là, vu la récurrence d’un délire idiot qu’nous avions autour d’l’esclavagisme, Elle n’serait pas arrêtée là, Elle y aurait forcément fait allusion. Ou Elle s’serait attendue à c’qu’j’enchaîne dessus, du moins. Ou en aurait joué pour m’motiver à rentrer plus vite. J’secoue la tête pour m’forcer à poursuivre ma lecture, m’réprimandant mentalement pour qu’j’arrête d’analyser autant qu’ça Ses mots, d’les mettre en parallèle avec notre histoire... « T'as carrément une assistante maintenant. Ca ne rigole plus.. ». Et qu’il faut visiblement qu’Elle aille dormir, car Elle n’sait plus lire. On pourrait croire qu’j’y vois une étincelle d’jalousie dans Sa méprise, mais il n’en est rien. Parce qu’il est tard et qu’j’préfère donc voir là un effet d’la fatigue sur Elle. Parce que commencer à envisager qu’Elle puisse être jalouse d’une éventuelle assistante qui serait avec moi cette nuit serait sans doute l’meilleur moyen d’me balancer définitivement au bord du précipice qu’j’tâche d’éviter depuis Son 1er SMS. Parce qu’il est clair pour moi qu’Elle n’recherche qu’à entretenir des rapports conviviaux entre nous, sans doute sous l’influence de James et Sarah, qui lui ont p’têtre fait remarquer qu’ça serait con qu’on s’fuit comme la peste alors qu’on a grandit ensemble. Parce qu’il est tard et qu’il faut quand même qu’j’préserve l’peu d’cohérence mentale qui m’reste en fuyant tout espoir qui n’peut qu’s’avérer vain. Parce qu’Elle s’est fiancée... « Va dormir, toi aussi. Juste quelques heures au moins. » J’pose mon portable sur la table, qu’j’quitte quelques secondes, pour m’rendre vers la fenêtre d’l’atelier, et observer l’ciel nocturne, songeur. Qu’j’aille m’coucher. Elle en a d’autres, d’bonnes blagues d’ce genre ? Non, j’suis injuste : Elle tâche de s’montrer gentille, en faisant preuve d’autant d’sollicitude à mon égard, alors qu’j’ai agis comme un gros con, aussi bien au cours d’notre dernière rencontre en Angleterre, qu’lors d’notre première entrevue ici. Mais, au fond d’moi, j’Lui en veux. Parce qu’Elle est l’une des rares personnes sensées m’connaître par cœur, et Elle n’voit rien. Elle n’a pas vu, lors d’nos deux dernières conversations, qu’j’n’allais pas aussi bien qu’j’le prétendais. J’suis p’têtre un bon menteur, mais j’avais jamais réussis à La duper aussi aisément qu’ces fois-là. Même Erin, qui m’avait aidé à préparer mon odieux discours clôturant notre histoire, avait vu à travers mon jeu d’acteur, qu’elle m’avait pourtant aidé à peaufiner. Même Gab’, qui était déjà à BH à c’moment-là, et dont j’n’avais d’nouvelles qu’par SMS ou Skype, avait bien vu, à travers mes mots écrits, nos conversations téléphoniques, et même nos conférences visuelles, qu’j’n’allais pas bien. Même mon père, duquel j’ai pourtant jamais été franchement proche, a bien sentit qu’j’m’effondrais intérieurement, alors qu’il était venu, dans la maison qu’j’occupais alors avec Elle, m’donner un coup d’main pour mettre nos affaires dans des cartons. Il lui avait suffit d’m’observer faire le tri, alors qu’j’affichais un visage l’plus impassible possible, pour réaliser qu’j’avais menti. Bon, OK, j’avoue, il avait été aidé par ma mère, qui, elle, l’a vue, voire sentie, dès qu’elle m’a pris dans ses bras, l’jour où j’ai été lui faire savoir qu’j’quittais l’pays. La souffrance qu’j’contenais d’mon mieux, elle l’a ressentie, à travers une simple étreinte, et en a faire part à mon père, qui a tenté d’me faire voir les choses autrement, pour n’pas qu’j’parte. Dans l’fond, ça m’étonne pas tant qu’ça qu’mes parents m’aient grillés, au contraire, ça m’rassure : n’est-ce pas leur rôle d’veiller sur leurs enfants, d’deviner s’ils vont bien, en dépit des masques qu’ils affichent ? C’est aussi l’rôle d’Erin et d’Gab. Ce fut aussi l’Sien. A croire qu’j’suis devenu un meilleur menteur, après l’lycée, car lorsqu’nous étions ados, il Lui était aisé d’déchiffrer la vérité à travers les mots qu’j’employais. Oui, j’Lui en veux de n’plus essayer d’me comprendre, d’chercher à voir au-delà des apparences qu’j’renvois. Mais j’Lui en veux surtout parce qu’en dépit d’Son amnésie, en dépit du fait qu’j’ai l’impression, comme après Son réveil, d’me retrouver face à la même personne qu’j’ai connu sans qu’ça n’soit pourtant la même, j’L’aime toujours.

J’secoue la tête pour m’reprendre, et j’me dirige vers mon portable, dans l’but d’Lui répondre. Que ne donnerais-je pas pour qu’Elle s’souvienne au moins d’l’amour qu’j’éprouvais pour elle ? J’aurai presque préféré qu’Elle s’trouve bien trop différente d’celle qu’Elle avait été jusqu’alors, et du coup, estimer qu’il était préférable pour nous d’s’arrêter là. Car nous n’en serions pas là. Dans une situation aussi con, avec, d’un côté, Elle qui m’envoie des SMS, s’trouvant sans doute dans l’lit qu’Elle partage avec son nouveau mec, et moi, qui Lui répond et attend avec avidité d’La lire à nouveau. Elle saurait alors qu’ça m’ferait mal à en crever, d’faire comme si nous pouvions réellement n’être qu’des semblants d’amis. J’aimerai Lui en vouloir d’me faire vivre ça, mais j’en suis même pas capable. Parce qu’outre l’fait qu’Elle soit amnésique, c’est juste au-delà d’mes forces. Que l’amour rend con. J’prends quelques minutes pour Lui répondre, veillant à m’relire, dans l’but d’rester l’plus neutre possible. J’suis cependant interrompu, parce qu’j’reçois un autre SMS. D’Arnaud, cette fois-ci. Mais il attendra, j’ai une blonde à envoyer au lit (malheureusement pour moi, pas pour m’retrouver, mais bon, chacun son fardeau !) Quant à moi, bah.... Honnêtement, j’ai toujours pas envie d’dormir. Puis y’a un canapé dans mon atelier, alors si vraiment j’suis claqué, j’irai m’y coucher. J’ai la chance (si on considère ça comme d’la chance), d’pouvoir m’endormir n’importe où, si j’suis assez fatigué pour ça. Pis moi, contrairement à Elle, j’ai pas besoin d’me lever à une heure précise, demain. Si j’veux faire la grasse mat’, j’peux. Bon, j’le ferai pas, parce qu’c’est pas dans mes habitudes. J’ne traînais au lit, à l’époque, qu’pour rester un peu plus longtemps en Sa compagnie. Sans oublier qu’aujourd’hui, y’a Placebo. Et qu’il va m’décaniller demain, aussi bien pour avoir à bouffer qu’pour sortir. Et qu’j’dors pas non plus hyper bien, d’toute façon. On m’a prescrit des somnifères, après l’accident, pour qu’j’parvienne à dormir un peu, à m’reposer un peu. Pour essayer, surtout, d’dormir d’un sommeil dépeuplé d’rêves, mon monde onirique s’voyant envahit par des flashs d’cette maudite nuit. J’les ai refusé en bloc, refusant sans doute d’être trop K.O., si jamais l’hôpital devait m’appeler, pour m’parler d’l’évolution d’Son état. Récemment, y’a un doc’ qu’a tenté d’me prescrire des antidépresseurs. Il a vite arrêté d’vouloir me les vendre, car j’pense qu’ma proposition d’les lui coller dans un endroit d’son anatomie n’la guère branché. Total ? Bah, j’dors soit très peu parce qu’j’refuse d’aller m’coucher sans être assez claqué pour faire fuir l’plus possible d’éventuels cauchemars, soit j’dors très mal car j’suis pas assez claqué et qu’mon cerveau joue avec mes nerfs. Pour ça qu’j’me tue autant au travail, qu'j'abuse autant d'sport et qu'j'm'agite autant en général. Et qu’j’m’amuse à draguer plus qu’de raison, j’espère qu’ces nanas d’passage m’aideront à trouver un semblant d’sommeil reposant.... Une fois mon message envoyé, avant même d’lire celui d’mon neveu, j’m’approche d’un d’mes tiroirs, pour y sortir un collier. Qui m’quitte très rarement, et n’est jamais bien loin d’moi lorsque j’ne l’porte pas. Suspendus à une chaîne quelconque s’trouvent nos Claddagh. Comme pour prolonger Sa présence à mes côtés, j’enfile l’collier, alors que je n’le porte jamais pour dormir. Mais, c’soir, plus qu’jamais, j’ai besoin d’ses bagues, comme s’il m’fallait une preuve concrète qu’nous avons bien été l’centre du monde d’l’autre. A croire qu’une partie d’moi espère ainsi parvenir à dormir un peu mieux. Douce illusion, j’sais bien, y’en faudra beaucoup avant qu’j’parvienne à retrouver l’sommeil réparateur qu’on guette tous ! J’reste quelques secondes, ma main serrée autour d’ses bagues, plongé dans mes pensées, que j’ne quitte qu’lorsqu’j’me souviens qu’Arnaud attend sans doute une réponse. J’ai d’ailleurs du mal à m’concentrer sur son message et ma réponse, mes pensées dérivant souvent auprès d’une certaine blonde, qui, j’l’espère, s’est enfin décidée à aller dormir.

code by Silver Lungs


ElleJ'y penserai, mais pauvres escargots quand même ! Ton patron tyrannique (toi), devrait te laisser aller dormir un peu.. C'est de l'esclavagisme à cette heure :/ ! T'as carrément une assistante maintenant. Ca ne rigole plus..  Va dormir, toi aussi. Juste quelques heures au moins. Tu vas juste les faire baver, ça reste plus soft qu’en France ! Le patron refuse : il a déjà laissé l’assistant aller dormir dans son panier et rêver de ses prochaines croquettes, il exige que je bosse encore 1h ! File dormir toi, contrairement à moi, tu ne peux organiser tes horaires à ta guise ! Et en plus de baver sur tes patients, tu vas les effrayer avec des cernes ! Certains sont fragiles, penses-y ! Allez, coupe ce portable et ferme les yeux ! © 2981 12289 0

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyVen 18 Déc 2015 - 15:38
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Y'a des nuits comme ça, pendant lesquelles il ne sert à rien de lutter contre un sommeil qui tarde à pointer le bout de son p'tit nez. Je ne suis décemment pas assez tranquille pour ça, mes pensées sont trop en vrac. Et y'a des choses, des ressentis, des sensations que je ne peux juste pas ignorer lorsque je ferme les yeux. Oui, c'est mon inconscient qui parle pour moi en ce moment. Et j'ai l'impression d'être face à une énigme incompréhensible, un puzzle géant dont il manque des pièces. Et je ne supporte pas ça. Cette silhouette sans visage me berce de son odeur, de ses gestes, de ses mots.. Et pourtant, elle semble si étrangère à Christopher. Ce ne sont pas des souvenirs de dispute, non. Mais des instants d'une complicité sans faille. Raphaël dit ne pas pouvoir m'apporter d'aide face à tout ça, mais .. Je mets mes petites mains sous mon oreiller, sous ma tête pour les réchauffer de cette froideur qui vient à nouveau m'entourer. J'en viens presque à regretter d'avoir envoyé ce premier message. Sans doute que sans ça, j'aurai pu trouver le sommeil plus rapidement, laissant cette silhouette de côté, la repoussant presque même pour demeurer dans les bras de Christopher. Sincèrement, perdre la mémoire, c'est quelque chose que je ne souhaite à personne, pas même à mon père -c'est pour dire-. Il n'aurait plus conscience de ce qu'il m'a fait endurer, autant qu'il se souvienne les raisons pour lesquelles je l'ai viré de ma vie. Et pourtant, nul ne peut ignorer à quel point il me dégoûte et me rend folle. Ça, en tout cas, c'est vraiment une valeur sûre. Puis, même si j'avais oublié cette période de ma vie, cette enfance entachée de coups, les marques sur mon corps seraient là pour me la rappeler. Bon, d'accord, à bien chipoter, quelqu'un aurait pu me mettre en tête que ce sont les restes d'un accident passé. Il faut dire qu'avec ma maladresse légendaire .. Ça n'aurait même pas été bien étonnant. Si seulement j'étais seulement consciente d'être manipulée pour autre chose. Mes mains toujours sous l'oreiller, je relève à nouveau mon regard vers cette nuit noire que j'apprécie plutôt bien. Elle illustre à merveille le chaos qui se passe dans ma tête. « Arrête d’flipper : il t’prendra pas forcément pour un boulet, putain ! Ça, c’était notre histoire. » Notre histoire .. En repensant à ses paroles gravées dans ma mémoire, je referme mes yeux. Faire ce simple geste tend à me donner ce courage de ne pas tout envoyer en l'air sur un coup de tête. Sans doute a-t-il raison, mais bon sang.. Pourquoi tous ces mots s'entrechoquent comme ça dans ma tête ? Pourquoi donc est-ce qu'ils me semblent si injustes ? Pourquoi.. Pourquoi ... Tellement de pourquoi, trop sans doute même ! « Et d’ton côté, j’crois qu’t’en avais marre aussi. » Si seulement j'arrivais à me contenter de ça. Mon cœur se serre en moi, il n'est pas bien le pauvre. J'ai l'impression qu'il me lâche tout simplement. Ça me fait mal de repenser à ces mots, alors que dans ses messages, ce soir, il se montre tellement plus agréable, voire même.. Soucieux de mon incapacité à dormir ? Il n'en est pas à me traiter d'erreur et de boulet. Est-ce qu'on peut repartir sur des bases sereines ? Je l'espère bien. Après tout, j'ai passé tellement d'années à ses côtés pour vouloir -et pouvoir- les mettre de côté. Malgré ce qu'il me dit, j'ai besoin de recoller avec les bons moments qu'on a vécus. Il y en a eu, forcément, c'est obligé. Et même si je veux me tourner vers l'avenir, avec Christopher .. J'ai besoin de répondre à cette tonne de pourquoi. Silencieusement, je soupire. J'en suis au point de ne même pas savoir si je vais retrouver cette facilité que j'ai à passer des nuits sans fin, sans me réveiller. J'en suis au point de douter de tout et de tout le monde, surtout de moi. Je m'en mords la lèvre, de loin pas de gêne face à un compliment, mais bel et bien parce que j'ai l'impression que cette vie que je mène, bien que merveilleuse.. Je ne la mérite pas. Qui suis-je ? Vaste question. Je suis comme une p'tite fille qui sait pertinemment qu'elle fait quelque chose bien hors des règles qui s'imposent à elle vu la façon dont j'attends ces quelques mots écris sur un écran. Et ce mal de crâne qui m'arrache une moue de douleur.. J'en suis presque à oser réveiller mon cher doc pour lui dire à quel point tout résonne dans ma tête et le supplier de me donner quelque chose pour calmer tout ça. Je ne suis pourtant pas une douillette, j'arrive à supporter la douleur. Mais là, avec mon cerveau qui pédale comme un cycliste en plein chrono sans pour autant apercevoir le sommet de la première montée, c'est juste horrible. Tellement de contradictions, tellement d'interrogations. Je me calme doucement en sentant Chris venir contre moi dans son sommeil -une chance qu'il ne me voit pas éveillée à cette heure-ci-, passant un bras autour de moi pour m'attirer à lui. Un mince sourire se cale sur mon visage et j'essaie, oui, j'essaie, de mettre tout ça de côté pour essayer de basculer dans le pays des rêves. « Pour moi, t’es plus qu’une vieille connaissance qui m'rappelle pas forcément d'bons souvenirs... Arrête de t’donner plus d’importance qu’tu n’en as ! » Mon regard se teinte dangereusement en pensant à cette phrase-là en particulier. Je ne suis vraiment pas prête à dormir en fait. Pas forcément sous-entend qu'il y en a eu, de bons souvenirs. Ma vie amoureuse ne pouvait pas être si chaotique avant ce fichu accident. Et c'est sans doute ça que je recherche, à me souvenir de ces bonnes choses pour me prouver que je n'étais pas si insupportable que ça. C'est comme si je me rapproche de ces pièces manquantes, qui sont juste ternies, dépourvues de couleurs et de forme bien précise pour retrouver leur place et redonner un sens à mon passé. Je les sens, je peux les frôler du bout de mes doigts. Mais, ma main n'est pas encore suffisamment assurée pour s'en emparer et les replacer dans leur contexte. Si je me concentre assez, je peux presque entendre des voix lointaines et certaines paroles échangées. Ma voix me parait claire contrairement à celle de cet homme qui me répond. Un sentiment que je redécouvre depuis peu. C'est comme si je réapprenais à écouter et à voir mon passé. Finalement, il faut reconnaitre que partir loin de Londres m'aide, dans un sens, à accélérer cette rencontre avec l'ancienne Gaëlle. Oui, je me voile la face en n'osant pas m'avouer que ça s'est nettement accentué depuis deux semaines. Ma tête est au bord de l'implosion tellement ça bout à l'intérieur.

