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Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]


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MessageSujet: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 5 Nov 2015 - 22:53
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


HJ :

Avant qu’ma vie n’vole en éclats, avant que l’absolue certitude que j’avais perdu la seule femme que j’aimais ne m’assomme dans c’douloureux constat, j’étais un homme heureux. N’allez pas vous mettre en tête que j’étais bien différent de celui qu’j’suis devenu par la suite, de l’homme qui vit à Blossom Hills. J’étais juste moins chieur, moins impulsif, moins agaçant, plus posé, plus réfléchi, plus apaisé. Un miracle ? Non, j’avais juste la chance de m’être trouvé quelqu’un pour m’aider à trouver un homme assez bien pour mériter de rester à ses côtés. Vous avez sans doute du mal à me croire, n’est-ce pas ? Laissez-moi vous prouvez que cela n’est pas que des conneries : j’vous propose un p’tit retour dans l’passé ! Et sans même qu’il soit nécessaire d’monter dans une Delorean ! Si ça, c’est pas la classe !

En septembre dernier, ma vie a pris une tournure qu’j’attendais depuis bien longtemps, si j’peux être honnête. En septembre dernier, j’ai en effet demandé Gaëlle en mariage. Pour certains, cette décision est possiblement considéré comme une preuve d’immaturité, car pour ces gens-là, nous sommes tous les deux trop jeunes pour savoir si nous sommes prêts ou pas à prendre un tel engagement. Mais, d’vous à moi, elle n’a p’têtre que 23 ans, et j’ai p’têtre que 25 ans, mais l’âge n’a rien à voir là-dedans. Bon, par contre, j’vous avoue qu’le mariage, c’est p’têtre un peu vieux jeu, j’le conçois parfaitement. J’sais toutefois qu’c’est important pour ma famille, et, par-dessus tout, qu’c’est important pour Gaëlle. Alors, sincèrement, j’pouvais pas y échapper. Puis bon, d’toute façon, ça faisait un moment qu’j’savais qu’j’voulais vivre le reste de ma vie avec elle, alors pourquoi n’pas officialiser ça, hein ? Bref, voici donc les raisons qui m’avaient poussé à lui demander sa main. D’manière un peu maladroite, j’l’avoue, et certainement pas d’la façon dont j’l’aurais souhaité. Mais bon, les imprévus, ça arrivent, surtout quand il faut pas, quand vous avez tout préparé, donc, il faut savoir composé avec ! Alors ouais, au final, ma demande n’ressemblait à pas grand-chose, d’autant plus qu’j’étais parti dans un discours un peu débile. Ouais, j’ai finis par demander à Gaëlle si elle voulait bien devenir ma femme alors même qu’j’avais pas la bague qu’j’comptais lui offrir. Pourtant, j’savais déjà celle qu’j’voulais pour elle, j’l’avais moi-même dessiné, et commandé à un pote bijoutier. Mais des imprévus avaient fait qu’sa création avait pris du retard sur le planning. Et, manque de bol, j’avais pas la bague l’soir où j’avais prévu d’faire ma demande. Sachant qu’j’avais réservé, pour c’soir-là, dans l’restaurant préféré d’Gaëlle, un restaurant très apprécié à Londres et dans lequel on n’peut pas s’pointer à l’improviste, qui demande de la patience pour réserver une table, bah, j’avais décidé d’improviser. J’avais donc fais ma demande en ayant dans ma poche une bague qu’on peut acheter dans les distributeurs à la con d’n’importe quelle grande surface. Juste pour faire un clin d’œil à notre 1er rendez-vous d’ado, au cours duquel on avait été à une fête foraine, et qu’j’avais gagné à un stand une bague fantaisie. Donc, j’sais, ma demande était loin, très loin, d’être parfaite. Mais au final, Gaëlle avait quand même acceptée, alors c’est l’essentiel, qu’importe qu’ça n’ait pas eu la forme escomptée ! Donc, depuis quelques mois à présent, j’pouvais enfin présenter Gaëlle comme étant ma fiancée, ma future épouse (et elle avait enfin sa véritable bague !). Et j’sais qu’c’est vieux jeu, mais, honnêtement, j’aime assez l’idée, même si j’aime bien plus lorsqu’elle me présente ainsi. Même si, dans tout ça, c’que j’préfère, c’est la perspective qu’elle porte prochainement mon nom. Ouais, bon, OK, j’avoue, p’têtre qu’j’suis un peu vieux jeu, dans l’fond, toutefois, j’préfère m’voir comme un imbécile heureux et amoureux.

Ca fait donc quelques mois qu’on commence à planifier l’mariage. Et bordel qu’c’est la galère ! Choisir une bonne date, qui pourrait convenir à nos familles, savoir où faire la cérémonie et les repas, s’arranger pour héberger ceux qui peuvent venir de loin, trouver un bon groupe pour animer la soirée, sans oublier de définir quel traiteur prendre (peut-être Gabriel, ça pourrait lui faire du taf ?).... Bref, là, j’ai fais la liste très, très, très courte, car c’est foutrement la merde à préparer, un mariage. Sérieux, j’voyais pas autant d’embrouilles pour un simple mariage. Heureusement qu’on passe pas notre temps qu’à l’planifier, car j’crois qu’ma raison s’serait tirée depuis bien longtemps. Non, honnêtement, trop d’préparatifs en tout genre, ça m’gave ! Et on a toujours pas fixé d’dates, donc, là, on commence juste à réfléchir à tout c’merdier. J’ose même pas imaginer c’que ça donnera dans quelques mois, quand on aura un peu plus avancé dans l’truc. Mouais, non, on va éviter d’trop y réfléchir !

Aujourd’hui, j’ai eu une journée assez longue. L’mois d’mai arrive bientôt, et avec, mon exposition. De son bon déroulement, ma carrière dépend. D’ailleurs, c’est afin d’me concentrer sur les derniers détails pour l’expo qu’on n’a pas trop pu avancer sur l’mariage, avec Gaëlle, qu’on survole juste sa préparation. Mais j’pense qu’elle y réfléchit déjà bien d’son côté (en tout cas, j’l’espère, car, honnêtement, si ça n’tenait qu’à moi, ça s’ferait un comité très restreint, juste notre entourage l’plus proche, et basta !). Bon, revenons-en à mon expo. La grande majorité d’mes œuvres sont déjà prêtes, depuis bien longtemps d’ailleurs. Mais j’ai encore du boulot ! J’ai encore pas mal d’sculptures à terminer pour les présenter à ce moment-là. J’suis minutieux, en général, lorsqu’j’bosse, mais là, c’est pire. J’veux qu’tout soit nickel. Une telle chance, ça fait des années qu’j’l’attends. Depuis qu’j’ai terminé les études, en fait. J’ai trimé comme un fou pour qu’on m’laisse ma chance. Et il est hors de question qu’j’la laisse m’échapper. Aussi bien parce qu’j’aimerai qu’on m’reconnaisse comme un artiste que parce qu’j’aimerai n’plus avoir à bosser à côté pour rapporter d’l’argent chez nous. Ouais, j’suis qu’un grand rêveur, dans l’fond, j’aimerai vivre d’ma passion. Mais bon, j’sais qu’si j’échoue, j’continuerai à donner quelques cours d’Art, sans trop d’motivations, et à faire quelques interventions scolaires, toujours pour l’Art. Et, par-dessus tout, j’aimerai prouver à tous ceux qui ont descendus l’couple qu’on formait avec Gaëlle qu’j’peux aussi aider aux finances, qu’j’suis pas qu’un artiste à la con, à peine bon à dépasser d’l’argent pour des sculptures qu’personne regarde, qu’j’mérite pas une fille comme elle. Bon, d’vous à moi, cette pensée m’a effleurée à maintes reprises l’esprit, et continue à l’faire régulièrement, d’ailleurs. Mais d’moins en moins souvent. Parce qu’j’sais qu’elle m’aime, et qu’j’ai cessé d’essayer comprendre pourquoi et comment une telle chose est possible. Bref, cette expo, elle compte pour moi, alors, j’mets les bouchées doubles pour terminer mes sculptures en temps et en heure. Cependant, une chose qu’j’refuse de sacrifier pendant qu’j’prépare l’expo, c’est bien Gaëlle. Alors j’m’arrange pour n’pas être tout l’temps dans mon atelier, aussi bien pour la voir qu’pour faire ma part d’boulot. Ouais, personne n’aime les corvées d’intérieur, mais bon, faut bien qu’ça s’fasse. Alors, j’mets la main à la pâte, avec plus ou moins d’plaisir, mais faut y passer ! Ma mission du jour ? Faire les courses avant d’rentrer. Pas d’bol pour moi, c’est pile dans les heures de pointe, les heures où tout l’monde va faire ses courses en même temps. C’qui veut dire qu’j’me coltine une longue file d’attente.

Ca a été tellement long qu’j’suis vraiment content d’rentrer enfin dans notre p’tite maison londonienne, même si ça signifie qu’il va falloir qu’j’range les courses. Et l’rangement, ça m’emmerde autant qu’regarder un ballet, c’est pour dire ! D’autant plus qu’Gaëlle n’est pas encore là, elle m’a envoyé un SMS pour m’prévenir d’son retard. Donc, j’pourrais pas compter sur son aide pour l’rangement (ne serait-ce que pour m’dire où vont certains trucs, dont j’me sers jamais. Et pourtant, j’fais parfois à bouffer. Etrange, mais c’est comme ça, quand c’est des trucs dont j’me sers peu, ma mémoire devient aussi efficace qu’celle d’un poisson rouge !). Comme à mon habitude, j’me balade dans la cuisine pieds nus, parce qu’j’aime pas avoir des chaussures ou des chaussons, alors j’m’en passe dès qu’possible. Et comme à mon habitude, j'mets la radio. Parce qu’j’aime pas vraiment l’silence, et c’est pire quand j’sculpte. J’pourrai m’contenter d’mettre la télé en arrière-fond sonore, mais ça m’emmerde, y’a pas grand-chose d’intéressant, en plus, à une telle heure. D’la merde, d’la merde, et encore d’la merde. J’pourrai mettre une chaîne d’info, mais, honnêtement, ça m’déprimerait. Globalement, les infos sont pas très joyeuses, et j’sais déjà qu’la vie peut être chiante, j’vais pas en rajouter une couche ! (Assez ironique d’se dire que dans quelques mois, ma vision d’la vie sera bien pire qu’elle n’l’est déjà !). Alors non, moi, j’préfère la radio. Ou la musique, simplement. Mais en cette fin d’journée, j’ai choisis la radio. Aussi bien pour n’pas trop savoir quels titres seront diffusés qu’pour écouter les conneries d’l’émission qui y passe.

C’est d’ailleurs hilare qu’m’retrouve Gaëlle, lorsqu’elle rentre enfin. J’ai finis d’ranger (tant bien qu’mal, mais j’ai triomphé !), et l’un des animateurs radio vient d’balancer une connerie qui m’a arraché un franc rire. L’genre qu’j’serai presque incapable d’produire dans quelques mois. L’genre qu’vous m’pensez même pas capable d’connaître. « Tiens, c’est à c’t’heure-là qu’t’arrives toi ! », lui dis-je avec un grand sourire, qu’j’ponctue d’un clin d’œil. Pour ceux qui sont habitués à m’voir râler, j’précise qu’là, j’plaisante. Comme j’l’ai dis un peu plus tôt, elle m’avait prévenue de son retard (qui n’est pas si énorme qu’ça, sinon, il va d’soi qu’j’aurai cherché à la contacter pour savoir où elle était, pas par jalousie, juste par inquiétude, ne m’voyez pas non plus comme un crétin qui supporte pas qu’sa copine sorte sans lui !). !). D’ailleurs, j’m’attendais à qu’elle ait plus de retard qu’ça, j’ai même pas eu l’temps d’commencer à préparer l’repas (faut dire qu’j’ai été retardé en faisant les courses !). Mais bon, j’ai déjà des idées pour l’repas, donc, ça devrait être vite fait ! Sinon, on est à Londres hein, on peut aussi commander où on veut pour qu’on nous livre un bon repas (ouais, j’suis une feignasse pour faire à bouffer, j’avoue !) Bref, tout ça pour dire qu’j’la charrie. Et qu’j’suis content d’la retrouver. Certes, on n’est pas un couple parfait. Certes, on s’engueule parfois. Souvent pour des trucs futiles, en plus. Mais j’suis vraiment bien avec elle. Et alors qu’j’l’embrasse pour la saluer, j’me dis qu’j’ai d’la chance d’l’avoir dans ma vie. J’suis p’têtre qu’un crétin, mais j’sais qu’elle me stabilise, bien plus que n’importe quelle autre fille qu’j’ai pu fréquenter n’a pu l’faire. J’sais aussi qu’j’l’aime, bien plus qu’j’ai pu aimer n’importe quelle autre fille. Et j’sais aussi qu’il m’paraît juste inenvisageable qu’j’vienne un jour à m’lasser d’son rire, d’son sourire, d’ses mimiques (même celles qui m’tapent sur les nerfs !) et d’elle, tout simplement. « Alors, bonne journée ? ». Voici la question qu’j’lui lance, alors qu’j’m’éloigne d’elle, pour couper la radio, c’qui sera bien plus pratique pour qu’on s’parle, tout d’même. J’suis bien loin d’m’imaginer d’c’qu’elle s’apprête à m’annoncer. Tout comme j’suis bien loin d’m’imaginer qu’notre bulle d’bonheur va sans doute devenir trop grosse, dans les mois à venir, car l’destin va l’éclater brusquement, sans prévenir. Curieux, d’ailleurs, d’se dire qu’une telle annonce, on va m’la refaire dans quelques temps, mais qu’elle proviendra d’une autre femme, qui, bien qu’elle aura alors mon affection, n’aura pas réussit à m’détourner d’Gaëlle. Et ce, même si, d’ici là, j’aurai perdu ma jolie blonde. Mais, il n’est pas l’heure d’parler d’tout ça, concentrons-nous sur l’instant présent !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyVen 6 Nov 2015 - 17:31
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Chaque personne a sa propre histoire. Certaines mériteraient même presque de faire l’objet d’une bonne comédie poilante, alors que d’autres peignent un drame à part entière. Ma vie, je la situe un peu entre les deux, tant le mauvais sort qui me frappe depuis la naissance en devient ridicule. Il faut prendre le temps de découvrir ce passé derrière tout individu pour pouvoir prétendre connaître cette même personne. La curiosité n’est pas un défaut dans cette découverte de l’autre. Non. Au contraire, je dirais même. J’aurai même tendance à reprendre ce fameux « il y a une histoire derrière chaque personne, une raison pour laquelle ils sont les personnes qu’ils sont aujourd’hui », mais, avec cette amnésie qui ne veut pas me lâcher depuis ces si longs mois, je dois avouer que je suis devenue une étrangère à moi-même. Heureusement, Christopher est à mes côtés pour tenter de déchiffrer toutes ces pages brûlées.. Si seulement je savais quelles sont ses vraies intentions. Soyez pourtant certains que je ne retrouverai la sérénité que lorsque mon moi actuel aura réussi à recoller avec ces bribes de souvenirs de celle que j’avais été. Et niveau surprises, je vais être servie. Si seulement j’avais ce livre de ma vie à disposition, sur le coin de ma table de nuit. Me perdre dans ces chapitres de mon bonheur passé me ferait certainement ouvrir les yeux sur ce présent que je vis loin de cet homme et sur notre futur pour lequel tout sera tellement plus compliqué pour nous. Ainsi, avec toutes ces lignes qui vont suivre, vous pourrez faire la connaissance de ce moi qui m’est pourtant encore qu’une inconnue. Là, la vérité quant à celle que j’ai été éclate au grand jour, loin des tentatives de mon cher fiancé actuel pour corrompre mes souvenirs. Tout était parfait. Mariage à venir et surtout, cette heureuse nouvelle que vous allez m’aider à lui annoncer, en souvenir de ce passé heureux durant lequel, contrairement à ce qu’il dit à mon moi présent, j’étais loin d’être ce boulet dans sa vie.

Il y a d’abord eu cet emménagement commun à Londres. Cette ville sur laquelle j’avais placé de grands espoirs. Ce couple que nous formions était loin de faire l’unanimité auprès de nos proches et pourtant, cela ne nous empêchait pas de vivre heureux et surtout très amoureux. A tel point, d’ailleurs, que nous osions regarder l’avenir sereinement et surtout, ensemble. Nous étions si complémentaires voire bien différents sur certains points et si ressemblants sur d’autres que pour nous, il n’y avait aucune hésitation à avoir. C’est certainement moche à avouer, mais même pas son frère Riley ne m’avait rendue aussi heureuse que je l’étais avec lui. Même pas nos disputes n’arrivaient à nous éloigner bien longtemps tant nous savions, finalement, comment les gérer pour nous retrouver à chaque fois. Puis il y a eu cette discussion au sujet du mariage et de cette flopée de petits Edgecombe. Raphaël savait très bien que l’absence de famille était quelque chose qui me pesait, surtout lorsque je comparais fatalement les Gates aux Edgecombe. J’avais toujours rêvé de contrer mon enfance plutôt malchanceuse en prenant une certaine revanche, et ainsi, m’entourer de cette famille qui me faisait défaut. A ce moment-là de ma vie, je ne me voyais pas vieillir auprès d’un autre. C’était lui. Peu importe ce que certaines personnes pouvaient penser. Je l’aimais. Lui. Aussi entier qu’il était, aussi chiant et borné qu’il pouvait l’être parfois, parce que je savais qu’à côté de ça, il tenait à moi. Vraiment. Et ce fameux jour de septembre allait devenir l’une des plus belles journées de ma vie. Tout s’accélérait malgré notre jeune âge, il s’était décidé à sauter le pas. Cette promesse plus affirmée de m’assurer son désir de vivre près de moi -alors que, je l’avoue, je ne m’y attendais pas- me comblait d’un bonheur sans nom. Il n’y avait qu’à voir ce regard si amoureux, si pétillant que je lui avais accordé pour s’en rendre compte. Mes lèvres étaient étirées en un sourire si étincelant de sincérité lorsque j’avais accepté sa demande avant de se refermer sur les siennes. Cette bague qu’il m’avait offerte m’amusa tellement que je n’avais pas hésité bien longtemps à l’arborer fièrement en souvenir de notre toute première soirée ensemble. C’était une chose que j’appréciais tellement chez lui.. Il n’était pas un artiste pour rien après tout. Enfin, il m’accordait ce privilège de troquer ce boulet de nom qui me suivait depuis toujours contre le sien avec cette promesse d’avenir. Un futur conjugué en nous.

Et quand je disais que tout allait s’accélérer, ce n’était pas juste un effet de style, non.

Ainsi, lorsque je me promène dans les rues de Londres plusieurs mois après cette soirée de septembre, je m’autorise enfin à rêver plus que de raison en passant devant les grandes vitrines de ces boutiques aux robes de mariées toutes aussi belles les unes que les autres. Si je n’ai jamais été une dingue de shopping, il faut quand même que j’avoue une chose. Cette robe-là, elle sera choisie avec grand soin, certainement avec l’aide de Sarah et d’autres Edgecombe comme ma mère n’est pas là pour m’aider dans cette quête. J’ai déjà mes petites idées à son sujet tout en rêvant, déjà, du regard que Raphaël me lancera lorsqu’il me dévorera de ses yeux comme il sait si bien le faire. Ma belle bague soigneusement dessinée par cet homme qui va partager ma vie me rappelle que, bientôt, moi aussi, je vais pouvoir me prendre pour une petite princesse -un rêve de gamine en quelque sorte-, que Raphaël m’accorde enfin de toucher du bout du doigt. J’ai encore le temps d’y réfléchir puisque nous n’avons pas encore décidé de date pour ce grand jour. Poursuivant tranquillement mon chemin, je continue pourtant de rêvasser alors que le chemin jusque là est encore bien long. Je réfléchis à tous ces préparatifs depuis un moment, prenant le relais des réflexions de mon homme. Il n’y a aucun doute à avoir là-dessus. Il m’aime et ne regrette pas sa demande, mais.. Je sais juste, à force de vivre avec lui, que toute cette organisation n’est de loin pas sa tasse de thé. Moi en tout cas, ça ne me dérange pas, bien au contraire. Et puis toutes ces décisions se prennent à deux, il saura bien en temps voulu tout ce que j’ai déjà en tête. Inutile de l’étouffer pour le moment plus que durant nos petites conversations à ce sujet, non. Surtout qu’il a pas mal de boulot en ce moment avec son exposition qui s’approche à grands pas. J’essaie de le soutenir au mieux possible tant je suis consciente de cette opportunité qui lui tend les bras et qu’il attend depuis un moment. Doucement, je le pousse à croire en lui -et oui, j’ai toujours apprécié son travail, sincèrement et non pas parce qu’il est mon fiancé !- et je suis certaine que toute cette énergie qu’il déploie va être couronnée de succès. Il le mérite tellement. Qu’est-ce que j’ai toujours aimé le regarder travailler discrètement pour ne pas le déranger. L’observer dans l’ombre, si concentré qu’il est face à ses sculptures naissantes. Oui, je suis fan de mon homme et de ce duo qu’il forme avec son inspiration, je ne m’en cache pas. Bien entendu, il sait très bien aussi qu’en cas de grosse fatigue, il peut venir se réfugier dans mes bras. Là où mes mains habiles n’hésitent jamais à s’exercer sur ces épaules, ce dos, cette personne que je ne connais que trop bien. L’avantage d’avoir une kiné à domicile en quelque sorte.

Quelques jours plus tard, une certaine absence commence doucement à gentiment m’inquiéter. Cela fait deux jours que je les attends. Et pourtant, elles ne pointent pas le bout de leur nez. Est-ce que Mère Nature a eu la délicate attention de m’oublier pour une fois ? Ce n’est pourtant pas normal. Cela fait deux jours que je les attends. Peut-être que le stress de ces préparatifs de notre mariage a un impact dessus ? Je n’en ai aucune idée. En sortant du travail, la veille, j’avais tout de même pris le soin de me rendre dans une pharmacie et d’en acheter un, juste au cas où. Oui, un test de grossesse. Je décidais alors de laisser passer la soirée pour les attendre de pieds fermes sans avoir à le déballer de ce petit carton. Peut-être finiraient-elles par arriver, finalement ? C’était comme si je le sentais.. Cette nuit, je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, allant juste me blottir dans les bras de Raphaël qui semblait dormir paisiblement. Il en avait tellement besoin avec tout ce travail qu’il menait de front pour être prêt pour son exposition.

Quelques heures plus tard, mon réveil sonne enfin. Je l’éteins alors dans un geste des plus rapides malgré cette petite fatigue que je ressens, juste pour ne pas le réveiller. S’il peut encore dormir quelques petites heures, qu’il en profite. Je lui fais alors ce petit bisou si discret sur sa joue, geste si habituel avant de me tirer hors du lit pour cette nouvelle journée de travail. Quelque chose me dit alors qu’elles ne sont toujours pas là. Me mordillant la lèvre, je me dirige alors vers la salle de bains, découvrant que non, décidément, elles sont vraiment aux abonnées absentes ! Jetant un regard vers ce tiroir où j’avais déposé la veille ce fameux test, je me décide à le sortir de son emballage. Je ne sais même pas ce que je dois espérer. Qu’il soit négatif, nous laissant encore un peu de temps avant d’envisager un enfant ? Ou qu’il soit au contraire positif, nous préparant à un nouveau bonheur survenant, certes, plus tôt que prévu ? Mes mains tremblent tant je suis partagée sur la question. Evidemment, je veux avoir une grande famille avec pleins d’enfants et Raphaël près de moi. Mais.. Nous n’étions même pas encore mariés et encore bien jeunes pour cette nouvelle aventure. Respirant un grand coup, j’espère maintenant, simplement, que mon cher et tendre dort encore. Positif. Bon sang, je suis enceinte ! Il n’y a pas d’erreur possible. S’il est positif une fois, il le reste. Mon cœur se met à tambouriner à un rythme effréné et c’est avec une parfaite maîtrise de moi-même que je me force à ne pas me ruer dans la chambre, criant cette heureuse nouvelle. Non. Je suis décidée à faire les choses à la Gaëlle, comprenez comme personne d’autre. Par chance, il dort encore. Je me prépare alors, tellement assaillie par ces nouvelles questions. Et s’il estime que c’est trop tôt ? En pensant à tout ça, j’étais en retard. Bon, comme d’habitude. Toute habillée, je retourne dans la chambre juste pour voir s’il est réveillé ou non. Qu’il est beau lorsqu’il dort.. Un petit sourire s’empare de mon visage alors que je tourne les talons pour rejoindre le cabinet.

Inutile de dire que je n’ai pas la tête à masser des gens, et pourtant je me force à faire mon boulot au mieux possible, tout en pensant à ce qui se passe dans mon ventre. Même si je suis une piètre comédienne, je tâche de camoufler toutes ces questions que je me pose et qui doivent se répercuter sur ma personne. En plus de cette nouvelle, de ces préparatifs pour le mariage, ce rêve de robe blanche et de ce changement de nom, l’exposition à venir de Raphaël, je me demande comment je vais lui annoncer ça. Trop de choses en tête. Si bien que j’en viens à littéralement écraser le dos de mon patient dans un geste totalement absent. C’est bon, je sais. Plus besoin de réfléchir à « comment lui dire ». Il n’y a plus qu’à. Mon dernier patient, -oui, celui qui s’est fait broyer le dos par ma rêverie- est enfin parti. Sortant mon portable, j’envoie un petit message à Raphaël, lui disant que je vais avoir un peu de retard. Un dernier patient est venu en urgence, que j’lui dis. Mais en fait, ce n’est pas le cas. J’en profite juste d’être au cabinet pour écrire un petit quelque chose avant de mettre ma veste, de prendre mon sac pour faire un petit tour très rapide dans un magasin non loin de là. Je n’avais pas pu rentrer pour le repas de midi, devant faire un déplacement chez une personne âgée si bien que je suis plutôt bien fatiguée maintenant. Et pourtant, je n’ai plus que cette idée-là en tête, lui faire la plus belle des surprises. Et pour ça, aucune fatigue n’est tolérée.

Tout est prêt, tout est à l’abri dans mon sac, tout est finement ficelé. Je peux donc enfin rentrer chez moi, chez nous. Une pointe d’angoisse m’envahie alors que je m’approche de notre petite maison que j’aime tellement. Nous avions mis un peu de temps à la trouver, mais maintenant qu’on l’avait, qu’elle était à nous.. J’ai peur de sa réaction alors que ma main se pose sur la poignée de la porte. Le fin bruit de la radio me parvient déjà à l’oreille de même que ce rire qui m’est si cher. Bon, au moins, il est de bonne humeur. Un sourire, celui que j’arbore tout le temps se cale sur mon visage alors que j’entre enfin. A peine je franchis le palier de la porte que je sens déjà son regard se poser sur moi, faisant rosir légèrement mes joues. Il rie tellement que sa bonne humeur me contamine immédiatement, me rendant bien plus légère et marquant davantage ce sourire, amusée par tout ça sans même en connaître la cause. Enfin si, vu ce qu’il se dit à la radio, j’ai ma petite idée de la chose. Posant mon sac à l’entrée, il me dit alors. « Tiens, c’est à c’t’heure-là qu’t’arrives toi ! » Ce qui m’arrache finalement un petit rire. Il m’est si facile de me perdre face à ce sourire, que j’hausse simplement les épaules en jouant le jeu. Continuant sur la lancée du message que je lui ai envoyé peu avant, je n’hésite pas à lui répondre, feignant une réelle menace de la part de Super Papy. « Et oui. Un petit vieux à masser à la dernière minute.. Tu les connais, il faut que ce soit fait dans la minute, sinon c’est la fin de monde ! Et dis donc, j’ai déjà raté quelque chose apparemment.. » Douce allusion tellement je suis amusée de sa bonne humeur, toujours avec ce sourire qui ne me quitte pas répondant à celui qu’il arbore. Tout en lui répondant, j’ouvre enfin ma veste alors que la chaleur de l’intérieur contraste déjà avec ce petit vent frais sévissant à l’extérieur, rendant mes joues un peu plus colorées encore. Je le regarde s’approcher de moi alors que ma veste glisse un peu sur mes épaules, un geste interrompu lorsque ses lèvres se posent brièvement sur les miennes, ma main gauche -la fameuse !- se posant délicatement sur sa joue. Avec cette nouvelle à lui annoncer, ce contact privilégié qu’il m’offre alors, je sens un frisson me parcourir. Mon regard se pose sur mon sac alors que je me mords la lèvre, calmement posé à l’entrée alors qu’il s’éloigne de moi pour couper cette radio qui lui a tenu compagnie jusque-là. « Alors, bonne journée ? » Par cette simple question, il me sort de ma rêverie alors que j’enlève finalement ma veste pour la ranger à sa place, me débarrassant aussi, dans la foulée, de mes petites bottines. Je me dirige alors vers le canapé pour m’y asseoir, une jambe repliée comme bien souvent. J’essaie de cacher ces mots qui me brûlent les lèvres pour ne pas annoncer ça de but en blanc, faisant comme si de rien était. Alors que je le dévore littéralement des yeux, j’essaie de faire le point sur cette journée loin d’être ordinaire. Au réveil, j’ai donc appris que je suis enceinte. J’ai failli bousiller le dos d’un de mes patients dans l’après-midi sans m’en rendre compte et surtout, en ce tout début de soirée, je tâche de garder un secret nous concernant, tout deux, encore un peu. Une bonne journée. Sans nul doute. Je m’en veux juste d’être une si mauvaise actrice, mais aussi de savoir qu’il me connaît par cœur si bien qu’il peut se douter de quelque chose. « Ca a été. J’ai revu le petit Yan aujourd’hui. » Dis-je simplement. Raphaël sait très bien que ce petit atteint de mucoviscidose et que je vois régulièrement illumine toujours ma journée de travail à chacune de ses visites et que son combat est aussi un peu le mien dans un sens. Disons que je lui viens en aide du mieux que je le peux et que je me suis bien attachée à ce petit. Et là, ça me permet aussi de voir, indirectement, sa réaction en évoquant ce tout jeune garçon.. « Et la tienne ? Tu as pu avancer comme tu le voulais ? » Ma voix est quelque peu inquiète, ayant bien conscience de ce travail de Titan qu’il entreprend dans son atelier. Cette exposition est si importante pour lui.. Et moi qui vais bientôt lui annoncer qu’il sera papa. Raphaël, je le connais si bien. Il va forcément me couver plus que de raison en l’apprenant. Et cela m'angoisse un peu tant j’ai peur qu’il s’impose des limites sur son travail au risque de ne pas être aussi prêt qu’il le veut. Je me mords à nouveau la lèvre sans même m’en rendre compte alors que je le regarde toujours. « Dis.. On commande quelque chose ce soir ? » Avec de la chance, il n’a pas fait à manger en m’attendant. Et lui proposer indirectement de choisir le menu peut me laisser un peu de temps pour réfléchir à cette dernière question qui me trotte forcément en tête. Comment lui annoncer, c’est réglé. Maintenant, je dois juste trouver le bon moment pour ça. Et puis franchement, je n’ai pas la tête à cuisiner.. Sans doute que lui non plus une fois qu’il saura.



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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptySam 7 Nov 2015 - 18:57
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


C’est stupéfiant d’se dire que, dans quelques mois, lorsqu’j’repenserais à cette époque, j’aurai parfois l’impression d’avoir juste rêvé tout ça. Non pas que tout me semblera alors parfait, mais ça me paraitra alors plus simple, plus naturel. Comme si tout est à sa place, vous voyez l’idée ? C’est précisément pour ça qu’j’éviterai d’repenser à cette période de ma vie. Aussi bien à des moments basiques que des moments clés, comme nos retrouvailles, ma demande en mariage ou l’annonce de Sa grossesse. J’saurai que trop c’que j’aurai perdu, pas besoin de remuer l’couteau dans la plaie. C’est pour ça qu’j’éprouverai l’besoin d’quitter l’pays. J’aurai pu m’contenter d’changer d’ville, mais ça ne me semblera pas suffisant. J’aurai toujours eu ma famille sur l’dos, d’une part, et d’autre part, beaucoup trop d’choses pourraient encore m’ramener à ces jours heureux. L’enseigne d’une boutique qu’elle affectionne, une émission télé que Gaëlle adore, l’odeur d’sa pâtisserie fétiche quand j’vais à la boulangerie, la vision de ses produits d’beauté dans les allées des centres commerciaux... Quitter l’pays, ça sera donc la seule solution pour moi, pour m’éloigner, au mieux, d’tout c’qui n’cessera d’l’agiter dans ma mémoire torturée. Et pourtant, en dépit d’mes efforts pour dissimuler ces souvenirs dans un coin d’mon esprit, j’m’en souviendrais clairement, d’nos instants heureux. Comme d’ce jour-là, celui où mon rêve d’vieillir à ses côtés à pris un peu plus d’ampleur. J’peux pas concevoir qu’ça n’deviendra jamais autre chose qu’un doux rêve, qui s’teintera d’cruauté. Et quand bien même on viendrait m’prévenir, d’toute façon, j’refuserai d’croire qu’ça puisse être vrai, qu’on puisse un jour être séparés l’un d’l’autre, qu’Gaëlle puisse véritablement aimer un autre homme qu’moi, oublier notre vie passé ensemble et tous nos projets. Parce que, comme j’l’ai dis tout à l’heure, tout ça parait bien trop juste pour qu’ça cesse un jour d’façon aussi cruelle. Et m’dites pas qu’j’suis qu’un couillon, parce qu’j’suis sûr que si on vient vous voir aujourd’hui pour vous dire qu’votre vie partira en flammes dans quelques mois, vous l’croirez pas non plus. Vous vous doutez bien qu’vous aurez des difficultés à surmonter, mais l’pire, on peut pas l’imaginer. Jamais. Pas même lorsque, comme dans l’cas d’Gaëlle et d’moi, l’pire vous colle à la peau. Entre elle, avec sa mère qui est morte en lui donnant la vie et son père qui a été l’pire enfoiré au monde avec elle, et moi, avec la maladie qui semble aimer les Edgecombe et qu’j’ai d’ailleurs réussis à vaincre au cours d’mon adolescence, et les répercussions désastreuses qu’ont eu l’deuil jamais véritablement effectué d’son père sur ma famille, on avait surmonté beaucoup d’épreuves. Personne dans notre entourage n’a en effet réussit à nous séparer. Alors qu’on avait quand même quelques membres d’ma famille qui n’voyait pas notre histoire d’un très bon œil, Riley en tête, et son père qui m’méprisait un peu trop pour accepter qu’sa fille puisse m’aimer. On avait également réussit à passer outre l’fait qu’son père ait fait d’sa vie un enfer, et aussi mis un terme à celles d’certains Edgecombe, et pourtant, on s’sentait, tous les 2 d’notre côté, coupable d’ce drame. Mais j’sais aussi qu’si on n’avait pas fugué, son père aurait pu la blesser gravement, voire pire. Ou alors, j’aurai pu lui refaire l’portrait, pour lui faire comprendre c’qu’il encourait s’il recommençait, non pas à vouloir lever la main sur moi, j’m’en foutais, mais à s’en prendre à nouveau à Gaëlle. Mais j’sais qu’j’aurai surtout pu l’tuer. Vraiment. La perspective d’la prison, c’soir-là, m’effrayait même pas. D’toute façon, ça n’aurait été qu’de la légitime défense, et j’aurai même rendu service à l’humanité en la débarrassant d’un débris d’son acabit ! La seule chose d’bien qu’ait fait cet homme, ça a été d’donner la vie à Gaëlle. En dehors d’ça, il méritait pas grand-chose. Et si ça avait mal tourné entre nous, si l’occasion m’avait été donné d’lui ôter la vie, j’l’aurai fais. Car j’aurai enfin pu libérer Gaëlle des chaînes qu’il représentait dans sa vie. Car ça m’a toujours été difficile d’la laisser chez elle, alors qu’j’savais c’qu’il s’passait derrière les murs d’leur maison. D’vous à moi, j’me dis bien souvent qu’j’aurai dû l’dénoncer, l’autre con. Riley m’aurait aidé, en dépit d’la rancœur qu’il pouvait éprouver à notre encontre : il était toujours attaché à Gaëlle, et n’supportait pas plus qu’moi qu’son père lève régulièrement la main sur elle. P’têtre qu’on aurait eu l’soutien d’notre père, s’il avait réussit à ouvrir, à temps, les yeux sur son vieil ami. Mais, dans tous les cas, on aurait dû agir. J’aurai au moins dû en parler à mon père. Mais j’ai été lâche. J’avais peur qu’il m’croit pas. J’avais peur qu’on n’ait pas assez d’preuve contre l’père de Gaëlle. J’avais peur qu’ma potentielle tentative n’empire encore la situation pour elle. J’avais peur d’la perdre pour de bon. Et j’avais besoin d’elle. Parce qu’j’l’aimais, certes, mais aussi parce qu’j’avais besoin d’son soutien pour m’aider à affronter la maladie. J’ai été lâche, mais j’aurai dû m’confronter à mon père, l’forcer à accepter la vérité, quitte à c’qu’il refuse d’me parler un jour parce qu’j’avais eu l’culot d’lui faire ouvrir les yeux sur son plus cher ami. J’ai été lâche parce qu’j’craignais aussi d’découvrir qu’mon père l’savait déjà, mais n’voulait rien faire, par amitié pour Oscar, ou juste par crainte d’empirer une situation qui était déjà dans un équilibre précaire. J’ai été lâche parce qu’j’ai été effrayé d’découvrir une éventuelle lâcheté, reflet d’la mienne, dans les gestes d’mon père, qui avait toujours été un modèle pour moi. J’ai été lâche, et la seule solution qui m’soit venu à l’esprit a été la fuite, avec elle. Alors qu’j’avais encore l’crâne plein d’Tumy, à l’époque. On ignorait d’ailleurs c’qu’on allait faire par la suite, on avait juste pensé à s’tirer. Mais au final, on a réussit à survivre à la fugue la moins organisée au monde. L’geste irréfléchi d’son père a mit en suspens notre histoire, l’temps qu’on fasse tous deux face à notre responsabilité dans c’drame. Nos familles n’ont donc pas réussit à nous séparer. Notre culpabilité n’a pas eu plus d’succès. Pas plus qu’nos prises de têtes, plus ou moins vives. Même l’fait qu’elle soit croyante et qu’moi, j’passe mon temps à tourner la religion en déraison au point même d’jurer sur l’Diable, sous des formes d’injures diverses et variées, n’a pas eut raison d’notre amour. Nos cursus scolaires respectifs, tous deux très contraignants et nous ayant obligés à annuler bons nombres de sorties ou autres projets ensemble, n’ont pas entachés notre volonté d’être ensemble. Alors, oui, en cet instant précis, tandis qu’elle rentre chez nous, j’l’avoue : envisager qu’un nouveau drame puisse nous tomber sur la gueule, ça m’paraît improbable. Ou plutôt : j’garde cette crainte dans un coin d’mon esprit, car j’sais qu’la vie aime faire des surprises merdiques aux gens. Mais, honnêtement, la mauvaise surprise qu’j’redoute, c’est l’retour de ma tumeur, car j’sais qu’ça peut s’produire. Qu’une fois qu’l’cancer vous a embrassé, vous avez eut beau l’plaquer, ça peut revenir, car c’est foutrement collant cette bête-là ! Mais j’sais aussi qu’si ça venait à s’produire, j’lutterai. Plus fort encore qu’j’ai pu l’faire dans l’passé. Parce qu’en ce moment précis, j’ai la femme qu’j’aime depuis toujours à mes côtés, et qu’elle sera bientôt ma femme.

Comme à mon habitude lorsqu’j’l’accueille chez nous, et qu’j’peux la taquiner, j’lui lance une boutade. Et j’continue sur ma lancée, d’ailleurs, car j’lui lance même : « A part un paquet d’blagues à la con, t’as rien loupé ! T’étais mieux avec ton p’tit vieux impatient ! ». Que personne n’fasse d’remarques sur ma propre impatience, dont j’peux faire preuve, la plupart du temps, en dehors d’mon boulot. J’assume c’côté d’ma personnalité, d’toute façon ! « J’suis sûr qu’il voulait juste voir une jolie nana. J’espère juste qu’il a pas été déçu en voyant sa kiné ! ». Et c’est sur un sourire, ouvertement taquin et accompagné d’un regard taquin, qu’j’conclus ma réplique. Nul besoin d’préciser qu’j’pense nullement c’que j’viens d’dire. Sinon, j’épouserai pas Gaëlle. Même si je n’l’aime pas qu’pour son physique, j’suis pas non plus si superficiel que ça. Cependant, si j’devais vous énumérer tout c’qui m’plaît chez elle, j’crois qu’on en aura pour un sacré moment, alors j’vais vous faire grâce d’une telle liste ! Pas besoin d’insister ! Et, d’toute façon, ça vous regarde pas ! Bref, reprenons donc... Après ma connerie, j’vais l’embrasser pour la saluer correctement. Geste habituel qui doit surprendre ceux qui n’sont pas habitués à m’voir aussi tendre avec quiconque. Et pourtant, j’sais être affectueux avec certaines personnes. Surtout avec les membres d’ma famille et avec Gaëlle, bien entendu. Sincèrement, d’toute façon, c’est l’seul moyen pour moi d’prouver mon affection aux gens, vu qu’les mots tendres, c’est pas mon genre. J’les réserve pour d’bonnes occasions, estimant qu’ces mots perdent leurs valeurs lorsqu’on en use et en abuse. Ca doit sans doute venir d’mon éducation, mes parents ayant toujours eu plus de facilités à nous prendre dans leurs bras qu’à nous dire qu’ils nous aimaient. Et même entre eux, les mots d’amour étaient rares. Bon, là, j’avoue qu’j’parle que de c’qu’ils laissaient voir en public, bien entendu, mais c’était pour qu’vous compreniez un peu la situation quoi. Les Edgecombe, de ce fait, sont majoritairement pudiques, niveau mots tendres. Mais pas en gestes affectueux. « Ca a été. J’ai revu le petit Yan aujourd’hui. », me répond Gaëlle alors qu’j’coupe la radio, et qu’j’mets ainsi fin aux traits d’humour qui s’en échappaient. J’esquisse alors un sourire attendri à ma fiancée, ma future épouse, la prochaine Mme Edgecombe. Ouais, m’cassez pas mon délire : si ça m’plaît d’penser à Gaëlle ainsi, j’pense à elle ainsi ! J’crois qu’j’le fais parce qu’j’ai toujours un peu d’mal à réaliser qu’elle ait réellement accepté d’m’épouser. J’réaliserais véritablement cela qu’le jour du mariage, j’crois. Enfin, une fois qu’mon cerveau aura réussit à redémarrer après l’arrêt qu’j’lui prévois quand j’aurais vu Gaëlle dans sa robe. Dommage qu’ça n’se soit pas passé comme prévu, j’sais qu’j’aurai sans doute été l’marié qui met l’plus de temps à revenir à lui après avoir découvert son épouse dans sa robe. Ca aurait pu être drôle, p’têtre qu’j’aurai pu finir dans l’livre à la con des records en tout genre ! Mais ne nous éloignons pas du sujet, revenons donc à Yan et à Gaëlle. L’petit Yan, j’l’ai certes jamais vu, mais j’en ai souvent entendu parler, à tel point qu’j’ai l’impression d’le connaître, moi aussi. Certainement qu’j’suis aidé en cela par l’fait qu’j’peux parfaitement m’mettre à la place d’ce p’tit malade. J’ai moi-même été un enfant malade, même si ma maladie a été découverte plus tard que lui. Des enfants malades, j’en ai côtoyé beaucoup. Et malheureusement, j’en ai perdu aussi certains, la maladie ne se souciant nullement d’l’âge des gens qu’elle touche. Donc, c’gamin, j’le connais pas, mais c’est tout comme. En quelque sorte, j’ai été lui, y’a pas si longtemps qu’ça. Il a sans nul doute déjà été confronté à la mort, apprenant d’la part d’infirmière la mort d’un d’ses copains qu’il a pu rencontrer à l’hôpital. Il s’est sans doute demandé pourquoi son pote était mort et pas lui. Toutes ses peurs, toutes ses interrogations, j’les connais par cœur. Parce qu’elles ont été miennes un jour, et qu’elles le sont toujours, lorsqu’j’repense à mes amis qui n’ont pas eu ma chance. C’est d’ailleurs surtout pour eux qu’j’ai réussis à n’pas tout envoyer en l’air lorsqu’Gaëlle a été envoyée à Londres, après l’incendie qu’son père avait causé chez moi. Parce qu’à cette époque, c’était quand même loin d’être la joie avec ma famille, certains m’en voulant grandement, pendant quelques mois. J’devais donc affronter seul l’poids d’ma culpabilité, l’départ d’Gaëlle, la certitude qu’c’était ma lâcheté qui avait mené à tout ça mais aussi la lutte qu’j’devais continuer à mener contre ma tumeur. Bref, autant dire qu’c’était loin d’être la joie, pour moi, à cette époque. J’avais aussi puisé d’la force dans ma volonté d’retrouver Gaëlle un jour. Aies-je déjà dit qu’j’étais têtu ? Bon, pour en revenir au sujet : le gamin, j’l’aimais bien, sans l’connaître. Parce qu’il me ressemblait un peu, et aussi parce qu’j’aimais la façon dont Gaëlle en parlait. Car j’vais vous faire une confidence, mais l’une des choses qu’j’aime en elle, c’est l’fait qu’elle offre son soutien, sans faille, aux malades, aux gens qui en ont besoin. Certains individus n’voient qu’l’aura d’la Mort, chez les malades. Ils n’sont donc que pitié lorsqu’ils sont en leur présence. Mais pas Gaëlle. C’était déjà l’cas quand on était plus jeunes, et ça l’est toujours à l’heure actuelle. Et, si j’souris, outre les raisons évoquées à l’instant, c’est aussi parce qu’si Gaëlle parle d’Yan, c’est parce qu’il est toujours là. Ouais, c’est bête, dit comme ça, mais chaque jour qu’on parvient à vivre, quand on est malade, c’est toujours une victoire sur notre corps défaillant. Et, croyez-moi, si vous cherchez des gens à admirer : admirez ceux qui sont malades. Gardez en mémoire que, bien qu’ils soient parfois grognon, voire chiants, ils sont en lutte, permanente. Trouver des raisons d’sourire alors qu’votre corps n’tient pas la route, c’est loin d’être toujours facile, loin d’toujours vous aider à trouver une raison d’sourire et d’rire. Gardez toujours cela en tête lorsqu’vous les trouvez excessivement chiants et défaitistes. Et vous réaliserez qu’vous aurez sans doute beaucoup à apprendre à leurs contacts, qu’ils vous aideront à relativisez les soucis qui vous paraissent insurmontables. Les malades n’sont pas des héros, c’est juste des combattants, qu’il n’faut pas repousser, mais qu’il faut épauler. Tout simplement. C’est pour ça qu’j’ai dans l’idée, prochainement, d’aller donner des cours d’Art dans des hôpitaux. Aussi bien pour avoir des adultes que des enfants comme élèves. Juste pour leur faire oublier leur maladie et l’environnement dans lequel ils évoluent la plupart du temps, le temps d’une activité partagée ensemble. Pour l’instant, ça n’est qu’un projet, qu’j’ai dû laisser d’côté pour préparer mon exposition, mais qu’j’compte bien réaliser un jour. P’têtre qu’j’aurai alors l’occasion d’enfin voir l’p’tit Yan, qui sait ? « Il t’a encore raconté les aventures de Superman durant la séance, j’suppose ? », finis-je par demander à Gaëlle. A force d’l’écouter m’parler de ce petit patient qu’elle apprécie grandement, j’ai finis par en apprendre plus sur les goûts du p’tit gnome. C’est un fan incontesté de super-héros, comme beaucoup d’gamins d’son âge. Et Superman a, entre tous les héros qui existent, sa faveur.

Tout en écoutant Gaëlle, j’vais débrancher mon téléphone, qu’j’ai mis en charge à mon arrivée à la maison. J’crois qu’mon mobile s’fait un peu vieux, il va falloir qu’j’le change. Et c’est c’que j’vais faire, dans quelques mois. Plus par envie d’m’éloigner un peu d’mon passé qu’par réelle nécessité, mais bon... .. « Et la tienne ? Tu as pu avancer comme tu le voulais ? », m’interroge Gaëlle alors qu’j’débranche mon téléphone. J’hausse les épaules tout en jetant un regard distrait à mon mobile, pour voir si nul n’m’a envoyé de SMS (plus parce qu’j’veux voir qu’Flavien, un pote qui pourrait finir par devenir mon agent artistique si mon expo s’déroule bien, ne m’a pas envoyé d’messages, que parce qu’j’attends réellement d’éventuels SMS ou appels.). « Pour l’instant, j’suis dans l’programme d’Flavien, donc, j’pense qu’on peut dire qu’ça a été une bonne journée ! ». Heureusement que Flavien est à mes côtés, d’ailleurs, car j’avoue qu’sans lui, j’aurai du mal à m’organiser comme il le faut. Disons surtout qu’j’peux pas être partout, du coup, lui s’charge des éventuels achats d’matériaux qu’il faut faire. Et comme il m’connaît depuis un paquet d’années à présent, il sait donc à présent comment j’travaille, l’temps qu’j’peux mettre pour faire telle ou telle chose, c’que j’préfère avoir comme matos, comment j’réagis lorsqu’j’suis sous pression.... Bref, c’est un peu mon 2nd cerveau, celui qui n’est pas entièrement focalisé sur la réalisation d’mes œuvres. Ou non : lui, c’est l’cerveau pour l’organisation, moi, j’suis les mains pour la création. C’est d’ailleurs lui qui a fait l’planning selon lequel j’devrais être dans les temps pour le jour J. « J’ai bientôt finis l’bateau pirate ! », dis-je à la suite. Parce que l’avantage de faire c’que j’veux et d’pas me limiter à réaliser une commande, c’est qu’j’peux sculpter ce dont j’ai envie. Et parmi mes envies, il se trouve qu’il y a de sculpter le bateau de Jack Rackham. Non pas celui qui est lié à une BD française, mais plutôt le pirate historique, connu aussi sous le nom de « Calico Jack ». Ca n’est en rien une lubie. Certes, étant enfant, j’préférais les pirates aux super-héros, mais ça n’est pas non plus un hommage à mon enfance qu’j’ai voulu faire là ! Il s’agit d’un hommage qu’j’ai voulu rendre à un de mes « frères d’armes », comprenez à un autre jeune malade qu’j’ai rencontré dans mon adolescence. On avait 6 ans d’écart, mais on se voyait souvent, car il était l’chouchou du groupe d’ados malades qu’j’côtoyais. Au final, on l’avait tous pris sous notre aile, même s’il avait la sale manie d’nous coller lorsqu’on voulait juste être seuls pour s’reposer. C’môme s’appelait Jack, et il était passionné par les pirates. A tel point qu’il voulait en devenir un, plus tard. La sortie du 1er volet de « Pirates des Caraïbes » était d’ailleurs un véritable événement pour lui. Il regrettait seulement qu’le film n’semble pas focalisé sur ses pirates historiques préférés, comme Jack Rackham, Mary Read et Anne Bonny. Malheureusement, son état de santé n’a eut de cesse de s’dégrader avant la sortie du film qu’il attendait pourtant avec impatience. Il n’a jamais pu aller l’voir. C’est donc pour c’gosse, pour rendre hommage à son imagination débordante et à ses connaissances en piraterie qu’j’ai voulu réaliser une sculpture du bateau du Calico Jack. C’est pourtant pas la 1ère œuvre hommage qu’j’fais pour mon expo, mais c’est celle qui m’tient l’plus à cœur. Car Jack, c’est l’malade l’plus jeune d’mon entourage qui ait été emporté par la mort. Alors j’tiens à c’que ce bateau soit l’plus beau possible. D’autant plus qu’les parents d’Jack viendront à mon expo, sachant qu’j’compte rendre hommage à leur fils unique. J’l’ajoute pas, mais ça flotte quand même dans l’air qu’j’espère qu’le rendu final sera à la hauteur de ce qu’j’avais escompté, et qu’ça aurait plu à mon jeune camarade.

J’range mon chargeur et, mon téléphone à la main, j’m’approche d’Gaëlle, pour m’asseoir à ses côtés, tandis qu’elle propose qu’on commande à manger pour ce soir. J’pousse un soupir, ouvertement rassuré d’pas avoir à cuisiner c’soir. J’ai plus envie d’me détendre qu’préparer à manger, même si l’idée d’menu qu’j’avais eue n’demandait pas trop d’temps d’préparation. Oui, j’suis une feignasse à c’niveau-là, mais d’toute façon, j’préfère dépenser mon énergie dans mon boulot, pour l’instant, qu’en cuisine ! Et j’ai pas non plus envie qu’Gaëlle passe du temps en cuisine. Parce qu’j’ai juste envie d’passer du temps avec elle. Déjà qu’en ce moment, avec nos obligations respectives, on doit bien souvent oublier toutes tentatives d’sortir un peu d’chez nous, tous les deux, alors lorsqu’on s’retrouve chez nous, j’veux qu’une chose : qu’on profite l’un d’l’autre. Donc, j’tarde pas à répondre un franc : « J’vote pour ! J’ai la flemme d’me mettre derrière les fourneaux c’soir ! Et j’préfère t’avoir toute pour moi ! », dis-je en lui lançant un clin d’œil avant d’lui voler un autre baiser. Ouais, j’avoue, j’suis parfois un Bisounours, mais c’est p’têtre juste parce qu’j’suis amoureux aussi. « Ca te dit de manger indien ? », finis-je par proposer par la suite, tout en m’adossant contre le dossier du canapé, croisant mes bras derrière ma tête Histoire de changer un peu, car j’crois bien qu’la dernière fois, on a mangé chinois. J’tourne la tête vers Gaëlle, qu’j’consulte du regard, la sentant... étrange, ou fébrile, ou j’sais pas trop quoi en fait, mais pas comme à son habitude, et ce, depuis son arrivée. P’têtre qu’elle a eut d’nouvelles idées pour l’mariage, et qu’elle meurt d’envie d’en parler, à moi ou à Sarah. Parce qu’j’me doute bien qu’les conversations sur c’sujet, entre les deux, ça y va à fond. « Oh, au fait, y’a Thanaïs qui casse les pieds à ses parents pour savoir si elle sera une de tes demoiselles d’honneur ! », dis-je en pensant à transmettre le message de Remiel, l’un de mes frères aînés, qu’j’ai eu au téléphone un peu plus tôt dans la journée. Visiblement, la plus jeune de ses 2 filles, la pétillante Thanaïs, rêve de se voir attribuer ce rôle pour l’mariage. Alexandra, l’aînée, n’est guère mieux, mais elle ramène moins souvent le sujet sur le tapis qu’sa p’tite sœur. Heureusement pour Rem’, ses 2 fils n’sont pas focalisés sur cet événement, bien au contraire, ça leur passe complètement au-dessus de la tête. Non, c’est pas qu’une impression : j’ai déjà quelques neveux et nièces. Ce qui fait qu’les repas d’famille sont très agités et dynamiques. Et galère à organiser aussi, car on n’peut les faire qu’dans notre village, la plupart du temps, chez nos parents ou chez nos oncles et notre tante, qui sont les seuls à avoir assez de place pour recevoir une telle tablée, en intérieur comme en extérieur. Et encore, là, j’ai juste évoqué les marmots de Remi’, car la liste serait plus longue dans la réalité, et même en passe de s’accroître, car Eleonore, l’aînée de mes sœurs, est à nouveau enceinte, devant accoucher en mai. C’qui fait qu’elle ne devrait théoriquement pas pouvoir se rendre à mon expo, mais j’m’en fous : j’préfère qu’elle reste chez elle pour ces derniers mois d’grossesse, elle a déjà fait une fausse couche il y a 2 ans, j’ai pas envie qu’ça s’renouvelle. Manque d’bol, l’type qui va devoir affronter la perte d’un enfant, ça sera moi, pas mon beau-frère. Enfin bon, lui, faut dire qu’il a déjà donné à ce niveau-là, et qu’j’lui souhaite pas d’revivre un tel truc, mais vous avez compris c’que j’voulais dire !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyDim 8 Nov 2015 - 16:44
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



En m'autorisant à vivre près de lui, Raphaël faisait de moi la femme la plus heureuse sur cette Terre. Il avait toujours été mon point de repère dans ma vie. Celui qui me prenait dans ses bras pour me rassurer, pour me dire que tout finirait par aller mieux, que je n'avais pas à avoir peur de mon père, qu'il était là si jamais tout venait à empirer davantage. En plus de cet ilot d'un amour sincère qu'il représentait pour moi, il était aussi le symbole de cette protection qui me faisait défaut. Il était, plus simplement, celui sur qui ma vie se basait pour retrouver un certain sens. Sans lui, j'étais complètement déphasée, comme si ma vie s'était crashée en plein dans un mur. Il m'arrachait de mon quotidien pour me faire des promesses d'un futur radieux, éloigné de tous problèmes. Juste lui et moi comme nous l'avions si bien fait par le passé, allant même jusqu'à contourner cette sorte de culpabilité qui nous attaquait en repensant à Riley. Ce que je m'en voulais de lui avoir imposé ça.. Surtout avec son frère. Et je savais très bien que même après la fin de notre chapitre, il continuait à vouloir prendre soin de moi. Si Raphaël pouvait avoir le rôle de sauveur dans ma vie, son frère serait sans nul doute mon ange gardien. Un terme que trop vrai depuis sa disparition.. Les Edgecombe ont toujours été là pour moi, depuis ma prime jeunesse. Ils compensaient ce manque de lien familial qui m'entourait même s'ils ne savaient pas tout ce qui se passait chez moi. J'en reste persuadée. Le premier à l'avoir su avait été inévitablement Riley..

Le fait même de troquer la présence de mon père par celle de Raphaël, dans mon quotidien, est comme une bénédiction. Jamais, oh non jamais, l'idée même de lever la main ne lui traverserait l'esprit. Je suis rassurée qu'il soit là, près de moi. Le simple fait de pouvoir m'endormir dans ses bras sans craindre de lui être arrachée de force par mon père est rassurante. Mes rêves sont teintés de bien plus de douceur et de sérénité depuis tout cela. C'est comme si je revis. Rien ni personne n'est capable de nous séparer, non -et pourtant..-. J'aime lorsqu'il se montre aussi joueur et taquin qu'il l'est aujourd'hui. Cela promet forcément une bonne fin de journée et, surtout, une nuit sereine, amoureusement endormie près de lui. Et pour le coup, la révélation que je dois lui faire tombe pile au bon moment. « A part un paquet d’blagues à la con, t’as rien loupé ! T’étais mieux avec ton p’tit vieux impatient ! J’suis sûr qu’il voulait juste voir une jolie nana. J’espère juste qu’il a pas été déçu en voyant sa kiné ! » Ce rire qui ne m'avait pas échappé alors que j'étais encore devant la porte me restait en tête. Des blagues à la con. Je n'en doute pas vu ce qui peut se dire à la radio, mais ça me fait sourire. Me débarrassant de mes chaussures, je marque un temps d'arrêt en entendant la fin de sa phrase, comme si je suis outrée de ses propos alors qu'il n'en est rien. Il n'y a qu'à voir son sourire et ses yeux pétillants pour le savoir. S'il avait été à côté de moi à ce moment-là, je lui aurai donné une petite tape amicale. Optant pour une mine qui se voulait triste, je lui dis. « Sans doute, oui. Mais.. J'ai pas dû lui convenir tant il était amorphe. Et puis, je préfère largement retrouver mon p'tit jeune impatient. » Nouveau sourire. Préférer le retrouver, c'est même peu dire. « Désolée, mais tu vas encore devoir me supporter avant qu'un de mes patients te débarrasse de moi. Tu ne l'as sans doute pas payé assez cher pour qu'il accepte. » Je lui lance un petit regard aussi taquin que le sien, comme pour lui dire on peut jouer à deux sans soucis.

Oh, ce sourire qu'il me lance lorsque j'évoque le petit Yan. Jamais je ne pourrai m'en lasser.. C'est limite si des petits coeurs ne sortaient pas de mes yeux. « Il t’a encore raconté les aventures de Superman durant la séance, j’suppose ? » Même si Raphaël ne connait pas le petit Yan personnellement, je n'arrête pas de lui parler de lui. De son combat, de ses sourires, mais aussi de toute cette pile de dessins qu'il me faisait dont certains décorent même notre petite maison. Et Superman a toujours été l'un des sujets récurrents. En tout cas, ça ne me dérangeait pas du tout. Je suis même devenue incollable sur ce personnage et bien d'autres grâce à mon ami ! « Et oui, je n'y échappe jamais. Tu aurais dû voir son regard quand je l'ai appelé Superlittleman. » En lui avouant ce petit surnom, un grand sourire se place sur mon visage. « Il le mérite tellement.. Il a une vraie force surhumaine. » Je regarde alors mon fiancé s'éloigner vers, sans doute, son téléphone, avec cette intensité que lui seul connait comme si je glisse un petit comme toi silencieux. Ce regard lui est réservé depuis toujours, tant je l'aime et tant je sais par quoi il a dû passer pour demeurer près de moi. Yan n'est de loin pas la seule personne avec ce courage dans mon entourage, si bien que je lui parle de temps en temps de mon amoureux comme il l'appelle, amusé.. Mais il est celui pour lequel je me bats à ses côtés, en ce moment, essayant de lui donner les armes nécessaires pour mener à bien son combat. Certes, je ne peux malheureusement pas le gagner à sa place. Mais, j'ai des cartes en main pour l'y aider faisant office de joker dans la partie. Après, sa maladie étant celle qu'elle est -et j'en suis consciente..-, encore bien trop dévastatrice, je me surpasse toujours plus pour lui. Je suis certaine qu'il a encore de si belles et longues années de bonheur devant lui. Ses séances de kiné sont importantes pour ce petit garçon plein de joie et débordant d'amour, je devrais même dire qu'elles lui sont vitales. Je n'hésite d'ailleurs jamais à me perfectionner pour ces méthodes dans le seul but d'être la plus efficace possible tout en restant en accord avec la médecine et ses avancées. Et on y arrive. Petit à petit, semaine après semaine. Le simple fait de le voir ressortir du cabinet avec ce sourire, comme s'il est soulagé de quelque chose, me touche. Surtout qu'il n'est pas seul. Ses parents sont des gens admirables avec lesquels je n'hésite jamais à prendre une petite pause pour parler de tout et de rien tout en regardant Yan jouer tranquillement comme n'importe quel petit garçon de son âge. Même s'il est malade, il reste ce petit bout d'homme que j'ai envie de prendre dans mes bras dès que je le vois. C'est même pour lui, que je vois très régulièrement, que j'ai installé un petit coin de jeu dans ma pièce au cabinet. Ses parents ont, eux aussi, besoin de soutien, car la lutte de leur enfant est aussi la leur. Et je ne la connais que trop bien pour l'avoir vécu. Le combat qu'avait mené Raphaël il n'y a pas si longtemps, avait été le mien aussi dans un sens. Non, je ne dis pas que c'était facile tous les jours. Au contraire. Mais je refusais de laisser percer la moindre crainte dans mes yeux lorsque j'étais face à lui. Il devait me voir étincelante d'espoir, ce qui était le cas tant je savais qu'il allait s'en sortir victorieux. Il n'avait pas besoin de voir ma peur, non. Alors je tentais de lui insuffler cette force qui sommeillait en moi tout en prenant soin de lui comme je le pouvais. Je fais donc pareil pour Yan et ses parents..

Jouant distraitement avec ce bracelet qui ne m'a jamais quitté depuis maintenant de bien nombreuses années, j'essaie tant bien que mal de faire un peu de ménage dans mes pensées. Tout commence à partir en vrille dans ma tête, si bien que je dois me forcer de détourner un peu mon attention de lui pour éviter de lui annoncer prématurément cette nouvelle que je suis, finalement, la seule à savoir pour le moment et qui me brûle les lèvres d'une force folle. Au fond de moi, quelque chose me pousse à lui faire part de sa prochaine paternité, mais non. Encore un peu de patience, et il aura sans doute l'une des plus belles surprises de sa vie. Du moins, je l'espère. Reportant à nouveau mon regard vers Raphaël, je n'empêche pas mes yeux de profiter de sa présence tellement il m'a manqué. Alors je l'observe, toujours accompagnée de ce petit sourire qui ne faiblit jamais en sa présence. Il semble si calme, si joyeux, de si bonne humeur que je ne peux pas rêver mieux pour ce que je m'apprête, bientôt, à lui dire. Bon, après, je dois avouer que je l'aime sous toutes ses facettes. Grognon, boudeur, enjoué, taquin.. Même lorsqu'on se dispute je le trouve juste terriblement attirant, c'est pour dire à quel point je l'ai dans le sang. « Pour l’instant, j’suis dans l’programme d’Flavien, donc, j’pense qu’on peut dire qu’ça a été une bonne journée ! » Pour l'instant, oui. Comme il l'a dit. Cela me rassure de savoir qu'il garde le rythme de son projet fou, sans doute grâce à ce fameux Flavien. Et une bonne journée.. Pourvu qu'elle le reste ! Je me passe rapidement la main dans mes cheveux lâchés en pensant à tout ça, jouant avec l'une de mes mèches, avant de les remonter en un petit chignon dans un geste se voulant tout à fait maitrisé. Il faut sérieusement que je me calme, là et que je pense à autre chose.. « J’ai bientôt finis l’bateau pirate ! » Un petit Oh si ravi m'échappe tant je connais la symbolique et l'importance de ce projet à ses yeux. Raphaël a beau ne pas faire l'unanimité auprès de son entourage avec ce caractère bien trempé qui le représente, il faut tout de même que ses détracteurs lui accordent cette qualité humaine qu'il a en lui et que j'apprécie tellement. Là, j'ai juste envie de le prendre dans mes bras et de lui dire à quel point Jack serait heureux de savoir que son bateau est presque prêt à prendre le large, pour de belles aventures en mer. Toute mon appréhension au sujet de ma grossesse s'envole alors que je pense à ce petit homme que la maladie à emporter bien trop vite, laissant un grand vide dans le coeur de ses parents, de ses proches et de ses amis. Bien entendu, un hommage reste en la perte d'une personne, mais je sais que pour Raphaël, ce bateau-là à une toute autre valeur que le simple rappel d'une tristesse réelle. Lui adressant un petit sourire empli de sincérité et d'amour, je lui glisse alors, sans le quitter du regard. « Il doit être magnifique.. Monsieur l'artiste me permettra-t-il d'y jeter un oeil en avant-première ? » Je ne cesse de le dire, mais je suis une fan inconditionnelle de mon homme. Tant de sa personne que de ses créations. Et ce bateau promet d'être particulièrement touchant de beauté. J'ai toujours admiré ce don qu'il a, de réussir à faire passer ses émotions entre ses mains pour façonner des sculptures toutes plus belles les unes que les autres. Et moi qui, à côté, n'est même pas capable de dessiner une fleur. L'artiste dans notre couple, c'est lui. Et ça, il n'y a même pas à discuter dessus. « Je suis sûre qu'il l'attend impatiemment pour partir à l'aventure. » Finis-je par ajouter finalement alors que Raphaël s'avance tranquillement vers moi.

Alors que mon fiancé est enfin à côté de moi sur ce canapé, je suis bien soulagée de l'entendre soupirer ainsi suite à ma petite proposition pour le repas du soir. Sincèrement, dans l'état dans lequel je me trouve, là, c'est juste impensable pour moi de cuisiner un bon petit plat sans le laisser brûler ou autre connerie du genre le rendant juste immangeable. Non, autant jouer la précaution surtout que mon cher et tendre n'est pas un grand fan de cuisine. Au moins, ça nous arrange tous les deux. « J’vote pour ! J’ai la flemme d’me mettre derrière les fourneaux c’soir ! Et j’préfère t’avoir toute pour moi ! » Sa franchise m'amuse tellement que je ne peux pas me retenir de rire et ses clins d'oeil qu'il me jette souvent ont le don pour me rendre folle. Je le soupçonne d'ailleurs de le savoir étant donné qu'il en use et en abuse bien souvent. Je m'apprête à glisser un petit commentaire sur la fin de sa phrase lorsque ses lèvres s'abattent une fois de plus sur les miennes, me coupant littéralement dans mon élan. C'est fou comme il est possible d'aimer quelqu'un comme ça.. « Ca te dit de manger indien ? » Hum, décidément, il sait vraiment comment me parler. J'acquiese d'un léger signe de tête enthousiaste à cette idée tout en pivotant un peu sur ce canapé de sorte à l'avoir face à moi, ma tête se posant dans ma main dont le coude repose tranquillement sur le dossier du canapé. Répondant à sa bonne humeur contagieuse, je n'hésite pas à glisser presque du bout des lèvres. « Un programme de soirée vraiment très appétissant.. » Je fais, bien évidemment référence à ce repas à l'accent Bollywoodien qui est proposé, mais aussi en réponse à son fameux toute pour moi qui me plait tout autant. J'espère même, par ces quelques mots, faire disparaitre ses éventuels soupçons quant à mon état "étrange" que je m'efforce pourtant de maitriser. Ce regard qu'il me lance alors me confirme que quelque chose m'échappe pourtant, ce qui me fait détourner le regard vers la fenêtre aux volets encore ouverts.. Je suis soulagée de l'entendre changer de sujet, sans prêter plus d'attention que ça à cette Gaëlle différente qu'il a pourtant -je n'en doute pas- décelé. A force de le fréquenter, ses yeux n'ont plus de secrets pour moi. Je sais y lire des choses que d'autres ne soupçonnent même pas..

Relevant un peu ma tête de l'appui que lui offre ma main, je décale sensiblement mon bras vers Raphaël, laissant mes doigts venir délicatement au contact de sa chevelure dans un geste de cette douceur me caractérisant si bien. Aujourd'hui, j'ai besoin de sa présence sans doute plus que d'habitude tant le secret que je garde précieusement est important. Mais ça, il ne le sait pas, et je me force à ne pas paraitre plus désireuse de lui que d'habitude. « Oh, au fait, y’a Thanaïs qui casse les pieds à ses parents pour savoir si elle sera une de tes demoiselles d’honneur ! » Cette nouvelle m'arrache un nouveau petit rire tellement je connais ces petits phénomènes et leur capacité à négocier, à baratiner jusqu'à avoir gain de cause. Et je ne sais pas si c'est le hasard qui fait ça, mais nos principaux sujets de conversation du moment sont en rapport avec des enfants. Je me fais sans doute un film, mais la façon dont il amène le sujet me rassure énormément. J'en profite alors pour lui envoyer un nouveau petit pic amoureux, continuant de passer ma main dans ses cheveux. « Tiens, casser les pieds. Un talent made in Edgecombe, ça. » Dis-je faussement sérieuse, mon petit sourire habituel laissant la place à un autre bien plus marqué à l'image de cet air taquin qu'il a eu juste avant. Je fais ainsi sans doute référence à nos quelques prises de bec qui révèlent très bien le caractère bien épicé de mon cher fiancé. Cet homme que j'aime, qui s'est accaparé de mon coeur, et contre lequel il m'est impossible de rester bien longtemps fâchée. Celui-là même qui sera le père de mes enfants. Alors ce talent-là, j'ai appris à faire avec et à le maitriser tant bien que mal. Me mordant la lèvre, je finis par lui dire. « Je l'appellerai demain pour lui annoncer la bonne nouvelle. C'est impossible de lui dire non. Elle pourra même venir avec Sarah pour m'aider à choisir la robe si c'est possible. Et si ton frère est d'accord. » Sur ces paroles, j'arrête de jouer avec ses cheveux, laissant ma main sur le dossier du canapé entre nous. Feignant une sorte de fatigue -pourtant bien réelle- et, surtout, en prenant au mot ses paroles passées -toute à lui !-, je n'hésite pas une seconde de plus pour me laisser doucement glisser sur le canapé, posant ma petite tête sur l'une de ses cuisses. Ainsi confortablement installée, je regarde le lustre que nous venons d'acheter et qui embellit à merveille notre beau salon. Oui, je sais. Je suis plutôt envahissante pour le coup, mais je crois bien l'avoir toujours été. Et puis, nous ne sommes pas en vacances, au contraire. Une petite baisse d'énergie est donc normale, non ? Une petite sensation de faim se fait alors une place dans mon petit ventre, si bien que je tourne un petit peu la tête vers lui, pour lui dire non sans humour. « Ah .. Je n'ai pas mon téléphone sur moi. Il va falloir que tu te dévoues pour appeler l'Indien. Moi, j'bouge plus de là. » Je lui fais alors mon petit sourire spécial Raphaël pour faire passer la chose, puis je bats des cils exprès pour qu'il se charge de cet appel. A force de commander, nous connaissons les cartes par coeur, si bien que je ne vais pas avoir à me lever pour prendre le petit prospectus qui doit trainer à quelque part.

Si ça, ce n'est pas le bonheur, alors ça y ressemble..


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyMar 10 Nov 2015 - 3:28
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


Cette routine, ces instants d’une simplicité sans borne, voici c’que j’aime tant à partager avec Gaëlle. Nul besoin qu’on fasse des trucs de folie pour que j’sois heureux avec elle, même si, j’l’avoue, j’désespère pas de la convaincre de me suivre dans mes sorties sportives. Je lui laisserai même la possibilité de choisir ce qu’elle préfère essayer. J’aimerais bien qu’on partage une telle chose, mais, honnêtement, j’appréhende aussi, à cause d’la maladresse légendaire d’ma fiancée. Après, assez étonnamment, j’redoute pas tellement qu’elle puisse se blesser, malgré l’fait qu’ces sports soient considérés comme extrêmes, j’sais, pour en avoir fait à maintes reprises, qu’c’est bien encadré et assuré. Vous croyez pas qu’j’m’amuserai pas à amener Gaëlle à prendre d’réels risques, quand même ! Cela dit, la maladresse dont elle peut parfois faire preuve m’fait craindre le pire : si jamais elle s’blesse, elle risque d’se mettre en tête qu’ça représente un risque pour moi, et donc, d’me demander d’plus faire d’sauts en parachute, à l’élastique ou autres trucs du même genre. Et c’est ça qui m’fait hésiter avant d’lui demander d’me suivre lors d’une de mes prochaines excursions « sport & adrénaline », car j’crains qu’elle ne finisse par m’demander d’plus y retourner. Faut avouer qu’j’ai réussis à survivre à un cancer, et qu’ce fut éprouvant pour elle, cette période, alors j’l’imagine bien s’inquiéter pour moi en m’sachant en train m’adonner à une telle activité, au vu des risques qui peuvent en découler. Donc... Faut j’pèse l’pour et le contre avant d’lui proposer d’venir avec moi, mais j’avoue qu’ça devrait être fun qu’elle m’accompagne un jour. Ca nous fera un truc supplémentaire à partager. P’têtre qu’j’lui en toucherai deux mots c’soir, si l’occasion s’présente, sinon, ça presse pas non plus. On a tout notre temps. Douce illusion, j’sais bien. Mais, pour l’heure, j’y crois, à cette illusion. Et j’fais même pas attention à savourer les moments passés avec elle. Car pour moi, de tels instants, il devrait en avoir encore plein d’autres. Sinon, p’tête que j’aurai juste cherché à en profiter plus, à nous créer plus d’bons souvenirs, d’ceux qu’j’pensais qu’elle n’pouvait oublier. D’ceux qui auraient pu supplanter ceux qu’on avait déjà. D’ceux qui, dans l’fond, n’existent même pas, car l’cerveau est encore un mystère pour l’Homme, et l’coma est une bête curieuse qui ravagera encore bien des liens, qu’les gens jugeaient pourtant assez forts pour n’pas être balayés d’la sorte, par l’souffle d’l’oubli. Non, c’soir-là, j’pense pas à grand-chose. Pas même au mariage à venir. Pas même à mon expo. C’soir, j’veux juste me détendre, après une journée qui a été, j’le sais, longue pour nous deux. Alors, comme bien souvent lorsqu’j’la retrouve, j’la taquine. Juste parce qu’c’est l’seul moyen qu’l’handicapé sentimental qu’j’suis à d’lui faire comprendre qu’j’suis raide dingue d’elle. Parce qu’j’ai bien conscience qu’même si j’savais manier les mots correctement, j’pourrai même pas être en mesure de, ne serait-ce que lui faire entrapercevoir l’importance qu’elle a pour moi. Parce que nul, pas même moi, n’sait à quel point elle m’est essentiel. Littéralement. Non, cette prise d’conscience, j’l’aurai qu’dans quelques mois. Et, assez ironiquement, juste entre nous, j’dois admettre que c’soir-là, alors qu’j’l’entends m’répondre à ma boutade, qu’j’la vois rentrer dans mon p’tit jeu, j’me dis qu’il est indéniable qu’elle est une part importante dans ma vie, voire qu’elle est même simplement ma vie. Mais vous savez qu’on dit : « On ne mesure l’importance des gens dans nos vies qu’une fois qu’on les a perdu. ». Prochainement, j’serai un pro sur l’sujet. Et j’regretterai éperdument d’avoir usé et abusé du mot « Jamais ». Vous savez c’qu’on dit, après tout : « Il ne faut jamais dire jamais ». Et moi, j’ai tendance à m’en servir un peu trop. Surtout quand j’tente d’lui retranscrire la force d’mes sentiments à son égard, ou après une dispute réellement forte. A ces moments, j’prends sur moi pour lui faire réaliser que j’suis jamais sérieux lorsqu’j’lui balance quelques horreurs lors d’nos disputes (horreurs pourtant bien douces en comparaison d’ce qu’j’vais lui envoyer dans la tête, dans quelques temps !), que jamais j’cesserai d’l’aimer, d’la désirer et d’vouloir qu’elle soit à mes côtés, ou encore que jamais j’laisserai quoi que ce soit, ni qui que ce soit, nous séparer. Dans à peu près un an, j’prendrai conscience qu’j’lui ai menti. Qu’j’peux lui balancer quelques horreurs et en penser véritablement certaine, du moins, toutes celles ayant pour but d’l’éloigner d’moi et du mystère qu’représentera alors notre histoire à ses yeux, alors qu’elle sera sur l’point d’se marier. Qu’on peut aimer une personne de toutes ses forces, de toute son âme, de tout son être, il y a certaines situations qui font qu’c’est pas assez, qu’il faut renoncer à l’autre, pour l’bien d’l’être aimé. Qu’il est con d’croire qu’il n’y a pas des épreuves en mesure d’séparer des gens qui s’croyaient pourtant voués à passer l’restant d’leurs jours ensemble. Qu’j’ai été un débile de première ordre pour réellement penser qu’elle pouvait m’être destinée. Mais non, c’soir, une seule chose m’importe : lui arracher un d’ses sourires pour lesquels j’serai prêt à m’damner. Continuer à l’aider à oublier les plaies d’son passé. Contribuer à c’qu’elle cesse d’trembler à la perspective qu’son père puisse la retrouver et tenter d’me l’arracher. N’jamais cesser d’lui signifier qu’si j’suis un homme aussi épanoui aujourd’hui, c’est uniquement grâce à elle et à son amour. Et, tandis qu’j’la vois alterner une moue attristée puis un visage empreint d’espièglerie, j’me fais un seul constat : « J’ai d’la chance qu’elle m’ait choisit. ». Parce qu’ouais, j’reste persuadé qu’elle m’a choisit, qu’moi, j’ai juste été attiré par elle, par tout c’qu’elle est, par sa luminosité. Etrange d’se dire qu’une pensée similaire m’traversera l’esprit dans quelques mois, mais c’est vrai : j’suis qu’un vulgaire insecte, sans grand intérêt, et elle, elle irradie, comme la plus vivace des lumières, comme un soleil déroutant. Aussi est-il normal qu’j’ai été attiré par elle. C’est comme si on m’demandait d’lutter contre l’attraction terrestre ! Mais Gaëlle, par contre, j’m’interroge parfois pour savoir pourquoi elle m’a choisit. Elle aurait pu avoir n’importe qui, déjà dans notre p’tit patelin, puis à Londres. Mais non, c’est moi qu’elle a voulu. Et, j’m’en plains pas, n’allez pas croire n’importe quoi. J’sais juste que, suite à notre rupture, j’ai pris conscience d’un truc : elle avait beau n’plus être à mes côtés, j’continuais à l’aimer. J’ai essayé, pourtant, d’l’oublier. Et n’allez pas m’dire qu’j’ai pas essayé assez fort, car vous n’en savez rien. J’ai essayé. Vraiment. Mais toutes les filles qu’j’ai pu rencontrer par la suite n’avait pas un sourire assez malicieux, ni cette flamme de taquinerie qui illumine leur regard, ni cette moue attendrissante qu’fait Gaëlle lorsqu’elle éclate sincèrement de rire, ni cette passion pour les animaux qui a sans doute contribué à nous rendre encore plus complices, ni cette facilité à m’comprendre d’un seul regard même lorsqu’j’suis sur les nerfs, ni ce don à m’remotiver quand j’ai juste envie d’baisser les bras, ni une vague ressemblance avec la musicalité d’son rire, ni... En fait, aucune d’elles n’étaient assez Gaëlle, tout simplement. Mais j’garde tout ça pour moi, car j’avoue qu’ça m’effraie assez d’réaliser à quel point elle a, sans même l’vouloir et sans en avoir véritablement pris conscience, marqué son empreinte sur mon cœur. Pas sûr qu’elle aurait eut à s’comporter différemment pour s’assurer qu’jamais il n’me vienne à l’idée d’la quitter. Non, j’garde ça pour moi, parce que d’toute façon, j’me dis qu’elle a assez conscience d’l’emprise qu’elle a sur moi pour qu’j’ai besoin d’en ajouter une couche. Suffit d’voir l’regard qu’elle m’adresse pour ponctuer sa petite pique. « Merde, va falloir qu’j’paie plus l’prochain alors, pour qu’il m’débarrasse du p’tit boulet qu’j’me coltine. » Fait assez intéressant à noter, alors qu’j’la désigne comme un boulet, y’a une indéniable tendresse dans ma voix. Tendresse qui n’ressortira pas du tout quand j’la désignerais à nouveau ainsi, après son réveil. Curieux d’noter comment une boutade affectueuse devient une arme verbale lorsqu’la situation l’impose. « Tant pis, j’t’enverrai d’autres p’tits vieux impatients alors, histoire qu’ils t’préparent au moins à c’que tu vas devoir supporter dans quelques années. Quand j’serai un vieux croulant, râleur, qui ressemblera plus à rien, hormis à un type tout édenté et fripé ! » Ouais, même en plein cœur d’un jeu d’chamaillerie, j’lui fais savoir qu’j’ai bien l’intention d’vieillir avec elle. Comme quoi, j’peux être partiellement sérieux quand j’le veux. Et pour qu’j’sois totalement sérieux, là, par contre, y’en faut beaucoup...