Je décide finalement de laisser l'une de mes mains s'échapper de dessous l'oreiller pour se poser sur le bras de Christopher, en toute délicatesse pour ne pas le réveiller. Lui, il a la chance de dormir comme un loir, autant qu'il en profite. Ses journées sont aussi longues et interminables que les miennes. Il a besoin de repos. Je ne lui en veux pas de me laisser éveillée seule, d'ailleurs, il ne se doute pas que la nuit me fasse défaut. Je sens presque son souffle sur moi, me prouvant qu'il s'est vraiment rapproché. Curieuse comme je suis, je me demande même de quoi il peut bien rêver. Reportant mon regard vers mon téléphone, son écran s'allume au même moment, m'indiquant la réception d'un nouveau message. Comme par hasard.. Mon cœur est si recroquevillé que je le sens battre fébrilement alors que ma tête m'ordonne de mettre fin, de suite à ces échanges qui sont déjà loin d'être innocents. Ma main s'empare de mon p'tit téléphone pour ouvrir ce nouveau venu. « Tu vas juste les faire baver, ça reste plus soft qu’en France ! » Il n'a pas tort. Ils ne connaîtraient pas le destin tragique de leurs cousins français qui finissent dans une assiette. Déjà que je ne suis pas vraiment fan des viandes en tous genre, alors manger des escargots, très franchement.. J'aurai du mal. En France. Voilà que je tape un gros bug devant cette simple évocation de pays. Un souvenir s'impose dans ma tête, tellement plus décodé que le reste, qu'il ne peut qu'être vrai. Je me souviens.. Je me souviens qu'on devait visiter ce pays non loin de notre Angleterre natale. Je me souviens que c'était une sorte de surprise qu'il voulait me faire. Mon petit palpitant semble sortir de sa bouderie et de sa grande peine face à cette révélation presque inattendue. Oui, ça me revient doucement cette histoire de voyage en France. Dommage que cela ne se soit jamais fait. Je ferme les yeux, devant me faire à l'idée de ce projet vraisemblablement abandonné alors que je viens à peine de m'en souvenir. Ça aurait été tellement bien.. Surtout que.. J'entends presque la voix de Raphaël me parler de cette petite virée alors que j'étais allongée dans cette chambre que trop blanche et perdue dans un autre monde. Enfin, j'ai réussi à me souvenir de quelque chose de concret, et pourtant, je sais que tout n'est pas gagné et qu'il me reste un si long chemin à faire pour en retrouver d'autres. Je referme mes yeux, gardant l'écran devant moi, tout en m'insultant silencieusement d'être aussi incapable de faire jouer ma mémoire pour d'autres choses qui me seraient pourtant si utiles. Je me ressaisis alors pour poursuivre ma lecture. Comme quoi, parler d'escargots peut avoir un effet fou ! « Le patron refuse : il a déjà laissé l’assistant aller dormir dans son panier et rêver de ses prochaines croquettes.. » Et là, je me dis que je ne vais vraiment plus bien, là, à m'être fait un film au sujet de mon ancien.. fiancé et de l'une de ses possibles conquêtes. Un rire nerveux menace de s'échapper de mes lèvres alors que j'ouvre les yeux sur l'absurdité de la chose. Après tout, j'ai rien à dire, moi, l'erreur de sa vie et surtout la future de Christopher. Un léger sourire se reforme sur mon visage cependant, en imaginant la boule de poils qui lui sert d'assistant. Faut dire que j'ai toujours rêvé d'avoir plein d'animaux chez moi. Une chose qui n'est pas tellement du goût de Chris, malheureusement. « .. il exige que je bosse encore 1h ! » L'heure tourne si vite, que je me dis qu'il est juste fou de bosser encore à ce moment, allongeant même sa tâche d'une bonne heure. Mes yeux restent figés sur cet écran alors que j'essaie d'imaginer ce qu'il peut être en train de faire. « File dormir toi, contrairement à moi, tu ne peux organiser tes horaires à ta guise ! » Pas faux. Même si je peux moduler mes journées pour me dégager certains créneaux pour mes propres rendez-vous ou ce genre d'impératifs, je ne peux pas m'improviser kiné de nuit ou du p'tit matin pour être plus précise. Je ne sais pas comment interpréter -oui, toujours ce mot !- ce file dormir. Encore un ordre ? Un conseil ? Une façon de dire, malgré tout, qu'il s'inquiète de me savoir encore les yeux ouverts ? « Et en plus de baver sur tes patients, tu vas les effrayer avec des cernes ! Certains sont fragiles, penses-y ! » Les cernes, c'est déjà fait. Ça me fait sourire de lire ces mots tellement plus légers et sans connotation négative. Bon, faut dire que beaucoup de mes nouveaux patients sont ravis de voir une p'tite jeunette reprendre la place d'associé, ils n'hésitent pas à me le dire. Ce qui me gêne un peu. Je ne suis pas sans ignorer que les séances -surtout de massage-, peuvent avoir un certain effet sur quelques personnes. Heureusement, je pense que c'est une très petite minorité. « Allez, coupe ce portable et ferme les yeux ! » Le petit mot de la fin qui m'arrache presque un petit rire. C'est vrai, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de sourire rien qu'en lisant ses messages. Comme s'il mettait enfin de côté ce dégoût qu'il a pour moi pour, sans doute, être vu comme un ami. Qu'est-ce qu'il dirait s'il savait que je ne dors plus des masses depuis notre rencontre dans cette nouvelle ville ? Elle est tellement plus petite que Londres, on va forcément être amenés à se revoir..

De ma main toujours posée sur le bras de Christopher, je laisse mon pouce frôler sa peau comme si ma tête se fait violence face à l'allégresse de mon p'tit coeur. C'est de façon parfaitement inconsciente que je lui réponds de suite, la fatigue ne m'encourageant pas non plus à lutter contre cette sorte.. d'automatisme rédactionnel. Message envoyé..




Raph
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Dommage qu'on n'ait jamais eu la chance de pouvoir y aller, en France.. Pas pour manger des escargots par contre x) T'as un chien ? Trop chou ! Mais, envoi le bouler un peu ton boss. Et t'en fais pas pour les cernes, ils y sont habitués ;)
Bonne nuit, ne tarde pas trop. Par contre, je ne ferme pas les yeux avant d'avoir reçu un p'tit "bonne nuit", moi aussi.

CREDIT > CHAUSSETTE

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptySam 19 Déc 2015 - 19:00
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


Il m’faut bien des efforts pour m’concentrer et envoyer une réponse à Arnaud, réponse qui semble un tant soit peu normale, même si je suis loin d’être dans un état normal. Cependant, j'me presse, désireux de m'débarrasser d'ce portable. La réponse que j'Lui ai envoyé un peu plus tôt tourne encore dans mon esprit, et j’en viens à m'demander si j’ai pas été trop loin. J’sais pas vraiment où s’situent les limites, dans notre étrange situation, et l’habitude de m’adresser familièrement à Elle risque de m’jouer des tours, j’le crains bien. P’têtre qu’il aurait été préférable que je n’Lui réponde pas, ça m’aurait évité d’me tourmenter comme ça, pour savoir si j’dépasse pas des limites qui m’sont à présent interdites, et, pour être honnête, inconnues. C’est pas comme si j’avais une tonne d’amies, car rares sont les femmes en mesure d’m’apprécier plus qu’quelques courtes heures. Dès qu’elles commencent à voir à quel point j’peux être chiant, c’est dingue, mais elles décampent bien vite ! Donc, mon entourage féminin est, bien souvent, constitué uniquement d’ma famille. Bon, quand on voit l’ampleur d’celle-ci, on peut pas non plus dire qu’ça manque d’gonzesses, hein, mais étant donné qu’elles sont d’mon sang, ça compte pas vraiment. Pas qu’j’en considère pas certaines comme des amies, mais vous avez, j’pense, j’espère pour vous, compris l’idée. Mais l’lien d’sang fait qu’elles sont soit plus patientes avec ma connerie, soit elles sont aussi chiantes qu’la majorité des Edgecombe et m’envoient paître dès qu’j’les emmerde un peu trop. Puis bon, clairement, y’a pas d’ambigüité dans c’qu’on s’dit. Puis, pour être honnête, même avec les rares nanas qui sont dans mon entourage sans faire partie d’ma famille, y’a jamais eu d’ambigüité, du moins, pas d’mon côté. Et si jamais j’en sentais d’leur côté, j’mettais tout d’suite un coup d’frein à c’merdier. Même dans mes histoires sans lendemain, j’ai toujours été clair dessus. Donc, là, j’navigue dans des eaux inconnues. ‘fin, pas totalement, c’est en quelque sorte une nouvelle version d’nous, ados. Sauf qu’le seul autre point commun avec cette époque, c’est qu’j’L’aime toujours, mais qu’j’ai encore moins l’droit qu’avant d’La désirer. « Mets-toi dans l’crâne qu’Elle est bientôt mariée, bordel ! ». C’est en grimaçant qu’j’balance ces mots, qui m’font l’effet d’un poignard en plein cœur. Mais au moins ont-ils l’mérite d’me ramener assez sur Terre pour être en mesure d’répondre à mon neveu. Une fois débarrassé d’cette corvée, j’balance mon téléphone sur l’canapé, ne m’souciant pas l’moins du monde d’la possibilité qu’il s’écrase au sol, ou contre l’mur, plutôt qu’sur l’canapé. Peu m’importe, dans l’fond. En fait, p’têtre qu’j’le souhaite, même, qu’il s’éclate d’la sorte. Ca serait un signe pour moi, l’signe qu’il fallait mettre un terme à c’merdier. J’suis bloqué à BH, pour l’instant, car il est hors d’question qu’j’laisse Loan seule avec notre gosse, mais c’est pas obligé qu’j’La revois et qu’j’entends à nouveau parler d’Elle si j’le veux pas, non ? Mais, au fond, j’le veux, presque aussi intensément qu’j’L’aime encore, presque autant qu’j’voulais L’épouser et qu’j’voyais qu’Elle dans l’rôle d’la future mère d’mes gosses. « Comme quoi, tout change... », dis-je, amer, alors qu’mon téléphone atterrit mollement sur l’canapé. J’pousse un soupir en m’remettant au ménage. Ca devrait m’permettre de déconnecter rapidement mon cerveau.

Il n’s’écoule cependant qu’quelques misérables secondes avant qu’mon téléphone n’attire à nouveau mon attention. Comme quoi, mon cerveau n’était pas encore assez déconnecté, car une partie d’mon attention était encore focalisé sur l’mobile. Pourtant, il est en silencieux, mais l’léger bruit qu’il fait lorsqu’il vibre, m’attire, tel du miel capte l’attention d’un ours. Comme quoi, mes bonnes résolutions n’étaient qu’des paroles en l’air... J’abandonne aussitôt mes tâches ménagères pour m’rendre vers l’canapé, empressé d’lire Sa réponse. Mais mon cœur, qui tambourine d’plus en plus bel depuis qu’il a été éveillé, une fois encore, par l’portable, chute de bien haut en réalisant qu’c’est une fausse alerte, qu’il n’s’agit que d’Arnaud... Celui-ci m’demande, en substance, si j’vais bien, m’ayant trouvé bizarre dans ma précédente réponse. « Maudit soient les Edgecombe qui réfléchissent encore en pleine nuit ! » J’relis brièvement la réponse qui l’a visiblement poussé à s’poser des questions sur mon état d’esprit, et j’trouve pourtant pas qu’elle sonne comme particulièrement alarmante sur ce dernier, j’y suis aussi charrieur et grognon qu’d’habitude, lorsqu’il s’prend la tête pour une gonzesse. Et encore, parfois, j’peux faire pire qu’ça, alors bon... « T’inquiète. C’est juste que je suis fatigué parce que j’arrive pas à créer comme je le veux, et à cause du dressage de Placebo, mais inquiet parce que les Edgecombe juniors comme toi semblent incapables de se débrouiller sans moi ! » Voilà qui devrait l’rassurer, j’pense. Sinon, bah... tant pis... D’toute façon, comment les miens peuvent véritablement s’imaginer qu’j’aille bien ? La seule vie à laquelle j’aspirais, j’en ai été privé en l’espace de quelques minutes seulement, lors d’ce maudit accident d’voiture ! (Que ne donnerais-je pas, d’ailleurs, pour remettre la main sur c’connard d’chauffard et lui démolir la gueule. Quitte à aller en taule, au point où j’en suis, j’en ai même rien à foutre, vu qu’j’ai plus à rien à perdre, tout c’qui m’importait, j’l’ai déjà perdu !) La seule personne qu’j’ai aimé, sans doute jusqu’à la déraison, ne m’appartient plus. J’pensais pourtant pas être trop exigeant avec la vie, j’demandais rien d’extravagant, hormis Elle et la famille qu’on souhaitait s’construire. J’demandais ni la richesse, ni la gloire, ni même un bonheur trop lisse et terne. J’voulais juste une vie normale, qu’on aurait bâtie à deux. J’repose l’téléphone sur l’canapé, et j’retourne m’efforcer d’me vider l’esprit. J’ai l’impression d’traîner des pieds, d’être voûté, comme si j’portais l’poids du monde sur les épaules, alors qu’c’est juste les débris d’ma vie qui s’enfoncent dans mon âme et m’font ainsi ployer sous la tristesse.