Lorsqu’elle me parle de Yan, j’souris, comme bien souvent lorsqu’elle parle d’ce gamin. Et pourtant, intérieurement, j’ai peur. Peur car j’sais combien elle s’est attachée à c’gosse. Peur car j’sais combien la maladie dont il souffre est meurtrière. Peur car j’sais combien elle pourra souffrir si jamais il venait à rendre les armes un jour. Peur car j’sais combien elle sera alors marquée par sa mort, parce qu’j’sais qu’trop bien qu’on n’sort pas indemne d’un deuil, surtout lorsqu’la Mort a été commanditée par une maladie et a fauchée un jeune. Peur car j’donnerai tout pour lui épargner la moindre souffrance à l’avenir et qu’j’sais qu’sur ce coup-là, j’pourrai pas faire grand-chose, hormis m’montrer présent pour elle, lui offrir une oreille attentive et une épaule réconfortante. C’est d’ailleurs cette peur d’la voir souffrir qui va m’faire lui tourner l’dos à l’avenir. Oh combien il est cruel d’noter d’ce qu’peut vous faire faire l’amour, juste pour respecter la promesse qu’vous vous êtes faits d’toujours faire passer l’bonheur d’l’autre en 1er avant l’vôtre. « Et oui, je n'y échappe jamais. Tu aurais dû voir son regard quand je l'ai appelé Superlittleman. Il le mérite tellement.. Il a une vraie force surhumaine. » Un nouveau sourire en coin s’peint sur mon visage alors qu’j’entends l’surnom qu’elle a attribuée à son jeune patient. Encore une autre chose qu’j’aime en elle : elle s’investie dans son boulot, véritablement, voyant, en chacun d’ses patients, l’être humain qu’ils, et non en s’contentant d’les considérer comme de simples patients, des individus sans intérêt, sans histoire. Non, elle, elle aime à en apprendre plus sur eux, pour créer un véritable lien avec eux, afin d’personnaliser réellement ses séances, et aider encore mieux à les guérir, les soulager d’leurs douleurs. Elle s’investit, réellement, humainement, envers les gens. Et j’crois qu’c’est pour sa douceur, qu’elle accorde à quiconque croise sa route, qu’j’suis incapable d’aimer une autre qu’elle, car une telle douceur, y’a qu’elle qui l’a. Mais c’est aussi pour ça qu’j’veux autant la protéger. Car à force d’s’investir auprès d’ses patients, elle finit par s’y attacher, véritablement. Et du coup, par souffrance, si jamais les choses tournent mal. Cependant, j’sais aussi qu’pour rien au monde j’voudrai qu’elle m’ressemble, qu’elle soit dotée d’cette carapace qui devient d’l’indifférence visible quand la douleur investi les lieux. Car elle ne serait plus vraiment elle. Alors, il m’incombe d’rester à ses côtés, pour la préserver au mieux d’la véritable saloperie qu’peut être la vie. « Faudra qu’tu lui demandes un jour qu’il m’fasse un dessin à moi aussi, j’vais être jaloux, y’en a toujours qu’pour toi ! Et qu’il le signe par son surnom, comme tout artiste qui s’respecte ! ». J’réagis pas sur la force dont fait preuve l’marmot, parce qu’c’est un fait établi dans ma tête depuis toujours. J’vais pas dire qu’les malades sont plus forts qu’les gens en bonne santé. J’veux juste dire qu’ils sont obligés d’puiser au plus profond d’eux pour traverser les diverses étapes d’leur maladie, pour rester auprès des leurs, même lorsqu’il leur paraît tellement plus doux d’se laisser partir. Et puis, j’dois avouer qu’même si Gaëlle m’disait qu’le gamin avait finit par baisser les bras, j’dirai rien. J’serai triste, certes, mais j’dirai rien. J’ai connu aussi les moments où on aimerait juste qu’la Mort arrête d’nous tourner autour et nous emporte, une bonne fois pour toute, au lieu d’nous faire souffrir l’martyre. D’vous à moi, j’me considère pas comme quelqu’un doté d’une force énorme. J’ai juste fait d’mon mieux, pour rester auprès des miens. Car j’savais qu’ils seraient trop marqués par ma mort. Plus encore après l’incendie qui avait bien trop ravagé notre famille, j’pouvais pas blesser à nouveau ma famille, il en était hors de question. C’est pour ça qu’j’me suis battu, alors qu’j’avais pas forcément l’cœur à lutter, sans Gaëlle. Non, à la place d’ça, j’vais récupérer mon portable. Parce que j’préfère l’avoir à portée d’mains si jamais on tente de m’appeler. Pas qu’j’répondrais à coups sûrs, loin d’là. Juste qu’c’est un réflexe qu’j’ai, depuis qu’l’Cancer s’est invité dans ma vie. J’ai toujours mon portable à proximité. Afin d’être en mesure d’communiquer avec les miens si besoin, et aussi d’leur répondre si jamais quelque chose d’grave venait à s’produire. Entre mon frangin Ben qui est handicapé suite à l’incendie, ma sœur Abigail qui est à présent partiellement brûlée, et qui s’reconnaît plus dans l’miroir, en dépit des opérations visant à lui faire retrouver son visage d’antan, celui qu’elle partageait avec sa jumelle et notre mère qui est internée depuis des années, j’dois avouer qu’j’ai toujours tendance à m’préparer au pire. Sans oublier mes neveux et nièces, dont la majorité est aussi turbulente que l’étaient leurs parents (les gênes Edgecombe ont pas qu’du bon !), les sujets d’angoisse sont multiples. Et puis, bien sûr, y’a mon boulot. Mais j’pourrai perdre mon don pour la sculpture demain qu’j’en aurai rien à foutre, si ça m’permettait d’préserver les miens, l’ensemble des gens qu’j’aime. P’têtre qu’vu comme ça, vous pouvez à présent mieux comprendre l’geste qu’j’aurai prochainement concernant Gaëlle...

Gaëlle qui, en ce moment, m’écoute leur parler d’ma journée. Journée qu’j’ai passé enfermé dans mon atelier, n’voyant qu’Flavien, qui est venu m’rendre visite, comme tous les jours depuis qu’j’ai commencé à préparer l’expo, afin d’m’inciter à délaisser la Sculpture pour quelque temps, afin d’manger. Car Flavien sait qu’j’suis tout à fait capable d’passer des heures sans manger, ni même boire, lorsqu’j’suis bien absorbé par c’que j’fais. Flavien, qui est bien la seule personne, exceptée Gaëlle, qu’j’accepte d’voir dans mon atelier quand j’sculpte, et encore plus quand j’suis sous pression. C’est bien les rares personnes sur lesquels j’gueule pas lorsqu’j’les vois essayer d’me convaincre d’prendre l’air, et quand ils coupent la musique, qu’j’mets à fond, afin d’m’isoler au mieux dans ma bulle créatrice. Les rares personnes qui ont l’droit d’dire qu’mon atelier est en bordel (ce qui est rarement l’cas, tant j’suis d’une minutie extrême là-bas), lorsqu’j’laisse traîner des morceaux d’sculptures ratées, du matos et des croquis un peu partout. De plus, c’est les seules personnes qu’j’autorise à ranger les lieux (même si j’repasse toujours derrière, car j’suis maniaque quand il s’agit d’mon antre.). Flavien, donc, qui a pensé à commander à manger à midi pour nous, qui m’a traîné par l’bras pour qu’on aille manger sur un banc dehors, et qui m’a donné des conseils avisés pour l’bateau qu’j’suis en train d’réaliser. Sans doute l’une des œuvres qui m’tiennent l’plus à cœur, et Gaëlle l’sait bien. « Il doit être magnifique.. Monsieur l'artiste me permettra-t-il d'y jeter un oeil en avant-première ? » J’esquisse un sourire alors qu’ma fiancée m’encourage. J’sais qu’sans ces encouragements, il m’arriverait souvent d’remettre en question ma vocation, ma légitimité d’sculpteur. Et j’ai aussi besoin d’savoir qu’elle m’admire, au moins pour ça, ainsi, j’trouve une explication quant à ce qui l’a poussée à m’choisir. Et puis bon, susciter l’admiration d’la personne qu’on aime l’plus au monde, ça fait du bien, faut l’dire. J’hausse les épaules cependant, pour mettre en doute la beauté d’mon œuvre. J’suis rarement convaincu d’ce que j’fais. Car ça n’est jamais assez bien pour moi, quand bien même les gens m’disent aimer. J’suis foutrement exigeant envers moi-même quand il s’agit d’art. « Ca dépend... Tu viendrais déguiser en femme pirate sexy ? », que j’lui demande en haussant les sourcils, malicieusement. Autant en profiter, non ? J’suis jamais contre l’idée d’la voir encore plus sexy qu’à l’accoutumée. Même si, j’sais, elle pourrait porter une robe d’grand-mère, j’la trouverais encore canon. Que voulez-vous, j’suis mordu ! J’précise pas qu’elle est la bienvenue dans mon atelier quand elle l’veut. Elle l’sait bien. C’est d’ailleurs pour éviter d’travers Londres qu’j’ai dans l’idée d’avoir un atelier à la maison. Lorsqu’viendra pour nous l’heure d’fonder une famille, et donc, de déménager dans un lieu plus spacieux, et de ce fait, plus propice à la construction d’une telle pièce. Ainsi, j’aurai pas à quitter la maison pour aller bosser. L’avantage d’mon boulot, c’est qu’j’peux faire les horaires qu’j’veux. Alors quand on aura des gosses, j’pourrai m’arranger pour bosser tout en aidant à la maison et en les gardant lorsque Gaëlle sera au boulot. Bien sûr, ça m’demandera d’cesser d’mettre la musique à fond, soit pour entendre les gamins dans la maison, soit pour entendre mon téléphone, qui m'servira d'mémo, sonner lorsqu’viendra l’heure d’aller les chercher, chez la nounou, à l’école... Mais c’est qu’un ajustement qui s’fera sans trop d’souci. « Je suis sûre qu'il l'attend impatiemment pour partir à l'aventure. » A nouveau, j’souris, avec espoir, et ça gagne même mes yeux. Ouais, j’donnerai tout pour qu’Jake, où qu’il soit à présent, aime l’bateau qu’j’fais pour lui. J’regrette juste qu’il soit pas là pour l’voir, en chair et en os. Cependant, j’sais qu’le bateau devrait lui plaire, vu qu’j’ai commencé à l’dessiner à l’hôpital, en l’voyant, en l’écoutant m’parler d’sa passion, et avec lui. J’lui avais toujours promis, après tout, d’lui sculpter c’bateau, un jour. J’ai jamais eu l’occasion, cependant. Car il est parti trop tôt, mais aussi parce qu’j’avais pas les moyens d’me payer les matériaux avec lesquels j’voulais créer c’bateau. Bateau qu’j’ai peaufiné, depuis l’temps.

J'm’assied vers Gaëlle. Enfin. Il m’est en effet difficile d’rester longtemps éloigné d’elle, même que d’quelques pas. Quand j’dis qu’elle est l’Soleil autour duquel j’gravite, j’déconne pas. Bon, j’sais resté sans la coller, j’vous rassure. Disons qu’j’aime au moins l’avoir dans mon champ d’vision. Et qu’j’suis encore mieux si j’peux l’avoir, à proximité, voir tout contre moi. Alors qu’j’me suis installé confortablement sur le canapé, mon portable posé à côté d’moi, Gaëlle m’propose de commander. J’accepte rapidement l’idée. « Un programme de soirée vraiment très appétissant.. » Après un p’tit ricanement, j’déclare : « Normal, j’ai toujours d’bonnes idées ! », qu’j’ponctue d’un p’tit sourire d’crétin arrogant et amusé. Ouais, j’suis comme ça, en vrai, quand j’suis pas au fond du gouffre, va falloir vous y faire. Surtout avec Gaëlle, par contre, avec les autres, en dehors d’ma famille, j’suis moins taquin. D’ailleurs, en pensant à la famille, ça m’fait revenir à la mémoire qu’j’ai eu Remiel au téléphone, un peu plus tôt. Bon, pour être honnête, j’l’ai eu alors qu’j’rentrais, après les courses, encore dans la voiture. Vive le kit main-libre, hein ! C’est pas conseillé ? M’en fous, j’voulais parler à mon frère, et savoir comment mon neveu allait, lui qui s’préparait à recevoir très bientôt des amis à la maison, pour sa 1ère soirée pyjama ! Et l’gamin veut qu’tout soit parfait, alors il casse les pieds à ses parents, en permanence, pour vérifier qu’tout sera prêt en temps voulu ! Mon frère n’a pas d’bol, ces 2 mioches sont pénibles. Mais bon, en contrepartie, ils sont aussi adorables. Et j’dis pas ça qu’parce qu’j’suis l’tonton ! « Tiens, casser les pieds. Un talent made in Edgecombe, ça. », m’dit Gaëlle, après qu’j’lui ai parlé d’Thanaïs. Soigneusement, je hausse les épaules, la bouche formant un parfait rond, dans une magnifique performance du mec stupéfait. J’ouvre d’ailleurs les yeux, après les avoir clos quand elle à commencé à m’passer la main dans les cheveux, désireux d’savourer ses caresses. « J’vois pas d’quoi tu parles ! Les Edgecombe sont parfaits ! Puis bon, j’te rappelle qu’tu vas devenir une Edgecombe, et qu’tu vas avoir des mini-Edgecombe un jour, alors hein ! » J’lui adresse un sourire éclatant, comme si j’voulais la mettre au défi d’dire qu’ce côté-là d’ma personnalité n’était pas précisément une des raisons qui ont fait qu’elle soit dingue de moi. J’suis cependant bien loin d’imaginer qu’le jour où on aura un mini-nous risque d’être plus proche qu’prévu. Comme quoi, parfois, le hasard est joueur ! Presque autant qu’Gaëlle et moi. Même si Gaëlle est nettement plus adorable qu’moi lorsqu’on est dans un tel jeu. Non mais sérieux, vous avez vu la tête qu’elle m’fait ? Puis elle s’mord la lèvre par-dessus l’marché ; à croire qu’elle veut m’rendre encore plus accro à elle qu’j’le suis déjà ! J’tarde pas à refermer les yeux, un brin paresseux, m’sentant foutrement bien, sur l’canapé, à côté d’elle, tandis qu’sa main erre dans mes cheveux. « Je l'appellerai demain pour lui annoncer la bonne nouvelle. C'est impossible de lui dire non. Elle pourra même venir avec Sarah pour m'aider à choisir la robe si c'est possible. Et si ton frère est d'accord. » J’hoche la tête pour approuver ses dires, alors qu’elle a cessé ses caresses. J’le dis pas, mais j’me demande comment sera la robe qu’elle aimerait avoir, et surtout, à quoi elle ressemblera dans celle qu’elle trouvera, qui s’approchera au mieux d’son idéal. S’il y a bien une chose qu’j’attends avec impatience dans l’mariage à venir, c’est d’découvrir Gaëlle dans sa robe. La seule chose qu’j’me permette d’ajouter, c’est : « T’sais bien qu’Remiel sera d’accord ! Ca lui permettra d’être tranquille pour quelques heures avec sa chère et tendre ! », qu’j’déclare alors qu’elle s’couche sur moi, c’qui m’fait sourie. Concernant c’que j’viens d’dire, j’me dis juste une chose : Faudra que mon frère et ma belle-soeur trouvent quelqu’un pour prendre l’gamin, et ils pourront profiter l’un d’l’autre, presque comme un jeune couple. Ce qui s’fait rare pour eux, depuis qu’ils sont parents. Et ils ne s’en plaignent pas vraiment, même si j’sais qu’Rem’ aimerait pouvoir retrouver son épouse un peu plus souvent en tête à tête. Heureusement qu’on a une famille nombreuse et qu’la majorité d’entre nous vivent au village, ainsi, ils trouvent facilement des nounous ! C’est d’ailleurs un truc qui m’fait peur, quand on sera un jour parents, avec Gaëlle : la difficulté à s’trouver des moments rien qu’pour nous. Mes parents ont toujours galérés, entre leur flopé d’gosses et la ferme, c’était galère. Mais j’sais qu’on finira par s’arranger. Car s’il est indéniable qu’j’veux une famille nombreuse, j’sais qu’j’aurai toujours besoin d’instants privilégiés avec la femme de ma vie, au moins d’temps à autre. Même si j’serai toujours heureux d’être avec notre marmaille, incontestablement bruyante. Même si j’crèverai sans doute de trouille à l’idée qu’l’un de nos enfants n’soient malades. Entre la schizophrénie et l’cancer, on peut pas dire qu’les gênes Edgecombe donnent une bonne santé. Et ça m’tuerait d’savoir qu’un d’nos enfants est malade. Tout comme j’risque d’être anxieux durant les accouchements, redoutant qu’Gaëlle n’connaisse la même destinée qu’sa mère. C’qui m’anéantira, sans nul doute. J’sais par contre qu’j’suivrai jamais les traces d’mon beau-père, qu’le gamin d’cet accouchement survive ou pas. Qu’jamais j’reprochais à c’gosse d’m’avoir enlevé mon âme-sœur. J’sais juste qu’ça sera difficile. Atroce même, d’être séparé d’elle, et d’me retrouver seul, à élever notre (ou nos) enfant(s). Mais j’le ferai, d’mon mieux, pour elle, pour nous, pour l’gamin (ou les). Après, j’sais que ces craintes n’sont qu’des peurs, liés à des traumatismes ayant affecté nos vies respectives, mais c’est plus fort qu’moi. J’sais qu’ça n’arrivera pas forcément, j’sais qu’avoir peur n’empêche pas toujours l’pire (et pour preuve...), mais c’est ainsi. Même si, pour l’heure, ces peurs sont juste latentes, car j’suis pas vraiment confronté à tout ça. « Puis Rem’ t’adore, d’toute façon, comme Thanaïs, alors ils seront tous les deux heureux ! », dis-je, en décroisant mes bras d’derrière ma tête, pour caresser d’ma main l’bras d’Gaëlle s’trouvant l’plus contre le canapé. Ouais, j’sais, tous les deux, on peut s’montrer un peu trop affectueux l’un envers l’autre, ça peut donner envie d’gerber aux détracteurs d’romantisme. Ca sera même mon cas, dans quelques temps ! Pour l’heure, c’est juste normal, et plus fort que moi. J’y fais même plus vraiment attention, mon corps s’met en pilote automatique la plupart du temps, c’est juste... incontrôlable ! Pour en revenir à notre conversation, c’est vrai, la plupart des membres d’ma famille adore Gaëlle. L’coup d’l’incendie déclenché par l’père est d’l’histoire ancienne, ou, du moins, ils ont tous compris qu’elle n’était pas fautive. Ils savent tous, à présent, c’qu’elle vivait chez elle. Et, par-dessus tout, ils savent tous qu’j’suis irrémédiablement amoureux d’elle. Et qu’s’ils venaient à ne plus l’accepter, ils ne me verraient plus jamais, car, entre elle et eux, l’choix serait vite fait. En fait, y’aurait même pas d’choix à faire. Certes, ça m’fera mal d’les rayer d’ma vie, mais étant donné qu’ma vie, c’est elle, j’aurai pas d’autres choix ! Mais, pour l’heure, l’problème s’pose pas, il s’posera sans doute dans d’nombreux mois, si on parvient à franchir les épreuves qui vont nous séparer et à s’retrouver. Pour l’moment, les Edgecombe apprécient Gaëlle. Et il en va de même pour la nouvelle génération d’Edgecombe. Majoritairement, ma jolie blonde est la tata préférée des marmots ! Puis bon, d’toute façon, comment n’pas l’aimer, j’vous l’demande ? Bon, OK, j’suis p’têtre d’parti pris ! « Ah .. Je n'ai pas mon téléphone sur moi. Il va falloir que tu te dévoues pour appeler l'Indien. Moi, j'bouge plus de là. » J’regarde ma fiancée, qui a toujours sa tête sur moi, d’un air faussement outré. « Non mais écoutez-moi l’autre feignasse là ! » Mais bon, il est possible qu’j’me sois trahi en m’mordillant la lèvre, pour m’retenir d’rire, et aussi d’m’attendrir devant la bouille qu’elle vient d’me faire. Assez stupéfiant d’réaliser qu’elle m’fait toujours autant d’effet qu’à l’aube de notre histoire, qu’elle me plaît comme au 1er jour, voire bien plus, si j’veux être honnête. « Avoue, t’aime juste m’exploiter en fait ! C’est quoi la prochaine étape ? Tu vas m’demander d’porter une tenue d’majordome ? » J’hausse les sourcils, comme si j’étais intrigué. Puis j’déclare, souriant, et non sans affiché un p’tit air futé : « J’accepte qu’si t’as une tenue équivalente, j’te préviens ! ». Bon, j’aurai p’têtre pas dû parler d’Gaëlle en soubrette, car j’suis en train d’l’imaginer, et j’dois avouer qu’ça m’déplaît pas l’moins du monde, loin d’là même ! J’secoue la tête pour m’concentrer sur notre conversation. Avant, j’tiens juste à vous rassurer, vu qu’j’viens d’parler, en quelques minutes seulement, d’Gaëlle arborant divers costumes, qu’j’l’aime pas qu’pour son physique. C’est des blagues, tout ça. Bien entendu, j’aime ses courbes et son corps, mais ça va au-delà de ça. J’l’aime pour l’être qu’elle est, simplement, sa personnalité, ses failles, ses défauts, ses qualités, ses aspérités. L’physique sexy, c’est juste un bonus appréciable. « T’as d’la chance qu’j’sois sympa ! », qu’j’prétends tout en roulant des yeux dans les orbites, feintant d’me rendre parce qu’elle use et abuse d’ma gentillesse, et aussi d’ses charmes. J’attrape alors mon téléphone. En effet, on est tellement habitués à commander à manger un peu partout qu’j’ai tous les numéros d’nos restaus habituels qui y sont enregistrés. « Comme d’hab’, j’suppose ? », qu’j’demande à Gaëlle tout en cherchant l’bon contact dans mon répertoire. On a en effet nos habitudes, un peu partout. Et on s’connaît tellement bien l’un l’autre qu’on sait c’que va commander l’autre, sauf lorsque celui-ci décide d’essayer un nouveau plat. Mais, depuis le temps, on a goûté l’ensemble des cartes des restaurants qu’on fréquente, et comme on ne passe pas notre temps à y manger, on sait quels sont les plats préférés d’l’autre. Suite à la réponse d’celle qui partagera sa vie avec moi, j’compose enfin l’numéro et colle l’téléphone à mon oreille. En attendant que quelqu’un décroche à l’autre bout du fil, j’continue à câliner Gaëlle. Et, alors qu’j’passe enfin commande, j’arrive à lui faire lever sa main gauche pour l’attraper et la tenir dans ma main. Juste pour le plaisir de jouer avec la bague qui orne à présent son annulaire, d’un air distrait. Une partie d’moi a hâte qu’la Claddagh soit enfin dans l’sens qui montre, dans la tradition irlandaise, qu’la personne la portant à la main gauche est passée du statut d’fiancée à celui d’mariée. Comme ça, tout l’monde saura qu’la blonde canon qu’est Gaëlle est déjà prise, et qu’son mari n’a pas l’intention d’la laisser filer. Du moins, pas tant qu’elle ne se sera pas lassée d’moi et n’m’aura pas fait comprendre qu’elle n’veut plus d’moi et qu’elle n’m’aime plus.

J’pousse un soupir lorsque la commande est enfin passée, et qu’j’peux alors raccrocher, et reposer mon téléphone à côté d’moi. J’avoue qu’avoir parlé d’bouffe durant les quelques minutes écoulées m’a ouvert l’appétit. J’ai pas vraiment bien mangé à midi. Comme à chaque fois qu’j’suis arraché à mon boulot pour manger, mon appétit n’se réveille pas assez pour qu’j’parvienne à manger véritablement, je n’le fais que par automatisme et nécessité. Il va falloir qu’j’me montre patient, l’temps qu’on puisse enfin nous livrer. « Au fait, t’as pensé à appeler ta tante pour lui confirmer qu’on allait bien manger chez elle, le week-end prochain ? » Nous sommes en effet invités, assez souvent, chez sa tante, pour manger ou juste boire un coup. Et celle-ci nous a conviés à manger chez elle, le week-end prochain. Ce qui, au vu de nos emplois du temps respectifs, n’a pas pu se confirmer avant un petit moment. Et Gaëlle avait prévu de se charger de la confirmation, afin de profiter de cet appel pour parler un peu avec celle qui l’avait recueillie après l’coup d’con d’son père. J’aime bien sa tante, parce qu’elle est adorable, et surtout parce qu’elle a toujours pris soin d’Gaëlle. Et, d’toute façon, même si j’aimerai pas sa tante, ou un autre membre d’sa famille qu’elle aime à voir, j’ferai des efforts. Car elle n’a déjà pas beaucoup d’membres dans sa famille, alors si en plus j’fais pas d’efforts pour m’entendre avec ceux qu’elle aime, j’mériterai juste la médaille du con ! Non, si jamais ça arrive, qu’j’approuve pas l’un des siens, j’prendrai sur moi, j’refuse qu’elle s’éloigne d’un autre membre d’sa famille, elle qui est déjà privée d’mère, et qui n’a jamais eut d’père digne d’ce nom ! J’cesse enfin d’jouer avec la bague de ma fiancée, pour déposer un nouveau baiser, sur sa main, cette fois, et plus précisément sur sa bague, dans un désir inconscient d’mettre un peu plus ma marque sur cette femme pour qui mon cœur bat. Puis j’libère doucement sa main, pour déclarer : « Faudra qu’on trouve quoi lui amener d’ailleurs. », étant donné qu’on n’arrive jamais chez nos hôtes les mains vives, mais... « Elle va avoir une collection d’orchidées suffisante pour ouvrir une expo’, un de ces jours, sinon ! » Ouais, l’inconvénient, c’est qu’on sait pas trop quoi lui prendre d’autres que des orchidées, qui sont des fleurs qu’elle affectionne grandement. P’têtre des chocolats ? Ou du vin, sinon. On trouvera bien, j’ai confiance en nous ! J’ai confiance en nous, mais pas toujours, par contre, j’vais l’prouver après son réveil et en réalisant qu’elle ne s’souviendra visiblement jamais d’moi. Nul n’est parfait, après tout ! Tout comme nul amour n’s’avère à l’abri d’immenses difficultés, quand bien même on croit avoir déjà tout vu et tout surmonté. Il n’reste qu’à espérer qu’l’dicton prétendant qu’les gens destinés à finir ensemble soit avéré. Sinon, c’est qu’j’aurai vu juste sur l’fait qu’j’n’étais pas destiné à ma belle anglaise, et, à l'avenir, cette idée aurait de fortes similitudes avec la vérité, dans mon esprit !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyMar 10 Nov 2015 - 21:28
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



De toutes les phases de ma petite vie, de toutes ces quelques années que j'ai maintenant au compteur, je peux facilement dire laquelle est, pour moi, la meilleure. Cette période de ma vie, avec l'homme que j'aime près de moi du matin jusqu'au soir, à me réveiller sous son regard et son sourire pour me rendormir entre ses bras, à partager tout n'importe quand, décroche certainement la palme. Bien entendu, loin devant ma plus tendre enfance rythmée à coup de baffes, de coups divers dans l'ombre de ma chambre sur ma personne. Cette période-là, je donnerais n'importe quoi pour m'en défaire, pour oublier cette douleur qui irradiait l'ensemble de mon corps. J'avais beau le supplier d'arrêter, il n'en avait que faire. Au contraire, lorsqu'il sentait que je faiblissais, il renchérissait en redoublant d'ardeur. Ses coups me mordaient la peau comme une bête affamée rongeant de simples os, si bien qu'à force, même les larmes ne s'échappaient plus restant prisonnières de ce regard implorant que je lui adressais. Heureusement que j'avais Riley et Raphaël, mais aussi Sarah et d'autres. Les deux fils Edgecombe ont réussis, tour à tour, à me recouvrir d'une sorte de sentiment de protection inébranlable -et qui est toujours présent-. Si je suis certaine d'une chose, c'est que jamais, jamais celui devenu mon fiancé ne lèverait la main sur moi. Et ça, c'était une assurance d'un bonheur sans faille alors que j'étais à mille lieux d'envisager les suites tragiques pour notre couple de cet accident. Bon, mon adolescence passée avec la folie meurtrière de mon père avait également été plutôt agréable elle-aussi. Tout simplement parcequ'il était là, avec moi, et qu'il m'offrait l'asile entre ses bras. Pour moi. Tout le temps, à n'importe quel endroit. Je pouvais compter sur lui, autant qu'il pouvait compter sur moi à combattre cette fichue maladie. Toutes ces journées et soirées passées ensemble, certaines entre amis et d'autres seuls. Chez lui ou même à son chevet à l'hôpital. Il était évident qu'il était mon prince charmant. Pourtant, même son baiser n'allait, quelques mois plus tard, ne pas avoir l'effet désiré alors que mon coma prendra fin.. En tout cas, j'avais ce sentiment d'avoir pourtant failli dans ma foi, ayant cédé à l'appel de la chair avec un autre alors que l'homme de ma vie était sous mon nez. Je ne lui ai jamais dis -peut-être qu'il s'en doute connaissant les valeurs qui m'ont été transmises-, mais j'en étais presque à regretter de ne pas l'avoir attendu pour certaines choses, pour certains mots. Bien entendu, j'avais aimé Riley. Il restait mon premier "tout", mais malheureusement, il a fallu que ce soit vers son frère que je suis finalement allée. Evidement, il devait m'en vouloir ainsi qu'à son frère.. Mais je ne regrettais pas ce geste que j'ai eu lors d'une de mes visites dans sa chambre d'hôpital et que mes lèvres se sont emparées de celles de Raphaël. Je me souviens encore de la tête qu'il a faite à ce moment-là, comme si j'avais percé cette carapace qu'il a toujours fièrement arborée.

Ce simple geste, pas si innocent que ça et pour lequel je n'avais, finalement pas vraiment réfléchi, a eu pour conséquence de placer Raphaël au centre de ma vie. Il a réussi à capturer mon coeur pour ne plus me le rendre. Et tant mieux. Il le protège et l'aime comme aucun autre ne peut le faire. Et aujourd'hui plus qu'auparavant, alors que je m'apprête à lui annoncer cette grossesse, je ne me vois pas vivre sans lui.. Finalement, je n'ai pas peur de sa réaction. Il a tellement d'amour à offrir qu'il saura en apporter à ce mini-Edgecombe. Un vrai papa gâteau, un papa poule.. Un rôle qui lui collera à la peau et que j'espère lui offrir plus d'une fois. Je sais ce que c'est que d'être fille unique. Même si je n'ai pas eu à partager mon dessert ou mes crayons de couleur, je ne veux pas de ça pour notre petite famille. C'est fou comme tout le stress d'une journée de travail peut s'envoler en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Juste en étant face à lui. Je lui souris. Si radieuse de le voir.. Et oui, malgré cet accueil si taquin qu'il me réserve bien souvent -et qui n'est pas pour me déplaire !-. « Merde, va falloir qu’j’paie plus l’prochain alors, pour qu’il m’débarrasse du p’tit boulet qu’j’me coltine. Tant pis, j’t’enverrai d’autres p’tits vieux impatients alors, histoire qu’ils t’préparent au moins à c’que tu vas devoir supporter dans quelques années. Quand j’serai un vieux croulant, râleur, qui ressemblera plus à rien, hormis à un type tout édenté et fripé ! » Un nouveau petit rire m'échappe tant j'aime le voir d'aussi bonne humeur. S'il allait être encore plus râleur qu'il ne pouvait l'être par moment, je vais devoir m'accrocher pour le supporter dans les décennies à venir.. Mais non, bien sûr que je ne pense pas ça ! Raphaël, c'est mon homme. Et je ne l'échangerai pour rien au monde, même pas en me transformant en une cougar avide de p'tits jeunots lorsque le poids de l'âge se fera sentir dans nos vies. Jamais je ne troquerais contre un plus beau, un moins chiant, un moins râleur, un avec un compte bancaire rempli de 0, simplement parce que je ne saurai pas l'aimer comme mon artiste préféré. Hum. Si seulement la Gaëlle "actuelle" se souvenait de ça. Cet homme-là qui me fait face, n'a plus de secrets pour moi. Si bien que je comprends cette promesse indirectement formulée et que j'accueille d'un léger rosissement sur mes joues. « Le p'tit boulet te demande quand même d'éviter de dévaliser le compte pour ça. Mais.. Hum ... C'est tellement sexy ce que tu me dis là. Promis, je te ferais ta purée tous les jours, Papy Raphy. » Dis-je simplement en me laissant tomber sur le canapé, me mordillant ouvertement la lèvre pour appuyer, certes avec humour, ces derniers mots.

Yan.. Même les jours où je ne le vois pas au cabinet, à l'hôpital ou même chez lui, je pense à ce p'tit bout d'homme. Très fort. C'est comme si je vois en lui un petit guerrier qui livre un combat quotidien et qui, pourtant, arrive à prendre la vie avec le sourire, la savourant comme personne. Ce petit d'à peine six ans est comme ce petit frère que je n'ai jamais eu, et pour lequel je me bats pour le protéger et l'aider au mieux. Inévitablement, je fais un rapide parallèle entre lui, Raphaël et tous ses amis, qui ont tous dû lutté contre des maladies diverses certes, mais toutes aussi cruelles. Evidement, je ne connais pas cette souffrance, mais je la comprends parfaitement pour avoir subi une sorte de dommage collatéral lors du combat de mon homme. D'ailleurs, je mentirais si je disais que la crainte de mon fiancé de revoir, un jour, sa santé basculer à nouveau ne m'inquiète pas. Mais, je serai là pour lui, quoiqu'il se passe comme je l'ai déjà fait. Je tiens à l'aider autant qu'il ne l'a fait pour moi, même s'il est vrai que je redoute cette nouvelle qui peut arriver ou non. En espérant que ce ne soit jamais le cas, et que sa tumeur nous laisse vivre tranquillement.. Bon sang, ce sourire. « Faudra qu’tu lui demandes un jour qu’il m’fasse un dessin à moi aussi, j’vais être jaloux, y’en a toujours qu’pour toi ! Et qu’il le signe par son surnom, comme tout artiste qui s’respecte ! » Je le regarde tout en pouffant de rire tellement il me fait penser à un petit garçon en disant ça. Bien entendu, je sais qu'il plaisante et qu'il n'est de loin pas sérieux. Du moins sur la forme. Après, je suis certaine que mon petit protégé sera ravi de faire un beau dessin pour l'amoureux de "Sa" Gaëlle. Donc, pourquoi pas. Cela fait un moment que je pense à quelque chose.. « Pourquoi tu ne viendrais pas une fois, avec moi. Ca lui ferait tellement plaisir de te voir.. » Je lui envoie un sourire des plus sincères tant je suis convaincue de ça. Même si je n'ai pas parlé dans les détails du passé de mon fiancé à ce petit homme pour respect pour mon Raphaël, je lui ai quand même dit qu'ils partageaient ce même combat contre la maladie. Et franchement, rien qu'en voyant mon cher et tendre avec tous ses neveux et nièces .. C'est juste obligé qu'il trouvera aussi de quoi faire avec mon petit patient. Oui, c'est sûr, Yan n'est pas le seul avec qui je m'entends bien, mais il y a quelque chose de spécial entre nous. Lorsqu'il me voit à l'hopital, il en vient à oublier infirmières et blouses blanches pour venir dans mes bras. D'ailleurs, à bien y penser, il sera sans doute le premier de mes patients -si ce n'est le seul pour ces premiers mois- à être informé de ma grossesse. Vu la joie qu'il a eu en sachant qu'il allait avoir une petite soeur, je me dis qu'il doit bien apprécier ce genre de nouvelle. Et puis, ce sera un autre de nos secrets.. Mon regard se pose alors sur ce pan de mur rempli de dessins de mes patients, dont un bon nombre du petit garçon. « Mais, je lui demanderais. Il t'en fera un, rien que pour toi, avec grand plaisir ! » Yan m'a dit que lorsqu'il dessine, il s'imagine le monde dans lequel il rêve de vivre. Une petite âme d'artiste que Raphaël devrait vraiment beaucoup apprécié. Je suis certaine qu'ils auraient bien des choses à se dire. Et s'ils auront besoin de tranquilité, je leur donnerai sans aucun soucis, même si je m'imagine déjà être une petite souris toute discrète.

Il ne sait que trop bien comment me faire craquer. Son regard, son sourire, cette sorte de flamme créatrice qui envahit sa personne lorsqu'il est question de son art.. Son humeur influence indirectement sur la mienne, c'est comme ça. La météo Raphaël pour une vie de couple ensoleillée. Voilà un peu ce pourquoi j'ai signé en emménageant avec lui, et en rêvant de ce futur nous unissant. Voilà ce que j'ai envie de découvrir, toutes ces nouvelles joies dans la vie d'un couple plus mature qu'une amourette de jeunesse, plus solide que tout. Mais, ce petit haussement d'épaule qu'il a alors me fait un peu baisser le regard. Il a un talent fou, ce n'est un mystère pour personne ! Et pourtant, il est si perfectionniste dans son travail.. C'est bien entendu quelque chose de touchant, toute cette attention qu'il accorde à ses sculptures. Mais, dans un autre côté, je suis aussi un peu frustrée de ne pas réussir à trouver les mots justes pour lui faire comprendre que son travail est déjà auréolé d'une maitrise à en faire pâlir plus d'un autre. Et comme dit, ce n'est pas parce que c'est mon futur époux, le futur père de mes enfants que je pense ça. Même si je ne comprends pas toutes les subtilités de son art, je me plais à l'observer sans qu'il ne se doute que je le regarde. J'aime plus que tout l'accompagner où qu'il aille pour son travail, lui montrant ainsi que je suis présente pour lui, pour sa créativité et que surtout, je crois en lui. D'une telle force.. La même que lorsqu'il était en plein combat avec sa maladie. Non, je ne le vois faire aucun autre métier tant il a trouvé celui qui lui correspond. Son petit air amusé me sort de ma petite rêverie alors que je l'écoute me dire.. « Ca dépend... Tu viendrais déguiser en femme pirate sexy ? » Je me décale un peu sur le canapé, changeant un peu mon appui sur ma jambe pour ne pas l'engourdir si vite alors que je remue brièvement la tête de gauche à droite, avec un sourire amusé. Il n'en loupe pas une. Faisant exprès de jouer avec l'une de mes mèches de cheveux pour lui prouver que je prends sa remarque en considération, je lui glisse alors. « A l'abordage de ton atelier ? C'est possible oui. Et sexy comme il le faut, histoire que tu ne m'échappes pas. » Un petit regard à la Gaëlle qui veut tout dire. Malheureusement pour lui, mon équipage m'a délaissé. Je vais devoir attaquer seule. Puis, ce sourire qui étire ses lèvres, allant même jusqu'à teinter son regard me fait chaud au coeur. Cet ami disparu aura définitivement le plus beau des bâteaux, voguant avec une telle classe que même les plus redoutables des loups de mer en rougiront.

Finalement, il me rejoint sur ce canapé. Lorsqu'il est près de moi, je dois avouer que ce petit tiraillement dans mon ventre que je lui ai découvert lors de ce premier baiser volé ne me quitte pas, malgré les années. Je reste cette éternelle amoureuse de l'Amour, qui n'a d'autre prénom que le sien. Bon, certes son deuxième prénom est celui de mon père. Comme quoi, tous les Oscar ne sont pas de parfaits connards. Mais, Raphaël lui va tellement bien mieux et.. Oh, ce rire.. « Normal, j’ai toujours d’bonnes idées ! » Arquant un sourcil, je le regarde, lui et son air faussement arrogant. Là, avec cette petite phrase, c'est comme si je retrouve les bribes de ce Raphaël presque indompté d'il y a quelques années, une expression que j'ai appris à déchiffrer.. Et surtout à aimer. Je lui donne alors une petite tape amicale sur l'épaule avant de reprendre cette sorte de petit massage chevelu. Je n'ai d'ailleurs pas le temps de lui répondre la moindre chose, préférant du coup reprendre l'une de mes occupations favorites. « J’vois pas d’quoi tu parles ! Les Edgecombe sont parfaits ! Puis bon, j’te rappelle qu’tu vas devenir une Edgecombe, et qu’tu vas avoir des mini-Edgecombe un jour, alors hein ! » Tiens, en parlant de mini-Edgecombe.. Est-ce qu'il se doute de quelque chose avec toutes ses phrases et réactions que j'interprète alors comme la preuve qu'il sait ? Tout en chassant cette pensée quasi invraisemblable, je me rapproche un peu plus de lui, toujours l'une de mes jambes repliées. C'est comme s'il fait un résumé de nos plans d'avenirs à plus ou moins long terme. Un petit frisson s'était perdu dans mon dos en l'entendant dire que j'allais devenir une Edgecombe. Depuis le temps que je rêvais de rejoindre cette famille à laquelle j'ai toujours été plus ou moins liée.. J'ai enfin l'impression de rejoindre ma famille en croisant mon destin avec celui de mon homme. « Mais oui, ils le sont et les prochains Edgecombe le seront tout autant. » Première sorte de sous-entendu, qui n'en est finalement pas vraiment un. Et oui, c'est une volonté commune que nous avons, de finir entourés par plein d'enfants. C'était pas comme si le nom de la famille Edgecombe allait se raréfier dans les années à venir, au contraire, même.. Mais, disons que nous savons ce que nous voulons. Et par chance, nous marchons dans la même direction, main dans la main et ce, malgré les disputes pouvant éclater. Je rajoute presque dans un murmure. « Comme tu l'es, toi. » Je lui fais alors un petit sourire plus timide, plus réservé que les précédents. Sans lui laisser l'occasion de répliquer que je suis aveuglée par l'amour pour le traiter de gars parfait, j'ajoute de suite, mon regard devenant finalement un peu plus froid comme à chaque fois que je repense à mon père. « Enfin, je vais pouvoir dégager ce foutu Gates de ma plaque au cabinet ! » J'ai tellement de mépris dans la voix lorsque je dois prononcer ce nom, qui n'est autre que celui de mon illustre père. Très vite, je chasse cette intrusion de ma tête tant je suis bien, là, près de lui. Mon regard se radoucit instantanément alors que je m'installe tranquillement sur lui et qu'il se perd vers ce fameux lustre.

Indirectement, nous en venons à évoquer, de loin, le mariage. Même si je n'ai pas encore fait d'essayage pour la robe, je sais ce que je veux. Une belle robe blanche voire crème, comme dans mes rêves. Bon, j'avoue que certaines robes plus colorées sont plutôt pas mal bien que, pour moi, une robe de mariée se doit de rester de ces teintes claires. Après, pourquoi pas envisager des petits détails bordeaux ou ce genre de couleur. Mais dans l'esprit, je ne souhaite pas sortir des sentiers battus, en prenant une robe qui arrive au-dessus du genou ou ce genre de nouveaux délires. Alors que je me perds dans cette contemplation du plafond, j'entends ses paroles.. « T’sais bien qu’Remiel sera d’accord ! Ca lui permettra d’être tranquille pour quelques heures avec sa chère et tendre ! Puis Rem’ t’adore, d’toute façon, comme Thanaïs, alors ils seront tous les deux heureux ! » Ces quelques paroles se répercutent dans ma tête. Il est vrai que bientôt -enfin..-, nous non plus, nous ne serons plus aussi tranquilles, bercés par les nuits trop courtes et les réveils répétés bruyants. Tout en fermant mes yeux sous ces douces caresses, je laisse mon esprit s'égarer en disant si calmement. « Si je peux rendre tous les Edgecombe heureux, je le ferai sans hésitation. » Douce allusion à ma culpabilité de l'incendie.. «  Et tu as raison, ça va leur faire du bien de se retrouver un peu. » Pour l'instant, ce genre de préoccupations ne nous concerne pas -encore-, mais d'ici quelques mois.. Cela ne sera plus pareil. J'en souris d'avance avant de rouvrir, doucement, mes yeux. Je pourrais rester des heures et des heures à profiter de son attention de la sorte, tellement je me sens vivante. J'ai trouvé ma place.

Face à l'appel de mon ventre qui, bientôt, demandera une ration supplémentaire, je lui dis que je n'ai pas mon téléphone sur moi. Et oui, contrairement à mon fiancé, je n'ai aucune raison de l'avoir près de moi. Bien entendu, je comprends parfaitement son besoin de l'avoir à portée de main, et je ne le trouve que plus adorable.. Je ris de le voir me regarder avec cet air-là, avant d'hausser légèrement les épaules tout en restant allongée. « Non mais écoutez-moi l’autre feignasse là ! » Pour ma défense, je suis enceinte -bon, tout fraichement, mais quand même-. Pour sa défense, vu que je suis gentille avec mon cher fiancé, il ne le sait pas. Mais oui, pour le coup, je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie de bouger tellement je suis bien installée. Et pourtant, je devrais finir par me bouger lorsque cela sonnera à la porte. J'ai encore un peu de temps devant moi pour profiter de la situation. Je lui fais ma petite bouille d'innocente, une vraie réplique du Chat Potté, si bien qu'il enchaine.. « Avoue, t’aime juste m’exploiter en fait ! C’est quoi la prochaine étape ? Tu vas m’demander d’porter une tenue d’majordome ? J’accepte qu’si t’as une tenue équivalente, j’te préviens ! » Redressant très légèrement la tête comme pour lui prouver l'intérêt que je porte à ces paroles, j'imagine déjà très bien la scène, ce qui m'arrache presque un nouveau rire. Je fais exprès de me mordre la lèvre, loin d'être discrète et reprend mon imitation de ce fameux chat, chose que je maitrise à la perfection ! « Il faut bien que tu prennes soin de moi.. » Comme tu sais si bien le faire, voilà ce que je me suis alors retenu d'ajouter. Mes mains sont alors posées sur mon ventre sans même que je m'en rende compte. Bon, après .. Il n'y a pas 36 possibilités. Je fais genre de détourner le regard en ajoutant. « Arrête, tu me donnes trop d'idées là.. Esclavagisme de futur époux. Ca c'est un concept ! » Cette fois, je ne m'en empêche pas, je rigole doucement, surtout en l'entendant en remettre une couche. « T’as d’la chance qu’j’sois sympa ! » J'ai presque comme des étoiles dans les yeux tellement cette soirée promet d'être parfaite et, dans un geste de remerciement pour cette bonté, je porte l'une de mes mains vers son visage pour la poser à l'angle de sa mâchoire. « Oh que oui. Bon, au pire.. Je sais comment te corrompre pour te faire changer d'avis. » Lui dis-je avec un petit sourire en coin à peine marqué sur mes lèvres, reposant cette main sur mon ventre. Non, nous n'avons pas fini de jouer. Quand cela part ainsi, y'a pas de doute à avoir : cela continuera jusqu'au moment de s'endormir. Je le regarde se charger de l'appel, faisant exprès de me mordre la lèvre à nouveau, mes yeux joueurs pétillants d'amour. « Comme d’hab’, j’suppose ? » Je fais un petit signe de la tête pour approuver cette question qui n'en était pas vraiment une, lui laissant le soin de passer commande. Restant sagement silencieuse, je ferme à nouveau mes yeux en sentant ses douces caresses. Et alors qu'il parle au téléphone, je le sens s'emparer de ma main ce qui me fait sourire, mes yeux restant clos encore un instant. Mes joues se teintent alors qu'il joue avec cette bague qu'il a dessinée juste pour moi et que j'adore tellement.  C'est en entendant son soupir que je rouvre mes yeux. Je suis son téléphone du regard alors qu'il s'amuse toujours avec ma si belle bague. Mission accomplie, le repas est en route ! Une nouvelle applaudit par mon estomac affamé.

Il n'y a plus qu'à attendre le livreur. Connaissant Raphaël, je sais qu'il n'a pas du beaucoup manger ce midi et qu'il doit certainement avoir aussi faim que moi. Puis, c'est décidé. La grande nouvelle attendra la fin du repas. Doucement, je rêve.. « Au fait, t’as pensé à appeler ta tante pour lui confirmer qu’on allait bien manger chez elle, le week-end prochain ? » Oh oui, voilà ce que je devais lui dire en rentrant, mais qui m'est complètement passé au-dessus de la tête. « C'est fait, oui. Elle est ravie de savoir qu'on va lui rendre visite. » Alors que je lui réponds, je ne peux qu'afficher une mine encore plus heureuse avec ce baiser si délicatement donné. Comme je l'aime.. Et comme quoi, même s'il n'est pas trop branché croyance.. Il y accorde tout de même un minimum d'importance. Et ça.. Ca me fait fondre. « Faudra qu’on trouve quoi lui amener d’ailleurs. Elle va avoir une collection d’orchidées suffisante pour ouvrir une expo’, un de ces jours, sinon ! » Hum.. Il est vrai que jusqu'à présent, les orchidées sont vraiment ce que nous lui apportons, plus par réflexe que par manque d'idées. C'est vrai que nous pourrions faire plus original la semaine prochaine. Retrouvant cet air amusé, je lui dis. « Tu ne veux pas lui demander de les exposer avec toi ? Ca mettra une petite touche florale à ton expo et on peut continuer de lui en offrir sans trouver autre chose. » Un petit sourire finement placé illustre parfaitement le fait que je ne pense pas ce que je dis alors. C'est vrai que lui trouver quelque chose d'autre, pour une fois, serait plutôt pas mal. Ma pauvre tante risque une overdose d'orchidées ! Me souvenant de sa requête, je poursuis plus sérieusement mais toujours avec ce regard d'amoureuse heureuse. « Dis.. Elle m'a parlé d'un p'tit problème avec sa clôture. Sans doute une vis qui s'est fait la malle ou quelque chose comme ça. Si tu pouvais en profiter pour y jeter un coup d'oeil.. » sans le lâcher du regard, je prends, à mon tour, l'une de ses mains pour entrelacer ses doigts avec les miens en parlant. Oui, j'ai besoin de son soutien alors même que je ne lui ai toujours pas fait part de cette nouvelle tant je sais que le moment de tout lui dire se rapproche inévitablement. En refusant de ne plus avoir ce contact, j'ai bien conscience que je me montre sans doute très gourmande d'attention, de son attention. Mais je sais aussi que je peux lui en demander. Que jamais il ne me la refusera, surtout si nous ne sommes que tous les deux comme en ce moment. « .. tu serais un vrai amour qu'elle gavera de gâteaux. » Et ça, c'est peu dire. A chaque fois que nous allons la voir, je repars avec une terrible envie de jeûner au moins jusqu'au lendemain tellement elle nous gave de si bonnes choses. Et me laisser faire, c'est prendre un énorme risque. Non seulement, je serai capable de me blesser, mais aussi de tout casser. Non, vraiment. Le bricolage et moi, nous ne sommes pas vraiment amis. Raphaël se débrouille tellement mieux pour ça, que je lui laisse l'honneur de s'en occuper.  En tout cas, je suis comme cette fille que ma tante n'a jamais eue, en fait. Et elle aime tellement Raphaël que ça contraste méchamment avec mon père. Ma tante sait très bien à quel point il est important pour moi, dans mon quotidien. Il est cette bouffée d'oxygène qu'il me faut pour survivre dans ce monde injuste. C'est un peu grâce à ma chère tante et ses conseils que nous sommes à nouveau ensemble, et que je suis devenue cette Gaëlle si pétillante et épanouie près de lui. C'est grâce à elle que j'ai réussi à mettre ce poids de culpabilité de côté suite au geste fou de mon père sur sa famille. C'est aussi grâce à elle que j'ai repris confiance en moi -enfin.. "confiance"- alors que Raphaël était loin de moi. Ma tante le considère à sa juste valeur, pas comme mon père qui le déteste de toute sa personne. Elle a toujours une petite attention pour lui, un petit présent ou un mot d'une gentillesse que son frère ne partage de loin pas. Inutile de dire que sa présence m'est si chère, surtout qu'elle est la seule parente qu'il me reste. Mon père pourrait se mettre à genoux devant moi, pleurant et me suppliant de le pardonner, mais jamais il ne retrouvera cette place dans ma famille. Il est devenu un étranger, un meurtrier. Rien de plus. Rayé de tout. De mon passé, de mon présent et de mon futur. Qu'il n'essaie même pas de s'incruster de près ou de loin à notre mariage. Il en repartira salement amoché. Et si ce n'est pas des mains de mon futur époux, ce sera des miennes. Je n'ai plus la moindre considération pour cet individu qui n'est pas humain. C'est terminé. Il est allé bien trop loin. J'aurai préféré qu'il m'en mette une belle à m'en faire saigner plutôt que de mettre le feu chez les Edgecombe. Mon Dieu, il faut être complètement fou pour oser faire ça. Il ne peut même pas prétendre avoir agit par amour pour moi tellement c'est insensé. M'a-t-il seulement aimé un jour ? J'en doute. Son amour pour moi est parti en fumée en même temps que la vie a quitté ma mère. C'est aussi simple que ça. Revenant à moi, je desserre un peu ma prise sur la main de mon bien aimé qui s'était légèrement renforcé comme à chaque fois que j'y repense. Je sais que Raphaël se sent coupable de bien des choses au sujet de son parrain. Mais il n'y est pour rien. Il a agi au moins, je lui ai déjà dit et redit. Et surtout il était là pour moi, toujours. Lui adressant un regard bien plus adoucit comme pour m'en excuser, j'amène la paume de cette main que je tiens sur ma joue sans la relâcher. « T'es rentré y'a longtemps ? » Le repas commandé, il n'y a plus qu'à l'attendre patiemment. Ce temps que l'un de nous aurait passé en cuisine, nous le passons ainsi, tranquillement installés sur ce canapé. Après une longue journée de travail, je ne peux décemment pas rêver mieux. Toujours la tête légèrement tournée pour pouvoir me perdre dans son regard, je le contemple silencieusement même si le moindre de ses traits n'a plus de secrets pour moi depuis bien longtemps. Je suis une jeune femme fiancée, prochainement mariée, avec une grossesse naissante et amoureuse depuis toujours. Si heureuse, si épanouie. Et pourtant.. Connard de destin.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptySam 14 Nov 2015 - 0:45
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


HJ:

D’un regard purement extérieur, j’me doute qu’on doit donner l’impression de deux gosses. A s’lancer des vannes, toutes plus cons les unes qu’les autres. P’têtre même qu’certains d’entre vous espèrent que c’petit jeu à la noix n’ait lieu qu’à l’abri, entre les murs de notre maison. Mais non, c’est comme ça, tout l’temps, en fait. Dès qu’l’un d’nous peut s’moquer – gentiment – d’l’autre, bah, il le fait. Sans attendre. Qu’on soit seuls ou qu’il y ait des spectateurs, des inconnus comme des proches. En fait, on agit exactement pareil en public qu’dans l’intimité. Sauf qu’lorsqu’on est en public, j’suis nettement moins tactile qu’j’peux l’être quand y’a qu’nous deux. Même devant ma famille, j’aime pas trop les effusions d’tendresse. En dehors de cela, on est les mêmes. A s’taquiner dès qu’on peut. P’têtre juste pour faire rire et sourire l’autre. P’têtre juste pour avoir l’attention d’l’autre. P’têtre juste pour faire comprendre à l’autre c’qu’on ressent à son égard. C’est sans doute un mélange d’tout ça. Ca l’est, dans mon cas, du moins. J’suis la parfaite illustration du « Qui aime bien, châtie bien. ». Ca s’sait dans ma famille, ça s’est vite remarqué. Et c’est d’ailleurs un truc qui m’étonnera à l’avenir, lorsqu’j’prétendrai n’plus rien ressentir pour Gaëlle : les miens m’croiront. Alors qu’ils m’ont vu agir avec elle. La couver du regard quand j’croyais qu’personne m’regardait. Rester des mois incapable d’sculpter suite à son départ à Londres, ayant perdu l’inspiration, et pas uniquement parce qu’j’avais encore Tumy qui refusait de tirer sa révérence. M’demander c’qu’elle pouvait bien trouver aux crétins qu’j’la voyais fréquenter quand on faisait des soirées en bande, à Londres. Avoir l’air bien plus apaisé une fois qu’on s’était retrouvé, pour d’bon. Sourire comme un con, dès qu’elle m’regardait ou m’parlait, tout au long des années qu’elle a bien voulu partager à mes côtés. Donc, ouais, dans quelques mois, j’serai foutrement étonné d’voir qu’j’ai tellement été parfois très con avec les miens qu’ils vont gober mes mensonges. Comme ça, sans chercher à voir au-delà des apparences. Mais, au fond, j’chercherai pas non plus à essayer de voir avec eux à quel point mes mensonges les ont convaincus. J’quitterai rapidement Londres, et l’Angleterre, pour essayer d’retrouver un second souffle ailleurs. P’têtre qu’certains Edgecombe comprendront, plus ou moins, qu’j’souffre d’l’accident, sans forcément réaliser à quel point, ni pourquoi j’ai décidé d’me tirer. Paradoxalement, dans ma famille, on a toujours, tous, plus ou moins essayé d’se mêler d’la vie les uns des autres, plus par instinct d’protection qu’par curiosité, mais on sent aussi quand il est préférable d’se la fermer. Puis, j’crois qu’tous les Edgecombe, j’ai prouvé qu’j’étais celui qu’il fallait l’moins faire chier. Lorsqu’j’ai pas envie d’parler, tenter d’me forcer à l’faire, c’est l’meilleur moyen d’me bloquer encore plus. Et j’choisis la fuite – dans l’Art, la plupart du temps – sauf que là, ça sera une véritable fuite, un exil imposé par ma propre perso, à moi-même. L’mutisme et les sourires d’façades : ça a toujours été la carapace derrière laquelle j’me réfugiais, gamin, quand quelque chose n’allait pas. Même quand ma tumeur devenait trop lourde à gérer pour moi. Et ça m’est resté, depuis toutes ces années. J’suis l’genre d’mec qui préfère gérer ses problèmes seul, plutôt qu’demander d’l’aide à quiconque. J’sais pas trop d’où ça vient, mais c’est comme ça. P’têtre qu’c’est parce qu’j’suis pudique, quand il s’agit d’parler d’c’que j’ressens vraiment. C’est sans doute pour ça qu’les thérapies, ça n’a jamais été ma tasse de thé, que ce soit celle qu’on voulait m’voir suivre lorsqu’j’étais en train d’lutter contre mon cerveau malade, qu’celle qu’on a voulu m’imposer après l’incendie qui a fait d’ma vie un champ d’ruines. J’ai que trop connu les groupes d’paroles et vu les gens s’écrouler par moments pour avoir envie d’parler à cœur ouvert à une personne payée pour m’écouter, et qui s’soucie même pas réellement d’moi, pour perdre mon temps allongé sur l’canapé d’un psy ! Mes soucis n’appartiennent qu’à moi, j’vois pas l’intérêt d’emmerder d’autres gens avec eux, surtout qu’dans la majorité des cas, c’est pas des trucs qu’on peut régler ! Par exemple : on peut m’dire quel était mon intérêt à parler d’ma maladie, alors qu’j’connaissais ses symptômes, son fonctionnement, et la pire de ses finalités ? Donc, j’garde tout ça pour moi, et peu importe qu’ça plaise pas à tout l’monde, j’le ferai encore après l’réveil d’Gaëlle. Et d’ailleurs, même mes amis tomberont dans l’panneau du mec qui pense vraiment qu’il s’est encroûté dans une histoire qui lui convenait plus. P’têtre qu’j’étais trop subtil dans ma manière d’hurler mon amour pour la jolie blonde. Pourtant... Même moi, en cet instant précis, j’sais qu’si j’voyais la scène d’un regard extérieur, j’me douterai qu’un lien, puissant, uni les deux protagonistes. Suffit d’voir les sourires qu’on s’adresse quand on s’chamaille. Les regards qu’on peut échanger. Bordel, mais ouvrez les yeux, les gens : les gestes et les attitudes, c’est quand même plus criant d’vérité qu’les mots, nan ? Si on est doués, on peut leur faire dire tout c’qu’on veut, aux mots. Mais le langage corporel, par contre, il est nettement plus compliqué à faire mentir. Bon, j’sais, à c’niveau-là, j’ai pas d’leçons à donner, vu qu’j’tomberai aussi dans l’panneau, dans quelques mois, en retrouvant Gaëlle dans l’village qui m’aura servi d’lieu d’fuite. J’refuserai alors d’voir qu’elle commence à s’interroger sur nous et notre passé... Comme quoi, c’est vrai, qu’on n’voit que c’qu’on veut bien voir !

La joute verbale semble bien partie, c’soir. On est visiblement tous les deux en forme. Et on fête nos retrouvailles ainsi. Pour ma part, j’prétends être prêt à dépenser une fortune pour lui envoyer des p’tits vieux, afin d’avoir la paix. Et elle, bah.... « Le p'tit boulet te demande quand même d'éviter de dévaliser le compte pour ça. Mais.. Hum ... C'est tellement sexy ce que tu me dis là. Promis, je te ferais ta purée tous les jours, Papy Raphy. » Ah, que c’est craquant, une blonde qui a du répondant et de l’esprit. Vous vous doutez bien qu’pour m’plaire, déjà, faut réussir à m’supporter, et aussi, savoir m’rembarrer. Aussi bien lorsqu’on s’taquine qu’lorsqu’on s’engueule. Car même quand on s’dispute, Gaëlle sait manier les mots. Soyez pas jaloux les mecs, si ma future épouse est aussi belle qu’intelligente. Bon, par contre, bas les pattes, elle est à moi ! Enfin, j’disais quoi, déjà ? Ah, ouais, un truc qu’a largement contribué à c’que Gaëlle m’plaise, c’est qu’elle n’a jamais hésité à m’vanner, à m’remettre à ma place. Les gens qui courbent l’échine devant moi, sous l’effet d’mes piques (qu’elles soient amusées ou moqueuses), et sous l’effet d’mes tourments colériques, j’évite. Pas qu’j’aime qu’on m’dise qu’j’fais chier mon monde, ça, j’le sais, juste qu’j’préfère qu’on m’recadre, avec les formes, lorsqu’c’est nécessaire. M’tenir tête, sans pour autant m’donner l’impression qu’j’suis qu’un connard et un chieur, voilà la clé pour réussir à s’faire apprécier d’moi. Il est donc nécessaire qu’votre caractère soit un mélange d’forte tête et d’pédagogie : pas un truc qu’tout l’monde possède, en somme ! Juste de quoi m’faire redescendre sur Terre, parfois, m’faire comprendre qu’être un enfoiré H24, c’est pas plaisant pour mon entourage. Juste pour m’faire comprendre qu’l’excuse d’avoir eu une enfance compliquée, et une adolescence loin d’être simple, c’est pas une raison pour conserver autant d’rancœurs envers l’être humain. Juste pour m’prouver qu’y’a des humains qui valent la peine qu’on les connaisse, d’ceux qui laissent pas tout passer aux êtres mal dans leur peau, aux écorchés vifs, aux gens qui croient plus en grand-chose. D’ailleurs, la foi en l’être humain – extérieur à ma famille j’entends – j’l’ai retrouvé qu’grâce à Gaëlle. Ca parait con d’le dire, mais c’est la vérité. Avant d’m’attacher véritablement à elle, j’mettais tout l’monde dans l’même panier. Qu’des rêveurs incompétents qui s’arrêtaient en 3 secondes seulement aux apparences, des gens sans profondeurs. Qu’des moutons qui s’contentaient d’vivre leur vie comme des moutons, sans chercher à la façonner comme ils le voulaient, comme ils le méritaient, qui s’laissaient manipuler par les attentes d’la société, d’leur entourage. C’est p’têtre parce qu’j’ai toujours détesté profondément c’genre d’truc qu’j’ai voulu être sculpteur. Car j’aurai pu choisir bien d’autres boulots liés à l’Art, mais non, la sculpture a eut mes préférences. Bien plus concret, à mon goût, pour façonner mon imagination. Et ma vie, c’qui rend vivant mon imagination, c’est Gaëlle, tout simplement. Bon, manque d’bol pour elle, c’est aussi elle qui anime ma connerie ! J’hausse donc sourcils à sa phrase, feignant d’être sceptique quant à son interdiction d’me laisser dépenser notre argent à ma guise. Alors, j’rétorque, affichant un air sérieux, démenti cependant par une lueur d’malice dans l’regard : « J’dévaliserai les comptes d’l’Humanité entière pour m’débarrasser d’mon p’tit boulet, j’suis un fou dans ma tête moi ! » Ah, qu’tout aurait été bien plus simple pour moi, dans quelques mois, si la connerie qu’j’ai proféré à l’instant, j’la croyais réellement. Car mon rêve aurait été réalisé, sans même qu’j’ai à m’ruiner. Mais j’viens d’dire une connerie, un truc qu’j’pense pas l’moins du monde, et qu’j’penserai jamais. Non, au lieu d’ça, dans quelques mois, j’me retrouverais tout seul, comme un con, avec juste une horde d’souvenirs douloureux mais qu’j’voudrais pourtant perdre pour rien au monde, avec un compte en banque qui n’aurait pas beaucoup bougé, et pourtant, avec l’sentiment d’être démuni. Juste parce qu’la seule richesse qu’j’aurais vraiment eu un jour, j’en serai alors dépossédé, étant donné qu’il s’agissait d’Gaëlle. « Merci Mamy Gaëlle ! Mais sache qu’j’serai toujours super sexy, même grabataire, et en mangeant d’la purée qu’tu m’auras fait, et les knakis qui vont avec ! ». Précision utile à formuler, parce qu’la purée sans les saucisses qui vont avec, c’est pas d’la purée ! Ouais, même niveau bouffe, j’suis resté un grand gamin, dans l’fond. Mais j’avoue qu’les plats basiques, ça m’rappelle tout simplement mon enfance. Les repas qu’ma mère nous préparait, avant qu’la folie n’ronge peu à peu son cerveau et n’lui fasse voir et entendre des choses qui n’existaient qu’dans son monde. Avant qu’ma vie n’commence à s’assombrir, sous l’ombre d’sa dureté, qui touche n’importe qui, sans s’soucier d’leur actions passés, d’leur personnalités, d’leur famille, d’leur âge et des répercussion qu’ça aura sur leur entourage.... Bien qu’cela n’ait rien d’folichon, la promesse non-formulée qu’on vient d’se faire, moi, j’l’aime bien. Parce qu’j’sais qu’ça s’passera comme ça, qu’on vieillira ensemble, qu’on affrontera les diverses intempéries qu’la vie nous foutra dans la gueule, qu’on essayera les tempêtes d’nos disputes à venir, qu’on s’serrera les coudes, envers et contre tout. J’vois mon futur comme ça, avec elle, et pas une autre. D’toute façon, un autre futur, j’en voudrai pas. Parce que seule Gaëlle donne un sens à ma vie, et qu’j’sens, au fond d’moi, qu’j’pourrai jamais aimer une autre personne qu’elle, et qu’j’trouverai jamais quelqu’un qui m’aimera autant qu’elle. Et quand bien même ça serait l’cas, ce dont j’doute très fortement : j’veux personne d’autre ! Malheureusement, la vie a d’autres plans pour moi, ou alors, elle n’veut pas qu’ce destin s’fasse sans qu’on n’subisse une nouvelle fois ses foudres. A croire qu’on est d’ceux voués à prouver, à la terre entière et à la vie en personne, qu’ils sont destinés à s’retrouver, toujours.

Quand j’dis qu’j’suis p’têtre toujours qu’un gamin qui joue au grand, j’dis pas qu’des conneries. Même si j’le balancerai comme une arme contre Gaëlle, lors d’nos retrouvailles, c’soir, c’est vrai, j’en suis d’ailleurs à m’plaindre parce qu’j’veux qu’un gosse m’fasse un dessin. Alors qu’des dessins d’gamins, j’en ai un paquet. Ca aide, d’avoir pas mal d’frères et d’sœurs, majoritairement plus vieux qu’moi, et déjà casés au point d’avoir déjà fondé leur propre famille. J’ai donc déjà eut des dessins, et même d’autres trucs qu’les gamins ont appris à faire à l’école ou ont juste voulu fabriquer pour leur oncle artiste, s’doutant qu’ça lui plaira. J’ai tout gardé. Bon, j’avoue, y’a certains trucs, j’sais plus où j’les ai mis, car j’suis pas fana, mais j’les ai pas balancé. Mais la plupart contribuent à décorer les diverses pièces d’la maison. C’qui fait sourire les mômes, lorsqu’ils viennent nous rendre visite. Ils s’vantent, devant leurs parents, devant leurs oncles, devant leurs tantes, devant leurs cousins/cousines... d’être à l’origine d’telle ou d’telle œuvre. Parfois, ça donne même lieu à des p’tits concours visant à savoir qui est l’plus doué. Ca m’amuse d’les voir agir ainsi. Et ça m’touche aussi d’savoir qu’certains mioches aimeraient suivre mes traces, tenter d’percer dans l’milieu artistique. Ca plaît pas à tous les Edgecombe, d’ailleurs, mais il serait temps qu’on cesse d’être tous des paysans, ou des p’tits ouvriers, nan ? Revenons-en aux dessins. J’aimerai donc savoir c’que l’p’tit Yan serait capable d’dessiner pour moi, si Gaëlle lui demandait. Pis, j’avoue qu’j’voudrai bien ajouter un dessin d’un d’ses patients, fait pour moi, sur l’mur contenant tous ceux qui lui ont été adressés par des patients reconnaissants pour ses doigts d’fée et sa profonde gentillesse. Et plus encore par un gamin malade, parce qu’y’a un lien bien plus fort entre un malade et moi qu’entre une personne bien portante et moi. C’est p’têtre pour ça qu’j’ai pour projet d’faire du bénévolat dans un hôpital, même si c’projet est mis entre parenthèse l’temps qu’j’fasse mon expo. « Pourquoi tu ne viendrais pas une fois, avec moi. Ca lui ferait tellement plaisir de te voir.. Mais, je lui demanderais. Il t'en fera un, rien que pour toi, avec grand plaisir ! » J’me fige quelques secondes, un peu étonné d’cette proposition. Non pas qu’elle m’déplaise, loin d’là. Juste qu’j’suis content qu’elle me la fasse, qu’j’puisse, à mon tour, partager la passion qu’elle a, pour son métier et pour l’être humain, comme elle partage parfois ma passion pour l’Art. J’finis par me reprendre, un léger sourire au bord des lèvres, tel un gosse l’matin d’Noël qu’a du mal à réaliser qu’il a eut une surprise à laquelle il n’s’attendait pas, sous l’sapin. « Bonne idée, j’pourrai faire ça ! Mais j’préfère qu’tu lui demandes quand même un dessin au préalable : si jamais il m’trouve bête comme mes pieds, j’aurai au moins eu un dessin ! » Et j’conclus, comme un gosse, en tirant quelque peu la langue, soulignant la connerie d’mes mots, et mon attitude puérile du moment. « Et comme il peut rien refuser à sa Gaëlle. », dis-je, avec un sourire dans la voix. J’aime assez l’idée qu’Gaëlle s’fasse apprécier des gens qu’elle côtoie. Parce qu’j’reste convaincu qu’pour qu’elle continue à sourire, faut qu’elle voit à quel point elle compte pour les gens, afin qu’elle n’évite d’repenser à son père et au fait qu’il n’ait pas su, ni pu, l’aimer comme elle le méritait. Et la certitude qu’elle continuera à s’faire aimer d’nombreuses personnes, alors qu’elle s’souviendra plus d’moi, ça m’aidera à m’éclipser, sachant qu’d’autres prendront soin d’elle. Même l’p’tit Yan, qu’j’verrais une semaine avant l’accident. Et qu’j’verrais plus jamais par la suite, parce qu’dans un 1er temps, j’aurai mille choses à faire pour essayer d’faire revivre les souvenirs d’Gaëlle, et qu’dans un 2nd temps, j’prendrais simplement la poudre d’escampette... Dommage, c’gamin et moi, on s’entendra bien, pourtant. Mais, pour l’heure, j’en sais rien, alors j’souris, simplement heureux à la perspective d’rencontrer un jour l’chouchou d’ma fiancée, qui m’en parle tellement depuis qu’elle le connait qu’j’ai l’impression d’le connaître à mon tour. Bon, cela dit, si j’dois être honnête avec vous, si j’venais à apprendre qu’un autre patient d’Gaëlle disait d’elle sa Gaëlle, j’le supporterai pas, s’il s’agissait d’un adulte, j’précise. D’un gosse, j’m’en fous, j’trouve ça mignon. Mais ouais, d’un adulte, ça m’dérangerait bien plus. Pas qu’j’sois jaloux, enfin, si, un peu quand même, j’aime pas quand des mecs la regardent d’un peu trop près ou sont trop collants avec elle. Mais j’ai confiance en elle. C’est juste qu’l’éventuel côté « possessif », j’supporterai pas d’un adulte. C’est comme ça, cherchez pas à comprendre.

Mon regard s’pose quelques secondes sur une photo d’Gaëlle et moi. Une photo d’nous, accrochée à un mur d’la cuisine, entourée d’plusieurs autres photos, d’nos proches et d’nos potes. Un léger aperçu d’notre vie, en somme, d’notre histoire. Ces mêmes photos qu’j’lui amènerai à l’hôpital, après son réveil, dans l’espoir qu’l’une d’elle ravive un écho d’sa mémoire. Ces mêmes photos qu’j’agrémenterai d’autres photos, afin d’lui présenter un patchwork plus parlant des années qu’on a partagés ensembles, des bribes d’nos jours heureux et d’nos éclats d’rire. Ces mêmes photos qui n’serviront à rien, au fond. Mais, honnêtement, ça m’surprendra même pas. Elle s’souviendra que des 18 premières années d’sa vie, n’se reconnaîtra même pas sur les photos, et n’me reconnaitra même pas vraiment sur celle-ci, du fait qu’elle ait véritablement appris à m’connaître, entièrement, lors des années qui n’seront qu’du brouillard pour elle. Certaines d’ces photos finiront d’ailleurs déchirées, ou brûlées, les soirs où l’amertume m’assaillira comme une vague s’échouant sur les rivages d’la tristesse. Ces photos, qu’aujourd’hui j’peux regarder sans sentir mon être s’brûler d’l’intérieur, et qu’dans quelques temps, j’pourrai même pas regarder sans avoir l’impression d’n’être qu’un gouffre d’souffrance. La photo qui attire mon attention a été prise l’hiver dernier, quelques semaines après ma demande en mariage, et quelques semaines avant qu’la bague qu’j’avais dessinée pour Gaëlle n’soit enfin prête. En effet, ma jolie kiné, sur la photo, enlève l’gant d’sa main gauche, et on voit, à son annulaire, la bague à la con qu’j’lui ai offert pour ma demande. Bague qu’elle a d’ailleurs conservée, depuis lors. Sur cette photo, en face d’elle, à quelques centimètres seulement, j’la regarde, ouvertement amusé, alors qu’j’tends la main pour attraper la sienne. Cette photo a été prise alors que nous étions à la patinoire, en extérieur, qu’la ville d’Londres avait installée quelques jours plus tôt et j’venais d’finir d’chausser mes patins, Gaëlle s’apprêtait à enfiler les siens. J’venais d’la taquiner sur l’fait qu’il lui faudrait être prudente, sur la patinoire, sachant qu’elle serait parfaitement capable d’se vautrer. On s’était alors chamaillé, comme des gosses, c’qui avait amusée ma p’tite sœur de 18 ans qui était présente à c’moment-là, étant en vacances chez moi. La jumelle avait alors décidée d’prendre une photo, souhaitant immortaliser la connerie du couple qui s’trouvait en face d’elle. Revoir cette photo m’fait toujours sourire. Comme la plupart des cas, lorsqu’j’me retrouve devant l’une de nos photos, qui sont toutes des moments d’joie partagée avec Gaëlle. J’préfère surtout celles qui ont été prise par de tierce personne qu’celles qu’on a bien pu prendre ensemble, parce qu’les 1ères sont bien plus fidèles à c’qu’on est réellement qu’celles qu’on prend, ou celles pour lesquelles on pose, du moins. Les photos prises sur l’vif, sans qu’on s’y attende forcément, c’est tellement plus vivant. Mon attention n’reste cependant pas concentrée longtemps sur cette photo, car j’viens quand même d’lancer l’idée d’une Gaëlle habillée en pirate très sexy, et c’est une perspective très intéressante, d’autant plus qu’ma fiancée rétorque : « A l'abordage de ton atelier ? C'est possible oui. Et sexy comme il le faut, histoire que tu ne m'échappes pas. », qu’elle ponctue d’un regard qu’j’adore, et qui m’fait d’ailleurs encore plus sourire qu’précédemment. Comme s’il était décemment possible qu’j’tente d’la fuir un jour, peu importe l’lieu où elle m’retrouve, d’ailleurs. C’est comme de demander à un tournesol d’cesser d’suivre la course du Soleil. Impossible. Sans manipulation, du moins. « J’suis prêt à parier tout c’que t’veux, mais j’suis sûr qu’personne n’a jamais eu autant hâte d’être victime d’abordage ! » Faudra juste espérer qu’ce jour-là, Flavien n’sera pas dans l’coin. J’ai pas envie qu’il remette l’abordage à plus tard ! Sinon, j’l’enverrai ailleurs, sous n’importe quelle excuse. Il est pas con, d’toute façon, il comprendra sans doute d’lui-même qu’le temps sera venu pour lui d’aller juste voir ailleurs. Mémo perso : il faudra qu’j’pense à cacher l’calepin d’mes projets à venir. Non pas qu’j’craigne qu’Gaëlle n’s’amuse à fouiller dans mes affaires. Juste qu’j’ai pas envie qu’elle débarque alors qu’l’calepin est ouvert. Pile sur une page qu’il n’faut pas qu’elle voit. La sculpture qu’j’projette d’faire pour notre mariage. Nos deux mains gauches, entremêlées, laissant cependant nos bagues visibles, et tournées dans l’sens indiquant qu’on est mariés. Pour essayer d’être l’plus réaliste possible, j’ai des photos d’nos mains, histoire d’reproduire sur la sculpture à venir d’éventuelles signes distinctifs, mais, bien entendu, on nous reconnaîtra surtout grâce à nos bagues. Quoi qu’il en soit, j’projette d’commencer cette sculpture bientôt. J’ignore cependant qu’j’la terminerai quelques jours avant la date qu’on aura choisit pour notre mariage, qu’notre mariage n’aura malheureusement jamais lieu, et qu’le jour où cette fête aurait dû avoir lieu, j’détruirai cette sculpture. Pour extérioriser ma douleur face à la perte d’cette vie auprès d’Gaëlle dont j’ai pourtant toujours. Et ce, en dépit du fait qu’j’aurai passé d’nombreuses heures à construire cette sculpture, qu’jamais Gaëlle n’aura l’temps d’voir, vu qu’j’veux la dissimuler à ses yeux, pour qu’elle ait la surprise, l’jour du mariage. Mais les heures perdues à construire c’cadeau m’sembleront une perte bien illusoire face à celle qui ravagera littéralement ma vie.

L’jeu d’ping-pong verbal s’poursuit, même lorsqu’j’suis aux côtés d’Gaëlle, sur le canapé. Mais c’est pas pour me déplaire, loin d’là. C’est plutôt quand on cessera d’se parler d’la sorte, des heures et des jours durant, qu’j’m’inquiéterai pour notre couple. Pour l’heure, tout est donc normal. Et ça, cette simple normalité, ça m’fait sourire. Puis bon, faut dire qu’en c’moment, on parle quand même d’nos futurs enfants, alors j’ai pas à m’plaindre. D’ailleurs, pour être honnête, il m’arrive bien souvent d’penser à nos futurs enfants. D’essayer d’imaginer à quoi ils ressembleront. Y’en aura sans doute des qui seront aussi maladroits qu’leur mère, des qui seront aussi râleurs qu’leur père, des qui hériteront d’la blondeur – comme les blés au soleil – d’leur mère, des qui s’retrouveront juste avec une tignasse brune, des qui auront les yeux bleu d’leur mère, des qui s’coltineront mes yeux chocolat, des qui auront l’sourire plus facile à venir, à l’instar de Gaëlle, des qui sembleront plus ronchons, comme moi. Ils seront l’résultat d’notre amour, et peu importe à quoi ils ressembleront, et l’caractère qu’ils auront, pour moi, ils auront des allures d’perfection, car ils seront des morceaux d’Gaëlle. J’suis quand même impatient qu’nos enfants voient enfin l’jour, pour qu’Gaëlle et moi, on puisse enfin goûter à la vie d’famille dont nous rêvons d’bâtir à deux. J’suis sûr qu’on sera d’bons parents. Pas des parents parfaits, car d’toute façon, ça n’existe pas, mais on sera d’bons parents. D’ceux qui tenteront toujours d’être auprès d’leurs gamins, d’ceux qui feront tout pour assister au moindre de leur spectacle scolaire, d’ceux qui essayeront d’jouer avec eux l’plus souvent possible juste pour l’plaisir d’être en famille, d’ceux qui tenteront d’les guider d’leur mieux et sans les juger, à travers la jungle qu’est la vie, d’ceux qui les aimeront, tout simplement, et d’ceux qui mettront tout en œuvre pour leur offrir un cadre de vie stable et rassurant. « Mais oui, ils le sont et les prochains Edgecombe le seront tout autant. » J’en doute pas l’moins du monde. D’une part, parce qu’les Edgecombe, on en pense c’qu’on en veut, mais ils ont quand même la classe ! Et d’autre part, la part la plus importante d’l’histoire, d’ailleurs, c’est qu’Gaëlle aura contribuée à les faire et sera leur mère. Ils hériteront alors d’une parcelle d’son âme, et aura pour mère la meilleure des mères qu’ils soient, j’en doute pas. Suffit d’voir l’regard d’Gaëlle s’illuminer lorsqu’elle m’parle d’ses p’tits patients, ou encore d’la voir s’occuper, avec l’sourire, d’mes neveux et d’mes nièces. Oui, j’en doute pas, elle aimera nos enfants d’tout son cœur, et s’pliera en quatre pour eux. A cette remarque, j’réponds rien, estimant qu’y’a pas grand-chose à réponse. Alors j’me contente d’hocher simplement la tête, avec une ferveur qui ferait sans doute pâlir d’envie l’plus fervent des croyants d’n’importe quelle religion, car jamais sa foi en son Dieu n’égalera ma certitude qu’nos enfants seront parfaits. Dans leur imperfection. Car j’suis pas con, j’sais qu’nul n’est parfait. « Comme tu l'es, toi. » J’arrête aussi sec d’hocher positivement la tête pour la regarder avec un p’tit sourire, moqueur et mutin, hésitant encore quant à la réponse la plus appropriée à lui faire : Dire qu’j’arrive pas à sa cheville, ou qu’elle est incontestablement trop éprise d’moi pour être neutre quant à son avis sur moi (même si j’me plains pas d’la savoir aussi amoureuse d’moi !) ? Mais elle m’coupe l’herbe sous l’pied, parce qu’elle ajoute de suite : « Enfin, je vais pouvoir dégager ce foutu Gates de ma plaque au cabinet ! », qui m’fend l’cœur. Non pas qu’j’regrette qu’elle méprise son nom d’famille. J’suis juste triste pour elle, pour les horreurs qu’elle a endurée et qui lui ont fait détester c’nom d’famille. « Tu devrais arrêter d’voir c’nom d’famille comme étant uniquement celui d’ton paternel, t’sais ? Garde en tête qu’il a également été celui d’ta mère ! ». J’pousse un soupir, incertain quant à mes chances d’lui faire voir les choses sous un autre angle. Détester son nom d’famille, ça n’doit pas être une chose aisée. Moi, quand j’dis qu’j’aime pas l’mien, c’est plutôt pour rire. Et aussi parce qu’lorsqu’on l’reconnaît, c’est toujours pour m’parler d’la vie paysanne qui est irrémédiablement liée aux Edgecombe, et qu’j’aimerai être autre chose, pour ces gens-là, qu’un paysan qui tente d’se faire une place dans une grande ville, loin d’ses vaches et d’sa ferme. Dans l’fond, mon nom d’famille, j’en suis fier. Car on est p’têtre qu’une famille d’paysans, d’bouseux, comme l’diront certains, qu’on a jamais été très riches, mais qu’on a la richesse la plus importante : celle du cœur. Et si l’argent est loin d’tout offrir, la capacité à sourire et à aider son prochain, ça ouvre d’multiples portes. J’suis d’autant plus fier d’mon nom d’famille qu’prochainement, Gaëlle l’portera aussi, et qu’il lui ira divinement bien. Cependant, j’comprends c’dégoût qu’elle a, car Gates, c’est l’nom d’son père, et son père a toujours été un enfoiré notoire avec elle. Il s’est échiné, des années durant, à la briser. Et il aurait pu réussir. C’est un miracle qu’il ait échoué. Certains prétendent qu’j’ai contribué à c’miracle, mais pour ma part, j’ai des doutes, pis, d’toute façon, j’ai fais c’que n’importe quel individu amoureux aurait fait. J’partage cependant pas c’dégoût d’ce nom d’famille, juste parce qu’il est aussi l’sien. Et qu’ça, ça m’a fait l’aimer, même lorsque j’ai commencé à détester mon parrain. J’comprends parfaitement qu’on puisse être dégoûté à l’idée d’porter l’nom d’une personne qu’on voit comme un monstre, pour ma part, l’fait d’avoir Oscar comme 2nd prénom, ça m’répugne, du plus profond d’mon cœur. Tout comme ça m’dégoûte l’fait d’l’avoir eu comme parrain. Par chance, j’ai échappé à l’éventualité d’avoir Oscar comme 1er prénom. J’l’ai en effet appris d’mes aînés, mais lorsqu’mes parents cherchaient l’prénom à m’donner, ils ont songés, à un moment, à m’affubler du prénom du meilleur ami d’mon père. Là, j’crois qu’ça aurait été l’horreur pour moi, et sans nul doute pour Gaëlle. Par chance, mes parents ont optés pour Raphaël. Bon, j’suis pas vraiment fan d’ce choix prénom, à cause d’sa consonance biblique, mais j’fais avec, et j’le préfère, très largement, à Oscar. J’sais qu’Raphaël sonne nettement mieux dans la bouche d’Gaëlle qu’Oscar. Non, sérieusement, l’horreur : dès qu’elle m’aurait interpelé, elle aurait été contraire d’utiliser l’prénom d’son ancien bourreau ! Vous imaginez un peu ? Déjà qu’parfois, j’m’en veux d’lui faire indirectement penser à son père, car j’suis son filleul, et qu’mon 2nd prénom est l’sien, là, ça aurait été l’summum du n’importe quoi qui semble tant aimer venir agiter nos vies ! Non, moi, j’veux juste qu’elle s’raccroche à sa mère, au fait qu’celle-ci ait aimé assez Oscar pour vivre avec lui, au point même d’porter son nom d’famille. J’regrette également d’avoir eu la chance d’connaître sa mère. J’m’en souviens pas, j’étais trop jeune quand elle est morte, mais j’ai des photos avec elle, sur lesquelles elle m’prend dans ses bras, elle m’fait boire un biberon, elle m’tient par la main pour m’aider à marcher... Bref, dans les faits, j’ai des souvenirs avec elle. En réalité, j’me souviens d’rien. Mais c’est toujours plus que c’que Gaëlle a pu partager avec sa mère. J’aurai tellement voulu qu’elle puisse connaître sa mère, même brièvement (bien qu’j’aurai préféré qu’elle l’ait à ses côtés, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui et bien au-delà même). J’aimerai aussi avoir connu assez sa mère pour être en mesure d’lui en parler. Mais j’peux pas. J’peux même pas lui offrir d’connaître un peu plus sa mère, soit l’une des choses qu’Gaëlle aimerait sans doute l’plus au monde. Non, tout c’que j’ai pu lui offrir à c’sujet, c’est les photos qu’j’avais avec sa mère, et les anecdotes des moments qu’j’avais partagé avec elle, et qui m’ont été rapportés par mes parents ou mes aînés. J’suis cependant heureux, car j’sais qu’mes parents et mes aînés ont parlés d’sa mère à Gaëlle, lorsqu’elle avait d’éventuelles questions à son sujet, visant à combler les lacunes qu’son père n’voulait pas faire disparaître. Face à tous mes regrets, ma bouche s’tord dans un sourire triste. Faut qu’on change d’conversation, là, ça va devenir trop triste. Et j’ai pas envie d’voir Gaëlle triste. Pas si j’peux l’éviter !

Heureusement, la conversation s’dirige vers un sujet plus agréable, par l’intermédiaire d’l’évocation qu’j’viens faire d’Thanaïs. Nul doute qu’la gamine sera heureuse d’savoir qu’Gaëlle veut bien d’elle comme demoiselle d’honneur. « Si je peux rendre tous les Edgecombe heureux, je le ferai sans hésitation. Et tu as raison, ça va leur faire du bien de se retrouver un peu. » J’dois avouer qu’j’ai d’la chance : les miens apprécient Gaëlle, en dépit du mal qu’son père a fait à nôtre famille. Certains d’mes frères et d’mes sœurs n’ont pas eu cette même chance, il s’avère en effet que quelque compagnon et compagne n’ont pas fait l’unanimité, ou ont connus bien des difficultés avant d’se faire une place dans notre tribu, voire même d’être toujours peu appréciés par certains d’entre nous. J’sais pas vraiment si ma chance vient du fait qu’Gaëlle fasse partie d’nos vies depuis toujours, ou si c’est juste parce qu’j’suis vraiment l’plus casse-couilles d’la famille, mais les Edgecombe n’ont pas bronchés bien longtemps lorsqu’j’me suis remis avec elle. Bien entendu, ce fut plus long pour certains. Et les jumelles ont toujours un peu d’mal avec ma belle blonde, mais les réfractaires cachent assez bien leur jeu, sachant qu’j’les rayerai d’ma vie sans vergogne si j’venais à les entendre dire du mal d’ma future épouse. « T’mets la barre très haut, là, tu sais ? Vu qu’on est un peu nombreux, quand même, et un peu chiants, aussi ! Mais j’ai confiance en toi. » J’me tais avant d’ajouter la certitude qu’il faudrait être fou pour n’pas être heureux d’avoir la chance qu’Gaëlle soit dans sa vie. Parce que c’est quand même trop mièvre pour moi, et qu’j’ose espérer qu’Gaëlle sait c’que j’pense à c’sujet. « Evite quand même d’trop gâter Thanaïs, elle sera capable d’réclamer à ses parents d’venir passer les prochaines vacances chez nous ! » N’allez pas croire qu’j’ai pas envie d’avoir ma nièce chez nous pour cette occasion. Mais ça demande une sacrée organisation d’héberger une partie d’la nouvelle génération d’Edgecombe. On tente toujours, dans la mesure de nos disponibilités, bien entendu, d’avoir quelques p’tits Edgecombe, lors de quelques vacances scolaires. Mais faut aussi prendre en considération l’fait qu’y’a déjà un paquet d’mioches. Et qu’pour éviter toute jalousie, les gamins séjournent, à tour de rôles, chez l’ensemble d’leurs oncles et tantes, dans la mesure des moyens d’tout c’beau monde. Et là, il s’trouve qu’les gamins de Remiel sont les derniers d’la flopée d’petits Edgecombe à avoir passés des vacances chez nous. Sans compter qu’pour ma part, les prochaines vacances scolaires, j’vais les passer à mon atelier, pour mon expo, donc, on ne pourra accueillir personne. Car j’ai pas envie qu’Gaëlle ait à sa propre charge d’môme(s), sachant qu’plus mon expo approchera, et plus j’risque d’rentrer tard et d’partir tôt pour continuer à être dans les temps imparti. Ca fait quand même du boulot, d’s’occuper d’gosses, même si c’est qu’pour quelques jours ! Puis bon, faut aussi garder en tête qu’on peut pas poser d’vacances à chaque congés scolaires, quand bien même on aime voir les minus Edgecombe. Et dire qu’la famille va encore s’agrandir, grâce à Eleonor. Et à Gaëlle et à moi également, mais ça, pour l’heure, j’l’ignore. Une autre part d’cruauté dans c’qui nous tombera dessus dans quelques mois : Eleonor nous demandera, avant l’accident, d’être les parrain/marraine d’son môme. Au final, j’me verrais dans l’obligation d’décliner sa proposition, alors qu’on l’aura accepté. Mais j’me sentirais pas d’assumer c’rôle seul, alors qu’il était prévu qu’Gaëlle l’fasse avec moi. Et j’me sentirais pas non plus d’imposer à Gaëlle d’être marraine avec moi en face comme parrain, pas alors qu’elle tentera de refaire sa vie, et qu’j’voudrais l’éloigner des Edgecombe qui n’seront qu’des échos d’son passé oublié, à mes yeux.

Un nouveau jeu fait son apparition, après qu’Gaëlle m’ait demandée d’me charger d’passer commande pour l’repas. Evidemment, j’la taquine à c’sujet, plus pour la forme qu’pour autre chose. Même si j’avais pas eu mon portable à portée d’mains, j’l’aurai pas fait s’bouger, alors qu’on est bien, sur l’canapé, et qu’elle a sa tête sur mes cuisses. Dans c’cas, j’lui aurais dis qu’le repas pouvait bien attendre qu’on s’repose un peu, et qu’on profite un peu plus l’un d’l’autre. J’me passe une main dans ma tignasse qu’elle a délaissée depuis quelques minutes, alors qu’elle m’répond un « Il faut bien que tu prennes soin de moi.. » un brin amusé. J’secoue la tête, aussi bien pour feindre d’râler à un éventuel sous-entendu qu’j’sais qu’il n’est pas contenu dans ses paroles, mais qu’j’prétends voir : celui qu’j’prends pas assez soin d’elle. Mais j’le fais aussi pour mimer d’ronchonner sur l’fait, totalement mensonger, bien entendu, qu’elle n’prend pas soin d’moi, elle. « Arrête, tu me donnes trop d'idées là.. Esclavagisme de futur époux. Ca c'est un concept ! » J’lance alors un : « Si l’époux en question accepte en son âme et conscience l’esclavagisme, j’suis pas sûr qu’ça soit toujours considéré comme d’l’esclavagisme, tu vois ? », prononcé avec sérieux, alors qu’j’penche la tête sur l’côté, ouvertement amusé. J’pousse un soupir d’plaisir quand elle pose sa main sur mon visage, m’demandant si j’me lasserai un jour d’ses gestes tendres, sentant au fond d’moi qu’ça n’sera jamais l’cas. Du moins, pas avant qu’j’sois sénile et totalement ravagé par la maladie. Mais, honnêtement, même comme ça, j’pense qu’ça changera rien. « Oh que oui. Bon, au pire.. Je sais comment te corrompre pour te faire changer d'avis. » J’grogne doucement, tâchant, sans grande réussite, d’m’offusquer à l’idée qu’elle puisse m’corrompre pour m’convaincre d’faire c’qu’elle veut. « Genre ! J’suis incorruptible moi, ma p’tite dame ! », qu’j’lance alors, comme si j’étais un flic qu’tentait d’soudoyer une civile. Mais on sait tous les deux qu’j’suis presque incapable d’lui refuser quoi qu’ce soit. J’dis bien presque, parce qu’j’lui dis pas toujours oui, quand même, y’a bien des sujets d’désaccord, mais, la plupart du temps, j’lui refuse pas grand-chose. Aussi bien parce qu’on pense d’la même façon, et qu’au final, c’qu’elle veut, j’le veux aussi, ou qu’j’ai juste envie d’lui faire plaisir, qu’parce qu’elle n’exige jamais rien d’extravagant, ni trop d’moi, par rapport à c’qu’j’peux lui donner, sans avoir l’impression d’devoir changer tout c’que j’suis pour elle. Elle pourrait en effet s’mettre en tête d’me rendre moins chieur, plus affectif en public, d’tenter d’me faire m’exprimer plus souvent sur mes sentiments pour elle, d’me faire abandonner mes rêves d’sculpteur pour un métier plus stable et valable financièrement parlant. Mais non, elle m’accepte comme j’suis, tout comme j’l’accepte comme elle. Et c’est p’têtre dans ça qu’réside la clé d’notre bonheur : on s’aime pour c’qu’on est, nos défauts respectifs s’équilibrant avec nos qualités respectives, à tel point qu’on n’fait plus vraiment gaffe à ces défauts. J’continuerai bien notre p’tit jeu encore d’longues minutes, mais, malheureusement, la commande ne s’passera pas toute seule. Bien dommage. Pour l’heure, j’dois donc mettre mon épouse d’côté. Enfin, du moins, cesser d’lui parler durant quelques minutes, l’temps d’dire c’qu’on veut manger c’soir. Mais j’reste quand même focalisé sur elle, continuant à la câliner, sans avoir à m’forcer.

A présent qu’la commande est passée, j’peux à nouveau m’concentrer sur Gaëlle, et oublier l’monde extérieur, qui m’importe peu lorsqu’j’suis avec elle. En parlant d’repas, j’en profite pour savoir si elle a contactée sa tante. « C'est fait, oui. Elle est ravie de savoir qu'on va lui rendre visite. » Ca m’fait sourire, parce qu’j’aime beaucoup cette femme, qui a contribué à faire d’Gaëlle celle qu’j’aime. De ce fait, j’lui serai toujours reconnaissant, et j’aimerais toujours lui rendre visite, dès qu’possible. « Tu ne veux pas lui demander de les exposer avec toi ? Ca mettra une petite touche florale à ton expo et on peut continuer de lui en offrir sans trouver autre chose. », suggère Gaëlle, non sans sourire, en parlant des orchidées qu’on offre régulièrement à sa tante. J’rigole alors, pour finalement déclarer : « Ouais, ça serait une idée ! J’devrais même sculpter d’fausses orchidées, et les visiteurs devront reconnaître, rien qu’par l’regard, les vraies des fausses fleurs ! Ca fera un tabac ! » On est tous les deux très doués pour dire des conneries et feindre l’sérieux. Remarquez, j’imagine la scène, quand même, et ça pourrait être drôle, dans l’genre n’importe quoi ! Au moins, ça serait surprenant, et j’marquerai bien plus facilement les esprits, d’la sorte ! J’m’étire doucement, avant d’poursuivre notre conversation, tandis qu’elle m’fait part d’un problème d’clôture dont lui a parlé sa tante. « Ah, mais t’sais qu’j’ferai n’importe quoi, moi, pour des gâteaux d’ta tante ! ». Comme si c’était la seule raison qui faisait qu’j’acceptais toujours d’rendre service à cette dernière. C’est quand même bien la moindre des choses qu’j’puisse faire, que d’l’aider quand j’peux, afin d’lui montrer ma gratitude pour avoir pris soin d’Gaëlle, des années durant ! Puis bon, c’est qu’du p’tit bricolage qu’elle m’demande d’faire, la plupart du temps, rien d’bien compliqué pour un mec, qui, comme moi, à grandir dans une ferme et a appris, depuis toujours, à bricoler un tas d’trucs, et à en réparer un paquet d’autres ! Les travaux manuels, ça n’m’a jamais fait peur. Et ça m’est d’ailleurs bien utile aujourd’hui. D’une part, pour éviter d’faire appel, à torts et à travers, à des réparateurs. Et d’autre part, pour éviter qu’Gaëlle n’s’y mette et n’se blesse. Elle est déjà capable d’se blesser ! Elle s’blesse déjà lorsqu’elle fait à manger, qu’elle coupe des trucs ou sort des plats du four, alors j’ose pas imaginer l’carnage qu’ça pourrait être si elle voulait bricoler ! Du pouce d’la main qu’elle m’a attrapée, j’lui caresse l’dos de sa main, commençant déjà à réfléchir à c’qu’je pourrais amener comme outils pour la clôture, mais aussi à la localisation d’ces outils, afin d’être prêt en temps et en heure. Va aussi falloir qu’j’évite de trop manger, les jours précédents notre visite chez sa tante, en prévision du festin qu’elle nous fera, comme à chaque fois. Au moins, on sait d’où vient l’talent d’Gaëlle pour la cuisine, son père n’lui a pas enseigné grand-chose à c’niveau-là. D’toute façon, il lui a pas appris grand-chose... Sentant qu’l’étreinte d’la main d’Gaëlle s’fait plus forte sur la mienne, j’la regarde, intrigué, tâchant d’déchiffrer, grâce à son faciès, à quoi elle pense, c’qui la travaille ainsi. Qu’j’aimerai parfois lire dans ses pensées, pour mieux la comprendre, regrettant d’ne pouvoir la déchiffrer en permanence. J’peux qu’faire des suppositions sur qu’elle éprouve en c’moment. Ses pensées s’égarent-elles du côté d’sa mère, suite à un parallèle qu’elle a pu dresser entre la défunte et sa tante ? Est-ce que son père est en cause, du fait qu’sa sœur ait fini par élever sa fille ? A moins qu’il n’s’agisse d’un souci au travail ? Ou est-ce un problème avec l’un ou une de ses ami(e)s ? C’est aussi, possiblement, un conflit avec un membre d’ma famille, vu qu’les Edgecombe peuvent être vraiment pénibles, par moments ! A-t-elle un tracas d’ordre financier, du fait qu’nous n’roulons pas sur l’or ? Ca peut aussi être un problème lié au mariage. Tant d’possibilités, en fait, et j’sais pas trop laquelle ça peut être. Surtout parce qu’au cours des minutes passées, on a évoqués tellement d’sujets qu’le champ des possibilités est vaste ! Alors qu’elle semble revenir sur terre et m’revenir, j’lui lance un regard, en guise d’interrogation muette, lui faisant comprendre qu’si elle a besoin d’parler, j’suis là. Elle l’sait, mais bon, ça n’est pas inutile d’le lui faire comprendre, encore et encore. J’esquisse un sourire en la voyant continuer d’s’approprier ma main, comme elle n’a d’cesse d’s’accaparer mon être et la grande partie d’mes pensées depuis des années maintenant. « T'es rentré y'a longtemps ? » J’secoue la tête à la négative, et j’ajoute : « Ca doit faire une petite demi-heure seulement. » Oui, j’suis assez long pour ranger les courses. Mais bon, faut pas oublier qu’j’ai aussi bu un coup, et qu’j’ai fais un détour par la boîte aux lettres pour relever notre courrier. Bref, j’ai pas fais qu’ranger les courses, quoi ! « Y’avait du monde sur les routes. Et encore plus d’monde qui était en train d’faire ses courses ! » Et j'suis presque heureux d'ne pas être rentré plus tôt, car j'déteste être seul chez nous. J'adore notre maison, mais j'la trouve bien terme quand Gaëlle n'est pas là. J'apprécie l'fait d'être seul d'temps à autre, mais vient toujours un moment où l'manque d'elle s'fait sentir, et celui-ci vient encore plus rapidement lorsque je n'l'ai pas vu depuis plusieurs heures ! J’pousse un soupir tout en en entortillant tendrement mes doigts dans ses cheveux. C’est une occupation bien plus plaisante, à mes yeux, qu’vagabonder dans les allées, en quête des produits indiqués sur une liste de courses ! « Faudra qu’on tente le Drive, un jour, ça nous évitera d’perdre du temps à faire les courses ! » Bon, ça nous enlèvera pas l’problème du trafic qui traîne à certaines heures, mais au moins, on pourra s’concentrer sur l’essentiel. Et pour moi, l’essentiel, c’est notre couple, simplement ! Cela étant dit, y’a un autre inconvénient à utiliser l’service Drive des supermarchés, c’est qu’y’a pas forcément les produits qu’on veut, enfin, la marque qu’on prend habituellement, si tant est qu’on soit attaché à cette marque.

Désireux d’dévier sur un sujet plus plaisant qu’l’ennui d’faire les courses, j’finis alors par demander : « Ca t’dirais pas qu’on aille à la patinoire, un d’ces jours ? ». L’avantage d’habiter dans une grande ville, c’est qu’y’a une patinoire toute l’année, même si j’préfère patiner à l’air libre. Mais j’dois avouer qu’avoir vu la photo, tout à l’heure, ça m’a donné envie d’patiner à nouveau, avec Gaëlle. Encore un truc qu’on n’pourra pas faire. Du moins, pas ensemble... Tout comme on n’pourra pas changer la télé du salon, comme on conviendra d’le faire dans quelques semaines, après qu’celle-ci ait rendu l’âme. Nous n’pourrons pas non plus aller à la nouvelle boulangerie qui ouvrira bientôt dans notre quartier pour goûter tout c’qu’ils y vendent. Tant d’choses qui n’se feront jamais ailleurs qu’dans nos rêves d’avenir, et c’soir, la seule chose qu’j’fasse, c’est cesser d’jouer avec ses cheveux pour caresser son front, du bout du doigt, comme si elle était la chose la plus fragile au monde. C’qui n’est pas loin d’la réalité, à mes yeux, étant donné qu’elle est la chose la plus précieuse au monde, pour moi. J’étends doucement mes jambes, afin d’ne pas déranger Gaëlle, jusqu’à atteindre la table basse, et y poser ainsi mes pieds, faisant attention à n’rien renverser. « Cette fois, j’amènerai notre trousse de secours ! ». Il m’était en effet impossible d’ne pas en profiter pour la taquiner, une fois de plus, sur son adorable maladresse. Même si celle-ci me fait presque avoir des cheveux blancs plus rapidement que la norme ! Toutefois, j’changera Gaëlle pour rien au monde, j’préfère la conserver avec sa maladresse, qui m’fait pourtant avoir bien du tracas pour elle, surtout lorsqu’j’suis pas à ses côtés ! Et ça m’quittera pas, pas même lorsqu’j’la laisserais, dans quelques mois ! « Loin des yeux, loin du cœur », c’est c’qu’on dit, et pourtant, j’apprendrais prochainement à quel ce proverbe, qu’j’avais découvert menteur lors des mois passés loin d’elle, est loin d’duper les cœurs véritablement épris !

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Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Est-ce que le simple fait de vouloir dévaliser les comptes de l'Humanité toute entière pour se débarrasser d'un p'tit boulet -moi-, fait de quelqu'un un p'tit fou ? Hum. Peut-être bien, je ne sais pas à vrai dire. Mais, s'il y a bien une certitude à avoir à ce propos, c'est que je l'aime ce p'tit fou. Tellement. Au point même que jamais je n'ai aimé quelqu'un comme lui, et que jamais je ne serai susceptible d'aimer un autre avec cette même intensité. Même si nous nous tirons dans les pattes, que nous avons parfois l'air de deux gamins dans une cour de récréation.. C'est lui. Raphaël. Celui qui me prenait dans ses bras, me serrant contre lui après m'être pris un énième coup dans une journée, celui qui me promettait un avenir près de lui. Celui qui me faisait sourire à peine je l'apercevais .. Et pourtant. Ma vie, d'ici quelques mois, allait vouloir me faire croire l'inverse, imposant un réel combat entre coeur et raison. Ce p'tit boulet si affectueux, je ne vais même pas m'en souvenir, me bornant au sens propre du terme si bien qu'il va finir par s'éloigner de moi, fuyant mon incapacité à recoller les faits oubliés qui sont pourtant criant de sincérité à ce moment-là. Là, dans notre petite maison, je n'ai pas peur qu'il vole tout l'argent trouvable sur Terre pour se débarrasser de moi, car je sais qu'il n'en pense pas le moindre mot. Oui, il va toujours être aussi sexy, toujours aussi râleur, chiant, toujours aussi fan de ses knakis avec sa purée, et toujours amoureux de moi. Si certains de mes amis ne voient pas notre histoire d'un bon oeil, me suppliant de l'oublier au risque de perdre notre amitié, c'est qu'ils n'ont jamais vécu ça. Ils n'ont même pas conscience que ce que c'est que d'être réellement amoureux de quelqu'un, et je les plains. Egoïstement, j'ai cette chance-là qui m'est donnée. Et il se trouve que c'est grâce à Raphaël. Personne d'autre. Ainsi, ils sont prévenus. Que celui qui ose seulement me dire, une fois de plus de lâcher prise sur cette histoire et bien, il n'aura même plus à m'inviter à ses soirées ou ses repas. C'est sans appel. Il est hors de question que je sacrifie mon bonheur pour leurs avis erronés. Qu'est-ce qu'ils en savent d'ailleurs ? Ils ne sont pas témoins de notre quotidien entre sourires complices et regards qui le sont tout autant. Sans oublier ces gestes si naturels entre nous.. Sauf en compagnie d'autres personnes. Je sais qu'il est assez frileux et pudique à ce niveau-là, et cela ne me dérange pas le moins du monde. Disons qu'il n'y a pas besoin de rester coller l'un à l'autre, à s'en rouler à longueur de temps pour savoir que c'est un sentiment sincère et profond. Pointe de retenue à la British ? Sans doute. D'ailleurs ces couples me mettent mal à l'aise, non pas par jalousie, non. Mais.. Certains devraient apprendre à se tenir un minimum. Bref.. Je suis chez moi, mon fiancé est là. Plus qu'à se poser et ne plus bouger de la soirée ! Enfin.. Si la grande nouvelle est bien reçue. Sinon.. Vaut mieux ne pas y penser !

S'il y a bien une chose que j'aime faire en revenant d'une journée de travail, c'est de partager des petits faits avec Raphaël. Si cela n'est pas bien réjouissant, il sait toujours trouver les bons mots pour me remonter le moral. Et même s'il ne les trouve pas, il m'offre toujours une étreinte ou une quelconque attention qui cadre toujours avec ce dont j'ai besoin. Et comme ça, je peux repartir. Il sait très bien comment réagir face à moi, et me secouer un peu lorsqu'il y en a besoin. Si moi j'arrive à le calmer et le canaliser, lui sait m'insuffler de l'énergie et de la fougue lorsque j'en ai besoin. Et forcément, Yan revient souvent dans la discussion. Je ne suis pas folle non plus. Je sais que sa maladie prend encore trop de vies. Que je risque, un beau jour, d'apprendre une nouvelle que je n'ose même pas imaginer pour le moment et qui pourtant semble inévitable si une greffe n'est pas trouvée. Il va s'en doute falloir me ramasser à la petite cuillère ce jour-là.. Si, pour le moment, je ne montre pas à quel point son avenir m'inquiète puisqu'il se doit de toujours voir sa Gaëlle souriante, il n'en reste qu'au fond de moi, ça me travaille. Certes, avec les traitements actuels, les malades de cette foutue mucoviscidose ont une espérance de vie qui s'allonge toujours plus. Mais, ce n'est qu'un répit. Faut pas se voiler la face.. Yan le sait aussi. Il est si brave, si courageux ce petit. Mais le jour où il partira, je ne baisserai pas la tête, juste pour l'honneur de sa mémoire, pour mes autres petits patients et surtout pour Raphaël. Même si je redoute cette nouvelle, je sais aussi -et surtout- que je vais pouvoir compter sur lui, pour lui et pour nous. Je le vois se figer, me demandant bien ce qu'il pense de cette idée que j'ai eue, de l'emmener avec moi, un jour. Ce sourire qu'il arbore me fait fondre une fois de plus, tant je sais que ce qu'il a vécu -lorsque sa maladie était  au plus fort- est resté en lui. Qu'il tient à pouvoir apporter un petit quelque chose à ces autres jeunes -et moins jeunes- malades. Il a un coeur énorme. J'ai la chance de le savoir, moi, contrairement à ces personnes de mon "entourage" qui osent le dénigrer s'arrêtant à sa surface quelques fois déroutantes. « Bonne idée, j’pourrai faire ça ! Mais j’préfère qu’tu lui demandes quand même un dessin au préalable : si jamais il m’trouve bête comme mes pieds, j’aurai au moins eu un dessin ! Et comme il peut rien refuser à sa Gaëlle. » Face à sa conclusion, je n'arrive pas à m'empêcher de laisser un petit rire m'échapper. Si je ne le connaissais pas aussi bien, je serai presque en droit de déceler une pointe de jalousie dans cette réplique. Et pourtant, il sait pertinemment que dans ma vie, il n'y a que lui. Jamais je ne saurai regarder un autre, tant à travers cet homme, j'ai trouvé celui qu'il me faut. Il est peut-être parfois un vrai chieur, mais il n'en est pas con pour autant. Au contraire.. Je lève les yeux vers le plafond tout en répondant. « Il va t'adorer plutôt ! Yan n'arrêtera pas de me demander quand est-ce que tu reviendras le voir.. J'en suis sûre. » En disant cette simple phrase, je ne prends pas tant de risques que ça. Et oui, je sais très bien qu'ils s'entendront bien. Ils se ressemblent tellement.. C'est peut-être aussi parce que je retrouve un peu de Raphaël en Yan que je l'apprécie autant. Sachant très bien que ça a pu lui effleurer l'esprit, j'ajoute avec une ironie à peine cachée. « Puis tes pieds sont déjà plus intelligents que les miens, hein. » Oui, je sais. Je l'avoue de moi-même tant ma maladresse est reconnue. Au moins, je ne lui laisse pas ce plaisir de me le dire alors qu'il le pense certainement bien fort à ce moment-là. Avec humour et amour, sans aucun doute.. Mais tout de même. Je suis bien capable de trébucher n'importe quand en marchant dans la rue. Pourquoi me le cacher ? Je m'étire doucement le dos tout en restant assise sur ce canapé que j'adore, juste parce qu'il est synonyme de bons temps.

Mon regard se pose un bref instant sur cette bague, à ma main gauche. Celle-là même que Raphaël a dessiné, lui-même. Elle ne me quitte jamais. Si je dois utiliser certains produits pouvant avoir une légère réaction avec, je mets des gants, je me débrouille autrement. Mais non, jamais je ne l'enlèverai. Le seul moment où elle quittera ma main, c'est le jour de notre mariage. Et encore, ce sera pour revenir à sa place rapidement, mais pour une toute autre signification. Je me réjouis tellement de ce jour.. Et pourtant, avec cette nouvelle que je lui cache pour le moment, je ne sais même pas si nous allons enfin pouvoir fixer une date avant ou après cette arrivée d'un nouveau Mini-Edgecombe, de notre Mini-Edgecombe. Notre mariage risque fortement d'être encore un peu repoussé. Mais, ce n'est pas pour une mauvaise raison, non. Au contraire. Il me faudra juste un peu de patience en sachant que notre enfant portera le nom de son père lorsque je serai encore  une Gates. Simple détail. Je reviens à moi avec cette histoire de pirate sexy tant je suis amusée à cette idée. Ce serait pas mal de le prendre au mot et de débarquer, un jour, dans son atelier ainsi vêtue. Bien cachée dans un bon manteau, bien entendu. Mais juste pour voir sa tête. Ce serait bien drôle ! Est-ce qu'il m'en croit capable ? Sans doute. « J’suis prêt à parier tout c’que t’veux, mais j’suis sûr qu’personne n’a jamais eu autant hâte d’être victime d’abordage ! » Bon, il faudra juste que je choisisse avec soin mon jour d'attaque. Pas que certaines personnes trainent à l'atelier de mon fiancé. Il me fait doucement rougir en disant cela. Je répète alors, sans le lâcher du regard, comme si je ne comprends pas. « Hâte ? » Je me mordille expressément la lèvre en le regardant pour appuyer ce que je m'apprête à lui dire. D'accord, je ne suis sans doute pas la meilleure des comédiennes. Mais, je progresse fort heureusement. « D'être baillonné et ligoté comme tu le seras pour être pillé de la tête aux pieds ? » Une promesse de certaines folies ? Peut-être. Il est libre d'interpréter cette parole comme il le souhaite. Ou comme ça l'arrange.. Toujours est-il que je lui adresse -encore- un nouveau sourire rien qu'en pensant à cette simple scène. Bien entendu, le but ne sera pas de mettre son atelier sans dessus dessous, non. Je m'en voudrais même terriblement si j'en viens à détruire l'une de ses sculptures par mégarde ! Lui qui se donne tellement de mal dans son art, et qui fait des choses si belles. Et vu que je rivalise facilement avec Gaston Lagaffe, j'évite toujours, lorsque je suis dans son atelier, de trop me laisser distraire.

Dans des gestes d'une tendresse extrême, d'une recherche d'attention sans nom, je me plais à passer l'une de mes mains dans ses cheveux. Qu'est-ce que j'aime ce petit contact qui me permet, aussi, indirectement, de laisser mes doigts fins se poser doucement pour masser en douceur cette petite tête que j'aime tellement. Je me penche un peu plus vers lui pour ne pas avoir à tendre mon bras davantage, repliant plus confortablement ma jambe. Même si je passe mes journées à masser des patients, il n'en reste que celui dont je préfère prendre soin, c'est bien évidemment mon fiancé. Il n'est pas rare que je profite de mes petits savoirs pour le soulager d'un mal de dos ou ce genre de choses dues à son travail qui est loin d'être tranquille et dépourvu de mouvements. J'aime prendre soin de lui, et je sais qu'il m'écoute si je lui dis que je sens des points de tension trop importants et qu'il doit un peu lever le pied. Juste parce que je ne dis pas ça pour l'embêter, non. Mais bel et bien pour le préserver, pour son bien. J'ai sans doute fait une petite gaffe en laissant échapper ce regret de trainer ce Gates partout où je vais. Après tout, il le sait déjà que je n'en pense pas moins, mais il me dit tout de même. « Tu devrais arrêter d’voir c’nom d’famille comme étant uniquement celui d’ton paternel, t’sais ? Garde en tête qu’il a également été celui d’ta mère ! » Même si je m'attendais à ce qu'il me dise ce genre de chose, je ferme les yeux. Son soupir ne m'échappe pas pour autant. Je sais qu'il a raison. Que j'aurai pu apprécier ce nom si ma mère avait été là pour canaliser la violence de mon père. Un fait qui n'aurait même jamais existé si elle avait pu vivre à ses côtés. Inévitablement, j'en reviens à penser à cette grossesse qui me tend les bras, à la maladie de mon fiancé. Bon, d'accord, c'est différent puisque cet enfant ne sera pas la cause même de sa perte.. Mais sans lui, je perdrai les pieds. Je risquerai de me noyer sous cette mer de chagrin qui m'engloutirait. Pour notre enfant pourtant, je relèverai la tête. Une force qui a manqué à mon père et dont, parfois, je le plains de vivre ainsi. Mais ce sentiment ne dure jamais très longtemps, tant mon corps se souvient de cette avalanche de douleur, de souffrance qu'il se devait d'étouffer pour ne pas éveiller de soupçons. Jamais il n'aurait accepté cela, que des personnes puissent savoir ce qu'il se passait chez nous. Il était tombé dans un engrenage sans fin, dont je ne voyais aucune issue. Par chance, j'ai toujours pu compter sur les Edgecombe qui nourrissent ces souvenirs de ma défunte mère. Grâce à eux, je sais que je lui ressemble au point d'être sa copie parfaite. De la blondeur de mes cheveux à la teinte bleue de mes yeux. Tout en moi était là pour rappeler cette perte à mon père. Pour lui, je suis comme le fantôme de son épouse chérie qu'il ne reverra jamais, alors qu'il était forcé de vivre avec ma présence. Rouvrant mes yeux, je sens son regard sur moi. Je me décide finalement à marmonner un petit « Tu as raison. Mais il n'empêche que je préfère le troquer contre le tien. » Ca au moins, c'est une certitude sans appel. Je me plais, déjà, à présenter Raphaël comme étant mon fiancé. Qu'est-ce que ce sera lorsque je vais pouvoir dire qu'il est celui dont je partage le nom ?

Les Edgecombe. Une vraie institution pour les personnes les connaissant de près ou de loin. En habitant dans les environs de leurs différents points de chute, il est tout simplement impossible de ne pas en croiser. C'est comme s'ils forment une petite communauté à eux tous seuls, convertissant toujours plus de personnes à leur générosité et leur bonté d'âme sans faille. Et par une chance folle, je vais bientôt en faire partie. J'ai conscience d'avoir ce traitement de faveur à mon égard, comparé à d'autres qui ont un peu plus de mal à se faire une place au sein de cette famille si soudée. Ils sont un exemple pour moi, un modèle que je veux retranscrire. « T’mets la barre très haut, là, tu sais ? Vu qu’on est un peu nombreux, quand même, et un peu chiants, aussi ! Mais j’ai confiance en toi. » J'en suis consciente, oui. Surtout après le geste fou de mon père. Mais, ils ont accepté le fait que Raphaël et moi allons nous marier, tout comme, j'en suis sûre, ils accueilleront l'annonce de ma grossesse avec joie. Après tout, ils souhaitent le protéger si certains d'entre eux peuvent avoir quelques réticences face à notre couple. Et pour ça, je ne peux pas leur en vouloir. Sauf qu'ils se trompent d'ennemis. Je ne veux pas être l'objet du moindre mal pour mon fiancé. Bien au contraire.. Je sens que ses lèvres retiennent encore des mots, si bien que je ne trouble pas ces très brèves secondes de silence. « Evite quand même d’trop gâter Thanaïs, elle sera capable d’réclamer à ses parents d’venir passer les prochaines vacances chez nous ! » Je tourne un peu plus ma tête vers lui, avec un sourire non caché. « Si j'ai ta confiance, j'y arriverai. Aucun Edgecombe ne me résistera. » Et je ne plaisante qu'à moitié. Sa famille est importante pour lui, il a la chance d'être entouré de personnes merveilleuses. Et ce poids d'une culpabilité dont je ne suis pourtant pas coupable -tout comme lui !- mettra du temps à s'envoler, si un jour j'arrive à ne plus la ressentir. Comme quoi, nous faisons aussi autre chose que de nous envoyer des petites piques affectueuses. Là, c'est plus une sincérité qui s'échappe de mes lèvres, avec ce désir de toujours faire mieux. En pensant à cette petite que j'adore comme tant d'autres Mini-Edgecombe, j'hausse légèrement les épaules tout en restant à ma place. Je lance plus légèrement. « J'y penserai. Mais, tu sais très bien que si elle me fait son petit regard, je finis par plier et lui acheter ce qu'elle veut. Son côté Edgecombe, ça. » Petit clin d'oeil ponctuant la fin de cette phrase. Je suis littéralement incapable de résister à ce petit air qui leur est propre lorsqu'ils ont une demande en tête. Du coup, je me doute que la petite Thanaïs s'amuse de moi alors que je cède toujours à ses demandes. Une petite glace, un paquet de bonbons.. C'est toujours de petites attentions, mais qui lui font terriblement plaisir. Et ça me plait pas mal. Elle et moi, nous partageons cette gourmandise. J'ajoute alors, reprenant les traits espiègles d'une Gaëlle miniature. « Puis.. Je suis bien obligée de l'accompagner dans sa gourmandise. » Est-ce que c'est une sorte d'aveux ? Sans doute. Mais Raphaël me connait. J'ai toujours eu un penchant pour quelques petites douceurs. Et le simple fait d'être accompagnée par Thanaïs, je culpabilise un peu moins. Une chance que j'arrive à me débarrasser plutôt efficacement de tout ce que je mange !

Je ne sais pas si je lui ai déjà dis que j'adore l'observer, mais si ce n'est pas le cas, il doit l'avoir deviné depuis toutes ces années. J'aime porter mon attention sur le moindre de ses gestes, comme lorsqu'il se passe la main dans les cheveux. Même si j'avoue que je préfère encore plus lorsque c'est de ma main qu'il s'agit, et que je constate qu'elle s'égare comme à chaque fois qu'elle s'y aventure. Je le vois alors pencher sa tête sur le côté, tout en lançant. « Si l’époux en question accepte en son âme et conscience l’esclavagisme, j’suis pas sûr qu’ça soit toujours considéré comme d’l’esclavagisme, tu vois ? » Alors là, je dois avouer qu'il m'a bien eu. Et voilà mon concept si génialissime qui tombe en ruines aussi vite qu'il n'a été formulé. Je fronce les sourcils, faussement vexée de ce constat qui, pourtant, est plus ou moins logique. Je croise mes bras avant de caresser aussi vite son doux visage tant je ne résiste pas à son regard avec sa tête inclinée de la sorte. Ravie de voir que ce nouveau petit geste traduisant mon affection pour cet homme est accueilli avec plaisir, j'en souris davantage alors que mon bras se rabat pour retrouver sa place. « Tu accepterais sans même te défendre ? » Je lui dis alors, me demandant si vraiment, Raphaël Edgecombe et son fichu caractère peuvent être capables d'une telle chose. Bien entendu, c'est lancé en arrondissant les angles, si bien que ce n'est absolument pas sérieux. Je sais ce qu'il pense de moi, il sait ce que je pense de lui. Et nous sommes sur la même longueur d'onde. « Heureusement que la place de future épouse de ce cher Raphaël Edgecombe est déjà prise. T'aurais vraiment pu tomber sur une folle furieuse ! » Et c'est tellement vrai ! Il aurait pu tomber sur une personne bien pire que moi, aux intentions vraiment mauvaises. Qui lui voudrait du mal -comme un autre le fera de mon moi du futur-. Et ça, que n'importe quelle nana se dresse entre nous. Je lui ferai regretter son audace, si bien qu'elle repartira en rampant. Puis, je lui lance cette nouvelle pique, lui disant que je connais parfaitement les moyens de le faire plier. Même si c'est vrai -les gestes, les mots, les attitudes à avoir face à lui n'ont aucun secret pour moi !-, jamais je n'en abuserai. Jamais. Pour moi, cela fait partie d'une confiance qui se doit d'être réciproque. Manipuler l'autre pour son propre plaisir personnel.. Très peu pour moi. Son « Genre ! J’suis incorruptible moi, ma p’tite dame ! » étire mes lèvres à nouveau, ce à quoi je ne tarde pas de répliquer. « Ah, vraiment ? Tu es sûr de l'être ? » Un petit regard malicieux lui prouve qu'il ferait bien de rester sur ses gardes. J'ajoute, d'ailleurs, si jamais je ne suis pas assez convainquante. « T'as des failles pourtant. Je les connais plus que bien. Méfie-toi.. » N'allez pas croire n'importe quoi. Non, je ne lui veux pas le moindre mal. Juste que cela pourrait donner lieu à un nouveau jeu, pour lequel je suis quasi-certaine d'en ressortir victorieuse ! C'est sur ce dernier mot que je le laisse tranquille pour qu'il commande notre repas du soir. Enfin tranquille. Je me nourris de son attention et de ses caresses en attendant de retrouver sa voix, rien que pour moi.

Ma patience est enfin récompensée alors qu'il repose son téléphone non loin de nous et que sa voix me revient en tête, si tant est qu'elle m'ait été oubliée à un moment. Un truc improbable en fait. Oui, oui.. Nous avons un talent fou pour faire dans le gâteau tout moelleux entre nous, mais c'est comme ça. Nous n'y pouvons rien, et jamais je ne voudrais que cela change. Si nous contenons nos élans d'attention en public, les regards échangés laissant clairement entendre que tout va bien entre nous, lorsque nous sommes tous les deux, comme maintenant, c'est sensiblement différent. Même si le par terre décoré de pétales de roses et autres bougies dans toute la maison ne fait pas vraiment partie de nos délires quotidiens. D'autres à l'esprit bien trop fleur bleue pourraient prendre ces faits pour une absence de romantisme et tourner les talons, mais nous sommes romantiques à notre façon. Et ça me convient parfaitement. Nous n'avons pas à nous dire constamment que nous nous aimons pour le savoir. Non. Ca, c'est acquis. Je n'ai pas besoin d'être rassurée jour après jour quant à ses sentiments à mon égard puisque je sais qu'ils sont là, bien présents. « Ouais, ça serait une idée ! J’devrais même sculpter d’fausses orchidées, et les visiteurs devront reconnaître, rien qu’par l’regard, les vraies des fausses fleurs ! Ca fera un tabac ! » Je fais une petite moue songeuse face à cette idée qu'il a. « Pourquoi j'ai l'impression que je tomberai dans le piège facilement ? » Y'a pas de doute à avoir là-dessus non plus, s'il y a bien une personne capable de se faire avoir sur ce genre de chose, c'est bien moi. Je le regarde du coin de l'oeil, arquant un sourcil comme si j'attends ce normal, tu es blonde que je lui offre de bon coeur. Ce serait une idée après tout.. Même si je doute qu'il la mènera à bien. Alors que je lui parle, je le regarde s'étirer, ne laissant pas mes yeux se contenter de son simple visage. « Ah, mais t’sais qu’j’ferai n’importe quoi, moi, pour des gâteaux d’ta tante ! » A comprendre par là : pour ta tante. Mon décodeur Edgecombe fonctionne toujours à plein régime et avec les années d'entrainement, je m'en sors toujours sans casse. Ma chère tante n'hésite jamais à lui demander des petites bricoles lorsqu'elle peut l'avoir sous la main, allant d'une ampoule à changer au déplacement de l'un de ses petits meubles. A chaque fois que je leur dis que je peux le faire, ils me disent de rester sagement sur le canapé. Allez savoir pourquoi. Bon, peut-être parce que je pourrais tomber de la chaise en changeant l'ampoule ou que je pourrais laisser tomber le meuble sur mes petits pieds. Heureusement que mon homme maitrise pas mal de choses à ce niveau-là. Mais ça, c'est comme un bonus ! Avant d'attraper sa main, je m'amuse à tapoter son ventre en disant. « Faudra que t'ailles courir plus longtemps pour éliminer tous ces gâteaux que t'auras avalé alors. » L'amusement que j'ai dans la voix s'évapore alors que je repense à mon père, et cette haine qu'il a envers Raphaël. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a réagi si mal lorsqu'il a su que j'étais avec cet Edgecombe. Il n'a jamais rien dit avec Riley ! Au contraire même.. Bon, j'ai une petite idée sur la question à force d'y réfléchir, mais.. Son filleul n'est de loin pas le plus docile de la famille. Il savait qu'il allait, un beau jour, réagir contre son parrain. Et c'est ce qui s'est passé.. Mais de là à s'en prendre à la demeure de la famille de son meilleur ami.. Incompréhensible. Le regard qu'il me lance me ramène à moi, à ce présent loin de mon père et au plus près de lui. Je sais qu'il s'inquiète et qu'il s'en veut de ne rien pouvoir faire de plus. « Rien de grave. » je lui marmonne alors, souhaitant le rassurer un peu. Sans lui rendre cette main que j'ai kidnappé il y a peu, je lui reprête toute mon attention en lui demandant s'il est rentré depuis un moment. « Ca doit faire une petite demi-heure seulement. Y’avait du monde sur les routes. Et encore plus d’monde qui était en train d’faire ses courses ! » Bon, ça va. « J'suis pas trop en retard alors. » Je lui glisse de ma petite voix légère, accompagné de mon petit sourire aux coins de mes lèvres. Tout en rapprochant le dos de sa main de mes lèvres pour l'effleurer, j'ajoute sans hésiter, imaginant très bien la galère qu'il a dû endurer. « T'aurais pu laisser tomber pour aujourd'hui. J'y serai allée demain, pendant ma pause. » Même si je suis dans mes premières années actives, je n'hésite pas à enchainer les heures au cabinet pour voir ma paie se gonfler un peu plus. Il y a des semaines complètement folles où je rentre juste éreintée de mes journées. J'ai fait l'acquisition de certaines machines en investissant de ma poche pour diversifier mes offres, mais du coup, j'ai dû faire certains prêts. C'est pour cette raison qu'en ce moment, malgré mon boulot de kiné, nous avons un peu de mal. Heureusement, c'est bientôt la fin. Nous allons pouvoir en profiter un peu plus avant que mon cher ami banquier ne se serve. Bon après, nous ne sommes pas à plaindre non plus. Mais, disons qu'avec toutes les heures que nous travaillons, nous méritons, je n'en doute pas, un peu plus de mous. « Faudra qu’on tente le Drive, un jour, ça nous évitera d’perdre du temps à faire les courses ! » En voilà une bonne idée ! « Comme ça, je pourrai t'embêter encore plus après avoir massé les p'tits vieux. » Et un petit air amusé, un ! Mais, il est vrai que ce serait un gain de temps. Lui comme moi, nous n'aimons pas trainasser dans les magasins. Donc, pourquoi pas. A garder en tête pour les prochaines courses à faire.

J'y réfléchis, me demandant si nos produits habituels peuvent être récupérés par le Drive. Sans doute, il faudra que nous nous penchions sur la question. Alors que je repars pour une admiration du nouveau lustre, j'entends une nouvelle question de la part de mon tendre Raphaël. « Ca t’dirais pas qu’on aille à la patinoire, un d’ces jours ? » Un petit rire m'échappe tant je me souviens de mon dernier essai sur la glace. Bon, vers la fin, j'arrivais à tenir sans l'aide de personne, mais j'avais tout de même mis un certain temps. J'allais m'empresser de lui répondre un grand oui avant qu'un petit détail ne freine mon envie. Bon, même si je tombe .. Cela ne risque rien, non ? Je profite du fait qu'il se mette plus à l'aise pour lui répondre, alors que mes yeux se ferment sous ses douces caresses. « Oh oui ! C'est une bonne idée, ça ! » Je suis vraiment enthousiaste face à sa proposition, même si j'ai une petite crainte qui sommeille. Après, je ne vais pas m'arrêter de vivre pour autant, disons juste qu'il faut que je minimise les risques. Et puis franchement, avec Raphaël près de moi, je me sens toujours plus forte, presque intouchable. « Cette fois, j’amènerai notre trousse de secours ! » Je rigole en le regardant du coin de l'oeil, décidée à rentrer dans son jeu une fois de plus. Je lui lance alors un beau : « Pas besoin, je maitrise maintenant. Les prochains Jeux Olympiques sont pour moi, tu verras ! Et puis même, si je tombe denouveau, c'est que tu te seras éloigné de moi. » que je termine par un petit sourire tout entendu. Je suis très loin d'être une patineuse de ce niveau, et pourtant, j'ai le culot de lui balancer ça, m'attendant ainsi à entendre son rire donner suite au mien. Reprenant ma bouille de petite fille, j'ajoute même. « Ce sera donc de ta faute. » Ce qui n'est, en soit, pas réellement un mensonge. Ainsi, les cartes sont posées. J'accepte de remonter sur la glace s'il reste près de moi. Et un petit sourire aux coins des lèvres pour illustrer ma pensée.

Même si le restaurant Indien que nous adorons n'est qu'au bout de notre rue, il faut bien reconnaitre que nous préférons, certains soirs -comme celui-là-, manger au calme chez nous. Du coup, ils n'ont pas énormément de trajet à faire pour nous livrer et en profitent de partir plus loin dans la ville pour faire un crochet par notre petite maison. Alors que je lève un peu mes bras pour les étirer un peu, quelqu'un sonne à la porte. Déjà. Je suis si bien là, à me faire chouchouter par mon homme. Bref. Ma trêve confortablement installée au plus près de mon fiancé allait malheureusement prendre fin. L'un de nous deux est obligé de se lever, et vu ma feignantise non cachée depuis mon arrivée, je n'hésite pas une seule seconde à m'y coller. Je lui dois bien ça. Juste pour qu'il soit un peu tranquille, lui aussi, après avoir fait cette corvée des courses. Tout en me redressant tranquillement, j'en profite pour voler un doux baiser sur sa joue en disant à mi-mots. « Bouge pas, j'y vais. » Oui, juste pour le plaisir, avant de m'avancer vers mon sac pour y prendre les quelques billets que j'ai dans mon porte-feuille, regardant ce petit paquet du coin de l'oeil. Bientôt.. Le laissant à sa place, j'ouvre la porte et souris à notre livreur habituel qui me salut tout en me donnant ce repas si attendu et qui sent déjà divinement bon encore emballé. Je lui promets de transmettre ses salutations à Raphaël en refermant la porte derrière lui, tellement affamée. Tout en retournant vers mon cher fiancé, je lance un théâtral : « Le repas de Monsieur est servi » en exhibant le Graal tant attendu. Je contourne la petite table avec ce sourire de gourmande qui me colle au visage dès que la faim passe dans mes yeux, retournant à ma place à ses côtés, à nouveau l'une de mes jambes repliée. J'ouvre le sachet pour voir qu'est-ce qui est à qui. Rapidement, je différencie nos deux plats, tendant celui de Raphaël en le regardant, toujours de ce regard d'amoureuse que j'ai face à lui. Impossible de m'en empêcher. Même lors de nos disputes, cette teinte-là reste dans mes yeux. Je lui donne aussi ses couverts et sa boisson. Pour ma part, je vais me régaler avec ce curry de légumes au lait de coco. Oui, un plat végétarien, vous ne rêvez pas. Je ne pousse pas mes convictions au point de bannir entièrement la viande de mon alimentation -et quand bien même, je doute que cela convienne à mon fiancé-, mais si je peux éviter d'en manger, cela ne me dérange absolument pas. Et puis même, ce petit plat est un réel délice, donc.. Tout en me penchant vers la petite table pour y poser ma boisson, je n'hésite pas à renchérir avec humour, mon regard rivé vers mon succulent curry. « En parlant de Papy Raphy.. Il faudra que je te trouve une belle bavette à ta taille pour que tu puisses continuer à manger proprement alors que tu perdras ton dentier. » Me redressant, je m'assois en tailleur sur ce canapé pour finalement envisager ce bon repas qui est arrivé bien vite. Je suis si affamée rien que par sa douce odeur. Tout en ressentant un petit stress face à cette annonce de plus en plus imminente, je lui glisse un petit « Bon ap' », sans doute légèrement plus fébrile que je le veux. Enfin, j'entame ce repas dont chaque bouchée me fait un bien fou. « Tu veux regarder quelque chose ? » je lui demande alors. Je n'ai pas de réel film en attente ce soir, mais s'il a vu quelque chose dans le programme qui est susceptible de lui plaire, libre à lui d'allumer la télé. Et puis, nous ne partageons pas une passion folle pour la télé contrairement à bon nombre de personnes ne pouvant pas vivre sans ce qui explique pourquoi elle est encore éteinte. Non, moi, je lutte encore plus qu'avant pour me retenir de lui crier ce secret qui nous lie pour de bon.. J'ai assez de quoi penser.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyMer 18 Nov 2015 - 1:59
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


C’est notre facilité à parler de divers sujets, avec insouciance, humour ou sérieux, qui m’a manqué, après notre rupture, à cause d’l’incendie. Cela m’manquera également, dans quelques semaines. Prochainement, l’une d’mes certitudes sera prochainement confortée, certitude qui a commencé à faire jour en moi à l’orée d’la fin d’mon adolescence : il m’est vraiment difficile de trouver quelqu’un qui m’comprenne aussi bien qu’Gaëlle. Là, j’parle pas uniquement d’ma conviction - qui n’bougera pas d’un pouce, même lorsque tout sera réduit en fumée – sur le fait que jamais j’pourrais connaître un autre amour aussi intense qu’celui qui m’unit à Gaëlle, mais j’fais surtout allusion à la complicité qui nous unit. De celle qui fait qu’on est en mesure de s’comprendre en un seul regard. De celle qui fait qu’on peut partager ensemble des silences sans qu’ils ne paraissent pesants ni gênants, mais plutôt empreints d’une complicité qui s’passe de mots. De celle qui fait qu’on arrive, peu importe la situation, à trouver un compromis. De celle qui fait qu’on sait qu’l’autre nous acceptera, toujours, qu’importe ce qu’on dit et c’qu’on fait. De celle qui fait qu’on s’encourage toujours l’un l’autre, dans tous les objectifs qu’on s’fixe. De celle qu’on envie, lorsqu’on la voit chez d’autres, à tel point qu’on la jalouse et qu’on finit par croire qu’elle n’est qu’apparence et faux-semblant tant elle est là, vivace et forte, presqu’éblouissante dans c’monde d’plus en plus merdique. De celle qui fait qu’vous pouvez tout dire à l’autre, sans avoir peur d’lui laisser voir vos faiblesses, même celles qu’vous n’assumez pas, sans avoir peur qu’en face, on s’foute de votre gueule ! De celle qui fait qu’vous sentez, au fond d’vous, qu’vous aurez toujours, à vos côtés, quelqu’un pour vous épauler. De celle qui vous donne l’sentiment d’être enfin complet quand vous êtes avec l’autre. De celle que raffolent les scénaristes, dans les films mièvrement cons et stupides ! De celle qui vous donne l’impression qu’une centaine d’enclumes vous tombent sur la gueule lorsqu’vous la perdez, lorsqu’on vous l’arrache. De celle que vous pensez acquise, pour toujours. Et c’est là où on voit qu’l’être humain est con, car il a beau savoir qu’rien n’dure toujours, il n’peut s’empêcher d’croire qu’parfois, ça peut durer. Et qu’bien entendu, cette exception sera pour lui ! Qu’la connerie humaine est belle, tant qu’la vie n’la pas fait exploser comme la vulgaire bulle d’illusions qu’elle est ! Qu’la connerie humaine est intelligente, à s’autoalimenter, avec l’sentiment qu’l’ciel n’nous tombera jamais sur la gueule, avec les certitudes qu’rien n’viendra jamais tout foutre en l’air, avec la routine qui maintient un faux sentiment d’sécurité. Pourtant, on devrait savoir, Gaëlle comme moi, qu’rien n’est jamais définitif, notre histoire, en dents d’scie et compliquée dès l’début, l’a bien prouvée ! (Et l’prouvera encore !) Pas même la connerie humaine, d’ailleurs, comme son père l’a prouvé, en incendiant ma maison après avoir passé des années à maltraiter sa fille unique ! On devrait s’attendre à c’qu’avec nos parcours respectifs, on ait pris l’habitude d’pas trop tirer d’plans sur la comète, mais non. Et notre dernier projet en date, c’est qu’j’aille voir Yan, avec Gaëlle, un d’ces jours ! « Il va t'adorer plutôt ! Yan n'arrêtera pas de me demander quand est-ce que tu reviendras le voir.. J'en suis sûre. » J’esquisse un sourire en haussant les épaules à sa remarque. J’doute un peu d’la véracité d’ses propos. Enfin, dans l’sens où j’pense pas être l’genre d’personne qui s’attire facilement la sympathie des gens. J’ai pas vraiment eu plein d’potes quand j’étais gosse. Soit j’en avais, et les parents leur interdisaient tôt ou tard d’me fréquenter car j’étais d’la mauvaise graine selon eux, soit j’en avais et ils m’entraînaient à faire à faire toujours plus de conneries. Bon, OK, c’était parfois moi qui les entraînais dans c’merdier. Au final, j’ai pas eu d’vrais amis. De ceux qui vous écoutent quand vous avez besoin d’parler, de ceux qui vous disent qu’vous faites n’importe quoi lorsqu’c’est l’cas, de ceux qui vous encouragent quand vous n’croyez plus en rien et encore moins en vous. Moi, j’ai eu qu’des connaissances qui m’tournaient l’dos quand ils comprenaient qu’j’avais un caractère merdique et qu’j’étais sans doute trop casse-cou pour eux, ou encore qui contribuaient allégrement à l’image d’sale con et d’mauvaise fréquentation qu’j’avais. D’toute façon, l’seul véritable ami qu’j’ai jamais eu, et qui ait toujours c’titre à l’heure actuelle, c’est Gabriel. Et même lui, j’me demande s’il aurait été ami avec moi, si on n’avait pas grandit avec la certitude d’être cousins ! (L’retour des fausses certitudes dans lesquelles s’complaît l’être humain !) Parfois, j’crains qu’sans notre faux lien d’famille, il n’aurait fini par faire comme les autres, sous l’impulsion d’ses parents, ou d’son propre chef, en m’tournant l’dos, en m’laissant seul, plonger dans la merde qui m’semblait être destinée et qu’j’voulais visiblement pas quitter en foutant ma vie en l’air, via des conneries en tout genre. Conneries qui mettaient à mal ma scolarité, mais qui m’valaient aussi une jolie réputation auprès d’la police locale. J’vous jure, quand les flics m’coinçaient, ils étaient même plus surpris, à la fin. Y’en avait même qui m’demandaient des nouvelles quant à l’avancée d’ma lutte contre l’cancer, tandis qu’moi, j’leur demandais des nouvelles d’leur famille et/ou d’leurs animaux d’compagnie ! Gabriel, il n’a pas eu une enfance plus honorable qu’la mienne, mais toujours est-il qu’j’peux pas m’empêcher d’m’imaginer, par moment, qu’sans notre prétendu lien d’parenté, notre amitié n’aurait pas tenue la route ! J’dirai bien qu’l’autre exception est Gaëlle, mais j’mentirai, car j’l’ai jamais vraiment considéré qu’comme une amie. D’abord, elle n’a été qu’la fille d’mon parrain, puis une fille qu’j’voyais tous les dimanches à la messe, en plus d’la voir souvent chez moi. Une amie proche d’Sarah puis la nounou des jumelles. J’sais pas trop quand ni comment, mais j’ai finis par m’intéresser à elle, même si j’refusais d’prendre conscience qu’elle était mon 1er véritable béguin d’gamin. Même lorsqu’on est devenu amis, j’la voyais pas qu’comme une amie. J’essayais, pourtant. Pour Riley. Mais j’y arrivais pas et c’était une torture permanente. Alors, vu comme ça, non, Gaëlle n’a jamais été qu’une amie pour moi, et, de ce fait, ça m’conforte encore plus dans ma certitude qu’j’suis pas l’genre d’mec qui attire la sympathie des gens. Bon, j’la cherche pas forcément, non plus. Enfin, j’la cherche plus, ça serait plus correct. Après diverses déceptions dans ma jeunesse, l’amitié, j’ai finis par tirer un trait dessus ! Puis, si les gens n’m’apprécient pas tel qu’j’suis, j’me vois mal changer pour leur faire plaisir ! Est-ce qu’j’demande aux gens d’mon entourage d’changer pour moi ? Non ! Bon, dans c’cas, ils n’ont pas à m’demander une telle chose ! Tout ça pour dire, au final, qu’j’ai du mal à m’faire apprécier des gens, la plupart du temps. Ca m’fait plus rien, j’m’y suis habitué, au fil du temps. Mais j’avoue qu’parfois, ça m’est pénible. Surtout lorsqu’j’rencontre des gens d’l’entourage d’Gaëlle. Disons qu’pour elle, j’aimerais être en mesure d’faire l’unanimité auprès d’eux. Si j’pouvais éviter d’la mettre à nouveau dans une situation l’obligeant à faire l’tri dans ses amis, ça m’arrangerait. M’enfin, pour l’instant, j’pense pas qu’la question s’pose, on a d’nombreux amis en commun, et ceux qui lui sont propres, j’crois qu’ils m’aiment bien, dans l’fond, même si on n’deviendra jamais les meilleurs potes au monde. Mais, l’vrai cœur du problème, c’est qu’j’aimerai qu’les gens qui comptent pour elle m’apprécient. Parce qu’elle tient à eux, qu’elle les a choisit, car on n’devient pas amis avec des gens qui n’nous ressemble pas. Sans doute aies-je peur qu’elle finisse par se demander, sous l’impulsion de ses potes, c’qu’elle peut bien foutre avec moi. Ca s’est déjà vu, des gens qui s’font retourner l’esprit, par des proches ou pas, d’ailleurs. Suffit juste qu’en face, le ou les personne(s) soi(en)t douée(s), et paf, l’tour est joué ! (Chris l’prouvera brillamment, dans quelques mois !) Bref, tout ça pour dire qu’j’ai quand même peur qu’le gosse ne m’aime pas. Peur qu’ça n’finisse par changer l’regard d’Gaëlle sur moi, si jamais j’suis même pas capable d’bien m’entendre avec un marmot. Mais j’garde ça pour moi, comme la plupart d’mes doutes. Parce qu’j’trouve ces craintes cons, et qu’j’en ai honte, c’est aussi simple qu’ça ! Puis bon, d’toute façon, j’vais pas m’prendre la tête en avance, j’verrai l’moment venu ! « Puis tes pieds sont déjà plus intelligents que les miens, hein. » Inutile d’préciser qu’la remarque d’Gaëlle m’fait grandement sourire. Y’a décidément qu’elle capable d’sortir une connerie mettant en avant l’une de ses faiblesses, et présenter l’tout avec l’sourire. Comme si d’rien n’était. Cette autodérision qu’j’adore et qu’j’aime tant voir chez Gaëlle. Et qu’j’aime à voir chez les gens d’manière plus générale, détestant réellement ceux qui s’prennent – véritablement – trop au sérieux. J’sais très bien qu’j’feins, plutôt bien d’ailleurs, d’me prendre au sérieux, d’avoir un sacré égo, la plupart du temps. Mais c’est qu’du vent, tout ça. Bon, j’vous rassure, les seuls points sur lesquels j’doute véritablement, c’est sur ma capacité à être un bon sculpteur, et aussi celle d’me faire vraiment apprécier des gens, au point d’m’en faire d’réels amis (pas qu’j’cherche des potes, mais vous avez compris l’idée quoi !). « Normal, j’ai pas les pieds d’une blonde, moi ! », qu’j’lui fais remarquer, en faisant carrément rouler mes yeux dans leurs orbites, mimant parfaitement l’fait d’être offusqué qu’elle ait pu mettre nos pieds au même niveau. Comme si j’pensais vraiment qu’sa maladresse s’explique par sa blondeur, comme si j’étais du genre à juger les gens qu’par leur couleur capillaire, leur nom d’famille, leur couleur d’peau ou autre connerie du même genre. Non, Gaëlle, j’suis sûr qu’elle serait tout autant maladroite, si elle avait été brune ou rousse ! Mais d’toute façon, elle est blonde, et c’est comme ça qu’j’la préfère : blonde, maladroite, dotée d’une grande part d’autodérision et très gourmande. Mon p’tit boulet, en somme ! Puis bon, au moins, avec toutes ses particularités, on a d’quoi s’créer d’bons souvenirs ! J’parie qu’vous pouvez m’montrer n’importe laquelle d’nos photos, et j’pourrais vous raconter, plus ou moins en détails, à quelle occasion la photo a été prise, et aussi vous narrer un moment drôle qu’on a partagé c’jour-là. Même si, sur l’coup, c’était pas forcément drôle, ça l’est devenu, avec l’recul ! Non pas qu’on rigole tous les jours, avec Gaëlle, notre couple n’est pas si Bisounours qu’ça. On est dans l’vrai monde, tout d’même. C’est juste qu’la plupart du temps, quand on prend des photos, ou qu’on s’fait prendre en photo, c’est pour des occasions particulières, donc, pas n’importe quand, pour un jour lambda ! « Rassure-toi, par contre : tes pieds sont plus sexy qu’les miens ! C’est même eux qui m’ont fait craquer pour toi, t’sais ? », conclusion qu’j’balance, l’plus naturellement du monde, comme si j’pensais vraiment qu’sans les pieds, prétendument super-canons d’Gaëlle, j’serai même pas tomber sous son charme ! On pourrait presque croire qu’j’suis un pervers des pieds, en fait, sur c’coup-là. Bon, j’vous rassure, j’ai plein d’bizarreries, mais pas celle-là ! Loin d’là, même. Ca serait quand même bien glauque si c’était la vérité, nan ? J’pars cependant du principe qu’on dit jamais assez d’conneries. Et qu’d’toute façon, dire des conneries, c’est bon pour la santé ! C’était la minute « Conseil d’santé » d’un malade, alors prenez note, et revenez demain pour un nouveau conseil, même lieu, même heure !

Quoi que... Si vous voulez un autre conseil connerie, vous devriez p’têtre rester à l’antenne. Ca peut être utile, si vous voulez savoir comment suggérer à votre petite-amie d’venir vous rendre visite au boulot, déguisée d’manière très sexy. Pour ma part, j’ai opté pour l’option « pirate », mais c’est à votre guise ! Et ça a porté ses fruits. A fond, même ! Gaëlle sait vraiment comment rendre un délire très intéressant, et faire en sorte qu’on ait hâte qu’il se concrétise ! « Hâte ? D'être bâillonné et ligoté comme tu le seras pour être pillé de la tête aux pieds ? » Bon sang, comment fait-elle pour augmenter mon impatience, rien que par quelques mots et en se mordillant la lèvre ? Cette femme, c’est l’Diable, feignant d’être un Ange. Bon, j’exagère, mais vous avez compris l’idée. J’visualise d’plus en plus la scène. Et dire qu’cette conversation avait commencée d’manière très innocente, hein ! Mais j’vais pas m’plaindre du tour qu’a pris notre conversation, j’suis pas fou pour faire ça, quand même. Non, au lieu d’ça, j’hoche la tête, tentant d’afficher l’visage du mec qui est sûr d’lui, même s’il s’apprête à aller au devant d’grands dangers ! Bref, j’reste dans l’rôle du mec qui va subir l’assaut d’pirates. Bon, c’est pas facile d’rester dans l’sérieux, quand on sait qu’la pirate est en réalité celle qu’j’vais épouser, mais j’fais d’mon mieux ! « J’crois qu’j’pourrai survivre ouais ! ». J’fanfaronne ouvertement, au point même d’lui lancer un regard qui signifie clairement « Qu’est-ce qu’tu crois ? ». J’m’amuse même à ajouter un : « J’te ferai mon regard d’gamin, t’seras tout de suite plus clémente à mon égard ! ». Bah ouais, faut savoir amadouer les pirates, quand ils nous attaquent ! Surtout s’ils se montrent aussi sans pitié et déterminés qu’celle qui va s’mettre à l’abordage d’mon atelier ! Mais bon, j’ruine un peu l’air sérieux qu’j’avais, dès qu’j’secoue la tête, pour remettre mes idées en place. Ou les empêcher d’trop divaguer. Ca dépend du point d’vue qu’on adopte. Disons qu’faut qu’j’retourne à un mode d’pensées moins obnubilé par une Gaëlle, diablement sexy, déguisée en pirate, et s’mettant en tête d’attaquer mon atelier, alors qu’j’suis qu’un pauvre sculpteur sans défense ! Heureusement, j’réussis à m’concentrer sur la suite d’la conversation, même si, j’dois l’avouer, les quelques minutes suivantes, mon esprit a encore été parasité d’images d’un abordage très canon ! J’assume haut et fort d’avoir du mal à m’enlever, en quelques secondes seulement, des images d’ma future femme, aussi bien des images qui proviennent d’souvenirs, que d’mon imagination. Ca serait quand même con qu’j’fantasme plus sur celle avec qui j’veux partager ma vie, nan ? Parce que bon, l’délire du mariage religieux, l’côté sacré d’la chose, dans les faits, j’avoue, j’m’en cogne. Mais concrètement, j’me vois quand même très peu me lier à une femme qu’j’aime pas et qu’j’désire plus. J’préfère encore n’jamais m’marier, ou alors divorcer si ça vient à s’produire, qu’vivre avec une femme pour laquelle j’ressens plus rien du tout ! S’éclater à rester à ses côtés, alors qu’j’vais voir ailleurs, c’est pas vraiment l’genre d’vie qu’j’veux mener, ni l’genre d’vie qu’j’veux faire vivre à la femme qu’j’épouserai ou à nos gamins. J’ai quand même quelques principes, dans la vie, et éviter d’me pourrir la vie et d’gâcher la vie d’une autre personne, ça en fait parti ! Cette certitude, j’l’ai depuis mon plus jeune âge, depuis bien avant l’fait d’être tombé amoureux d’Gaëlle. J’voulais déjà, tout gamin, vivre un amour comme mes parents. Pas un truc à l’eau d’rose comme on est inondé sur l’marché du ciné ou même d’la littérature, mais un amour réel. Celui qui est parfois compliqué, qui bouscule certains d’vos idéaux, qui remue vos trippes, qui vous donne l’sentiment d’devenir chèvre par moment, mais aussi et surtout celui dont vous vous savez incapable d’vous passer. Celui avec lequel vous voulez affronter les hauts et les bas d’la vie. Celui auprès duquel une longue journée devient plus légère. Plus supportable. Comme l’fait Gaëlle, en m’passant une main dans les cheveux. Un geste tendre, d’une grande banalité, mais qui réconforte après une journée d’boulot, qu’elle ait été facile ou non. Bon, d’accord, j’avoue, c’est surtout efficace parce qu’c’est elle qui l’fait, ça viendrait d’une autre personne, ça n’aurait pas l’moindre effet ! « Tu as raison. Mais il n'empêche que je préfère le troquer contre le tien. » Dans un même registre, une telle réplique n’aurait pas eu l’même effet sur moi si elle avait été prononcée par une autre qu’elle. Mais là, c’est Gaëlle, et elle parle de son empressement à c’que nous partagions l’même patronyme. Et ça m’fait naître un sourire, un peu con et possiblement niais. Et ça m’réchauffe l’cœur et l’esprit. Et ça m’rend très fier, aussi. Et ça m’donne également la chair d’poule. Tout ça, juste parce qu’Gaëlle a hâte d’partager mon nom d’famille. Tout ça juste parce qu’j’en reviens toujours pas d’la chance qu’j’ai d’l’avoir dans ma vie, mais aussi et surtout du fait qu’elle m’veuille à ses côtés, au point d’devenir ma femme. Lorsque j’ai réalisé qu’elle m’attirait un peu trop, j’étais à mille lieux d’imaginer qu’elle pouvait également être attirée par moi, alors j’étais à mille lieux d’envisager qu’on s’apprêterait un jour à s’marier. Lorsqu’on a pris la décision d’sortir ensemble, j’pouvais pas concevoir qu’on arriverait à franchir toutes les épreuves qui nous attendaient (s’faire accepter d’Riley, d’son père, d’ma famille....) pour en arriver à un tel point. Lorsqu’elle a choisit d’mettre un terme à notre histoire, j’craignais qu’le geste inconsidéré d’son père n’finisse par avoir raison d’nous, même si j’l’aimais toujours, à en crever. Lorsque j’l’ai retrouvé à Londres, j’estimais qu’j’avais pas beaucoup d’chances d’la reconquérir et d’la convaincre d’passer outre les blessures d’notre passé. Lorsqu’on s’est finalement remis ensemble, j’avais toujours une boule au ventre, au fond d’moi, celle engendrée par la trouille qu’la vie n’se mette à nouveau en travers d’notre histoire. Lorsque l’envie d’la demander en mariage un jour a pris vie dans mon esprit, j’avais toujours la peur bleue qu’elle m’ne dise non, peu importe pour quelles raisons. Même maintenant, j’crois qu’une partie d’moi, minime, redoute qu’quelque chose n’tourne mal. Cependant, tout c’qu’j’suis en mesure d’imaginer, c’est qu’elle finisse par m’dire non, une fois arrivée à l’autel. Bref, pour en revenir à l’idée d’base qu’j’voulais faire passer : ça m’fait toujours quelque chose lorsqu’Gaëlle parle d’notre mariage, laissant à entendre à quel point cette idée lui plait, et encore plus lorsqu’elle évoque l’fait qu’elle portera mon nom, un jour. Parce que si j’me suis mis en tête tôt qu’elle finirait par devenir une Edgecombe un jour, mais uniquement parce qu’elle deviendrait un jour la femme d’Riley. Et cette simple idée m’retournait l’estomac, à chaque fois. Même lorsqu’on s’est fréquenté, dans notre adolescence, j’avais parfois peur qu’elle n’finisse par retomber dans les bras d’Riley. J’savais qu’elle m’aimait, mais j’avais quand même peur. Peur qu’elle n’finisse par écouter son père, par écouter ses amis, par écouter son entourage. La plupart des gens qu’elle connaissait, après tout, lui conseillait d’me laisser, lui disait à quel point j’n’étais pas fait pour elle, insistait sur l’fait qu’j’lui attirerais sans doute plus d’emmerdes que d’bonnes choses. Faut dire qu’j’leur donnais raison, la plupart du temps. J’annulais certains d’nos rendez-vous, soit parce qu’j’étais collé, soit parce que mes parents m’interdisaient d’sortir (et veillaient à c’que mes frères et sœurs m’empêchent d’faire l’mur). A cause d’mes conneries passées, y’avait même certains endroits où j’pouvais pas aller, des lieux dans lesquels ma présence était indésirable. J’avais donc peur qu’elle n’finisse par en avoir marre d’moi, qu’elle n’finisse par réaliser qu’le meilleur choix à faire était d’me laisser pour Riley. Ouais, à l’époque, j’avais peur d’la perdre, alors qu’ça n’était sensé qu’une amourette d’jeunesse. Qu’ça n’était vu comme tel, par l’ensemble d’notre entourage. Même si, pour moi, ça a rapidement cessé d’n’être que ça. J’savais qu’j’tenais à elle, bien plus qu’j’n’avais jamais tenu à aucune autre personne avant elle. D’temps à autre, cette peur revient, elle m’étreint à nouveau l’cœur et l’âme. Plus rarement qu’lorsqu’j’étais ado, mais elle était quand même là, tapi en moi. A croire qu’mon inconscient était plus réveillé qu’moi, d’ailleurs, cette pensée m’narguerait à l’avenir, comme si mon inconscient voulait m’faire un pied d’nez d’pas avoir voulu l’écouter. Quand cette trouille revient en moi, j’lui envois un sms quand elle n’est pas auprès d’moi. Lorsqu’nous sommes réunis, j’lui lance un regard plus appuyé si elle n’est pas dans mes bras. Lorsqu’elle est blottie contre moi, j’la sers un peu plus fort. Autant d’légères marques d’ma peur qu’elle peut sans nul doute ressentir, même si elle n’sait pas c’qui s’passe, car j’lui ai jamais confié cette crainte. J’refuse qu’elle s’mette en tête qu’j’doute d’elle et d’nous. Non, elle deviendra ma femme, j’en doute pas. « Quoiqu’tu sais, réflexion faite, j’sais pas si tu mérites d’être une Edgecombe un jour ! » Voici c’que j’finis par prétexter, au bout d’un moment, pour détendre un peu l’atmosphère, qui s’est quand même refroidie, au cours des minutes passées. J’ponctue ma phrase par un clin d’œil, afin d’ôter toutes ambigüités : non, j’pense pas un traître mot d’ce qu’j’viens d’dire. Y’a qu’à elle qu’j’veux donner mon nom d’famille pour fonder notre propre tribu par la suite. Et ça, c’est non-négociable pour moi, depuis des années à présent. Même si j’arrive pas entièrement à réaliser qu’ce jour approche d’plus en plus. Et dire qu’ça n’se fera pas, au final. Quel gâchis...