Une fois d’plus, j’ai pas vraiment l’temps d’m’activer sérieusement, car mon téléphone fait d’nouveau des siennes. J’tente d’résister un peu plus longtemps à la tentation d’rejoindre mon maudit portable, mais mes résolutions ont visiblement fondues comme neige au soleil, dès Son 1er SMS. C’est en poussant un soupir et en levant les yeux au ciel que j’cède à ma faiblesse qui m’révulse. C’est en faisant un véritable looping qu’mon cœur réagit, en voyant le Elle, tant attendu et tant redouté s’afficher sur l’écran, pour m’indiquer d’qui provient l’dernier message reçu. J’me laisse tomber sur l’canapé, alors qu’le message s’dévoile enfin à mes yeux impatients. Et... J’ai bien fais... « Dommage qu'on n'ait jamais eu la chance de pouvoir y aller, en France.. Pas pour manger des escargots par contre x) » Mon cœur s’brise contre l’récif du faux espoir blasé en lisant ça. C’fameux récif, c’est ainsi qu’j’ai appelé les nombreuses désillusions qu’j’ai enduré après Son réveil, lorsqu’Elle évoquait des éléments d’notre passé « récent », mais qu’ça n’était jamais suffisant pour éveiller d’autres souvenirs à la suite, et lui faire ouvrir les yeux sur nous. A chaque fois, mon cœur s’réjouissait, comme s’il croyait qu’le Sien s’réveillait enfin, mais l’mien redescendait aussitôt, et sans parachute, des Cieux dans lesquels il avait été envoyé un peu plus tôt, en constatant qu’non, c’était qu’une fausse joie. Une d’plus. A la longue, mon cœur et moi, on a fini par en avoir marre, d’ces fausses joies qui n’nous réjouissaient même plus. On a décidé d’partir, sachant qu’les prochaines virées en montagnes russes finiraient par nous achever. J’aurai p’têtre dû réfléchir à ça, en fait, avant d’lui répondre, la 1ère fois... J’me mords les lèvres, tâchant d’réprimer l’cri d’frustration qui cherche à en franchir l’seuil. J’ai même plus la force, d’toute façon, ni d’expulser ainsi ma rage, ni même d’m’illusionner sur l’fait qu’ça soit un signe quelconque qu’Elle m’reviendra un jour. D’toute façon, Elle est bien trop perdue dans Son amnésie pour m’revenir, et bien trop éloignée d’moi dans Sa nouvelle vie pour faire demi-tour et revenir vers l’sculpteur casse-couilles qu’j’suis. Et bordel qu’ça m’énerve. Cette fausse-joie qu’j’refuse d’voir pour n’pas, plus, souffrir. Cette évocation d’un moment heureux qu’on aurait dû vivre ensemble, qu’on était en droit d’connaître. A croire qu’nous n’étions pas destinés à aller à Paris ensemble, entre autre chose qu’nous n’devions visiblement pas faire et vivre ensemble. Même Son « T'as un chien ? Trop chou ! », n’parvient pas à calmer l’amertume qui déferle en moi, lentement depuis l’intervention d’Arnaud, plus vivement depuis Ses quelques mots. Non, là, j’Lui en veux, d’paraître aussi étonnée qu’ça d’savoir qu’j’ai un chien. Parce qu’Elle sait, normalement, qu’j’aime les animaux. Et p’têtre aussi qu’j’Lui en veux parce qu’il est probable qu’Elle a oublié qu’on avait parlé d’avoir des animaux, plus tard. On hésitait juste pour savoir quelle bestiole prendre en 1er, quelle race, quel sexe... Bref, on avait encore plein d’questions en suspens. Elles l’resteront éternellement, visiblement ! « Mais, envoi le bouler un peu ton boss. », parvient cependant à m’arracher un bien maigre sourire. Elle veut qu’j’donne dans l’dédoublement d’personnalité pour faire ça ? Par contre, Son « Et t'en fais pas pour les cernes, ils y sont habitués ;) » m’inquiète un peu plus. Ils y sont habitués ? Sérieusement ? Ca veut dire qu’Elle dort mal depuis bien longtemps, alors. P’têtre un effet d’Son coma, ça influe sur l’sommeil. Car oui, ça n’peut être que ça, c’est bien la seule explication qu’j’vois. ‘fin, disons qu’c’est celle qu’j’préfère voir, désireux d’éviter d’penser qu’son fiancé et Elle.... Bref, vous avez compris hein... C’est avec Son « Bonne nuit, ne tarde pas trop. Par contre, je ne ferme pas les yeux avant d'avoir reçu un p'tit "bonne nuit", moi aussi. » qu’j’me félicite d’m’être vautré ainsi sur l’canapé, car il n’fait aucun doute qu’si j’avais été debout, mes jambes auraient lâchées sous l’effet d’la surprise. Encore un truc qu’Elle aurait très bien pu m’envoyer, si l’un d’nous avait été contraint d’s’éloigner d’Londres et d’l’autre pour quelques jours. A l’exception près qu’Elle aurait sans doute ajouté un truc du style « Je t’aime. Bosse bien. Vivement qu’on soit à nouveau réunis » Mais si tout était normal, j’aurai ponctué certains d’mes SMS d’quelques smileys, comme j’peux l’faire à l’occasion, avec mes proches, pour souligner quelques conneries d’ma part. Mais là.... Où est l’mur le plus proche, que j’m’y explose la tête, histoire d’apprendre à mon cerveau à s’la fermer, et à cesser d’faire ainsi des parallèles, entre notre passé et l’avenir qu’on voulait vivre à deux ?

J’prends même pas la peine d’relire Son message, ça risquerait d’encore plus... m’énerver, m’blesser, m’flinguer... J’sais pas trop c’que j’ressens, pis c’est trop épuisant d’tâcher d’mettre des mots sur la tempête intérieur qui m’pulvérise l’cœur depuis l’début d’ce jeu malsain, d’cet échange nocturne tordu. J’me rends à la cuisine, j’chope une tasse, j’y mets du café (comme j’en bois une tonne, ma cafetière est presque toujours pleine !), et j’fous l’tout au micro-onde. J’sais qu’c’est tout sauf une bonne idée d’ingurgiter d’la caféine si tôt qu’ça, mais là, d’toute façon, foutu pour foutu, autant qu’j’parvienne à lutter contre l’sommeil qui finira par essayer d’s’emparer d’moi pour m’plonger dans les affres d’mes regrets. L’bip libérateur du micro-ondes n’a même pas l’temps d’se manifester qu’j’ai déjà récupéré ma tasse, qu’pour une fois, j’sucre même pas. J’veux juste boire du café pour faire fuir Morphée, pas pour réjouir mon palais d’accro à cette boisson. J’retourne alors dans l’atelier, et, m’asseyant sur l’canapé, j’bois une longue gorgée, m’souciant même pas d’me brûler la langue et la gorge en n’attendant même pas qu’ça refroidisse quelque peu. Posant la tasse sur le rebord d’la fenêtre qui s’trouve derrière l’canapé, mon regard finit par dériver vers Placebo, plongé dans un sommeil visiblement serein. Typiquement celui auquel j’n’ai plus eu l’droit depuis... Bien trop longtemps pour m’souvenir vraiment de c’que ça fait d’dormir correctement. « P’tain, pourquoi j’suis pas né chien, ma vie aurait p’têtre été moins merdique ! ». Grande question existentielle d’la nuit, surtout, m’remerciez pas pour mon talent ! J’cale mon dos contre l’dossier du canapé, m’installant en tailleur – version nonchalante – alors qu’ma tête bascule en arrière. J’mordille ma lèvre, m’demandant encore quoi Lui répondre. Mais, plus j’réfléchis, plus ça m’énerve, alors j’finis par choper mon téléphone, et Lui envoyer ma réponse, telle qu’j’l’ai pensé, sans la relire. Qu’importe si on y sent d’quelconques ressentiments, d’toute façon, n’Lui avais-je pas dit qu’nous n’étions qu’de vieilles connaissances et qu’Elle n’était pas liée à d’bons souvenirs dans mon esprit ? Dans c’cas, j’ai déjà été bien trop gentil avec tout c’que j’ai dis jusqu’alors, nan ? Alors, pourquoi j’ai l’sentiment d’me tirer une balle dans la tête, alors que mon message s’envoie enfin ? Pourquoi est-ce que je relis enfin mon SMS en m’disant qu’j’ai p’têtre été trop froid, et, je l’sais, jaloux, en parlant d’Chris ? Pourquoi est-ce qu’j’sens l’amertume d’celui qui a baissé les bras en voyant c’que j’ai mis sur Placebo, moi qui ait toujours dis, à quiconque voulait bien l’entendre, qu’j’voulais au moins un chien, plus tard, et qu’il serait forcément un chien d’berger ? Pourquoi est-ce qu’j’entends une évocation quant à mes prochains séjours à l’hôpital sur ma remarque au sujet d’mon côté tyrannique envers moi-même ? Pourquoi est-ce qu’j’trouve qu’ma dernière phrase sonne comme l’aveu, tristement pathétique, qu’en dépit d’mon caractère merdique, Elle est bien la seule capable d’me faire faire c’qu’Elle veut, même si ça n’est pas instantané ?

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ElleDommage qu'on n'ait jamais eu la chance de pouvoir y aller, en France.. Pas pour manger des escargots par contre x) T'as un chien ? Trop chou ! Mais, envoi le bouler un peu ton boss. Et t'en fais pas pour les cernes, ils y sont habitués ;)
Bonne nuit, ne tarde pas trop. Par contre, je ne ferme pas les yeux avant d'avoir reçu un p'tit "bonne nuit", moi aussi.
Demande à ton fiancé de t’amener en France, c’est un toubib, il doit bien avoir les moyens de vous financer 2-3 voyages ! Pour Placebo, c’est Gab le responsable, je me serai pas encombré d’un chien en ce moment, sinon. Et pour le boss, je crains que m’envoyer chier moi-même ne soit le 1er signe de la folie, je vais donc éviter, j’ai pas envie qu’on demande mon internement, les hôpitaux, j’ai assez donné !
T’as oublié, par contre, qu’on ne tente pas de faire plier un Edgecombe à ses envies. Mais puisqu’il faut vraiment que je bosse : Bonne nuit.
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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyDim 20 Déc 2015 - 0:26
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Doucement, je sens le poids de la fatigue dans mon regard qui peine à rester éveillé. Pour la première fois depuis ces longues dernières heures à contempler le ciel sans étoiles, je sens que je ne vais plus faire long feu, ne tardant pas à rejoindre Christopher pour pouvoir, enfin, dormir un peu. J'en ai terriblement besoin. Là, cette soirée à envoyer des messages à cet homme m'a juste vidé, entièrement, autant physiquement que mentalement. Je ne réponds plus de moi-même, c'est comme si je suis en mode pilotage automatique. Pourtant je lutte. Après tout, je ne suis plus à un combat près, non ? Mon état de fatiguer chronique de ces derniers jours renforce encore plus cette sensation, j'en ai mal au ventre en plus de ma tête prête à exploser tellement ça carbure là-dedans. Je sais déjà ce que je vais faire demain, pendant ma première pause de la matinée. Je vais sortir mon téléphone tout en allant me poser dans la cour de l'immeuble où se trouve le cabinet, et je vais appeler Maxxie très certainement, juste pour m'assurer que je ne divague pas trop. J'ai du mal à vivre sans un certain cadrage, j'ai juste l'impression de perdre pied dans une pareille situation. Bon, j'en suis pas au point de tout placer dans mon agenda et de m'y tenir, j'aime bien les imprévus aussi. Mais pas lorsqu'ils empiètent sur mon quotidien. Et là, pourtant, cet échange de messages ne me dit rien qui aille. Ça m'a fait du bien, c'est évident. Je ne suis pas aveugle face à mon propre visage pour pouvoir ignorer ce sourire qui étire mes lèvres. Mais ça me fait peur, de constater que ça a un tel effet sur ma mémoire vacante qui semble lentement -trop lentement même- sortir de sa léthargie. Tous les médecins que j'ai vus depuis mon réveil, Chris y comprit, m'ont clairement dit qu'il se peut que ça ne reviendra jamais. Que cette tache noire sur la frise de ma vie le restera à jamais. Ils se sont trompés. Même si ça met un temps anormalement long, ça commence lentement à se décoder comme si, après avoir passé des années loin de toute civilisation, je tombe enfin sur un p'tit village digne de ce nom. Je ne suis pas une aventurière. Je suis simplement une rêveuse qui se cherche, qui tente de se trouver. Du coup, j'ai l'impression de me retrouver perdue au plein milieu d'une jungle inconnue. Manque plus que des raptors me pourchassent et là, c'est le comble de l'éclate la plus totale. J'en suis même pas loin, en fait. Je me force à regarder par la fenêtre une fois de plus, le bras de Christopher m'entourant toujours. Qu'est-ce que je l'envie, là, pour le coup même si je sais très bien que je ne dois mon état qu'à cet élan d'mon palpitant que je n'ai pas su calmer. L'écran de mon téléphone s'allume une fois de plus. « Demande à ton fiancé de t’amener en France, c’est un toubib, il doit bien avoir les moyens de vous financer 2-3 voyages ! » Cette phrase me fait reposer à nouveau ma main sur le bras de cet homme dormant près de moi. Une chance qu'il n'ait pas le sommeil léger ! Il se serait réveillé un bon nombre de fois déjà si s'était le cas. Pourquoi est-ce que je prends cette phrase comme s'il me claquait une porte au nez ? Je sais très bien que Chris a une situation financière qui nous permet de vivre plutôt confortablement, et qu'un voyage en France ne serait qu'une simple formalité pour lui. Mais voilà, je manque de peu de lâcher un soupir, me demandant pourquoi il met sur le tapis la présence de mon fiancé. Je n'en ai pourtant pas parlé, me contentant juste d'exprimer le regret de n'avoir pas pu concrétiser ce voyage qu'on devait faire. Rien de plus. Je ne saurai pas dire si c'est une vague de déception qui brouille à nouveau mon regard, mais il parait presque évident qu'il rajoute, finalement, une couche à ce qu'il m'a dit l'autre jour. Comme si le simple fait d'imaginer ce voyage en France, avec moi, est si insupportable. Mes yeux balaient alors les mots suivants. « Pour Placebo, c’est Gab le responsable, je me serai pas encombré d’un chien en ce moment, sinon. » Placebo.. Un nom plutôt original tout de même, dont la double signification ne m'échappe pas. Je me demande bien pourquoi son cousin lui a offert un chien, alors qu'il dit clairement que ce n'est pas dans ses projets. Leur complicité ne m'est pas oubliée tant ils ont toujours été fourrés ensemble. Et forcément, je compare cette présence animale à mon absence de ce type. Chris n'en veut pas, clamant qu'on n'a pas le temps, que ça laisse des poils partout, que ça demande de l'attention, que ce sont des sacs à puces, bref.. Un chien ? J'ai vite fait une croix dessus pour ne pas avoir à me prendre la tête avec lui une énième fois à ce sujet. Tant pis, ma foi. « Et pour le boss, je crains que m’envoyer chier moi-même ne soit le 1er signe de la folie, je vais donc éviter, j’ai pas envie qu’on demande mon internement.. » Pas faux. Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Crédibilité du sérieux : -10. Il est temps de dormir, plus rien ne va plus, là. Je sais que si je lui réponds, ça risque d'être un charabia à la Gaëlle claquée incompréhensible. Il aura le dernier mot. De toute façon, j'ai sans doute réquisitionné le maximum de son temps et de son attention avant de retomber sous l'appellation du boulet étouffant. Parait qu'on apprend de son passé. Ben moi, je fais mieux. J'ai appris d'un passé inexistant. Trop douée, n'est-ce pas ? « ..les hôpitaux, j’ai assez donné ! » Sa tumeur.. Sa chambre, à l'hôpital. Mes visites pour passer du temps avec lui. Ce premier baiser que je lui ai volé.. Et si je m'étais retenue ? Est-ce que je serais aux côtés de Riley, actuellement ? J'en doute, tellement j'avais ce besoin de me rapprocher de Raphaël, sans doute l'ai-je trop fait. Erreur dans sa vie, hein .. Riley me manque, quand même. C'était quelqu'un de bien. Comme tous les Edgecombe, en fait. Du coup, les hôpitaux, je ne les apprécie que pour le côté professionnel. J'en suis malade chaque fois que je dois m'y rendre pour ma maladresse par exemple, ou pour un quelconque examen médical. J'ai passé tellement de temps à dormir dans ces chambres pour ne plus vouloir y rentrer. Et il est pareil.. « T’as oublié, par contre, qu’on ne tente pas de faire plier un Edgecombe à ses envies. » Ca, par contre, ça m'arrache un p'tit sourire. Oh non, c'est impossible d'oublier ce fait avéré. Et encore plus le concernant, lui. Sans doute, le plus terrible de cette famille. « Mais puisqu’il faut vraiment que je bosse : Bonne nuit. » Est-ce que j'ai réussi à faire plier cet Edgecombe en obtenant ce bonne nuit demandé ? J'en sais rien. La seule chose que je ressens, c'est mon p'tit cœur qui se trouve presque coloré à nouveau d'un vague espoir. Et ça, ça m'aide grandement à fermer les yeux après avoir pris le soin de déposer mon téléphone sur ma p'tite table de chevet, osant enfin me faire une place plus confortable sous la couverture.