JJ’doute pas non plus du fait qu’elle sache mettre encore plus ma famille à ses pieds qu’ils n’le sont déjà. « Si j'ai ta confiance, j'y arriverai. Aucun Edgecombe ne me résistera. ». J’lui adresse un sourire, éclatant d’la certitude qu’elle y arrivera. Haut-la-main. J’doute pas d’elle. Ni à c’niveau-là, ni sur d’autres plans, d’toute façon. Elle pourrait mettre l’monde entier à ses pieds, si elle l’voulait vraiment. J’en suis sûr ! C’est d’ailleurs pour ça qu’j’fais d’mon mieux pour changer, pour devenir moins pénible. Afin qu’j’puisse contribuer à c’qu’elle réalise ses rêves, à c’qu’elle ait l’monde à ses pieds, comme elle l’mérite. Et merci de n’pas m’dire qu’j’exagère, car quand on aime quelqu’un, aussi profondément qu’j’l’aime, on veut toujours l’meilleur pour l’autre. Sinon, c’est quand même qu’y’a un sérieux problème, d’même qu’si on n’croit pas en lui, on a des questions à s’poser ! « J'y penserai. Mais, tu sais très bien que si elle me fait son petit regard, je finis par plier et lui acheter ce qu'elle veut. Son côté Edgecombe, ça. » En entendant ça, j’fronce l’nez, comme si j’comprenais pas pourquoi elle osait dire une telle chose, qu’j’voyais pas à quoi elle faisait référence ! « Ah ouais, comme ça, t’cèdes facilement aux regards suppliants des Edgecombe ? Hum... C’est bon à savoir ça ! » Bon, OK, j’le sais depuis un moment. J’en ai déjà usé, mais pas abusé non plus. Disons qu’j’ai mis ce regard à contribution, à quelques reprises, avec modération, par contre. « Puis.. Je suis bien obligée de l'accompagner dans sa gourmandise. » J’rigole en entendant cette excuse bidon. Ma fiancée est gourmande, c’est un fait avéré depuis bien longtemps maintenant. Faut vivre avec. Perso, j’m’en fous. Elle est grande, elle fait et mange c’qu’elle veut. Oui, en contrepartie d’sa gourmandise, elle n’a pas une silhouette d’mannequin, mais j’l’aime comme ça, avec ses quelques courbes généreuses. Les squelettes vivants, c’est pas mon délire. Puis bon, elle n’passe pas non plus des heures et des heures à s’empiffrer d’cochonneries à la chaîne, non plus. Car p’têtre qu’dans un tel cas, j’commencerai à râler. Plus parce qu’j’aurai peur pour sa santé qu’pour autre chose. Puis bon, tant qu’sa gourmandise préférée, ça reste moi, ça m’va. Tant qu’elle s’éclate, comme elle l’a fait quelques secondes plus tôt, à m’menacer d’me transformer en esclave, perspective qui m’fait pas peur. Car j’sais qu’elle plaisante. Ou alors qu’ça n’se fera qu’sous forme d’jeux. Elle n’a rien d’un tyran en jupe, et c’est encore heureux pour moi, car, honnêtement, j’pense pas qu’j’accepterai qu’ça s’éternise, des jours, des semaines, des mois et des années. « Tu accepterais sans même te défendre ? » J’lâche un nouveau rire, et j’finis alors par dire : « Tout dépend des circonstances dans lesquelles tu fais d’moi ton esclave ! » Bah ouais, quand même ! Faut pas non plus abuser ! J’sais qu’elle n’voudra d’toute façon jamais faire d’moi son esclave permanent. Qu’elle n’s’amusera pas à m’demander d’être l’seul à m’occuper du ménage, d’gérer nos dépenses et l’ensemble d’nos vies, bref, qu’elle n’fera jamais d’moi un esclave des temps modernes. D’une part, parce qu’ça serait aller à l’encontre d’tout c’qu’elle croit concernant la manière avec laquelle il faut traiter un autre humain, et d’autre part, parce qu’ça serait trop brider l’être qu’j’suis. Qu’ça m’changerait trop, et qu’ça reviendrait à c’qu’elle me demande de changer, d’être différent d’celui qui lui plaît. « Heureusement que la place de future épouse de ce cher Raphaël Edgecombe est déjà prise. T'aurais vraiment pu tomber sur une folle furieuse ! » Ah, ça, c’est bien vrai. J’aurai vraiment pu tomber sur une nana qui s’mettait en tête, à un moment donné, d’essayer d’me changer. D’ailleurs, dans les autres aventures qu’j’ai eues, avant et après mon histoire avec Gaëlle, dans notre adolescence, c’est arrivé. J’préfère vous dire qu’ces relations n’ont pas fait long feu, qu’elles ont été plus courtes qu’les autres, qu’celles avec des crétines qui n’s’étaient pourtant pas mis en tête d’me changer, mais qu’j’n’avais pourtant pas réussis à aimer, parce qu’mon cœur battait encore à l’unisson d’celui d’Gaëlle. « Partant du postulat qu’la future Mme Raphaël Edgecombe veut partir à l’abordage d’son atelier et en faire son esclave chez eux, j’suis pas sûr qu’il va la garder bien longtemps, t’sais ! » J’tente d’afficher un air sérieux, mais un sourire n’tarde pas à apparaître sur mes lèvres, c’est plus fort qu’moi. A croire qu’j’ai dépassé l’quota d’conneries qu’j’suis capable d’enchaîner, en quelques minutes seulement, sans m’trahir. Surtout quand on voit les conneries qu’j’déclare. Ironiquement, ces vannes m’paraîtraient extrêmement puériles, dans les mois à venir, lorsque j’m’échinerai à obtenir sa haine. Dire qu’elle n’se souviendra pas d’tels moments, ni des sourires qu’j’pouvais alors lancer, en disant d’telles âneries. Comme tout aurait été plus facile pour nous si elle avait au moins eu quelques bribes d’souvenirs. Rien d’très précis, mais des échos d’notre passé, des instants partagés, d’complicité indéniable. Il aurait suffit d’juste ça, juste d’quelques souvenirs pour qu’elle comprenne, qu’elle réalise qu’j’lui servais un numéro d’menteur d’1ère ordre. Mais on n’refait pas l’cours d’la vie, même si les événements n’se sont pas encore produits. « Ah, vraiment ? Tu es sûr de l'être ? T'as des failles pourtant. Je les connais plus que bien. Méfie-toi.. » J’men contente d’faire à nouveau rouler mes yeux dans leurs orbites, montrant bien l’fait qu’j’sais parfaitement qu’elle rigole. Certes, elle connait mes faiblesses. Elle m’connait par cœur, d’toute façon. C’qui rendra son amnésie d’autant plus douloureux, du coup. Voir la personne qui vous connait presque aussi bien qu’vous-même s’souvenir à peine d’vous, c’est abominable. Certes, elle s’souviendra d’moi. Mais uniquement d’l’ado qu’j’étais, pas d’l’homme qu’j’suis devenu. Tout l’reste n’sera qu’incertitude brumeuse pour elle... « Ah ouais, t’veux jouer à ça ? J’te signale qu’j’connais aussi tes failles hein, ma p’tite madame ! Alors j’peux aussi t’soudoyer, si j’veux ! » Comme si on avait véritablement besoin d’utiliser d’nos connaissances réciproque l’un sur l’autre pour obtenir d’l’autre tout c’qu’on veut ! Etant donné qu’la plupart du temps, on veut la même chose, à savoir, être ensemble, ça n’nous est pas vraiment utile d’faire ça ! Mais bon, dans les faits, j’sais pas du tout qui craquerait l’1er, si on s’lançait vraiment dans un jeu visant à tester notre capacité à résister à l’autre... Et p’têtre bien qu’en fait, j’sais qui craquera : moi. Juste parce qu’j’aime bien voir la fierté s’peindre sur ses traits, lorsqu’elle m’fait céder. Et qu’toute façon, j’sais qu’ma résistance est plus qu’nulle, quand il s’agit d’lutter contre Gaëlle...

Durant quelques minutes, on s’tait. Enfin, j’suis l’seul à parler, étant donné qu’j’ai la charge d’appeler l’restau pour passer la commande. Mais dès qu’l’appel est terminé, l’jeu reprend. Quand j’vous dis qu’on a du mal à rester loin d’l’autre, c’est pas pour rire, on a même du mal à s’ignorer, en fait. Bon, j’vous rassure, on sait aussi s’taire hein, j’en ai déjà parlé d’nos silences empreints d’complicité. Pour l’heure, on parle donc d’une éventuelle expo qu’j’pourrai faire, mêlant d’véritables fleurs et des fleurs sculptées par mes soins. « Pourquoi j'ai l'impression que je tomberai dans le piège facilement ? » J’feins d’pas du tout voir où elle veut en venir, mais j’résiste pas bien longtemps à l’envie d’la vanner encore un peu, étant donné qu’elle m’a lancé la perche. J’prends alors un air d’gamin en disant : « P’têtre parce qu’t’es blonde. Ou parce qu’t’es folle d’moi. Ou c’est un mélange des deux ! », qu’j’termine par un p’tit rire amusé. P’têtre qu’j’ferai vraiment un tel boulot, un jour. Après tout, quel meilleur moyen d’montrer mon talent qu’m’amuser à pousser les gens à hésiter entre l’Art et la réalité ? Pas sûr qu’j’y arrive, mais ça m’fera un excellent prochain défi à relever, une fois l’agitation d’mon expo actuelle à préparer passée ! Ca s’fera sans doute pas sur les fleurs, par contre, mais j’verrais bien ! J’ai l’temps ! Pour l’instant, j’parle d’filer un coup d’main à la tante d’ma kiné préférée. « Faudra que t'ailles courir plus longtemps pour éliminer tous ces gâteaux que t'auras avalé alors. » J’lui adresse un sourire amusé. Comme si ça pouvait vraiment m’gêner d’courir plus qu’à mon habitude. Si j’avais l’temps, j’sais qu’j’courrais encore plus qu’j’ne l’fais déjà ! J’pourrai passer ma vie à n’faire qu’du sport, à sculpter, et à n’être qu’avec Gaëlle. Ouais, dans mon monde rêvé, j’m’emmerderai même pas à chercher des gens pour acheter mes œuvres, pas plus qu’j’passerai du temps à prospecter un peu partout pour m’faire connaître ! « Tu viendras avec moi, comme ça, on pourra partager une douche bien méritée après notre course ! » J’souris, amusé. J’perds vraiment pas l’Nord, j’vous l’ai déjà dis !Mais mon sourire s’évanouit bien vite lorsqu’j’ressens l’malaise d’ma fiancée, allongée sur notre canapé, sa tête sur mes cuisses, m’tenant une main dans la sienne. J’lui demande c’qui s’passe, et la seule réponse qu’j’ai, c’est « Rien de grave. », qui n’est guère convaincant. Cependant, j’cherche pas à avoir plus d’infos, si elle n’veut pas parler, j’la brusque pas. L’important étant qu’elle sait qu’j’suis là, si jamais elle en a besoin. D’bon cœur, j’la laisse même lancer la conversation sur un autre sujet, à savoir : depuis quand j’suis rentré. « J'suis pas trop en retard alors. » J’me contente d’hocher la tête positivement, retenant quand même d’préciser qu’j’avais hâte d’la revoir. Parce qu’j’veux pas tomber dans l’mièvre, même si c’est vrai : j’étais impatient d’la retrouver. C’est bien souvent l’cas, d’ailleurs. Les seules fois où ça n’l’est pas, c’est lorsqu’on s’est disputé, et qu’on n’a pas encore réussit à s’réconcilier. En dehors de ça, j’dois avouer qu’j’arrive à m’concentrer sur mon boulot quand j’suis dans mon atelier, et donc, à n’pas trop penser à Gaëlle, même si elle est toujours là, dans mes pensées, les occupants en filagramme, m’guidant dans mon Art. Non, j’ai pas honte d’assumer qu’elle est ma muse. « T'aurais pu laisser tomber pour aujourd'hui. J'y serai allée demain, pendant ma pause. » J’hausse les épaules. Certes, les courses, c’est pas ma thé de tasse, surtout pas dans les heures de pointes, mais bon, j’m’y colle. « J’avais dis que j’les ferai ! » J’ajoute pas l’fait qu’les courses, c’est l’une des tâches qu’j’accepte d’faire sans râler, du moins, j’râle moins qu’lorsqu’il s’avère qu’j’dois faire à manger, ou l’ménage. La bouffe, moins j’la fais, mieux j’me porte. Et l’ménage, si c’est l’grand ménage, j’veux dire, c’est... Très peu pour moi. Sérieux, si ça n’tenait qu’à moi, j’me contenterai d’passer l’aspirateur d’temps à autre, et basta ! M’enfin, ma plus grosse angoisse, c’est quand j’dois ranger la maison. Bon, j’traîne moins des pieds lorsqu’Gaëlle est malade et qu’il faut qu’j’prenne le relais pour tout ça, mais sinon, j’évite, j’préfère m’occuper des p’tites tâches ménagères. J’préfère même repasser, c’est pour dire ! Ouais, j’suis pas un mec parfait, j’assume, mais j’tente d’y remédier, j’suis pas dans l’cliché disant qu’la femme doit s’occuper seule du ménage ! « Et ta pause, tu dois l’occuper à essayer de t’détendre un peu ! », voici c’que j’ajoute alors. Ouais, j’sais qu’Gaëlle bosse beaucoup, qu’elle n’a pas trop l’choix en ce moment. Qu’j’aimerai gagner plus, pour être en mesure d’lui éviter d’se tuer autant au boulot. Même si j’trime pas non plus d’mon côté, mais j’gagnerai jamais autant qu’elle. Ca m’fait rien qu’elle gagne plus qu’moi, j’m’en fous. Juste : j’aimerai contribuer plus que cela à subvenir à nos besoins, pour qu’elle puisse s’détendre, d’temps à autre. Pour qu’on puisse s’offrir la table basse sur laquelle elle a craquée, la dernière fois qu’on a été faire les boutiques ensemble. Pour qu’elle n’hésite pas avant d’s’offrir une soirée avec ses potes. « Comme ça, je pourrai t'embêter encore plus après avoir massé les p'tits vieux. » J’fais claquer ma langue dans ma bouche, dans un signe de dénégation. « Que dalle ouais ! Faut qu’t’ailles prendre soin d’toi aussi, un peu ! », dis-je, mi-sérieux, mi-rieur. J’aimerai qu’elle comprenne qu’il faut qu’elle lève un peu l’pied sur l’boulot, mais j’sais pas trop comment faire. J’veux pas non plus qu’elle pense, faussement, qu’j’en ai marre d’être avec elle durant nos temps libres. Parfois, j’me risque à la masser, pour la détendre, mais il va sans dire qu’j’suis moins doué qu’elle à c’niveau-là, même si j’fais d’mon mieux.

J’lance finalement l’idée d’retourner à la patinoire. Rien qu’tous les deux, par contre, cette fois-là. « Oh oui ! C'est une bonne idée, ça ! » Voir son empressement à accepter ma proposition m’fait plaisir. Une telle sortie devrait nous faire du bien, à l’un comme à l’autre. Après tout, on n’a plus trop l’temps d’sortir en ce moment, à cause d’notre boulot, mais j’espère bien qu’ça n’durera pas. D’ailleurs, j’ai déjà une petite idée, pour célébrer la fin d’mon expo, une fois celle-ci passée, bien entendu. J’vais pas tarder à commencer les démarches nécessaires, mais j’projette d’nous payer un p’tit week-end, en amoureux, en France. Cliché ? Un peu, ouais. Mais bon, l’Angleterre, j’vous l’rappelle, est voisin à c’pays, alors ça aide à pouvoir y aller assez facilement, et sans s’ruiner pour autant. Par contre, j’veux pas aller à Paris, non, ça, c’est trop cliché ! J’ai quelques idées d’endroits sympas à voir, faut qu’j’fasse encore l’tri. J’ai d’ailleurs demandé d’l’aide à Sarah à c’niveau-là. Parce qu’elle est la plus à même d’me dire si mes idées sont bonnes ou pas, et peuvent plaire à Gaëlle ou pas. J’connais ma future épouse, certes, mais y’a quand même des choses qui m’plaisent à moi, et qui lui déplaisent à elle. Et réciproquement. Mais, pour l’instant, on n’parle pas d’ça, d’toute façon, Gaëlle n’sera mise au courant qu’à la dernière minute, qu’lorsqu’j’lui demanderai d’préparer ses valises pour un week-end en tête-à-tête. Pour l’moment, on parle d’patinoire. Et j’la taquine, mettant en avant l’fait qu’sa maladresse soit presque un danger pour elle ! « Pas besoin, je maitrise maintenant. Les prochains Jeux Olympiques sont pour moi, tu verras ! Et puis même, si je tombe de nouveau, c'est que tu te seras éloigné de moi. » J’secoue la tête en l’entendant parler des J.O. Etonnamment, j’peux pas m’empêcher d’me dire qu’il soit encore heureux qu’elle soit maladroite, et qu’elle ne soit donc pas destinée à une carrière d’sportive pro. Ca m’aurait été alors difficile d’la voir partir au loin, pour d’longues périodes. Bon, j’m’y serai fait, à la longue, si tel avait été son rêve, même si la distance et l’éloignement auraient été une véritable torture ! « J’attends avec hâte les nouveaux J.O, alors ! Et j’pense qu’tu tomberas pas, t’sais ! » Si y’a bien des moments où j’colle vraiment Gaëlle, c’est lorsqu’on s’retrouve sur une patinoire, ou à faire du sport, et qu’donc, elle risque d’se vautrer en 3 secondes. J’aime bien sa maladresse, mais nettement moins lorsqu’elle risque d’finir à l’hosto à cause d’celle-ci. Parfois, j’me dis qu’elle a été aussi souvent qu’moi à l’hosto (enfin, en retirant les séjours à cause d’ma maladie, j’tiens juste compte des passages effectués à cause d’mes diverses conneries !). J’exagère, j’sais. Mais j’suis sûr qu’si j’étais pas là pour prendre soin d’elle, elle aurait presque pu demander une carte de fidélité à l’hosto... L’moment d’douce raillerie n’dure cependant pas bien longtemps, car l’livreur arrive enfin. Gaëlle s’lève alors, et m’embrasse sur la joue, tout en disant : « Bouge pas, j'y vais. ». En somme, elle m’coupe l’herbe sous l’pied, même si ça m’aurait bien embêté d’la virer d’sa position d’larve qu’elle occupait sur moi jusqu’alors, tant on était bien ainsi. J’lui adresse un sourire, d’remerciements, et j’m’installe en tailleur, attendant qu’Gaëlle revienne avec notre repas. En l’attendant, j’lis l’journal qu’j’ai acheté en faisant les courses, et qu’j’ai déposé sur la table basse, afin qu’on puisse le retrouver plus aisément. Comme d’hab’, y’a pas grand-chose qui m’intéresse. « Le repas de Monsieur est servi » Ca, c’est nettement plus intéressant. Et ça m’fait rapidement délaisser l’journal. « Cool, j’commençais à avoir faim ! », dis-je, avec un petit sourire en coin, sachant qu’j’lui donnais là l’occasion d’me lancer un savon sur l’fait qu’j’mangeais pas assez quand j’bossais. En somme, une conversation qu’on a déjà eu plein d’fois. Mais c’est la vérité, j’en ai conscience, et j’assume. « Merci ! », dis-je, alors qu’elle m’tend mon repas. Comme à mon habitude, j’regarde la tronche d’mon sauté d’porc à l’indienne, parce qu’j’suis du genre à récolter les plats froids, ou alors à être victime d’bourdes à la con, en général. J’sais qu’notre livreur fait gaffe à ça, depuis le temps, du coup, j’avoue qu’vérifie surtout si c’est chaud. Car j’ai la flemme d’aller faire un tour au micro-ondes ! « En parlant de Papy Raphy.. Il faudra que je te trouve une belle bavette à ta taille pour que tu puisses continuer à manger proprement alors que tu perdras ton dentier. » Voici ce que m’lance ma fiancée, une fois qu’j’suis rassuré sur la température d’mon plat. J’ricanne, avant d’dire : « Et après, on dit d’moi qui nous dépeint un futur sexy, mais t’es encore plus poète qu’moi dans l’âme, t’sais ! Prépare-toi à enfiler des culottes d’grand-mère et à avoir un sonotone pour profiter d’mes brillantes conneries ! » Bon, OK, on est tous les deux peu doués pour parler d’notre vie à venir d’manière glamour, mais, au moins, on est réalistes ! J’ne tarde pas à lui renvoyer son bon ap’, pour commencer par à boire un coup, car ça faisait déjà quelques minutes que je commençais à avoir soif, mais aussi la flemme de me lever, et d’déranger Gaëlle, mais aussi d’flinguer l’instant d’calme qu’on partageait alors. « Tu veux regarder quelque chose ? », me demande alors Gaëlle. J’délaisse ma boisson pour réfléchir deux secondes. J’ai vu l’programme d’la soirée sur l’journal, qu’j’ai feuilleté un peu plus tôt, aussi, j’sais qu’il y a : « Retour vers le futur 1 ! ». Ironique, lorsqu’on sait qu’j’ai fais une allusion, y’a d’longues minutes d’ça, à la voiture phare du film. Film qu’j’aime bien, d’ailleurs, et qui fait parti d’mes films cultes. J’allume alors la télé, qu’j’mets à un volume sonore décent, histoire qu’on puisse au moins parler. Car, d’toute façon, c’film, on l’connait, l’un comme l’autre. Puis bon, c’est quand même con d’pas parler quand on est réunit autour d’un bon repas ! L’film n’a d’ailleurs pas encore commencé, on s’coltine alors quelques pubs avant. Pendant quelques secondes, j’me contente de déguster mon plat (qui, d’vous à moi, est un poil trop froid. Mais j’suis un chieur à c’niveau-là, alors j’dis rien. Pis j’ai faim, surtout !), sans rien dire.

J’esquisse un léger sourire lorsqu’le film commence enfin. J’dois avouer qu’j’ai pas choisis d’le voir sans raison. Non pas qu’j’aime pas regarder des films, d’temps à autre, avec Gaëlle, mais on n’passe pas non plus notre temps les yeux rivés sur l’écran. Loin d’là ! Si j’ai répondu aussi spontanément à sa question en proposant c’film, c’est pour nous permettre d’nous replonger dans notre passé. C’film, on l’a vu ensemble, lorsqu’on était ado, qu’on commençait à sortir ensemble depuis quelques semaines. On était chez elle, dans sa chambre, alors qu’son père était au boulot. Après un long débat pour savoir c’qu’on allait voir, alors qu’elle était dans mes bras, et qu’on venait à peine d’lancer l’film, j’sais pas vraiment pourquoi, mais j’lui ai dis qu’j’l’aimais. Enfin, si, j’sais pourquoi, c’est qu’j’voulais le lui dire depuis un moment, mais j’aurai préféré l’dire à un autre moment d’la journée, en fait. Car c’était la 1ère fois qu’j’lui avais dit. Bon, au moins, j’avais bien choisis mon jour, c’était pour notre 1ère St Valentin ensemble. Mais à la base, j’avais prévu d’lui dire en fin d’journée, juste avant d’la laisser. Comme quoi, même quand j’prévois des choses, et qu’rien n’les fait capoter, c’est moi qui n’suit pas mon plan. C’était d’ailleurs la 1ère fois qu’j’disais ces mots en les ressentant, vraiment. C’est sans doute pour ça qu’j’me souviens aussi bien d’cette journée, d’ce moment précis. J’me revois même lui murmurer au creux d’l’oreille, ces mots qui m’avaient échappés comme si c’était la seule certitude qu’j’avais alors au monde. Et qu’j’ai toujours, d’ailleurs. C’est pour ça qu’ce film a une saveur particulière pour moi. J’réalise qu’j’ai tellement été plongé dans mes souvenirs qu’j’en ai délaissé mon repas, que quelques secondes plus tard, une fois l’générique de début entièrement passé. « C’film m’rappelle d’bons souvenirs ! », finis-je par lancer à Gaëlle, un p’tit sourire dans la voix, avant d’me remettre à manger. Quoi ? Vous êtes déçus ? Vous auriez voulus qu’j’profite de l’occasion pour dire à Gaëlle qu’j’l’aimais ? Mais, suivez un peu, les gars, j’l’ai pas dis, mais c’est tout comme (puis bon, j’vais pas lui dire ça alors qu’on mange, quand même, j’ai un peu plus d’classe que ça !). Vous suivez rien, vous, avec c’que j’viens d’dire, j’ai clairement fait allusion à cette St Valentin, et, du coup, à ma déclaration, maladroite, faite c’jour-là !Cela dit, si vous les entendez pas flotter dans l’air, ces mots-là, j’peux plus rien pour vous. L’ironie, quand même, veut qu’j’lui ai fait part d’mes sentiments, pour la 1ère fois, pour la fête des amoureux, et qu’pour cette même fête, j’m’arrangerais pour mettre un terme à notre histoire. Enfin, on n’en est pas encore là, pour l’instant, on en est l’soir où j’vais apprendre qu’j’serai bientôt père. C’qui n’sera malheureusement jamais l’cas. Suivez un peu, bordel !


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyVen 20 Nov 2015 - 20:51
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Certains me prendront sans doute pour une folle, mais je m'en contrefous royalement. Si je devais crier sur le toit de notre maison que j'apprécie tout de notre histoire -oui tout, même les disputes-, et bien, je le ferai. Simplement parce que nous avons cette chance de nous être trouvé si rapidement et de pouvoir vivre cette vie que beaucoup nous envient. Et pourtant, ayant grandie dans une famille un peu trop portée sur la religion, je peux vous assurer que pour moi, faire le voeu de vouloir vivre sa vie avec quelqu'un, ce n'est pas un engagement pris à la légère. C'est raisonné. Et sincèrement, aucun n'a su le remplacer dans mon coeur lorsque nous avons été contraints de nous séparer suite à la connerie monumentale de mon cher père. Et puis même. Ce geste fou que j'ai eu dans cette chambre d'hopital alors que Raphaël se battait contre la maladie, alors que nous venions à peine de mettre un terme à notre histoire, Riley et moi.. C'était certainement la meilleure chose que j'ai pu faire jusqu'à présent. Je vous vois venir. Non, je n'ai jamais joué de double-jeu avec Riley, ni avec n'importe quel autre homme. Je l'ai aimé. Il était mon premier amour, celui qui m'a fait découvrir de nombreuses choses et que mon coeur gardera toujours en mémoire tant nos moments ensemble avaient été merveilleux. Il était le premier à avoir gravé son nom en moi, le deuxième et dernier étant Raphaël. Les quelques uns qui ont essayé de combler ma maigre période de célibat n'ayant jamais réussi à s'y forger une place. Ils étaient les deux seuls, réellement. Et par chance -ou malchance-, tous deux ont le même nom. Edgecombe. Ce nom résonne dans ma tête, dans mon coeur. A croire que toute ma vie tourne autour de cette famille. Et je leur en ai fait du mal pourtant. A Riley, lorsqu'il a su que je trouvais le réconfort dans les bras de son frère. Mais aussi à toute cette famille, victime de la folie meurtrière de mon père. A Raphaël du coup aussi, inévitablement. J'ai décidé de prendre toutes ces fautes pour moi, de m'éloigner d'eux pour ne plus les faire souffrir davantage. Mais, c'était sans compter sur cet aimant me ramenant toujours dans la course, me plaçant toujours près d'un Edgecombe. Et pas n'importe lequel. Celui auquel je tiens le plus, forcément. Celui que je veux pour moi et moi seule dans un élan d'égoïsme qui ne me ressemble pourtant pas. Celui qui m'a défendu contre mon père. Celui qui a osé s'interposer malgré la dangerosité de la situation. Celui qui me prouve, au quotidien, que j'ai cette place privilégiée à ses côtés. Celui qui veut me protéger, m'aimer, même si c'est à la Raphaël, un mode un peu plus compliqué à comprendre au début que celui d'un conte de fée, mais tellement plus sincère et plus juste. Plus vivant. Plus nous en fait. Et cette nouvelle inattendue à venir nous prouve bien, qu'une fois de plus, nous ne faisons décidément rien comme tout le monde. Mais avec lui, j'ai toujours caressé l'espoir de réussir à braver tous ces obstacles balancés par la vie, par ce Tout-Puissant nous imposant bien trop de choses pour nous empêcher de crier au complot.

Sincèrement, si un jour nous ne nous taquinons pas de la sorte, et bien, vous êtes en droit de vous poser quelques questions. C'est à peine exagéré. Et oui, lorsque l'un de nous est malade, il nous arrive de laisser ces chamailleries de côté pour prendre soin de l'autre. Une petite pique n'est jamais exclue, mais quand même. Nous savons très bien quand arrêter ce petit jeu que nous apprécions pourtant tellement. Et puis, il y a les personnes avec un certain sens de l'équilibre quasi-inné et d'autres qui, comme moi, ne loupent jamais une occasion pour embrasser le sol. J'ai toujours été un peu gauche, maladroite et tête en l'air, si bien que j'ai vite pris l'habitude d'en rire. Et ça, additionné à ma blondeur naturelle.. Autant dire que je suis une cible privilégiée pour toutes blagues plus ou moins sympa, de la part de proches comme de parfaits inconnus dans la rue. Bon, pour ces derniers, j'ai beau être sympa, je n'hésite tout de même pas à leur rentrer dedans, plus ou moins gentillement. Comme quoi, ça aide d'avoir un Raphaël à supporter au quotidien ! C'est évident que ce genre de réaction, je ne les aurais sans doute pas eues s'il n'avait pas mis son empreinte sur moi. Et rien que pour ça, je l'en remercie. Il m'insuffle cette petite once de caractère qui me faisait défaut, ou qui, plutôt, était bien cachée. Du coup, je ne me suis pas gênée pour mettre ma maladresse au service de ma blondeur ou inversement en fait, en faisant allusion à l'intelligence de mes pieds. Et comme je m'y attends, mon cher fiancé n'hésite pas à en mettre sa petite touche personnelle, tentant même de me rassurer sur le côté attirant de mes pieds. Tiens donc, si j'avais su qu'il est un fétichiste des pieds.. Je secoue la tête de gauche à droite, un grand sourire amusé étirant mes lèvres. Et lorsqu'il m'avoue que c'est grâce à mes pieds que, soit disant, il a craqué pour moi, un vrai petit rire très franc m'échappe. Après tout, même s'il me charrie, je sais pertinemment ce qu'il pense vraiment de moi, et je m'amuse de l'entendre détourner la vérité de cette façon. Encore une chose que j'apprécie chez lui, alors que d'autres, à ma place, verraient là une raison pour faire la gueule ou lui renvoyer l'ascenseur. Non, vraiment, moi j'aime bien. Puis faut dire que je ne le ménage pas toujours non plus, n'hésitant jamais très longtemps à poser mes cartes. Il semblerait qu'il apprécie aussi ces jeux-là.

Une pirate sexy. Il m'a encore lancé une sacrée idée, là ! Je n'ose même pas imaginer la tête qu'il pourrait faire en me voyant débarquer dans son atelier vêtue de la sorte ! Plutôt efficace pour oser le détourner de son travail. Mais, bien entendu, je ne suis pas l'une de ces pouffiasses écervelées qui sauteraient sur l'occasion pour venir l'embêter de jour en jour, non. Son travail lui est important, et l'est donc devenu pour moi aussi tant je rêve de le voir encore plus heureux qu'il ne l'est pour le moment. Et j'ai fait le choix de vivre avec un artiste et ça, c'est juste que du bonheur. Aucun regret, même si je sais qu'il sera moins présent ces prochaines semaines. C'est tout à fait normal, son exposition ne va pas se préparer toute seule ! Mais je sais aussi que quoi qu'il va se passer, il s'efforcera toujours de trouver un peu de temps pour moi. Et rien que pour ça, je ne me permettrai jamais de le mettre en retard volontairement en m'amusant de mes courbes à répétition. Non pas que l'idée ne me déplaise, mais je ne veux pas être un frein dans ses projets. A la rigueur, je pourrai marquer le coup, un de ces jours, en venant lui rendre une petite visite durant ma pause de midi. Non seulement pour le voir, mais plutôt pour voir ce que sa folie créatrice est entrain de réaliser. J'en profiterai d'ailleurs, pour lui apporter un bon repas conséquent tout en veillant à ce qu'il l'engloutisse avant de se remettre au travail. Ca, c'est possible. C'est même déjà arrivé tant je connais sa manie consistant à faire l'impasse sur les petites pauses et son repas. Mais de là à vouloir le ligoter et le baillonner.. Ce serait une première. A garder en tête, ne sait-on jamais. Ca peut toujours servir ! Surtout confrontée à un : « J’crois qu’j’pourrai survivre ouais ! » qui m'arrache un nouveau sourire. J'aurai tendance à lui dire qu'il ne sait pas encore à quelle pirate il se frotte, mais .. Il doit bien s'en douter après tout. Le simple fait de décrire une pirate comme étant sexy laisse plusieurs éléments au placard. Exit les fausses dents horribles, déjà. Puis cette odeur d'alcool à des kilomètres à la ronde ! Cette senteur-là, en plus, me donne la nausée. Allez savoir pourquoi.. Le regard qu'il a me fait pouffer de rire tellement il sous-estime la menace que je pourrais être capable d'être -une menace toute mignonne, mais menace tout de même !-. Il a raison de penser que je vais être une pirate déterminée et sans pitié.. Tout en veillant à ne rien casser par contre, ça c'est déjà plus délicat. « J’te ferai mon regard d’gamin, t’seras tout de suite plus clémente à mon égard ! » J'arque un sourcil histoire de me donner un peu de sérieux. Il sait très bien que je n'arrive pas à résister à ce regard-là qu'il s'amuse parfois à me lancer juste pour me déstabiliser. Et j'aime ça. J'aime voir sa petite bouille de gamin ressortir même s'il n'en abuse pas. C'est justement parce qu'il la rend plutôt rare qu'elle me fait toujours autant craquer. Raphaël est un professionnel pour ça. Il sait donner de l'importance et de la valeur à chaque geste ou mot qu'il donne tant il ne les utilise pas dans tous les sens, les réservant toujours pour de bonnes occasions. Ce qui le rend encore plus sincère. Je plisse sensiblement mes yeux, voulant me donner un air loin d'être convaincu, je reste pourtant silencieuse. Mes dents se referment une fois de plus sur ma lèvre tant je ne crois même pas moi-même à ce que je viens de lui répondre du regard. Bien entendu qu'avec ce mimique de p'tit Edgecombe si innocent que j'imagine déjà, je ne vais pas résister. Il le sait. Et j'imagine déjà ce mini-Edgecombe avoir les mêmes traits que son père. Et j'en souris, restant sagement et confortablement installée sur mon fiancé. Je lui avoue alors que je préfère son nom à n'importe quel autre. Juste parce que c'est le sien, que j'aurai cette impression de lui appartenir si seulement je peux le partager avec lui. J'entends alors son « Quoiqu’tu sais, réflexion faite, j’sais pas si tu mérites d’être une Edgecombe un jour ! » qui, je l'avoue, me fait un peu tiquer sur le coup, mais j'ai affaire à Raphaël après tout, l'homme qu'il faut décoder en permanence. Et ce nouveau clin d'oeil est bien là pour l'illustrer. Je fais genre de porter mon attention vers le bas de mon chemisier que je remets un peu en place, non sans frôler ma peau cachant ce lourd secret. Mes lèvres se tirent en un sourire, alors que je lui glisse d'une voix toute douce, prouvant que ce n'est pas à prendre au sérieux. « Ah ? J'dois pas être assez chiante pour faire partie de ce clan.. » Et comme je suis parfois douée pour jouer à Calimero, j'ajoute même, fermant mes yeux, mettant ma tête droite sur ses cuisses. « C'est dommage.. Je vais devoir me contenter de ce fichu Gates, personne d'autre ne veut de moi. » Seuls mes yeux, ouverts à nouveau, se tournent vers celui ayant capturé mon coeur, illuminés d'une douce malice. C'est pourtant une chose impensable tellement j'exècre ce nom, celui de mon géniteur. Et puis, entre Riley et Raphaël, c'est à croire que je suis destinée à porter ce nom et aucun autre, même si je reconnais que ce n'était pas malin de ma part. Mais, il est bien dit que les élans du coeur sont incontrolables, pas vrai ?

C'est dingue à dire, c'est fou à penser.. Mais, je dois avouer que ses sourires, cette façon qu'il a de me dévorer du regard comme ça, pour me prouver qu'il ne doute pas de mes qualités -qui m'étonnent même, par moment-, ça me rassure. Je peux me fier à son regard, il n'est pas là pour me juger. Le fait même qu'il ne doute pas de moi, alors même que je lance ce pari fou de plaire à tous les Edgecombe presque en déconnant, ça me fait du bien. J'ai peut-être trop tendance à me reposer sur ses épaules, mais je sais que près de lui, je suis juste intouchable. Il ne fait certes pas l'unanimité auprès des gens. Mais qu'importe. Moi non plus, après tout. Et je me fiche bien de l'avis des autres sur notre couple, tellement j'ai la certitude qu'il résiste à n'importe quoi -sauf à mon amnésie prochaine-. Il n'y a qu'à voir ce par quoi nous sommes passés, nous sommes toujours plus forts. Même lorsque nous nous sommes séparés -enfin, que je sois partie pour être plus précise..-, nos retrouvailles étaient encore plus fortes, même si ça a mis un petit temps à se faire. J'ai cette chance, en plus, de le connaitre depuis si longtemps.. Malgré nos âges respectifs, nous avons vécu suffisamment de choses ensemble pour dire que nous sommes liés. Et si, avec toutes ces années, nous sommes toujours ensemble, cela prouve à qui veut l'entendre que l'ennui, la banalité ne font pas partie de notre vocabulaire. Et même si c'était le cas, c'est sans soucis. C'est accepté depuis un moment. Mon regard se fait si pétillant en voyant sa tête lorsque je lui dis que sa petite nièce est bien une Edgecombe et qu'ils sont tous comme ça. « Ah ouais, comme ça, t’cèdes facilement aux regards suppliants des Edgecombe ? Hum... C’est bon à savoir ça ! » Je pousse alors un petit soupire, toujours amusée par ce jeu. Je lui lance un petit regard l'air de dire Ouais, je cède facilement. Mais, attention ! Une mise en garde qui n'en est pas vraiment une, plus besoin de le préciser. Et ce rire qu'il ne retient pas lorsque j'avoue à demi-mot être victime de gourmandise.. Je fais mine de détourner le regard pour ne pas rejoindre son rire. Bien entendu, c'était pas vraiment recevable comme excuse, et sa réaction n'est que trop normal. Faut dire aussi que je lui ai lancé un bâton, là, qu'il s'est empressé de choper à deux mains. Je me racle un peu la gorge, faisant genre d'être vexée de ce rire, et même si je ne suis pas un sac d'os ambulant, je fais tout de même attention à ce que ma gourmandise ne me cause pas plus de tort que cela. Heureusement, je n'ai pas de conséquence au niveau santé, je me porte très bien. Puis je marche très souvent à défaut d'être une vraie sportive dans l'âme comme l'est Raphaël. Lorsque je lui parle de défense, j'entends à nouveau son rire qui me fait sourire tellement j'aime ce son-là. « Tout dépend des circonstances dans lesquelles tu fais d’moi ton esclave ! » Voilà ce qu'il me répond. Je sais négocier, fort heureusement. Et je connais très bien quelles sont ses possibles attentes et surtout, les choses qu'il ne supporte pas. Evidemment, il ne sera pas un esclave battu, mené à la baguette pour tout et n'importe quoi, et encore moins pour mon seul plaisir. Puis même, esclave n'est pas un mot avec lequel je qualifierais mon fiancé, même pas pour rigoler. Là, il serait plus un captif d'une pirate sexy. Oui, voilà qui sonne mieux. Et surtout, un captif libre de mouvement et de parole. Changer Raphaël ? Je me doute que certaines personnes s'y sont risquées. Je ne comprends même pas pourquoi. Il n'a jamais joué de jeu, étant toujours fidèle à lui-même. Il dit les choses telles qu'il les voit, que ça plaise ou non. Et moi, je l'aime comme ça, comme il est dans son entièreté, même si parfois, il m'agace un peu, c'est vrai. Mais jamais, jamais, jamais, je ne voudrais qu'il change. Il est un équilibre grâce auquel je me sens vivante. Et même, il reste toujours cet homme presque sauvage, dans le sens où il aime sa liberté. Et jamais je ne voudrais l'entraver. « Hum, je vais y réfléchir alors. » Je m'amuse à lui faire un petit clin d'oeil comme il sait les faire. « Partant du postulat qu’la future Mme Raphaël Edgecombe veut partir à l’abordage d’son atelier et en faire son esclave chez eux, j’suis pas sûr qu’il va la garder bien longtemps, t’sais ! » Je ne suis pas aveugle. Je sais que, lui comme moi, nous avions essayé de vivre nos vies respectives avec d'autres. Mais aussi que, lui comme moi, nous n'avons pas trouvé cet équilibre, cette complicité et ce plaisir de vivre avec un autre que ce que nous vivons ensemble, lui et moi. Quand je disais que tout nous ramène toujours l'un à l'autre, ce n'est pas une parole en l'air. Aucun ne me faisait rire, ne me rassurait, ne m'énervait parfois plus que lui. Du coup, son faux sérieux, ce sourire apparaissant sur son visage et même ces simples paroles me font rire à nouveau. « Il ne risque pas de rester un esclave bien longtemps, tu peux le rassurer. Quelques heures, même pas. Elle n'aime pas que Monsieur soit dépourvu de cette liberté qui le définit si bien. » Ou comment placer des mots des plus sérieux sur un ton amusé. Et me voilà à clamer haut et fort que je connais les moindres failles de mon fiancé. C'est vrai. Je sais où frapper pour le faire réagir, quels mots et quels gestes peuvent le faire plier sous ma demande. Avec lui, je me suis découverte une certaine forme de force de persuasion. Un fait qui, bien entendu, n'est utilisé qu'avec lui et lui seul. Je sais très bien quelle gestuelle adoptée pour qu'il cède. Mais il est hors de question d'en profiter. « Ah ouais, t’veux jouer à ça ? J’te signale qu’j’connais aussi tes failles hein, ma p’tite madame ! Alors j’peux aussi t’soudoyer, si j’veux ! » Je n'hésite pas à faire un petit "oui" avec ma tête tout en la laissant reposée sur ses cuisses. « Ca peut être drôle, oui. » Ah, qu'est-ce que je suis bien, là. Une place de choix sur notre canapé bien confortable, avec un oreiller qui l'est tout autant voire même plus. Et je n'ai qu'à garder les yeux ouverts pour le voir. Franchement, que demander de plus ? Mis à part le repas, qui va bientôt arriver, bien entendu.  Désirant en rajouter une petite couche, je lui dis même, un petit sourire caché au coin de mes lèvres. « Si tu les connais si bien que ça, tu n'auras donc pas d'excuse pour râler lorsque tu perdras. » Le ton est donné. Je vais gagner. Je ne suis pas spécialement une battante dans l'âme, je n'ai pas ce sentiment de compétition qui brille en moi. Mais disons que là, si je peux l'embêter encore un peu plus.. Tournant à nouveau ma tête vers lui, je lui avoue, parce que moi, j'aime bien le caresser dans le sens du poil. « Et j'sais pas si t'as réellement besoin de failles pour que tu me fasses faire n'importe quoi. » Dis-je alors d'une voix tellement plus calme, tellement plus posée et tellement plus sincère. J'aime le voir sourire. Et si je n'ai pas cette chance d'apercevoir ses lèvres s'étirer sur ce visage dont le moindre trait n'a plus de secret pour moi, j'aime le deviner, ce sourire. Et plus encore lorsque je sens cette expression sur son visage alors que je vais me blottir dans ses bras en fermant mes yeux le soir, feignant d'avoir froid pour trouver une excuse à me rapprocher toujours plus de ma p'tite bouillotte ambulante. Et c'est encore plus vrai si nous nous sommes disputés dans la journée. Je déteste m'endormir en étant fâchée contre lui, ayant sans doute trop peur que l'un de nous ne se réveille pas le matin, et que la dernière image que l'autre garde en tête, est une image qui ne reflète pas ce que notre charmant duo est réellement. Il n'est pas rare, lors de ces soirées, que je sois la première à filer sous la couverture. Juste pour pas qu'il m'ait dans les pattes et qu'il puisse être tranquille un peu. Je sais qu'il en a besoin. Et je sais aussi que lorsqu'il me rejoint, c'est souvent parce qu'il est prêt à passer à autre chose. Et à ce moment-là, peu importe la raison de notre différent, j'enterre ma hache de guerre pour me blottir tout doucement contre lui. Ca fonctionne relativement bien comme ça, et ainsi, j'arrive à trouver le sommeil.

Alors qu'il passe la commande tout en me câlinant tendrement, je ressens cette même sérénité en moi que lorsque nous sommes sous les couvertures pour fuir au pays des rêves. Si bien qu'entre sa voix, sa gestuelle si douce, le confort sur lequel je repose sans oublier une longue journée de travail -et bien entendu cette fameuse nouvelle !-, je me sens juste épuisée. Je profite de pouvoir fermer les yeux pour chercher un peu de calme.. avant de repartir pour un petit tour, toujours avec le sourire. Au tour des fleurs d'y passer maintenant. Bon, à bien y voir, ce n'est pas une si mauvaise idée que ça, de faire participer les visiteurs de cette façon-là. Et sincèrement, mon artiste favori est largement capable de semer le doute dans certains esprits sur ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Oui, je reprends mon discours de nana fan de son homme. Mais c'est vraiment le cas. « P’têtre parce qu’t’es blonde. Ou parce qu’t’es folle d’moi. Ou c’est un mélange des deux ! » Qu'il me lance alors. Si moi je suis dingue de sa créativité, je le soupçonne, lui, d'être dingue de ma blondeur maladroite. Après tout, c'est une partie de moi, et comme je sais pertinemment qu'il m'a toujours accepté telle que je suis.. Cet élément doit bien lui plaire, non ? Je lui tire la langue, comme une petite fille faussement vexée de voir sa magnifique blondeur mise à mal. « Hum, sans doute un peu des deux, oui.. Ou alors simplement parce que les fleurs et moi, on n'est pas trop potes. » C'est un secret pour personne, moi qui suis capable de faire mourir une plante en plastique ! Oui, oui. Comme dit, si vous voulez me faire plaisir, préférez donc une petite boîte de douceurs gourmandes plutôt qu'un bouquet qui, si Raphaël n'est pas là pour en prendre soin pour moi, mourra de différentes et atroces façons. La main verte entre nous, c'est lui. Pas moi. Et alors que je l'embête une fois de plus au sujet de son goût prononcé pour les gâteaux de ma tante, je n'ai pas hésité à lui intimer l'idée de devoir courir encore plus qu'il ne le fait jusqu'à présent. J'étais plutôt fière de moi, jusqu'à ce qu'il réplique ça : « Tu viendras avec moi, comme ça, on pourra partager une douche bien méritée après notre course ! » Moi ? Courir ? Sérieusement ? Je me mordille la lèvre rien qu'en m'imaginant râler tout le long de cette petite course, prétextant un poing de côté, un caillou dans la chaussure ou n'importe quoi de ce genre. Faut bien que j'avoue ne pas être la nana la plus sportive de Londres, et de loin pas. Pourtant, j'aimerais bien l'accompagner de temps en temps, mais je n'ai pas vraiment le temps de m'y mettre rigoureusement. Et puis même, je bouge quand même pas mal au cabinet. Du moins, c'est ce que je me dis pour avoir bonne conscience, même si c'est plutôt vrai. Mais, il y a un petit détail qui m'interpelle tout de même et sur lequel je réagis sans même m'en rendre compte. « J'ai le droit à ce privilège que si je viens courir avec toi ? » Lui dis-je presque en ronronnant comme un petit chaton en recherche d'affection, alors que mes joues se teintent de rose dangereusement. Hey Gaëlle, qu'est-ce qu'il t'arrive donc ? Et pourtant, je n'en manque pas, d'attention ! Non, mais c'est juste histoire de donner un petit relief à ma phrase placée innocemment. Et j'en souris finalement. Jusqu'à ce que je remarque que celui de Raphaël s'estompe dangeureusement. Je m'en veux de ne pas réussir à garder certaines choses pour moi, pour l'empêcher de s'inquiéter lorsque je m'égare comme en ce moment. J'essaie de le rassurer, par un petit rien de grave qui ne semble pas lui suffire. Je sais qu'il est prêt à tout pour moi, il ne cesse de me le prouver. Mais si je peux le préserver un peu et ainsi éviter qu'il ne s'en fasse encore plus pour moi.. J'essaie toujours. Bien entendu, je sais qu'il me porte toujours une oreille attentive, je sais que je peux tout lui dire sans crainte de jugement ou de coup bas. Je sais qu'il ne veut que mon bonheur. Je sais tout ça.. J'injecte un peu de légèreté en plaisantant sur mon retard qui, finalement, n'en était pas grandement un. Je l'ai habitué à bien pire, moi qui suis une retardataire chronique ! D'ailleurs, heureusement qu'il est là pour me booster lorsque nous sommes invités ou ce genre de chose. Là, au moins, j'ai un espoir d'être presque à l'heure.. A quelques minutes près. « J’avais dis que j’les ferai ! Et ta pause, tu dois l’occuper à essayer de t’détendre un peu ! » Me dit-il alors au sujet des courses. Et évidemment, il a raison pour ce rappel à la détente. Je le sais. Mais je ne peux pas m'empêcher de continuer à courir en tout sens. Pause ou non. Je fais ma petite moue, non pas vexée, non pas triste, mais plutôt résignée face à cette parole éclatante de bon sens. Et alors que je lui dis que j'en profiterais pour l'embêter plus souvent, il me dit. « Que dalle ouais ! Faut qu’t’ailles prendre soin d’toi aussi, un peu ! » Dire que ses paroles-là vont prendre encore un autre sens d'ici peu, lorsqu'il saura.. S'il en vient à prendre autant soin de moi, je suis bien curieuse de savoir ce que cela donnera d'ici quelques mois, lorsque mon petit ventre se fera remarquer. Il a l'air de plaisanter.. Mais je sens aussi que derrière cette phrase-là, il y a comme une crainte bien plus sérieuse. J'en soupire, tellement il est dans le juste. Le pire, c'est que j'en ai conscience. Je sens que je m'impose un rythme certainement trop gourmand pour celle que je suis. Et pourtant, j'en rajoute toujours au lieu d'alléger mes journées. « Tu as raison. » que je lui accorde alors, haussant sensiblement mes épaules. Pourquoi se le mentir ? Me souvenant d'un message de sa soeur que j'ai reçu dans l'après-midi, j'ajoute alors. « C'est marrant que tu parles de ça. Sarah m'a proposé de l'accompagner, mercredi prochain.. aux bains. » Je peux même rajouter un : mais, j'sais pas si c'est une bonne idée, sauf que mon cher fiancé me connait si bien que ces quelques mots sont juste inutiles, il doit s'en douter depuis le temps.. S'il y a bien une chose que j'évite, c'est de découvrir mon dos et mes cuisses devant des inconnus. Juste pour ne pas attirer de regards trop curieux sur ces marques que je vais garder. L'idée des bains ? Ce n'est pas une mauvaise proposition en soit, bien évidemment. Cela me ferait certainement un bien fou. Mais, il y a des choses sur lesquelles j'ai encore un peu de mal. Et encore plus si Raphaël n'est pas près de moi.

Un grand sourire illumine mon visage rien qu'à l'idée de retourner à la patinoire avec mon ange gardien anti-chutes. Je ne m'en étais même pas trop mal sortie la dernière fois que nous y étions. Disons que si ses bras n'avaient pas été là pour me rattraper régulièrement, le nombre de chutes aurait sans doute été bien plus important. J'ai donc un coach de choix pour me guider sur la glace. Je lui fais tellement confiance qu'il peut me demander de tenter n'importe quoi.. tant que mes deux pieds sont sur la glace, bien évidemment ! N'allez pas me demander de faire des croisés et autres joyeusetés. Là, ça aurait été un vrai carnage ! « J’attends avec hâte les nouveaux J.O, alors ! Et j’pense qu’tu tomberas pas, t’sais ! » Je le regarde de mon sourire toute fière de moi, tant j'aime qu'il me prouve indirectement qu'il croit bien en mes capacités. Et le simple fait qu'il pense que je ne vais pas manger du glaçon me motive encore plus à retenter l'expérience ! Et oui, je serais capable de le suivre aveuglément la plupart du temps. Puis faut dire aussi qu'il ne s'éloigne jamais très longtemps et très loin de moi dans ce genre de situation potentiellement à risque. Je mérite bien ce nom affectueux de p'tit boulet au final. Tout en levant ma main gauche devant moi, pour jeter un énième coup d'oeil à cette bague si magnifique, je réponds. « Au pire, ce ne sera ni la première, ni la dernière des chutes ! » Gloussant presque, je rajoute. « A croire que le sol est jaloux de toi. » Une telle interaction entre la gravité et moi, c'est l'amour fou ! Je suis bien souvent rappellé à l'ordre si je m'essaie à quelques nouveautés bousculant mon fameux sens de l'équilibre. Comme je me réjouis de cette virée patinoire à venir ! Ca va être bien sympa, encore un bon moment partagé. Sur cette agréable pensée, j'entends enfin sonner à la porte. Une fois le repas en ma possession, je le rejoins donc pour dévorer ces bonnes choses. « Cool, j’commençais à avoir faim ! » Tout en m'installant, j'arque un sourcil en tournant ma tête vers mon fiancé. Sans vouloir tomber dans notre classique conversation à ce sujet-là, je lui glisse juste un : « Ne me dit pas que tu n'as rien mangé ce midi ? » Avant de me remettre à déballer tout ça. Une fois que tout est bien partagé, je ne peux vraiment pas m'empêcher de lui relancer une nouvelle petite attaque toute gentille -comme toujours-. « Et après, on dit d’moi qui nous dépeint un futur sexy, mais t’es encore plus poète qu’moi dans l’âme, t’sais ! Prépare-toi à enfiler des culottes d’grand-mère et à avoir un sonotone pour profiter d’mes brillantes conneries ! » Qu'il me répond alors, m'arrachant un nouveau petit sourire alors que j'envisage de commencer les réjouissances sous les viva de mon ventre affamé. « Ne t'en fais pas pour ça. Mon fessier sera recouvert des plus beaux dessous. Même que d'ici-là, y'aura de beaux modèles trop sexy en dentelle. Ca risque juste de faire un peu désordre avec les déambulateurs garés dans le couloir. » J'hausse légèrement les épaules à la fin de ma réplique à la manière d'un petit tant pis en rapport avec cet embouteillage à prévoir. Je le laisse alors allumer la télé tout en réglant le son en me calant davantage sur le canapé, dévorant tranquillement mon bon repas. Je ne savais pas qu'il y avait ce film, en cette soirée, à la télé. J'accueille son choix avec un grand sourire, tant de souvenirs me revenant en tête..

Cette journée-là, que nous avions passée chez moi en profitant de l'absence de mon père, avait été juste tellement.. parfaite que je m'en souviens dans les moindres détails. Cela me fait même follement  plaisir de revoir ce film en cette soirée puisqu'un autre souvenir très important pour notre couple va se greffer à cette fête des Amoureux, qui avait été notre première, et dont ce film fait forcément rejaillir de nombreuses choses. A son premier Je t'aime, je vais y ajouter cette annonce, le fait qu'il va être prochainement le père d'un mini-Edgecombe à l'instar de ces ainés. Déjà lors de cette fameuse journée, je savais que Raphaël allait m'apporter quelque chose dans ma vie qu'aucun autre allait être en mesure de m'offrir. Rien que la manière qu'il avait de me garder près de lui, me protégeant comme personne, mais aussi celle avec laquelle il a glissé ces mots pourtant si simples à mon oreille.. Je les entends encore aujourd'hui, alors que je ferme les yeux à cette pensée. « C’film m’rappelle d’bons souvenirs ! » Il me rappelle dans ce temps présent par cette évocation si spéciale. J'en rougis, comme il y a des années de ça en arrière. « C'est comme si c'était hier. » j'ajoute même, me délectant de ces si doux souvenirs. Et pourtant, nous revenons de loin. Tant de chemin parcouru ensemble, avec tous ces obstacles que nous avons su surmonter. Une fois mon petit repas terminé, je pause tout ça sur la petite table pour m'installer plus confortablement sur le canapé, attendant patiemment que Raphaël termine aussi de manger pour retourner près de lui. A partir de maintenant, je sais que je dois lui dire. J'attends encore un peu, profitant d'être tout contre lui pour regarder ce film à la saveur si particulière. Je sens que c'est le bon moment. Disons surtout que je n'ai plus le choix. C'est une chose impossible à cacher, et puis même.. Je dois reconnaitre que je dis tout à Raphaël, sans rien lui cacher. C'est d'ailleurs à cause de cette transparence qui nous lie que le simple fait d'avoir gardé cette nouvelle, toute la journée, pour moi seule, avait été un vrai calvaire. Combien de fois j'ai failli craquer, prenant mon téléphone en main ? Enfin, ce secret qui sommeille en moi depuis ce matin va lui être révélé. Enfin, il saura que nous allons être bientôt trois. Je commence à en trembler tellement je suis fébrile à l'idée de ne pas voir cette joie partagée. Cette peur me broie le ventre, même que cette grossesse demeure juste inexpliquée pour moi. Et pourtant, j'y ai réfléchi toute la journée. Cela fait des années que je prends cette pilule qui me convient très bien. Est-ce qu'il est possible que je l'ai oublié, ne serait-ce qu'une soirée ? Bonne question, cela ne m'est pourtant jamais arrivé. Mais bon, toujours est-il que c'est ainsi, qu'il est là ce mini-Edgecombe en devenir, par je ne sais quel miracle. C'est sans doute trop tôt, c'est complètement imprévu même. Je ne suis vraiment pas sûre de mon coup, surtout en lui annonçant cette nouvelle pile avant cette expo si importante. Si j'avais pu choisir, évidemment que cela aurait été mieux après, pour qu'il soit tranquille et ne se soucie pas davantage de moi. Mon fiancé, je le connais. Si bien que je ne doute pas de sa dévotion à mon égard lorsque je suis malade ou ce genre de chose. Alors qu'est-ce que cela sera d'ici quelques mois ? -Malheureusement, cela restera un mystère-. Je retire calmement ce plaid de mes pieds, non sans tenter de cacher ma main tremblante, et je me dirige vers mon sac pour chercher ce fameux paquet. « J'ai trouvé un paquet devant la porte ce matin en partant. Il.. Il est à ton nom. » Toujours aussi fébrilement, je me redirige vers notre canapé où mon fiancé est resté sagement installé. Tout en lui tendant ce paquet finement emballé et ficellé, je m'installe à nouveau près de lui. Un sourire plaqué sur mon visage, et à ce moment-là, j'ai comme balayé mes craintes d'un geste de la main. Après tout, je saurai gérer ces prochaines semaines en lui imposant de rester concentrer sur son expo. Mon regard ne cesse de lorgner mon homme tenant enfin ce paquet. Mon coeur finit par battre si vite que je commence à en avoir mal à la tête, mais je ne plie pas. Je le regarde toujours, comme si je suis intriguée par ce paquet, donnant l'illusion de ne pas savoir d'où il peut venir. Pour une fois, tellement je suis heureuse tout en étant un peu stressée, j'arrive à jouer un rôle. Lorsqu'il tombe enfin sur cette lettre pliée soigneusement, que je me suis amusée à écrire avec un coup de stylo enfantin, le criblant de ratures en tout genre pour lui donner plus d'authenticité, je sens mon regard s'embrumer à mesure qu'il lit ces lignes.


Citation :
M'sieur Raphaël Edgecombe,

Je me permets de vous écrire ces quelques lignes parce que je pense que vous pourriez m'être d'une grande aide. En effet, je viens d'emménager dans un petit appartement très douillet et confortable. Je suis même nourri, et personne ne me demande rien en retour. Le problème, c'est que ma charmante propriétaire m'a déjà averti que ce n'est que provisoire. Il parait que je vais devenir encombrant et remuant. C'est malheureusement sans appel. Je la rends malade.

Je ne sais pas où aller. Voilà pourquoi je viens vers vous. J'espère ne pas avoir l'air d'abuser, mais si vous pouviez me prévoir une petite pièce, avec un lit bien chaud et confortable, à manger, quelques vêtements pour me faire tout beau, et surtout énormément de câlins réconfortants.. C'est vrai, je ne suis pas l'invité rêvé. Je n'ai pas de salaire fixe, je risque même de mettre un peu le bazar dans votre atelier d'ici peu. Je ne peux pas non plus vous assurer d'être toujours très silencieux ni de ne pas gâcher vos nuits. Par contre, je vous promets, en échange de tout cela, tout l'amour du monde. Et si tu es d'accord..

Je pourrais même t'appeller.. Papa.


Et comme si ce texte ne suffit pas, j'ai glissé une petite pochette contenant plusieurs photos imprimées de nous deux que j'ai sur mon téléphone. Juste pour garnir un peu plus nos murs croulant déjà sous nos deux bouilles. Mais aussi, ce test que j'ai fait ce matin, donnant l'ultime preuve quant à cette folle nouvelle. Je me mords la lèvre. Je ne redoute pas sa réaction, je sais qu'il veut une famille nombreuse. Tout comme moi. Ce que je redoute, c'est plutôt qu'il me dise que ce n'est pas le moment.. Mais cette crainte n'est rien comparée au soulagement que je ressens et ce bonheur incroyable qui me submerge, si bien que je ne peux pas retenir plus longtemps cette larme perlant le long de ma joue. Non, je suis très loin d'être triste, c'est même tout le contraire. Et alors que les publicités touchent tranquillement à leur fin pour laisser place à nouveau au film, mon regard reste rivé sur Raphaël. Un mariage, un bébé à venir.. Tout nous laissait présager une vie des plus ordinaires, mais aussi pleine de nouvelles disputes, d'amour à notre façon, de petits plaisirs quotidiens qui allaient être bien différents de ceux qu'ils avaient été jusque là. Mais lorsque le destin à décider de s'en mêler, il peut être des plus dévastateurs, frappant sans relâche.




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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyLun 23 Nov 2015 - 18:39
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


Encore un soir normal chez les Edgecombe/Gates (prochainement que Edgecombe, et j’ai hâte !). Encore une nouvelle conversation qui, pour beaucoup de personnes, n’aura sans doute guère de sens. Et pourtant, elle en a, bien plus qu’ces êtres n’peuvent le percevoir, et n’pourront en vivre avec d’autres individus. Cet échange, plus ou moins sérieux, c’est notre manière, à Gaëlle et à moi, d’parler, et d’se faire comprendre indirectement qu’on est toujours aussi amoureux l’un de l’autre. Cette folie qu’on partage, c’est notre complicité, l’symbole parfait d’notre affection l’un pour l’autre. Ouais, on pourrait s’dire clairement c’qu’on ressent, s’organiser des soirées romantiques ou toutes autre conneries qu’les couples mièvres peuvent faire. Mais c’est pas notre délire. Nous, on préfère le concret. Parce qu’les mots, on peut leur donner n’importe quel sens, si on sait bien les maîtriser. Mais un lien aussi fort qu’le nôtre, on peut pas l’feindre, même si on est d’bons acteurs ! Et c’est donc notre complicité et nos boutades qui nous prouvent qu’rien n’a changé entre nous. Bien sûr, on a des moments plus romantiques, d’temps à autre, mais la plupart du temps, ça reste dans la veine d’c’que vous voyez c’soir. Oubliez l’lisse et l’insipide, et plongez dans la réalité. Une réalité ponctuée d’beaucoup d’n’importe quoi, mais c’est aussi ça qui fait l’panache d’notre couple. Nous, on parle d’la beauté et de la maladresse d’nos pieds, d’se déguiser d’manière sexy, et d’plein d’autre chose. « Ah ? J'dois pas être assez chiante pour faire partie de ce clan.. » Car ouais, notre dernier délire du moment, enfin, l’mien, du moins, c’est d’laisser à entendre qu’Gaëlle n’est pas au niveau pour rentrer chez les Edgecombe. La réplique d’ma fiancée fait apparaître un nouveau sourire, foutrement amusé, sur mes lèvres. Dire qu’Gaëlle n’est pas chiante serait mentir, car elle dispose tout d’même d’un côté chiant, qui ressort, à l’occasion. Un aspect d’sa personnalité qui m’fait tantôt rire, et tantôt sortir d’mes gonds, suivant l’état d’esprit dans lequel j’suis, et la conversation qui nous réunit. Cela dit, j’m’en plains pas. Gaëlle a son p’tit caractère, et c’est pas plus mal, ça m’aide à m’recadrer, d’temps à autre. J’reste persuadé qu’les défauts, outre l’fait qu’on en a tous, sont des qualités suivant l’moment, et s’transforment en défauts en d’autres circonstances ! Tout est donc qu’une question d’points d’vue, et d’moments ! (Et p’têtre qu’j’me rassure comme j’peux pour essayer d’comprendre comment on peut faire abstraction d’mon caractère d’merde au point d’accepter d’vivre avec moi.) J’hoche positivement la tête, laissant entendre qu’non, ma kiné n’est pas assez chiante pour rentrer dans l’clan très sélect’ des pires casses-bonbons anglais : les Edgecombe ! « Mais n’baisse pas les bras, t’as d’l’avenir en tant qu’p’tit boulet casse-pieds. C’est juste qu’les Edgecombe sont les rois ! » Sur ce, j’lui lance un p’tit regard, totalement vantard, feignant qu’c’est vraiment une marque d’fabrique dont les Edgecombe peuvent être fiers ! Au moins, c’est c’qui contribue à nous faire connaître chez nous, au lieu d’se fondre dans la masse des villageois sans intérêt. « C'est dommage.. Je vais devoir me contenter de ce fichu Gates, personne d'autre ne veut de moi. » J’pousse un soupir et ferme les yeux pour compléter l’image du type blasé en collant l’une de mes mains contre mon front. Bien entendu, c’est qu’un jeu d’crétins, celui auquel on joue depuis qu’on s’connaît, et qu’j’lâcherai pour rien au monde. Enfin, si, j’aurai pas l’choix... Ca m’rendra presque fou, ça m’fera douter d’ma santé mentale lorsqu’dans ma tête résonnera la voix d’Gaëlle, quand j’dirai quelques conneries. J’m’imaginerai alors c’qu’elle pourrait m’répondre, et, avec une clarté douloureuse, j’l’entendrai m’répondre, m’taquiner ou juste rire d’moi. Comme elle l’aurait fait s’il n’y avait pas eu son amnésie. Ca m’fera presque regretter d’lutter inconsciemment contre cette douce folie, car mon esprit repoussera ces douloureux échos d’mon passé, d’ce déséquilibre qui m’donnera un semblant d’équilibre. Mais non, j’aurai trop peur qu’ça n’soit qu’une preuve qu’j’étais condamné à finir comme ma mère, avec un cerveau aussi troublé qu’le sien, issue qu’j’ai toujours repoussé parce qu’ça m’a toujours semblé trop gros pour moi, que d’lutter contre un cerveau aussi malade qu’le mien pourrait l’être... Ou p’têtre qu’j’aurai peur qu’ça n’soit qu’un nouveau signe du retour d’ma tumeur. Quoi qu’il en soit, ça m’fera autant d’mal que d’bien, ça m’inquiétera autant qu’ça m’laissera d’marbre. Ouais, j’frôlerai prochainement la folie, et j’en aurai strictement rien à foutre. « Ah non, Gaëlle Gates, ça fait démodé, j’trouve. Gaëlle Edgecombe, ça sonne mieux ! » Et ça m’plaît, indéniablement, suffit d’voir comment mon regard s’illumine soudainement alors qu’j’évoque l’futur patronyme qu’portera Gaëlle. Même ma voix s’fait plus légère, plus enjouée. J’me doute bien qu’j’dois avoir d’faux airs d’gamins, au matin d’Pâques, en contemplant l’fruit d’leur chasse aux œufs. Navré pour cette image à la con, mais c’est la seul à laquelle j’ai pensé et qui puisse vous expliquer un peu l’air qu’j’pense avoir. Par contre, elle est bien trop éloignée d’la réalité d’c’qu’je ressens, mais l’gros d’l’idée et là. « Au pire, t’sais, j’pense qu’tu pourras t’trouver un autre Edgecombe qui voudra bien d’toi ! », qu’j’ose balancer comme si c’était l’idée du siècle, comme si j’laisserai vraiment une telle chose s’produire, sans chercher véritablement à la retenir. Comme si ça m’ferait rien d’la savoir dans les bras d’un d’mes frangins ou d’mes cousins. Ou même d’un autre homme, tout simplement. Pourtant, j’devrai bientôt m’faire à cette idée...

Bien loin d’m’imaginer qu’le ciel va bientôt m’tomber sur la tête, j’continue donc à plaisanter avec la jolie blonde. J’feins d’être stupéfait d’savoir qu’elle cède aux Edgecombe, si ceux-ci savent quel regard lui lancer. Comme si j’l’avais jamais utilisé. Comme si j’l’avais pas remarqué, bien avant qu’on n’soit un couple, d’ailleurs. Riley était aussi doué pour c’regard, Gaëlle cédait parfois à mon frère lorsqu’il en faisait usage sur elle. J’crois même qu’parfois, j’l’utilisais aussi, inconsciemment, quand j’me retrouvais seul avec elle. Juste pour voir son regard chanceler, lorsqu’elle s’faisait violence pour n’pas m’envoyer paître, même lorsqu’j’me montrais imbuvable avec elle à cause d’la fatigue d’ma tumeur. Parfois, il m’arrivait même d’lui dire qu’elle m’gonflait, quand elle tentait d’me convaincre d’manger. Pourtant, j’sais qu’sans elle, à ces moments-là, j’aurai jamais réussit à faire l’moindre efforts pour parvenir à manger un morceau, alors qu’mon estomac était en vrac à cause d’mon traitement. Tous les membres d’ma famille s’étaient ingéniés, à tour de rôle, à m’faire manger, m’présentant mes plats et desserts préférés, mais la seule personne qui parvenait, presque toujours, à m’convaincre d’manger un peu, c’était Gaëlle. P’têtre pour ça qu’sa gourmandise, j’m’en cogne autant. Parce qu’j’sais qu’sans c’trait d’caractère qu’elle possède, couplé à un p’tit côté têtu, elle n’aurait sans doute pas insisté autant pour qu’j’ingère quelques maigres calories alors qu’j’luttais contre mon corps malade, proposant même d'm'accompagner lors d'ces repas. « Hum, je vais y réfléchir alors. », que Gaëlle m’rétorque, sans cacher son amusement, alors qu’j’enchaîne sur notre nouvelle idiotie du moment : qu’elle fasse d’moi son esclave. Mes lèvres se resserrent, comme si elles étaient pincées, alors qu’j’feins d’m’inquiéter d’c’que pourra bien inventer Gaëlle. Cela dit, j’lui fais bien vite savoir qu’l’esclavagisme dont elle me menace m’fait guère peur. « Il ne risque pas de rester un esclave bien longtemps, tu peux le rassurer. Quelques heures, même pas. Elle n'aime pas que Monsieur soit dépourvu de cette liberté qui le définit si bien. » Ca m’fait sourire d’l’entendre m’dire ça. Non pas qu’j’savais pas qu’elle n’comptait pas m’changer, juste qu’ça fait quand même plaisir d’entendre la personne qu’on aime dire qu’elle nous aime tel qu’on est. Car c’est plus ou moins c’qu’elle vient d’sous-entendre. Et j’pense pas qu’tout l’monde puisse s’vanter d’s’être trouver quelqu’un qui l’aime au point d’l’accepter complètement. C’est une autre chose qu’j’apprécie dans notre couple. J’me permets d’sourire. Encore. Ouais, à cette époque, c’est c’que j’faisais souvent. Parce qu’j’avais des raisons d’sourire. « Tant mieux ! ». C’est tout c’qu’j’réponds, car y’a pas besoin d’en dire plus, toutefois, y’a quand un « merci » qui résonne dans ma voix. Nul besoin d’lui rappeler qu’c’est réciproque, qu’jamais il m’viendra à l’idée d’lui demander d’changer quoi qu’ce soit pour moi, car elle l’sait déjà. Puis j’sais pas comment le lui dire en restant dans l’sujet d’la conversation. « Ca peut être drôle, oui. Si tu les connais si bien que ça, tu n'auras donc pas d'excuse pour râler lorsque tu perdras. » J’rêve, ou elle est en train d’me défier pour qu’on voit qui pourra faire craquer l’autre en 1er ? Un tel défi, j’suis pour, ça promet d’être assez drôle ! Un p’tit rire m’échappe, montrant bien à quel point ça m’amuse et ça m’plaît d’la voir aussi sûre d’elle. Même si c’est juste pour une connerie ! « T’vas perdre, ma vieille, rêve pas ! Ou j’te laisserai gagner juste pour t’faire plaisir ! », qu’j’prétends alors, revêtant, faussement, mon air de « J’perdrais jamais ! », couplé à l’air prétendument indigné du mec qui s’offense car il râle jamais quand il perd. Certes, j’aime pas perdre, mais face à Gaëlle, ça m’dérange pas trop, ‘fin, ça dépend de quel jeu entre nous j’ai perdu, bien entendu. « Et j'sais pas si t'as réellement besoin de failles pour que tu me fasses faire n'importe quoi. » Aussitôt, mon visage se retrouve auréolé la confiance habituel qu’j’ressens en moi et qu’j’affiche éhontément. « Bah voilà, tu vois bien : t’vas perdre ! » J’tire ma langue, pour ponctuer ma réplique, tel un gamin fier d’son coup. J’crois bien qu’j’pourrais rester un grand gamin toute ma vie, avec Gaëlle à mes côtés, juste pour la faire rire et sourire, et prolonger, l’plus longtemps possible, notre complicité un peu puérile. J'me retiens d'préciser qu'toute façon, nous sommes tous deux très faibles face à l'autre, quand celui-ci s'met en tête d'nous faire craquer.