Une petite semaine et quelques jours plus tard -sans oublier deux, trois messages envoyés par-ci, par-là-, je suis toujours dans un état que l'on peut décréter comme étant déplorable, rien de plus, rien de moins. Même si je dors un peu mieux, ce n'est toujours pas fameux, je commence à avoir des plaques de stress sur les bras.. Bref, c'est que du bonheur ! J'ai envie de retourner les choses, de les plaquer contre un mur pour menacer ma mémoire de rapidement me revenir au risque de devenir complètement cinglée. Bon, c'est peut-être aussi les effets de la modification que Chris à apporter à mon traitement puisque je lui ai dit que celui d'alors m'assommait, me rendait irritable à souhait et me privait de sommeil. Comme quoi, ça aide d'avoir son doc attitré à la maison ! Même pas besoin de prendre rendez-vous. J'ai l'impression d'aller mieux, même si une chose m'angoisse. Depuis quelques jours, il me manque quelque chose. Ce ne serait pas la première fois que ça m'arrive. Bon, c'est très certainement le stress et ce changement de médication, mais il m'en faut la certitude. Un ressenti que j'ai déjà vécu d'ailleurs. Mais là, avec tout ça, très franchement, ça ne serait pas le bon moment. Vraiment pas. J'ouvre enfin les yeux pour faire face à cette nouvelle journée. Je suis seule, Chris étant très certainement parti courir assez tôt, ayant une journée bien chargée apparemment. Je m'extirpe de sous la couverture, un peu chancelante. Encore une raison de stresser. À croire que toute ma vie tourne autour de ça ! C'est pas bon pour la santé, bon sang. Passage dans la salle de bains, je constate les dégâts. Bon, aujourd'hui ça va. J'ai connu pire. Comme quoi, retrouver quelques heures de précieux sommeil me fait du bien, même s'il en manque un bon nombre encore. Je me prépare tranquillement, ne trainant pas moins que d'habitude. Je m'habille en vitesse, de mon beau p'tit chemisier blanc avec quelques petits détails en dentelle que j'aime particulièrement, puis d'un p'tit jean noir qui, sans vouloir me la jouer pro de la mode, va plutôt bien avec, il faut le reconnaitre. Même si j'adore les robes, manipuler avec, ce n'est pas vraiment fameux, hein. Une fois prête de la tête aux pieds, je me fais mon p'tit thé caramel tout en me préparant une petite tranche de brioche. J'ai pas grandement faim, pour une fois.. Sans oublier de prendre mes p'tits effets et ma veste, je me rends vers cette pharmacie avec un nœud dans le ventre. Je demande alors ce test qui, même s'il va se révéler négatif, ne me rend pas des plus sereine. Par chance, l'endroit n'est pas encore surchargé de malades venant chercher leurs ordonnances, si bien que j'en sors plutôt rapidement. Une chance, puisque je suis déjà en retard de quelques précieuses minutes pour commencer cette nouvelle journée de travail.

Ainsi, je rentre en trombe dans le cabinet, saluant de la main mon associé et sa fille -notre secrétaire-, pour filer dans ma petite pièce rien qu'à moi. J'enlève ma veste, jette un coup d'œil vain vers mon téléphone -pas de message..- Grosse journée encore à venir, avec pleins de déplacements le matin. Mon après-midi sera déjà bien plus tranquille puisque je serai au cabinet. Je passe donc ma matinée à courir dans tous les sens -je me suis d'ailleurs pris une prune en me garant au mauvais endroit parait-il chez un patient !- et enfin, je retrouve le calme relatif de mon p'tit cabinet aux murs blancs et si décoré de partout. Mon regard s'attarde sur le dessin que Yan m'a fait la veille de mon départ de Londres. Qu'est-ce qu'il me manque ce p'tit..


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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyLun 21 Déc 2015 - 16:21
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


Matinée d’merde. En m’réveillant c’matin, j’étais loin d’m’imaginer à quel point elle le serait, en effet. Même si ce fut l’premier mot qu’j’ai prononcé en m’réveillant. P’tain qu’j’déteste ouvrir les yeux sur une autre chambre qu’la mienne. P’tain que j’me déteste d’voir qu’c’est un fait d’plus en plus récurrent depuis quelques jours... J’sais c’que vous vous dites : pourquoi est-ce que j’m’arrange pas pour éviter cela autant qu’possible ? Puis, d’abord, pourquoi j’me plains d’pouvoir enchaîner les nanas, c’est presque l’rêve d’la plupart des gars qui sont célibataires et veulent pas s’caser ? L’explication est simple. Sans l’être vraiment. Disons qu’c’est à la fois c’qui m’pousse à draguer autant, et c’qui m’empêche d’amener ces mornes conquêtes chez moi : Elle. Jusqu’alors, enchaîner les coups d’un soir, dès qu’l’occasion s’présentait, ou pour tromper l’ennui et la solitude, c’était l’un des moyens les plus efficaces qui soit, visant à L’oublier, à m’oublier également, et surtout, à oublier l’fait qu’en dépit d’tous mes maudits efforts, j’étais pathétiquement incapable de L’oublier. J’avais quitté l’Angleterre pour tâcher d’retrouver un semblant d’souffle, mais j’continuais à m’étouffer dès qu’l’moindre souvenir d’notre vie commune affleurait à mon esprit. Les coups d’un soir avaient été l’une d’mes planches de salut. Jusqu’à quelques semaines, du moins, jusqu’à, pour être plus précis, qu’ma route croise la Sienne. A Blossom Hills... Ca avait suffit à flinguer les maigres avancées qu’j’avais pu faire jusqu’à présent dans mes tentatives pour L’oublier, du moins, pour La virer partiellement d’mon cœur et d’mon esprit, ces derniers pensant alors moitié moins à Elle. Là (merci à James et à Sarah !), j’avais été contraint d’repartir d’zéro. Avec une nouvelle difficulté, celle d’savoir qu’Elle vivait à présent à BH. Avec Chris. Son nouveau mec. Celui qu’elle s’apprête à épouser. Vie d’merde, vous trouvez pas ? Sérieux, j’mérite l’prix d’la vie la plus merdique, j’suis même hors-compétition, à c’niveau-là, si on fait l’récap’ d’tout c’qui part à la dérive dans ma vie ! Passons... Pour en revenir à nos moutons... C’est justement l’fait d’La savoir ici, tout près d’moi, d’L’avoir revu, qui m’a poussé à séduire encore plus d’filles qu’avant. Sauf que c’est également l’fait d’avoir entamé avec Elle un étrange échange de SMS, alors qu’j’étais chez moi, qui m’pousse encore plus à vouloir L’oublier. Car c’est à croire qu’Elle envahit encore plus qu’avant l’intégralité d’mon être. Avant, j’La savais dans les parages, mais j’évitais d’penser à Elle. Maintenant, c’est comme si j’L’avais, à l’autre bout d’mon téléphone, à l’autre bout d’nos SMS. Et puis, c’est comme si Elle s’était invitée chez moi, au cours d’cette soirée qui m’a poussé encore plus dans l’puits sans fond d’mon tourment. Comme si Elle avait envahit mon espace vitale, l’seul lieu qui était encore préservé d’Sa présence. Désormais, Ses mots résonnent chez moi, via mon maudit portable. Ca m’tue, un peu plus au fil des mots qu’on s’échangent, mais j’peux même pas y mettre un terme. C’est totalement au-delà d’mes forces. Comme si vous demandiez à un junkie qui a replongé après des années passées à tout faire pour être clean d’trouver la force, à nouveau, d’arrêter d’savourer les joies, brèves et illusoires, d’sa substance favorite. J’suis l’junkie, Elle est ma came. A présent qu’Sa présence s’fait bien trop palpable à mon goût (bien qu’pas assez, si j’dois être honnête...), chez moi, j’avoue qu’j’ai du mal à inviter des femmes pour y passer la nuit. La seule exception, c’est Loan, mais elle, c’est différent, c’est la mère d’mon futur enfant, après tout ! Les autres... J’peux pas, j’veux pas, j’ai pas l’cœur à ça, bien qu’celui-ci ressemble d’plus en plus à un vulgaire tas d’cendres, brûlant sous l’intensité d’un amour qui n’sera plus qu’à sens unique, désormais... C’est pour ça, j’pense qu’vous l’aurez compris, qu’j’me réveille souvent chez mes dernières proies en date. Parce qu’il m’faut L’oublier, Lui faire perdre la prédominance qu’Elle occupe sur mes pensées, si j’veux pas devenir fou, plus qu’j’ne l’suis déjà, du moins. Mais même ça, ça marche plus. Même quand j’me les tape, Elle est tapie dans un recoin d’mon esprit. A tel point qu’Son visage s’superpose à celui d’la nana avec qui j’suis. Sérieux, un jour, j’vais finir par murmurer Son prénom, et là, j’aurai pas l’air con. Ou ça augmentera l’image du salop qu’j’ai l’impression d’me coltiner, à nouveau. Et, très pathétiquement, dès qu’j’ouvre les yeux l’matin, dès qu’mon cerveau s’met en marche, Elle est la première personne à s’imposer dans mes pensées, et j’ai l’réflexe d’regarder sur mon portable pour voir si j’ai pas un nouveau message d’Sa part. Sauf qu’aujourd’hui, j’trouve pas mon téléphone. J’me casse à moitié la gueule en tentant d’rassembler mes affaires, qui ont été balancé pêle-mêle avec celles de.... Sabrina... Sasha... Samantha... ‘fin d’Machin, quoi.... Pas d’SMS. Matinée d’merde, j’vous l’avais dis. J’me rhabille en silence, puis j’me tire, sans un mot adressé à.... J’sais-plus-son-prénom-et-j’m’en-fous ! Ouais, j’sais c’que vous vous dites : Raph, c’est l’connard typique qui s’envoie en l’air avec une nana la veille et qui s’barre d’chez elle sans un mot au petit matin ! C’est totalement ça et j’assume intégralement mon état d’enfoiré notoire ! Si vous voulez, j’peux l’mettre sur mes cartes pro’ !

Matinée d’merde. Cette impression m’poursuit alors qu’j’repars d’chez.... L’autre inconnue, ‘fin, plus si inconnue qu’ça pour moi, du moins... J’manque d’me faire emboutir, dans ma bagnole, par une grognasse qui oublie visiblement d’contrôler c’qui s’passe derrière sa caisse merdique avant d’sortir d’sa cour. Là, honnêtement, j’me demande pourquoi j’m’emmerde à aller draguer aussi loin du p’tit village dans lequel j’vis. Puis j’me fais la réflexion qu’les seules nanas susceptibles d’m’intéresser assez pour qu’j’couche avec elles (j’suis pas déprimé au point d’m’envoyer tout et n’importe quoi, quand même ! Oh, dites-moi pas qu’j’vous ai choqué en parlant ainsi, voyons !), soit ça a déjà été fait, soit ça n’se fera pas car elles n’sont pas intéressées (elles m’trouvent trop chiants, sont déjà en couple, ou m’trouvent pas à leurs goûts, c’qui arrive, j’vais pas en crever. Non, moi, j’vais crever d’ma tumeur, pas d’un quelconque souci d’égo, suivez un peu, bordel !) Et changer un peu d’air, l’espace d’quelques heures, ça m’est salutaire ! Niveau matinée d’merde, ça persiste, car j’ai à peine eu l’temps d’éviter l’autre gourdasse sans provoquer d’accident (manquerait plus qu’ça, tiens, qu’j’me tape un nouvel accident d’voiture !), qu’il s’met à flotter. Mais des cordes. La joie m’envahit... Déjà qu’depuis c’maudit accident, j’aime pas vraiment conduire quand l’temps est au beau fixe, mais avec la pluie, comme c’soir-là, c’est bien pire... J’profite d’un feu rouge pour respirer profondément, et faire d’mon mieux pour virer d’mon esprit les images qui m’reviennent. C’est dans c’but qu’ma main s’tend vers ma radio, pour que d’la musique puisse m’distraire des flashs, ponctués d’sons, qui m’assaillent, avec une douloureuse acuité. Pour m’assurer qu’ma concentration n’soit pas parasité par d’éventuelles chansons qui peuvent m’ramener à cet événement maudit, j’lance la play-list dédiée au Beatles. J’pourrais mettre un truc plus bourrin, plus en adéquation avec l’sentiment d’rage contre ma vie d’merde qui m’envahit, mais... Non, pas envie. Puis j’contribue à l’éducation des incultes que j’croise, en mettant l’volume assez haut. Rien n’vaut d’tels classiques pour garder la clairvoyance dans mon esprit, et mes pieds bien sur terre. L’reste du trajet s’poursuit alors qu’les chansons s’enchaînent, pêle-mêle d’tous les albums qu’j’possède du groupe, c’qui revient à dire... tous... Lorsqu’j’arrive enfin chez moi, libéré d'la pluie, j’manque d’me vautrer à cause d’Placebo qui s’met dans mes pattes, à peine la porte ouverte. « Salut vieux ! Ouais, on sort, mais déjà : p’tit-déj ! », lui annoncé-je, m’employant aussitôt à remplir ses gamelles, puis à m’occuper d’mon propre repas. Puis j’me change pour enfiler un jogging, et j’sors avec Placebo. La douche attendra bien encore quelques minutes, et n’en sera que plus agréable ! Comme tous les matins, j’cours ainsi une bonne heure avec Placebo, à travers le village. Puis j’fais un arrêt chez Barry, pour m’commander un café, l’second d’une longue liste, et un truc à grignoter. C’est en marchant qu’mon chiot et moi, on fait alors l’trajet pour rentrer chez nous. J’me mêle pas vraiment aux quelques personnes qu’j’peux croiser, d’une part, parce qu’j’ai pas envie d’parler à quiconque, d’autre part, car j’ai mes écouteurs visés aux oreilles. Ca m’aide, une fois encore, à canaliser mes pensées, et là encore, j’m’passe l’intégrale des Beatles.

Matinée d’merde. C’est c’que j’me dis alors qu’j’sens mon téléphone vibrer, dans ma poche, et qu’j’le sors d’là quasi-immédiatement, juste parce que j’désire qu’ça soit l’un d’Ses messages. Mais ma joie est d’courte durée. C’est un appel. D’un d’mes frangins. Mickail. J’m’arrête, l’temps d’mettre l’kit main libre, et d’me retrouver ainsi avec une oreillette relié à mon baladeur, et une autre me permettant de communiquer avec mon frère. Au moins, comme ça, j’suis sûr qu’le monde extérieur m’fera pas chier. J’reprends mon chemin, en commençant alors à parler avec Mick, tout en faisant la morale à Placebo lorsqu’il fait n’importe quoi, et en sirotant mon café. « C’est au sujet d’papa. », finis par m’dire Mike, presque dès qu’les salutations d’usages aient été échangées. J’lève les yeux au ciel, bien sûr qu’c’est à propos d’notre père, c’est bien la seule raison qui pourrait expliquer qu’Mike m’appelle à une telle heure. « Vas-y, balance ! ». J’ai toujours détesté qu’on tourne autour du pot, pour les mauvaises nouvelles. Car, là, vu l’ton du frangin, c’en est forcément une, nan ? Puis bon, vu les conversations qu’on a pu avoir, tous ensemble, lors d’nos rares conférences vocales, ces derniers mois, c’est obligatoirement une mauvaise nouvelle. Alors, autant l’dire cash, comme on s’débarrasse d’un coup d’un pansement. « Va falloir qu’on s’prépare, y’a d’grandes chances qu’on ait eu raison, au vu de ses derniers tests. » Un sourire sans joie s’profile sur mes lèvres, alors qu’j’me fais la réflexion qu’c’est assez rare qu’on ait tort. Même si là, j’aurai préféré qu’ça soit l’cas, qu’on s’soit tous mépris sur l’comportement, progressivement étrange, d’notre père, depuis... quelques mois avant mon accident d’merde, même si on a mis du temps avant d'percuter. « Ca sera confirmé quand ? ». Question posée d’une voix basse, empreinte d’gravité et d’agacement face à cette succession d’emmerdes. J’m’arrête alors qu’Placebo s’éclate à marquer son territoire sur l’mur d’un commerce quelconque. J’suis bien trop perdu dans mes pensées pour réaliser lequel exactement, j’suis en mode pilote automatique depuis quelques secondes. D’la main tenant la laisse du chiot, j’me pince l’arrête du nez, comme si c’simple geste allait juste... J’sais pas, moi, m’réveiller d’ce cauchemar qui semble être l’mien depuis d’bien trop longs mois à présent. « Dans deux semaines.... Dans deux semaines, on saura s’il a Alzheimer ou pas. ». Alzheimer. L’mal est nommé avec l’même mépris avec lequel les miens parlaient d’ma tumeur, quand ils savaient, du moins, qu’elle m’rongeait lentement l’cerveau. Une fois encore, y’a une merde qui bouffe l’cerveau d’un Edgecombe. A croire qu’on a un cerveau bien trop appétissant pour qu’les maladies en tout genre n’tentent pas d’s’en faire une bonne bouffe. « Au moins, on sera fixés comme ça ! », conclue-je avec un soupir, alors qu’ma main retombe l’long d’mon corps. Comme si l’fait d’le savoir avec certitude rendait les choses moins dures, hein. P’têtre pour ça qu’j’persiste, encore à l’heure actuelle, à n’rien dire aux miens pour Tumy. Alors qu’j’sais parfaitement, depuis qu’j’me suis motivé à consulter un spécialiste du coin et passé une batterie d’tests, qu’elle est revenue, où elle en est, et c’qu’on a prévu pour moi afin qu’j’tente, d’nouveau, d’la virer d’là. « Comme ça s’passe à la ferme ? ». Ma question peut laisser à croire qu’j’change d’sujet d’conversation, alors qu’il n’en est rien : Mick, et Remiel, ont repris la ferme familiale, aidés d’notre père, d’nos oncles et d’notre tante, car un Edgecombe, c’est bien connu, ça déteste rester sans rien faire, même s’il est à la retraite ! « On évite d’le laisser tout seul. » Bien entendu. Vu les diverses conneries qu’notre père a fait, même s’il n’y en a pas eu tant qu’ça, mais qu’elles n’sont pas passées inaperçues car notre père avait toujours soigneusement fait attention, toute sa vie durant, quand il s’agissait d’son boulot, c’est plus prudent. Qu’ça doit l’frustrer, d’se sentir ainsi épié, lui qu’a toujours été épris d’sa liberté. C’est d’ailleurs ses quelques boulettes qui ont commencées à nous mettre la puce à l’oreille. « J’viens vous voir la semaine prochaine. » A l’autre bout du téléphone, j’entends Mick qui soupire. « Pas la peine. Change pas tes plans pour nous, Raph. D’toute façon, ta présence n’y changera rien. » Dans sa voix, j’entends la conviction qu’il ressent face à ces mots. Mais aussi sa certitude qu’mon éloignement d’l’Angleterre m’a été bénéfique, impression qu’il tient d’mes quelques neveux et nièces qui sont venus m’voir, plus ou moins brièvement, depuis mon installation à BH. C’est d’ailleurs surtout pour recevoir les Edgecombe voyageurs et squatteurs qu’j’ai opté pour une maison, ici, et non un truc plus p’tit, qui conviendrait pourtant mieux pour un célibataire. « J’viens pour Noël, comme prévu, dans c’cas. » Remiel approuve, un sourire aux lèvres à l’idée des retrouvailles qui apparaîtront alors.

Matinée d’merde. Alors qu’la conversation s’poursuit, mon regard quitte Placebo pour s’lever, et observer les environs. C’est alors qu’j’regarde la vitrine du commerce qui a eu l’insigne honneur d’se voir marqué comme appartenant à mon chien. La pharmacie. Dans laquelle Elle s’trouve. Et c’est plus fort qu’moi, mais, alors qu’Elle est en caisse, d’profil par rapport à moi, m’tournant même l’dos pour observer j’sais pas trop quoi, j’vois c’qu’elle achète. « Raph ? T’es toujours là ? » C’est en entendant Mick m’demander ça, plusieurs fois d’suite, qu’j’reviens sur terre, m’pulvérisant littéralement au sol par c’que j’viens d’voir. « Heu... ouais... T’m’excuses, vieux, mais faut qu’j’y aille. » C’est tout c’que j’ai la force d’lui dire sans qu’ma voix ne m’trahisse vraiment. Sans même attendre qu’il m’répondre, j’raccroche. Un dernier regard dans Sa direction, pour m’assurer qu’j’ai bien vu, et j’reprends la route. Mode pilote automatique, puissance 2. Y’a d’grandes chances que c’connard d’toubib L’ait mise enceinte. Là, c’est clair, j’L’ai perdue. C’est d’ailleurs en réalisant à quel point c’constat est amer qu’j’prends conscience d’l’espoir idiot qu’avait commencé à poindre en moi depuis qu’on communique – si on peut dire – par SMS. « J’vais finir par croire qu’Elle est douée pour tomber enceinte avant l’mariage ! », qu’j’balance en rentrant chez moi. Un peu d’raillerie, comme si ça pouvait atténuer l’sentiment qu’j’ai d’m’être pris un coup d’massue sur la gueule. J’reste en pilotage automatique longtemps encore après mon retour dans mon antre, car j’me douche, restant très longtemps sous l’jet d’eau qui finit par devenir froide, et j’me change, sans vraiment percuter c’que j’fais. « La femme qu’j’aime m’a oublié au point d’se fiancer avec un mec qui L’a apparemment mise en cloque, et mon père risque fortement d’m’oublier dans les mois ou les années à venir. Même ma mère a parfois du mal à s’souvenir d’moi, d’l’époque à laquelle on est, lorsqu’elle a oubliée ses médoc’. », j’annonce cela à Placebo en m’préparant une nouvelle tasse d’café dans la cuisine, « Si ça, c’est pas une matinée et une vie d’merde, j’sais pas c’qu’il faut. J’vais finir par croire qu’en plus d’ma poisse, y’a un truc qui fait qu’tous les gens qu’j’aime finissent par m’oublier, tôt ou tard. » J’m’abaisse pour être au niveau d’Placebo, qu’j’flatte d’une caresse. « Réjouis-toi, dans quelque temps, t’oubliera qu’j’suis ton maître et qu’’j’crains ! » Autant prendre ça avec humour. Même si c’est plus sarcastique qu’véridique.

Journée d’merde. J’en suis à cette conclusion quand j’parviens enfin à reprendre l’contrôle d’moi-même. Parce qu’j’ai la flemme d’me faire à manger, j’décide d’aller chez Betty, son restau étant franchement sympa, et sa bouffe, plutôt bonne. Puis bon, j’ai pas vraiment faim. Pourtant, j’ai rien mangé c’matin, ayant pris un p’tit déj’ en coup d’vent avant d’aller courir, puis mon appétit s’est – fort étrangement – volatilisé lorsque j’L’ai vu à la pharmacie... La simple idée d’me faire à bouffer m’donne encore plus envie d’vomir qu’peut ne l’faire Tumy par moment. Mais, parce qu’il faut bien qu’j’mange.... Bref, journée d’merde, parce que, bien entendu, y’a plus l’seul plat qui m’faisait envie : un steak tartare. Ca peut sembler étrange d’aimer ça, mais, perso, j’adore. J’suis contraint d’me rabattre sur du rôti, pas vraiment d’gaieté d’cœur, d’ailleurs. J’me force à manger, parce que cet aprèm’, avec Gab’, on a décidé d’se faire une virée sport, dans les environs du p’tit village. Juste pour passer un moment tranquille ensemble, juste pour qu’j’savoure, tant qu’j’en ai encore les forces, une aprèm’ de sport qui m’permettra d’me changer les idées, juste aussi pour célébrer l’retour d’Tumy, parce qu’faire la gueule juste à cause d’sa réapparition n’la fera pas partir. C’est en mangeant que j’croise son regard. J’sais pas qui elle est, j’sais pas d’où elle sort, j’sais juste qu’j’l’ai déjà vu manger ici quelque fois. Et qu’visiblement, elle aussi, elle m’a bien vu. Et parce qu’j’ai bien envie d’en profiter, parce qu’j’ai envie d’L’oublier, en c’moment, plus qu’jamais, j’vais la voir, sans même finir mon repas, d’toute façon, j’ai l’estomac trop noué pour manger. C’est d’ailleurs presque trop facile d’séduire cette inconnue. J’feins d’m’intéresser à c’qu’elle m’dit, alors qu’j’l’écoute que partiellement. J’parviens à poser quelques questions pour maintenir ce pseudo-intérêt quant à sa personne (inintéressante, si vous voulez mon avis). J’lance quelques sourires au moment propice, profitant du fait qu’en général, le mien plaît assez à la gente féminine, même si ça fait bien longtemps qu’un sourire franc n’est plus apparu sur mon visage. J’ai même pas besoin d’me forcer à la séduire, elle est déjà entièrement focalisée sur moi. Ca en perdrait presque son charme, ôtant tout l’plaisir du jeu d’séduction. Mais j’fais pas la fine bouche, en c’moment, j’veux qu’une chose : la mettre dans mon lit. Ouais, pas envie d’aller chez elle, pas envie d’découvrir à quoi ressemble l’appart’ qu’elle occupe, ou peu importe où elle vit. La prochaine fois, j’me chronométrais pour voir au bout d’combien d’temps ma proie s’glisse sous mes draps, ça pourrait être fun.

Journée d’merde. Cette pensée s’impose à moi alors, qu’avant d’partir d’chez moi, elle tente de m’demander mon numéro d’téléphone. Elle croit vraiment qu’on va finir par vivre une grande et belle histoire, ou elle est juste con ? C’est sèchement qu’j’lui fais savoir, à nouveau, qu’j’voulais rien d’sérieux, qu’y’avait donc peu d’chances pour qu’on se revoit. C’est en claquant la porte qu’elle s’tire, n’pouvant pas s’permettre d’faire une scène trop longue, car elle doit retourner bosser. Où, par contre, j’sais pas, même si elle m’l’a sans doute dit ! J’me prépare pour retrouver Gab’, on s’est arrangé pour qu’il vienne m’chercher, qu’on n’prenne qu’une voiture pour rejoindre notre destination. C’est d’ailleurs là-bas qu’on loue tout l’matos dont on a besoin, du VTT aux diverses protections, parce qu’vu qu’le VTT d’descente n’est pas une discipline à laquelle on s’adonne souvent, nous n’avons pas tout ça chez nous. Tout s’passe bien, ‘fin, au début, du moins. Jusqu’à présent, j’avais réussis à éviter d’penser à Elle. Depuis l’autre gourdasse, en fait, j’avais réussis à museler mes pensées. C’est pour ça qu’j’comprends pas vraiment pourquoi, alors qu’j’suis en pleine descente, Son visage s’impose à moi. Comme ça, genre, en un claquement d’doigt. P’têtre parce qu’juste avant, j’pensais à mon père, à la maladie qu’il aurait visiblement, qu’on avait pressenti alors qu’Elle était encore à mes côtés, mais dont on refusait d’prendre conscience, tous. Allez savoir pourquoi, j’en suis venu à m’demander quelle aurait été Sa réaction, face à cette nouvelle. Puis... C’est là, en fait, qu’ma concentration a pris la poudre d’escampette, et a donc fait qu’j’ai mal estime une bosse qui s’présentait à moi. Uniquement parce qu’l’image d’Son ventre qui va prochainement s’arrondir m’a claqué à la tronche, dans une belle claque étourdissante. Une claque, un vélo qui dévale, un cycliste qui perd l’contrôle d’son engin, et une rencontre entre mon dos et un tronc d’arbre. Par chance, l’choc n’est pas trop brutal non plus. Suffisant pour m’couper l’souffle. Suffisant pour faire apparaître, dans mon dos, une douleur d’chien. Gab tarde pas à débarquer, inquiet. J’tente d’le rassurer, mais il m’laisse pas faire, il m’engueule même lorsqu’j’me relève et qu’j’réprime un cri d’douleur alors qu’mon dos m’lance, horriblement. C’est parce qu’il est aussi têtu qu’moi qu’il m’oblige à attendre qu’les secours, qu’il a appelé très tôt, arrivent avant d’bouger à nouveau. La perspective d’une virée, sirène hurlante, juste à cause d’une chute, m’arrache un sourire. « T’es con Raph, sérieux, t’es con ! », m’engueule Gab, n’comprend pas pourquoi j’me tape un délire tout seul, même si mon délire n’dure pas bien longtemps : assez difficile d’rire lorsqu’vous avez l’dos en vrac ! Tout l’long du trajet qu’on effectue avec les secours, et auquel il a insisté pour participer, il m’engueule. Il s’doute bien qu’j’suis pas dans mon état normal. C’est pas la 1ère fois qu’on faisait du VTT d’descente ensemble, et c’est loin d’être la 1ère fois qu’on fait du sport ensemble. Il sait qu’j’suis toujours excessivement concentré. Comme tout l’monde, j’ai eu quelques accidents, mais c’est assez rare. Là, il s’doute qu’y’a un truc qui cloche. « C’est Gaë... Elle, c’est ça ? » Il s’tait, dès qu’il remarque l’regard noir qu’j’lui lance, bien qu'il s'soit repris à temps. Et il comprend, sans même qu’j’ai à confirmer, qu’il a vu juste. « Faudrait t’ressaisir Raph, bordel ! T’as pensé à nous, à ta famille, à c’qu’on va endurer un jour, quand t’aurais fais trop l’con pour t’en sortir ? » J’lève les yeux au ciel « P’tain mais y’a pas mort d’homme, si ? », c’est vrai, on m’a ausculté, et fait passer quelques radios, j’ai rien d’casser, juste l’dos très malmené, mais ça va, rien que quelques séances d’kiné n’sauraient arrangés. « J’ai été déconcentré, Gab’. T’l’aurais été aussi à ma place, après avoir appris que... ta mère », puisqu’il s’entend ni avec son père biologique, ni avec mon oncle, « a très certainement Alzheimer. Et après devoir vivre avec la certitude, tous les jours, qu’t’as perdu Isis définitivement ! ». J’crache cette phrase avec toute la virulence dont j’suis capable. Car j’suis las qu’on m’juge, et ça m’gonfle que Gab’, l’une des rares personnes qu’j’pensais jamais voir m’juger, l’fait. « Tente de t’mettre à ma place, Gabriel. Mais sérieusement. C’est bon, là, t’imagines un peu l’calvaire qu’c’est ? Bah, multiple ton impression par 10, et t’frôleras p’têtre la réalité. Parce que ça », dis-je en désignant mon crâne, et, par extension, ma tumeur, « et ça », désignant à présent mon dos, « à côté, c’est à peine plus douloureux qu’lorsqu’t’es gamin et qu’tu t’vautres sur du gravier. » J’lui lance pas un regard après qu’j’ai finis d’parler.