Une fois la commande enfin passée, il n’nous reste plus qu’à attendre d’être livré, tout en poursuivant notre jeu d’gamins. Evoquer une future expo mêlant des fleurs et des sculptures nous amuse un p’tit moment, et ça m’permet d’taquiner ma blonde préférée. « Hum, sans doute un peu des deux, oui.. Ou alors simplement parce que les fleurs et moi, on n'est pas trop potes. » Ca, c’est l’moins qu’on puisse dire. Heureusement qu’j’suis pas dans l’même cas qu’elle, sinon, plus personne n’nous offrirait d’plantes ni d’fleurs, et notre maison serait terne, n’se colorant qu’par nos photos et les dessins d’ses patients. « Vous êtes tellement pas potes qu’j’me demande encore comment des fleurs ont pu survivre à proximité d’toi ! », dis-je, faisant allusion à notre vie rurale, mettant un peu d’étonnement dans ma voix, comme pour m’stupéfier du fait qu’elle ait véritablement pu grandir dans un village, elle, la catastrophe ambulante florale ! Mais bon, d’toute façon, même si elle avait la main verte, j’la laisserai pas s’en occuper seule, tout simplement parce qu’m’occuper des fleurs, ça m’détend. Pour ça qu’j’sais qu’le jour où on pourra avoir une maison dotée d’un jardin, j’le cultiverai. Parce qu’j’veux partager cette activité avec nos futurs gosses, même si ça m’a gonflé quand j’étais petit, quand mon père m’forçait à aller filer un coup d’main dans l’jardin. J’retirais toujours une grande fierté d’voir un truc qu’j’avais aider à naître sortir finalement d’terre. C’est sans doute pour ça qu’j’aime autant l’Art, parce que j’fais naître des trucs d’mes mains, et c’est grisant. Sans oublier qu’l’Art, tout comme l’jardinage, ça m’relax, et qu’en plus, ça permet d’manger des légumes d’saison dont on connait la provenance. J’ai quand même grandis en mangeant des fruits et légumes, et même d’la viande, provenant d’la ferme familiale. Alors, les trucs fadasses qu’on trouve un peu partout : très peu pour moi ! Pour ça qu’dès qu’on fait un saut dans notre village natal, on repart pas d’chez les Edgecombe sans un paquet d’bouffe en tout genre ! Après avoir évoqué la maladresse d’Gaëlle avec les fleurs, c’est l’heure d’évoquer ma gourmandise pour les gâteaux d’sa tante. Gourmandise qui semble l’amuser, d’ailleurs, elle évoque l’fait qu’il m’faudra courir pour éliminer l’dessert d’sa tante. J’en profite pour la taquiner à mon tour, la conviant à venir avec moi. « J'ai le droit à ce privilège que si je viens courir avec toi ? » Bien entendu, elle rebondit sur la douche qui clôturera notre course. « Ah oui, désolé, j’partage ma douche qu’avec mes partenaires d’courses ! ». Et c’est là qu’j’me dis qu’il est heureux qu’j’cours seul, sinon, ma phrase pourrait avoir un sens bizarre, si jamais j’courrais avec des amis ! « Mais p’têtre qu’pour toi, j’continuerai à faire des exceptions ! » Oui oui, j’m’amuse à feindre qu’c’est exceptionnel qu’j’partage ma douche avec elle, qui n’court jamais avec moi. On pourrait presque croire qu’j’adore pas partager d’tels moments avec elle. « D’ailleurs, j’vais m’doucher avant d’aller m’coucher, si t’veux t’incruster, t’es la bienvenue ! » A mon tour d’lancer une telle phrase l’plus innocemment du monde, alors qu’intérieurement, j’sifflote, comme si d’rien n’était. Limite, j’ai une p’tite auréole qui brille au dessus d’ma tête, vous voyez l’genre ? Bon, OK, c’est p’têtre pour m’amuser à faire encore rougir Gaëlle, même si ses joues sont déjà rosies par sa précédente réplique. Pas d’ma faute si j’adore voir son visage arborer une telle teinte ! Après un court moment d’inquiétude pour ma future épouse, m’voilà en train d’la rassurer sur l’fait qu’avoir été d’corvée d’courses c’soir ne m’a pas dérangé, et à tenter d’lui faire comprendre qu’elle devrait aussi essayer d’lever un peu l’pied, au boulot. « Tu as raison. » qu’elle m’lance alors. Ce à quoi j’lui lance un regard appuyé, signifiant qu’j’ai toujours raison, d’toute façon. « C'est marrant que tu parles de ça. Sarah m'a proposé de l'accompagner, mercredi prochain.. aux bains. » Ca m’fait toujours plaisir d’voir qu’l’amitié d’Gaëlle et d’Sarah est toujours aussi forte aujourd’hui, en dépit des aléas d’la vie. Cependant, j’suis aussi attristé, car Gaëlle n’est toujours pas en mesure de s’dévoiler sans s’sentir mal. Non pas qu’j’puisse pas comprendre c’qui la retient, j’trouve juste dommage qu’il ait encore d’l’emprise sur sa vie, au point d’l’empêcher d’faire certains trucs, et même d’porter certaines fringues. Et ça, elle n’a pas besoin d’le dire pour qu’j’le sente, j’la connais assez pour décrypter c’qu’elle n’dit pas. On en a assez parlé, à maintes reprises. Puis, j’ai aussi eu quelques amies malades, et qui souffraient d’trop s’dévoiler physiquement, parce qu’elles avaient quelques séquelles visuelles d’leur maladie. « Tu devrais y aller, ça pourra que t’faire du bien. Tu rendras jalouses quelques nanas parce qu’elles pourront jamais être aussi canons qu’toi, et t’frustreras quelques mecs parce qu’ils pourront jamais t’avoir ! » Voici tout c’qu’je trouve à lui répondre, non sans avoir un léger sourire aux lèvres. Qu’j’aimerais qu’elle brise les chaînes qu’son père lui fait encore endurer, bien qu’il soit loin d’elle, et ce, uniquement parce qu’il l’a marqué, dans son âme et dans sa chaire. « C'est c'qu'Erin te conseillerais ! » qu’j’ajoute, faisant allusion à une amie un peu plus âgée qu’moi, qu’j’avais rencontré à l’hosto, et qu’Gaëlle connait également, vu qu’j’vois toujours Erin, qui, comme moi, a survécu à une tumeur cérébrale. J’vais pas m’étaler sur sa vie d’famille, mais disons qu’elle n’a guère été soutenue dans son combat, et qu’bien souvent, elle baissait les bras, au point d’se scarifier pour extérioriser son sentiment d’rejet des siens. Quand elle a perdue ses cheveux à cause d’la chimio, elle a assumée d’se retrouver la boule à zéro, avec la légère cicatrice héritée d’sa précédente opération. Elle assumait donc sa coupe d’cheveux et ses diverses cicatrices, prétextant qu’c’était pas à elle d’avoir honte d’c’qu’elle était, qu’elle portait sur elle les marques d’sa vie, qu’si ça gênait quelqu’un, ils n’avaient qu’à ouvrir leurs yeux pour réaliser qu’la vie n’fait pas toujours d’cadeaux, qu'les peaux lisses et parfaites, ça n'existait qu'sur les photos retravaillés. Plus ou moins un principe d’vie qu’j’suis depuis toujours, même si moi, mes cicatrices sont soit issues d’opérations contre mon cancer, soit d’blessures qu’j’me suis faite en faisant l’con. « Ou continues à m’réserver l’privilège d’savoir à quel point t’es canon ! », qu’j’ajoute, pour terminer sur un point un peu plus joyeux. J’perds pas espoir d’lui faire comprendre un jour qu’ses cicatrices font parties d’la personne qu’elle est, qu’elle doit apprendre à les apprécier, à défaut d’accepter les circonstances dans lesquelles elle les a eut.

D’toute façon, si Gaëlle ne met pas assez ses charmes en avant, dans des tenues qui laissent à apparaître une partie d'son dos, par exemple, j’m’en fous, moi, j’l’aime comme elle, et j’ai toujours autant d’plaisir d’l’avoir à mes côtés, au point même d’proposer à cette maladroite notoire une prochaine sortie à la patinoire. « Au pire, ce ne sera ni la première, ni la dernière des chutes ! A croire que le sol est jaloux de toi. » Ses conneries m’font à nouveau rire. On peut dire qu’j’suis bon public, mais ça serait mentir : j’rigole pas facilement, pas avec n’importe qui, du moins. On a plus d’chances d’me faire rire quand c’est quelqu’un qu’j’aime bien. Puis j’aime bien voir Gaëlle redoubler d’imagination pour sortir des conneries, conneries qu’j’résiste jamais d’prolonger. « Ca doit être ça ouais ! », dis-je, encore des éclats d’rire dans la voix, « va falloir qu’j’lui casse la gueule, il m’gonfle à tout faire pour t’faire tomber à ses pieds ! » Bon, j’admets, celle-là est assez facile, mais j’vais quand même pas lancer une menace sérieuse contre l’sol juste parce qu’il abuse d’son attraction terrestre pour fricoter avec Gaëlle, nan ? Quelques secondes plus tard, on sonne à la porte, signe qu’notre repas arrive. « Ne me dit pas que tu n'as rien mangé ce midi ? », m’demande Gaëlle, après être allé récupérer notre dîner. J’hausse les épaules, un air innocent affiché sur l’visage. « Flavien a commandé à manger pour nous et m’a fait quitté l’atelier, mais j’ai pas réussis à manger grand-chose. » J’finis par admettre cela, par contre, un peu à contrecœur, mais j’sais qu’Gaëlle m’connait sans doute trop bien pour n’pas s’douter d’c’qui a dû s’passer à midi. Et encore, ça aurait pu être pire, j’suis sûr qu’sans l’intervention d’mon ami, j’aurai pu n’pas manger, ou alors juste grignoter un bout sur l’coup des 15h en sentant mon estomac protester d’faim. Après l’aveu, retour à un moment d’connerie, dans laquelle on parle, avec Gaëlle, d’notre avenir d’vieux. « Ne t'en fais pas pour ça. Mon fessier sera recouvert des plus beaux dessous. Même que d'ici-là, y'aura de beaux modèles trop sexy en dentelle. Ca risque juste de faire un peu désordre avec les déambulateurs garés dans le couloir. » J’secoue la tête, amusé d’c’qu’elle vient d’dire. « Parce que t’prévois d’utiliser ton déambulateur en sous-vêtements sexy d’grand-mère, c’est pour ça qu'crains qu'ça n'colle pas ? » J’arque les sourcils, malicieusement, tout en m’efforçant d’pas m’imaginer la scène. Parce qu’pour l’instant, j’ai assez d’difficultés à imaginer Gaëlle en mamie, et du coup, j’ai peur d’voir à sa place des vieilles qu’on connait. C’qui est loin d’être aussi plaisant, quand même ! « Tant qu’ça signifie qu’on fera des courses en déambulateur et à moitié à poil chez nous, j’suis pour ! » Ouais, c’est pas parce qu’j’serai vieux qu’j’ferai moins d’conneries, faut pas rêver non plus. Ma connerie est tellement énorme qu’j’termine d’la proposer en éclatant à moitié d’rire, c’qui fait qu’j’mets plus d’temps qu’nécessaire à terminer ma phrase d’manière audible.

J’allume finalement la télé, l’temps du repas, parce qu’même en y mettant toute notre volonté, on n’est pas des machines à n’importe quoi en permanence. Pis bon, j’ai bien envie d’revoir, même qu’partiellement, c’film qui est si important dans notre histoire. « C'est comme si c'était hier. », m’dit Gaëlle après l’allusion qu’j’ai faite sur la 1ère fois où on a vu c’film ensemble, rougissante. Si j’étais du genre à rougir aussi, j’suis sûr qu’j’serai comme elle à c’moment. Parce qu’j’suis toujours quelque peu gêné d’ma 1ère déclaration. J’avais peur qu’elle ne m’croit pas, vu qu’elle savait qu’j’avais déjà sorti ces mots pour arriver à mes fins. J’avais peur aussi d’avoir mal choisis l’moment pour le lui dire, même si, dans l’fond, j’avais rien calculé, ça m’était sorti comme ça, parce qu’on était en train d’passer un bon après-midi ensemble, et qu’j’avais d’plus en plus d’mal à garder ces mots pour moi. Bref, au lieu d’répondre quoi qu’ce soit, j’me concentre sur mon repas, et j’m’amuse parfois à parler, juste pour sortir quelques répliques du film, en même temps qu’les protagonistes. J’avoue, y’a certains films dont j’connais certaines des répliques, et ça m’amuse. J’suis tellement focalisé sur tout ça qu’j’fais même pas gaffe au fait qu’Gaëlle soit un peu nerveuse. A l’instar d’Gaëlle, j’laisse les vestiges d’mon repas sur la table, une fois celui-ci terminé. Parce qu’j’l’avoue, j’préfère rester sur le canapé, à regarder c’film et à savourer la présence d’Gaëlle à mes côtés. D’ailleurs, ma fiancée s’lève lorsqu’la pub interrompt l’film : « J'ai trouvé un paquet devant la porte ce matin en partant. Il.. Il est à ton nom. » qu’elle explique alors, tout en revenant vers moi. J’détourne l’regard l’écran (oui, j’me foutais d’une pub très con qui était diffusée), pour observer l’colis qu’Gaëlle tient, et finit par m’tendre. « Oh. Merci. » ; dis-je, en attrapant l’colis, qu’j’dépose sur mes genoux, n’dissimulant nullement l’fait qu’ma curiosité vienne d’s’éveiller. J’peux pas m’empêcher d’me dire qu’si Gaëlle semblait aussi troublée, c’est à cause d’ce colis, qui doit aussi l’intriguer qu’moi. J’prends quelques secondes pour observer l’colis avant d’le déballer, en recherche d’indices quelconques sur sa provenance. Réalisant qu’j’trouverais rien, et mon impatience s’manifestant poussée par ma curiosité, j’ouvre enfin l’paquet. J’découvre une lettre, en premier lieu, qu’j’tarde à dévorer. J’reconnais pas l’écriture, qui n’appartient à aucun d’mes neveux et nièces qui savent déjà écrire. Pis, d’toute façon, aucun n’m’appellera « M'sieur Raphaël Edgecombe. ». Et la phrase suivante : « Je me permets de vous écrire ces quelques lignes parce que je pense que vous pourriez m'être d'une grande aide » n’m’aide pas plus sur l’identité de l’expéditeur. Brièvement, j’me demande si c’est pas Yan qu’aurait chargé Gaëlle d’me transmettre c’colis, l’gamin voulait m’demander d’prendre soin d’sa kiné préférée ou un autre truc du même genre. Car d’toute façon, j’connais pas des masses d’marmots, en dehors des p’tits Edgecombe, donc, j’ai pas non plus une centaine d’possibilités. J’avoue qu’la suite n’m’aide pas plus, y’a qu’la fin qui m’éclaire vraiment. Mais, après tout, avec un « Et si tu es d'accord.. Je pourrais même t'appeller.. Papa. », comment pourrait-il en aller autrement ? J'avoue, par contre, qu'mon cerveau s'arrête quelques secondes, comme s'il me fallait du temps pour assimiler c'que ça signifie, alors qu'mes yeux restent rivés sur les quelques mots clôturant cette lettre, à croire qu'il m'faut les relire pour les graver dans mon crâne.  « Vraiment ? ». Question con qu’j’lance finalement, en reposant la lettre dans l’colis, m’forçant à m’intéresser rapidement au reste de son contenu, n’observant cependant pas vraiment les photos qu’Gaëlle y a ajouté ni l’test d’grossesse. J’enlève l’colis d’mes genoux pour l’mettre sur le canapé, afin d’me lever, encore une fois, comme un gosse surexcité l’matin d’Noël. J’ai pas honte d’dire qu’j’ai un immense sourire flanqué sur les lèvres, et qu’mes yeux pétillent, littéralement, à tel point qu'j'ai même des larmes aux yeux. J’crois qu’faudrait être totalement demeuré pour n’pas voir qu’j’suis aux anges.

Enfin debout, j’attrape une des mains d’Gaëlle pour l’inciter à s’lever à son tour. « C’est... » dis-je en l’attirant contre mes bras, pour la prendre dans mes bras, une main au creux d’ses reins, l’autre à l’arrière d’son crâne. « C’est.... Vraiment trop... C’est.... ». J’ricanne bêtement, contre son oreille, alors qu’j’resserre mon étreinte autour d’elle, m’sachant prêt à m’claquer si j’arrive pas à mettre d’l’ordre dans ma tête pour être en mesure d’parler correctement. « Génial ! », qu’j’finis enfin par ajouter, après avoir continué à bafouiller plusieurs secondes, incapable d’sortir une phrase correcte, bouffant à moitié quelques « Mon dieu... C’est...Bon sang... », c’est pour ça qu’j’ai opté pour un simple adjectif, qui est encore bien loin d’la joie qu’j’ressens. J’mentirai si j’prétends qu’à aucun moment, la pensée qu’nous sommes possiblement trop jeunes pour être parents n’m’a pas effleuré l’esprit. Mais elle n’est pas restée longtemps, car j’sais qu’on sera d’bons parents, qu’on aimerait c’gosse comme des dingues. Nos situations professionnelles respectives nous permettent d’pas trop avoir d’soucis pour l’avenir, d’savoir qu’il manquera d’rien. Puis notre couple est assez solide pour n’pas être effrayé par une nouvelle étape. Alors ouais, cette nouvelle m'fait un peu paniquer, car j'imaginais pas qu'ça arriverait aussi vite qu'ça, qu'parfois, j'me demande si j'suis assez mature pour être un bon père, mais, en cet instant précis, j'm'en fous. J'sais qu'avec Gaëlle, on s'épaulera pour être d'bons parents, et qu'pour elle et pour notre famille, j'pourrai déplacer des montagnes, tout simplement. Etant à court d’mots pour dire à quel point cette nouvelle m’met en joie, j’change d’tactique, comme bien souvent lorsqu’j’en perds mon latin : j’embrasse alors Gaëlle, comme si elle était une source d’oxygène dans laquelle j’devais puiser pour remettre mon cerveau en marche, comme si sans elle, j’étais rien. Une manière plus facile pour moi d'lui faire comprendre qu'cette nouvelle m'comble d'joie, et qu'j'l'aime, comme un fou, tout simplement. Ma main gauche, qui était derrière sa tête, glisse jusqu’à sa joue, jusqu’à c’qu’j’sente la bague qui orne mon annulaire. Et qu’j’revienne à moi. La bulle a éclatée. Ma main droite attrape sa main, pour emmêler nos doigts, tandis qu’j’m’éloigne quelque peu d’elle, pour la regarder dans les yeux. « Mais... On peut pas... », dis-je en remettant une mèche d’ses cheveux derrière son oreille, avant ma main gauche. « ‘fin, j’veux dire... On n’est pas encore mariés, alors, niveau religion, tout ça quoi... Ca l’fait pas trop, nan ? », qu’j’finis alors par demander, intrigué et sérieux à la fois. Attention, j’propose pas un avortement hein, j’suis pas fou quand même, j’le veux c’mioche moi, si elle l’veut également. Puis bon, ma main gauche a glissé d'son visage jusqu'à son ventre, donnant l'impression qu'j'pense vraiment qu'l'gosse puisse ainsi sentir ma présence auprès d'lui, alors qu'c'est plus mon inconscient qui s'manifeste, voulant montrer mon désir d'protéger l'microbe qu'j'aime déjà. Puis bon, mon regard s'pose quand même, à tour d'rôle, sur l'visage d'ma promise puis sur son ventre, m'permettant ainsi d'avoir à l'oeil les deux personnes les plus importantes d'ma vie. Qui m'seront toutes deux arrachées dans quelques mois... Mais là, j’sais qu’la religion, ça compte pour elle, alors j’ai pas envie d’lui cause des problèmes par rapport à sa foi avec une grossesse hors-mariage. Déjà qu’on vit ensemble, c’qui doit faire crisser les gens excessivement pieux d’son entourage, j’ai pas envie d’en rajouter une couche. Pour ma part, ça m’indiffère complètement, les trucs trop pieux, ça n’a jamais été mon délire, si j’y fais partiellement gaffe, c’est uniquement pour elle. Parce qu’cette nouvelle bouscule p’têtre nos plans, ça m’inquiète pas. Officiellement, on n’est p’têtre pas mariés, mais pour moi, dans l’fond, ça revient au même, car Gaëlle reste la seule femme qui compte véritablement pour moi, et avec laquelle j’veuille vieillir et fonder une famille. Il s’avère juste qu’on va avoir un gosse plus tôt qu’prévu, c’est juste une avance sur notre programme d’avoir une famille nombreuse !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 26 Nov 2015 - 17:42
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



C'est fou comme, pour certaines personnes, être en couple avec la personne idéale -son double-, est synonyme d'un trop-plein d'échanges langoureux -si possible, avec un maximum de personnes autours- sinon, c'est que cet amour-là est faux. Dépourvu de toute force. Et bien nous, Raphaël et moi, nous pouvons prouver le contraire sans la moindre gêne. Même si nous ne passons pas notre temps à nous bécoter à la vue de tous, il est évident que nous sommes faits l'un pour l'autre. Que les années passées ensemble ne sont qu'un avant-goût de ce qui nous attend, de notre futur qui se conjugue ensemble -hum. Je mentirai si je disais que je n'aime pas me blottir dans ses bras, ni laisser de côté nos petits jeux pour des paroles plus douces. Disons que je dirais simplement que ce qu'il m'offre de bon coeur me suffit amplement. Hors de question de lui en demander plus. J'ai sans doute tendance à lui dire plus souvent que je l'aime et pourtant, je sais aussi que ce n'est pas parce que j'ose lui dire ces mots sensiblement plus souvent -non, pas à longueur de journée hein !- que je l'aime plus qu'il ne m'aime. Certains diront que dans un couple, il y a toujours l'un des deux qui aime son autre davantage. Et bien là encore, je pense pouvoir contredire ce fait supposé. Ses regards, ses sourires, son attitude si protectrice à mon égard -sans être étouffant bien entendu !-, ses mots sincères qui lui échappent.. Trouvez-moi un homme plus amoureux qu'il ne l'est, je vous lance le défi. Une relation à la Edgecombe en fait, Riley était comme lui, dans une moindre mesure évidemment. Mais, tous les hommes qui ont essayé de prendre cette place réservée à l'un de cette famille échouaient lamentablement. Le record absolu est détenu par un certain Kyle. Un blond de ma promo de kiné qui était si.. Etouffant à sortir les violons toutes les trente secondes, montre en main, que je ne l'ai simplement pas supporté plus d'une journée. Et qu'il était ennuyant.. Bref vous l'aurez compris, moi, j'ai trouvé mon prince charmant. Aussi grognon, aussi râleur qu'il est ! Si mon adorable fiancé cultive cette liberté qui le caractérise si bien, il faut dire que cela a un peu déteint sur moi. Voilà pourquoi Kyle n'avait aucune chance avec moi. Mon coeur est trop marqué de Raphaël, qu'il ne tolère aucun intrus. J'ai grandi avec cette famille-là, toutes les personnalités qui la composent sont adorables même si diablement différentes. Après, elles partagent toutes ce trait si Edgecombien. Ca doit être dans les gênes. Et j'en souris, me demandant si mini-Edgecombe allait en hérité. Son père étant celui qui a le plus de carafon dans cette famille, il n'y a pas vraiment de doute à avoir. Et j'en souris encore plus.

Quel plaisir de retrouver le calme de son petit chez-soi. Bien que les plantes et moi ne sommes pas très complices, j'ai la chance de compter sur un fiancé à la main verte qui s'occupe de maintenir leurs couleurs dans toute notre petite maison. Si je ne sais pas m'en occuper, je reconnais que leur présence donne un certain cachet à notre intérieur qui se trouve être plus bien décoré. Ca sert d'avoir un artiste comme compagnon ! Partout où mon regard se pose, je peux voir l'empreinte de sa personnalité et de ses préférences pour toute la décoration. Le seul point où j'ai posé ma propre patte, c'est au niveau bougies. Ca, c'est mon gros point faible. Je les aime de toutes les couleurs, parfumées ou non. Pour moi, elles magnifient les pièces, si bien que je me suis amusée à en disposer un peu partout, même si elles ne sont pas allumées constamment. Sans doute est-ce mon âme de pseudo-romantique qui se manifeste, je n'en sais trop rien. Mais voir ces petites flammes danser me fait toujours sourire, bien qu'elles soient toutes éteintes. Les flammes libres dansantes me rappellent mon homme. Et j'en souris, une fois de plus. Alors que j'évoque ce clan hyper sélect qu'est celui des Edgecombe, en me moquant gentiment -et oui, je vais en être une aussi, autant faire attention à ce que j'en dis-, mon oreille lui est toute dédiée. « Mais n’baisse pas les bras, t’as d’l’avenir en tant qu’p’tit boulet casse-pieds. C’est juste qu’les Edgecombe sont les rois ! » Un rire m'échappe. J'adore lorsqu'il m'appelle p'tit boulet tant ce petit nom me colle à la peau, et mes yeux se lèvent vers le plafond en l'entendant clâmer au roi. Je peux dire, sans vraiment me tromper, que n'importe qui croisant la route d'un Edgecombe peut confirmer leur monarchie. Ils n'ont même pas vraiment de concurrence à ce niveau-là. Le fait qu'ils soient si soudés en plus d'être nombreux peut effrayer certaines personnes ne prenant pas le temps de le connaitre. Avec eux, il vaut mieux être bien vu par l'ensemble de la famille si on veut éviter les ennuis. Ca peut aller très vite et le classique les amis de mes ennemis sont aussi mes ennemis n'est que trop vrai. Ou du moins, faut-il compter sur le temps. J'en ai fait les frais avec mon cher père et sa connerie monumentale, tout comme d'autres compagnes et compagnons le font actuellement pour s'intégrer dans la famille. Fort heureusement, ça fait des années que j'ai mon billet d'entrée et maintenant, ce n'est plus qu'une question de patience. Mais, même si nous ne sommes pas encore mariés, personne dans nos entourages respectifs ne doutent de nous. Pour certains, comme Sarah par exemple, je suis déjà une Edgecombe. Elle sait très bien à quel point son frère compte pour moi et tout ce que je suis capable de faire pour lui. Prenant un petit air de princesse sans scrupule, je réplique à mon fiancé. « Mais.. Fais attention princesse p'tit boulet casse-pieds va mener la vie dure au bon prince ! » Prince des casse-pieds, des râleurs. Ouais, ça lui convient bien. Et comme si c'était utile de le préciser. Il le sait déjà. Mais comme déjà dit au sujet de nos disputes, ces dernières ne passent que très rarement une nuit entre nous tant je n'aime pas m'endormir ainsi. Après, pour ce qui est de nos joutes verbales prises avec humour.. Cela nous suivra. Jouant du sourcil juste pour le faire sourire encore une fois, j'ajoute. « L'élève finit toujours par dépasser le Maître. » Je lui lance un petit regard, empli d'innocence comme pour lui prouver que je suis encore en plein apprentissage, mais qu'attention, lorsque le moment viendra, je serai prête. Même si j'adore mon travail, j'aime d'autant plus le retrouver. Entendre sa voix, que je me force de ne pas appeler durant mes pauses de midi alors que je sais qu'il a besoin de toute sa concentration pour son art. L'entendre m'embêter, me titiller, me sous-entendre des choses que je devine facilement. Et me dire, même sur le ton d'une plaisanterie, qu'il tient à moi. Comme il le fait d'ailleurs en me disant : « Ah non, Gaëlle Gates, ça fait démodé, j’trouve. Gaëlle Edgecombe, ça sonne mieux ! » J'en frissonne presque tant je suis d'accord avec lui. Gaëlle Gates sera une partie de moi seulement une fois que j'aurai pris son nom. Je m'efforcerai de ne pas la renier.. Juste parce que je sais qu'il ne veut pas que j'oublie d'où je viens, même si ce ne sont pas forcément des souvenirs heureux. Et je lui dois bien ça. Son regard, sa voix.. Tout me conforte dans le sens où je sais qu'il fera de moi la femme la plus heureuse sur cette Terre si triste. Je n'serai pas la reine d'Angleterre, mais je lui laisse son prestige juste pour préserver cette tranquilité qui entoure notre couple. Je préfère vivre heureuse, dans notre petite maison, que dans un palais somptueux, mais impersonnel. Gaëlle Edgecombe, ça a vraiment de la gueule, ça. J'en souris, moi aussi. Ca sonne même à la perfection. « C'est plus long, Edgecombe. Plus de lettres à caser sur la paperasse. » que je lui dis alors, non sans plaisanterie. Les caractères en plus, sérieusement, je m'en tamponne au plus haut point. Je ne vais pas me faire une entorse du poignet en remplaçant Gates par Edgecombe. Mais quand même, ça me fait rire intérieurement. « Mais, j'vais m'y faire. » Et plus vite qu'il ne le faut même. J'ai l'impression d'avoir gagné une telle maturité auprès de Raphaël, que je sais ce que je veux -et surtout ce que je ne veux pas-. Je deviens exigeante envers moi-même, juste pour entretenir ce qu'il ressent pour moi. J'ai toujours envie de plus pour lui.. Un besoin constant. Je sors de mes pensées lorsqu'il ajoute. « Au pire, t’sais, j’pense qu’tu pourras t’trouver un autre Edgecombe qui voudra bien d’toi ! » Comme si deux Edgecombe n'étaient pas déjà de trop ! Je le regarde, amusée, comme si je l'interroge du regard pour qu'il ose me confirmer ce fait-là. Même si j'apprécie énormément ses frères, ses cousins proches comme éloignés.. Il n'y a vraiment que lui qui me fait vivre. Entrant dans son jeu, je réplique tout en haussant les épaules. « Tu n'as pas tord. Ca devrait bien pouvoir se trouver. C'est pas comme si les Edgecombe manquent dans les environs ! » Une vraie invasion de ces petites bêtes-là. Je n'ajoute même pas le simple fait que je ne désire qu'un Edgecombe et un seul. Il en est conscient. S'il venait un jour à me rejeter, je n'irai pas trouver du réconfort auprès d'un autre membre de  sa famille, non. En fait, je n'irai dans aucun autre bras.

Alors que nous nous amusons de cette idée de pirate sexy et autres petites joyeusetés de cette trempe, je tiens tout de même à lui préciser une fois de plus que jamais je ne voudrai d'un Raphaël autre que celui qu'il est. Si je me suis risqué à m'emparer de ses lèvres dans sa chambre d'hôpital il y a de cela maintenant bien des années, c'est parce que toute sa personne m'a attiré. Je n'avais pas spécialement de pitié excessive face à sa maladie, non. J'ai toujours su qu'il est fort, qu'il allait se battre et gagner le combat. Mais par ce fait-là, je voulais lui prouver qu'il pouvait compter sur mon soutien, d'une manière bien plus forte que jusqu'alors. Que j'étais là, pour lui. Que je l'aimais, lui le parfait râleur. Que c'était comme une sorte de révélation à mes yeux, même si mon coeur devait se douter depuis un moment qu'il ne battait déjà rien que pour lui, se voilant la vérité face à Riley. Heureusement que je n'avais pas réfléchi à ce moment. Ce n'était pas un simple ami, ni même son meilleur ami. C'était bien plus que ça. Son frère.. Et je ne regrette rien. Si ce n'est cette peine que j'ai du infligée à Riley. Pourtant, j'aurai due m'en douter. Depuis un bon moment déjà. J'étais déstabilisée d'être seule face à Raphaël, je n'arrivais pas à soutenir son regard. J'ai sans doute préféré amorcer une histoire avec Riley sachant qu'il avait la préférence de mon père. Donc non, jamais Raphaël n'aura à changer pour moi. Je sais que c'est exactement pareil pour lui. « Tant mieux ! » Je lui adresse un petit sourire, plus timide, plus réservé, bien loin de l'amusement d'alors. Mais des plus sincères, un de ces sourires qui lui est réservé. Face à cet homme, je suis moi. Gaëlle, la seule et l'unique. Ce petit moment de calme ne dure pas plus longtemps puisque j'en ai finalement rajouté une nouvelle couche. « T’vas perdre, ma vieille, rêve pas ! Ou j’te laisserai gagner juste pour t’faire plaisir ! » L'une de mes mains se repose à son contact, juste parce que .. J'ai ce besoin. De le sentir, de laisser un contact s'installer surtout avec ce secret que je lui cache encore. Ce soir, plus que jamais, j'ai besoin de notre complicité, de savoir qu'il me protégera et qu'il m'aime. Oui, ce soir, je suis un peu en mode Bisounours. Mais ça n'ira pas en s'arrangeant maintenant que mini-Edgecombe est de la partie. « Dis donc, entre nous. C'est qui l'ancien, hein ? » Que je lui lance, arquant l'un de mes sourcils comme s'il venait d'oublier une chose importante. Le fait qu'il ait quelques années de plus que moi ? Sincèrement, je m'en fous complètement. C'est bien le dernier de mes soucis. Vraiment pas un critère m'éloignant de lui. Mais, il m'a tendu une perche à son tour. Et là, je n'ai pas hésité à me jeter à l'eau ! Prenant mon air de petite fille, j'ajoute. « T'es prêt à perdre pour ton p'tit boulet préféré ? Si ça, ce n'est pas de l'amour. » Vous voyez, même sans faire exprès ni même le vouloir, je continue de le vanner en douceur. « Bah voilà, tu vois bien : t’vas perdre ! » dit-il alors, me tirant même la langue, ce qui me fait exploser de rire. Qu'est-ce que j'aime ses petites mimiques de grand gamin ! Je m'en mords même la lèvre pour essayer de calmer ce rire et pouvoir balancer ces mots qui me brûlent les lèvres. « Ne t'emballes pas, mi amor. C'est juste pour te donner un peu d'espoir. » Il m'a tiré la langue ? Je lui réponds par un clin d'oeil, avant d'étouffer ce rire par un pouffement persistant. Il parait que rire est bon pour la santé, pas vrai ? Vivez avec cet homme, vous serez servi. Quoique, finalement, non. N'y rêvez pas. La place est prise.

Je me régale de ses caresses à défaut de ce repas qui ne doit pas tarder maintenant qu'il est commandé. J'en jubile même presque. Il me connait si bien que tout à l'air si naturel entre nous, une machine parfaitement huilée. Qui cale, de temps en temps, certes. Mais qui redémarre toujours en ronronnant davantage. J'essaie de capturer l'une de ses mains dans l'une des miennes alors que nous parlons plantes vertes. Ma veine quoi. « Vous êtes tellement pas potes qu’j’me demande encore comment des fleurs ont pu survivre à proximité d’toi ! » Je lui lance alors un regard faussement vexé puisque je dois me mordre la lèvre pour me retenir d'en rire. Bon, il faut reconnaitre qu'il y a une part de vérité dans ses propos. Maintenant sa main dans la mienne, je fais ma petite moue comme si je ne comprends pas le fait que ces végétaux ne m'aiment pas. « Il en faut bien un pour rattraper les conneries des autres, hein. Ca prouve que je peux compter sur toi. » Là encore, malgré la légèreté des paroles, mes mots sont forts bien pesés. Je plie légèrement mes jambes tout en restant installée sur les cuisses de mon fiancé. Manque qu'un plaid pour tenir le bout des pieds au chaud et, sincèrement, je pourrais m'endormir sur place. Je le cherche du regard, malheureusement il n'a pas l'air d'être dans les parages. Tant mieux, je n'ai pas cette tentation de m'en recouvrir pour un petit sommeil improvisé. N'allez pas croire que la compagnie de Raphaël m'assome, non. Mais j'ai eu une grosse journée en plus de n'avoir pas réussi à fermer l'oeil de la nuit passée. Et à juste raison .. Un petit pois sommeille dans mon ventre, et là, c'est une certitude. « Ah oui, désolé, j’partage ma douche qu’avec mes partenaires d’courses ! » Si j'ai le droit de partager un petit moment sous la douche -en toute innocence, hein !- avec mon fiancé après avoir couru avec lui.. Il va vraiment falloir que je songe à l'idée de m'y mettre. Ca lui ferait sans doute plaisir que je l'accompagne de temps à autre, même s'il va devoir réduire sa vitesse de croisière. Bien évidemment, je sais qu'il court pour se vider la tête. Et pour ça, il a aussi besoin d'être seul. Donc non, si je l'envisage, c'est vraiment à titre exceptionnel pour qu'il note l'effort fait. Comme dit, je ne suis pas d'un naturel jaloux, même si j'aime bien savoir que ce qui est à moi, est à moi, sans pour autant partir dans une possessivité folle. Disons que je reste une nana amoureuse. Mais rien que l'idée de l'imaginer courir au détour d'une ruelle me fait presque saliver sur ce canapé. Il a le droit de courir avec qui il veut, sincèrement, il a toute ma confiance. Mais, je ne peux pas me retenir de lui lancer avec humour un petit « Hum. Va falloir que je les garde à l'oeil à chaque fois que tu reviens alors. » Je feins cette jalousie, bien entendu. Nous avons déjà vécu tellement de choses ensemble, que ce sentiment n'a pas sa place dans ce que je ressens envers lui. Bien entendu, je remarque lorsque certaines personnes lui portent un regard bien trop appuyé. Mais je sais que jamais il ne cherchera à se rapprocher d'une autre personne que moi. Le jour où cela devrait arriver, ce serait vraiment que quelque chose ne tourne plus rond du tout. Nous avons beau nous disputer, nous nous aimons. Et les nuages menaçants au-dessus de nous ne sont jamais bien persistants. « Mais p’têtre qu’pour toi, j’continuerai à faire des exceptions ! » Décidément, cette conversation ne tourne pas vraiment à mon avantage, et je sens ce piège se resserrer autour de moi. A force de me mordiller la lèvre comme ça, je vais encore finir par la faire saigner. J'aime bien être une exception dans son quotidien, ça me plait pas mal comme idée. Bon, d'accord, pour le coup, ce n'est pas vraiment pour aider notre facture d'eau. Mais après tout, peu importe. Nous arrivons à boucler nos notes, pourquoi s'en priver ? « D’ailleurs, j’vais m’doucher avant d’aller m’coucher, si t’veux t’incruster, t’es la bienvenue ! » Si ce n'est pas une invitation, je ne sais pas ce que c'est d'autre. Je le regarde, laissant mon regard intéressé s'exprimer alors que je reste muette. Il faut dire que ce genre de phrases placées comme tel sur l'échiquier de notre petit jeu me déstabilise un peu. Il le faut, le fourbe. Il s'en amuse, il n'y a qu'à voir cette tête qu'il m'adresse. Essayant de reprendre ma couleur de teint habituel, je n'hésite pas à enfoncer le clou un peu plus. « Tu peux compter sur moi. Je vais courir du canapé jusqu'à la porte de la salle de bains. C'est un bon début, non ? » Mon regard espiègle parle pour moi, comme s'il voulait jouer, lui aussi. Envisager cette course est à ma portée, tout de même ! Surtout que je peux me vanter de n'avoir jamais fumer. Mes poumons sont donc en pleine santé. Y'a qu'à entrainer la machine, et je pourrai courir le marathon sans aucun souci ! Mais pour le moment, je vais me contenter de ces quelques mètres-là. Puis, ne pouvant pas garder l'invitation de Sarah pour moi, je lui en fais part. Même si je connais très bien son avis sur la question, j'ai encore besoin de ses paroles qui me rassurent. Et comme toujours, il réussit avec brio. « Tu devrais y aller, ça pourra que t’faire du bien. Tu rendras jalouses quelques nanas parce qu’elles pourront jamais être aussi canons qu’toi, et t’frustreras quelques mecs parce qu’ils pourront jamais t’avoir ! » J'ai envie de combattre ce mal, une fois pour toutes. J'ai envie de pouvoir me baigner, de mettre certains vêtements dévoilant mon dos, de ne plus avoir à sentir ce regard presque culpabilisant que je ressens. Pour moi dans  un premier temps, mais aussi et surtout pour Raphaël. Pour pouvoir lui proposer des choses que je n'ai pas vraiment osées jusqu'à présent. Il n'y a qu'à un moment où je ne ressens pas cette gêne, c'est lorsqu'il est là. Fort heureusement, je n'ai pas honte de me dévoiler à son regard et je ne m'interdis rien lorsque nous sommes seuls. Et pour me forcer à prendre cette bonne résolution, j'ai choisi une belle robe, certes très simple étant loin d'être extravagante pour cette fameuse soirée de lancement pour son exposition. Je veux marquer le coup, j'ai donc opté pour une robe avec laquelle il ne m'a encore jamais vue et qui dévoile une bonne partie de mon dos. Il ne le sait pas, bien évidemment. Ce n'est certainement pas grand chose pour certaines personnes, mais moi.. J'y tiens, même s'il m'aime telle que je suis. Ca lui prouverait, aussi, que je tourne les pages de ces chapitres passés les unes après les autres. Je souris face à ses paroles, celles-là même dont j'ai besoin d'entendre. « C'est c'qu'Erin te conseillerais ! » L'évocation de ce prénom étire un peu plus mes lèvres, tant je sais que cette femme est compte pour mon cher fiancé. Elle aussi a fait preuve d'un courage fou grâce à cette force de caractère qui me fait chaud au coeur. Ils ont tout deux gagné ce combat. « Elle est de bon conseil, ça y'a pas de doute. » je glisse alors. « Ou continues à m’réserver l’privilège d’savoir à quel point t’es canon ! » Je lève les yeux au plafond face à cette remarque qui me fait glousser une fois de plus. « Canon, pour un boulet.. » je ne peux plus retenir ce sourire si amusé « .. t'aurai pas pu trouver mieux ! » L'art de jouer sur les mots. Me souvenant de ce qui vient de me dire, je finis par lui céder d'une voix bien posée et sûre de moi. « Tu as raison, ça va me faire du bien. » Une façon indirecte de lui dire que je vais accepter la proposition de sa soeur. Après tout, il faut bien combattre le mal par le mal, non ?

Notre dernière virée à la patinoire est pleine de bons souvenirs. Franchement, c'était une super journée, même si mes talents laissaient à désirer et que j'ai collé quelques belles frayeurs à mon dévoué sauveur du glaçon. On ne peut pas être douée de ses mains et de ses pieds. Sauf pour Raphaël qui négocie les deux avec brio. Bref, je me donne bonne conscience en me contentant de mes talents de masseuse. D'ailleurs, j'ai bien envie de laisser mes doigts s'occuper un peu du dos de mon fiancé. Je le sens un peu tendu avec cette expo qui approche -et que dire avec cette nouvelle qui lui pend au nez !-. Ceux qui patinent super bien ont le don de me dégouter à chaque fois qu'ils passaient à côté de moi. Mais un jour ils feront moins les malins ! Parole de Gaëlle -notez, je n'ai pas dis que ça allait être pour demain, hein-. Puis avec mon coach personnel.. Alors que je parle d'une susceptible jalousie du sol envers Raphaël pleine d'humour, je me marre en entendant son rire qui m'irradie de l'intérieur. « Ca doit être ça ouais ! Va falloir qu’j’lui casse la gueule, il m’gonfle à tout faire pour t’faire tomber à ses pieds ! » A ne pas prendre au sérieux, bien entendu. Il n'est pas fou au point de frapper le sol, hein ! Mais là encore, il me prouve qu'il veut me protéger de tout et de n'importe quoi. Et je souris, fière de moi, d'avoir réussi à lui tirer cette réplique qui va le suivre un bon moment. En tout cas, s'il prononce ces paroles-là envers une personne bien réelle, je doute que ce soit sur le même ton d'amusement et que dans le genre cassage de gueule mon beau Raphaël est plutôt maitre en la matière ! Je ne compte même plus le nombre de fois où il est revenu vers moi un peu amoché. Un peu, oui. Car même s'il se prend des coups, il sait en envoyer encore plus, et celui qui lui a cherché des poux se trouve très souvent dans un état encore plus déplorable. Faisant genre, une fois de plus, je soupire et détourne mon attention vers le plafond. « Depuis le temps, t'aurais déjà pu t'en charger. » Ben oui, ma maladresse ne date pas d'hier. Et s'il peut faire quelque chose pour me faire un peu oublier d'elle, ça ne me dérangerait vraiment pas ! Je boycotte cette réplique que je suis à deux doigts de lui lancer au sujet des bleus sur mon p'tit derrière à force de tomber. Malheur, je dois me bouger pour chercher notre repas. Trop de feignantise, décidément. Revenant près de lui tout en négociant le partage de notre Indien, je le regarde hausser les épaules face à cette question dont je connaissais finalement la réponse. Un nouveau soupire m'échappe en voyant l'innocence même sur son visage. Il sait que je ne suis pas tranquille lorsqu'il fait l'impasse sur le repas comme ça. « Flavien a commandé à manger pour nous et m’a fait quitté l’atelier, mais j’ai pas réussis à manger grand-chose. » Comme d'habitude, en fait. Je secoue la tête en humant le doux parfum de mon repas. Avec ce secret qui lui sera bientôt annoncé, c'est juste inutile de lui servir mon discours habituel. Non. Pas la peine. « Tu pourrais lui proposer de venir manger ici un de ces prochains soirs, non ? » que je lui lance alors, simplement. Ca pourrait être sympa qu'il l'invite à l'occasion, pour manger un bon repas et prendre le temps de le déguster tranquillement. Puis, je le trouve plutôt sympa ce Flavien, surtout qu'il prend soin de mon homme en mon absence. Même si nous sommes encore très jeunes, que nous avons la vie devant nous -hum-, je m'amuse à peindre par moment nos portraits de nous, en p'tits vieux, toujours ensemble malgré les tempêtes de la vie. Ca me fait rire, même si cela ne dure jamais longtemps tellement j'aime vivre dans le présent. « Parce que t’prévois d’utiliser ton déambulateur en sous-vêtements sexy d’grand-mère, c’est pour ça qu'crains qu'ça n'colle pas ? » J'acquiesce d'un petit signe de tête comme si de rien était alors que mon regard se repose sur Raphaël et son air malicieux. « Bah oui. Histoire de te faire courir un peu plus vite. » Je dis ça innocemment, ma voix toute enjouée alors que je m'installe correctement sur le canapé, mon tit plat sous la main. « Tant qu’ça signifie qu’on fera des courses en déambulateur et à moitié à poil chez nous, j’suis pour ! » Toujours le mot pour rire ! Je ne peux pas m'en empêcher tellement les bêtises qu'il raconte risquent d'être très drôles si elles devenaient un jour réalité. Je commence même à en avoir mal à mes petites joues à force de me marrer depuis mon arrivée. Il n'y a vraiment qu'avec lui que je peux délirer sur ça. D'autres personnes pourraient nous prendre pour des fous. Mais, peut-être que nous le sommes un peu.

Un plat Indien, un chéri présent, un bon film qui s'annonce avec une tonne de souvenirs, une nouvelle qui va changer nos vies.. Ouais, une soirée presque comme les autres à quelques détails près. Je me souviendrai toujours de ce moment où ces quelques mots si forts ont été dit alors que j'étais blottie contre lui, dans ses bras, le regard rivé vers l'écran. Un doux murmure lancé au creux de mon oreille et qui ont eu le don de détourner mon attention du film. Et là, c'est comme s'il les dit une fois de plus. J'en détourne mon regard, les joues toujours rosées. Être plongée de la sorte, des années en arrière, devant ce film me touche énormément. Ouais, je suis un peu fleur bleue sur les bords et surtout très sensible. J'accorde énormément d'importance aux détails qui nous entoure, et c'est grâce à cela que je capte toutes les subtilités que Raphaël glisse dans ma vie. Que ce soit par des regards, des faits ou des gestes, des paroles prononcées ou gardées sous silence. Ce repas me fait du bien alors que je bous intérieurement. Le hasard fait bien les choses, ce film va prendre encore une autre tournure sous peu. Une fois débarrassés tous deux des restes de nos repas, je retourne me blottir contre lui. L'entendre lancer quelques répliques par-ci par-là me fait sourire. Il a toujours l'air d'être ce petit garçon que j'ai connu, si innocent. Je ne fais même plus vraiment attention à la trame du film, je détourne même le regard quelques secondes avant cette interruption. C'est le moment. Je ne peux pas rester debout, tant mes jambes sont fébriles et que je tremble des pieds à la tête. J'ai froid, j'ai chaud. Je ne suis vraiment pas bien alors qu'il observe ce paquet. Mon ventre se noue alors qu'il me remercie. J'espère juste qu'il appréciera la surprise. Ces secondes de silence me paraissent interminables. Je joue avec mes doigts nerveusement, suivant son regard balayé les quelques lignes écrites. Ses yeux semblent s'être arrêtés sur l'une des phrases, mais je ne sais pas vraiment laquelle. Ce silence est une véritable torture, mais il m'est juste impossible de le briser. « Vraiment ? » dit-il alors, me faisant presque sursauter tellement je me suis habituée à ce silence qui pour moi était bien lourd. Il repose la lettre, je suis encore plus fébrile. Mes yeux sont presque inondés, je ne sais même pas quoi dire. Je lance alors d'une petite voix. « Oui. Vraiment. » C'est au tour du colis d'être posé sur le canapé. Mon souffle se fait court, j'ai l'impression de suffoquer. Et je le vois. Ce sourire que j'attendais et qui est encore plus resplendissant que ce à quoi je me suis attendue. Je ferme très brièvement les yeux, soupirant silencieusement de soulagement. Lorsque je les rouvre, je croise son regard que je n'ai jamais vu briller d'une telle intensité. Il se lève. Il est debout face à moi. Mes jambes sont tellement frêles qu'il me faut bien son aide pour me relever, un énorme poids en moins. « C’est... » Je me blottis tout contre lui, laissant ma tête reposer contre lui, mes yeux se refermant une fois de plus. Et oui, nous ne faisons vraiment rien comme les autres. Mais c'est bien ça que j'aime. Je l'entoure de mes mains, répondant à cette étreinte qu'il m'offre. Les mots me font défaut. Je suis juste incapable de lui dire quoi que ce soit. « C’est.... Vraiment trop... C’est.... » L'une de mes mains emprisonne entre ses doigts le tissu de son haut alors que je l'entends presque euphorique, l'autre caressant tendrement son dos. Je n'ai pas besoin qu'il se torture l'esprit plus que ça pour mettre des mots sur ce  qu'il ressent tant son étreinte parle pour lui. « Génial ! » Qu'il me glisse finalement. Génial, oh que oui. Ce mini-Edgecombe n'est sans doute pas attendu, mais maintenant qu'il est là.. Il sera véritablement comme notre petit prince. Des couples plus jeunes, moins soudés que le nôtre sont aussi parents. Nous, nous y arriverons aussi. Il n'y a pas de raison. Et puis, nous voulons une famille nombreuse, non ? Ce n'est peut-être pas une si mauvaise nouvelle tant je redoute les grossesses tardives. Mon regard est brouillé de larmes de joie qui ne demandent qu'à sillonner le long de mes joues. Alors qu'il met fin à cette étreinte si.. intense pour venir capturer mes lèvres, je n'arrive plus à les retenir, préférant fermer mes yeux une fois de plus. Mes doigts se referment davantage sur ce vêtement qui le recouvre alors que mon autre main se faufile entre nous pour se poser sur son torse. Je lui rends ce qu'il m'offre, je lui accorde ce qu'il désire, ce dont il a besoin. Je ne prête même pas attention à ce film qui reprend alors même que l'une de ses mains migre vers ma joue sans doute bien humide. Tout ce stress que j'ai accumulé dans la journée me fait littéralement craquer. Je le laisse s'emparer de cette main posée sur son torse, resserrant ma prise sur ses doigts. Mon regard plonge littéralement dans le sien. « Mais... On peut pas... » Là, il m'a momentanément perdu en disant ça. Je me mords la lèvre alors qu'il remet l'une de mes mèches blonde à sa place. « ‘fin, j’veux dire... On n’est pas encore mariés, alors, niveau religion, tout ça quoi... Ca l’fait pas trop, nan ? » Je ne sais pas si c'est le stresse, cette nouvelle qui nous tombe dessus sans prévenir ou si c'est un petit coup de flippe que je me suis donnée toute seule en entendant ses premiers mots.. Mais là, avec cette précision, j'en suis presque rassurée. Une chose encore plus rassurante, c'est de sentir sa main venir se poser sur mon ventre. Et rien que ça, ça m'arrache une larme de plus en même temps que mon sourire se grandie. J'hausse légèrement les épaules, mes jambes n'étant plus soutenues par mon cher fiancé se retrouvent à nouveau affaiblies. J'ai un peu de mal à retrouver ma voix. « Je sais, c'est un peu.. Hors de contrôle. » Et ce n'est pas peu dire ! Comment est-ce que c'est arrivé ? Mystère, sincèrement. Et si vite.. Je comprends qu'il soit déstabilisé par tout ça. Faut dire que je le suis moi aussi. Gardant ses doigts entrelacés avec les miens, je pose mon autre main sur son bras gauche. Et là, un petit problème se pose en effet. J'ai déjà dû lutter pour faire accepter par certains membres de ma famille le simple fait de vivre avec Raphaël. Et ils ne sont pas fous, ils savent très bien qu'après tout ce temps ensemble, il nous était juste impossible de ne pas céder à certaines choses. Et là, ils en auraient la preuve s'ils en doutaient encore. Mais ça me fait rire, finalement. Je lui souris comme si je veux le rassurer que tout se passera bien. « Mais ils n'auront pas le choix. Il est là, ils devront s'y faire. » Là, je sous-entends qu'ils ne me demanderont jamais d'abandonner cette grossesse, le simple fait d'avorter ne faisant pas partie de leur vocabulaire. Et puis même, je le veux cet enfant. Et si je dois taper du poing sur la table pour le faire accepter avant notre mariage, je le ferai. Sans hésiter. « Mini-Edgecombe ne portera pas de Gates. » Je continue à lui dire, de ma voix loin de l'amusement des piques d'avant, mais emplie de calme et de détermination. Là, en disant ça, ils sauront que le mariage n'est que retardé. Il aura lieu, sans doute après la naissance,=. Je ne sais pas encore, ce serait plus logique de patienter un peu. « Il sera heureux. Nous aussi. » Je sous-entends par là qu'il fera un père parfait. Il ne doit pas en douter, je crois en lui autant qu'il croit en moi. Il ne doit pas s'en faire. Ma famille, j'en fais mon affaire personnelle. Et ce mini-Edgecombe, je ne vais pas l'abandonner sous prétexte que nous ne sommes pas mariés. Oui, j'en viens à placer cet événement en tant que détail. Mais c'est vrai, je le veux et nous aurons toujours le temps de nous marier par la suite. En plus, cela nous donnera encore quelques mois de préparation de plus. Ce ne sera sans doute pas pour déplaire au futur papa. Je me rapproche de son visage sans relâcher sa main, déposant un tendre baiser sur sa joue, avant de glisser, toute amusée, à son oreille. « Faudra que tu profites du calme de ces prochains mois, et que tu sois prêt à me chercher des fraises à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. » Je plaisante, bien entendu. J'espère ne pas avoir à lui imposer des envies bizarres comme les femmes enceintes savent le faire. Par contre, je dois avouer qu'une autre crainte commence à me guetter de loin. Une de celles qui a, malheureusement, eu d'importantes conséquences sur ma vie. Même si je sais que la médecine a évolué depuis ma naissance, je suis tout de même obligée de penser à ma mère, morte en me mettant au monde. Si j'ai bien compris ce qu'il s'était passé à ce moment-là, c'est que ma mère était presque condamnée tant il y avait de complications. Mais, le corps médical à tout fait pour me sauver, sacrifiant ma mère pour me laisser vivre. Je sais très bien que la majorité des grossesses se passent sans grands soucis, que le suivi qui entoure cette étape de la vie est bien plus poussé qu'alors. Que rares étaient les mères qui, à l'instar de la mienne, ont connu le même sort. Et ça me rassure, bien évidemment. Avec cette nouvelle, je sais aussi que je vais vraiment devoir aménager mes horaires par la suite pour ne plus enchainer d'aussi longues semaines. Bientôt, je vais aussi devoir faire l'impasse sur certaines techniques de manipulations trop physiques. Mais pas tout de suite, enfin, je ne pense pas. Ne tenant plus face à toutes ces émotions, je me rassois sur le canapé, gardant sa main dans la mienne pour l'attirer près de moi. Je me doute que nous avons de quoi parler pendant un moment et que le film.. Il faudra sans doute faire l'impasse dessus. Ou alors, lui comme moi, nous ne le verrons dépourvu de réelles attentions, tant mes pensées sont rivées sur mon petit ventre.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyDim 29 Nov 2015 - 21:25
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


L’bonheur, pour moi, s’trouve contenu dans l’éclat d’rire d’Gaëlle, dans la chaleur d’ses sourires, et dans la douceur d’ses caresses. Stupéfiant, qu’j’dise ça, mais c’est vrai. Et, croyez-moi, l’bonheur, j’ai passé des années à l’voir m’fuir pour disparaître pour d’bon, au point d’me demander si j’allais l’retrouver un jour. Enfant, j’étais trop moqueur, trop bagarreur, trop emmerdeur, trop imparfait pour qu’on m’voit autrement qu’comme un p’tit con. Puis bon, mes aîné(e)s n’avaient que trop brillés pour qu’j’puisse m’faire ma place, grandissant à l’ombre d’leur éclat, m’ternissant alors qu’ils n’cessaient d’éblouir les foules. Par leurs bonnes notes, par leur esprit d’camaraderie, par leur gentillesse, par l’respect dont ils faisaient preuve face aux plus vieux, par leurs prouesses sportives.... Etant le 9ème rejeton d’la tribu, j’aurai dû batailler bien plus qu’n’importe quel gamin issu d’une fratrie moins conséquente pour parvenir à m’faire un semblant place dans un village aussi minuscule qu’celui dans lequel j’ai vu l’jour. Hors, j’ai jamais voulu avoir à jouer un jeu pour m’faire apprécier des gens, afin qu’ils m’voient pas simplement qu’comme un énième Edgecombe. J’aime ma famille, j’dis pas l’contraire, mais être né dans une famille aussi nombreuse qu’la mienne, c’est pas facile, et ça l’est encore moins dans un p’tit patelin dans lequel tout l’monde connait tout l’monde depuis toujours. On fait forcément des comparaisons entre vous, vos parents, vos aîné(e)s et l’reste de votre famille, qu’on connait, immanquablement. Tout c’que vous faites et dites est passé au crible par les langues d’vipères et les curieux du coin, et s’propage comme une traînée d’poudre. J’ai souffert d’cette sensation d’étouffement d’être un Edgecombe, d’être invisible parmi la multitude, d’être l’vilain p’tit canard d’une tribu appréciée d’beaucoup. J’ai souffert des rumeurs qui couraient sur ma famille, qui n’faisait pas l’unanimité dans notre bourgade. Entre certains qui nous comparaient à des lapins qui pullulaient plus vite qu’la vitesse d’la lumière, d’autres qui voyaient en nous des bouseux illettrés, ou encore des crétins congénitaux, voir des éternels paysans. C’était sans compter, bien entendu, sur les divers remous qu’avaient causé l’ensemble d’ma famille, parce qu’faut pas rêver, vu les nombreuses générations d’Edgecombe qui ont vécues en Angleterre, y’a en eut un paquet qu’ont fait des conneries, plus ou moins graves ! D’la nouvelle génération, cependant, j’étais l’pire, d’l’avis d’tous. Et les ragots n’ont cessés d’pourrir ma vie, quand ma mère a commencée à agir d’manière incongrue. L’bonheur s’effilochait d’chez moi, au fur et à mesure qu’la santé mentale d’ma mère déclinait. J’me suis enfoncé dans mon rôle d’ptit con, parce qu’c’était la seule solution qu’j’ai trouvé pour affronter la tempête qu’agitait ma vie. Parce que tout volait en éclats, et j’refusais que les aléas d’la vie n’m’imposent d’changer du tout au tout l’être que j’étais. Puis faire l’pitre comme ça, ça amusait aussi la galerie, mais aussi et surtout mes frères et sœurs (‘fin, dans une moindre mesure quoi, mais j’contribuais à leur rendre l’sourire d’temps à autre, à leur faire oublier les horreurs qu’on pouvait entendre sur notre famille, et l’climat tendu qui régnait chez nous.). L’autre avantage, aussi, c’est qu’on prenait pas l’temps d’me questionner sur c’qu’j’pouvais bien éprouver, lorsqu’j’faisais l’con, parce qu’les enfants s’en foutaient, et qu’les adultes n’réfléchissaient pas forcément à c’qu’une telle attitude pouvait bien signifier. L’bonheur a continué à s’noyer dans la masse d’la merde, comme l’Titanic prenant l’eau après sa belle collision amoureuse avec l’iceberg, quand ma mère s’est faite internée. Tout l’monde a été rapidement mis au courant qu’elle était schizophrène, certains n’ayant qu’des doutes jusqu’alors, tandis qu’d’autres avaient réussit, tant bien qu’mal, à garder l’secret. La drogue qu’a commencé à prendre Josh, au même titre qu’la tumeur qui m’rongeait, a bouté encore plus loin l’bonheur qui subsistait en moi. Mon frère s’consumait à p’tit feu, au fur et à mesure qu’la drogue s’répandait à travers sa trachée, puis surtout à travers ses veines, toujours plus forte, et à des doses toujours plus importantes. J’luttais contre mon corps, tandis qu’Josh, qui avait toujours été pour moi un modèle et un confident, cessait de lutter contre ses démons. J’étais trop occupé à m’battre pour survivre et pour contribuer à c’qu’l’intégralité d’la famille n’perde pas l’sourire, qu’j’ai même pas vu qu’Josh sombrait dans un Enfer d’dépendances. Lorsqu’j’en ai pris conscience, il était trop tard, il avait déjà traversé bien trop d’cercles d’l’Enfer pour en ressortir indemne, ou pour simplement survivre à son escapade dans les limbes des Ténèbres. C’est alors qu’les yeux d’Josh devenaient plus en plus vitreux, et qu’mes tentatives pour l’aider à s’en sortir s’sont avérées vaines, qu’l’bonheur a disparu pour d’bon d’mon dictionnaire. J’crois qu’c’est en voyant qu’mon frère m’échappait d’plus en plus qu’j’ai enfin trouvé l’courage d’m’avouer qu’j’aimais Gaëlle. Voir Josh s’dissiper dans ses abîmes d’bonheur illusoire m’a fait l’effet d’un électrochoc : la vie était trop courte pour s’voiler la face. Même ma tumeur n’avait pas réussit à m’foutre une claque assez forte dans la gueule pour qu’j’percute. Mais bon, l’déclic n’fut pas assez fort pour qu’j’tente ma chance avec ma jolie voisine, j’pouvais pas faire ça à Riley. J’pouvais pas m’permettre d’créer une liste des frangins qu’j’avais perdu pour y mettre Josh et Riley... J’ai définitivement renoncé au bonheur quand les séances d’chimio s’enchaînaient, et m’épuisaient à tel point qu’j’pouvais même plus aller aux étables à pied sans m’sentir trop fatigué. La maladie agissait comme une succube sur moi, alors qu’j’avais toujours été quelqu’un de – parfois trop – sportif. D’ailleurs, c’est à cette époque qu’j’ai commencé à m’plonger dans la sculpture, qui n’avait été qu’un hobby jusqu’alors, au point d’passer des heures à bosser sur une œuvre. J’mettais à profit l’fait d’être trop claqué pour aller en cours afin d’avancer, même si j’devais m’interrompre régulièrement dans l’but d’m’reposer. C’était la seule chose qui m’réconfortait d’pas pouvoir aller en cours. Ouais, étonnant d’savoir qu’l’imbécile du village comme moi aimait étudier, mais disons qu’j’savais qu’si j’voulais qu’ma famille m’laisse une chance d’tenter d’devenir un artiste, fallait qu’j’ai d’assez bonnes notes, tout comme j’savais qu’celles-ci m’seraient nécessaire pour intégrer les écoles qu’j’avais déjà repéré. Puis l’bonheur a repointé l’bout d’son pif, s’infiltrant peu à peu dans ma vie comme l’eau inondant lentement une bicoque. Juste grâce aux visites que m’rendait Gaëlle, et à notre complicité qui n’cessait d’croître. Elle illuminait ma triste chambre à l’hôpital, ainsi qu’mes journées d’malade cloué au lit à domicile, bien plus efficacement qu’l’soleil n’parvenait à l’faire lorsqu’il s’montrait enfin. Mais la monotonie, dans toute son accablante tristesse, m’reprenait dès qu’elle franchissait l’seuil pour partir. C’est sans doute à c’moment-là qu’j’ai commencé à comprendre Josh, dont l’bonheur n’dépendait plus d’lui ni d’ses actes, à la différence qu’son bonheur coûtait un max et l’obligeait à fréquenter des types louches, alors qu’moi, il était entre les mains d’une fille qu’il m’était interdit d’aimer. L’bonheur m’a brûlé les veines comme d’l’acide lorsqu’Gaëlle a posée ses lèvres sur les miennes et qu’j’ai compris qu’mes sentiments étaient réciproques. Cette douce brûlure a perdurée pendant des mois, jusqu’à qu’ça n’finisse par mettre ma maison en ruine.... Cette nouvelle, qui nous a fait revenir chez nous, a d’ailleurs donné un goût d’centres au dernier baiser qu’nous avions échangé, juste avant qu’on n’soit au courant d’l’horreur. Ce fut une douche froide, qui n’a pourtant pas pu éteindre l’incendie qu’avait déclenché en moi l’amour qu’j’portais pour Gaëlle, mais aussi l’retour d’l’obscurité dans ma vie, avec l’poids d’la culpabilité, et, sur mes lèvres, l’goût d’cendres mêlé au sang versés par les miens, en prix à payer pour mon amour interdit, qui m’tournait désormais l’dos. Ma vie est devenue froidement insipide, alors même qu’la tumeur s’était enfin lassée d’moi. Une chaleur illusoire venait m’réchauffer lorsqu’j’tentais d’oublier Gaëlle dans les bras d’une autre, avec toujours un goût d’amertume cendré sur mes lèvres. Puis Gaëlle est revenue dans ma vie, m’montrant, une fois d’plus, qu’mon bonheur n’dépendait qu’d’elle, et n’sera visiblement contenu qu’entre ses mains. Vous l’voyez, vous l’obscur nuage d’cendres qui commence peu à peu à revenir vers moi pour éteindre toutes lueurs d’bonheur ?

On dit qu’on n’prend conscience d’l’importance d’une personne qu’lorsqu’on la perd, mais on oublie d’préciser qu’la perte est hautement plus douloureuse si on avait déjà conscience d’son importance bien avant. P’têtre qu’mon malheur à venir, après tout, j’l’aurai bien cherché, en adossant la définition d’mon bonheur à Gaëlle. P’têtre qu’j’aurai dû profiter d’ma chance d’avoir une famille nombreuse pour m’arranger afin qu’mon bonheur soit lié à ma tribu. A ma décharge, j’ai jamais considéré ma tribu comme étant complète, étant donné qu’Gaëlle n’était pas une Edgecombe officiellement, donc, lorsqu’elle m’dit des trucs comme ça : « Mais.. Fais attention princesse p'tit boulet casse-pieds va mener la vie dure au bon prince ! », il m’est difficile d’me faire à l’idée qu’on n’sera pas toujours ensemble. « Bravo, la princesse va finir par rendre l’prince encore plus crétin qu’il n’l’est déjà ! », dis-je en poussant un soupir feint, prétendant vraiment être attristé par l’sort qui m’attendait, alors qu’j’préfère, très largement, m’sentir un imbécile heureux en étant avec elle qu’un imbécile attristé sans elle. D’nous deux, j’pense qu’Gaëlle s’rapproche plus d’une princesse qu’moi d’un prince, mais c’est qu’mon point de vue, sans nul doute biaisé par c’que j’ressens pour elle. Même lorsqu’elle m’lance des conneries d’ce genre : « L'élève finit toujours par dépasser le Maître. », qui m’font secouer négativement la tête, avec conviction, car même la mimique qu’elle m’lance ne m’convainc pas, bien qu’elle m’fasse fondre (comme toutes les facéties qu’elle peut faire, d’toute façon !). « Jeune padawan, avant d’arriver à mon niveau, longue encore ta route sera ! ». Ouais, cherchez pas, ça m’arrive parfois d’faire quelques références à certains films qu’j’aime bien. Cela dit, là, j’reste persuadé qu’Gaëlle n’arrivera pas à atteindre ma chiantitude : faut dire qu’j’travaille dessus depuis toujours, alors bon, j’ai sacrément de l’avance. « Besoin de beaucoup d’entraînement tu auras ! », dis-je avec un petit sourire réconfortant, tel un maître conversant avec son disciple. Et si jamais elle arrive à devenir plus pénible que moi, j’crois qu’j’ai du souci à m’faire, parce qu’j’pense pas qu’j’arriverais vraiment à supporter un individu aussi pénible qu’moi ! Y’a quand même du niveau, avec moi ! Même si cette personne portera un jour pour nom Gaëlle Edgecombe ! « C'est plus long, Edgecombe. Plus de lettres à caser sur la paperasse. Mais, j'vais m'y faire. » J’retiens un sourire à cette réplique, même si on voit qu’le coin d’mes lèvres frémit, mais j’veux avoir l’air sérieux en disant : « Ouais, mais bon, c’est du nom d’famille qu’on porte qu’découle notre taille ! Gates, c’est aussi court qu’t’es courte sur pattes ! T’verras, avec l’Edgecombe, t’auras l’impression d’gagner autant d’centimètres qu’de lettres supplémentaires à écrire sur les cases ! », voici la connerie qu’j’sors, d’un air professorale. Cependant, mon air sérieux s’dissipe bien vite pour afficher un air intrigué, qu’j’explique rapidement : « J’espère qu’tu grandiras pas trop, j’aime bien l’modèle réduit d’Gaëlle moi ! », dis-je, d’un ton badin. J’sais, c’est facile d’la taquiner au sujet d’sa taille, mais comme j’l’aime bien ainsi, bah, j’la charrie, c’est aussi con qu’ça. Et les conneries s’enchaînent, avec un naturel déconcertant. On devrait p’têtre compter les points, pour savoir qui mène l’jeu, nan ? « Tu n'as pas tord. Ca devrait bien pouvoir se trouver. C'est pas comme si les Edgecombe manquent dans les environs ! » Ca, c’est l’moins qu’on puisse dire. Y’en a presque partout. Même si on reste concentrés dans la même zone géographique, y’a pas des masses d’Edgecombe qui s’soient beaucoup éloignés d’Londres, et encore moins qu’ont quitté l’pays ! « Et c’est pas prêt d’s’arrêter ! », finis-je par dire, amusé, parlant aussi bien des naissances à venir du côté d’mes frères et sœurs, qu’celles qu’ont attend d’voir un jour avec Gaëlle. Un jour, on finira par avoir un village qui portera l’nom d’Edgecombe, ça serait trop cool !

« Dis donc, entre nous. C'est qui l'ancien, hein ? », m’lance Gaëlle, après une succession d’conneries, toutes plus intelligentes les unes qu’les autres (car ouais, vous apprendrez qu’lorsqu’elles viennent d’nous, elles sont forcément très intellectuelles, c’est comme ça et pas autrement !). « Hey, on respecte ses aînés, sale mioche va ! », j’fais rouler mes yeux dans leurs orbites pour ajouter un « Ah, ces jeunes, aucun respect d’nos jours ! » très dépité. J’ai beau avoir déjà 25 ans, parfois, j’ai l’impression d’être encore l’ado qui commençait à peine à sortir avec Gaëlle. Parce qu’j’ai pas l’impression qu’beaucoup d’plomb m’soit rentré dans l’crâne, à moins qu’ça n’soit ça, la maturité, savoir s’comporter encore comme un gamin à l’occasion, et agir en adulte lorsqu’le moment est venu ! « T'es prêt à perdre pour ton p'tit boulet préféré ? Si ça, ce n'est pas de l'amour. » Bon, j’crois qu’j’ai quand même plus d’facilité à m’comporter comme un môme, parce qu’j’lui réponds : « Tout d’suite les grands mots ! J’ai jamais parlé d’amour moi, t’sais ! C’était juste d’la politesse, mais j’vais t’battre à plate couture ! ». Voici c’qu’je trouve en effet l’moyen d’prétendre, ouvertement bougon, alors qu’j’savoure, encore et toujours, notre moment d’tendresse. Nul doute qu’ma famille risquerait d’halluciner d’me voir agir ainsi, étant peu habitués à c’qu’j’sois ainsi. Faut dire qu’ils sont peu nombreux, les Edgecombe, à être plus ouvertement affectueux qu’moi, mais bon... Cela dit, ouais, elle a p’têtre raison, il est clair qu’j’pourrais faire exprès perdre n’importe lequel d’nos jeux qui nous opposerait l’un à l’autre, juste pour la voir, toute fière d’avoir gagnée. Enfin, allez quand même jusqu’à le lui dire, hein ! Bref, comme j’décide d’feindre d’avoir la certitude qu’j’vais gagner, j’le fais bien savoir à Gaëlle, qui n’se laisse pas faire pour autant : « Ne t'emballes pas, mi amor. C'est juste pour te donner un peu d'espoir. » J’secoue la tête en la voyant m’faire un clin d’œil et tenter d’cacher son amusement. « Qu’c’est fourbe, d’agir ainsi ! » J’hausse cependant les épaules, faisant ainsi comprendre qu’j’m’en fous, j’gagnerai quand même, j’la ferai craquer avant, si on venait à s’amuser d’la sorte. Parce qu’j’aime pas m’avouer vaincu d’avance, même si j’sais qu’face à Gaëlle, j’ai aucune chance. Même quand on s’engueule, j’finis toujours par revenir à elle, tôt ou tard. Parce qu’l’manque d’elle est plus important qu’l’agacement engendré par l’sujet qui nous a opposé. Puis au final, on parvient toujours à trouver un compromis, ou l’un parvient à s’incliner face au point d’vue d’l’autre. Attention, cependant, à n’pas être vers nous quand on s’engueule, car on n’fait pas semblant : d’véritables scènes d’ménage, sans qu’on aille pour autant jusqu’à s’amuser à casser d’la vaisselle pour souligner notre énervement. L’une de nos dernières véritables disputes a eut lieu l’soir même où j’avais prévu d’faire ma demande en mariage. On était dans l’un des restau préférés d’Gaëlle, et une d’mes vieilles amies est venue m’saluer. Etant donné qu’j’avais été pas mal pris par les préparatifs d’la soirée, au cours des jours précédents, j’crois qu’ma jolie kiné n’avait pas supporté cette interruption, alors qu’on était sensé profiter d’un moment en amoureux. L’ton était vite monté, alors même qu’mon amie était toujours vers moi. Et j’pense qu’Gaëlle était sans doute pas mal fatiguée par les longues journées d’boulot qu’elle enchaîne bien trop souvent, du coup, elle était sans doute plus facilement irritable qu’à l’accoutumée. Toujours est-il qu’elle n’m’a même pas laissé m’expliquer réellement, s’énervant d’plus bel à chacun d’mes mots, pour finir par s’tirer d’la salle. J’savais pertinemment qu’elle était parfaitement capable d’partir sans moi, d’prendre la voiture et d’me laisser m’débrouiller seul pour rentrer. Et, si, en général, dans d’tels cas d’figures, ça m’dérange rarement, c’soir-là, j’voulais pas qu’ça s’passe comme ça. Déjà qu’j’avais pas la bague qu’j’souhaitais lui offrir, j’allais pas non plus cesser d’me battre pour sauver cette soirée qui devait être unique pour nous. J’ai donc retrouvé Gaëlle, qui s’apprêtait à rentrer dans la voiture, p’têtre pour s’calmer ou pour rentrer, j’sais pas trop, mais très certainement pour fuir au moins la pluie qui affectionne tant notre pays. C’est donc tout en tentant d’apaiser Gaëlle et en sentant les regards des passants peser sur notre couple un peu trop bruyant qu’j’ai finis par faire ma demande. Avec une bague d’pacotille, et alors qu’on s’prenait une belle averse sur la tronche. Bref, c’était à mille lieux d’c’qu’j’avais imaginé, mais bon, c’était comme ça. Parfaitement à l’image d’notre couple, j’crois. Au moins, la routine n’a pas d’prise sur nous, on sait la pimenter, bien souvent sans réelles raisons, mais bon.

On en vient à présent d’parler d’fleurs, et Gaëlle finit par s’mettre en tête d’attraper l’une d’mes mains, qu’j’lui laisse bien volontiers. Ouais, j’suis pas tactile en général, mais Gaëlle, c’est l’exception qui confirme la règle. Puis d’tels gestes, avec elle, ça m’paraît plus naturel qu’avec d’autres personnes (j’parle des membres d’ma famille, là, pas d’éventuelles autres nanas qui pourraient m’intéresser, qu’on soit clairs ! Car ouais, j’suis pas un saint, j’sais qu’y’a d’autres jolies femmes dans l’monde, j’le vois bien, j’suis pas aveugle, quand même. Mais y’en a aucune qui m’attire autant qu’elle, et qui soit donc en mesure d’me la sortir d’l’esprit) « Il en faut bien un pour rattraper les conneries des autres, hein. Ca prouve que je peux compter sur toi. » J’esquisse un sourire tout en m’grattant la joue d’mon autre main libre. J’prends ainsi conscience qu’il va falloir qu’j’me motive à m’raser, c’soir ou demain, parce qu’l’effet « barbe d’quelques jours », c’est rarement mon délire, et encore moins l’effet « barbe d’folie ! ». « Ca, c’est clair ! ». J’valide les dires d’ma fiancée, alors qu’j’ai enfin triomphé d’ma démangeaison. « J’suis bien content qu’nos plantes tolèrent ta présence chez nous, sinon... », j’laisse planer un p’tit temps d’silence, un sourire minutieux sur les lèvres, pour finalement ajouter : « j’devrai t’virer d’ici. T’sais, pour l’bien-être végétale, t’comprends ? » Bah quoi, c’est vrai, j’ai pas envie qu’nos diverses plantes claquent, moi ! J’avoue, mon air ouvertement amusé démontre l’contraire, qu’entre Gaëlle et les plantes, mon choix serait vite fait, même si j’aime bien jouer au jardinier d’intérieur. Puis on a quand même nettement moins d’plantes chez nous qu’sa tante ! Tout c’qui est végétale et qui s’trouve ici (ou la plupart, du moins), c’est la plupart du temps des cadeaux, d’famille ou d’amis. Mon regard s’pose sur l’p’tit bonzaï qui orne l’étagère murale s’trouvant au dessus d’la télé, qui est un cadeau d’Gwendoline, la jumelle, lors d’son dernier séjour chez nous (celui durant lequel nous avons été à la patinoire ensemble). Si j’m’évertue autant à prendre soin d’tout ça, outre l’aspect esthétique d’la chose, et l’côté relaxant d’l’exercice, c’est aussi pour ma mère. Elle a toujours aimée s’occuper d’ça, et, du coup, elle adore les voir, les quelques fois où elle peut venir passer quelques jours avec nous (sachant qu’elle préfère retourner chez elle qu’aller chez l’un d’ses enfants, aussi bien pour pas faire d’jalousie au sein d’sa marmaille, qu’parce qu’sa campagne lui manque cruellement !). Sinon, lorsqu’on va lui rendre visite, elle attend toujours avec hâte l’moment où j’fanfaronne au sujet d’nos plantes et d’nos fleurs, photos à l’appui. Ouais, ça peut sembler bizarre, mais, du coup, j’ai toujours des photos d’nos plantes dans mon portable, afin d’être en mesure d’les montrer à ma mère. La conversation dérive finalement sur mes courses, et l’fait qu’Gaëlle est toujours conviée à m’suivre, pour bénéficier d’une douche en mon humble présence (non, mes chevilles n’sont pas en train d’gonfler, j’me sais canon, que voulez-vous !). « Hum. Va falloir que je les garde à l'oeil à chaque fois que tu reviens alors. » J’hoche vigoureusement la tête, comme si c’était l’idée la plus brillante qui soit. D’toute façon, j’cours seul, la plupart du temps. Pourquoi ? J’cours aux aurores, en général, et y’a pas forcément beaucoup d’joggeurs déjà réveillés, ou alors pas aussi assidu et réglé comme une pendule qu’moi. Alors ouais, il m’arrive parfois d’retrouver quelques personnes, avec lesquelles j’parle lorsqu’on s’retrouve autour d’un bon café, une fois notre course finie. En dehors d’ça, j’ai pas vraiment d’partenaires d’course, ni même d’partenaires d’sport. Hormis Flavien, qui est aussi sportif qu’moi, c’qui explique sans doute pourquoi on s’entend aussi bien. D’ailleurs, on s’retrouve 2 fois par semaine pour un cours d’taekwondo, qu’on suit depuis 2 ans à présent. C’est même l’sport qui nous a fait nous rencontrer, et non l’art : on s’est rencontrés au judo, sport qu’j’avais commencé dans mon enfance, pour l’interrompre lors d’ma maladie, et n’la reprendre qu’dès mon arrivée à Londres. Comme on estimait tous deux qu’on avait fait l’tour concernant l’judo, on a changé d’sport, et c’est même ensemble qu’on s’est essayé à l’escalade. Si les journées étaient plus longues, j’suis sûr qu’on trouverait l’temps d’se caler plus d’heures pour l’sports qu’ça, mais on a tous deux une vie d’couple à gérer en dehors d’ça, du coup, y’a des concessions à faire. « T’veux m’garder à l’œil juste pour t’faufiler sous la douche avec moi, avoue ! », qu’j’demande, souriant et amusé. J’pense qu’si j’prends la vie avec bien plus d’sourires qu’autrefois, c’est grâce au sport. Ca m’a toujours aidé à m’canaliser, bien plus efficacement qu’la sculpture ou qu’gérer des plantes. Rien d’tel qu’d’épuiser pour s’sentir apaisé. C’est pour ça, à mon avis, qu’j’ai pu m’montrer aussi imbuvable quand j’étais affaibli par la maladie, car j’avais plus d’moyen d’évacuer l’agacement qu’j’peux ressentir, naturellement. J’poursuis la conversation, avec espièglerie, même si j’détourne l’regard d’Gaëlle qui s’torture la lèvre à s’la mordiller d’la sorte. Comme si mon regard s’posait pas naturellement sur ses lèvres sans qu’elle n’y attire pas mon attention. . « Tu peux compter sur moi. Je vais courir du canapé jusqu'à la porte de la salle de bains. C'est un bon début, non ? » J’laisse un p’tit rire m’échapper, pour finalement m’reprendre, et tenter d’dire avec sérieux (sauf qu’le sérieux n’reste pas, y’a encore des échos d’rire dans ma voix) : « Ca marche ! Mais, attends... Pour t’faire courir, faut qu’j’coure derrière toi, ou qu’j’sois déjà dans la douche ? » J’ponctue ma question en arquant un sourcil, les yeux pétillants d’malice. La question méritait d’être posée, j’trouve, faut qu’j’ai la réponse pour savoir c’qui motivera l’plus Gaëlle. En espérant qu’elle court sans s’vautrer. Car non, rigolez pas, mais elle est bien capable d’se rétamer en courant sur une aussi p’tite distance. Ma future épouse m’fait alors part d’la proposition qu’lui a faite Sarah. Et comme à chaque fois qu’le sujet d’son père flotte, directement ou non, dans la pièce, j’me sens triste pour elle. Car c’qu’il lui a fait, les marques qu’il lui a laissé, ont entaché sa confiance en elle, à tel point qu’elle n’ose même pas porter c’qu’elle veut vraiment, d’crainte qu’on n’la regarde comme une bête curieuse ! « Elle est de bon conseil, ça y'a pas de doute. » j’secoue positivement la tête. Erin, ça a toujours été la maman d’notre groupe d’enfants malades, celle qui savait trouver les mots pour réconforter ceux qui avaient un coup d’mou. Elle m’a beaucoup aidé à relativiser les choses, et sans doute à assumer mes sentiments pour Gaëlle. Même si Erin ne les a découvert qu’en même temps qu’les autres, mais ses conseils m’ont fait grandir au point d’accepter d’être amoureux d’la p’tite amie d’mon p’tit frère. « Canon, pour un boulet... t'aurai pas pu trouver mieux ! » J’affiche une mine offusqué, avant d’dire : « Hey, j’suis un sculpteur, moi, pas un poète ni un écrivain, alors excuses-moi d’pas savoir manier correctement les mots, hein ! ». Bien entendu, j’en pense pas un traître mot. Si j’savais manier les mots, ça s’saurait depuis bien longtemps. Et j’aurai p’têtre pas eu d’aussi mauvaises notes en rédaction, ni en littérature ! Mais bon, j’avoue qu’les termes plus conventionnels, pour faire comprendre à Gaëlle qu’elle est belle, j’ai du mal à les employer. Car j’les trouve trop guindés, et bien loin d’décrire à quel point elle est sublime à mes yeux. « Tu as raison, ça va me faire du bien. » J’pousse un soupir d’soulagement en l’entendant dire ça. J’espère qu’elle aura l’courage d’le faire, et qu’elle s’dégonflera pas à la dernière minute. D’toute façon, j’connais assez bien Sarah pour savoir qu’celle-ci mettra tout en œuvre pour mettre Gaëlle asse en confiance pour s’tenir à cette décision. Et si jamais Gaëlle vient à s’sentir mal, Sarah l’remarquera bien vite, et agira en conséquence. C’est sans doute pour ça qu’j’aime autant Sarah : j’sais qu’elle fera toujours tout son possible pour veiller sur Gaëlle, quoi qu’il advienne. Et j’compterai d’ailleurs grandement dessus, dans quelques mois, lorsqu’j’abandonnerai la jolie blonde à son amnésie qui n’semblera pas pressée d’la laisser. A nouveau, j’passe une main dans ses cheveux, cette fois, plus par souhait d’lui manifester mon soutien qu’par geste purement tendre. D’ailleurs, j’ne maintiens c’geste qu’une poignée d’secondes.

Honnêtement, lorsque dans quelques mois, Gwendoline m’fera comprendre qu’elle n’porte pas Gaëlle dans son cœur, j’en serai étonné. Parce qu’lors d’notre journée à la patinoire, elle semblait bien s’amuser avec elle. Elle a même toujours été agréable avec Gaëlle. Certes, elle n’a jamais cherché à lui parler plus qu’de raison, mais elle appréciait quand même sa compagnie. Sauf qu’non, j’vais remarquer, dans quelques temps, qu’tout était faux. Gwen m’aidera même à convaincre l’reste d’la famille sur l’mensonge qu’j’lui sortirai alors : Gaëlle et moi n’étions pas faits pour être ensemble. Bien entendu, quand Gwendoline sortira ça au reste d’la famille, j’comprendrai pas, avant bien, bien longtemps, qu’il n’s’agissait qu’d’un mélange d’diverses choses : d’la jalousie d’l’enfant qu’elle était d’avoir vu l’frère dont elle a toujours été l’plus proche s’éloigner d’elle pour passer plus d’temps avec Gaëlle, du mépris pour celle qui avait brisé l’cœur d’un autre Edgecombe, d’l’hostilité envers celle qui a été considéré par beaucoup d’membres d’notre famille comme l’une des nôtres (au point qu’mes parents s’vantaient parfois des bonnes notes d’Gaëlle, comme s’ils y étaient pour quelque chose !), d’la rancune contre la fille d’l’homme qui a incendié notre maison et défiguré sa jumelle au point qu’celle-ci a finit par avoir honte d’se montrer en public, d’la colère contre la nana qui a abandonné l’un d’ses aînés alors qu’il connaissait ses derniers combats contre sa tumeur, et d’la colère contre celle qui s’était faite une telle place au sein des Edgecombe et qui était infichue d’se souvenir d’la place particulière qu’elle avait réussit à s’faire dans l’cœur du plus chieur d’entre eux, au point d’motiver l’oublié à s’tirer. Gwen n’saura pas, au moment des faits, l’fond réel d’ma pensée, convaincue qu’c’est mon égo et mon envie d’vivre ma vie qui s’manifesteront, mais toutes ses émotions s’mélangeront en elle, au point d’transformer Gaëlle, à ses yeux, comme ennemie n°1 d’notre famille. Elle n’tardera d’ailleurs pas à vouloir quitter l’Angleterre pour venir s’inviter chez moi, à Blossom Hills, lorsqu’elle apprendra qu’Gaëlle y est aussi. Il sera hors d’question pour elle qu’Gaëlle n’reprenne la place qui avait été sienne jusqu’alors. Mais, pour l’instant, ces préoccupations n’sont pas encore dans ma tête, ni dans celle d’ma petite sœur. Là, j’taquine juste Gaëlle sur ses prouesses d’patineuse, menaçant même d’démolir l’sol, qui semble lui faire la cour. « Depuis le temps, t'aurais déjà pu t'en charger. » J’la fixe résolument, arquant les sourcils, pour dire d’une voix décidée : « Si t’veux, j’lui casse la gueule maintenant ! J’ai pas peur t’sais ! ». Et la moue qu’j’affiche est un mélange d’sérieux et d’grand n’importe quoi. Y’a quand même des limites aux conneries qu’j’peux faire ! Bien qu’j’sois tout à fait capable d’me battre contre un mec qui regarderait d’un peu trop près Gaëlle et s’mettrait en tête d’l’importuner. Ou encore d’me charger d’un type qui aurait manqué d’respect, à Gaëlle ou à un autre d’mes proches. J’me suis souvent battu, dans mon enfance, et même dans mon adolescence, alors qu’la tumeur s’était déjà installée chez moi. J’crois qu’j’ai dû m’battre au moins une fois avec chacun d’mes 6 frères (mes aînés m’ont flanqués d’jolies raclées, d’ailleurs : l’avantage d’l’âge et d’l’expérience ! Heureusement qu’j’ai acquis, rapidement, ma propre expérience, au point d’leur faire mordre la poussière à mon tour !), et avec la plupart des gamins d’mon village, et même des environs, lorsqu’ils venaient nous emmerder, ou qu’on allait à l’extérieur. Bon, j’avoue qu’les pires dérouillés qu’j’ai prise, c’était alors qu’j’luttais contre l’cancer, et qu’j’étais bien affaibli par l’traitement. Sinon, il est assez con d’vouloir m’provoquer... Flavien l’a compris, lui. Non, on n’s’est jamais battu, en dehors d’nos cours d’judo ou d’taekwondo, j’veux dire. Mais il est rare qu’il arrive à m’battre à c’moment-là. « Tu pourrais lui proposer de venir manger ici un de ces prochains soirs, non ? » propose Gaëlle après qu’j’lui ai avoué qu’Flavien avait été contraint d’me pousser à sortir pour manger c’midi. « Bonne idée ! », dis-je alors. Ca devrait être sympa. Puis Flavien apprécie Gaëlle (c’qui est, d’toute façon, une condition sine qua non pour travailler avec moi), alors ça sera un moment sympa à partager tous ensemble. Sans oublier qu’ça sera aussi un bon moyen d’le remercier d’tout c’qu’il fait pour moi : il parvient à m’supporter au boulot, à m’motiver lorsqu’j’doute, à m’forcer à prendre des repas, et il m’supporte même en dehors de l’atelier ! C’est un bel exploit, tout d’même ! J’crois qu’Flavien est c’qui s’rapproche l’plus, pour moi, d’un meilleur ami. Certes, il n’est pas au niveau d’Gabriel, et ça, c’est normal, il en faudrait beaucoup pour remplacer mon cousin à mes yeux, mais Flavien est l’un de mes amis les plus proches. Et j’ai d’autant plus besoin d’lui qu’depuis quelques mois, Gabriel a quitté l’Angleterre, avec Isis, pour s’installer dans un p’tit village américain, celui-là même où j’poserai également mes valises dans quelques temps ! « Faudrait penser à inviter sa copine, sinon, on va déclencher la 3ème guerre mondiale ! ». Bon, par contre, la copine d’Flavien, j’avais un peu plus d’mal avec elle. J’la trouvais un peu trop superficielle à mon goût, c’qui fait qu’on s’entendait pas vraiment, même si on faisait des efforts, parce qu’on est tous deux polis, et qu’on n’voulait pas blesser Flavien en affichant une franche mésentente. Cela dit, d’vous à moi, bien souvent, j’me demande c’qu’un mec comme lui fout avec une nana comme elle... Ils passent leur temps à parler d’son nouveau vernis à ongle et à débattre sur sa nouvelle coiffure, ou quoi ? J’doute vraiment qu’ils partagent des moments aussi complices et détendus qu’ceux qu’on partage avec Gaëlle, comme celui-ci, durant lequel on parle d’courses en déambulateur. Par chance pour Flavien, son histoire n’durera, prenant fin peu d’temps après l’accident qu’j’aurai avec Gaëlle, et qu’il finira par s’rendre compte qu’il apprécie sans doute un peu trop une de mes amies : Erin. Et, par chance, ça sera réciproque... « Bah oui. Histoire de te faire courir un peu plus vite. » J’fais claquer ma langue contre mon palais, avant d’dire : « T’me connais trop bien, ça va pas ça ! ». Cela dit, j’ai presque hâte d’nous voir courir, à poil et en déambulateur. J’espère juste qu’nos gamins n’viendront pas nous rendre visite lors d’nos courses, ils risqueraient d’réaliser qu’leurs parents n’ont jamais grandis, dans l’fond. Tiens, d’ailleurs, rien à foutre, mais ça m’donne bien envie d’faire une sculpture d’un couple d’p’tits vieux en train d’se chamailler avec leurs déambulateur. Ouais, mes idées naissent n’importe comment, la plupart du temps, même si, bien souvent, elles sont inspirées d’Gaëlle, soit d’moments passés ensemble, soit d’elle, tout simplement...

L’repas arrive à point nommé, j’commençais vraiment à avoir faim, c’qui explique – pas vraiment en fait, mais j’trouve des excuses à la con si j’veux – pourquoi j’déraillais autant jusqu’alors. Que demander d’plus, qu’de manger un bon plat devant un filme qu’j’adore, en compagnie d’Gaëlle ? Ah, j’sais : une bonne nouvelle, comme celle qu’Gaëlle finit par m’annoncer, à la fin d’notre repas. Nouvelle qui m’stupéfait quelques secondes, avant qu’mon cerveau n’daigne s’remettre en marche. Même le « Oui. Vraiment. » d’Gaëlle n’contribue pas vraiment à relancer la machine. J’ai l’cœur qui bat à 100 à l’heure alors qu’j’me lève et qu’j’finis par l’inviter à en faire d’même pour la serrer contre moi. Mais ma joie est bientôt entachée d’une crainte, dont j’lui fais part : qu’est-ce qu’son entourage d’religieux stricts en pensera ? Nous n’sommes pas mariés, alors ça n’sera pas forcément bien vu, même s’il faudrait qu’les gens soient cons pour s’attendre à c’qu’on soit restés à vivre ensemble aussi longtemps en s’contentant d’dormir seulement ensemble. . « Je sais, c'est un peu.. Hors de contrôle. Mais ils n'auront pas le choix. Il est là, ils devront s'y faire. » J’hoche la tête, rassuré. Parce qu’j’les aurais d’toute façon jamais laissé tenter d’contrôler nos vies en nous imposant leurs idéaux d’un autre temps. Idéaux qu’j’respecte juste par amour pour Gaëlle, qui m’traîne parfois avec elle lors d’quelques offices religieux, sinon, l’délire autour d’une quelconque vénération divine, c’est pas mon délire. Après, j’dis pas, si Gaëlle avait fini par m’annoncer qu’cette grossesse était une mauvaise idée, j’l’aurai p’têtre suivi, non sans tâcher d’la faire changer d’avis au préalable. J’aurai même pas hésité à mettre Sarah à contribution, tant j’sais qu’elle m’aurait alors été d’une aide précieuse ! « Mini-Edgecombe ne portera pas de Gates. Il sera heureux. Nous aussi. » J’me mordille la lèvre en l’entendant parler de « Mini-Edgecombe », car, cette fois, contrairement aux dernières fois où on en parlait, c’est plus réel, bien plus proche, et ça m’plaît vraiment. J’pousse un soupir d’soulagement, en passant une main dans mes cheveux, comme si c’simple geste allait m’aider à m’remettre d’mes émotions. J’doute pas qu’l’gosse sera heureux et fera notre bonheur. Car si ça n’est pas l’cas, c’est vraiment qu’le monde n’tourne plus rond. Même si l’gamin n’était pas prévu aussi tôt, on l’aimera pareil, quand bien même nos plans s’en trouvent chamboulés !  « Faudra que tu profites du calme de ces prochains mois, et que tu sois prêt à me chercher des fraises à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. » Un léger frisson m’parcourt l’échine alors qu’elle m’souffle ces mots à l’oreille, et qu’mon cœur continue à tambouriner comme un malade après qu’elle ait déposé un baiser sur ma joue. Parfois, ça m’effraie, d’voir l’effet qu’elle n’cesse d’avoir sur moi, alors qu’nous sommes ensemble depuis quelque temps déjà. Mais j’me rassure bien vite en m’disant qu’c’est l’signe qu’c’est elle, la bonne, pour moi, et qu’de toute façon, jamais elle n’fera rien pour m’blesser. Elle, non, mais sa mémoire, par contre, n’semble pas d’cet avis.... « Dans c’cas, j’vais aller dormir dès maintenant ! », dis-je avec un nouveau sourire. Oui, j’passe mon temps à sourire, même si c’est bien plus éclatant et chaleureux quand mes sourires sont destinés à Gaëlle. D’ailleurs, celle-ci s’rassoit, et j’ne tarde pas à l’imiter, ma main toujours dans la sienne. « J’t’ai déjà dis qu’j’t’aimais ? », qu’j’demande en déposant un baiser sur son front, tout en m’asseyant à mon tour, pour terminer par clamer « Mais p’têtre pas au point d’courir partout en ville pour t’chercher à bouffer ! », qu’j’ponctue par une moue amusée. Hélas pour moi, j’crains bien qu’si, j’suis parfaitement capable d’faire l’tour d’la ville pour lui trouver n’importe quel aliment qu’elle pourra alors réclamer durant sa grossesse. J’garantis pas d’le faire toujours avec l’sourire, dépendant d’mon humeur à c’moment-là, mais j’sais qu’j’le ferai quand même. Quant à c’qu’j’viens d’dire, c’était une belle manière détournée d’lui dire, à nouveau, qu’j’l’aime, nan ? Sans l’faire avec trop d’fioritures, mais d’le faire à « la Raph », tout simplement ! « Repose-toi, grande larve, faut qu’tu prennes soin d’p’tite larve, maintenant ! », dis-je alors en m’relevant à nouveau. Ouais, j’tiens pas en place, en c’moment. Faut dire qu’avec la nouvelle qu’j’viens d’apprendre, j’ai une telle énergie qui coule dans mes veines qu’j’ai l’impression d’entendre l’sang s’propager dans mon corps, et même mon cœur qui n’cesse d’s’agiter comme un sombre crétin. Alors j’prends pour excuse l’fait d’débarrasser la table d’notre repas, même si c’est juste pour faire quelques pas et balancer l’tout à la poubelle, ça m’fait du bien. Puis j’ai besoin d’quelques secondes rien qu’à moi aussi, pour faire taire la double peur qui m’étreint l’cœur : j’ai peur qu’la grossesse s’passe mal, pour une raison ou pour une autre, et qu’Gaëlle n’finisse par avoir autant d’malchance qu’sa mère. Cette appréhension est encore légère, pour l’instant, car faut déjà qu’j’me fasse à sa grossesse, pour l’instant, comme c’est « tout neuf », c’est presque abstrait pour moi. La peur que j’redoute l’plus d’voir s’produire, c’est celle d’ma mort, parce qu’j’vis depuis des années avec une épée d’Damoclès au dessus d’la tête, et du coup, c’est ancré en moi, même si ma tumeur est sensée m’foutre la paix à présent. Sans doute qu’avec la perspective d’une nouvelle vie à venir, la probabilité qu’la Mort n’vienne m’faucher bien plus tôt qu’prévu s’est réveillée. Parfois, j’ai l’impression d’avoir un Dieu d’la Mort à mes côtés, presque comme dans Death Note, en moins cool et compliqué, par contre. Ouais, j’ai des références qu’certains jugeront d’merde, parce qu’moi, j’lis pas d’grands romans (ni même d’romans tout court, j’laisse ça à ma dulcinée !), et qu’j’préfère tout c’qui est graphique : manga, BD... D’ailleurs, en parlant d’Dieu d’la Mort... « T’veux une pomme ? », qu’j’propose à Gaëlle, parce que pour ma part, j’ai encore un p’tit creux, et qu’en voir dans la corbeille à fruits m’fait bien envie.

J’tarde pas à revenir auprès d’Gaëlle, tout en croquant dans ma pomme, m’sentant toujours aussi fébrile, ayant toujours l’sourire d’un imbécile heureux flanqué sur les lèvres. Avant d’m’asseoir, j’pose la pomme sur la table basse, et j’attrape la pochette d’photos qu’Gaëlle a glissé dans l’colis. Puis j’reprends place sur l’canapé, m’amusant à jouer à la larve à mon tour, m’allongeant sur l’canapé, posant ma tête sur les jambes d’Gaëlle, mettant l’enveloppe sur mon torse. « A mon tour d’jouer au fainéant ! », réplique qu’j’lance, enjoué, tout en prenant l’une des mains d’ma chère fiancée dans la mienne. « Après tout, faut qu’j’me repose en prévision des mois, et même des années à venir ! ». J’tente d’jouer mon p’tit Caliméro, mais mon sourire n’m’aide guère, on n’voit qu’trop bien à quel point j’suis épanoui, en c’moment précis. P’têtre qu’j’le suis un peu trop, et qu’l’bonheur n’est pas fait pour moi, preuve qu’j’avais raison, lorsqu’j’étais plus jeune, car dès qu’j’le frôle d’un peu trop près, au point d’me laisser enivrer par celui-ci, il m’lâche. J’sors alors deux photos,  très belles (normal, vu les modèles !) qu’ont attiré mon attention, un peu plus tôt, bien qu’j’les ai contemplé d’un air distrait : « T’pourrais m’expliquer pourquoi t’fais toujours l’idiote sur les photos ? », voici l’interrogation qu’j’lance alors qu’j’lui montre les photos incriminées, d’mon autre main libre. Bon, OK, y’en a certaines sur lesquelles c’est moi qui fait l’crétin, mais sur la plupart, c’est elle qui m’vole c’rôle-là, même quand j’tente d’être sérieux ! Du coup, un p’tit rappel est nécessaire : « D’nous deux, l’crétin, c’est moi ! Déjà qu’t’veux concurrencer les Edgecombe en devenant chiante, t’vas pas m’voler l’autre moitié d’mon étiquette ! » En effet, pour beaucoup, moi, j’suis « l’crétin d’râleur », et Gaëlle est « l’attachante maladroite », parce qu’elle taquine plus facilement les gens qu’moi. Alors j’feins d’bouder pour c’vol outrageux d’identité, avant d’ranger les photos pour en sortir une troisième : « Sur celle-là, ça va, on fait tous les deux les cons, mais bon... », dis-je en la lui montrant. « Rassure-moi, t’compte pas faire des grimaces sur les photos d’mariage ? », qu’j’demande tout en continuant à regarder plus attentivement les autres photos, souriant en les voyant. Même si une partie d’moi reste concentrée sur Gaëlle, car j’avoue qu’le mariage est revenu à mon esprit suite à son annonce. Parce qu’il va quand même falloir qu’on en parle, d’ce mariage. Ca paraît assez peu probable qu’on puisse l’célébrer avec la naissance du p’tit, parce qu’mon expo a lieu dans 4 mois, et qu’il faut qu’j’me concentre sur elle, donc, j’vais pas vraiment être utile quant à de quelconques préparatifs d’mariage ! Et il est hors d’question qu’Gaëlle gère tout, en solo. Une fois l’expo passé, parvenir à organiser un mariage décent, à une date qui puisse permettre à tous nos proches d’venir, avant l’accouchement, j’doute qu’ça soit faisable ! Puis bon, j’ai pas vraiment envie qu’les gens s’mettent en tête des conneries comme quoi on s’précipite parce qu’elle est enceinte. Remarquez, on aura aussi des critiques si on s’marie après la naissance, mais bon.... «  J’doute qu’ça soit très réglementaire, t’vois ? », qu’j’demande à la suite, ancrant mon regard dans l’sien, songeur, même si mon air pensif passe pas au travers d’une analyse détaillée d’mon faciès : rien qu’mon regard m’trahi, d’par l’étincelle d’malice qui l’illumine. Qu’Gaëlle soit enceinte ou pas pour notre mariage, et qu’elle s’amuse à faire des grimaces à chaque photos, j’m’en cogne, j’sais (ou j’m’illusionne encore) qu’on sera heureux. L’bonheur, j’l’ai trouvé, et j’ai pas l’intention d’le laisser m’filer entre les doigts ! Toutefois, j’feins toujours d’redouter qu’une éventuelle police des mariages n’viennent nous arrêter, dans quelque temps, pour un manque flagrant d’sérieux sur des photos sensés nous permettre d’garder une trace d’ce jour si particulier ! Oui, j’assume, j’parle pas de suite d’sa grossesse : on a l’temps, nan ? Pour ma part, j’vais pas pouvoir m’coucher de suite, d’toute façon, j’ai bien l’intention d’profiter encore un peu d’elle, et juste du bonheur d’planifier notre avenir. Heureux.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 3 Déc 2015 - 0:56
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Si je dois résumer ma philosophie de vie en quelques lignes -surtout depuis que je vis sous le même toit que Raphaël en fait-, ce serait un truc du genre.. Dis-lui un petit mot gentil le matin, juste avant de partir car il peut se passer tant de choses pouvant vous séparer l'un de l'autre. En témoigne ce fameux maudit jour où mon cher père a décidé de semer le trouble au sein des Edgecombe. Un fait que nous avons, finalement, réussi à surmonter par je ne sais quel miracle. Sans doute en nous laissant suffisamment de temps pour pouvoir rebondir de plus fort, et ressouder le couple que nous avions été. Plus fort oui, mais pas plus amoureux. Du moins, je ne le pense pas. C'est juste impossible. Certes, je l'aime différemment aujourd'hui qu'à l'époque où nous étions des ados qui se découvraient, c'est évident. Dès ce moment où mon coeur a pris le pli sur ma raison, entrainant avec lui une histoire bien différente des autres, la nôtre. Mais je l'aime toujours autant qu'à notre premier jour. Il le sait, je m'en doute bien. Et pourtant, je me dois de le lui répéter dès que possible, de lui faire comprendre par n'importe quel moyen qu'il m'est si cher. Que je tiens à lui malgré tous ces défauts qui le composent, et que jamais je ne trouverai le bonheur autre part que dans ses bras. Je pense tout ça, bien entendu, même si je ne suis pas du genre à m'étaler de mièverie comme il le dit si bien. Juste parce que je n'ai pas besoin de mots pour lui dire ce que je ressens et que je sais, aussi que ces débordements trop fleur bleue peuvent le mettre mal à l'aise. Et franchement, entre notre nous et un autre qui s'étale en public alors que l'amour qu'il dépeint n'est pas aussi sincère, mon choix est vite fait. S'il me le demandait, je crierai à qui veut l'entendre à quel point il est important dans ma vie, qu'il en est même le centre -si ce n'est pour dire qu'il est ma vie-. Partager ses joies, ses craintes, ses fiertés, ses victoires.. Ce que j'aime ça. J'aspire à être un pilier solide pour lui, et je le serai. Quoique qu'il se passe. Mais comme quoi, je sais aussi qu'un rien peut faire voler nos vies en éclat et ça, ça m'inquiète beaucoup. Même si, c'est vrai, je suis nettement plus calme, plus rassurée et surtout plus sereine de pouvoir compter sur sa présence. Surtout avec ce Mini-Edgecombe qui pointera le bout de son nez pour notre plus grand bonheur. Avec tout ce qui nous est déjà arrivé, je peux dire sans trop m'égarer et me tromper que oui, nous sommes faits pour être ensemble. Je m'évertue, à chaque fois que je pars travailler, à lui glisser un petit mot ou alors simplement un regard ou même un sourire, juste pour lui prouver à quel point je tiens à lui. Toujours. Puis.. Si je savais ce qui allait m'arriver d'ici quelques autres mois seulement, je pourrai aussi ajouter sans hésiter : dis-lui un petit mot gentil le soir, avant que l'on s'endorme. Qui sait si demain matin on se réveillera. Malheureusement, si mon coeur va se réveiller petit à petit de ce sommeil long et forcé qui va m'attendre, ma tête s'amusera à le retenir prisonnier de ces souvenirs corrompus. Et lorsque je vais m'en rendre compte.. Je vais risquer d'en être littéralement malade. Le dernier mot prononcé n'est pas sans importance. Et dire que je ne vais pas me souvenir de tout ça ..

Les rois des Casse-Pieds. Est-ce que ce titre revient véritablement aux Edgecombe ? Il n'y a vraiment pas plus râleurs qu'eux ? Si tel est le cas, il faut reconnaitre que j'ai bien du courage de me lancer dans cette aventure Edgecombesque. Heureusement, à force de cotoyer le plus pénible de tous, je suis comme vaccinée contre ce tempérament fort. Et ça me fait bien plus sourire que cela ne m'énerve. Après, je sais aussi que certaines personnes habitant dans les environs ne sont vraiment pas tendres avec eux, les définissant de diverses manières toutes plus erronées les unes que les autres. J'aime cette famille, et j'ai hâte de pouvoir en faire partie à part entière. Entendre ces jugements dont ils sont injustement victimes m'enrage. Eux au moins, ils peuvent se vanter d'avoir certaines valeurs morales qui font défaut à bien des personnes -oui, je vise toujours mon père-. Ils sont fidèles à leur vision de la vie. Quelque chose de simple, mais de grisant et d'entier. Avec eux, c'est impossible de faire semblant. Il y en a toujours un dans la famille pour faire réfléchir les autres, pour les forcer à écouter son point de vue sur telle ou telle question. Je reconnais que j'ai choisi le bon, celui qui ose abattre son poing sur la table et qui n'a pas sa langue dans sa poche. Si, parfois, ça nous rend l'image d'un couple explosif, il n'en reste que sa franchise me fait du bien. Avec lui, prêt de moi, je sais que les autres membres de sa famille réfléchiront à deux fois avant de vouloir remettre sur le tapis ma culpabilité pour cet incendie qui les a dévasté. Il me protège de la fougue de sa tribue si solidaire. Il m'épaule et me soutient. Voilà pourquoi, dans les faits, j'arrive à ne plus penser à cet incident à chaque fois que mon regard croise l'un des siens. J'ai mis du temps à soutenir celui de ses parents. Mais je sais qu'ils ne me voient pas comme la coupable de leur malheur. Qu'ils savent aussi que ce qui me lie à leur fils est quelque chose de bien plus fort que le pouvoir du feu et des cendres. S'ils sont les rois des Casse-Pieds, ils restent aussi -et surtout- des personnes qui méritent d'être respectées. Et je sais que la venue prochaine d'un Mini-Edgecombe les comblera de bonheur. Et ça, ça me plait plutôt bien. « Bravo, la princesse va finir par rendre l’prince encore plus crétin qu’il n’l’est déjà ! » qu'il me lance alors que je prétends revêtir le titre de princesse lui laissant celui de prince. Je pouffe de rire en laissant entendre que je doute que ce soit possible. Est-ce que c'est encore utile de préciser que c'est à prendre avec humour ? Bon. Raphaël est ce qu'il est. Un artiste -sculpteur plus précisément, même s'il est doué dans bien d'autres branches artistiques (j'adore son coup de crayon !)-, est toujours prometteur d'un caractère bien particulier. Ce n'a jamais été un mystère pour moi. J'ai décidé de signer, il n'y a donc aucun vice caché dans tout cela. Et de là à dire que mon cher et tendre est un crétin.. Bon, il peut y ressembler, c'est vrai. Il peut même être un vrai crétin lorsqu'il s'y met. Mais, à croire que j'aime bien dompter les petites carnes du village. Et puis même, vaut mieux partager sa vie avec un gentil crétin qu'avec une enflure pas très franche du collier, non ? Mais cherchez pas, la crevure Anglaise est prise. Désolée. Je m'amuse de le voir me contredire en secouant sa tête lorsque j'évoque le succès de l'élève sur son Maître, un fait plutôt récurrent au cinéma. « Jeune padawan, avant d’arriver à mon niveau, longue encore ta route sera ! Besoin de beaucoup d’entraînement tu auras ! » J'éclate de rire en l'entendant parler comme ce p'tit bonhomme vert, Maître Jedi par excellence. Cette référence-là ? Je l'adore. Ouais, je suis fan de Star Wars, et j'assume. Bon, d'accord. J'apprécie surtout Anakin, hein. D'ailleurs, dès que nous sommes posés devant ces films-là, j'ai toujours une petite pique en réserve au sujet de cet acteur que j'aime bien. Juste pour l'entendre râler un peu. Lui réservant un regard empli d'innocence et de soif de savoir, je lui lance alors « J'attends ton enseignement avec impatience. Maître. » avec un petit mouvement de tête. même si je ne suis pas une super bonne comédienne tant j'ai déjà du mal à assurer un mensonge, je me dis alors que cette saga serait sans doute l'une des rares pour lesquelles je pourrais faire un effort phénoménal juste pour pouvoir caser deux trois répliques dans ces oeuvres du cinéma. Ce serait drôle d'ailleurs. Gaëlle Super Star ! Laissant mon regard s'égarer dans celui de mon homme, j'ajoute. « Mais il va falloir me motiver un peu. Les bancs de l'école, ça commence à remonter un peu. » Ah, s'il pouvait éviter de me faire ces petits sourires qui ont le don de me rendre folle de lui.. Ca pourrait éventuellement m'aider à rester un tantinet sérieuse. Bon après, sincèrement, je doute pouvoir rivaliser un jour avec lui de ce côté. Disons que je n'avais pas d'occasion pour me rebeller comme il a pu le faire dans sa jeunesse. La seule bonne raison -contre mon père-, et bien, je l'étouffais pour ne pas avoir à plonger dans une lutte physique que j'allais de toute façon perdre. Ce n'étaient pas contre mes livres ou même contre Riley que je pouvais m'exercer à devenir une demoiselle d'une chianterie sans faille. Gates. Si je le recroise un jour, par contre .. Je pense que je pourrai être bien pire que Raphaël pour le coup. J'ai peur qu'il ne décide un jour de reprendre contact avec lui. Je n'ai rien à lui dire si ce n'est que je ne le remercie pas pour ce qu'il a fait. Que je le déteste comme personne, qu'il est devenu un indésirable dans ma vie. Et s'il veut me parler d'héritage ou n'importe quoi pour me ramener à lui, cela ne marchera pas. Je n'en veux pas de sa maison, je n'en veux pas de cet argent sur son compte bancaire. Je ne veux tout simplement plus rien avoir avec lui. Edgecombe. Voilà qui sonne mieux. « Ouais, mais bon, c’est du nom d’famille qu’on porte qu’découle notre taille ! Gates, c’est aussi court qu’t’es courte sur pattes ! T’verras, avec l’Edgecombe, t’auras l’impression d’gagner autant d’centimètres qu’de lettres supplémentaires à écrire sur les cases ! » Quelle belle théorie que voilà ! J'ai un énorme sourire sur le visage en entendant toutes ces bêtises affectueuses au sujet de ma petite taille -car oui, c'est comme ça que je les prends-. Raphaël en scientifique. Ce serait le début de la fin sans aucun doute ! Son faux air sérieux qui s'envole a raison de moi, et m'arrache un nouveau rire. « J’espère qu’tu grandiras pas trop, j’aime bien l’modèle réduit d’Gaëlle moi ! » Mon regard jusqu'alors amusé se transforme en quelque chose de plus.. Gaëlle, comme si je prenais ça pour une déclaration d'amour envers ma petitesse. J'aime à savoir qu'il m'aime même pour ça. Cet avoeu me touche, sans doute plus que de raison vu le stress que je garde et cette nouvelle qui sommeille en moi. Si je commence à devenir plus émotive déjà maintenant, ça promet. Mon petit sourire qui n'est réservé qu'à cet homme étire doucement mes lèvres. Je mets, d'ailleurs, un petit moment avant de me reconnecter et donc lui répondre. « T'as opté pour le format de poche. Il ne sera pas beaucoup extensible, de toute façon. Gates ou Edgecombe. » Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours été parmis les plus petits de la classe. Toujours au premier rang sur les photos de classe, toujours à se demander si je n'étais pas dans la classe cadette à la mienne. Je n'en ai jamais véritablement souffert. Il est bien dit que tout ce qui est petit est mignon, pas vrai ? Puis sincèrement, à cette époque, j'avais bien d'autres problèmes.. Ceux qu'une fillette ne devrait jamais avoir à vivre et qui, pourtant, étaient mon quotidien. Mon père allait même jusqu'à prétexter une allergie au chlore pour que je ne fasse pas les cycles de natation et que j'évite ainsi d'éveiller les soupçons. Bref, moi au moins, je n'ai aucun soucis pour trouver une paire de chaussure à mon goût tout comme les vêtements, en fait. Tout en me mordillant à nouveau la lèvre, je ne peux pas m'empêcher d'ajouter. « Puis c'est parfait comme ça, c'est juste la bonne taille pour que tu me réchauffes parfaitement bien quand il fait trop froid. » Franchement, j'ai beau essayé de trouver une meilleure solution pour réchauffer mes p'tits petons lorsqu'il fait froid, mais je ne trouve rien de mieux, de plus plaisant et d'aussi agréable que de me blottir tout contre lui. Même s'il râle parfois, quand je suis gelée, je reconnais que je passe en mode sangsue. Mais, après tout.. La chaleur humaine est plus efficace que n'importe quel chauffage, non ? En plus de mes petits pieds, j'aime bien aussi glisser mes mains sous son sweat pour les mettre au chaud. Et ça, à n'importe quelle période de l'année ! Disons que le froid est juste une bonne excuse pour profiter un peu de la situation. Et s'il grince des dents au début, un p'tit bisou magique et le Raphaël grognon passe certainement en mode râleur silencieux. Et ça me fait rire à chaque fois. Lorsque j'évoque l'invasion d'Edgecombe, j'en suis bien amusée. Je sais très bien qu'avec moi en plus, je n'ai pas vraiment à mettre les pieds dans le plat. Puis, un simple coup d'oeil vers mon ventre me dit que c'est déjà trop tard pour faire machine arrière. Et ouais, les Edgecombe vont perdurer ! « Et c’est pas prêt d’s’arrêter ! » Ah bah là.. Tu ne crois pas si bien dire, voilà la seule chose que j'ai envie de lui dire, mais dont je retiens le moindre mot, me contentant de rougir légèrement. Dire qu'il pense que pour notre petite famille à venir, je vais être la prochaine à porter ce nom.. Y'a des chances pour que le p'tit pois me passe devant le nez. Et j'en souris, comme toujours.

Une lutte pour une possible victoire de l'un d'entre nous deux fait alors rage, alimentant les paris sur le vainqueur. Nous n'hésitons pas à nous balancer des critères sans rapport avec notre conversation pour espérer aligner des points. Il n'y a qu'avec lui que je peux me permettre de balancer autant de bêtises à la seconde sans avoir peur de le vexer -car il me renvoit toujours le bâton dans la face et qu'il sait que rien n'est vrai-, ou de me plaindre d'un manque de répondant -car non, il n'en manque vraiment pas !-. Il peut très bien se définir comme un crétin, moi je ne le qualifierai jamais de la sorte. Ou alors, avec humour et ironie. Je sais que son enfance n'a pas toujours été bien rose, et qu'elle en est même la cause de ce caractère qu'il a du se forger pour exister au sein de cette famille. Moi, ça.. Et bien ça me touche. L'ayant toujours connu, il n'a aucun secret pour moi. Je sais d'où il vient et quels obstacles il a rencontré dans sa vie. Et réciproquement, bien entendu. C'est sans doute l'une des forces de notre couple et j'en suis vraiment fière. Même s'il y a eu des sortes de cesures entre nous, je peux clâmer qu'il est l'homme de ma vie. Il m'a vu toute petite, nous sommes passés par divers stades, pour finalement se retrouver sur ce canapé en partageant ce toit. D'habitude, je ne suis pas du genre à accorder de l'importance au moindre petit détail qui épice la vie de chacun. Mais pour ce qui est de notre histoire, tout est gardé en mémoire. Celle-là même, oui, qui me fera pourtant défaut pas longtemps après cette douce soirée. Sauf ces quelques années qui nous sépare. Ca, comme je l'ai déjà dis.. Je m'en fous royalement. « Hey, on respecte ses aînés, sale mioche va ! Ah, ces jeunes, aucun respect d’nos jours ! » Là, si ce n'est pas une pique de compétition, je ne sais pas ce à quoi cela peut se rapprocher autrement ! Je l'ai cherché, je l'ai trouvé. Je m'y attendais en fait. « T'énerve pas comme ça, c'est mauvais pour ton p'tit coeur l'ancien, hein. » que je lui dis alors, prenant une petite moue inquiète. Même si je ne lui en parle jamais de moi-même, il est évident que j'ai quelques craintes au sujet de la santé de mon fiancé. Je redouble d'attention lorsque je le sens fatigué ou qu'il est malade, tant j'ai peur qu'il doit livrer un nouveau combat. Bien entendu ça m'effleure l'esprit. Je mentirai si je disais l'inverse. C'est un risque, même s'il semble bien éloigné pour le moment. Du coup, ce n'est pas tant son coeur qui me pose le plus d'inquiétude, non. Mais je sais aussi que si un jour il doit reprendre les armes, je serai là pour lui. Encore plus décidée à le sortir de là, lui injectant toute la force et le courage dont il aura besoin pour s'en sortir. Il pourra compter sur moi. Il le sait. Heureusement, pour le moment, c'est de l'histoire ancienne. Et je savoure ces moments loin de la maladie. Serrant sa main dans la mienne, je me dis que j'ai de la chance de l'avoir. Tout simplement. J'évoque alors sa possible défaite, qu'il accorderait de bonne grâce à son p'tit boulet préféré. « Tout d’suite les grands mots ! J’ai jamais parlé d’amour moi, t’sais ! C’était juste d’la politesse, mais j’vais t’battre à plate couture ! » Je me contente de le regarder du coin de l'oeil même si ce qu'il vient de me dire, je le perçois comme une tentative désespérée d'acquérir un point de plus. Mon petit sourire est toujours là, bien entendu. D'une petite voix, je lui glisse alors. « Politesse, d'accord. Mais, la galanterie alors ? » Et hop, un nouveau petit clin d'oeil. Bien qu'il ne soit pas l'archétype même de l'homme galant dans sa grande définition, il faut reconnaitre que mon Edgecombe préféré  se donne les moyens de faire quelques petits efforts. Disons qu'il n'est de loin pas le maccho du quartier, bien au contraire. Mais puisqu'il me donne l'occasion de le titiller une fois de plus sur ce trait de personnalité typiquement masculine, je ne vais pas me gêner. Puis sincèrement, à bien y réfléchir, je parierai plus sur un match nul que sur une victoire de l'un des deux camps. Je ne vais pas pouvoir lui résister bien longtemps si ce jeu se fait, mais lui non plus. Parole de Gaëlle. La pirate sexy ne serait rien à côté de ce que je suis capable de faire. Faut dire qu'il m'a bien démoulé de ce moule trop rigide qui me recouvrait avant qu'il se s'occupe de moi. Du coup, ça ne m'étonne pas tellement lorsqu'il me dit son « Qu’c’est fourbe, d’agir ainsi ! » J'en jubilerai presque tellement cette situation nous échappe. Dire que nous parlions innocemment.. Et oui, Raphaël a eu une sacrée influence sur la personne que je suis aujourd'hui. Et je l'en remercie, de m'avoir éloigné de ce sentier trop religieux sur lequel je m'étais égarée -merci la famille-. Là, c'est comme si une auréole se matérialise au-dessus de ma tête, alors que je suis toujours affalée sur ses jambes. « Bah alors ? Tu faiblis déjà ? » La faim y est sans doute pour quelque chose. Mon pauvre Raphaël.. Je le regarde alors, comme si je voulais analyser le moindre de ses traits et laisser mon oeil expérimenté de kiné partir à l'affut du moindre point de pression. Un petit massage, avant de dormir, ne lui fera pas de mal. Surtout avec ce qu'il s'apprête à apprendre. Puis, ça devrait déjà aller un peu mieux une fois le ventre rempli. Vite petit livreur, dépêche-toi donc d'arriver. J'ai aussi super faim !

Je me lance alors dans l'observation de cette main dont je me suis emparée, alors que nous évoquons mon sujet de prédilection : les plantes ! Disons que ce n'est pas parce que je manque d'intérêt à leur sujet que je ne les aime pas. Puis, je ne peux même pas dire que je ne les apprécie pas en fait. Franchement, bien entretenu, c'est super joli. Que ce soit en intérieur comme en extérieur. Non, vraiment j'aime beaucoup les décorations florales. Ca agrémente et décore à la perfection une maison et son jardin. J'en viens même parfois à me demander pourquoi elles me boudent autant. Sans doute parce que je ne sais pas les tailler, que j'ai tendance à les noyer ou à les assoiffer. Catastrophe florale. Ce sont les mots justes ! Ca me soulage de savoir que mon cher et tendre aime s'en occuper. Puis il le fait à la perfection en plus. Parfois, nos amis les plus proches, s'amusent à inverser les présents classiques, offrant les fleurs à Raphaël et le petit plaisir gustatif à moi-même -et oui, moi et les bouteilles de vin.. C'est aussi une grande histoire de désamour-. Non, moi, ce sont les animaux qui me passionnent le plus. Je rêve d'un chien, d'un chat, d'un cheval, d'un âne et même d'une chêvre naine. Ce serait ma petite vision du paradis, et là au moins, je serai capable de m'en occuper. Après, il est vrai que Raphaël a toujours grandi avec des animaux, et je me doute très bien qu'il prendra plaisir à s'en occuper aussi.  Je ne serai jamais égoïste à dire que ce seront mes animaux plus que les siens. Cette idée de ce qui est à moi est à toi est on ne peut plus vrai. Je m'amuse de le voir se gratter la joue comme ça, et de constater que ça picotte un peu. Personnellement, ça ne me dérange vraiment pas. Il est toujours canon comme il dit, qu'importe ce à quoi il ressemble. J'hésite même à relacher cette main maintenue dans l'une des miennes. « Ca, c’est clair ! » Voilà qui ne m'étonne pas. Finalement, je garde mon emprise, la confortant même alors que ma main libre vient s'amuser avec les doigts de mon otage. « J’suis bien content qu’nos plantes tolèrent ta présence chez nous, sinon... » Est-ce que c'est normal, ce frisson que je ressens en l'entend parler de nos plantes chez nous ? Ma mine amusée refait surface, en attendant la bêtise qu'il s'apprête à dire. Sinon ? Je suis pendue à ses lèvres, une mine innocente sur le visage en attendant ma sentence. « j’devrai t’virer d’ici. T’sais, pour l’bien-être végétale, t’comprends ? » Et voilà que je manque de m'étouffer, tellement je ne m'attendais pas à ça. Mes yeux si pétillants se plongent dans son regard. Je laisse finalement ma main joueuse se poser elle aussi sur celle de mon fiancé. « Me virer ? Carrément ? » Je prends alors mon p'tit regard de chat potté, clignant même des paupières pour le mettre au défi de répéter ce qu'il vient de me dire. « Heureusement qu'elles ne fânent pas sur mon passage alors. Je serai tellement perdue en vivant seule. » Là, pour le coup, je joue plutôt bien la nana toute triste. Je pose nos mains sur mon ventre, allant jusqu'à tourner ma tête de l'autre côté pour détourner mon regard de lui. Bonne comédienne Gaëlle ! Le prochain rôle dans Star Wars est pour toi ! Optant pour une voix toute triste alors qu'un sourire malicieux se dessine sur mon visage, je n'hésite pas à ajouter. « Personne à embêter le soir avec mes petits pieds froids. Oh non, la misère ! » Je retourne finalement ma tête pour recroiser son regard, ne cachant pas mon amusement. Inutile d'ajouter que je suis plus que fidèle au chauffage Edgecombe, modèle Raphaël. Les autres sont d'une efficacité moindre et vraiment pas un bon investissement à long terme. Gaëlle, ex-kiné reconvertie en pro de la vente ! Comme bien souvent après ces petits délires incompris de notre entourage la plus part du temps, viennent ces petits moments d'égarement qui ont le don de me faire rougir et sourir. Là, ce soir, c'est la douche d'après course qui est visée. « T’veux m’garder à l’œil juste pour t’faufiler sous la douche avec moi, avoue ! » Ca ne loupe décidément pas. Soutenant son regard, j'hausse légèrement les épaules et lui dit le plus détachée possible. « Pas besoin d'avoir un oeil sur toi pour ça. Je serai capable de me repérer les yeux fermés juste pour me faufiler avec toi. » Ce n'est peut-être pas une si bonne idée que ça, je le reconnais. Imaginez le désastre si je dois me repérer les yeux fermés, toute seule ! Déjà en voyant les choses de mes propres yeux, mes jambes me font des tours. Alors à l'aveugle.. Vous la voyez comme moi, la Gaëlle dans le mur avec une jambe et un bras cassés ? Je vois son regard se détourner du mien alors que mes dents malmènent ma lèvre inconsciement. Son rire ne m'échappe pas alors que je lui propose de courir de ce canapé à la salle de bains pour vite le rejoindre. Un amusement tenace qui teinte même sa voix. « Ca marche ! Mais, attends... Pour t’faire courir, faut qu’j’coure derrière toi, ou qu’j’sois déjà dans la douche ? » J'hausse les épaules comme si c'est une très bonne question. Ouais, d'ailleurs, qu'est-ce qui me ferait sprinter jusqu'à la douche ? Le fait de me savoir poursuivi par mon fiancé et ainsi d'arriver avant lui, pour pouvoir profiter de cette avance pour l'attaquer en douce ? Ou l'idée de le voir sous la douche en premier ? Hum .. Dommage que les deux ne soient pas possible. Feignant l'indifférence alors que je suis en transe intérieurement, je lui dis. « Les deux me vont. C'est vrai que si tu restes derrière moi, je serai tentée de simuler un point de côté juste pour me retourner et te faire face. » Je regarde le plafonds un bref instant en réfléchissant. « D'un autre côté, si tu y es déjà.. J'aurai le sentiment d'être en retard. » Comme toujours, oui bon certes. J'ai jamais été très ponctuelle, sauf en de rares occasions et pour le boulot. J'en viens même à me demander combien d'heures d'avance je vais devoir programmer pour être à l'heure à notre mariage, c'est pour dire. Surtout que je me connais, je vais être si stressée pour tout et n'importe quoi.. Surtout de ne pas avoir choisi la robe me sublimant le plus possible aux yeux de mon futur mari. Je sais qu'il dira que je suis toute à son goût peu importe la robe. Mais, je veux vraiment marquer le coup. L'aide de Sarah ne sera vraiment pas de trop, déjà que je ne peux pas compter sur la présence de ma mère.. Je suis un p'tit boulet canon. Voilà par quels termes élogieux l'homme qui va partager ma vie me compare. Si d'autres s'en trouveraient vexées, moi ça me plait vraiment. Il n'a sans doute pas fait ce rapprochement exprès, mais ça me fait marrer. « Hey, j’suis un sculpteur, moi, pas un poète ni un écrivain, alors excuses-moi d’pas savoir manier correctement les mots, hein ! » Ramenant nos mains vers mon visage, je m'amuse à effleurer la sienne de mes lèvres. Avec une petite pointe d'humour, je lui réponds. « T'as pas à t'excuser. Je préfère mon p'tit Edgecombe doué de ses mains, à la créativité débordante plutôt qu'un littéraire barbant et ennuyant qui ne sait que sortir de longues phrases incompréhensibles pour l'commun des mortels. » Je lui lance un petit regard, sachant très bien que tous ces mots-là, il en est déjà bien conscient même s'ils sont dit avec légèreté. Comme dit, si je voulais vraiment le changer et bien, j'aurai commencer tout ça bien plus tôt. Alors que je lui fais part de l'idée de Sarah de me trainer aux bains pour me détendre un peu, je l'entends soupirer comme de soulagement lorsque je lui dis que j'y irai. Et là, je m'y oblige. Surtout avec Sarah, je n'ai aucune crainte à avoir. Je ferme mes yeux alors qu'il s'amuse de ma chevelure blonde avec sa main, un sourire sur le visage. Ca m'effraie de me dévoiler ainsi. Mais, il faut bien que je m'y fasse et que je tourne enfin cette page pour en écrire de nouvelles.

C'est sans doute bizarre de m'entendre dire ça, mais j'ai bien hâte de retrouver les joies de la glisse. Très franchement, avec Raphaël près de moi, c'est l'un des rares loisirs que je peux envisager sans avoir le numéro des urgences précomposté sur mon téléphone. Bon, je ne suis pas à l'abris d'une chute malgré tout, surtout que je veux aussi que Raphaël en profite pour épater la gallerie ! Du coup, je vais bien le pousser pour qu'il parte se griser d'un peu de vitesse alors que je vais le contempler du bord, bien cramponnée pour ne pas chuter. Rien que le fait de l'imaginer patiner m'éclate bien. Faut dire que j'aime le regarder quoiqu'il fasse, surtout lorsqu'il fait ses sculptures. Voilà, j'ai envie de ça maintenant. D'aller à son atelier pour le voir à l'oeuvre. Peut-être demain, tiens. Alors que je l'embête un peu au sujet de l'attirance incontestable pour le sol à mon égard, j'aime bien le savoir protecteur comme ça. Un sentiment qui sera encore plus présent ces prochains mois, j'en suis certaine. C'est sans doute que psychologique, mais le fait de savoir que Mini-Edgecombe est vraiment là, ça me place encore plus sous l'attention sans failles de mon fiancé. « Si t’veux, j’lui casse la gueule maintenant ! J’ai pas peur t’sais ! » Faisant un petit non de la tête, toujours aussi amusée qu'à mon arrivée à la maison, je lui lance un théâtral. « Du calme, Rambo. Range tes muscles. C'est pas la peine, il est trop plat pour ça. » D'une voix un peu plus basse, j'ajoute en le regardant. « Reste avec moi plutôt. » Je me mords la lèvre avec cette phrase que j'ai laissé passer sans le vouloir, qui traduit ce que j'ai dis peu avant. J'ai un joyeux cocktail d'émotions en moi aujourd'hui, et son sourire m'aide à calmer le jeu tout comme son regard. Puis je suis vraiment contente que quelqu'un veille sur lui lorsque je ne suis pas là. Et dans le bon sens surtout, vu qu'il n'est pas difficile de passer du mauvais côté dans le baromètre Raphaël. Je sais qu'il apprécie beaucoup ce Flavien, et le simple fait qu'il arrive à gérer mon fiancé dans le calme en fait de lui quelqu'un que j'estime beaucoup. C'est donc tout naturellement que j'ai soumis cette idée de l'inviter manger à l'occasion. Même s'ils se voient pas mal, que ce soit à l'atelier ou lors de leurs crénaux sportifs, je me dis que de les avoir à table est plutôt une.. « Bonne idée ! » Comme souvent, il m'arrache les mots de la bouche. Ca me fait sourire, surtout qu'il approuve ma petite idée comme ça. Je m'amuse à nouveau avec sa main, sans doute encore trop stressée face à cette nouvelle que je garde encore. Ce ne serait pas la première fois qu'il passe à la maison, que ce soit pour un apéro, une petite soirée tranquille ou un repas. « Je te laisse t'en charger alors. Vois avec lui quand ça l'arrange. » L'un des rares moments sérieux en ce début de soirée, quand même. Notez l'exploit ! Je me vois mal lancer l'invitation de toute façon, autant que ce privilège soit laissé à Raphaël. C'est juste.. Logique en fait. J'ai déjà quelques petites idées de repas sympa en tête et, franchement, ça promet d'être une bonne soirée.. A un détail prêt. « Faudrait penser à inviter sa copine, sinon, on va déclencher la 3ème guerre mondiale ! » Je l'avais oublié celle-là, tiens. Faut dire qu'elle est presque mon exact opposé, bien trop fille comparée à moi. Je grimace un peu en imaginant nos conversations super pationnantes qui s'annoncent. Est-ce qu'elle va encore me faire une thèse complète sur son nouveau sac hors de prix ou ses talons qui ressemblent plus à des échasses ? Bien entendu, je joue le jeu à chaque fois. Heureusement que ce n'est pas tous les jours, tellement à l'entendre, j'ai l'impression de ressembler à une Cendrillon souillon qui ne prend pas des masses soin d'elle. D'accord, je ne passe jamais deux heures dans la salle de bain, mais bon. Je suis un minimum présentable, non ? Ca me fait presque rire pourtant. « Ah mais bien entendu ! J'ai besoin de ses conseils pour un nouveau fond de teint. Et aussi pour t'être changer de couleur de cheveux. » D'accord, d'accord. Je suis un poil moqueuse j'avoue. Le fond de teint, franchement, moi.. J'en mets pas. Ou alors très rarement. C'est pas dans mes habitudes de sortir de chez moi avec une couche de deux centimètres d'épaisseur sur la peau. Je préfère nettement jouer sur mon regard ou mes lèvres. Rien de plus. Et pour ma couleur de cheveux, même si je suis parfois tentée d'essayer un petit quelque chose, je finis toujours par rester à ma blondeur qui me caractérise si bien. On peut me traiter de blondasse, je m'en fous comme du premier épisode des Feux de l'Amour. D'un ton des plus diplomatique, j'ajoute. « Evitons cette guerre. » Je n'ai vraiment pas envie d'être à l'origine d'un conflit planétaire, oh non ! Mais bien entendu, c'est impensable d'inviter Flavien sans sa d'moiselle. Et nous voilà à parler des sous-vêtements sexy futuristes pour p'tits vieux friands des plaisirs charnels. « T’me connais trop bien, ça va pas ça ! » Je me trémousse innocemment tout doucement, toute fière de moi. Oui, je peux dire que je le connais bien. Trop bien, peut-être bien même. « Heureusement tiens, sinon je ne te supporterais pas ! » Ou pas. Quoiqu'il fasse, quoiqu'il puisse dire.. Je serai capable de le supporter.

J'aime particulièrement ce traiteur Indien, qui fait toujours des plats à tomber par terre. Franchement, ça me détend vraiment de pouvoir manger quelque chose de chaud et de bien délicieux. Mais tout de même, j'ai encore ce noeud qui me noue l'estomac alors que le film se joue tranquillement et que mes yeux lancent quelques regards vers mon fiancé. Il faut dire que je ne suis pas des plus concentrée sur cet écran, non. Certes, je ne suis pas enceinte depuis ce matin, ça doit déjà remonter un peu plus. Mais, depuis ce matin, c'est comme si je sens les choses différement depuis que je sais qu'il est là. C'est fou à dire, je pense bien, mais c'est ce que je ressens. Et pour la première fois, j'ai cru ressentir une petite fatigue m'envahir, et là comme une sorte d'aigreur d'estomac. Oui, je sais, ça doit vraiment n'être que psychologiques, là.. Mais c'est ce que je ressens. Enfin, il lit cette lettre. Il a l'air presque.. Perdu tant il ne s'y attendait pas. Je le trouve si mignon avec ce petit air-là. Après un passage entre ses bras ponctués d'un baiser historique, je le vois reprendre doucement des couleurs, se rassurant sans doute sur le fait que non, je n'avorterai pas. Que nous soyons mariés ou non. Lui parler de Mini-Edgecombe me colle les larmes aux yeux tellement cette nouvelle me rend folle. Folle de joie, mais surtout folle amoureuse de son père. Le fait qu'il se mordille la lèvre ne m'échappe pas, j'ai tellement envie de partir à l'assaut de cette lèvre martyrisée pour la kidnapper à mon tour. Et cette manie qu'il a de se passer ainsi la main dans ses cheveux dès qu'il en a l'occasion.. Même si mon regard reste brouillé et mes joues humides, je souris. Rien que parce que je suis heureuse de partager un tel moment avec lui, et que je sais qu'il sera un père plus que parfait. Je laisse ma main libre trainée un peu sur son torse, une habitude que j'ai depuis toujours alors que je lui souffle ces quelques mots à l'oreille. Je le sens presque vibrer tellement je suis connectée à lui. Je veux tout décrypter de ce qu'il ressent, de ce qu'il pense. Mais ce n'est pas possible, je me contente alors simplement de ce qu'il m'offre. Ca me suffit. Je sais qu'il accueille cette nouvelle avec joie. « Dans c’cas, j’vais aller dormir dès maintenant ! » Je lui fais mon regard de p'tite Gaëlle triste, mais qui n'arrive pas à le demeurer à la vue de cette nouvelle et du sourire de Raphaël. Je me rassois alors, non sans glissé un amusé « Marmotte.. » Je parie en effet qu'il n'arrivera pas à trouver le sommeil bien rapidement cette nuit. Je me doute bien qu'il pense à énormément de choses en cet instant-là, et je resserre ma main sur la sienne alors qu'il s'assoit à mes côtés. Et là, il me prend de court en ajoutant « J’t’ai déjà dis qu’j’t’aimais ? » tout en laissant ses lèvres se poser sur mon front. J'en ferme mes yeux tellement cette délicate attention me fait du bien, ce baiser comme ces mots. Surtout avec tout ce stresse que je me suis mise toute seule durant la journée. Là, pour le coup, je ne peux vraiment pas me sentir mieux que ça. Je garde mes yeux clos comme si ce moment d'une extrême douceur est quelque chose de précieux, que pas même le bruit de la télé et de ce film ne saurait troubler. J'hoche alors la tête pour lui répondre que oui, il me l'a déjà dit, comme si je tiens à le rassurer. Lui dire expréssement que même s'il ne formule pas ce Je t'aime à longueur de temps, je le vois briller dans ses yeux et étinceller à travers son sourire. « Mais p’têtre pas au point d’courir partout en ville pour t’chercher à bouffer ! » Je rouvre les yeux, laissant échapper un petit rire, toute amusée, heureuse et littéralement soulagée depuis quelques minutes. C'est évident qu'avec nos boulots prenants, je vais vraiment essayer de ne pas faire ma chieuse à l'envoyer n'importe où, n'importe quand pour n'importe quoi. Je passerai mes envies sous silence, ou alors en me contentant d'autre chose pour ne pas le faire courir n'importe où. Enfin, je dis ça aujourd'hui.. Mais si cela devait arrivé, ce serait vraiment indépendant de ma volonté. « Fais attention, pas que je m'amuse à te demander l'impossible en t'envoyant aux quatre coins de la ville en une même journée. » Mon regard bien trop doux ne donne absolument pas de véracité dans ces mots. Enfin, comme dit je tâcherai de ne pas me révéler une future maman aussi chiante que ça, juste parce que je vais avoir besoin de lui, et que ce n'est pas en l'envoyant partout ailleurs qu'à la maison que cela se fera ainsi. Et pourtant, je me doute bien qu'il le fera. Il n'y a qu'à voir le regard qu'il pose sur moi. Il me couve déjà et mes joues en rosissent. « Repose-toi, grande larve, faut qu’tu prennes soin d’p’tite larve, maintenant ! » Famille de larves ? Comme c'est charmant. Je lève les yeux au ciel en lâchant sa main, presque à contre coeur en le voyant se relever. Mais, je ne me fais pas prier, et je m'enfonce dans le canapé, ramenant la petite table plus près pour faire repose pieds. Je le regarde s'activer, me mordant la lèvre d'être ainsi contrainte à rester assise. Ca m'amuse plus que ça me vexe. Puis, je le connais. S'il se décide à sauter si vite du canapé, c'est qu'il a besoin de souffler. Et comment lui en vouloir après une telle nouvelle ? « A vos ordres, chef. » J'lui lance alors qu'il est dos à moi, à ramasser nos cadavres gustatifs. Alors qu'il est dans la cuisine, j'essaie alors de me reconnecter au film avec bien du mal. J'ai beau l'avoir vu, revu et rerevu.. Je suis complètement perdue. C'est limite comme si c'était la première fois que je le regarde. Tout en m'adossant contre le canapé pour me transformer en véritable larve, je jete un coup d'oeil vers cette fameuse boite ayant apporté cette nouvelle. C'était une bonne idée, la lettre. « T’veux une pomme ? » Raphaël me sort de ma rêverie alors que je tente une fois de plus de recoller avec le film. Autant dire que c'est peine perdue pour ce soir, tant pis.. Cela fera un bon petit fond sonore après tout. « Hum.. Pas une entière, j'ai déjà trop mangé. Si je peux piquer un p'tit bout de la tienne, ça me suffit. » Manger ne serait-ce qu'un fruit en entier, c'est vraiment hors de ma portée pour le coup tellement j'ai l'impression que je vais exploser après ce repas Indien.

Il ne met pas trop de temps à me revenir. Son visage est toujours illuminé de ce sourire qui me fait fondre, alors qu'il croque dans sa pomme. Mon attention lui est toute dédiée, si bien que je rougis un peu en le voyant prendre les quelques photos que j'ai glissé dans ce paquet surprise. De bons souvenirs, de ces moments où nous sommes encore à deux. Il s'allonge alors, prenant exactement la même position que je me suis attribuée avant le repas. « A mon tour d’jouer au fainéant ! » Il semblerait qu'il n'y a pas que moi qui sois complètement déconnectée du film. Je lui confie l'une de mes mains, la plus proche de lui. L'autre ne tarde pas à se faufiler un chemin jusqu'à sa chevelure de jais que j'affectionne tant. Je n'ai même pas le temps de répondre quoique ce soit qu'il enchaine déjà. « Après tout, faut qu’j’me repose en prévision des mois, et même des années à venir ! » Je me marre face à sa faignantise qui avait été la mienne peu avant, appréciant tout autant cette configuration-là, qui me permettra sans le moindre mal de laisser mes doigts s'occuper un peu de lui. Mon regard est rivé vers les photos qu'il tient dans sa main libre, et toutes ces photos me donnent l'impression qu'on a déjà vécu tellement de choses.. « Fais comme chez toi. » Raphaël le roi fainéant ne me dérange pas le moins du monde ainsi installé. Bien au contraire. « Tu peux déjà lever la main et dire au revoir à la tranquilité. » Tendre allusion à nos courtes nuits qui s'annoncent, étant plus imminentes que prévues. Je ne dis pas que ce sera toujours simple pour nous d'être parents. Comme tous les couples accueillants ces heureux événements, il va nous falloir jongler entre nounou, couches et biberons. Mais ça m'amuse rien que d'y penser. « Surtout s'il va hérité du côté Edgecombe niveau caractère. » Elle était facile à placer celle-là, je le reconnais. Je ne cache pas mon sourire en lui envoyant un petit bisou volant, histoire d'appuyer sur cette petite pique envoyée. Il regarde deux des photos que j'ai imprimé à l'arrache au bureau, et sa remarque à leur sujet alors qu'il me les montre ne me fait pas stopper ces douces caresses dans ses cheveux pour autant. « T’pourrais m’expliquer pourquoi t’fais toujours l’idiote sur les photos ? » Je me souviens tellement de ces moments où ces deux clichés ont été pris. Une petite mine nostalgiquement heureuse s'accapare mes traits, j'hausse les épaules. Bonne question, en fait je ne fais même pas exprès. « Peut-être parce que la folie Edgecombe m'envahit, et que je la laisse s'extérioriser un peu. » Mes doigts abandonnent un peu ses cheveux pour venir masser en douceur le haut de sa tête, mon autre main restant sagement dans celle de mon homme. « Non, en fait.. J'en sais rien ! » Faute avouée, à moitié pardonnée, non ? C'est ce qui se dit pourtant ! C'est vraiment à croire que je suis incapable de rester sérieuse sur la moindre photo de nous. « Mais ça donne un petit effet de style, non ? M'sieur l'artiste ? » Qui de nous deux est le plus à même de donner un avis artistique sur mes interprétations très personnelles des poses façon Gaëlle Gates future Edgecombe ? C'est vrai que vues comme ça, par des personnes qui ne nous connaissent pas, j'en suis presque à passer pour le clown du couple, Raphaël étant particulièrement raisonnablement sérieux sur ces deux photos. Une remarque qu'il ne tarde pas à formuler d'ailleurs. « D’nous deux, l’crétin, c’est moi ! Déjà qu’t’veux concurrencer les Edgecombe en devenant chiante, t’vas pas m’voler l’autre moitié d’mon étiquette ! » Je m'arrête quelques brèves secondes de le masser délicatement en prenant en compte ce qu'il vient de dire. C'est vrai que j'ai, du coup, tendance à lui piquer la vedette. Je lui adresse un petit regard presque désolée, mais très vite effacé par un autre tellement plus malicieux. « Quand je te disais de te méfier de l'élève.. » Le retour de la Gaëlle en petit ange, oui oui. Mais non, bien entendu, jamais je n'essaierai de lui piquer sa place de râleur et de chieur. Quelle belle description de mon fiancé avec ces deux mots, n'est-ce pas ? Heureusement qu'il y a tellement d'autres qualificatifs à lui greffer, bien plus élogieux. Comme je l'aime.. Si seulement d'ici quelques mois je pouvais me souvenir de tout ça. Ce serait tellement plus facile et j'éviterai de le refaire souffrir. Je me marre tellement en le voyant en mode boudeur, un vrai petit garçon ! Il sort alors une autre photo, une que j'adore particulièrement car elle retrace pas mal ce que nous sommes comme couple. C'est d'ailleurs tout simplement ma photo de couverture sur Facebook tellement je l'adore. « Sur celle-là, ça va, on fait tous les deux les cons, mais bon... » Nos têtes.. De vrais vainqueurs ! Je ne peux pas m'empêcher d'avoir ce sourire jusqu'aux oreilles en l'entendant nous qualifier, tous les deux, de têtes de cons. Mes dents se referment une fois de plus sur ma lèvre pour me forcer à m'arrêter de pouffer de rire. Quelle soirée agréable et pleine de légèreté ! Une vraie petite perfection. « Rassure-moi, t’compte pas faire des grimaces sur les photos d’mariage ? » Mon emprise sur ma lèvre n'est plus suffisante pour m'empêcher de me remettre à rigoler. Comme dit, c'est sans doute le stresse qui s'évacue en plus de passer un si bon moment en si agréable compagnie. Toujours est-il que je lui réponds, avec l'image de la nana les mains dans les poches. « Bah, si tu fais comme moi. Pourquoi pas ? » Ca annonce un mariage des plus sérieux ! Mais je note tout de même, que malgré l'annonce de ma grossesse, il continue de parler mariage. Il va falloir qu'on soulève, tôt ou tard, cette question du timing entre arrivée de Mini-Edgecombe et ce jour que j'attends si impatiement. « On est canons en faisant les cons ! » Simple constat face à cette photo qu'il regarde. Du coup, trop de sérieux pour un mariage.. Franchement.. Il est sans doute possible de réserver quelques petits clichés plutôt.. Sympatiques, non ? Cela feraient de bons souvenirs, bien originaux, à l'image de ce que nous sommes. « J’doute qu’ça soit très réglementaire, t’vois ? » Je soupire feignant d'être déçue par cette nouvelle. Réglementaire.. Est-ce qu'il parle de ma famille, qui va être -ce n'est pas un mystère- plutôt présente pour le bon déroulement des festivités ? Mes doigts au sommet de sa tête se remette à jouer, pensivement, avec ses cheveux. Songeuse, je lance alors. « Dommage, ça aurait pu être un bon concept.» Une chose à ne biensûr pas prendre au sérieux ! Je ne suis pas au point d'imposer mes quatre volontés pour notre mariage tant j'aspire à ce qu'il ressemble également à mon futur époux. Je n'ai pas envie de tout décider toute seule, même si je lui suggère les idées. J'ai besoin d'avoir son avis. Il faut tout de même garder à l'esprit que nous serons toujours ensemble pour prendre des décisions importantes, à deux. Et imposer un thème ou un concept pour notre mariage, sincèrement, je n'y vois pas d'intérêt. J'ai juste envie que cette journée se passe bien, même si je ne doute pas que nous allons goûter au fameux mariage pluvieux, mariage heureux ! Soupirant, presque résignée face à cette menage réglementaire, je lui dis. « Bon, d'accord. Je vais m'entrainer à rester sérieuse sur les prochaines photos. » J'ai bien dit entrainer. Ce qui sous-entend que ce n'est pas encore une valeur sûre et qu'il ne vaut mieux pas trop compter sur mes essais qui risquent de se révéler infructueux. Mon regard se perd alors vers la télé, même si je ne regarde pas les images et que je n'écoute pas ce qu'il se dit. Cette question qui m'a hanté toute la journée me revient comme une grosse baffe sur mon visage. J'ai besoin d'être rassurée sur un point. « Dis.. Qu'on soit bien d'accord.. Tu ne vas pas chambouler ton programme de travail pour ton expo, n'est-ce pas ? » Je le connais. Déjà en temps normal j'arrive à percevoir un peu de culpabilité dans son regard lorsqu'il rentre tard de l'atelier, mais avec cette nouvelle.. J'ai vraiment peur qu'il allège ses projets pour passer plus de temps avec moi alors qu'avec l'arrivée de son exposition, il va devoir au contraire, allonger sa charge de travail pour tout boucler voire même pour ajouter des projets imprévus qui mériteraient d'être ajoutés à la liste de ses créations à exposer. Pour ma part, avec mon travail plutôt physique par moment, je sais aussi que je vais devoir redessiner mon emploi du temps pour l'adapter ces prochains mois afin de ne rien risquer que ce soit pour Mini-Edgecombe ou pour moi. La marque de l'absence de ma mère plane forcément sur moi, même si je reste persuadée qu'elle veillera à ce que je ne subisse pas le même coup du sort qu'elle.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyLun 7 Déc 2015 - 0:40
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


D’éclats d’rire en taquineries, d’références à la noix en aveux déguisés, voici comment notre soirée s’poursuit : doux reflet d’la complicité qui jalonne notre histoire, depuis son début, et même bien avant, si on veut être honnête. A la différence qu’à cette époque, nous tâchions, tant bien qu’mal, de n’pas voir ce qui se dissimulait sous nos échanges d’sourires et nos regards remplis d’une connivence naturelle qu’l’on ne pouvait camoufler. A ce moment d’notre histoire, pour beaucoup, j’ne voyais en Gaëlle qu’une bonne amie, à n’la considérer presqu’comme une sœur. Pendant longtemps, j’crois être même parvenu à m’duper moi-même, feignant d’croire qu’l’attachement qu’j’éprouvais pour cette voisine n’était qu’une amitié, forte au point d’me soucier d’elle, comme j’pouvais l’faire pour mes sœurs (plus jeunes que moi ou pas, d’ailleurs), et mon petit frère. J’avais commencé à jouer à l’autruche très tôt, bien avant qu’la flamme d’la jalousie s’soit allumée en moi, en voyant Riley et Gaëlle n’prétendent être un couple modèle, en dépit d’leur jeune âge. J’avais enfoui cette flamme sous une chape d’émotions parfaitement rationnelles : Gaëlle n’était qu’une d’mes camarades, dont j’étais assez proche, d’par l’fait qu’elle était la fille d’mon parrain, celui-ci s’avérant être l’meilleur ami d’mon père, et ils vivaient tous deux non loin d’chez moi, sans oublier qu’Gaëlle était très appréciée d’mes parents. Tant d’choses qui m’ont aidé à prétendre qu’elle n’était qu’une gosse dont j’étais naturellement proche, dont la vie m’avait certainement incité à veiller sur elle. J’me demande même si j’ai pas compris, presque avant elle, qu’elle commençait à s’attacher un peu trop à moi. A sa façon d’me regarder et d’me parler. Mais j’saurais pas l’garantir, car une partie d’moi reste persuadé qu’ça n’était que c’que j’voulais bien voir, qu’ça n’pouvait être vrai, qu’si tel aurait été l’cas, j’aurai eu la force d’m’éloigner d’elle. Avant qu’elle n’rompe avec Riley, avant qu’elle n’m’embrasse. Mais quand son histoire avec mon frangin a touchée à sa fin, j’avoue qu’j’étais curieux d’voir comment les choses évolueraient, qu’j’souhaitais presque qu’mon espoir interdit n’soit pas qu’le fruit d’mon imagination auquel s’raccrochait mon esprit malade pour avoir un semblant d’embelli dans mes longues et tristes journées d’cancéreux. Aussi aie-je facilement étouffé ma culpabilité envers Riley lorsqu’elle m’a embrassée et qu’notre histoire a commencée. Quand nous avons été contraints d’nous séparer, j’me suis fait la promesse d’la retrouver, refusant d’passer l’restant d’mes jours, en ayant l’impression d’être amputé d’une partie d’moi-même. J’ai p’têtre abusé d’ma bonne étoile une fois d’trop en m’rendant exprès à Londres, pour elle. Parce qu’si elle n’avait pas été dans la capitale anglaise, j’suis sûr et certain qu’j’aurai été capable d’choisir mon école là où elle s’trouvait. Même si ça devait m’éloigner d’l’école d’mes rêves. Car, d’toute façon, sans elle, mes rêves n’avaient aucunes saveurs. Si j’dis ça, c’est pas pour divaguer, mais pour avancer une théorie (y’en aura en effet un paquet !) qui m’effleurera souvent l’esprit, à l’avenir : Gaëlle n’était pas faite pour moi. L’couple d’ados qu’nous avions autrefois formé n’aurait jamais dû voir l’jour, il n’serait jamais né si j’n’avais pas fait comprendre à Gaëlle qu’j’aimais autant être en sa présence, renforçant ainsi notre lien. La vie nous l’avait fait comprendre, via l’incident. Mais, une fois d’plus, il a fallu qu’j’refuse d’ployer l’échine devant une quelconque autorité qui voulait diligenter ma vie, et qu’j’aille la retrouver. C’est moi qui ai voulu jouer au plus malin, aussi trouverais-je ça parfaitement normal, dans quelques mois, d’être l’seul à m’souvenir d’nous. Parce qu’il faut toujours qu’quelqu’un paie l’prix des erreurs commises par autrui, après tout. Et qu’quitte à c’qu’il y en ait un d’nous deux qui paie pour mon opiniâtreté, autant qu’ça soit moi. J’serai littéralement dévasté d’la perdre, mais j’me raccrocherai au moins à ma conviction qu’elle repartirait d’zéro, sans souvenirs d’nous, qu’elle n’aurait donc aucun regrets, qu’sa vie pourrait s’dérouler sans faux-pas, loin d’moi et d’la vie qui semblait n’pas vouloir nous voir réunis. Parce qu’la vie n’a rien à voir avec les belles histoires qu’on peut voir partout : vous pouvez être fou amoureux d’une personne, c’est pas pour autant qu’vous finirez avec. C’est ainsi, faut s’y faire, même si vous vous amusez, comme j’viens d’le faire, l’autre d’princesse (ou d’prince, bien entendu, cet exemple est à retranscrire suivant votre contexte perso !) ou encore à utiliser des références d’vieux films pour l’taquiner. La routine nous donne l’impression qu’on a enfin acquis l’droit au bonheur, mais la vie vient vite vous rappeler qu’c’est faux. Pour l’heure, ça m’passe carrément au-dessus d’la tête, seul importe l’fait qu’j’parvienne à faire rire Gaëlle, pouvant ainsi m’rassasier d’ce son qu’j’adore par-dessus tout. « J'attends ton enseignement avec impatience. Maître. Mais il va falloir me motiver un peu. Les bancs de l'école, ça commence à remonter un peu. » C’est à mon tour d’ailleurs d’rire, en l’entendant m’dire ça. Encore une raison qui pourrait m’faire tomber amoureux d’elle, si ça n’était pas déjà l’cas, bien entendu : sa capacité à rebondir sur certaines d’mes références (qu’certains jugeront totalement connes, même si d’mon point d’vue c’est qu’un manque flagrant d’culture d’leur part), au point même d’faire les siennes, en restant dans l’même univers. Ca m’étonne même pas qu’elle s’la joue Anakin, car j’sais qu’elle aime bien c’personnage. Bon, p’têtre plus l’acteur qu’le perso, on va pas s’mentir hein ! D’ailleurs, lorsqu’on voit les films ensemble, il arrive qu’parfois, pour la taquiner (en retour d’ses taquineries lorsqu’Anakin est à l’écran !), qu’j’lui tende un mouchoir (pour prévenir tout surplus d’bave d’sa part : j’suis trop gentil !), ou qu’j’tende l’bras vers elle pour lui cacher les yeux (pas envie qu’ses yeux sortent d’ses orbites à force d’trop mater !). Bon, qu’les choses soient claires, par contre : c’est juste pour la vanner, qu’j’fais ça, y’a pas d’traces d’jalousie, derrière. Comme je l’ai dis précédemment, on a tous les deux conscients qu’y’a d’autres personnes dans l’monde, et qu’certaines nous plaisent : on l’a accepté, parce qu’on sait qu’râler pour ça n’servirait à rien, et qu’on s’fait assez confiance pour n’pas paniquer dès qu’l’autre regarde trop une autre personne, qu’ça n’ira jamais plus loin qu’quelques regards. Cela dit, ça n’m’empêche pas d’la rendre chèvre, dès qu’on est devant Star Wars : elle m’embête au sujet d’Anakin, j’en fais d’même au sujet d’Padmé. Ouais, on est d’vrais gamins, parfois, et on l’assume ! « L’enseignement a déjà commencé, c’était sans doute trop subtil pour toi ? », fais-je semblant de demander, d’un air étonné, avant d’ajouter, nettement plus espiègle : « J’espère que t’as toujours ton uniforme d’ailleurs, parce ça t’aidera à t’remettre dans l’bain !  Et pour la motivation, on avisera ! », dis-je, non sans malice. Ouais, j’vous cache pas qu’j’serai pas contre l’idée d’la revoir dans son uniforme, bien au contraire, j’suis certain qu’elle serait toujours à tomber dedans ! Et puis, c’est nettement plus sexy qu’une tenue d’padawan, nan ? Parce qu’perso, j’ai pas envie d’revêter la tenue d’Yoda hein ! Remarquez, j’ai pas non plus envie d’me fringuer comme un prof, mais bon... Puis ça m’ferait bizarre d’jouer l’prof à quelqu’un qui porte l’même nom d’famille qu’moi, hein, même si là, officiellement, Gaëlle n'est pas déjà une Edgecombe, bah, pour moi, c'est déjà l'cas : Surtout quand c’quelqu’un m’adresse d’tels sourires ou d’tels regards, et qu’c’fameux quelqu’un s’avère être Gaëlle, qui est, incontestablement, mon point faible. . « T'as opté pour le format de poche. Il ne sera pas beaucoup extensible, de toute façon. Gates ou Edgecombe. » J’fais mine d’réfléchir quelques secondes, avant d’secouer positivement la tête. D’abord, prétendument un peu dépité, puis bien plus convaincu. C’est assez drôle d’feindre d’être attristé d’réaliser qu’j’vais vivre toute ma vie avec un boulet d’poche, mais cette perspective m’comble d’joie, dans l’fond. Pis elle l’sait bien, j’m’en doute. « Puis c'est parfait comme ça, c'est juste la bonne taille pour que tu me réchauffes parfaitement bien quand il fait trop froid. » Prétendant d’être fatigué par d’telles excuses, j’ pose ma tête sur le haut du dossier du canapé. Encore un p’tit jeu à la con qu’Gaëlle et moi nous avons : elle s’amuse à s’servir d’moi comme d’une bouillote à la moindre occasion qui s’présente à elle, et moi, j’feins d’râler et d’n’être considéré par elle qu’comme par un vulgaire objet. Alors qu’dans le fond, il va d’soi qu’j’aime la voir s’blottir contre moi d’la sorte. Même si elle m’fait parfois sursauter lorsqu’elle vient s’réchauffer vers moi sans m’prévenir (bah ouais, l’choc thermique, ça fait mal. Comment ça, j’exagère ? Si peu voyons !), et même si parfois elle m’réveille (ouais, avoir un glaçon qui vient s’coller à vous quand vous dormez, ça peut vous réveiller quand même !). J’suis qu’un con, certes, mais pas au point d’pester quand la femme qu’j’aime vient s’réfugier dans mes bras, voyons ! J’sais parfaitement qu’si ça n’tenait qu’à moi, y’aurait moins d’effusion d’tendresse qu’ça, étant donné qu’j’ose rarement les lancer (même si cette tendance est moins vraie quand on est qu’tous les deux.). Du coup, qu’on soit en public ou non, les rares fois où c’est moi qui prend l’initiative d’la prendre dans mes bras en premier lieu, c’est, bien souvent, qu’j’suis malade ou fatigué (mais bon, n’allez pas croire qu’j’prenne jamais l’initiative non plus en dehors d’ces cas d’figures hein !). C’est dans mon caractère, c’est absurde, j’sais, mais c’est comme ça. Par contre, n’allez pas vous foutre dans l’crâne qu’j’ne fais ça qu’lorsque j’ai une idée derrière la tête hein (non, j’précise, car j’sais qu’vous avez l’esprit mal tourné, pervers !). C’est après un nouveau soupir qu’j’prends la parole : « Merde, peu importe l’nom d’famille, j’vais m’coltiner un glaçon d’poche...  Heureusement qu’j’suis assez chaud pour deux ! » Et ouais, j’peux aussi lancer des phrases d’ce genre. Tout en feignant d’pas percuter qu’y’a un double sens : en fait, c’est même c’que j’préfère faire, c’est bien plus drôle ! Juste pour l’plaisir d’voir l’autre vous regarder d’un air un peu étonné, et d’savoir qu’il s’demande si vous avez vraiment entièrement saisi c’que vous venez d’dire. J’hausse finalement les épaules pour ajouter, tout en redressant la tête : « J’crois qu’j’vais réussir à m’faire à l’idée d’n’être qu’ton radiateur ! » Bon, ça va, j’contrebalance ma connerie précédente en insistant sur l’article possessif, visant à mettre en avant l’fait qu’cet avenir m’plaît véritablement, surtout parce qu’il s’construit avec Gaëlle. Parce que d’toute façon, l’simple rôle j’ai pas pris d’plaisir à l’tenir pour une autre qu’pour elle, tout comme j’ai jamais apprécié d’avoir une autre femme qu’elle dans mes bras. D’ailleurs, c’est même la seule avec laquelle j’ai jamais voulu fonder une famille. Bon, OK, c’est p’têtre faussé comme conclusion, étant donné qu’en dehors d’elle, j’ai jamais connu d’autres histoires sérieuses. C’est pour ça qu’lorsqu’j’lui dis qu’les Edgecombe ont encore d’beaux jours devant eux, j’pense à notre famille à venir, bien entendu, n’pouvant pas m’imaginer une seule seconde qu’celle-ci commencera plus tôt qu’on n’l’aurait prévu.