Vie d’merde. C’est bien plus proche d’la vérité, en fait. Et ça danse dans mon crâne, alors qu’j’tourne l’dos à Gab’, n’écoutant même pas c’qu’il peut bien m’répondre. J’sais pas vraiment qui a contacté l’cabinet d’kiné de Blossom Hills pour qu’j’sois pris en urgence, j’sais juste qu’j’en ai marre d’être en présence d’mon cousin. Pourtant, j’l’adore, tout l’monde l’sait. Mais là, non, juste... Stop... Qu’il rentre auprès d’Isis, qu’il appelle l’un d’mes frangins ou l’une d’mes sœurs pour faire savoir à quel point j’suis un enfoiré : j’m’en fous. J’veux juste m’tirer au plus vite d’ici, pour rentrer chez moi, m’vautrer sur mon canap’, et, allez, soyons fous, vider d’moitié ma bouteille d’vodka. C’est un très bon antidouleur, après tout, puis ça m’fera oublier qu’j’suis assez doué pour qu’on m’oublie. Comme si ça pouvait m’permettre d’être pris au plus vite, j’quitte la salle d’attente pour m’engouffrer dans l’couloir menant aux bureaux des kinés. J’connais assez bien les lieux pour y être venu à quelques reprises. J’m’adosse contre l’mur, l’plus droit possible, parce qu’ça atténue, légèrement, ma douleur dans l’dos. Et j’attends qu’mon kiné sorte enfin. Bien loin d’me douter qu’pour la 3ème fois, depuis qu’j’suis dans Blossom Hills, mon chemin va à nouveau croiser l’Sien. Enfin, la porte s’ouvre. « C’est pas trop tôt, j’ai faillis att... », mais la fin d’ma phrase s’noie dans ma gorge alors que j’vois une crinière blonde oh combien familière. « Evidement... », que j’balance, à voix basse, en rentrant dans Son bureau, m’passant la main dans les cheveux, gêné. Allez savoir pourquoi, j’me fais la réflexion qu’j’ai les cheveux encore plus longs qu’sur la photo qu’on aimait tant, et encore plus d’barbe, j’vais même jusqu’à m’demander si, comme Elle l’disait à l’époque, ça fait plus « artiste », ou juste plus l’mec pathétique qu’j’estime être, chaque jour un peu plus. J’plante à nouveau en observant les lieux, reconnaissant, sans mal, l’auteur des innombrables dessins qu’Elle y a collé. « Yan... », soufflé-je lentement, en me tournant doucement, pour lui faire face. Et voir mon cerveau s’planter, une fois encore.... Juste parce qu’j’Lui fais face. Et qu’ma malchance a voulu qu’Elle remplace mon kiné... Vie d’merde, et ça l’sera d’autant plus quand j’réaliserais qu’la secrétaire, j’la connais, outre l’fait qu’j’l’ai déjà croisé ici (et qu’ça m’avait pas marqué !), il s’trouve qu’c’est elle qu’j’ai amené chez moi, c’midi... Pourquoi on n’est pas dans un film mièvre, ou un conte d’fées, hein ? Là, ça serait facile, j’aurais qu’à L’embrasser pour qu’Elle s’souvienne de tout. Mais ça marche pas comme ça, dans la vraie vie, l’coup du baiser magique n’est qu’foutaise... Parce qu’oui, bien qu’mon dos m’fasse mal, qu’mon cerveau ait du mal à redémarrer, j’ai envie d’L’embrasser, comme j’l’aurais fais si tout avait été normal et qu’j’aurais été La voir sur son lieu d’travail, surtout après la journée pourrie qu’j’viens d’me coltiner ! Vie d’merde !

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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyJeu 24 Déc 2015 - 1:50
Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.
Raphaël & Gaëlle



Alors que je prends congé de mon premier patient de l'après-midi -venu déjà quelques fois des suites de son opération du genou-, je sens mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon pantalon blanc de la Gaëlle en mode kiné. J'ai presque de l'espoir que ce soit cet homme qui accapare bien trop mes pensées en ce moment.  pas normal, c'est même certainement loin d'être sain, mais j'aimerais tellement avoir un petit message de sa part. Il me parait tellement plus distant dans ses réponses ces derniers jours. J'ai réussi, jusqu'à présent, à ne pas trahir nos échanges à Chris. Mais après tout, il n'a pas le droit de m'interdire de vouloir tenter de recoller les morceaux avec Raphaël, non ? Il sait très bien qu'il me considère comme un élément du passé loin de représenter de bons souvenirs. C'est juste que.. Ça allège mon p'tit coeur perdu d'avoir de ses nouvelles, n'allez pas me demander ce qui me pousse à dire ça. C'est comme ça, c'est tout. Surtout qu'à cause de Sarah et de James, on se retrouve dans la même ville. Autant cohabiter au mieux. Je sors donc mon téléphone de ma poche avec un petit sourire alors que je range le compte-rendu de l'opération de mon patient précédent. Bon, raté. C'est mon fiancé, qui me propose un petit restau ce soir.  Je souris, lui répondant rapidement que j'approuve son idée, qu'il n'aura qu'à me chercher au cabinet puisqu'il finit avant moi. Je le remets à sa place, ma double carte me permettant d'avoir mon numéro pro et privé sur le même téléphone. Je n'ai pas à me balader avec deux mobiles différents et c'est tant mieux, vu ma capacité à l'égarer. Quoique, plus autant depuis ce fameux échange. Oui, je sais, je reviens toujours au même sujet. À croire que ça tourne en une sorte .. D'obsession. Est-ce que je suis assez frappée pour attendre des nouvelles de cet homme avec une telle force ? Ça devient du gros n'importe quoi cette histoire. Mais j'en ai presque besoin. Est-ce que ce mot convient à cet état dans lequel je suis, depuis qu'on s'est croisé devant cette vitrine ? Comme si j'ai peur qu'il m'oublie, en fait. Je me mords la lèvre à cette pensée alors que mon regard se perd une fois de plus sur cette décoration composée de tous ces dessins de mes petits patients. J'ai même pu accrocher, hier matin, le premier qu'une petite fille vivant dans cette nouvelle ville m'a fait, juste pour moi. La pauvre petite a fait une chute dans les escaliers qui lui donne de nombreux mots qui, après quelques petites séances, commencent enfin à disparaitre. Son sourire ne cesse de grandir à chaque fois que je la vois, et c'est pour ces simples attentions que j'aime mon travail. Oh oui, je l'aime tellement.. Ce n'est certes pas grand chose, mais au moins, j'ai cette impression de faciliter le quotidien de ces personnes qui viennent me voir, que ce soit des p'tits vieux arthrosés ou même de très jeunes personnes, dont certaines couvent une maladie comme mon Yan. Je l'adore tellement ce petit, tellement mature pour son âge, réfléchi et intelligent, qui a cette force pour combattre sa maladie pourtant fatale dans de nombreux cas. Mais il n'y pense pas, du moins, il ne donne pas l'impression de ressentir cette fatalité. Il veut aller de l'avant. Et j'avoue que, ne pas pouvoir le serrer dans mes bras, ça me manque. Heureusement, je peux encore lui parler sur Skype. Ses parents ont même projeté de venir me rendre visite pour leurs prochaines vacances. J'ai tellement hâte de pouvoir revoir son sourire malicieux ! Un sourire se pose sur mon visage, alors que je remets un peu mieux l'une des épingles qui retient son dernier dessin, où un petit Je t'aime Gaëlle trône, dans un coin. J'avoue que ça me fout un petit coup au moral, là, sur le coup. Si bien que je prends quelques minutes pour m'appuyer contre le rebord de la fenêtre de ma p'tite pièce rien qu'à moi pour souffler un peu. J'ai tellement ce besoin de m'isoler en ce moment.. Mes cernes sont bien présentes sur mon visage, mais je n'y prête pas attention. Chris dit que je suis toujours aussi belle malgré leurs présences, ça me suffit. Puis, je préfère les laisser visibles que de les cacher sous trente pots de peinture et de crèmes en tous genre. Je tends la main vers mon bureau pour prendre ma thermos. Encore quelques minutes de répit avant d'accueillir un nouveau patient. L'un de mes p'tits vieux arthrosés d'ailleurs, qui se révèle avoir un humour assez limite par moment, mais bon. Disons qu'on a des points de vue assez divergents sur quelques sujets d'actualité ce qui me vaut des remarques sur mon jeune âge qui finira bien par me passer. Aller, courage. Ma journée se termine lorsqu'il aura quitté mon bureau.

C'est presque en reculant que je vais le chercher dans la salle d'attente, ne faisant pas attention à ma secrétaire qui, pourtant, m'indiquait discrètement qu'un rendez-vous plutôt urgent allait me tomber dessus après mon cher grand ami. Faut dire que je ne fais pas attention à grand chose, sauf à ce téléphone qui vibre une fois de plus alors que je manipule ce dernier patient. Le jour où il finira par écouter mes conseils à appliquer dans son quotidien, ça ira déjà bien mieux. Mais comprenez, je suis une p'tite jeune, donc monsieur qui a déjà vécu tant de choses croit connaitre mon travail mieux que moi. Je me retiens de soupirer pour la dixième fois de la séance, même si, au final, il me fait plus rire que pleurer. J'ai beau dire que c'est un peu tendu, mon côté de nana bienveillante fini toujours par reprendre l'avantage. Voilà qu'on parle de cette pluie qui s'abat sur la ville depuis quelques heures déjà. J'adore la pluie.. Disons que ça me détend. Oui, c'est bizarre, je sais. Mais s'il y a bien une chose que j'adore, c'est d'être sur mon canapé, mon thé en main et enroulée de mon plaid, à regarder et écouter la pluie tomber. Après, dehors, c'est autre chose. S'il n'y avait pas le risque de finir trempé, nul doute que cela ne me dérangerait pas d'être découverte sous les trombes d'eau. Après, je ne pense que très rarement à prendre un parapluie avec moi. Non, en fait, j'y pense jamais. Du coup, ce n'est pas rare que je termine trempée de la tête aux pieds. Une fois son petit massage terminé, je répète à mon p'tit vieux pour l'énième fois mes petits conseils lui permettant d'être moins souffrant jusqu'à notre prochaine rencontre. Toujours très calme, à la Gaëlle en fait, sans la moindre trace de lassitude. Beaucoup d'autres à ma place n'auraient pas été aussi patients, ça je le conçois. Mais après tout, ce n'est pas de sa faute, hein. Je le raccompagne jusqu'à ma chère secrétaire qui m'indique que j'ai encore ce fameux rendez-vous imprévu. Pas de soucis. J'étais censée finir plus tôt pour faire mes courses, mais ce sont les aléas du métier. Et ça ne me dérange pas. Mon associé a encore quelques heures devant lui, autant que je m'en occupe pour le soulager un peu et ne pas lui mettre un nouveau patient dans sa soirée qui s'annonce encore longue. Quand je dis que je suis censée finir plus tôt, ce n'est pas à 15h non plus, hein. Le cabinet reçoit des consultations jusqu'à 19h30 voire plus tard pour certaines personnes travaillant et ne pouvant pas se libérer plus tôt. Du coup, oui, on fait de grosses journées parfois. J'en viens même à me demander si on ne doit pas songer à prendre une troisième personne, même à mi-temps.. Faudra que j'en parle. Après tout, même à trois, le cabinet est suffisamment grand pour qu'on ne se marche pas dessus. Il pourrait s'occuper tranquillement des patients sur les machines ou dans les petites salles individuelles de manipulations. Un autre fait aussi qui me déconnecte un peu du monde réel, c'est ce test de grossesse que j'ai acheté ce matin à la pharmacie, suite à un petit doute que j'ai eu. J'aurai pu annoncer une -bonne ?- nouvelle à Christopher, ce soir, en rentrant .. Mais, une nouvelle qui n'est pas d'actualité. Et oui, j'ai profité de ma pause après avoir fini mes visites pour clarifier les choses.. Et c'est négatif. Pas de Mini-Ellans en vue. Je ne sais pas si ça doit me réjouir ou non. Après tout, j'ai déjà été enceinte avant le mariage, donc.. Il sait très bien que je rêve depuis toujours d'une grande famille. Lui, je ne sais pas vraiment ce qu'il attend de notre futur. S'il se contentera d'un, de deux ou de plusieurs p'tits. Il faut dire qu'on n'a pas vraiment encore soulevé la question ensemble tant on a de choses à faire pour le moment. Je retourne dans mon bureau, oubliant littéralement de demander le nom et la raison de cette visite à peine programmée. Les heures sup', ça ne me dérange pas. Surtout que ce n'est pas comme à Londres, je ne fais pas partie simplement d'un cabinet, non. Il m'appartient à moitié. Du coup, j'ai encore plus de responsabilités et de paperasse à régler, une chose qui m'insupporte depuis toujours. Ma fibre de pseudo-écolo s'offusque d'ailleurs de cette pile de papiers alors que tout serait plus rapidement traité, rangé, archivé sur ordinateur. Mais, mon cher associé est de la vieille école. Du coup, c'est un sacré bordel entre ce qui est sur papier et ce qui est informatisé. Et je ne peux pas me défiler aussi facilement lorsque des rendez-vous se rajoutent ainsi. La personne en question est en route pour le cabinet. J'en profite pour ranger quelques petites bricoles qui traînent sur mon bureau avant de faire un petit tour dans les salles des machines, donner un petit coup de main bienvenue à mon associé. Je passe par la porte intérieure pour éviter de sortir de cette pièce, de traverser le long couloir pour rentrer à nouveau dans ma pièce. Je ne vois donc pas Raphaël qui attend déjà presque devant la porte. J'ai encore de l'avance sur l'horaire, mais je me décide de sortir vers l'accueil, histoire de voir si ce fameux patient n'est pas encore arrivé. Et à peine ai-je eu le temps d'ouvrir la porte que je stoppe net mon geste, en le voyant, lui, devant mon bureau dans mon cabinet. « C’est pas trop tôt, j’ai faillis att... » J'en ai presque le souffle coupé de le voir ainsi, presque nez à nez avec moi. Là, je me rends compte de cette différence de taille qu'il y a entre nous. Ne m'y attendant pas, je détourne même le regard alors que je m'écarte pour le laisser entrer. « Evidement... » Et si j'ai le souffle coupé, mon coeur, lui, après s'être rétamé dans cette mare obscure aux souvenirs, bat bien trop fort que je ne le voudrais. Ah si j'avais su que c'était lui. J'aurais au moins pu m'y attendre ! Je le laisse rentrer, fermant la porte derrière moi sans pour autant m'avancer davantage. Mon regard ne le quitte cependant pas. Là, sincèrement, je ne me sens pas vraiment à l'aise, plus gênée et intimidée qu'énervée de le voir. Mon regard déchiffre très bien l'état dans lequel cet homme se trouve, le connaissant, finalement, que trop bien. J'y décèle ce dont j'ai besoin de savoir sans même à lui poser la moindre question. Qu'est-ce qu'il a donc foutu pour se retrouver avec un dos en vrac de la sorte ? Je tire alors sur les manches de mon chemisier sous ma p'tite tenue toute blanche de la parfaite kiné comme pour occuper mes mains alors qu'il se tient toujours dos à moi. Je m'avance doucement, de quelques pas, le laissant prendre la température des lieux qui a du bien changer depuis son dernier rendez-vous avec mon prédécesseur, celui-là même qui m'a permis d'avoir son nouveau numéro et donc, d'engager cet échange de messages. « Yan... » Il se tourne vers moi alors que ma tête s'est légèrement baissée. Le voilà qui va passer entre les mains de son ancien boulet étouffant. Quelle ironie.. Je jette un coup d'œil vers les dessins, esquissant un sourire en pensant à ce petit. Je suis légèrement mal à l'aise de l'entendre prononcer ce simple prénom.. Et oui, ce petit bonhomme, en me donnant ce dernier dessin qu'il m'a fait avant mon départ, m'a tout de même glisser quelques paroles qui, bizarrement, me perdent un peu, là, avec cet homme face à moi. Il m'a demandé si je partais de Londres pour retrouver Raphaël.. Cette simple question venant de ce tout jeune patient que j'adore tellement et dont je me sens bien proche m'a tout simplement bouleversée, et encore plus maintenant avec ces semaines de recul et mon passé qui tente de s'éclaircir. « C'est le dessin qu'il m'a fait avant que je parte de Londres. » Que je lui dis alors, reportant mon regard vers Raphaël, mais ma tête n'osant pas se lever pour je ne sais quelle raison. Il n'a vraiment pas l'air en forme, et ça me ronge, ça me tue à petit feu plus je le vois essayer de se tenir droit. Ne sachant pas la raison de sa venue -bien que j'en déduis la cause-, je lui dis, d'une voix que trop calme comparée à mon habitude et celle avec laquelle on s'est donné en public il n'y a pas si longtemps que ça. « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » Et oui, j'ai beau avoir nuie à sa personne avant l'accident, il n'empêche que de le voir dans cet état me .. peine et me déstabilise horriblement. Pour reprendre mes esprits, je fais quelques pas de plus tout en feignant de regarder ailleurs alors que mes yeux sont attirés par les siens. Et si je me frappais la tête contre le mur pour me retrouver, hein ? Ce serait une bonne idée, non ? Ce regard qu'il a, aujourd'hui, face à moi.. Rien à voir avec celui qu'il me lançait durant notre joute verbale. C'est horrible, j'ai l'impression, à ce moment-même que mon corps m'a abandonné, qu'il ne me répond plus tellement je suis perdue dans son regard. Je crois y déceler certaines choses.. Mais je dois me faire tout un film. Il est juste tout autant scotché que moi face à cette situation.