Nous n’sommes p’têtre pas l’couple l’plus parfait qui soit, notre histoire n’est p’têtre pas la plus simple, mais au moins sommes-nous réels, non lisses comme certains l’sont d’nos jours. J’ai l’sentiment d’voir d’plus en plus d’couples qui feignent d’être vraiment amoureux l’un d’l’autre, ou du moins, qui s’forcent à s’le prouver. A croire qu’c’est la norme, d’nos jours, vu qu’on s’bouffe d’grands sentiments sur tous nos écrans, faut suivre l’mouvement. Nos manies, un peu crétines, étonnent d’ailleurs nos proches, lorsqu’ils viennent passer du temps chez nous, plus qu’un simple repas, bien entendu. Parce qu’ils prennent conscience qu’on peut être d’pires qu’des gosses. A tel point qu’on peut souvent s’demander lequel d’nous deux est l’plus gamin des deux, en dépit du fait qu’sur les papiers, l’plus vieux, c’est moi, comme cela a été rappelé récemment : « T'énerve pas comme ça, c'est mauvais pour ton p'tit coeur l'ancien, hein. ». Qu’elle est adorable, ma future femme, vous trouvez pas ? J’lui balance un regard amusé, tout en éclatant d’rire, pour finalement réussir à dire : « L’ancien a abandonné son cœur y’a longtemps d’ça parce qu’un vieux sage lui a dit qu’ça servait à rien ! », qu’j’ponctue d’un p’tit sourire. Deux allusions en une phrase : qui dit mieux ? Bon, la 1ère est plus simple à comprendre qu’la 2nde, j’pense. Elle évoque l’fait qu’d’toute façon, ça fait bien longtemps qu’mon cœur s’trouve entre les mains d’une autre personne, et qu’tant qu’il y restera, il devrait être en sécurité. Ouais, un peu mièvre, j’sais, mais bon, j’fais quand même parti (malgré moi, j’vous jure !), des gens qui pensent qu’lorsqu’vous êtes heureux dans votre couple, avec la personne qu’vous aimez véritablement, vous pouvez tout affronter, peu importe la nature des soucis qui peuvent polluer votre vie. J’crois qu’j’tiens ça d’mes parents, ils l’ont indirectement inculqués à tous leurs enfants : suffisait d’voir à quel point ils ont toujours réussit à garder l’sourire, malgré les diverses difficultés qu’notre famille a pu rencontrer, pour comprendre qu’la force qu’ils puisaient, sans fin, venait d’la simple présence d’l’autre à ses côtés. D’ailleurs, j’en serai, malgré moi, j’vous l’garantis, l’exemple vivant, dans quelques mois, lorsqu’elle m’oubliera. J’irai pas jusqu’à dire qu’ma tumeur profitera d’ma faiblesse pour revenir, ça, c’est juste un gros coup d’malchance, enfin, d’bol pour moi, car d’toute façon, à c’moment-là d’ma vie, j’estimerai qu’j’aurai trop perdu pour être en réelle mesure d’continuer sans elle. Bref, voilà donc pour l’1er sous-entendu. L’2nd est moins mièvre, par contre, car il fait référence à un truc avec lequel Josh n’cessait d’me rabattre les oreilles : l’cœur, c’est d’la merde, du fait qu’il centralise, dans beaucoup d’cultures, les sentiments. Mon frangin n’a jamais eu d’véritables bol avec ses histoires d’amour, très probablement parce qu’il planait un peu trop pour s’fixer réellement, ou même parvenir à séduire une nana qui n’était pas aussi stone qu’lui, et donc, à même d’lui tirer la tête hors d’l’eau. D’ailleurs, à une époque, j’pensais comme mon frère. Parce qu’j’pouvais pas avoir Gaëlle, à c’moment-là, et du coup, pour tâcher d’me la sortir d’l’esprit, j’avais rien trouvé d’mieux qu’d’enchaîner les p’tites amies sans vraiment tenir à elles. Ouais, vous pouvez l’dire : j’ai été un véritable connard. J’ai été à nouveau c’connard quand elle est partie pour Londres. Et j’redeviendrai c’connard quand l’amnésie envahira son esprit. En effet, la seule qui ait jamais été en mesure d’atténuer l’enfoiré qu’j’peux être s’trouve pour l’instant allongé sur c’canapé, s’servant d’une d’mes cuisses comme oreiller. C’est la seule qu’ait jamais réussit à m’donner l’envie d’être meilleur pour la mériter. Et malgré mes efforts, j’vais la perdre. C’est con, vous trouvez pas ? Et pourtant... Comme Nicolas Cage l’dit dans l’film La cité des anges : Je préfère avoir connu... une seule bouffée du parfum de ses cheveux, un seul baiser de ses lèvres, une seule caresse de sa main... que toute une éternité sans elle, un seul instant... Constat qui peut p’têtre paraître assez étonnant à faire, si l’on n’a jamais eu la chance d’aimer autant une personne qu’j’peux aimer Gaëlle, mais j’vais être entièrement d’accord avec cette phrase, dans les mois à venir. D’ailleurs, cette phrase n’revient en tête, lorsqu’elle serre ma main dans la sienne, parce qu’j’réalise, une fois d’plus, à quel point j’suis littéralement accro à sa douceur. Même si j’suis en train d’dire qu’j’la laisserais jamais gagner notre pseudo concours pour savoir lequel parviendra à faire craquer l’autre l’premier. « Politesse, d'accord. Mais, la galanterie alors ? » J’secoue la tête à la négative : « La galan-quoi ? », qu’j’demande alors en arquant un sourcil, affectant d’pas connaître c’mot. « Voyons, Gaëlle, t’sais toujours pas qu’c’mot a disparu d’la Terre l’jour où les féministes ont obtenues l’égalité des sexes ? », qu’j’demande en écarquillant exagérément les yeux. Profitez donc du spectacle d’un Raph qui s’la joue homme des cavernes, c’est bien trop loin d’ma personnalité pour s’renouveler régulièrement. « Mais s’tu veux, on peut revenir à la bonne vieille époque d’nos ancêtres : les femmes, aux fourneaux, et les hommes, au boulot ! », qu’j’déclare en montrant, quelques secondes, mon bras magnifiquement musclé (pire qu’Hulk... Ouais, l’ironie, c’est la vie !) pour lui signifier qu’c’est à moi d’ramener d’l’argent, à la sueur d’mon front et à la seule force d’mes bras ! Enfin, depuis l’temps, mon comportement n’devrait même plus vous étonner, pas plus qu’notre routine un peu idiote, à Gaëlle et à moi, qui nous amusons à nous défier dans un concours à la con, qu’Gaëlle n’prend pas au sérieux parce qu’elle use d’fourberies (selon moi), pour l’gagner. « Bah alors ? Tu faiblis déjà ? » Sans un mot, j’fixe Gaëlle pendant quelques secondes, plissant un peu les yeux, comme si j’voulais la jauger d’la sorte. « Tu m'mèneras à ma perte! Femme ! », qu'j'lance d'un air sérieux, n'pouvant m'imaginer qu'ça s'avère vrai, dans les mois à venir. Enfin, elle m'mènera pas vraiment à ma perte, mais n'plus l'avoir à mes côtés, si, donc, indirectement, ça sera vrai... Mais j’finis par pousser un soupir, secouer la tête, et dire, avec un p’tit sourire malicieux : « Nouvelle leçon, jeune padawan : ne jamais admettre qu’tu faiblis, sauf pour déstabiliser l'ennemi, donc... Tu verras bien ! ». C’est assez fun d’se prendre pour un grand maître Jedi, en fait. Même si c’est pour donner des conseils aussi cons qu’ceux qu’j’prodigue à Gaëlle, pour une lutte tout aussi idiote. Cela étant dit, dans un registre plus sérieux, j’refuse quand même d’dire à Gaëlle si j’peux dors et déjà songer à déclarer forfait, c’jeu est bien trop amusant pour qu’j’lui laisse croire qu’elle a déjà gagner. Puis bon, j’aime bien l’idée d’la voir un jour s’ingénier à mettre toutes les ruses qu’elle maîtrise pour m’faire craquer.

Nous voilà maintenant en train d’parler d’fleurs, alors qu’nous attendons l’livreur. Heureusement qu’dans notre quartier, y’a un paquet d’restau, tous plus sympa et délicieux les uns qu’les autres, ça nous dépanne souvent, aussi bien lorsqu’on a la flemme d’se faire à manger comme c’soir et qu’on veut donc s’faire livrer, qu’lorsqu’on veut simplement aller manger dehors. D’ailleurs, j’userais grandement du service à domicile lorsqu’Gaëlle s’trouvera dans l’coma, car j’aurai vraiment pas l’cœur à m’faire à manger. Déjà qu’j’me forcerais à grignoter... Et pourtant, j’tenterai de m’motiver en essayant des plats qu’j’avais jamais goûté jusqu’alors, et même en faisant appel à des restau qu’nous n’avions pas encore testé. Lorsqu’j’irai voir Gaëlle, à l’hôpital, j’lui ferai même l’récit détaillé d’mes soirées, parce qu’à la longue, j’saurai même plus quoi lui raconter. Faut dire qu’j’vais quand même passer d’longues heures à lui demander d’se réveiller, à la supplier d’pas m’laisser seul, lui soulignant l’fait qu’j’ai pas la force d’vivre dans un monde duquel elle serait absente. J’vais aussi lui parler d’nous, tâchant d’puiser dans nos souvenirs heureux l’espoir nécessaire pour pas qu’j’baisse les bras. Donc, à la longue, j’saurai plus vraiment quoi lui dire, de ce fait, j’finirai par lui dire tout et n’importe quoi, juste pour qu’elle s’raccroche à ma voix comme à la lumière d’un phare. Ouais, j’sais, au fond, j’trahirais presque les mots qu’j’aurai prononcé, sur l’fait qu’j’tirerais ma force simplement en la sachant en vie, alors qu’j’luterai même pas véritablement contre ma tumeur, étant donné qu’elle n’sera pas à mes côtés. Mais voir qu’elle s’souvient vraiment pas d’nous détruira les dernières forces qu’j’aurais encore en stock... A c’moment-là d’ma vie, même l’fait d’m’occuper d’plantes n’parviendra pas à apaiser mon esprit tourmenté. A tel point qu’lorsqu’Gaëlle sortira enfin du coma, toutes les plantes qui sont, pour l’instant, dans un très bel état, seront toutes... mortes... « Me virer ? Carrément ? » J’hoche la tête avec conviction, face à la moue qu’m’adresse Gaëlle, mais, étonnamment, ma conviction s’estompe assez rapidement. Quelle diablesse, tout d’même, à savoir ainsi c’qu’il faut faire pour m’faire perdre tout l’peu d’crédibilité qu’j’tente d’afficher face à elle lors d’nos échanges plein d’conneries. « Heureusement qu'elles ne fânent pas sur mon passage alors. Je serai tellement perdue en vivant seule. Personne à embêter le soir avec mes petits pieds froids. Oh non, la misère ! » J’pensais quoi, déjà, un peu plus tôt ? Ah, oui, qu’elle est une véritable diablesse ! Bah, j’confirme ! Non mais regardez la, avec son p’tit visage aussi triste qu’sa voix. L’plus con, dans l’histoire, quand même, c’est qu’lorsqu’elle sera alité, tentant d’se réveiller, elle aura plein d’fleurs à ses côtés, offertes par nos proches, et certaines par moi. J’m’en occuperais lorsqu’j’irais lui rendre visite, et j’demanderais même à certaines personnes du corps soignant d’prendre l’relais lorsqu’j’pourrais pas aller la voir. Ca sera une belle illustration qu’non, contrairement à c’qu’j’feins d’savoir depuis quelques minutes, Gaëlle n’a pas une aura néfaste pour les fleurs, loin d’là. Sa chambre sera nettement plus fleurie qu’notre maison, et l’une des plus fleurie d’l’hôpital. Mais, pour en revenir au présent, j’dois regarder autre chose qu’ma fiancée pour tenter d’retrouver mon sérieux qui a volé en éclats sous sa dernière réplique. C’est ainsi qu’j’feins un intérêt profond pour l’plafond, (il attire bien notre attention, c’soir, c’est qu’il est trop beau pour qu’on n’le regarde pas : il est bien comme nous, en somme !) pendant quelques secondes, l’temps qu’mon rire s’apaise, loin d’me douter qu’en c’moment même, alors qu’elle a posé nos mains, quelques secondes plus tôt, sur son ventre, j’suis indirectement en train d’toucher notre premier enfant (bon, l’pauvre gosse, il va pas avoir d’bol, il verra jamais l’jour !). « Bah écoute, faut c’qui faut, hein, pour l’bien-être d’la planète ! L’écologie, tout ça, t’sais bien ! Et t’inquiète pas, Glaçon », oui, j’lui balance c’surnom tout adorable qu’j’lui réserve parfois, tout en jetant un coup d’œil attendri à nos mains, qui s’trouvent sur son ventre, « j’t’achèterai plein d’chaussettes et d’couvertures pour t’réchauffer les pieds, l’soir, et après, seulement, j'te foutrais dehors ! ». Et j’termine ma phrase par un immense sourire, en mode grand seigneur qu’a trop d’gentillesse en lui : vous voyez l’genre, quoi! D’ailleurs, j’ai toujours un sourire aux lèvres alors qu’on parle d’douche. « Pas besoin d'avoir un oeil sur toi pour ça. Je serai capable de me repérer les yeux fermés juste pour me faufiler avec toi. » Bon, OK, mon sourire, j’le perds assez vite, car c’qu’elle vient d’dire là m’effraie assez, ma mâchoire crispée, exagérément, l’atteste assez bien. Heureusement qu’j’sais qu’elle est pas assez folle pour tenter d’faire ça, parce que sinon, ça serait... Non, très mauvaise idée. J’préfère partager une douche en sa compagnie qu’devoir l’amener à l’hôpital parce qu’elle s’est manger un mur dans la tronche, ou qu’elle s’est vautrée au sol en heurtant un meuble ! Gaëlle est certes sexy en permanence, mais j’doute qu’elle l’soit toujours autant avec l’nez qui pisse l’sang. Pis j’ai pas envie d’tester, d’toute façon ! (Ou alors, uniquement si c'est en m'voyant sous la douche qu'elle pisse l'sang, un peu comme dans Dragon Ball. Ouais, bref, j'sais, j'vais arrêter avec mes références à la con, surtout si c'est pour faire allusion à des crétins qui s'vident d'leur sang dès qu'ils voient d'belles nanas !) Bref, j’préfère n’rien répondre, ma mimique montre assez c’qu’j’pense d’sa dernière suggestion. Au lieu d’ça, j’pose une question essentielle pour savoir c’qui la ferait l’plus courir : qu’j’sois déjà dans la douche ou qu’j’lui cours après ? J’la quitte pas du regard alors qu’elle m’répond enfin, comme si la question n’importait guère. « Les deux me vont. C'est vrai que si tu restes derrière moi, je serai tentée de simuler un point de côté juste pour me retourner et te faire face. D'un autre côté, si tu y es déjà.. J'aurai le sentiment d'être en retard. » J’pince mes lèvres, miment d’prendre note d’son dilemme. Puis j’propose, comme si c’était l’idée du siècle : « Même si j’t’attends pour m’savonner l’dos, t’aurais l’impression d’être en retard ? » J’hausse les épaules, un air faussement triste sur l’visage. « Quoi qu’il en soit, si t’crois qu’j’vais t’porter pour aller à la douche : t’rêves ! Non parce qu’j’te vois bien venir avec ton indécision hein ! » Sur cette remarque fort puérile, bah... J’lui tire la langue. Ouais, j’suis d’une intelligence folle, parfois. C’est con qu’les murs n’puissent pas parler, parce qu’ça pourrait nous être d’une grande aide, dans quelques mois, alors qu’j’essayerai d’raviver ses souvenirs d’nous, en n’essuyant qu’des échecs. Parce qu’avec tout c’qu’ils ont pu vivre comme moment d’grands n’importe quoi, depuis qu’on vit ici, y’aurait largement eu d’quoi montrer à Gaëlle à quel point on a pu s’aimer. En dépit d’sa maladresse et d’sa tendance à arriver en retard. Comment ça, j’ai oublié qu’j’avais des défauts aussi ? Jamais d’la vie, j’vous fais juste grâce d’vous les énumérer tous, sinon, on est encore là demain ! Hors, là, pour l’moment, j’profite d’l’instant présent avec mon p’tit boulet canon ! « T'as pas à t'excuser. Je préfère mon p'tit Edgecombe doué de ses mains, à la créativité débordante plutôt qu'un littéraire barbant et ennuyant qui ne sait que sortir de longues phrases incompréhensibles pour l'commun des mortels. » J’esquisse un p’tit sourire en l’entendant dire ça. J’ai beau savoir c’qu’elle pense d’moi, depuis l’temps qu’on s’connait et qu’on est ensemble, mais ça m’met toujours du baume au cœur d’l’entendre proférer d’telles paroles. Parce qu’j’ai pas du tout confiance en moi et qu’il m’arrive bien souvent d’me dire qu’un autre pourrait p’têtre la rendre bien plus heureuse qu’moi. Non pas qu’j’doute d’nous et d’notre amour, juste qu’par moment, j’me demande c’que j’peux lui apporter d’plus qu’un autre n’saurait lui apporter, et qui fait qu’elle reste à mes côtés. « Mince, moi qui voulais m’mettre à lire d’grands romans, pour t’sortir plein d’citations au lieu d’faire d’vieilles références à des trucs qu’certains jugent kitch ! », dis-je, avec une p’tite moue attristée, symbolisant parfaitement la déception qu’j’feins d’ressentir. « Tant pis, j’ferai brûler ces bouquins alors ! Ca m’aidera à t’réchauffer ! ». Un autodafé, en guise d’source d’chaleur, ça peut l’faire, nan ? J’attends la réaction d’Gaëlle, m’doutant qu’elle s’offusquera d’cette idée à la con. Soyez rassurés, cependant, même si j’aime pas lire, j’irai quand même jusqu’à brûler des livres, tout d’même. J’ai bien trop d’respect pour les œuvres d’art, peu importe les formes qu’elles prennent, pour m’éclater à en brûler ! Cela dit, dans un registre plus sérieux, on peut tout d’même remarquer qu’s’il l’fallait vraiment, j’pourrais faire d’gros efforts pour continuer à mériter Gaëlle. P’têtre pas au point d’changer entièrement celui qu’j’suis, mais au moins lui faire comprendre qu’j’tiens assez à elle pour changer pour elle. Même si j’ai déjà changé. Comme j’l’ai déjà dis, j’suis bien moins chiant lorsqu’elle est à mes côtés qu’lorsque nous sommes séparés. J’crois qu’c’est là l’une des forces d’notre couple : on s’aide l’un l’autre à évoluer, moi, j’cesse d’n’être qu’un connard, et elle tente d’faire avec les cicatrices qu’son père lui a faites. D’ailleurs, lorsqu’elle finit par accepter d’sortir avec Sarah, en dépit du fait qu’elle sera alors contrainte d’s’exposer publiquement, j’peux pas m’empêcher d’sourire comme un con, fier d’elle, et même les caresses qu’j’lui prodigue sur son crâne s’font plus douces, teintées d’encouragements muets.

Et parce qu’j’suis pas qu’un mec tout mignon, quand même, j’propose à Gaëlle une nouvelle sortie à la patinoire. Oui, j’ose demander à ça à la miss catastrophe qu’elle est. Parce qu’j’aime bien lorsqu’elle tente d’se surpasser, et qu’j’suis convaincu qu’avec un peu d’entraînement, elle pourrait devenir une bonne patineuse. P’têtre pas au point d’tenter les J.O., comme elle le sous-entend à un moment, mais au point d’être capable d’quelques prouesses quand même. « Du calme, Rambo. Range tes muscles. C'est pas la peine, il est trop plat pour ça. » Alors qu’j’m’apprêtais à continuer à jouer l’gros dur, voilà qu’elle ajoute : «  Reste avec moi plutôt. » en s’mordillant la lèvre. « Bon, puisqu’t’insistes, j’reste là, mais j’voulais tellement en découdre, une fois pour toute, avec l’sol... », un p’tit sourire peiné s’dessine sur mes lèvres, laissant à entendre qu’j’étais réellement prêt à casser la gueule au sol, et qu’j’reste sur c’canapé qu’à contrecœur, pour n’pas lui faire d’la peine. La vérité, c’est qu’entre la moue qu’elle affiche, l’sourire et l’regard qu’elle m’lance, et la voix qui englobe l’tout, j’suis incapable d’lui tenir tête. Même si c’est qu’pour un délire. J’suis faible, j’le sais bien ! Même Flavien m’le dit souvent, lorsqu’on est en train d’parler dans l’atelier, d’nos copines respectives. Parce que ouais, parfois, on parle d’tout et d’rien, et des éventuels soucis qu’on peut avoir avec nos petites amies. A l’heure actuelle, il est la seule personne, en Angleterre, en dehors d’Gaëlle, bien entendu, à savoir à quel point j’suis fou d’ma jolie kiné, et à quel point celle-ci est indubitablement mon plus gros point faible. D’ailleurs, j’me ferai même la remarque, dans quelques mois, qu’j’préfèrerais presque perdre l’usage d’mes mains plutôt qu’de vivre sans elle. Enfin, par l’usage d’mes mains, j’voudrais ainsi dire qu’j’suis prêt à n’plus être en mesure d’exercer mon Art, de n’produire qu’des trucs hideux, j’suis quand même pas prêt à devenir un poids pour elle. Seul Flavien sera d’ailleurs au courant d’la promesse qu’j’adresserai, lors d’un jour durant lequel mon désespoir sera l’plus grand, à un Dieu auquel j’crois même pas. Bref, tout ça pour dire qu’Flavien, c’est vraiment une personne importante pour moi, c’est pour ça qu’j’accepte avec plaisir la suggestion d’Gaëlle pour l’inviter à manger un d’ces jours. « Je te laisse t'en charger alors. Vois avec lui quand ça l'arrange. » J’acquiesce d’un signe d’la tête, j’projette d’ailleurs d’en parler dès demain à Flavien, histoire qu’on voit quelle date l’arrange l’plus. ‘fin, faudra aussi qu’on voit avec sa copine, ça, ça sera moins drôle... D’ailleurs, cette perspective enchante au plus haut point Gaëlle : « Ah mais bien entendu ! J'ai besoin de ses conseils pour un nouveau fond de teint. Et aussi pour t'être changer de couleur de cheveux. Evitons cette guerre. » Bon, OK, j’avoue, ça l’enchante p’têtre pas autant qu’ça... Enfin si, ça l’enchante pile comme j’le pensais : j’la connais assez, tout d’même, pour n’pas ignorer qu’elle ne s’entend, pas plus qu’moi, avec la p’tite amie d’Flavien. A nouveau, Gaëlle m’fait rire. J’imagine déjà la soirée qu’ça donnerait ! J’plains surtout Gaëlle, parce qu’elle va devoir prendre sur elle pour feindre d’s’intéresser à c’qu’l’autre lui raconte, même si j’tenterai, comme les autres fois, d’lui venir en aide et d’lancer des sujets d’conversations qui puissent intéresser tout l’monde, et non n’rester qu’à parler qu’avec Flavien. Heureusement qu’Flavien en fera d’même, comme à chaque fois, car il n’est pas sans ignorer qu’Gaëlle et moi n’avons qu’un seul point commun avec sa nana : Flavien. D’ailleurs, sa copine est tellement en dehors des réalités qu’elle n’a jamais vraiment captée qu’Gaëlle et moi avions du mal à trouver des sujets d’conversation. « Non mais faudra carrément qu’tu lui demandes d’l’aide pour refaire entièrement ta trousse d’maquillage hein, car là, ça va plus ! », dis-je, en tentant d’être convaincant dans la grosse connerie qu’j’suis en train d’proférer. Comme si j’pouvais vraiment songer à encourager Gaëlle à abuser d’maquillage, alors qu’j’la trouve splendide, peu maquillée comme elle l’est d’habitude, voir divine au naturel (ouais, j’suis fou d’elle, au cas où vous l’auriez pas encore remarqué. Sait-on jamais...) « Et j’t’ai jamais dis qu’j’craquais pour les brunes ? ». C’qui est partiellement vrai, étant donné qu’en dehors d’Gaëlle, j’ai plus tendance à être attiré par des brunes. J’serai assez curieux d’voir à quoi Gaëlle ressemblerait en brune, ou en rousse, même si j’suis certain qu’j’la préférerais au naturel. Mais bon, lui dire d’telles foutaises, ça aide à rendre la soirée à venir avec Flavien et sa nana un peu plus supportable (ouais, faut au moins tout ça pour endurer l’supplice d’l’autre cruche ! Désolé Flavien, mais c’est la vérité !). « Heureusement tiens, sinon je ne te supporterais pas ! » Bon, OK, p’têtre qu’il faut aussi un paquet d’courage pour m’supporter, aussi bien quand j’suis sérieux qu’lorsqu’j’déconne comme j’le fais la plupart du temps avec Gaëlle. Même si elle n’est pas mieux qu’moi à c’niveau-là, j’sais parfaitement qu’avant d’devenir l’une d’mes proches, elle s’montrait moins barge qu’ça. J’pourrais avoir honte d’l’avoir « dévergondée », mais j’en suis fier ! Comme ça, elle est encore plus craquante, j’trouve. « Comme quoi, notre couple n’tient qu’à un fil hein », oh, combien j’ai douloureusement raison.... « Entre toi et l’fait qu’tu réussisses à n’pas tuer les plantes rien qu’par ta présence, et moi qui n’est pas assez insupportable pour t’donner envie d’te trouver un autre radiateur ! Merde, j’crois qu’on est coincés l’un avec l’autre ! » J’termine par un profond soupir, essayant d’afficher une mimique attristée par c’constat, mais j’crois qu’le léger sourire qu’j’parviens à peine à dissimuler m’trahit. Pour rien au monde j’regrette d’être avec Gaëlle, et j’m’estime capable d’remuer ciel et terre, si besoin est, pour qu’notre couple perdure. Oh, combien j’me trompe lourdement, à quel point j’surestime mes capacités à tout mettre en œuvre pour qu’rien n’nous sépare. Mais, d’toute façon, comment pourrais-je m’imaginer devoir un jour lutter contre la mémoire défectueuse d’Gaëlle ? Un quelconque problème d’mémoire, j’l’attendais dans notre couple qu’lorsqu’on sera vieux, si jamais Alzheimer s’invite, pas avant. Et, par-dessus tout, à l’heure actuelle, j’suis bien loin d’m’imaginer qu’un jour, Gaëlle rêvera son avenir avec un autre qu’moi.

L’traiteur nous livre enfin, nous permettant d’nous rassasier. Et comme toujours, j’me régale avec c’qu’il nous fait. Y’a pas à dire, notre quartier est vraiment bien, car, comme j’l’ai dis un peu plus tôt, on a pas mal d’bons restaus à proximité, sans oublier un ciné, et mon atelier n’est pas très loin, en plus d’ça. Et même nos anciennes écoles respectives n’étaient pas très loin, c’qui nous permettaient d’pas mettre trop d’temps à les rejoindre, lorsqu’on suivait encore des cours. D’ailleurs, j’me fais la réflexion sur l’fait qu’notre quartier soit top, alors qu’Gaëlle est dans mes bras, après m’avoir fait comprendre qu’elle était enceinte. Et parce qu’même dans un moment aussi sérieux qu’ça, j’suis pas capable d’rester sans faire l’con, j’finis par prétendre qu’il est l’heure pour moi d’aller dormir, en réponse à c’qu’Gaëlle m’a dit un peu plus tôt. « Marmotte.. », qu’elle m’balance alors, c’qui lui vaut un sourire d’ma part. On sait tous les deux qu’j’suis pas prêt d’aller m’coucher, mais on fait comme si on y croyait, moi, rien qu’pour l’plaisir d’la voir m’lancer son regard faussement triste, et elle, rien qu’pour l’plaisir d’me taquiner. Et parce qu’c’est plus fort qu’moi, après une telle nouvelle, en m’asseyant à ses côtés, j’lui déclare ma flamme, ‘fin, à ma sauce quoi... J’ai conscience du fait qu’elle l’sache déjà, mais j’aime à être en mesure d’lui le dire, d’temps à autre, pour qu’elle n’l’oublie pas, qu’elle n’en doute jamais, et également parce qu’comme tout l’monde, elle aime à entendre ces mots, d’temps à autre, d’la part d’la personne qu’elle aime. Sans oublier qu’elle sait à quel point j’suis pas prompt à l’dire à tort et à travers, alors elle s’doute bien du fait qu’ces mots, j’les pense, au plus profond d’mon être. « Fais attention, pas que je m'amuse à te demander l'impossible en t'envoyant aux quatre coins de la ville en une même journée. », m’dit-elle, en réponse à ma p’tite pique sur l’fait qu’j’irai pas vagabonder à travers la ville pour l’aider à combler l’moindre d’ses p’tits creux d’femme enceinte. Pures foutaises, bien entendu. Bon, ça dépendra d’l’heure à laquelle ses diverses envies s’manifesteront, mais dans l’ensemble, j’pense qu’j’pourrais m’plier en quatre pour l’aider à combler ses lubies. « Ca m’étonne pas d’toi ça, tiens, princesse ! ». J’m’amuse d’notre p’tit jeu, parce qu’j’me doute bien qu’elle tentera d’ne pas trop abuser d’son statut d’femme enceinte, dans la mesure du possible. L’usage du princesse, à nouveau, c’est bien entendu pour faire écho à notre précédente conversation, sur la princesse p’tit boulet casse-pied et sur l’prince très crétin. Mais aussi parce qu’c’est comme ça qu’certains la désignaient, dans notre village, n’se fiant qu’à ses bonnes notes, et à c’qu’elle renvoyant comme image. J’l’appelais d’ailleurs ainsi, quand on a commencé à sortir ensemble, et qu’j’allais la retrouver, après ses cours, devant ses camarades d’classes, qui étaient pourtant nettement plus princesse dans leur manière d’agir qu’Gaëlle. Mais certaines l’appelaient encore ainsi, imitant les quelques camarades d’Gaëlle qui l’avaient suivies dans son école privée. Pour moi, l’appeler ainsi n’était qu’une manière d’me foutre d’leur gueule, mais aussi d’leur faire signifier (et à Gaëlle également) qu’à mes yeux, elle en était véritablement une, sans l’côté superficiel d’la chose, juste d’par l’fait qu’elle était la personne la plus précieuse d’ma chienne d’vie. Dire qu’la plupart d’ses cruches n’auraient pas pariés sur notre couple, et voilà qu’Gaëlle et moi allons fonder notre famille, alors qu’les rares idiotes qui étaient en couple à cette époque n’ont même plus d’nouvelles d’leurs mecs d’antan ! Alors, on fait moins les malignes maintenant, nan ? Comme j’ai besoin d’me dégourdir un peu les jambes, j’délaisse Gaëlle quelques minutes, veillant cependant à n’pas trop traîner, car c’soir, plus qu’n’importe quel autre soir encore, j’ai besoin d’être à ses côtés. Une partie d’moi a quand même encore un peu d’mal à réaliser qu’j’suis pas en train d’rêver, qu’elle est bel et bien enceinte, alors ouais, j’ai besoin d’la sentir contre moi, c’soir, pour m’assurer qu’c’est pas l’fruit d’mon imagination. « Ca roule ! », dis-je à M’dame larve (ouais, j’sais, c’est trop glamour comme surnom, mais c’soir, on est en mode larves, alors autant l’assumer !), après qu’elle m’ait répondu, pour savoir si elle voulait ou non une pomme.

J’reviens enfin auprès d’Gaëlle, pour imiter la position qu’elle avait précédemment sur l’canapé, sauf qu’cette fois, la feignasse, c’est moi, prévenant qu’j’ai du sommeil à rattraper, par anticipation, alors qu’j’attrape l’une de ses mains, alors qu’l’autre s’perd dans mes cheveux, m’tirant ainsi un soupir d’aise : si en général j’aime pas qu’les gens s’amusent avec ma tignasse, la seule qui fasse exception à cette règle, c’est bien entendu Gaëlle. M’demandez pas pourquoi j’aime pas qu’on s’amuse avec mes cheveux, ça doit sans doute remonter à mon enfance, parce qu’mes frangines s’éclataient avec, certaines voulant même m’faire des tresses. Non mais sérieusement, mes sœurs sont folles ! « Fais comme chez toi. Tu peux déjà lever la main et dire au revoir à la tranquilité. » J’esquisse un sourire amusé à son invitation à faire comme chez, feignant d’être touché par une telle gentillesse d’sa part. Puis j’l’écoute : j’lève ma main libre, qu’j’ajoute comme pour saluer quelqu’un : « C’était gentille d’être restée ici, Tranquilité ! » Tout ça, avec l’plus grand des sérieux. C’est qu’j’vais être père moi, vous comprenez, j’ai plus l’droit d’faire l’con moi ! Vous y avez crû ? Ouais ? Non ? Parce qu’moi, j’y crois pas pas, j’suis incapable d’rester sérieux bien longtemps. Puis on s’emmerde, si on reste trop sérieux ! Hors d’question qu’mon gamin pense qu’ses parents sont focalisés sur leurs carrières et ont oubliés comment s’amuser ! « Surtout s'il va hérité du côté Edgecombe niveau caractère. » Ma main retombe sur mon ventre, alors qu’j’me mords la lèvre, prétendument songeur suite au bisou volant d’Gaëlle : « T’méprends pas, c’est en grandissant qu’les Edgecombe deviennent pires ! » Deux conneries en une : j’fais fort, nan ? J’tente d’redevenir un brin sérieux, en montrant quelques photos qu’elle a mis dans l’enveloppe. Mais bon, au vu des photos aussi, rester sérieux, c’est assez compliqué. Non, honnêtement, on est aussi cons en vrai qu’sur les photos, c’est assez drôle à voir, j’trouve. Mais j’feins d’être outré, parce qu’l’imbécile du couple, c’est moi en théorie ! « Peut-être parce que la folie Edgecombe m'envahit, et que je la laisse s'extérioriser un peu. » J’secoue la tête, pas plus convaincu qu’ça par son explication. J’glisse mes orteils dans l’interstice entre l’coussin et l’accoudoir, fléchissant quelque peu, pour ce faire, mes genoux. Et ouais, j’me mets à mon aise, mais j’suis chez moi, et j’aurai tort d’pas en profiter, d’autant plus qu’Gaëlle m’masse l’haut d’ma tête. C’qui m’déstabilise presque pour continuer à faire l’con d’ailleurs, mais j’vais pas m’plaindre, j’profite bien trop du moment pour ça ! « Non, en fait.. J'en sais rien ! Mais ça donne un petit effet de style, non ? M'sieur l'artiste ? » J’regarde successivement Gaëlle et les photos, miment ainsi d’réfléchir à la question qu’elle vient d’me poser. J’finis alors par dire un p’tit : « Mouais, pas faux ! », mais, parce qu’j’suis têtu, j’tiens quand même à lui rafraîchir la mémoire sur nos différents rôles au sein d’notre couple. D’ailleurs, j’dois être parvenu à m’montrer persuasif, car elle interrompt quelques temps son massage. « Quand je te disais de te méfier de l'élève.. » Bon, OK, j’ai p’têtre pas été si convaincant qu’ça ! Néanmoins, sa remarque m’fait sourire, parce qu’elle a marqué un point sur c’coup-là ! « Gnagnagna hein ! », très mature, hein ? Attendez donc la suite ! « N’cries pas victoire trop rapidement, la guerre est longue ! T’as encore besoin d’faire tes preuves avant d’être déclarée la grande gagnante ! » Un peu moins gamin, quoique.... C’est pas dis... Pis, franchement, j’aime bien la voir faire la folle sur nos photos. Parce qu’j’trouve qu’elle est tellement plus en adéquation avec la personne qu’elle est en réalité qu’lorsqu’elle tente d’afficher un sourire figé et d’être partiellement éteinte comme l’voudrait les gens bien pensants, pour l’ensemble des photos qu’on fait tous. La dernière photo qu’j’lui présente, d’ailleurs, est bien plus l’illustration parfaite du couple qu’nous sommes, même si on a vraiment l’air d’deux demeurés, mais, au moins, on n’peut nier l’existence d’notre complicité ! L’peu d’barbe qu’j’y affiche, d’ailleurs, est l’maximum qu’j’puisse supporter sur mon visage. Autant ça m’dérange pas d’avoir les cheveux longs (enfin, pas extrêmement longs non plus hein, p’têtre d’quelques centimètres en plus qu’sur la photo, pas plus ! La boule à zéro ou quelques très courts milimètres seulement sur l’caillou, ça m’donne l’style militaire, trop guindé et ça m’emmerde. Pis j’aime bien qu’Gaëlle), autant avoir plus d’barbe m’donne rapidement l’impression d’être dans un épisode d’la p’tite maison dans la prairie. Ca sera, paradoxalement, toujours l’cas, dans quelques mois, mais ça m’dérangera moins. Disons qu’j’me soucierai nettement moins d’mon apparence qu’j’peux l’faire à l’heure actuelle : boule à zéro et grosse barbe, voici c’qu’j’oserai même afficher quelques temps, parfait symbole d’l’état d’ruines dans lequel j’me sentirais alors. Pour l’moment, j’suis pas au fond du gouffre, bien au contraire, j’ai l’sentiment d’tutoyer les étoiles, rien qu’en voyant l’sourire qu’Gaëlle affiche en voyant la troisième photo qu’j’ai sorti d’l’enveloppe. . « Bah, si tu fais comme moi. Pourquoi pas ? On est canons en faisant les cons ! », m’sort Gaëlle alors qu’j’continue à regarder nos photos, sans pour autant lâcher sa main, tout comme j’n’ai pas l’intention d’lâcher sa propriétaire... « C’est justement ça, l’problème : on est canons quand on fait les cons, et même quand on les fait pas. Faut qu’on pense aux autres et qu’on soit moins canons ! », puis bon, comme j’lui fais savoir, pas sûr qu’ça soit très apprécié par les hautes sphères du mariage hein ! Mais bon, on s’en fout d’ces prétendues sphères ! « Dommage, ça aurait pu être un bon concept.», m’déclare Gaëlle alors qu’j’ai terminé d’regarder nos photos, et qu’j’les range dans l’enveloppe, balançant celle-ci sur la table, tout en souriant d’c’qu’elle vient d’me dire. J’me concentre à nouveau sur Gaëlle, la regardant, ouvertement amusé, savourant l’retour d’ses doigts dans mes cheveux : « Non mais t’imagines : thème Soyons tous cons ! », dis-je, en levant ma main libre, comme pour figurer une pancarte. Ou plutôt c’qui pourrait figurer sur nos cartons d’invitation. Ca m’fait bien rire, pour ma part, mais j’doute qu’ça soit du goût d’certains membres chiants d’nos familles respectives ! Ouais, parce qu’des bigots, y’en a aussi dans ma famille, même s’ils sont moins nombreux qu’dans celle d’Gaëlle ! J’abaisse enfin ma main pour la poser sur nos mains emmêlées, dans l’but de « capturer » plus complètement sa main, qui s’retrouve ainsi contenue entre les miennes. « On peut pas, d'toute façon, ça donnera encore moins envie d'venir à la famille royale ! », qu'j'balance alors. Ouais, parce qu'on délire depuis des semaines autour du fait d'inviter la famille royale (anglaise, j'précise pour les crétins !) à notre mariage. Truc totalement improbable, mais qui nous fait bien rire (bon, un peu moins lorsqu'on commence à parler des prix qu'on devrait mettre pour un mariage presque princier, mais bon, on s'amuse comme on peut !) « Bon, d'accord. Je vais m'entrainer à rester sérieuse sur les prochaines photos. » J’adresse un p’tit sourire à Gaëlle, l’imitation parfaite du mec qui vient d’faire la leçon à quelqu’un et a réussit à lui faire entendre raison. « Dis.. Qu'on soit bien d'accord.. Tu ne vas pas chambouler ton programme de travail pour ton expo, n'est-ce pas ? » Mais mon sourire n’reste pas longtemps en place. J’savais qu’on aurait cette conversation tôt ou tard, mais j’pensais pas qu’elle viendrait si vite qu’ça. Et j’comprends qu’Gaëlle puisse s’soucier qu’j’délaisse l’élaboration d’mon expo, mais j’estime qu’c’est pas vraiment grave, préférant largement privilégier son bien-être afin qu’sa grossesse s’passe dans les meilleures conditions possibles qu’de passer trop d’temps dans mon atelier pour être dans les temps d’mon planning. Cela dit, j’comprends aussi les craintes d’Gaëlle, aussi dis-je dans un soupir : « J’te promets d’éviter d’prendre trop d’retard si tu m’promets d’faire gaffe à toi et au microbe ! », en disant ça, j’enlève quelques secondes ma main qui était superposée sur nos deux mains, pour la poser sur l’ventre d’Gaëlle. Ouais, j’sais, c’est con, l’marmot n’peut pas m’sentir, mais pour moi, c’est tout comme, et depuis qu’j’sais qu’il est là, j’ai juste envie d’lui faire comprendre qu’j’suis là, qu’en plus d’une mère qu’est complètement folle d’lui, il a aussi un père qu’est dans l’même état qu’sa mère (bon, vu comme ça, ça donne plutôt envie d’plaindre l’gosse, mais bon...). Pour en revenir à un registre plus sérieux, j’ai vraiment dans l’idée d’faire comprendre à Gaëlle qu’si elle veut qu’j’délaisse pas mon expo, elle a intérêt à lever un peu l’pied au boulot. Parce qu’j’sais qu’elle aime son taf, c’est une chose qu’on partage tous les deux, mais j’sais aussi qu’elle l’aime un peu trop, au point d’faire plus d’heures sup’ qu’la plupart d’ses collègues. Et, très clairement, c’est bien l’une des choses qui pourraient m’inciter à oublier mon expo pour m’assurer qu’Gaëlle s’repose comme elle l’doit.

J’interromps ma contemplation d’son ventre, et j’récupère ma main qui était dessus, pour entourer à nouveau sa main qu’j’tiens depuis tout à l’heure entre les miennes.. J’observe alors l’plafond, écoutant partiellement l’film qui s’poursuit, s’souciant nullement du fait qu’j’vive l’un des plus beaux soirs d’ma vie en c’moment même. « Va falloir qu’on s’prépare à d’longs débats pour choisir son prénom ! », qu’j’finis alors par dire, un sourire niais au visage qu’a vu l’jour rien qu’à la pensée d’nos conversations à venir. Un prénom, c’est quelque chose d’important, faut pas l’choisir à la légère. D’ailleurs, l’importance du prénom, j’en prendrai particulièrement conscience dans quelques mois, lorsqu’celui d’Gaëlle deviendra tabou à mes yeux. A tel point qu’j’me refuserais à l’formuler, aussi bien à haute qu’mentalement. Ca n’sera qu’trop douloureux pour moi. Alors qu’en c’moment, j’adore à prononcer son prénom, et même simplement à l’penser. D’toute façon, j’suis sûr qu’si on était en mesure d’déchiffrer les cerveaux humains pour y comptabiliser les pensées récurrentes, l’prénom Gaëlle serait en tête d’affiche, incontestablement, par rapport à mes autres pensées. Même quand elle n’est pas à mes côtés, elle hante mes pensées, et j’y peux rien, c’est plus fort qu’moi. Par contre, j’m’en plains pas, car j’sais aussi qu’elle m’inspire pour mon Art, alors bon. J’regrette seulement d’voir l’changement qui s’produira en moi, dans quelques temps, dans ma manière d’prononcer c’prénom, et même d’y penser. Là, on sent à quel point j’l’aime, alors qu’plus tard, les rares fois où j’m’autoriserais à l’prononcer à haute voix, on sentira grandement la douleur qui, dans mon esprit, lui sera lié. Souffrir rien qu’à cause d’un prénom, c’est quand même con, nan ? Allez, pour l’instant, pas besoin d’se faire déprimer en songeant à d’telles choses, car d’toute façon, j’peux pas imaginer qu’une telle merde puisse nous arriver un jour. Là, j’suis juste heureux à la perspective d’devenir prochainement père, et d’me marier à celle qu’j’aime depuis toujours. C’est d’ailleurs dans l’but d’montrer à Gaëlle à quel point j’suis heureux qu’j’ôte l’une de mes mains d’la sienne, afin qu’la diriger, d’ma main qui la tient toujours, vers mon cœur, qui bat encore à 100 à l’heure. Aussi bien parce la nouvelle qu’elle m’a récemment annoncée qu’par sa simple présence : quand j’dis qu’elle fait toujours un sacré effet, j’déconne pas. Maintenant qu’sa main s’trouve entre mon torse et ma main, j’ajoute : « Pour l’mariage, on fait comment, d’ailleurs ? T’préfères quoi ? », j’tourne alors la tête vers elle, souhaitant lui faire comprendre, au travers d’ma question, qu’j’ai pas d’préférence, pour ma part. Qu’de toute façon, qu’on s’marie avant ou après l’accouchement, pour moi, ça n’a pas d’importance. Comme j’l’ai déjà dis un peu plus tôt, d’toute façon, pour moi, l’mariage n’est qu’un bout d’papier qui n’aura qu’un but : officialiser c’qu’je ressens au fond d’moi depuis d’longs mois à présent. Mon autre main, qui s’emmerde (bon, OK, c’est moi qui l’y incite, j’avoue !), s’pose sur l’bras d’Gaëlle, celui qui repose sur moi, étant donné qu’j’ai capturé sa main. Ainsi, j’peux l’effleurer, du bout des doigts, n’entendant plus vraiment la télé. D’toute façon, j’m’en cogne, c’film, j’le connais, et j’préfère m’focaliser sur Gaëlle. J’en ai même oublié ma pomme, c’est pour dire à quel point j’ai un peu d’mal, c’soir, mais bon, vu c’qu’j’viens d’apprendre, on n’peut pas m’en vouloir !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptySam 12 Déc 2015 - 21:52
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Ce sont vraiment ce genre de journée-là dont il faudrait que je me souvienne d'ici quelques mois, lorsque cet accident fera voler ma -nos- vie en éclat. Si seulement je pouvais avoir la possibilité de juste me rappeler de ces regards, de ce sourire que Raphaël arbore en cette soirée.. De ces paroles aussi, qui démontrent ce que nous sommes réellement l'un pour l'autre. Deux moitiés qui se sont trouvées malgré nos personnalités respectives et différentes sur de nombreux points. Nous formons un tout, l'un devenant nécessaire à l'autre pour pouvoir garder les pieds sur Terre. Si je m'amusais à exagérer les choses, je dirais même qu'avec toutes ces années passées ensemble, nous sommes comme un vieux couple qui aligne des dizaines et des dizaines d'années de vie commune. Jamais je ne pourrai le croire, lorsqu'il dira que notre couple n'était qu'une sorte d'espoir de survie d'un premier amour destiné à mourir ou même, que ce Mini-Edgecombe n'était, finalement, pas le bienvenu et qu'il le regrettait. Le pire, c'est que je vais le croire. Un fait facilité, il faut le dire, par certains éléments qui vont retarder ma rencontre avec mon moi d'avant.. Dont je n'aurai pas conscience aussi rapidement qu'il le faudrait. Et qui va littéralement changer le cours des choses. C'est effrayant dit comme cela pas vrai ? Et pourtant, rien ne me sonnera faux les premiers mois après ma sortie du coma, non. Comme si tout cette illusion qui va m'entourer sera.. Normale. Heureusement, une fois partie de Londres, ce seront ce genre de moments qui sauront éveiller ce qui sera anesthésié suite à ce long sommeil. La vie dont je rêve alors, avec Raphaël, en faisant part de cette heureuse nouvelle à ce m'sieur Edgecombe, ne sera malheureusement pas pour tout de suite. Si seulement je savais alors, que j'allais devoir, par la suite, jongler avec mon passé.. Je me serais sans doute imprimer ce bonheur dans la tête pour ne plus jamais le voir me tourner le dos. Bref ..

Une petite lueur espiègle illumine mon regard lorsque je pense à ces films que j'aime beaucoup. Star Wars, franchement, c'est vraiment trop la classe. Et n'allez tout de même pas croire que je dis ça juste à cause de ce Anakin qui me fait doucement baver -mais, faut avouer qu'il n'arrive pas à la cheville de mon Jedi à moi-.  D'accord, d'accord. Il y est pour beaucoup, du moins pour les épisodes les plus récents. Faut quand même me laisser le fait que j'ai beaucoup adoré cet univers dès mon plus jeune âge et donc, avec les premiers volets alors sortis. Même si je ne suis pas tellement branchée films, à aller au cinéma toutes les semaines, j'ai tout de même des connaissances dans cet art-là et surtout, des préférences. Disons que j'ai beau être une nana un peu sensible sur les bords, et bien rêveuse.. Les films à l'eau de rose me passent au-dessus de la tête et ont tendance à m'énerver tellement s'en devient risible. Mon histoire avec Raphaël, loin d'être aussi romantique que l'un de ces navets, y est sûrement pour quelque chose. A croire que pour s'aimer, il faut sortir les violons chaque soir avec un parterre parsemé de pétales de fleurs. Après, je reconnais qu'il y a de belles histoires, touchantes comme il le faut. Et ça j'aime bien. Oui, je sais, je suis compliquée. Un peu de douceur pour que ce soit agréable et pour changer des films qui ont ma préférence et qui ont un peu plus d'action. Après, j'dis pas. Dans mes périodes de déprime -et ouais, ça m'arrive, comme tout le monde !-, je passe vraiment en mode Bisounours. Je peux alors m’enchaîner des dessins animés que je connais pourtant par cœur sans le moindre soucis. J'ai toujours bien aimé en regarder, même si c'est devenu plus rare en ayant grandie et parce que je n'ai plus autant de temps pour me vautrer devant la télé avec le boulot. Puis, j'ai pas envie d'imposer mes envies de princes et de princesses à mon cher fiancé. Donc je garde ça quand je suis malade par exemple, que je suis seule à la maison et là, c'est un véritable marathon du film d'animation ! Avec un bon thé bien chaud entre les mains, le plaid sur les jambes.. Plutôt sympa ma petite routine de grande malade. Fin moi, j'aime bien. Et je sais aussi que si je suis seule à la maison, je reçois toujours un petit message à un moment donné qui me fait sourire. Juste parce qu'il veut de mes nouvelles même si c'est en écrivant une petite connerie toute sympa, ça montre qu'il pense à moi alors que je suis bloquée à la maison. Et sincèrement, ça me plait. Juste ça, pas besoin d'un grand je t'aime, prends soin de toi, non. Même si ces quelques mots sont forcément sous-entendus quoiqu'il dise. Et franchement, je ne comprends pas les hommes, qui, à l'instar du nouveau copain de mon amie Kate au cabinet, passent leur temps à brider et à redoubler de romantisme mode fleur bleue. A sa place, je deviendrai folle, sincèrement. Disons que je n'ai pas besoin d'être harcelée pour penser à Raphaël. Il occupe déjà toutes mes pensées, tout le temps.. Si bien qu'il n'a pas besoin d'attirer davantage l'attention sur lui. Elle lui est déjà toute dédiée. Je ressors de mon petit égarement en l'entendant dire. « L’enseignement a déjà commencé, c’était sans doute trop subtil pour toi ? J’espère que t’as toujours ton uniforme d’ailleurs, parce ça t’aidera à t’remettre dans l’bain !  Et pour la motivation, on avisera ! » A sa première question, j'hausse doucement les épaules, comme une élève qui se fait un peu tailler par son maître en ayant manqué d'attention. Bien entendu, c'est une pure connerie -comme tant d'autres en cette soirée-, mais ça m'amuse. Bon, un rien ne m'amuse lorsqu'il n'y a aucune tension entre lui et moi comme en ce moment. Il peut même me dire qu'il fantasme de me voir déguisée sous n'importe quelle forme, je pense pouvoir trouver facilement de quoi rendre la partie un peu plus intéressante, même si ce ne sont que des mots pour le coup. Et oui, ça m'amuse de voir sa tête lorsqu'il parle de mon uniforme que j'avais pour les cours. Quel homme ne rêve pas d'une petite jupe plissée avec un chemisier si blanc à déboutonner, sans oublier ces petites chaussettes si classes ? Le stéréotype de l'écolière, et oui. Merci, papa ! D'ailleurs comme tu peux le voir, c'est raté. Je suis toujours avec lui, malgré ta tentative de nous séparer et tu vas même être tout prochainement grand-père ! Je fronce un peu les sourcils en l'imaginant déjà vouloir reprendre contact lorsqu'il saura ça. Mais, jamais de la vie il ne se fera une place dans notre famille. Je remets l'une de mes manches un peu mieux le long de mon bras, faisant genre de n'avoir pas compris cette idée qu'il a glissé. « Oh non.. Ne me dis pas que je suis encore en retard ! » Je soupire doucement, imaginant déjà avoir raté le début de son enseignement. « T'sais, je suis blonde, hein. Il faut me dire les choses telles qu'elles sont vraiment. Du coup, la subtilité.. J'connais pas trop. Difficile de deviner que ça a déjà commencé. » Je relève doucement les yeux vers lui. Se doute-t-il seulement que je serai une élève si assidue, si talentueuse et avide de savoir qu'il a tout intérêt à se méfier de son enseignement, justement ? Ne pas dévier du Côté Obscur, juste pour un cookie. Ou un câlin. Et un bisou. J'essaie un peu de me calmer niveau gourmandise en ce moment, mais.. C'est pas gagné. J'esquisse un léger sourire avant d'ajouter, au sujet de mon uniforme. « Il doit traîner entre deux cartons. » Il m'est juste impensable de m'en séparer vu les souvenirs qu'il représente, même si, à l'origine, il est tout de même la preuve que mon père voulait m'arracher des bras de Raphaël. D'ailleurs, en y repensant.. « N'empêche.. Je me souviendrais toujours de la tête que t'as fais la première fois que tu m'as vu avec ! » Je tourne légèrement ma tête vers lui, pour ne rien louper de ce qui risque de se former sur son visage. Sans lui laisser le temps de répondre à tout cela, j'ajoute encore, cette fois au sujet de cette motivation qu'il me faut. « On avisera ? » L'avantage d'être avec un artiste, c'est qu'il ne manque jamais d'idées au quotidien, que la routine et ben.. On ne connait pas ça. Sa tête fonctionne toujours à plein régime pour trouver de nouvelles choses, et dans n'importe quel domaine. Que ce soit pour ses sculptures, pour nos week-ends voire.. Tout le temps en fait. Et, faut bien dire qu'à force de le côtoyer, j'arrive parfois à me surprendre à raccrocher mes rêves à la réalité, en lui faisant part d'une envie ou d'une simple idée. C'est d'ailleurs pour tout ça que je le pousse à ne pas abandonner lorsque les journées lui semblent grises ou qu'il pense à des choses qui sont totalement infondées. Puis, il est talentueux. Faut pas se le cacher. Ce serait juste tellement dommage qu'il ne se donne plus les moyens de percer. Une erreur que je chasse dès qu'il ose y penser. Quand certains se permettent de juger notre couple, balançant cette connerie disant que je peux faire rentrer plus d'argent, ça me rend folle. Déjà parce que ça ne les regarde absolument pas, et aussi parce qu'on vit très bien comme ça. J'aime mon travail, sincèrement je ne vois pas le temps passé. Lui non plus. On marche bien à nous deux, il n'y a pas à chercher plus loin. Et très franchement, j'en mets ma main à couper qu'une fois son exposition terminée, il va -certes être surbooké-, mais aussi aligner les commandes. Et là, je vais pouvoir me cacher. J'ai tellement hâte de ne plus le voir douter de son talent.. Un format de poche. Cette appellation qui me suit depuis.. Toujours, ne cesse de me faire sourire. Au moins, avec ce p'tit gabarit, il peut me traîner n'importe où en me glissant juste dans sa poche. Si ce n'est pas trop romantique, ça ? Je glousse une fois de plus, en voyant son air faussement résigné. Comme si ça lui déplaît. Et alors qu'il laisse sa tête reposer contre le dossier du canapé, mon petit gloussement se transforme en un rire bien plus franc. Quel comédien, lui, quand il s'y met ! Là aussi, il faudrait qu'il me donne deux, trois cours. « Merde, peu importe l’nom d’famille, j’vais m’coltiner un glaçon d’poche...  Heureusement qu’j’suis assez chaud pour deux ! J’crois qu’j’vais réussir à m’faire à l’idée d’n’être qu’ton radiateur ! » Mes joues se teintent très subtilement une fois de plus, tellement je sais que je peux être chiante en venant me réchauffer sans arrêt contre lui. Mais bon, ça prouve bien qu'on forme un couple solide, pas vrai ? Si même pas les pieds froids sont un motif de rupture. Moi, ça me va ! Je bats des cils, prenant une mine faussement désolée. « Un glaçon qui serait en plus encore capable d'aller se rouler dans la neige en sous-vêtements juste pour être réchauffée une fois de plus. » Bien entendu, c'est une nouvelle connerie. Rien que par le fait de me montrer en sous-vêtement devant tout le quartier. Non. Vous l'aurez compris, je suis assez pudique comme nana, et il n'y a que Raphaël qui ait l'honneur de voir ces nombreuses parcelles de peau que je cache. Je mentirai si je dis que je n'ai jamais été gênée devant lui. Il est sportif, alors que je ne le suis pas, me contentant de travailler ma gourmandise. J'ai moi aussi mes petits complexes, en plus de ces marques sur mon corps. Mais quand je suis avec lui, je n'ai qu'à me perdre dans son regard pour tous les oublier.  « Ok, j'ai pas besoin de ça pour être frileuse et profiter de ta chaleur .. » Je reviens tout de même, sur un petit détail que je viens de réaliser. A-t-il bien dit, assez chaud pour deux ? C'est long à la détente, une blonde. « .. pour deux ?! » Passé l'effet de surprise, je me marre à nouveau. Il n'en loupe décidément pas une ! Puis, je me rends compte, avec un doux plaisir, qu'il a bien insisté sur le ton radiateur. Voilà comme un simple petit mot me rend encore plus amoureuse de cet homme. Juste parce qu'il sait les balancer au bon moment pour me faire craquer. « Pas un simple radiateur, hein. » Il est tellement plus qu'un simple objet. Surtout que je ne suis pas vraiment quelqu'un de matérialiste, au point de donner trop d'importance au moindre objet, non. Ceux que j'aime vraiment -car il y en a, comme cette bague à ma main- ont une histoire et me sont chers. Donc même s'il est relégué à n'être qu'un radiateur, il en est un de luxe !

Si je devais écouter certains de mes amis, qui ne comprennent toujours pas pourquoi je partage ma vie avec un râleur comme Raphaël -bon sang ce qu'ils m'énervent à penser ça !-, il me faudrait un homme bien plus posé. Certains vont même jusqu'à dire que je devrais me trouver quelqu'un de mon âge. Comme si c'est un critère important ! Puis ce n'est pas comme si on a des dizaines d'années d'écart, quand même ! Mais, pour ces détracteurs infatigables, le moindre prétexte est bon pour me voir trouver un autre homme que lui. Ils ont tendance à oublier que je n'ai pas hésité à faire un premier tri parmi mes anciens amis qui s'étaient montrés ouvertement hostiles à nos retrouvailles.. Et s'il y a bien un sujet avec lequel je suis intraitable, c'est bien ma vie personnelle. Puis même, avec Mini-Edgecombe qui va bientôt pointer le bout de son mignon petit nez et notre mariage.. Le choix sera simple. Soit ils se plient, soit ils n'auront qu'à supprimer mon numéro de leur téléphone et me laisser vivre ma vie de femme comblée. C'est certainement dans le simple but de dédramatiser tout cela que je me plais à l'appeler l'ancien, comme si je voulais en remettre une couche face aux opposants. Car oui, ils ne sont plus seulement simplement ceux de Raphaël, non. Ils sont devenus les miens aussi, par la même occasion. A choisir entre mes pseudo amis ne voulant que détruire mon bonheur et Raphaël.. Le choix est fait, je leur ai déjà prouvé ça. Une évidence que mon père a déjà pu constater lorsqu'on a prit la fuite dans le simple but de m'éloigner de sa folie. Si l'issue n'avait pas été celle qu'elle a été, je pourrais même dire que c'était l'une de mes meilleures initiatives. M'éloigner de lui, pour trouver la protection de Raphaël. C'était difficile, bien entendu. Mais ce jour-là à marquer le moment où j'ai dis stop. Stop à ses coups, stop à ses paroles n'ayant eues que le simple but de me détruire, stop à cette vie avec lui. Heureusement, il n'a pas réussit à me faire craindre les hommes. Là, ça aurait été forcément plus délicat. Riley y est forcément pour quelque chose. J'en suis persuadée. « L’ancien a abandonné son cœur y’a longtemps d’ça parce qu’un vieux sage lui a dit qu’ça servait à rien ! » Ce petit sourire qu'il a en trace un nouveau sur mon propre visage. Mon sourire répondant au sien, même s'il est un peu intimidé. « Il se trompe alors. Ce n'est pas un vieux si sage que ça. » Gaëlle la Bisounours est de sortie. Me mordillant la lèvre, j'en viens à effleurer son torse avec le dos de ma main la plus proche de lui, m'amusant à frôler la source de ce battement accordant la vie à mon cher fiancé. Les traits de mon visage se force un peu plus, étirant mes lèvres davantage alors que je garde sa main dans la mienne. Heureusement que ce n'est tout de même pas si inhabituel que je le réclame de la sorte, ça ne devrait pas éveiller trop de soupçons. Ça m'arrive, bien évidemment, de chercher son contact surtout après une journée de boulot ou pendant un de nos dimanches canap-larvage. Mais là, avec ce p'tit pois qui est là.. C'est encore pire. Le regardant du coin de l’œil, j'ajoute. « Comme quoi, ça existe les vieux qui ne deviennent pas si sages. Tu ne seras pas le seul. » A mon tour de lui tirer la langue. Et moi, je signe tout de même en sachant que le poids des années n'affectera pas son petit caractère que j'adore. En disant ça, je repense forcément à ce petit vieux arthrosé de partout qui vient souvent au cabinet et qui n'hésite jamais à faire ressortir son carafon. Il me rappelle un peu mon Raphaël, du coup ça m'amuse et je sais très bien qu'il faut parfois lâcher l'affaire. Il doit le sentir, du coup, je suis connue maintenant pour être la préférée du vieux râleur qui tient à avoir sa place dans mon planning à chaque fois. En plus, il sait que je suis gourmande et que mon fiancé n'aime pas trop le chocolat. Du coup, pour nous faire plaisir, il nous ramène toujours quelque chose de non chocolaté, n'arrêtant pas de me dire qu'un jour il souhaiterait quand même rencontrer ce privilégié. Je crois bien qu'il revit ses jeunes années avec son épouse malheureusement éteinte à travers les photos qui sont sur mon bureau de nous.  « La galan-quoi ? » Je lève les yeux au ciel devant cet air surpris qu'il a alors. « Voyons, Gaëlle, t’sais toujours pas qu’c’mot a disparu d’la Terre l’jour où les féministes ont obtenues l’égalité des sexes ? » Question qui m'arrache un soupire, amusé. Je bouge alors la tête de gauche à droite, répondant silencieusement à son interrogation. Comme si je ne le savais pas, en effet. Ça devient bien rare.. Mais comme dit, cela rejoint le romantisme. Raphaël l'est aussi, à sa façon. Même lorsqu'il râle ou qu'il est de mauvaise humeur, il a toujours ce petit regard avec cette once d'attention. Je m'apprête à lui répondre, une petite poussée féministe s'emparant de moi, mais je suis coupée dans mon élan. « Mais s’tu veux, on peut revenir à la bonne vieille époque d’nos ancêtres : les femmes, aux fourneaux, et les hommes, au boulot ! » Je ferme mes yeux tout en laissant un petit rire résonner. « Galanterie. Tu devrais essayer une fois, j'suis sûre que ça te plaira ! » Je rouvre les yeux pour lui adresser un petit clin d’œil si complice. Mes yeux débordent de ce bonheur qui inonde cette soirée malgré le fait que je sois plus tendue que je n'aurais aimé l'être. Nouvelle connerie, évidemment. Jouant avec ses doigts, j'ajoute avec un humour non retenu. « Dis donc, m'sieur Edgecombe. En fait, tu veux surtout me garder juste pour toi, aller avoue. Séquestrée dans notre propre maison. J'pense que je pourrai m'y faire. » Que j'lui dis alors, haussant légèrement mes épaules, me mordant la lèvre face à ces mots qu'une Gaëlle plus timide n'aurait jamais osé prononcer. C'est aussi ça, ce talent qu'il a. Au moins, je suis en mesure de le surprendre à tout moment, optant soit pour la Gaëlle réservée ou non. Le problème aussi, c'est que je suis consciente de l'emprise que je peux avoir sur lui.. Vu qu'il a exactement la même sur moi. Son « Tu m'mèneras à ma perte! Femme ! », et bien.. Je pourrais lui renvoyer sans mentir. Femme. Et voilà un mot bien macho dis comme ça ! Un trait de caractère qu'il n'a pas, heureusement. Autant le supporter en mode grognon, c'est dans mes capacités.. Mais alors le vieux macho à l'ancienne, bof. Très peu pour moi ! Je lève les yeux vers le plafond, contente, au fond de moi, qu'il ait dit ça. Jamais je ne pourrais lui faire le moindre mal. Du moins, pas consciemment. « Nouvelle leçon, jeune padawan : ne jamais admettre qu’tu faiblis, sauf pour déstabiliser l'ennemi, donc... Tu verras bien ! » Les théories à la Raphaël.. Bon sang, tout un programme ! Si seulement je pouvais lui dire que je ne suis jamais faible. Sauf que c'est faux, il le sait très bien. Il n'a qu'à faire tomber son haut pour que cette vision de torse dénudé me fasse disjoncter, et donc me rendre plus faible. « Je n'espère pas. Mais quand même, il faut que tu gardes en tête cette suprématie féminine ! » avec un petit clin d'oeil, ça passe mieux. Mes yeux se plissent doucement, même s'ils sont trahis ouvertement par mes lèvres toujours souriantes. « T'essaies de me déstabiliser, là ? C'est ça ? En avouant à d'mi-mots que tu faiblis déjà ? » Et voilà une attaque en toute douceur. Enfin, plutôt une tentative désespérer de défense. Il parait que la meilleure défense est l'attaque. Du coup.. A voir si ça fonctionne, mais j'en doute fort ! Je ne suis tout de même pas une douillette -quoique-, il en faudra bien plus pour se déstabiliser en sous-entendant que l'un de nous faiblis déjà. Puis, je déborde déjà d'idées nombreuses et variées pour gagner la manche qui s'annonce très disputée.

Jusqu'au simple partage des tâches, on est complémentaires. Heureusement d'ailleurs pour toutes ces plantes et ces fleurs qu'on nous offre régulièrement lorsqu'on invite des gens. J'abuse un peu en clamant haut et fort que les plantes et moi, on ne s'aime pas des masses. Faut dire quand dans mon enfance, ce n'était pas mon père qui allait s'occuper de me transmettre ce genre de savoir. Notre maison n'a même jamais été vraiment décorée. Que ce soit de l'intérieur que de l'extérieur. Il me disait toujours qu'il n'avait pas le temps de faire un petit jardin. Et maintenant, le fait que Raphaël sache faire tout cela, ça me propulse encore plus loin du spectre de mon père. Notre maison est accueillante de par ses décorations assez nombreuses. Ça me plait bien. Il ne manque plus que cette nouvelle table basse que j'ai vu l'autre fois pour que tout soit véritablement parfait. Mais ça, c'est un petit caprice, après tout, on en a déjà une qui tient bien la route et qui n'est pas si dégueu que ça. J'aime bien changer quelques petites choses, même si ce n'est que la disposition du mobilier. Juste histoire de changer un peu, non pas que je me lasse rapidement. Mais ça rend les choses un peu plus vivantes, sans dépenser une fortune à tout renouveler. De toute façon, ça, avec mes crédits, c'est juste impossible. Surtout que je vais devoir, normalement, en faire un autre pour une nouvelle machine qui m'est presque indispensable maintenant à la vue de la demande. Mais du coup, avec cette grossesse imprévue, je ne pense pas pouvoir l'utiliser bien longtemps. Du coup, ça attendra encore un peu. Je ferai avec les moyens du bord, ce n'est de loin pas un soucis. Mon regard se pose sur l'une des plantes les plus récentes dans notre demeure, et j'en souris légèrement. Je sais à quel point Raphaël a ce besoin de s'occuper de toute cette verdure dans notre maison. Il s'en sort si bien.. « Bah écoute, faut c’qui faut, hein, pour l’bien-être d’la planète ! L’écologie, tout ça, t’sais bien ! Et t’inquiète pas, Glaçon, j’t’achèterai plein d’chaussettes et d’couvertures pour t’réchauffer les pieds, l’soir, et après, seulement, j'te foutrais dehors ! » Je feins de bouder en lui adressant un petit regard triste. En tout cas, j'aime bien avoir sa main ainsi enveloppée des miennes et l'avoir sur moi.. Glaçon. Venant de lui, j'apprécie plutôt bien ce p'tit nom. La simple idée d'être séparée de lui me fait un peu peur. Mais je sais qu'il plaisante, comme depuis mon arrivée. Et j'en souris, une fois de plus. « Oh, mais quelle générosité ! D'ailleurs, j'ai vu de super couvertures sur Internet. Ça devrait être suffisant pour te remplacer. » Ou comment lancer une petite idée ni vue ni connue. Je lui fais alors mon petit sourire de petite fille qui souhaite un petit gâteau. Les plaids et moi, toute une histoire ! J'en ai pourtant déjà tellement. Mais celui-là, celui que j'ai vu sur internet.. Avec sa belle couleur turquoise.. Il me fait vraiment de l’œil. Mais, j'évite de trop me laisser avoir et j'espère vraiment qu'il va me demander si je n'en ai pas déjà assez. Une fois mon idée glissée, j'ajoute, reprenant cette petite moue de fillette. « Mais quand même, je suis déçue de voir que tu préfères les fleurs à moi. » Mon regard se teinte aussitôt d'une certaine malice. C'est tellement ridicule d'en venir à se comparer à des plantes ! C'est tout moi, ça, dans de telles soirées. Et le sérieux semble s'être véritablement fait la belle alors qu'on parle de cette fameuse douche, qu'il m'a déjà promis pour ce soir. Ce n'est pas la chose qui est tombée dans le silence à être oubliée, oh non. « Même si j’t’attends pour m’savonner l’dos, t’aurais l’impression d’être en retard ? » Son regard ancré dans le mien me trouble assez. Là, par contre, ouais, je suis faible. Il s'est mis quoi en tête, de me faire rougir comme il sait le faire ? Ben c'est réussit. Bravo l'artiste ! Pour le coup, je suis juste incapable de répondre quoique ce soit tellement je suis prise de court et que je sais à quel point il a raison dans cette question qui n'en est pas vraiment une. Rien que pour ça, je suis même capable d'être la première sous la douche. Oui, vous avez bien lu. Une Gaëlle en avance ! Son haussement d'épaule me ramène à moi alors que mon esprit est déjà sous l'eau bien chaude. « Quoi qu’il en soit, si t’crois qu’j’vais t’porter pour aller à la douche : t’rêves ! Non parce qu’j’te vois bien venir avec ton indécision hein ! » Oh.. Voilà que je suis plutôt déçue de l'entendre dire ça. C'est une possibilité que je n'ai pas envisagé et qui, pourtant, aurait été fort agréable.. Si déjà ses bras sont bien musclés comme il s'est amusé à me les montrer avant, autant que ça serve à quelque chose, non ? Je me marre de le voir tirer la langue comme un p'tit garçon. « Dis donc, on ne t'a jamais dit que c'est malpoli de tirer la langue comme ça ? » Bon, moi en tout cas.. Ça ne me dérange pas du tout. Au contraire, il garde son âme de p'tit jeune et ça, j'adore. Prenant un air qui se veut supérieur, je lui dis presque en levant le petit doigt. « Princesse P'tit Boulet Glacé mériterait tout de même d'être escortée jusqu'à cette douche, tu ne crois pas ? Puis au moins, ça réglerait la question. » Ou peut-être pas. C'est pas forcément une idée lumineuse en fait, à bien y réfléchir. Et juste histoire de l'entendre râler un peu ou quelque chose du genre, je lui tire la langue à mon tour. Du n'importe quoi ? Ouais, un peu, si peu même. Et rien que le fait de l'imaginer me porter de ses bras forts me fait sourire. Le pire, c'est qu'à chaque fois qu'il me dit quelque chose comme ce tu rêves qui a terminé sa phrase, j'essaie toujours de le faire se contredire, en rusant un peu pour qu'il exauce ce rêve-là. Certes, ça ne fonctionne pas à tous les coups. Mais quand même, ça ne compte rien d'essayer. Pour le coup de la douche, ça se jouera un peu plus tard dans la soirée, lorsqu'il ne s'y attendra pas. Ouais, ça parait être plutôt pas mal comme plan. Mes lèvres s'étirent en un nouveau sourire. Je lui dis alors, plus sérieusement, que pour moi, même s'il ne lit pas des romans de 400 pages tous les jours, je l'aime comme il est. Le sourire qu'il arbore conforte le mien. Il avait sans doute besoin d'entendre ça, surtout que c'est entièrement vrai. Ce n'est pas parce qu'il ne s'intéresse pas autant que moi à ces gros bouquins qu'il en devient quelqu'un d'ignorant et d'aussi con que ses pieds, non. Puis il me bat sur tellement d'autres sujets, comme son domaine de prédilection pour lequel j'essaie de combler mes quelques lacunes grâce à lui. J'aime bien l'accompagner dans toute sorte d'exposition ou de musée, juste pour l'entendre lâcher quelques commentaires, mais aussi pour lui prouver que j'accorde de l'importance à ce qui lui plait et que ça me fait plaisir d'être avec lui pour de pareilles choses. Bien entendu, ce n'est pas tout le temps. Et oui, je suis parfois en formation pour mon propre boulot ou je finis trop tard pour le rejoindre, et parfois même j'ai des petites sorties prévues m'empêchant de l'accompagner. Et au moins comme ça, il en profite aussi seul. Ça ne doit pas lui faire de mal non plus. « Mince, moi qui voulais m’mettre à lire d’grands romans, pour t’sortir plein d’citations au lieu d’faire d’vieilles références à des trucs qu’certains jugent kitch ! » Sa tête de Raphaël triste.. Un vrai comédien ! Une fois de plus, je m'apprête à lui répondre lorsqu'il balance une nouvelle connerie. « Tant pis, j’ferai brûler ces bouquins alors ! Ça m’aidera à t’réchauffer ! » Sur le coup, je le regarde en fronçant les sourcils. « Brûler des bouquins ? Mais t'es pas bien, toi. » Je continue de jouer avec cette main prisonnière, me rendant rapidement compte que c'est une vanne à la Raphaël, un petit rire m'échappe finalement alors que mes doigts se resserrent sur cette main que je ne peux me résoudre à libérer. Prenant à mon tour une tête -trop faussement- tristounette, j'ajoute. « Tu ne vas pas me priver de mon seul loisir de femme au foyer, quand même ? » Comme s'il avait besoin de brûler des livres pour me réchauffer en plus. Mes dents se referment une fois de plus sur ma lèvre, décrétant silencieusement que les bras de mon fiancé et un bon plaid sont vraiment les alliés les plus efficaces et fidèles contre le froid ! Au moins, l'hiver peut venir. Je suis prête et bien armée.. Et Mini-Edgecombe aussi ! Car non, je ne l'oublie pas. Impossible. Oh, puis ces douces caresses qu'il m'accorde.. Ça m'oblige vraiment à ne pas le décevoir et Sarah non plus. Que quelqu'un ose dire qu'il n'est jamais d'une tendresse folle. Là, c'est la simple preuve du contraire. Et j'en profite.