Tellement je suis à côté de moi-même, presque dans un autre espace temps, je n'entends même pas cette personne toquer à la porte et je la vois encore moins s'ouvrir. Raphaël ayant faussé compagnie à Gabriel, ce dernier a pourtant eu l'autorisation de la secrétaire pour le chercher et voir si, par hasard, il ne nous trouve pas l'un ou l'autre. Bonne pioche puisqu'on est bien tous deux, là, dans mon bureau, à se regarder depuis sans doute maintenant bien des minutes dans un silence que je ne trouve pas oppressant du tout. Juste .. Etrange. J'en ai presque des frissons alors que je sors de cette sorte de rêverie en voyant donc ce fameux cousin qui a cette expression typique du gars pensant être tombé au mauvais endroit au mauvais moment, chose qui fait légèrement rosir mes joues alors que je tire à nouveau sur mes manches, le regard rivé vers le sol. Si j'avais pensé que cette journée allait être si dérangeante que ça. Mais mon cœur, lui, par contre, semble sourire de tout ça. « Gabriel ? » Que je lâche simplement, tentant de me donner un peu de contenance, ce qui me manque cruellement face à ces deux Edgecombe. Pourtant, je l'ai déjà revu, ce cousin, à mon arrivée dans cette ville. Il n'est pas resté longtemps, étant "rassuré" d'avoir retrouvé son cousin, c'est pourquoi il referme rapidement la porte après m'avoir répondu..

A nouveau seule face à lui..

L'intervention de Gabriel m'a encore plus assommée en fait, tellement j'ai cette impression d'avoir été prise la main dans le sac, comme une petite fille qui vole son premier bonbon à la boulangerie. Je ne sais plus quoi faire en fait. J'ai l'impression d'être prise au piège.. Mais d'un agréable piège en fait. Fin, c'est bizarre admettez-le. Si je jetais un œil à mes mains, à cet instant, je pourrais les voir trembler tellement je suis gênée de la suite qui nous attend. Juste pour briser ce silence, je lui dis. « T'as l'air bien amoché dis donc.. » Presque par réflexe, je me force à ne me mordre que l'intérieur de la lèvre tout en me dirigeant vers cette table qui trône au bout de la salle. Comment je vais bien pouvoir lui dire d'enlever juste au moins son haut pour la suite ? Je lui lance un petit regard, lui soumettant indirectement l'idée qui est pourtant inévitable, tout en lui faisant un petit signe de la tête vers cette table. Histoire de détendre un peu les choses et comme pour lui dire que je ne vais pas le manger et me venger d'une quelconque rancune, je lui lance, d'une voix qui se veut teinter d'une trace d'humour avec, en prime, mon petit sourire habituel qui est enfin revenu. « Quand je te disais que j'étais contente de te revoir.. Tu n'étais pas obligé de te tuer le dos pour me croiser de nouveau. » Il faut dire que ces mots m'ont presque échappé en fait. Je pose une de mes mains sur la table en volant un nouveau regard vers cet homme dont la simple présence m'intrigue de plus en plus. Mes joues doivent certainement se teinter un peu plus. Je n'y peux rien. Mettez-vous un instant à ma place.. En plus, j'ai l'impression d'avoir un corset qui me comprime la respiration. Il faut rapidement que je me calme pour arrêter de sentir mes mains trembloter, même si ce n'est que très légèrement.


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MessageSujet: Re: Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust. = Raphaël   Heart doesn't know what doubt is. Heart simply knows trust.               = Raphaël EmptyLun 28 Déc 2015 - 1:14
Raphaël ∞ Gaëlle
The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd knew somebody like you. No, I don't want to fall in love with you. What a wicked game to play to make me feel this way. What a wicked thing to do to let me dream of you. What a wicked thing to say you never felt this way. What a wicked thing to do to make me dream of you. No, I don't want to fall in love with you. The World was on fire, no one could save me but you, strange what desire make foolish people do. I never dreamed that I'd love somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you. Now I don't wanna fall in love with you. Now I... (Wicked Games – Chris Isaak).


C’est avec une vigueur jamais atteinte jusqu’alors qu’mon cœur bat la chamade. Rien qu’parce qu’j’viens d’L’apercevoir. Et il va falloir qu’j’reste avec Elle. Seul. Dans Son bureau. L’temps d’une séance. M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E !

Mon regard s’pose rapidement sur la table sur laquelle va falloir qu’j’m’allonge, et j’me demande sérieusement si ça va pas rendre mon cœur encore plus bruyant. Car là, il fait un raffut du tonnerre, nul doute qu’ça sera pire lorsqu’il cognera, en plus d’le faire dans ma poitrine, contre cette table. Bon, point positif : mon cerveau n’est pas assez planté pour m’empêcher d’penser à des conneries. Point négatif : mon cerveau est quand même pas mal ralenti. Pourtant, avec l’afflux sanguin engendré par l’agitation cardiaque, ça devrait amener encore plus d’sang jusqu’à mon cerveau, et l’faire fonctionner encore mieux. Nan ? Hum, la question mérite vraiment qu’j’me penche dessus. Non non, vous rêvez pas, alors qu’j’me retrouve seul, face à Elle, et qu’j’tente - très vainement, j’en ai furieusement conscience - d’afficher un air hautement indifférent, j’essai d’penser à tout et à Rien. Sauf à Elle. A notre soudaine proximité, trop forte à mon goût, du moins, au vu d’la situation, car, si ça n’tenait qu’à moi, on serait encore plus proche, aujourd’hui plus que jamais, au vu des récents événements, j’ai cruellement besoin d’Elle. Tant pis pour moi, j’vais m’débrouiller seul pour tenter d’sortir la tête de l’eau.. Mes pensées s’égarent. Encore...

C’est lorsque j’me retourne enfin pour Lui faire face, en lâchant doucement l’prénom d’Yan, qu’j’réalise qu’j’ai retenu ma respiration depuis qu’on s’est croisé. Réflexe à la con qu’a dû m’venir pour éviter d’faire face à Son odeur. Sûr qu’ça aurait encore plus contribué à ramollir mon cerveau, voire à m’faire douter d’son existence même. Bon, par contre, respirer à nouveau a pour sale effet d’redonner un peu trop d’oxygène à mon organisme, et à avoir encore d’sales conséquences sur mon crétin d’cœur. Bordel qu’la séance va être longue ! L’évocation d’un de Ses anciens clients fétiches a pour effet d’La faire sourire, légèrement. Bien assez pour qu’j’vois Ses lèvres s’étirer en un fin sourire. Bien assez pour qu’mon cœur subisse un nouveau raté (à force, va arriver un jour où il va plus être en mesure d’redémarrer normalement !). Bien assez pour que, cumuler à Sa gêne manifeste d’me voir débarquer dans Son bureau, ça m’donne encore plus envie d’La serrer dans mes bras. P’tain, j’ai vraiment l’cerveau malade moi, y’a pas photos là ! C’est forcément l’cas, pour avoir d’telles pensées à propos d’une nana qui va prochainement en épouser un autre, un qui l’a d’ailleurs mise enceinte. Cette pensée m’fait serrer violement les poings, à l’abri d’mes poches, tant et si bien qu’mes ongles, pourtant pas bien longs, s’enfoncent dans ma chaire. Si seulement j’pouvais graver aussi facilement dans mon esprit qu’mes ongles meurtrissent ma paume l’fait qu’Elle est enceinte, et donc, désormais hors d’atteinte pour moi, ça réglera p’têtre bien des choses. J’en suis précisément à c’point-là dans l’pathétique lorsqu’Elle prend la parole : « C'est le dessin qu'il m'a fait avant que je parte de Londres. ». Au moins, mon apparition n’La pas privé d’l’usage d’la parole. P’têtre espérait-Elle qu’j’allais taper un scandale afin d’avoir l’autre kiné, lorsqu’Elle a appris qu’j’arriverais en urgence. Ouais, ça doit forcément être ça : Elle n’a très certainement pas osé demander d’Elle-même à son collègue d’me prendre en charge, s’attendant à c’que j’le fasse. Parce qu’y’a quand même un gouffre, bien plus grand qu’le Grand Canyon, entre l’fait d’communiquer, quelque peu, par SMS, et celui d’se retrouver obligée d’me masser l’dos après qu’j’me sois vautré comme l’imbécile que j’suis. Ou alors, p’têtre qu’Elle cherche à trouver Ses mots pour m’dire qu’il faudrait qu’j’me dirige vers l’autre spécialiste. Mais qu’pour pas heurter mon hypothétique sensibilité (pour peu qu’Elle pense vraiment qu’j’en ai une, c’qui n’risque pas vraiment, vu c’que j’Lui ai dis l’autre fois où on s’est vu, et la distance qu’j’ai instauré dans mes SMS évasifs depuis plusieurs jours maintenant, presque comme si Elle m’gênait mais qu’j’osais pas La virer d’nouveau d’ma vie), Elle n’sait pas comment m’le dire. J’me gifle mentalement, tâchant d’retrouver partiellement mes esprits, au lieu d’rester là, comme un abruti, sans bouger, ni sans rien dire. « Ah ? C’est bien. » Mouais, on peut pas dire qu’ma gifle mentale ait été d’une grande aide sur c’coup-là hein ! Car c’est tout c’que j’parviens à dire au sujet du gamin, dont d’nombreux dessins tapissent les murs. On peut sans doute s’demander pourquoi j’cherche pas à en savoir plus au sujet du gosse, s’il va bien ou autre truc du même genre. La raison est simple : déjà, une partie d’moi s’souvient qu’il faut quand même qu’j’tente d’préserver les apparences, et m’soucier ouvertement d’Yan va bien ne m’sera guère utile pour l’rôle du mec indifférent qu’j’tente d’jouer. Et puis, j’La connais. S’il était arrivé quoi qu’ce soit au mioche, quelque chose dans son langage corporel L’aurait trahi, du moins, à mes yeux, habitués à La déchiffrer sans qu’Elle n’ait besoin d’parler. Ca fait p’têtre des mois qu’j’L’ai pas vraiment vu, y’a très certainement des choses qu’j’refuse d’voir d’peur d’espérer pour rien, mais il reste tout d’même des sujets sur lesquels j’me sais toujours incollable. Toujours est-il qu’Sa réponse m’a arraché un maigre sourire, car ça m’a rassuré sur l’état du gosse, auquel j’ai quand même pensé quelques fois, au fil des mois écoulés. J’l’ai p’têtre vu qu’une fois, mais j’en avais tellement entendu parlé qu’j’m’y suis attaché avant d’le rencontrer...

Droit comme un I, c’est ainsi qu’j’tente d’rester, plus pour m’concentrer sur autre chose qu’Elle et qu’Sa présence qui m’brûle littéralement, qu’pour atténuer la douleur d’ma gamelle. Pour ça qu’j’suis encore moins bavard qu’à mon accoutumée. D’toute façon, qu’est-ce qu’j’pourrais bien lui dire ? N’est-ce pas pour éviter tout rapprochement, m’amenant automatiquement à souffrir au final, qu’j’ai instauré une certaine distance dans nos SMS ? J’sais qu’il aurait été préférable qu’les arrête, tout simplement, mais c’était largement bien au-delà d’mes forces, et rien qu’prendre sur moi pour n’pas Lui envoyer des messages aussi souvent qu’j’l’aimerais m’détruit d’l’intérieur, alors j’n’ose imaginer c’que ça donnerait si j’arrêtais tout. « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? », finit-Elle par m’demander, m’sortant, très peu, d’la léthargie dans laquelle j’ai l’sentiment d’être plongé depuis qu’j’suis ici. Sa question fait poindre un sourire sur mon visage, aux nuances plus ironiques qu’amusés. Lentement, j’décrispe ma main droite, qu’j’extrait d’ma poche, pour m’la passer dans les cheveux, dans un geste réconfortant et routinier face à une situation qui m’trouble un peu trop pour ma santé mentale. Qu’est-ce qui fait ressurgir autant d’railleries chez moi, en c’moment ? La réponse qui m’vient, tellement instinctivement, qu’j’dois m’mordre la lèvre pour la retenir, et détourner la tête, comme pour m’focaliser sur Sa déco et non sur Elle. Plus simple pour veiller à garder mes mots en moi et n’pas les partager avec Elle. Pas vraiment la meilleure idée qui m’ait cependant traversé l’esprit, car j’La reconnais bien, dans l’ensemble d’Sa déco, à tel point qu’si j’voulais juste m’bercer d’illusions, j’pourrais croire qu’tout est comme avant. Soupir comme pour expulser la vérité qu’j’aimerais voir éclater : « C’qui m’est arrivé ? Toi. Te retrouver ici après m’être fait à l’idée que j’t’avais perdu, et t’voir, enceinte, sur l’point d’en épouser un autre. Puis m’voir incapable d’arrêter d’t’envoyer des SMS, m’rendant compliqué la tâche d’t’oublier. Et puis, mon père, qu’est malade, et ma tumeur qu’est d’retour. », qui, dans les faits, devient un laconique : « VTT. Perte d’concentration. », qui est plutôt parlant, pour quiconque m’connait assez. L’sport, ça m’a toujours permis d’m’aérer l’esprit, et ce, peu importe c’qui s’passait dans ma vie. Ca a été mon exutoire, lorsqu’Josh s’noyait d’plus en plus dans la drogue, hors d’atteinte. Même à cette époque sombre d’ma vie, j’ai réussis à éviter les accidents, trop pénalisants, du moins. Y’a qu’suite à sa mort où, trop bouleversé par l’drame, une chute en escalade, en extérieur, et entre autres blessures, ça m’a valu d’voir mon bras droit immobilisé pendant des semaines entières.

Ma main droite cesse enfin d’torturer ma tignasse, retombant un peu trop rapidement l’long d’mon corps, c’qui m’fait mordre ma lèvre, c’mouvement s’répercutant dans mon dos et réveillant, un peu plus vivement, la douleur qui y loge. Mais ça n’est pas suffisant pour qu’mon cerveau s’décide à fonctionner à nouveau. J’reste figé comme un con, impuissant d’proférer la moindre parole et plus encore d’détourner l’regard du Sien. D’Elle, tout simplement. L’coup du papillon et d’la lumière dont j’ai déjà parlé y’a quelques temps, en somme. Depuis qu’on s’écrit, j’dors encore moins qu’avant, comme si ma raison voulait m’faire payer la faiblesse d’mon cœur. Pas d’appétit ni d’véritables distractions car mon boulot est mon seul refuge et qu’Tumy fait d’plus en plus des siennes. Bref, j’suis loin, très loin, d’être dans mon état normal, sans compter qu’j’suis blessé, c’est sans doute pour tout ça qu’j’ai autant d’mal à reprendre contenance. Qu’j’parviens pas vraiment à réfléchir pour faire disparaître c’maudit silence qui nous lie, ni à regarder ailleurs. J’sens bien qu’mon regard doit certainement m’trahir, exprimant bien trop ouvertement c’que j’tais, mais même ça, j’ai pas la force d’tenter d’y remédier. Ca m’a déjà demandé un effort colossal lors d’notre précédente entrevue, et j’crois qu’j’ai pas encore récupéré, d’ailleurs. C’silence et c’maudit échange d’regard m’ankylose tellement qu’j’en oublie tout : mon dos, mon père, mon cancer. Plus rien n’compte, à l’exception d’Elle, d’mon envie d’me noyer dans son regard pour n’jamais en sortir, et d’la paraphrase qu’j’pourrais lui lancer, visuellement, si seulement j’étais du genre à retenir des phrases d’séries télé à la con, ça serait : « Mais, tu vois, chaque fois que je te regarde, je me sens mieux, ça me remonte le moral, ça me bouleverse totalement, mais... c’est vrai : j’ai pas besoin de coucher avec toi, je pourrais me contenter de te regarder de l’autre bout de la pièce, chaque petite partie de toi, et avec de la chance toi toute entière, ce serait pour moi, ce qu’il y aurait de mieux... Parce que je t’aime. ». Et pourtant... A peine aies-je songé mentalement à une telle chose qu’mon cerveau a la curieuse idée d’se relancer pour prendre l’pas sur l’contrôle, faiblard, qu’j’exerce sur mes faits et gestes. En c’moment précis, j’suis las d’lutter, contre c’que j’ressens, contre c’que j’veux vraiment faire. C’est pas tant qu’j’veuille L’embrasser qui a raison d’ma résistance, mais plutôt l’fait qu’j’ai cruellement besoin d’La serrer contre moi, d’La sentir blottie contre moi (et encore, ça, c’est quand j’parviens à mettre d’côté la tenue qu’j’sais qu’elle porte en-dessous d’sa tenue d’kiné, sinon, j’réponds plus d’mon cerveau, ses chemisiers ont toujours eu cet effet assez impressionnants sur moi). Qu’importe qu’Elle finisse par m’repousser, qu’importe l’fait qu’ça puisse m’faire encore plus mal au dos, dans l’hypothèse folle où Elle m’rende mon étreinte (remarquez, j’crois qu’là, la douleur serait presque cool en fait.). J’en ai juste marre d’aller à l’encontre d’mon désir réel. Mais ma faiblesse a à peine l’temps d’me faire réellement flancher qu’la porte s’ouvre, brisant l’étrange bulle dans laquelle on s’était refugié jusqu’alors, m’faisant sursauter, tant l’moment, déroutant, était p’têtre un peu trop intense pour moi, tant l’erreur qu’j’ai faillis commettre vient d’m’éclater à la gueule, puissamment. Sans cacher mon agacement, j’tourne ma tête en direction d’l’importun : « Gabriel ? » Elle m’arrache c’prénom d’la bouche, j’me contente donc d’foudroyer mon cousin du regard, sentant bien dans l’sien qu’il a été bien trop observateur pour n’pas s’mettre des conneries en tête. « Vous dérangez pas pour moi », qu’il réplique, presque en sifflotant, un grand sourire aux lèvres, m’lançant même un regard qui s’veut complice. Pas bon ça, pas bon du tout. « Gab... », mon ton est nettement moins surpris qu’ne l’fut l’Sien, même si c’prénom filtre à peine à travers ma mâchoire crispée et mes lèvres pincées. Au contraire, il s’y trouve comme une mise en garde, comme un « crétin », à peine voilée. Et pourtant, Gab n’percute pas, il s’voile la face, son sourire est toujours réjoui lorsqu’il s’éloigne enfin.

Mon regard est toujours fixé sur la porte, bien qu’refermée, alors qu’la tension qu’j’avais réussis, j’sais pas trop comment, à oublier jusqu’à présent, m’tombe brusquement dessus. C’est pour éviter d’râler qu’ma mâchoire s’crispe, et qu’j’pince l’arête d’mon nez entre mon pouce et mon majeur. A croire qu’tout ça va réussir à m’calmer. « T'as l'air bien amoché dis donc.. » Nouveau soupir, alors qu’j’arrête enfin d’me pincer la naissance du nez. Une fois d’plus, mon regard s’fixe sur Elle, à croire qu’j’suis incapable d’regarder ailleurs, plus que quelques secondes, lorsqu’Elle est dans les parages. (c’qui est la cruelle vérité, j’sais bien... ) J’secoue la tête, comme pour Lui signifier qu’c’est rien. C’qui, à mon sens, est vrai. J’ai connu pire, à la ferme ou lors d’bagarres. Ca va juste être bien chiant pendant plusieurs semaines, mais au moins, ça m’empêchera pas d’bosser, j’devrais juste éviter certains mouvements. Puis, d’toute façon, entre Tumy et la torture qu’me fait vivre mon cœur, cette douleur au dos, c’est presque une balade de santé ! Non, rectification, c’qui m’attend, entre ces murs, est pire qu’tout. J’avais presque oublié la suite logique d’ma présence ici, c’que j’devais pourtant attendre d’Elle, étant donné qu’là, Elle n’est plus qu’une vieille connaissance s’retrouvant, malgré Elle, obligée d’être ma kiné. C’est moi ou l’atmosphère est oppressante, d’un coup ? Il faisait aussi chaud qu’ça, jusqu’à présent ? D’nouveau, ma main droite s’réfugie dans ma poche, pour s’crisper, à l’instar d’sa jumelle, dont la paume est bien amochée par mes ongles, depuis l’temps. « Quand je te disais que j'étais contente de te revoir.. Tu n'étais pas obligé de te tuer le dos pour me croiser de nouveau. » Soupir, encore et toujours (à croire qu’Elle m’agace, alors qu’j’sais juste pas comment réagir à Sa réplique), alors qu’j’Lui tourne l’dos, pour tâcher d’me motiver à enlever mon t-shirt. Sans m’presser réellement, j’fais glisser ma veste en jean pour m’en séparer, et la poser sur l’porte-manteau. Ce faisant, j’parviens enfin à décrocher la mâchoire pour Lui répondre un : « J’dirai bien qu’c’est juste une preuve qu’j’ai jamais su agir sans excès », avoué-je dans un murmure, presque fier de m’être débarrassé d’ma veste sans trop galérer, souriant partiellement face à c’que j’dis, car, faut l’avouer, c’est quand même vrai, à croire qu’j’ai jamais aimé agir comme tout l’monde. Sans oublier qu’j’ai toujours été capable d’faire des trucs assez insensés pour La voir, lorsqu’on était ados.... «  mais la vérité, c’est qu’j’avais même pas percuté qu’tu bossais ici.... ». J’en dis pas plus. Pas la force, d’toute façon. C’est pourtant pas l’manque d’réparties qui s’fait sentir. Juste qu’l’intervention d’Gabriel m’a remis les pieds sur terre. La limite qu’j’ai failli franchir tout à l’heure, j’en suis à présent bien loin, ayant reculé d’une bonne dizaine d’mètres. Un pas en avant, 2 en arrière : voici l’jeu auquel j’joue avec Elle, sans l’vouloir, depuis qu’le hasard nous a remis sur la route d’l’autre. Au moins, l’absence d’vannes d’ma part n’devrait pas être trop suspecte, pouvant bien s’expliquer par l’fait qu’j’ai mal.

Si j’me suis tourné pour m’déshabiller, c’est pas par pudeur. Même si, j’avoue qu’le fait d’me retrouver torse nu devant Elle ne m’réjouit pas vraiment. Non, c’est surtout parce qu’j’veux pas qu’Elle voit l’pendentif qu’j’suis en train d’détacher d’autour d’mon cou. Comme bien souvent, depuis qu’j’L’ai laissé, j’porte ainsi nos alliances, du moins, lorsqu’j’les conserve pas simplement dans mon portefeuille, dans l’une d’mes poches, ou dans l’un d’mes tiroirs, toujours non loin d’moi. Il m’est physiquement impossible d’m’en éloigner, d’toute façon. Après tout, c’est bien tout c’qui m’reste d’Elle, d’nous. M’en séparer revient, à mon sens, à jeter tout ça aux oubliettes. Déjà qu’j’ai l’impression d’La tromper dès qu’j’suis avec une autre, (encore plus lorsque, comme bien souvent, ces bagues sont accrochés à mon cou) alors m’en séparer m’laisserait à croire qu’j’L’ai oublié, pour de bon. (Oui, j’sais, j’suis tordu : comment pourrais-je tromper quelqu’un qui n’me voit même plus comme son fiancé, mais c’est ainsi...) J’détache donc c’collier, qu’j’camoufle bien rapidement dans ma main, une fois qu’il ait glissé quelque peu contre mon torse, m’arrangeant ainsi pour qu’Elle n’ait rien pu voir, puis j’le mets dans l’une des poches d’ma veste. C’est pile à c’moment qu’mon portable s’met à vibrer, indiquant un SMS. « Désolé. », qu’j’Lui dis alors en levant mon portable, entre ma nuque et mon épaule, pour qu’Elle l’voit et comprenne qu’j’risque d’tarder un peu, l’temps d’voir c’qu’on m’veut, et d’répondre si nécessaire. « T’auras des choses à m’expliquer à ta sortie », aies-je déjà dis qu’mon cousin était idiot ? « Tu rêves, crétin ! ». Voici tout c’que j’parviens à lui répondre, n’prenant pas la peine d’réagir sur l’fait qu’il veuille m’attendre : têtu comme il est, il refusera net d’rentrer chez lui sans qu’on ait parlé... Rangeant mon portable, j’secoue la tête, fatigué à l’idée des questions à la con qu’il risque d’me poser. J’lève ensuite mes bras, doucement, pour les amener derrière ma nuque, et ainsi attraper le haut d’mon t-shirt, pour l’ôter, l’plus lentement possible, car bon, avec un dos en vrac, l’moindre geste est éprouvant. Quelques secondes plus tard, mon haut s’retrouve accroché avec ma veste. J’fais rouler doucement mes omoplates et penche ma tête sur les côtés, afin d’faire disparaître les élancements d’mon dos qu’ont pointés l’bout d’leur nez dans ma séance d’déshabillage. Tellement crispé par la suite des événements, j’percute pas qu’outre les quelques hématomes qu’on peut déjà voir d’ma chute survenue un peu plus tôt, on peut aussi distinguer, sur mon dos, 2-3 griffures. J’sais pourtant qu’elles sont là, j’étais là, et conscient, lorsqu’elles m’ont été faites, cette nuit même. Mais... J’ai autre chose en tête. Tant mieux pour moi, sinon, j’crois qu’j’en aurais rougi, m’demandant c’qu’Elle pourrait bien penser d’moi, et imaginer les concernant.

C’est avec un nouveau soupir qu’j’me retourne enfin, pour lui faire face. J’La regarde, sans vraiment La regarder, disons qu’j’applique l’vieux truc du « regarder un point derrière une personne pour faire croire qu’on la fixe », et j’balance un léger : « M’voilà prêt pour une séance d’torture. ». J’inspire profondément, puis j’m’avance vers Elle et la table, feignant d’trouver soudainement plus intéressant d’regarder mes mains qu’Elle ou Son bureau. J’hausse d’ailleurs un sourcil en voyant qu’ma main gauche a visiblement peu appréciée son moment passé avec mes ongles, dans ma poche. Heureusement qu’j’ai l’ongle du pouce qui s’fait la malle, sinon, j’aurai eu une marque en plus. J’mets à nouveau mes mains dans les poches d’mon jean, et tâche d’avancer comme si tout était normal, comme si j’étais pas gêné d’me retrouver torse nu devant Elle. Sérieusement, j’peux m’foutre à poil devant n’importe quelle gonzesse sans m’sentir gêné, et avoir l’impression d’être un ado qui s’dévoile un peu trop devant la 1ère nana dont il est réellement amoureux. A croire qu’Elle m’a jamais vu ainsi... Pathétique... C’est surtout qu’j’ai pas la force d’voir Son regard glisser sur moi, comme si d’rien n’était, comme si ça Lui faisait plus rien d’me voir ainsi, comme ça devrait s’produire, vu qu’Elle va s’marier.. Pour ça qu’j’évite même d’observer Son visage, n’voulant pas partir à la quête des rougeurs qu’j’aimais à y voir apparaître, lorsqu’j’apparaissais devant Elle uniquement vêtu d’un jean. Non, ça, c’est trop dur pour moi... Pathétique, l’retour.... Enfin arrivé vers la table, j’lève enfin la tête pour lui faire face, tout en commençant à dire :  « Evite juste... » Mouais, non, en fait, Lui parler, dans une telle tenue, à quelques mètres seulement d’Elle, c’est pas une bonne idée. J’humidifie ma lèvre avant d’la mordiller pour m’faire revenir à moi, et j’amorce l’mouvement pour m’allonger sur la table, tout en reprenant, espérant qu’le léger temps d’arrêt qu’j’ai marqué soit passé inaperçu « d’me baver dessus. L’soin version escargots », qu’j’poursuis, enfin allongé, « c’est pas mon délire ! ». Vanne idiote faisant allusion à notre 1er échange de SMS, mais qui a, pour moi, pour objectif d’alléger l’atmosphère, qu’j’trouve oppressante depuis plusieurs minutes. Enfin, juste depuis qu’mon cerveau s’est remis à fonctionner normalement, et donc, à prendre conscience qu’Elle allait m’masser. Qu’il m’faudrait camoufler, au mieux, l’trouble qu’Ses mains sur mon dos douloureux vont immanquablement faire apparaître. Il est certains qu’jamais une séance chez l’kiné m’aura semblé aussi longue qu’celle qui m’attend, pas même lorsqu’j’avais l’kiné qu’Elle remplace actuellement. Nouveau soupir, alors qu’j’tente d’me décrisper, d’mon mieux, essayant d’ne pas songer à l’éventualité qu’elle puisse être en mesure d’sentir, dans mon dos noué, l’fait qu’j’sois loin d’être au top d’ma forme, en c’moment, même si j’ai pas encore commencé d’traitements. « Désolé pour Gab’, au fait... », qu’j’souffle alors, sur un dernier soupir, dans l’expectative douloureuse d’la suite des événements. J’préfère m’excuse du comportement débile d’mon cousin, ça m’permet d’fixer mes idées sur autre chose. C’est ainsi qu’j’ai l’intention d’poursuivre cette séance : penser à tout et à rien, et surtout pas à Elle ni au massage qu’Elle m’prodiguera. Pour ça d’ailleurs qu’j’me mords la lèvre, pour éviter d’dire trop d’conneries.

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