Une bêtise ne venant jamais seule dans ce genre de soirée, voilà qu'on parle d'un massacre de sol après avoir évoqué notre future sortie à la patinoire. Du Raphaël tout craché, ça. Faut dire que ça ne me déplaît pas des masses non plus, tant j'aime bien savoir qu'il est là pour me protéger comme il sait le faire si bien. Même contre un ennemi aussi improbable que le sol ! « Bon, puisqu’t’insistes, j’reste là, mais j’voulais tellement en découdre, une fois pour toute, avec l’sol... » Je le regarde avec un petit sourire, à peine contenu. A ce niveau-là, je reconnais que je suis une vraie nana, complètement sous l'aile protectrice de mon cher fiancé. Ça me rassure tellement, je l'ai déjà dis. Mais alors qu'il me lâche ces mots, ça conforte ce sentiment que je ressens. S'il faut trouver une explication à cette recherche constante de protection, c'est une nouvelle fois vers mon père qu'il faut se tourner. Lui ne l'a jamais fait, non. Bien au contraire. Riley m'insufflait déjà ce ressenti que j'ai tout de suite adopté. Mais avec Raphaël, c'est vrai que ça a pris une ampleur toute différente. C'est un coriace qui n'a pas sa langue dans sa poche, et qui n'hésite jamais à dire les choses telles qu'il les voit. Et ça, moi, j'aime. Tout notre entourage s'accorde à dire qu'on se temporise. Alors que je m'occupe de calmer sa fougue si bien connue -même si ça ne marche pas à tous les coups !-, lui m'en apporte lorsque j'en ai besoin et que je ne suis pas sûre de moi. Je lève mon regard vers Raphaël, à moitié amusée, à moitié presque touchée de ce qu'il dit comme connerie. « Ce n'est que partie remise, va. Tu pourras lui faire mordre la poussière t'en fais pas. » Petit sourire au coin des lèvres, je caresse le dos de sa main du bout des doigts. « Mais pas tout de suite. » J'ai des choses à lui dire après tout. Puis on a un bon repas qui nous attend, en plus d'une soirée qui s'annonce plutôt chargée sous différents aspects. Qui l'aurait crût, qu'un Mini-Edgecombe allait déjà s'immiscer dans nos vies ? Une petite lueur vive illumine mon regard rien qu'en y pensant. C'est fou.. J'ai presque l'impression de rêver. Alors que je dérive -une fois de plus-, j'ai lancé l'idée d'inviter ce fameux Flavien à l'occasion. Vu l'importance qu'il a réussit à se forger dans la vie de mon sculpteur, il a forcément mon respect. Il est l'une des rares personnes à pouvoir tenir tête à mon râleur de fiancé pour lui faire entendre raison et essayer de le raisonner lorsqu'il a une idée erronée en tête. Puis, il peut vraiment l'aider avec son expo, au moins Raphaël n'est pas tout seul sur ce projet plutôt colossal, et moi, je peux aller bosser l'esprit tranquille. Manque de pot, sa charmante petite amie n'est pas vraiment une personne que je pourrais faire rentrer dans mon cercle d'amies tant elle est opposée à ce que je pense et ce que je suis. J'exagère un peu, bien entendu, on arrive tout de même à trouver des petits sujets de discussion qui m'inspirent un minimum, surtout lorsque Raphaël vole à mon secours pour la détourner de sa dernière manucure. En fait, à côté d'elle, j'ai pas l'impression d'être une vraie fille tant je préfère dépenser mon argent autrement que dans des sacs hors de prix ou que je n'ai pas un pot de peinture sur le visage. Le rire de Raph me fait détourner le regard, amusée de constater qu'il voit très bien où je veux en venir lorsque je lui ai parlé de faire appel à ses connaissances de mise en beauté. En soi, c'est pas une nana méchante ou désagréable. Disons juste qu'on ne partage pas vraiment les mêmes centres d'intérêt. Puis même, mon boulot ne me permet pas, par exemple, de mettre du vernis aussi souvent qu'elle. Juste par principe d'hygiène et ce genre de choses. Et sincèrement, masser avec des gants.. Y'en a qui le font, mais moi, non. « Non mais faudra carrément qu’tu lui demandes d’l’aide pour refaire entièrement ta trousse d’maquillage hein, car là, ça va plus ! » Mes yeux se transforment en deux billes incendiaires, même si je me marre bien rapidement. Comment rester sérieuse face à ce genre de remarque ? Bon après, c'est vrai que je pourrais faire un peu plus attention à moi. Malheureusement, mes journées sont trop courtes pour ça. « Pas que la trousse de maquillage, hein. » Quitte à passer pour une nana qui doit se faire un relooking intégral, autant le faire jusqu'au bout ! Bon niveau fringues, je suis déjà un peu plus féminine que dans mon maquillage qui n'est pas tartiné à outrance. Je me mets souvent en robe, j'aime bien ne pas sentir mes jambes emprisonnée dans un pantalon. Oui, même en hiver ou quand il pleut. Un bon collant et c'est parti ! Puis même si je suis souvent à contre courant des derniers effets de mode, je me sens bien dans mes vêtements, de loin pas flashy à outrance. Non, franchement, je n'aurais même pas envie de refaire mon armoire. Lui ayant glissé l'idée d'un petit passage chez le coiffeur, voilà qu'il me lance. « Et j’t’ai jamais dis qu’j’craquais pour les brunes ? » J'ai déjà remarqué ça. D'ailleurs, je me demande par moment ce qu'il dirait si j'étais brune. Est-ce qu'il a besoin d'une petite blonde pour casser cette préférence ? Du coup, est-ce qu'il m'aurait tout de même désiré de la même façon ? Ces questions ne m'inquiètent pas, je le précise. Je me doute que la teinte de ma chevelure n'est qu'un détail pour ce qu'il pense de moi. « Hum, j'ai déjà entendu ça, ouais. Malheureusement pour moi. » J'affiche une mine presque triste face à ce constat, même si je saute sur l'occasion pour ajouter un petit. « Tiens, j'vais t'être me faire brune à l'occas, non ? » Ce serait à faire, même si le cliché de la blonde me correspond parfaitement et que je ne me vois pas autrement. Juste pour marquer le coup, une fois, quitte à ce que ce ne soit pas une coloration permanente. Ce serait vraiment drôle de voir sa tête ! J'en ris presque d'avance. S'il n'est pas au courant, il risque d'être sacrément surpris en rentrant de son atelier. Non, vraiment, ça c'est une bonne idée finalement. Il faut que je la garde dans le coin de ma tête. Même si je ne suis pas du genre à me beurrer le visage de 36 crèmes différentes par jour, mes cheveux par contre.. Je redouble d'attention à leur égard, multipliant les masques faits maison et les produits sans cochonneries dedans. Du coup, si l'idée de la colo en brune se fait, je ferai évidemment attention à ce que je vais mettre sur ma tête, d'autant plus avec Mini-Edgecombe qui est maintenant là. Aller, c'est décidé. Si Sarah veut bien me filer un coup de main, ça pourra rapidement se faire. J'en jubile presque d'avance. Et alors qu'il me dit que je le connais trop bien, personne ne peut démentir ce simple fait. Il n'a véritablement que peu de secrets pour moi, et j'en suis fière. L'entente est au beau fixe entre nous, malgré les tempêtes qui barrent notre chemin. Faut dire que si lui n'a pas vraiment de secret pour moi, l'inverse vaut également. « Comme quoi, notre couple n’tient qu’à un fil hein. Entre toi et l’fait qu’tu réussisses à n’pas tuer les plantes rien qu’par ta présence, et moi qui n’est pas assez insupportable pour t’donner envie d’te trouver un autre radiateur ! Merde, j’crois qu’on est coincés l’un avec l’autre ! » Je ferme les yeux en l'entendant dire cette première phrase, qui se révélera tellement vraie sous peu.. Mais il a diablement raison. Avec un sourire à peine triomphant et annonciateur de bien belles choses, je lui lance. « Et cette sentence est irrévocable. » Je me marre, me moquant légèrement de ce genre de phrases typiques des émissions télés que je ne supporte pas. Puis, en lui lançant un regard un poil aguicheur, j'ajoute, toujours un sourire au bout des lèvres. « Avoue quand même que réchauffer une pirate sexy trop court vêtue, c'est pas si désagréable. T'imagine même pas le nombre de pirates dangereux qui t'envient. » J'en remets une couche, mais il faut dire que la pirate sexy risque d'avoir un petit ventre rebondit d'ici quelques mois, et que ça risque de faire un peu bizarre du coup. Une baleine sexy sur un bateau pirate, c'est le naufrage quasi-assuré. Autant en profiter encore un peu, non ? Ce serait dommage de s'en priver.

Entre Raphaël et moi, je reconnais que la marmotte, c'est moi. Pas lui. J'aligne les heures de sommeil, j'ai un énorme besoin de dormir. Et ça, depuis que je suis toute petite. Du coup, l'entendre dire qu'il ne va pas tarder à aller dormir, ça me fait sourire. Lui comme moi, on ne va pas dormir de si tôt. Y'a énormément de gros points d'interrogation à éclaircir, mais tous ne pourront pas être évoqués ce soir, ce qui est tout à fait normal. J'ai eu toute la journée pour me faire à cette nouvelle -et encore, je ne m'en rends pas forcément encore véritablement compte-, alors pour lui, qui vient juste de le comprendre.. Je me doute que c'est assez assommant comme nouvelle, même s'il apprécie grandement cette prochaine arrivée. Il va s'y faire, il lui faut juste un peu de temps. C'est tout à fait normal après tout. Cette étreinte, ce baiser qu'il m'a offert resteront tous deux dans ma tête quoique le futur en dira. C'est comme si je découvre un autre Raphaël pour le coup, il n'a vraiment pas fini de me surprendre. J'ai beau avoir vécu de nombreuses années avec lui, il reste tout de même plein de surprises. La bonne humeur de cette soirée ne tarde donc pas à reprendre le contrôle sur cette douceur présente, même si elle reste présente rien qu'avec ce regard qu'il m'adresse et ce contact qu'il ne brise pas. « Ça m’étonne pas d’toi ça, tiens, princesse ! » qu'il me lance alors que je lui fais part de ma volonté non dissimulée de l'envoyer dans toute la ville pour me trouver ce que mon petit ventre me réclamera. Princesse. J'en frissonne presque tellement ce petit nom est chargé de significations entre nous. Et franchement, quelle femme n'aimerait pas être appelée de la sorte ? Même si plusieurs personnes m'ont déjà appelé de cette façon, je reconnais que celui pour lequel cette appellation prend le plus de poids pour mon p'tit coeur et bien, c'est lui. Jamais ce simple surnom n'a eu une pareille force des lèvres de quelqu'un d'autre. J'en rougis même, presque. Alors qu'il revient de sa petite aventure dans la cuisine, il me demande si je désire un fruit. Croquer dans sa pomme me suffira amplement. « Ça roule ! » Je reste là, vautrée sur le canap tout en cherchant l'un de mes plaids du regard. Ils ne devraient pourtant pas être bien loin ! Tant pis pour ce soir. Raphaël revient de la cuisine, et je ne lui cache pas mon bonheur traduit par un énorme sourire. Il se met à son aise, alors que mes doigts de ma main libre s'amusent avec ses cheveux. Une chose que j'adore faire. Même si j'aimais être allongée sur notre canap pour me reposer sur sa cuisse, l'inverse me comble de bonheur tout autant. De là, j'ai une meilleure vue sur son visage et je peux un peu le chouchouter à la Gaëlle. Je ne fais même pas attention à cette pomme posée sur la table tellement je n'ai plus faim. Alors que je l'accueille sur ce canapé qui est autant le sien que le mien, je me marre de le voir lever sa main libre comme je lui ai soumis l'idée. « C’était gentille d’être restée ici, Tranquillité ! » Son sérieux a raison de moi. Il y a vraiment des fois où je me demande comment il fait pour garder cet air dans de telles situations ! Après, c'est évident que cette annonce de ma grossesse va chambouler beaucoup de choses et ce, même si on est encore un couple bien jeune. Mais je m'en contrefous. C'est juste quelques années d'avance que l'on prend en accueillant notre premier Mini-Edgecombe si tôt. Avec tout ce qu'on a déjà vécu, on est déjà presque un vieux couple. Puis, adieux Tranquillité.. Il va devoir me supporter enceinte jusqu'aux dents dans les derniers mois -je le plains d'avance..- et surtout, il ne dormira plus sur ses deux oreilles pendant un moment. Bon, il dort déjà moins que moi vu qu'il aime se lever tôt pour aller courir. Du coup, ça risque d'être plus difficile quand ce sera à mon tour de me lever en pleine nuit. Mais, c'est qu'un détail. Je m'y ferai, sans l'ombre d'un doute. Et puis, faudra bien prendre le pli pour les suivants. J'embête alors le futur papa en lui parlant d'héritage. « T’méprends pas, c’est en grandissant qu’les Edgecombe deviennent pires ! » Je soupire légèrement, haussant les épaules tout en laissant ma main sur le haut de sa tête, et l'autre entre sa propre main. C'est sur que je ne fais pas dans la facilité en voulant contribuer à agrandir le clan Edgecombe, une famille connue pour ne ressembler à aucune autre. Et le caractère en fait partie. Comme dit, c'est vraiment quelque chose que j'adore chez eux, ils forment une famille certes très nombreuse, mais surtout très soudée et unie. Du coup, l'hérédité de la râlerie et autre -que Raphaël a largement reçu, faut le dire-, ne me fait pas peur. Je vis bien avec un Edgecombe. Un deuxième devrait être supportable. « J'espère que ce n'est pas proportionnel au nombre d'années. Sinon, t'es pas encore au stade ultime du Maître Raleur, et ça me fait un peu peur ! » Voilà ce que je me contente de lui glisser face à sa révélation sur ce trait typiquement Edgecombe. Vous vous en doutez, je suis très loin d'être sérieuse. Si je n'aimais pas cette forte personnalité, je ne serais pas avec Raphaël et encore moins à attendre impatiemment notre futur ensemble. Je jette alors un œil à ces photos, toute souriante. Je savais, lorsque je les ai glissé dans ce paquet, qu'elles allaient amené ce genre de remarques. Si je l'ai fait exprès ? Peut-être bien. Faut dire qu'ils illustrent parfaitement ce qu'on est. « Mouais, pas faux ! » Monsieur l'artiste confirme donc mon analyse des choses, ce qui m'arrache un nouveau rire. Ma main s'active toujours sur le haut de sa tête, le massant en douceur alors qu'il est installé comme un vrai pacha. Mon p'tit pacha. « Gnagnagna hein ! » Un pacha un poil enfantin, certes. Mais c'est comme ça que je l'aime après tout alors que je le préviens d'une chose, de se méfier de son élève. Faut dire que je suis à bonne école pour ne pas le laisser s'amuser sans moi et sans rien dire. Son sourire a vraiment ce don de me rendre folle de lui. J'ai juste tellement envie de m'emparer de ses lèvres.. Mais je me retiens. Ce n'est décement pas le moment pour ça. Et disons que je tiens aussi à mon dos pour ne pas me pencher autant pour venir l'embêter encore plus. Je l'écoute toujours attentivement, ne m'attardant même plus sur la télé. « N’cries pas victoire trop rapidement, la guerre est longue ! T’as encore besoin d’faire tes preuves avant d’être déclarée la grande gagnante ! » Je le regarde de haut, profitant d'être "plus grande" que lui pour le coup, vu qu'il est allongé sur mes cuisses. La guerre ? Faire mes preuves ? Il ne doit sans doute pas savoir de quoi je suis capable pour réussir ce que j'entreprends. Enfin, si. Il doit le savoir. Mais mon petit doigt me crie à l'oreille qu'il s'amuse à me pousser dans mes derniers retranchements de la sorte pour pouvoir profiter d'une Gaëlle complètement cinglée sur les clichés. Ouais, ça m'éclate, je n'ai aucune honte à le dire. « Je ne vais pas abandonner, ne t'en fais pas. » que je lui glisse en posant mon regard vers cette photo où, visiblement, on a tout les deux décidés de faire les cons. Je me mords la lèvre, et je passe une brève seconde ma main sur ses joues presque piquantes avant de la replonger dans ses cheveux. « Dis donc, tu piques un peu. Presque comme sur la photo, d'ailleurs ! » Mon regard plonge à nouveau dans le sien, alors que je lui ai dis ces mots avec une fraîcheur dans la voix qui illustre bien le fait que moi, perso, je m'en fiche qu'il pique ou pas. Ça le vieillit un peu, inévitablement. Mais bon, moi, ça ne me dérange pas. Je l'aime toujours autant, qu'il picote un peu des joues ou pas. Ça m'est égal, il gère. Je me doute qu'à force, ça doit le démanger un peu par contre. Je serre un peu ma main logée dans celle de Raphaël, consciente que cette soirée va donner un sacré tournant à notre couple. Un couple de jeunes p'tits cons, pour certains inconscients de parler de mariage et de famille si tôt, mais un p'tit couple heureux en faisant les cons sur des photos. « C’est justement ça, l’problème : on est canons quand on fait les cons, et même quand on les fait pas. Faut qu’on pense aux autres et qu’on soit moins canons ! » Je fais genre de râler face à cette idée-là, me demandant même d'où il a bien pu la sortir. Être moins canons ? C'est juste.. Impossible tellement on est parfait ensemble. J'hausse les épaules, à moitié résignée même si je n'hésite pas à lui répondre. « Oh bah non, ça me plait bien d'être au top comme ça. » Je me garde de lui dire que je peux être au top juste parce qu'il est là. C'est vrai, je suis cette Gaëlle étincelante juste parce que je me nourris de son regard et de ses sourires. Tout en jetant un coup d’œil à cette fameuse lettre signé Mini-Edgecombe sur la petite table sur laquelle repose mes petits pieds, j'ajoute. « Il nous faudra au moins le tapis rouge partout où on ira, hein. » Pour être le couple le plus en vogue de tout Londres et environ ! Ah, c'est beau de rêver, hein ? Enfin, il sait que moi et la mondanité, c'est pas la grande aventure. Toutes ces histoires de people et compagnie a juste le don de m'énerver, et ça me saoule très vite. Du coup je fais l'impasse là-dessus. Le succès, ce n'est vraiment pas pour moi. J'apprécie le fait de me balader dans la rue, de faire mes courses sans soucis. Raphaël en a fini avec les photos que j'ai glissé dans ce paquet surprise bonne nouvelle. Je le regarde les ranger à nouveau, suivant le trajet de l'enveloppe des yeux. « Non mais t’imagines : thème Soyons tous cons ! » Dit sous cette forme, ça fait forcément rire. Sa main qui mime cette pancarte imaginaire attire mon attention, alors que je pose ma main libre sur son front, m'attendant à une nouvelle bêtise de sa part. Riant toujours de bon cœur, je me mordille la lèvre lorsqu'il ajoute. « On peut pas, d'toute façon, ça donnera encore moins envie d'venir à la famille royale ! » Ah, argument de choix. Bon, ok. On oublie le thème [b]Soyons tous cons ![/i]. Dommage, ça aurait été bien original pour le coup. Mais, j'en doute pas qu'avec les conseils de m'sieur l'artiste, tout sera parfait. Assez digne pour inviter nos chers membres de la famille royale. Gros délire encore là-dessous, encore une fois. « Faudrait qu'ils viennent avec des chevaux et tout ça ! Ce serait trop cool ! » Suggestion à ne pas prendre au sérieux, je sais très bien qu'ils ne viendront pas pour nous. Quoique, si d'ici là mon cher fiancé est un sculpteur de renom.. Mais bon, impossible de ne pas penser à ces chevaux présents pour un mariage presque princier ! Enfin, même princier tout simplement, remarquez. On a tous les deux nos petits titres de noblesse ! Finalement, je n'ai pas réussis à retenir mes craintes au sujet de son exposition face à cette nouvelle. Je vois très bien que ça ne l'enchante pas des masses d'en parler vu que son sourire s'éclipse. Mes tête se baisse un peu, mon regard ne quittant pas Raphaël. C'est moins glorieux comme sujet, je le conçois. Mais j'ai besoin de l'entendre me promettre ça. Je le connais trop bien, il n'y a qu'à voir l'état dans lequel il se met lorsque je suis malade. J'ai vraiment peur qu'il allège son programme, faisant l'impasse sur certaines sculptures à exposer pour pouvoir se libérer davantage. C'est vraiment ma plus grande crainte tant je n'ai pas envie qu'il mette son travail en jeu. Surtout qu'elle est pour bientôt, cette expo au final. « J’te promets d’éviter d’prendre trop d’retard si tu m’promets d’faire gaffe à toi et au microbe ! » Sa main venue recouvrir celles qui nous liaient jusqu'alors se fait une petite place sur mon ventre, là où se trouve le microbe comme il l'appelle si bien. Ce p'tit nom me fait d'ailleurs sourire malgré le sérieux de l'instant. Je détourne un peu mon regard vers l'enveloppe contenant les photos de nous deux, sachant très bien où il veut en venir. Il attend aussi quelque chose en retour de sa promesse. Quelque chose auquel j'ai pensé toute la journée au cabinet. Kiné, ce n'est pas vraiment le boulot idéal pour mener une grossesse tranquille peinard, c'est évident. Y'a des manipulations très physiques à faire par moment, et en plus de ça, je connais son inquiétude au sujet de ma charge de travail. Ça devrait encore aller pour le moment. « Je ferai au mieux, c'est promis. » Mais vu ce qu'il s'est passé avec ma propre mère.. C'est normal qu'il s'inquiète. Faut dire que je ne suis pas vraiment mieux en y pensant. Forcément, j'y pense.. Mais comme dit, tout à évoluer depuis. Je ne devrais pas courir le même risque qu'elle. Puis s'ils me disent, à un moment, que je dois complètement arrêter de bosser, même si je ne fais plus que masser simplement, je le ferai. Hors de question de prendre des risques. Mais je risque de tourner en rond à la maison, ça c'est sûr. « Mais c'est impossible que je m'arrête complètement.. Pour le moment. » Je suis obligée de préciser ça, même s'il doit s'en douter. Puis franchement, même si je dois arrêter de bosser des heures et des heures, je demanderai certainement à Raphaël et aux parents de Yan s'ils sont d'accord pour le faire venir ici, histoire que je m'occupe au moins de mon petit patient préféré.

Sincèrement, même si j'étais stressée avant de lui annoncer que je suis enceinte, je n'ai jamais douté que cette nouvelle serait bien prise. Il n'y a qu'à voir la façon dont il se comporte avec ses nombreux neveux et nièces pour savoir qu'il fera un père juste parfait. Et le simple fait qu'il pose ainsi sa main sur mon ventre me montre que je ne me suis pas trompée. Il en est déjà gaga. Un vrai père gâteau. Toujours de cette main libre, je me remets à masser le haut de sa tête, allant jusqu'à son front. Heureusement, il a rapidement retrouvé son sourire. « Va falloir qu’on s’prépare à d’longs débats pour choisir son prénom ! » Effectivement, il va bientôt falloir qu'on y pense. Hors de question d'en choisir un à la hâte parce qu'on a été incapable de se mettre d'accord. Je ne pensais pas être enceinte si rapidement, du coup, cette question de prénom, je n'y ai pas encore grandement réfléchi. Puis même, ça se décide à deux. Jamais je n'imposerai quoique ce soit à Raphaël. Avec un grand sourire et une voix toute enjouée, je lui dis. « Priorité au choix de la maman, non ? » Je le fais marcher complètement en disant ça. Pensant à un petit détail non négligeable, j'ajoute même. « Puis avec tous les Edgecombe déjà présents.. Ça réduit quand même les choix. » Pour éviter tous doublons de prénoms, ça va être un sacré bordel. Surtout que je ne doute pas que tout le monde viendra avec sa petite suggestion. Bref, on n'est vraiment pas aidé. Tout comme le futur papa, le choix du prénom est un élément plutôt important pour moi. C'est un élément qui suivra à jamais la personne qui le porte. Il faut donc le choisir avec un soin certain pour ne pas risquer de mettre ce petit à venir dans l'embarras, à cause d'un simple délire du moment. Je rêvasse un peu, me laissant aller à mes premières recherches. J'avoue que ça me plairait assez qu'au moins le second prénom de notre premier Mini-Edgecombe ait une petite sonorité Irlandaise. Ce serait pas mal, ça. J'en souris légèrement tout en formant mes yeux. Raphaël libère ma main de l'une des siennes pour la diriger vers son cœur qui, je le sens, bât fort. Je laisse mes doigts se refermer un peu sur ce tissus qui me sépare de ce petit palpitant, sa main restant sur la mienne, toujours. Avec ça, mon visage doit certainement rayonner, d'une telle force. Oui, je suis comblée tout simplement. Raphaël se découvre depuis ces dernières minutes, et ça me touche tellement. Je passe ma main libre dans ses cheveux pour les placer un peu en arrière. « Pour l’mariage, on fait comment, d’ailleurs ? T’préfères quoi ? » Encore une excellente question. Je le regarde toujours, me noyant presque dans ses yeux alors que ma main se pose, laissant juste mon pouce effleurer son front découvert. Ça aussi, j'y ai déjà pensé. Mais c'est légèrement plus compliqué au final. J'ai vraiment envie de prendre notre temps pour que tout soit à notre convenue et non pas décidé prestement. Je n'ai vraiment pas envie de jouer un contre la montre pour célébrer notre mariage à tout prix avant la naissance de Mini-Edgecombe. Tant pis, les quelques membres de ma famille très "religion" devront se faire à l'idée -pour les plus naïfs d'entre eux-, que non, on ne fait pas que regarder la télé ensemble ou jouer au Monopoly. Ils s'y feront, au pire si cela les dérange tant que ça.. Tant pis pour eux. Si une chose est sûre pourtant, c'est qu'un nom est toujours rayé de la liste des invités et le restera. Grand-père ou non. « Je t'avoue que je n'y ai pas vraiment penser pour le moment. » Je ne lâche pas son regard, continuant de caresser doucement son front. « Bon, ce serait nul de presser les choses juste parce qu'il a décidé de venir plus tôt que prévu, non ?. » Avec les caresses de mon homme sur mon bras, mes yeux s'y détournent un bref instant, le coin de mes lèvres souriant toujours. Je suis assez sereine pour imposer certaines choses, maintenant, à ma famille. « Ce serait t'être mieux si Mini-Edgecombe premier du nom est là, non ? » Certes, il ne risque pas de se souvenir du mariage de ses parents, ce qui est même dommage. Mais, il serait comme une preuve supplémentaire pour toutes ces personnes ne croyant pas en notre couple que finalement si, on est ensemble, peut importe les ont-dit. Ne pouvant pas m'empêcher d'imaginer la scène, je me marre presque avant d'ajouter. « Imagine les photos une seconde. En plus de têtes de cons, v'là le ventre énorme d'une baleine blanche qui se balade en robe de princesse .. Moby Dick est dans la place ! » Et si j'arrive à trouver la robe qui berce mes rêves de ce jour si particulier, mieux vaudrait éviter tout ça. Je me remets à jouer doucement avec ses cheveux, mon autre main toujours au-dessus de son cœur. Il me serait facile de rester des heures et des heures comme ça. Puis, je pense à un petit détail qui ferait plaisir à l'une de ses sœurs, je n'en doute même pas. « Sarah sera sans doute la première à vouloir faire la nounou en plus, j'en doute pas. » C'est facile de l'imaginer dans ce rôle, il lui correspond tout à fait, surtout qu'elle ne refusera même pas cette proposition, même si, évidement, d'autres mains désireront s'occuper de ce Mini-Edgecombe. Je ne doute pas qu'il ne sera pas seul, oh non. Il trouvera toujours chez qui aller. L'avantage des grandes familles. Par contre, il va falloir nourrir tout ce petit monde. Et ça, c'est déjà une autre histoire. Mais, après tout, on ne se marie qu'une fois. Autant que cette journée soit la plus belle et la plus réussie possible. Bref, il y aura suffisamment de monde pour qu'il passe de bras en bras à l'instar de ses cousins et cousines.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 17 Déc 2015 - 1:02
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


HJ:

J’crois bien qu’à cette époque, j’ai pas entièrement pris conscience d’la chance qu’Gaëlle et moi, on avait d’s’être trouvé. C’est devenu tellement naturel pour moi, au fil des années, d’voir qu’notre complicité n’perdait pas en intensité, malgré les aléas d’la vie, qu’j’réaliserai la rareté d’la force d’notre relation qu’lorsque celle-ci n’sera plus. Pourtant, dans ma famille, on peut pas dire qu’ça manque, des liens d’ce genre. La plupart des miens ont rencontrés la personne qui a partagé/partage leur vie durant leur enfance ou leur adolescence (dans le cadre ou non de leur scolarité, l’autre n’était pas toujours originaire de notre bled), voire dans l’environnement de leur boulot (aussi bien pour ceux qui ont suivit les traces de nos ancêtres en devenant fermiers que ceux qui ont voulu varier un peu). Dès qu’ils ont eu la chance d’former un couple avec cet individu, personne n’semble en mesure d’les en détourner, pas même la fameuse connerie des Edgecombe. C’est ainsi qu’les séparations et les divorces sont très rares chez nous. Bon, j’dis pas qu’on est des anges hein, loin d’là. Y’a aussi quelques ratés chez les Edgecombe, à l’instar d’Paul, l’un d’mes oncles, qu’a fait un gosse (Isis), avec une nana qui n’était qu’une aventure pour lui, et non celle avec laquelle il voulait construire sa vie. (Plutôt dérangeant d’se dire qu’j’vais, malgré moi, suivre ses traces, dans quelques temps...) Manque d’bol pour lui, celle qu’il a choisit avait visiblement quelques problèmes avec la notion d’fidélité (elle a ainsi eu Gabriel avec un autre que lui, alors qu'ils étaient déjà mariés !). Mais, globalement, une fois qu’un Edgecombe a décrété qu’il n’ferait sa vie qu’avec une personne, il s’y tient, avec ou sans mariage, par ailleurs, et leur couple parvient à braver les moindres tempêtes. Certains tardent plus qu’d’autres à trouver cette personne. Mais ils n’la lâchent que rarement, une fois trouvée. Gaëlle et moi faisons parti des rares couples qui s’font formé assez tôt. J’ai beau l’savoir, car certains des miens aiment à l’rappeler régulièrement, j’crois qu’j’ignorais partiellement à quel point cela était rare. Et c’que ça pouvait impliquer, de ce fait, si tout venait à être pulvérisé par l’vent violent d’la vie bien décidée à tout foutre en l’air. Au lieu d’ça, pour l’moment, cette facilité qu’nous avons à renforcer au quotidien notre complicité et l’bonheur qu’nous éprouvons à être simplement l’un avec l’autre m’paraît aussi naturelle qu’le fait d’respirer. J’y pense même plus. Rien n’est jamais acquis pour toujours. J’le sais, ça, j’l’ai assez appris alors qu’j’luttais contre une maudite tumeur et qu’j’voyais certains d’mes « frères d’armes » s’écrouler, les uns après les autres. Mais la routine peut venir à bout, même d’la personne qui fait d’son mieux pour éviter d’se laisser engourdir l’esprit par elle. A cette époque-là, j’m’attends à c’qu’plein d’choses nous arrivent, bonnes comme mauvaises, étant d’nature assez pessimiste, mais l’coup d’la mémoire qui flanche, j’avoue qu’j’l’attendais pas avec qu’on n’soit au bord d’la retraite. Parfois, j’viens à redouter qu’l’un d’nous perde son boulot, m’attendant plus à c’qu’ça soit moi, d’ailleurs, et c’est pour ça qu’j’tente d’ne pas faire que d’la sculpture, afin d’me réorienter facilement, même si ça n’serait toujours qu’dans l’domaine qui m’plaît : celui d’l’Art. Parfois, j’viens à redouter l’fait qu’Gaëlle soit obligée d’se trouver un autre cabinet d’kiné, sans doute dans une autre ville, mais quitter Londres n’m’inquiète pas l’moins du monde. Même si j’aime bien notre maison actuelle. Pour la simple et bonne raison (‘tention, grand cliché en approche, préparez-vous !) qu’chez moi, c’est simplement là où elle est. On peut même aller s’installer à l’autre bout du monde qu’ça m’ferait rien, tant qu’on y vit ensemble. Parfois, j’viens à redouter l’retour d’son paternel. Car ça la détruira, encore un peu plus qu’Oscar n’l’a déjà détruite autrefois. J’veux pas qu’elle ait un jour peur d’se balader seule, qu’ce soit pour s’rendre au boulot comme pour aller faire des courses, par crainte d’tomber sur l’autre enflure. J’refuse qu’elle voit à nouveau ses nuits entachés d’cauchemars qu’le fait d’le savoir à proximité peut engendrer chez elle, lui faisant alors revivre, au cœur d’la nuit, les drames d’son enfance. Parfois, j’viens à redouter qu’elle n’perde l’un d’ses patients, avec lesquels elle a tissé un lien privilégié, parmi ceux qui sont malades ou âgés. Cependant, ma plus grande hantise, c’est d’pas parvenir à la rendre heureuse, à contribuer à la vie qu’j’estime qu’elle mérite, et qu’elle n’finisse par regretter d’m’avoir choisit, un jour. Tant d’craintes qui, fort heureusement, ne m’polluent jamais très longtemps l’cerveau. Car j’sais qu’j’ferai toujours tout c’qui est en mon pouvoir pour la protéger, pour être pour elle l’même roc solide qu’elle est pour moi, sur lequel j’me repose lorsqu’j’ai l’impression d’perdre pied. Tant d’craintes qu’j’estime facilement surmontables, tant qu’on partage ensemble l’souhait d’s’épauler. Mais, pour ça, encore faut-il qu’on s’souvienne tous les deux d’notre amour...

J’serai assez curieux d’remonter l’fil d’la conversation pour voir comment on a dérivé d’la sorte, au point d’se taper un délire sur Star Wars, mais j’préfère savourer l’instant. Entre l’fait qu’elle trime comme une malade par moment, et qu’j’bosse dur pour mon expo’, nous devons souvent faire l’impasse sur d’tels instants, soit parce qu’l’un d’nous est trop occupé, soit parce qu’l’un d’nous est trop claqué pour être en mesure d’se plonger dans une telle joute verbale d’grand n’importe quoi. Hors, c’est ces moments qu’j’chéris par-dessus tout. Parce qu’Gaëlle n’est jamais aussi belle qu’lorsqu’elle rit à mes conneries, qu’elle n’est jamais aussi adorable qu’lorsqu’elle s’ingénie à en enchaîner d’autres, qu’elle n’est jamais aussi attirante qu’lorsqu’elle semble s’dire qu’j’suis qu’un grand gamin, qu’elle n’est jamais aussi attachante qu’lorsqu’elle ferme les yeux, confiante et apaisée, blottie dans mes bras, qu’elle n’est jamais aussi envoûtante qu’lorsqu’brille dans ses yeux l’éclats d’la gaminerie qu’j’aime tant à y voir luire, qu’elle n’est jamais aussi séduisante qu’lorsqu’elle m’parle, d’sa journée, d’ses soucis, d’tout c’qui peut lui traverser l’esprit. Tout simplement parce qu’ces moments, hautement banals, n’ont d’cesse d’augmenter la fascination qu’elle exerce sur moi, et dont j’veux m’débarrasser pour rien au monde (même si j’râle faussement sur celle-ci d’temps à autre). Et ce, pas même lorsqu’notre histoire n’sera qu’fantasmagorique à ses yeux. « Oh non.. Ne me dis pas que je suis encore en retard ! » Etant donné qu’elle n’veut pas qu’j’lui confirme cette vérité, j’me contente d’hausser les épaules, avec un léger sourire en coin, tentant d’insuffler à celui-ci un petit côté moralisateur, alors qu’j’suis des plus amusé par son petit jeu d’actrice. « T'sais, je suis blonde, hein. Il faut me dire les choses telles qu'elles sont vraiment. Du coup, la subtilité.. J'connais pas trop. Difficile de deviner que ça a déjà commencé. » J’la regarde en plissant les yeux, débattant intérieurement pour savoir si j’dois lâcher ou non la connerie qui m’brûle les lèvres. Et puis, comme bien souvent, l’débat n’dure pas bien longtemps avec moi, j’ai toujours du mal à retenir mes conneries lorsqu’elles sont destinées à Gaëlle. Habitude qui m’jouera bien des tours, lorsqu’on reprendra contact, par SMS, et qui m’obligera à réfléchir à deux fois avant d’parvenir à envoyer une réponse. « J’espère pour moi qu’ça, c’est pas toujours valable, sinon, c’est qu’j’m’y prends mal. ». Voici la réplique qu’j’lance finalement, du bout des lèvres, m’cachant à moitié l’visage sous ma main. Ouais, les répliques à la con, et les phrases au double-sens merdiques, j’peux les enchaîner, par moment, et j’les assume pas toujours. Remarquez, j’les assume assez pour les dire malgré tout ! Bon, OK, p’têtre pas toujours en fait ! « Il doit traîner entre deux cartons. » Non, en fait, j’retire, j’assume toujours mes conneries. Car là, j’avoue qu’j’ai bien envie qu’Gaëlle reporte un jour son costume d’écolière. Pas immédiatement, j’veux dire ! C’est mieux d’garder ça pour plus tard, comme l’coup d’sa tenue d’pirate. Mais j’dois avouer qu’ça fait longtemps qu’elle n’a pas enfilé (et qu’j’lui ai pas retiré... bah ouais, ça marche aussi dans c’sens-là !) son uniforme. Puis bon, ça serait con qu’il pourrisse dans l’carton, nan ? D’ailleurs, rien qu’la perspective qu’elle l’reporte un jour m’fait briller les yeux d’une lueur ouvertement malicieuse. « N'empêche.. Je me souviendrais toujours de la tête que t'as fais la première fois que tu m'as vu avec ! » Et là, rien qu’avec ses mots, j’me retrouve propulsé des années en arrière, alors qu’notre histoire n’en était qu’à ses balbutiements et qu’il nous fallait encore prouver à la plus grande partie d’notre entourage qu’notre couple était solide, et pas formé uniquement sous l’impulsion d’nos hormones ou d’autres conneries du même genre ! Son père, l’idiot, voyant qu’on résistait à toutes les critiques, a essayé d’mettre son grain d’sel en mettant sa fille dans une école privée. Sauf qu’ce crétin n’a pas pensé à une chose essentielle dans son plan faussement intelligent : mon établissement scolaire n’était pas très loin du nouveau d’Gaëlle. S’il avait vraiment voulu nous séparer, veiller à augmenter la distance géographique entre nous aurait été sans doute bien plus efficace. Et encore, j’en doute.... Mais ça serait revenu à laisser Gaëlle s’éloigner de lui, et, du coup, perdre celle qu’il considérait comme son punching-ball depuis des années maintenant. Et ça, ça l’aurait bien trop fait chier pour qu’il puisse s’y résoudre. Remarquez, c’est pas moi qui vais m’plaindre d’cette excès d’idiotie d’la part d’Oscar ! Bien entendu, dès qu’on a su c’qu’il mijotait, avec Gaëlle, on s’est arrangé pour continuer à s’voir durant nos journées d’cours, car Oscar limitait, autant qu’il le pouvait, nos entrevues, lorsqu’nous étions chez nous. C’qui était pas mal frustrant, car, bien qu’on habitait à quelques mètres seulement, il nous fallait souvent ruser pour parvenir à s’voir. J’crois qu’j’ai jamais autant fait l’mur qu’pour voir Gaëlle. Et qu’j’ai jamais autant sécher les cours qu’pour elle. J’profitais bien souvent d’l’excuse du « J’ai une tumeur ! », pour gagner la sympathie et la clémence d’mes profs, qui n’avaient ainsi, pas toujours, l’cœur à m’punir d’vouloir d’profiter un peu d’la vie, en dehors des cours et d’mes séances à l’hosto. J’avoue, c’est fourbe, comme technique, mais bon, faut bien qu’l’fait d’être mourant vous donne quelques p’tits avantages. Pis j’crois qu’la plupart des personnes aiment à accorder d’p’tits traitements d’faveurs aux malades, d’temps à autres, ça leur donne l’impression d’les aider dans leur combat. D’vous à moi, si j’devais à nouveau jouer sur la corde sensible des gens pour continuer à voir Gaëlle, j’le ferais, sans aucune hésitation. Parce qu’ça en vaut la peine, tout simplement ! Bref, pour en revenir à l’uniforme d’Gaëlle... J’l’ai vu avec pour la première fois alors qu’on s’était donné rendez-vous, devant son établissement scolaire, un jour où j’finissais plus tôt qu’elle. J’étais, pour l’occasion, accompagné d’quelques potes, qui s’étaient mis en tête d’draguer des nanas d’cette école privée. A l’époque, j’partageais pas vraiment l’engouement autour d’leur uniforme. Bon, j’dis pas : j’le trouvais chouette, hein. Mais les filles qui les portaient, c’était une autre paire de manche. Les rares avec lesquelles j’avais eu l’occasion d’parler jusqu’alors étaient souvent des bêcheuses superficielles et sans profondeur. Alors bon, ça m’branchait très peu ! Si l’emballage est plus intéressant qu’ce qui est glissé dedans, ça m’lasse assez vite. Puis bon, d’toute façon, à l’époque, j’avais du mal à m’intéresser plus d’quelques secondes à une nana, tant j’étais déjà obnubilé par Gaëlle. C’était déjà l’cas, avant même qu’on n’se mette ensemble. J’avais eu quelques aventures, avant elle. Mais ça n’durait jamais longtemps, parc’qu’elles finissaient par m’ennuyer, plus ou moins rapidement. Ca m’a valu une réputation d’merde auprès des filles d’mon village, et des alentours. Cependant, ça n’en empêchait pas certaine d’essayer d’me changer, espérant être celle qui m’donnerait l’envie d’me poser dans une relation qui n’se terminerait pas trop rapidement. J’étais trop gentil pour leur refuser l’droit d’rêver et d’essayer, hein ! Et puis ça m’aidait à n’pas penser à Gaëlle ! Enfin bref, revenons-en à c’fameux jour où j’l’ai vu, pour la 1ère fois, moulée dans son uniforme. Bien sûr, j’avais déjà essayé d’imaginer à quoi elle ressemblerait dedans, et ça avait presque suffit à m’faire revoir mon jugement sur les uniformes. Mais ça n’était rien en comparaison avec l’résultat réel. Et pourtant, j’ai quand même une bonne imagination, hein, c’qui vaut mieux, vu mon boulot ! J’me souviens qu’j’étais assis sur l’une des rambardes délimitant l’parking qui s’trouve en face d’l’école privée d’Gaëlle, entouré des quelques potes qu’étaient venus avec moi uniquement pour jouer d’leur charme sur les comparses d’ma jolie blonde. Certains étaient même en train d’peaufiner leur plan d’drague, histoire d’être au point quand les filles arriveraient. J’les écoutais à peine, n’quittant pas des yeux la grille d’l’école, guettant l’apparition d’Gaëlle. Malheureusement pour moi, elle n’fut pas parmi les premières à montrer son joli minois. Mes jambes s’balançaient contre mon siège improvisé, alors qu’mon impatience d’la voir enfin augmentait. C’était un lundi, j’m’en souviens, car j’trépignais littéralement d’la voir, c’qui n’m’avait pas été possible depuis l’vendredi, et l’repas qu’elle avait pris chez moi, avec son père. C’qui n’nous avait pas vraiment permis d’profiter d’la présence l’un d’l’autre, car nous tâchions d’rester discrets, par rapport à Riley, qui avait toujours du mal à s’faire à notre couple. Nous n’avions pas pu nous voir du week-end, son père lui ayant interdit d’sortir, et moi n’pouvant aller squatter chez elle malgré tout, du fait qu’il y avait fort à faire à la ferme. Alors, vous imaginez bien qu’j’avais hâte d’la voir, c’lundi-là, même si n’nous nous étions pas vus qu’depuis quelques courts jours. J’scrutais donc la foule des élèves avec attention, désireux d’voir l’visage tant attendu. Et lorsqu’enfin elle arriva, mon cœur a raté une flopée d’battements, c’crétin, tandis qu’mes mains s’sont resserrées autour d’la rambarde sur laquelle j’étais toujours assis, et qu’mes jambes ont cessés d’s’agiter comme des cons. Ma bouche s’est ouverte en un « O » d’étonnement, restant quelque temps ainsi, c’qui n’a pas échappé à l’attention d’mes potes, qui s’sont éclatés à m’charrier du coup, en m’disant qu’j’pourrais finir par gober des mouches si j’restais bloqué ainsi. Les écoutant sans vraiment les écouter, j’ai alors refermé ma bouche, alors qu’Gaëlle était à mi-chemin d’moi, et qu’j’la quittais pas du regard depuis son apparition, la dévorant, littéralement, des yeux. J’en étais à mordiller ma lèvre lorsqu’elle franchissait les derniers mètres qui nous séparaient l’un d’l’autre, alors qu’mes potes s’éparpillaient déjà pour draguer, et qu’j’quittais enfin mon perchoir pour combler au plus vite la distance qui m’séparait d’elle. Ma démarche était nettement moins assurée qu’j’n’l’aurai souhaité, par contre, mais bon.... Tenter d’rester impassible alors qu’votre copine débarque devant vous dans sa tenue d’écolière, c’est pas toujours facile, surtout lorsqu’c’est la première fois qu’vous la voyez la porter ! « J’crois qu’j’vais m’mettre à adorer les uniformes, en fait ! », qu’j’lui avais soufflé au creux d’l’oreille, en la prenant enfin dans mes bras, d’une voix ouvertement malicieuse, alors qu’mon cœur s’mettait enfin à rebattre à un rythme un peu plus correct. « Enfin, p’têtre pas tant qu’ça, en fait ! », avais-je ajouté en remarquant l’regard d’certains mecs qui passaient dans l’coin, sur Gaëlle. J’l’avais alors embrassé, d’un air manifestement possessif, histoire d’calmer un peu leurs ardeurs. J’secoue la tête pour revenir dans l’présent, avec le « On avisera ? », qu’ma fiancée m’lance. J’réalise alors qu’Gaëlle m’fixe attentivement, apparemment amusée par la réaction qu’elle a déclenchée chez moi, en évoquant simplement c’jour-là. Et là, pour une fois, c’est moi qui m’met à rougir quelque peu. J’me mords l’intérieur d’la lèvre, pour tenter d’me ressaisir, et, tout en hochant la tête dans l’but d’la rassurer sur l’fait qu’elle n’a pas d’soucis à s’faire, car oui, on avisera bien, j’manque pas d’idées, puis j’finis par sortir un léger : « Marrant ça, moi, j’me souviens pas des masses d’ce jour-là ! T’veux pas m’en dire un peu plus, histoire d’me rafraîchir la mémoire ? T’sais, avec l’âge, j’ai la mémoire qui flanche ! », qui devient d’plus en plus facétieux, au fur et à mesure que les mots m’échappent. Aussi bien pour la taquiner en prétendant avoir oublié un tel moment, aussi important, dans notre histoire, qu’juste pour l’plaisir d’voir c’qu’elle aurait à dire sur l’sujet. Parce qu’bon, on peut être 2 à jouer à c’jeu-là hein ! J’suis sûr qu’j’pourrais encore dessiner Gaëlle dans son uniforme, tellement ça m’a marqué. D’ailleurs, j’suis sûr qu’si on fouille dans mes vieux carnets à dessin, y’a d’fortes chances qu’on retrouve certains dessins d’elle, la représentant ainsi. Mais aussi des bien plus vieux, qui dataient d’bien avant qu’elle n’m’embrasse pour la première, dès qu’j’n’ai accepté d’lui parler et d’lui montrer qu’bien plus tard. J’craignais, avant qu’on n’soit un couple, qu’elle n’voit, à travers ces dessins, les sentiments pour elle que j’m’évertuais à cacher. P’têtre qu’j’avais peur pour rien, après tout, mais j’estimais quand même qu’les dessins démontraient un peu trop ostensiblement l’fait qu’j’l’observais bien trop pour qu’ça n’soit qu’innocent. P’têtre qu’pour remarquer ça, fallait déjà être bien trop observateur également, pour prendre conscience qu’y’avait beaucoup trop d’détails qui n’peuvent être aperçus qu’si on scrute un peu trop attentivement une personne, d’la moindre d’ses particularités physiques à la variation des moues qu’elle peut offrir d’temps à autre. Dans l’fond, j’en sais rien, j’sais juste qu’à l’époque, j’refusais qu’quiconque voit ces dessins, qu’j’dissimulais dans un même calepin, bien caché dans mon bureau. C’qui n’était pas facile à faire, étant donné qu’j’partageais ma chambre avec Josh et Riley. Et ouais, l’un des inconvénients d’avoir grandit dans une famille aussi nombreuse qu’la mienne, c’est qu’on doit partager sa chambre avec d’autres personnes, c’qui revient à dire qu’l’intimité, ça n’devient qu’un simple mot... Et pour en revenir aux dessins qu’j’voulais cacher, ça m’compliquait rudement la tâche, surtout lorsqu’on sait qu’chez les Edgecombe, y’en a certains qu’aiment à fouiller dans les affaires des autres. Heureusement qu’mes parents mettaient toujours le holà dans l’excès curiosité des fouineurs ! En dépit d’cela, j’sais qu’Sarah avait réussit à mettre la main sur l’carnet, un jour, c’qui explique qu’elle n’a guère été surprise lorsqu’Gaëlle et moi avons commencé à sortir ensemble. On n’en a jamais vraiment parlé, mais j’suis sûr qu’elle a joué sa fouine ! Enfin bref, tout ça pour dire qu’j’suis certain qu’si on s’amusait un jour à faire l’compte, parmi tous les dessins qu’j’ai pu réaliser depuis qu’j’ai commencé, on constaterait qu’plus d’la moitié représente Gaëlle. Cela étant dit, pour en prendre conscience, faudrait déjà connaître assez ma fiancée hein, étant donné qu’certains dessins la représente de dos, ou même sans qu’sa tête n’soit visible du tout, mettant en avant d’autres parties d’son corps. Dans c’cas, si vous êtes en mesure d’la reconnaître... Disons qu’va falloir qu’’j’vous ai à l’œil hein ! Tout ça pour dire donc qu’Gaëlle est indubitablement ma muse, si on prend la peine d’étudier mon boulot, on l’voit sans peine. Et ça m’permet d’ailleurs d’faire savoir à Gaëlle c’que j’ressens pour elle, lorsqu’j’ai du mal à le lui dire. Pas facile d’avoir du mal à s’étaler sur ses sentiments et parvenir à faire savoir à notre future épouse qu’on l’aime. C’est l’une d’mes autres peurs, d’celles qui m’tétanisent parfois, au plus profond d’la nuit, alors qu’le sommeil m’fuit et qu’mon regard s’pose sur la marmotte qui dort à mes côtés : j’redoute qu’elle mesure réellement l’ampleur d’mes sentiments pour elle. Et parfois, ça m’tue d’avoir c’genre d’blocage à la con, qui m’empêche d’trouver les mots justes pour le lui dire. Ca me hantera encore plus, d’ailleurs, après notre séparation à venir. Ca m’empêchera encore plus d’dormir qu’ça n’le faisait, lors d’nos jours heureux. Que n’donnerais-je pas, alors, pour pouvoir remonter l’temps, ou juste être face à elle, et le lui dire, l’plus clairement et justement possible. Mais, pour l’moment, j’me soucie pas d’ça. Et d’toute façon, mes appréhensions, en général, elle les étouffe aisément, d’un regard, d’une sourire, ou d’une simple parole, qui m’fait comprendre qu’elle sent, qu’elle ressent presque instinctivement c’que j’éprouve pour elle.

Le sérieux n’a pas envie d’rester à nos côtés, c’soir, car on continue, encore et toujours, à déconner, alors qu’j’m’amuse à dire à Gaëlle qu’elle est un glaçon portable, et qu’j’suis son radiateur. Rôle qu’j’prends très au sérieux, même si j’feins d’râler quelques fois. Il arrive même qu’des fois où c’est moi qui vais vers elle l’premier, parce qu’j’sais qu’vu la température qu’il fait alors, elle doit sans doute avoir froid. Et qu’quitte à c’qu’elle s’réchauffe, j’préfère qu’elle l’fasse en s’servant d’moi qu’d’un plaid. Et lorsqu’j’peux pas jouer mon office d’bouillote, il arrive parfois qu’j’lui ramène un plaid, ou une écharpe, un bonnet et des gants, suivant si j’ai envie d’la vanner ou non. Pas besoin d’me l’dire, j’le sais : parfois, j’suis vraiment un véritable crétin ! Mais bon, j’pense qu’maintenant, il est trop tard pour tenter d’me faire changer ! Pas d’bol, va falloir m’supporter comme ça ! Puis bon, vous plaignez pas, car d’toute façon, c’est pas avec vous qu’j’vais passer l’restant d’ma vie hein, mais avec Gaëlle, alors estimez-vous heureux d’éviter d’vous coltiner un idiot tel qu’moi, mais surtout malchanceux d’être passé à côté d’une nana comme elle ! Et vous pouvez toujours rêvez si vous croyez qu’j’vais vous laisser la place. Non, j’y suis, j’y reste, j’ai pas l’intention d’l’abandonner, pour rien au monde. Si seulement j’pouvais voir dans l’futur, et découvrir les dramatiques événements qui vont conduire à la fin d’notre couple, j’serai p’têtre moins sûr d’moi. Après tout, faut jamais dire jamais... La seule fois où j’lui tournerai l’dos, cependant, ça sera pas une décision qu’j’prendrai d’gaité d’cœur, bien loin s’en faut même ! Ca m’détruira, comme j’l’ai jamais été autrefois, j’n’aurai jamais été aussi mal, littéralement à terre. Par chance, pour l’instant, j’vais bien, j’ignore qu’j’vis là l’un d’mes derniers jours d’bonheur, par contre. Comment n’pourrais-je pas être heureux, alors qu’j’suis dans la maison qu’Gaëlle et moi avons choisit ensemble, pour y vivre nos débuts en tant qu’couple, officiel et mature ? Comment n’pourrais-je pas être heureux alors qu’on a prévu d’se marier ? Comment n’pourrais-je pas être heureux alors qu’elle n’a de cesse de croire en moi, quand bien même j’ne crois pourtant plus en moi ? Comme n’pourrais-je pas être heureux alors qu’ma famille, les êtres les plus importants qui existent au monde selon moi, en dehors d’elle, bien entendu, ont enfin accepté notre amour ? Comment n’pourrais-je pas être heureux alors qu’elle s’ingénie à utiliser ses talents d’actrice pour poursuivre notre jeu d’idiots, feignant d’s’excuser d’se servir d’moi en tant qu’radiateur ? « Un glaçon qui serait en plus encore capable d'aller se rouler dans la neige en sous-vêtements juste pour être réchauffée une fois de plus. » Comment n’pourrais-je pas être heureux alors qu’elle parvient à m’faire rire, simplement en parlant, même si elle fait naître des images qu’je donnerais cher pour être réelles un beau jour ! Enfin.... Sous certaines réserves, par contre ! « Ok, j'ai pas besoin de ça pour être frileuse et profiter de ta chaleur .. pour deux ?! » Le petit moment de flottement qu’elle a laissé passer avant de se souvenir de ça m’arrache un nouveau sourire. Y’a pas à dire, j’aime bien la faire buguer d’la sorte. Puis bon, ça n’est qu’un juste retour des choses, étant donné qu’elle cause aussi bien des soucis à mon cerveau ! Comme, par exemple, lorsqu’elle rit d’la sorte. « Pas un simple radiateur, hein. » J’pousse un soupir d’soulagement. Même si j’avais aucun doute, en fait, j’connais bien trop Gaëlle pour croire qu’j’ne suis qu’un simple objet sans valeur à ses yeux. « Même si j’sais qu’t’as pas besoin d’aller rouler dans la neige pour être encore plus frigorifiée qu’tu n’peux l’être, j’demande quand même à t’voir l’faire un jour. ‘fin, laisse-moi juste virer tout l’voisinage avant, par contre ! » Car ouais, c’est pas parce qu’on déconne qu’j’vais m’amuser à laisser les mecs du quartier s’rincer l’œil, tout d’même. Sauf s’ils veulent une bonne raison pour gagner l’droit d’faire d’la chirurgie esthétique, simplement sous prétexte qu’ils s’sont fait démolir par un sculpteur un poil excédé. Car il est hors d’question qu’j’laisse quiconque poser ses yeux répugnants sur une Gaëlle partiellement dénudée (à l’exception, bien entendu, d’une éventuelle sortie qu’elle pourrait faire à la piscine et au cours de laquelle elle tente d’se faire à l’idée d’s’afficher ainsi ! Et encore, faudra veiller à c’qu’les regards n’se fassent pas trop lourds !). En dehors de ça, j’dégomme quiconque s’met en tête d’mater Gaëlle. Ou même d’faire la moindre réflexion sur son corps, si jamais elle s’décide à l’montrer un peu plus. Pas parce qu’elle a eu un connard d’père qu’a décidé d’se défouler sur elle au point d’la marquer qu’il faut la regarder comme une bête curieuse ! J’dirai bien qu’j’les vois plus, maintenant, ses cicatrices, mais ça serait mentir. C’est juste qu’j’leur accorde l’attention qu’elles méritent, c'est-à-dire : aucune. Elles font partie d’Gaëlle et d’son histoire, mais, à mes yeux, elles n’entachent en rien sa beauté. A dire vrai, j’ai même appris à les aimer, plus parce qu’elles sont une partie d’elle qu’pour autre chose. J’connais tellement Gaëlle par cœur qu’j’pourrais dessiner la moindre d’ses cicatrices, en respectant l’échelle, sans m’tromper sur leur emplacement. J’la connais tellement qu’j’peux même n’plus prêter la moindre attention à ses cicatrices dont elle a tellement honte. « Si tu veux, j’peux p’têtre devenir un radiateur pour plus d’personnes hein ! », qu’j’finis alors par proposer, comme si c’était l’idée du siècle et qu’j’étais pas dérangé par une telle perspective ! Comme si j’pouvais vraiment m’amuser à l’faire un jour ! Au risque d’en décevoir certaines (et, allez, soyons fou : certains !), la seule personne pour laquelle j’veux bien remplir l’rôle d’radiateur s’trouve sur l’canapé avec moi ! Les autres, c’est même pas la peine d’y penser. Bon, allez, j’étends possiblement c’rôle à mes sœurs lorsqu’elles sont gelées et à l’ensemble d’la marmaille edgecombienne ! « Mais j’suis pas sûr qu’t’apprécies autant d’générosité d’ma part ! », sur ce, j’la regarde, un air faussement intrigué sur l’visage, comme si j’m’attendais réellement à c’qu’elle étudie sérieusement cette option. Attendez un peu qu’elle s’amuse à poursuivre c’délire et à m’autoriser à l’faire, j’m’empressais d’lui faire savoir qu’j’veux pas être un radiateur d’location ! J’ai plus d’prétention qu’ça pour suivre ma carrière d’radiateur, moi, d’abord ! Bon, p’têtre qu’faudrait qu’j’ai l’ambition d’arrêter d’dire et d’penser qu’des conneries aussi, mais voilà, nul n’est parfait hein ! « Il se trompe alors. Ce n'est pas un vieux si sage que ça. », m’répond-t-elle suite à ma remarque sur mon cœur, qui sera oh combien malmené dans quelques temps, et pour d’longs et douloureux mois ! Et ce, involontairement, par la seule personne qu’j’pensais jamais être en mesure d’me faire souffrir un jour, sciemment ou non, la seule à laquelle j’ai jamais osé donner mon cœur. Celle-là même qui s’amuse, en c’moment-même, à frôler mon torse, au niveau d’mon cœur, c’qui m’manque d’ailleurs pas d’le faire réagir, comme à chaque fois qu’elle m’touche, d’ailleurs. C’fichu organe m’trahit, l’crétin. « Comme quoi, ça existe les vieux qui ne deviennent pas si sages. Tu ne seras pas le seul. » J’pousse un soupir, tout en m’amusant à jouer avec ses cheveux d’ma main libre, entortillant une mèche autour d’mon doigt. Assez rare d’ma part ? Non, pas tant qu’ça. Lorsqu’elle est aussi proche qu’ça d’moi, d’humeur câline, j’ai rarement la force d’lui résister et d’ne pas céder à mon envie d’faire preuve d’affection à son encontre. Faut dire qu’c’est l’un des rares moyens qu’j’ai à ma disposition pour lui faire comprendre qu’j’l’aime. Car, en dehors du fait qu’la plupart d’mon œuvre lui est entièrement dédiée et inspirée par elle, j’m’étale pas sur mes sentiments, comme j’l’ai dis. « D’toi à moi, j’dois avouer qu’j’en suis un peu embêté : j’aimais assez être une exception, moi, t’vois ? », dis-je, avec une prétention feinte, qu’j’suis loin, bien loin d’ressentir. C’qui m’fait parfois défaut, mais j’suis ainsi ! La seule confiance en moi qu’j’ressente, c’est celle qu’elle m’inspire, en m’encourageant et en m’couvant du regard comme elle le fait. Et ma seule réelle fierté, c’est d’l’avoir, à mes côtés, chaque jour qu’Dieu fait. C’qui est d’ailleurs la seule et unique raison qui m’pousse parfois à remercier c’Dieu en lequel j’ne crois plus depuis bien longtemps ! Sauf p’têtre lorsqu’je vois Gaëlle tirer la langue d’la sorte. Même si, comme bien souvent, ça a pour effet d’me faire me mordre la lèvre. Un jour, par sa faute, j’vais l’faire jusqu’au sang, et là, j’aurai l’air bien malin moi ! J’expliquerai ça comment, moi ? Pas sûr qu’le coup du « Excès d’mignonnerie d’la part d’ma fiancée » fonctionne. Enfin, que sur Gaëlle, pas sur l’éventuel docteur qu’on devrait aller voir si j’ai bien réussis à m’ouvrir correctement la lèvre pour tenter d’résister d’l’embrasser quand elle fait la pitre d’la sorte. Remarquez, l’mordillage d’lèvre, j’y ai souvent recourt face à Gaëlle, donc... Même si parfois, j’laisse plutôt échapper un p’tit sourire, manifestement attendri, preuve qu’j’suis encore touché par c’qu’elle peut bien dire ou faire, comme j’le fais en c’moment-même, suite au rire qu’elle laisse à nouveau échapper. P’tain, si j’savais c’qui nous attendrait dans quelques mois, j’suis sûr qu’j’aurai pris la peine d’enregistrer son rire, rien qu’pour l’écouter lors d’mes mornes soirées. Quoi que, non, réflexion faite, j’aurai même pas osé écouter la musicalité qui vibre à travers c’son si magique à mes yeux, parce qu’ça m’serait trop douloureux. Tout c’qui s’rattachera à elle, j’le vénérerais autant qu’j’le fuirais. Toutes nos photos, ainsi qu’toutes nos vidéos, seront reléguées dans un placard, bien dissimulées dans des cartons qu’j’n’ouvrirais plus jamais, après les avoir rempli. Tous les objets qu’j’déciderai d’garder d’notre vie à deux, aussi bien ceux qu’elle m’a offerts et qui sont trop liés à nous, qu’ceux qu’j’lui ai achetés, subiront l’même sort. L’reste, j’le lui laisserai, ça sera alors à elle d’savoir c’qu’elle veut en faire. Même si j’lui présenterai l’tout sous d’faux jours, comme l’symbole parfait d’un couple qui n’a cessé d’se déchirer doucement. Qu’on en est bien loin, d’ce prétendu couple, aussi bien c’soir qu’en règle générale ! Suffit d’nous entendre plaisanter ensemble pour réaliser à quel point c’couple-là n’peut pas être nous, et n’le sera jamais, si tant est qu’on parvienne un jour à s’retrouver. « Galanterie. Tu devrais essayer une fois, j'suis sûre que ça te plaira ! » J’secoue la tête à la négative, dès qu’elle a ouvert à nouveau les yeux, histoire d’être sûr qu’elle voit ma réponse non-prononcée. Bêtise, bien entendu, la galanterie, j’suis p’têtre pas son plus fervent défenseur ni l’meilleur modèle, mais j’peux m’défendre, tout d’même. Cela dit, j’m’amuse pas à lui ouvrir la porte dès qu’elle veut partir, monter en voiture, aller au restau.... Non, c’est plus subtil qu’ça, chez moi, ça s’manifeste lorsqu’j’prends soin d’elle quand elle est malade, qu’j’l’entoure d’mes bras alors qu’j’sens qu’elle fait un cauchemar dans notre lit, à la façon avec laquelle j’l’a dévore des yeux en lui adressant un sourire visant à la complimenter, d’un simple geste, sur sa beauté époustouflante, lorsqu’elle arbore une nouvelle tenue, ou encore lorsqu’j’pense à amener un parapluie lorsqu’on sort et qu’il est prévu qu’il pleuve (quelle originalité, d’la pluie en Angleterre !), car sinon, lorsqu’j’sors sans elle et qu’il pleut, j’m’emmerde pas avec un parapluie ni une capuche (c’qui m’vaut parfois d’me faire engueuler !) et si Gaëlle est avec moi et qu’j’ai pas d’parapluie, j’applique alors l’option qu’j’préfère : on s’réfugie sous ma veste... J’concède qu’ça soit plus subtil qu’la plupart des nanas l’attendrait d’la part d’leurs mecs, mais c’est l’mieux qu’j’puisse faire. Puis bon, j’sais qu’Gaëlle m’connait assez pour l’savoir. « Dis donc, m'sieur Edgecombe. En fait, tu veux surtout me garder juste pour toi, aller avoue. Séquestrée dans notre propre maison. J'pense que je pourrai m'y faire. » Si ça, c’est pas la preuve qu’elle m’connait parfaitement, j’sais pas c’qu’il vous faut, moi ! Même si ça n’sera pas totalement une séquestration, tout comme elle n’virera pas totalement esclavagiste, puisque dans les deux cas, l’autre parti est plus qu’consentant pour la situation ! Cela dit, j’dois avouer qu’le concept qui m’plaît l’plus s’trouve simplement contenu dans le « notre propre maison. », qui s’échappe entre ses lèvres avec un naturel déconcertant. Ouais, ça a beau faire un moment qu’notre couple est à nouveau formé, et un peu plus d’deux ans qu’on est installé ensemble (qu’l’temps passe vite !), ça m’trouble toujours autant. D’voir simplement l’chemin qu’on a réussit à parcourir, en dépit des difficultés, qu’la vie a tentée d’nous imposer, et même des barrières qu’ont tentés d’ériger entre nous certaines personnes d’notre entourage. Il arrive même des jours où j’ai du mal à croire qu’tout ça n’soit pas qu’un simple rêve, l’fruit d’mon cerveau, malade d’par ma tumeur (même si, pour l’heure, elle est partie, mais bon, si j’suis fou, qui sait si j’ai pas imaginé ma précédente victoire sur elle ?), et possiblement génétiquement malade (schizophrène du soir, bonsoir !). Mais dans ces moments-là, j’me fais toujours la même réflexion : si la folie m’fait croire qu’j’suis avec Gaëlle, alors la folie est la clé d’mon bonheur et plus jamais j’veux retrouver la raison ! « Flûte, j’suis démasqué ! T’es trop intelligente toi ! » J’plisse alors les yeux, mimant d’être songeur, avant d’sortir, intrigue : « En fait : t’es une fausse blonde ! », qu’j’assorti d’un magnifique écarquillement d’yeux (on s’en fout si l’expression existe pas, elle est sympa j’trouve, du coup, j’l’adopte !) « Oh, qu’à cela n’tienne, j’peux quand même séquestrer une fausse blonde ! D’ailleurs, lève-toi femme, qu’j’t’enferme ! », puisqu’il faut continuer sur l’délire du grand macho hein ! « Si t’pouvais juste arrêter d’te mordre les lèvres d’la sorte, ça serait cool, M’dame Edgecombe ! », est la seule chose qu’j’prend la peine d’préciser. Nul besoin d’ajouter qu’ça a l’mérite d’me rendre rapidement fou, elle l’sait déjà. Bon, j’le lui précise quand même, toujours dans l’délire du grand macho qui s’la raconte. Et j’prends soin d’utiliser son future nom d’famille, parce qu’j’m’en lasse pas d’l’employer pour la désigner, et qu’j’aime aussi la réaction qu’elle a, lorsqu’j’m’adresse ainsi à elle. Lorsqu’elle lève les yeux au ciel, sous l’flot d’ma connerie hautement intellectuelle, j’fais claquer ma langue contre mon palais, pour finir par ajouter : « Arrête d’faire ça aussi ! », d’un ton d’un adulte sermonnant un enfant, toujours dans la continuité du « Si t’fais ça, t’vas m’mener à ma perte ! », qui n’cache pas vraiment qu’même c’simple geste m’fait craquer. Quand j’vous dis qu’elle pourrait m’lire l’annuaire, en latin, portant un sac à patate, et les cheveux en pagaille, mais réussir pourtant à m’plaire toujours autant, j’déconne pas. J’sais être sérieux, parfois, quand même ! Et j’sais même pas s’il m’faut être flatté d’avoir conscience qu’on a un effet monstre l’un sur l’autre. Ca m’semble juste normal, pour l’instant. Et dans quelques mois, ça m’semblera atroce, bien qu’on n’réalisera pas vraiment qu’la réciprocité d’cela est toujours avérée. « Je n'espère pas. Mais quand même, il faut que tu gardes en tête cette suprématie féminine ! T'essaies de me déstabiliser, là ? C'est ça ? En avouant à d'mi-mots que tu faiblis déjà ? » C’est à mon tour d’lever les yeux au plafond (un jour, il va nous demander d’l’argent pour l’contempler d’la sorte, il deviendrait riche, à sa place, j’le ferais !) « Suprématie et féminine ensemble, ça sonne très antithétique, t’sais ! », qu’j’m’amuse à lui lancer, n’quittant pas mon rôle, provisoire, d’homme des cavernes. « Jamais ! J’faiblirais jamais ! », qu’j’lance, avec autant qu’conviction qu’il m’est possible d’infuser à travers ces mots. C’est moi, ou l’jamais sonne fortement comme un toujours ? Fort heureusement pour moi, elle n’abuse jamais d’sa capacité à m’faire facilement céder, sinon... J’serais mal barré ! Pas sûr qu’j’m’enfuirai, malgré tout ! L’amour rend con, d’après c’qu’on dit, j’en suis la preuve vivante, et j’m’en porte pas plus mal ! Par contre, dans quelques mois, j’dirai pas forcément la même chose... Revenez, on en reparlera ! « Et, crois-moi, quand j’voudrais t’déstabiliser, tu l’sauras très rapidement ! Même si t’es blonde ! », bon, celle-là, elle était facile, mais il est vrai qu’si j’veux la déstabiliser, j’sais comment faire, sans qu’ça n’soit trop compliqué pour moi. Heureusement qu’j’en abuse pas, non plus, sinon, ça perdrait d’son attraction !

De fil en aiguilles, on en vient à parler (d’couture ! Nan, j’déconne !) d’plantes, et du fait qu’Gaëlle soit souvent glacée et n’ait pas la côte avec les fleurs, c’qui m’amène à lui faire part d’une décision pour le moins drastique : j’choisis les plantes et j’laisse la fille ! Bien entendu, c’est qu’une vanne, elle m’le demanderait, j’pourrais virer toutes nos plantes (bon, j’râlerais avant, et j’attendrais d’avoir une bonne raison pour cela, étant donné qu’elle n’a même pas à s’en occuper et qu’elles n’lui causent aucune allergie, mais s’il fallait qu’ça pour éviter qu’elle ne s’tire, si l’idée d’partir lui effleure un jour l’esprit, j’le ferais. J’suis faible, j’sais, pas la peine d’me le rappeler !). « Oh, mais quelle générosité ! » J’hausse les épaules en affichant un petit air prétentieux et fanfaron du mec qui croit avoir fait une bonne action, en donnant à peine le strict minimum alors qu’il est blindé. « D'ailleurs, j'ai vu de super couvertures sur Internet. Ça devrait être suffisant pour te remplacer. » J’secoue la tête, d’un air de dire « Bon, allez, puisqu’il faut qu’ça pour te faire plaisir ! », mais j’ouvre pas la bouche, préférant laisser ma kiné s’amuser encore un peu, prenant toutefois note de c’qu’elle vient d’dire. Après tout, avec Gaëlle, c’est d’notoriété publique qu’les couvertures, c’est un bon moyen d’lui faire plaisir, même si elle en a déjà plein !. « Mais quand même, je suis déçue de voir que tu préfères les fleurs à moi. » J’l’observe quelques secondes, sans rien dire. « Ah, ça t’vas bien d’me dire ça hein ! A ta place, j’me cacherai ! », et d’ailleurs, d’ma main libre, j’cache son visage d’brèves secondes, juste l’temps d’dire : « tu m’préfères bien un plaid hein ! » J’ôte enfin ma main d’son visage, une p’tite moue boudeuse flanqué sur l’mien « Sacré concurrence d’ailleurs : faut qu’tu t’méfies des plantes, et moi, des plaids ! J’préfère pas savoir c’qu’un psy en déduirait ! ». Sait-on jamais, après tout, si un jour on vient à s’amuser à faire une thérapie visant à expliquer nos délires, tous plus intelligents les uns qu’les autres ! J’crois qu’on donnerait envie au psy d’aller s’interner, d’lui-même, dans l’asile l’plus proche ! Ou alors il nous fera p’têtre interner, pour éviter d’avoir à nous recevoir à nouveau ! Il est hors d’question qu’j’me fasse interner sans Gaëlle, dans une pièce à part ! Sinon, j’peux accepter ! J’vous rassure, mes pensées m’fait aussi peur, parfois ! Presque autant qu’nos délires. Même si, comme en c’moment, on s’amuse autour d’une douche, pour savoir si Gaëlle doit courir pour y aller avant moi, ou m’courir après pour m’y rejoindre. J’soumets d’ailleurs une question à Gaëlle, qui, comme j’m’y attendais, rougit. Héhé, voilà la preuve qu’j’peux aussi la faire craquer rien qu’avec une phrase bien sortie, ponctuée du regard qu’il faut. J’cache pas l’moins du monde la fierté qu’j’éprouve en la voyant buguer d’la sorte. P’tite envie d’me « venger » d’sa précédente phrase sur l’jour où j’l’ai vu pour la 1ère fois dans son uniforme ! Bon, c’est gentillet par contre, j’vous rassure. C’est juste qu’ça m’plaît toujours autant d’la faire rougir d’la sorte. Un p’tit talent qu’j’espère bien n’jamais perdre, rien qu’pour l’plaisir d’voir d’magnifiques rougeurs apparaître sur l’visage qu’j’préfère contempler sur Terre. « Dis donc, on ne t'a jamais dit que c'est malpoli de tirer la langue comme ça ? », m’demande-t-elle, après qu’j’me sois à nouveau comporté comme un gamin. J’vous jure, rester avec elle, c’est plus efficace qu’une cure d’jouvence, sur moi ! Déjà qu’même sans ça, la maturité n’reste pas longtemps ancrée dans mon crâne... « Nan ! », qu’j’rétorque sans même prendre la peine d’réfléchir, « mais c’est normal, t’sais bien qu’j’ai été élevé parmi les vaches et les cochons ! », voici une belle petite pique adressée aux nombreux détracteurs d’la famille Edgecombe, pour lesquels nous n’sommes qu’des attardés d’boueux. Bah, en attendant, tous ces attardés ont réussit à trouver un boulot qui leur permet d’vivre, et même à s’construire une vie d’famille, c’qui n’est pas l’cas des râleurs incriminés dans ma réplique ! « Princesse P'tit Boulet Glacé mériterait tout de même d'être escortée jusqu'à cette douche, tu ne crois pas ? Puis au moins, ça réglerait la question. » J’regarde en direction d’la télé, comme si j’réfléchissais à c’qu’elle vient d’dire, l’sourire qu’aime tant à squatter mon visage lorsqu’j’suis avec elle ayant fait son grand retour. Puis, après une brève réflexion, j’déclare alors : « La Princesse P’tit Boulet Glacé n’est guère plus poli qu’le Prince Râleur hein ! », qu’j’dis suite à son tirage d’langue, alors qu’elle m’a fait « la morale » sur l’mien, un peu plus tôt. « La seul escorte qu’elle mérite, pour la peine, c’est d’être trimballer comme un sac à patate ! », avec un p’tit clin bien placé et exagérément taquin « s’tu veux, on peut y aller maintenant ! Pis en bonus, j’peux même faire l’bruit d’une sirène d’pompier pour augmenter l’côté escorte d’princesse ! » Non, pas besoin d’le dire : j’suis trop gentil comme mec ! « Si j’t’habitue trop au luxe, t’vas m’demander d’te porter pour rentrer à la maison après l’mariage ! », qu’j’explique comme pour rationnaliser l’côté « escorte bas d’gamme » ! Bon, j’avoue, il est possible qu’j’finisse par céder, si elle s’débrouille bien. Et j’pense qu’on l’sait tout les deux. Cela dit, il n’est pas improbable qu’j’finisse par prétendre m’être fait un claquage au dos rien qu’pour bénéficier d’un d’ses massages. Bah ouais, on est deux à jouer au con, j’vous l’rappelle ! « D’ailleurs... Egalité des sexes : c’est quand qu’tu m’portes pour aller à la douche, hein ? » Avouez qu’c’est une grande question hein ! Avec un air d’défi, j’l’observe. Bon, par contre, il va d’soi qu’j’vais pas décemment la laisser m’porter un jour hein, si moi, en une telle situation, j’jouerais à m’être fait mal au dos, elle, y’a d’fortes chances pour qu’elle s’fasse véritablement mal ! Du coup, pour la peine, bah, menace suprême : j’vais brûler des livres ! « Brûler des bouquins ? Mais t'es pas bien, toi. Tu ne vas pas me priver de mon seul loisir de femme au foyer, quand même ? » J’pousse un fort soupir, comme si j’me demandais sérieusement si les femmes étaient des créatures qu’on pouvait rêver d’comprendre un jour, nous autres, pauvres hommes. « Alors, déjà... T’es une femme, t’as pas besoin d’loisirs, les femmes sont naturellement bien trop oisives ! » J’admets, lorsqu’j’veux jouer au con d’macho, j’peux pousser l’trait assez loin ! « Et ensuite... C’est pour prendre soin d’toi qu’j’proposais ça ! Si t’aimes bien avoir froid et lire, fais-toi plaisir ! Mais compte pas sur moi pour t’soigner quand t’seras malade ! » Telle est ma sentence qui n’a rien d’crédible, on l’sait l’un comme l’autre. A chaque fois qu’elle est malade, j’lui envoie bien plus d’messages qu’d’habitude, rien qu’pour savoir qu’elle va – autant qu’possible – bien, et j’tente même d’rentrer l’plus tôt possible, détestant la savoir seule, et mal en point, chez nous. Pis bon, étant donné qu’elle a été à mes côtés lorsqu’j’étais encore en train d’lutter contre ma tumeur, être là pour elle quand elle est malade est bien normal, j’trouve, c’est l’moins qu’j’lui dois. Et j’avoue, j’aime aussi juste à la dorloter, bon, sans en abuser non plus hein, pas envie d’devenir un mec qui étouffe sa fiancée, quand même, à force d’trop vouloir prendre soin d’elle. Et, d’toute façon, c’est pas dans mes habitudes, d’en faire trop, ça reste toujours mesuré !

C omme parfois, ma tendance à être un brin violent s’manifeste par diverses façons (pour ça qu’j’suis sculpteur aussi, ça aide parfois !), après avoir menacé d’m’en prendre aux livres, voilà qu’j’admets être prêt à régler mes comptes avec l’sol, pour viser la maladresse d’mon boulet préféré. « Ce n'est que partie remise, va. Tu pourras lui faire mordre la poussière t'en fais pas. Mais pas tout de suite. » Bon, visiblement, l’boulet préfère qu’j’remette ça à plus tard. C’qui, en soi, m’arrange, car j’avoue qu’j’ai quand même du mal à m’imaginer m’apprêter à défoncer l’sol. J’sais qu’j’suis taré, mais là, quand même ! « Très bien.... », qu’j’dis, comme si ça m’coûtait d’remettre ça à plus tard, essayant d’insuffler à mon visage un p’tit air triste, « mais j’te préviens, viens pas t’plaindre si l’sol t’agresse à nouveau dans les jours à venir hein ! », et j’reprends finalement l’air du moralisateur, qui s’efface bien vite pour laisser apparaître celui d’un mec bien plus amusé par les conneries qu’sa fiancée et lui peuvent bien débiter en une seule soirée. Même lorsqu’on est avec des amis, on en dit. J’sais qu’on en balancera encore, quand on aura Flavien et son idiote d’nana à manger. Même si la p’tite amie d’Flavien sera, sans l’savoir, l’clou d’la soirée burlesque ! « Pas que la trousse de maquillage, hein. » Car ouais, niveau conseil, elle est pleine d’bon sens ! Ou pas... J’préfère pas imaginer c’que pourrait donner un relooking, effectué par ses soins, sur Gaëlle. J’aime bien trop ma fiancée, telle qu’elle est, pour la laisser entre les mains d’une cinglée pareille ! Bon, j’avoue qu’j’dis pas non à voir Gaëlle, d’temps à autre, un peu plus apprêtée qu’au quotidien. Ou revêtant diverses tenues sexy, à l’instar d’un déguisement d’pirate ou son ancien uniforme d’écolière. J’suis un mec après tout hein, mais voilà, j’la préfère au quotidien. Puis bon, tant qu’elle s’sent bien dans c’qu’elle porte, et qu’ça s’voit, ça m’va. J’suis assez facile à contenter en fait, bien qu’j’suis un sacré râleur ! En dehors d’ça, j’dois avouer qu’j’suis plutôt heureux qu’elle n’soit pas du genre à s’mettre outrageusement en avant. Autant ça m’dérange pas qu’le regard des hommes puissent parfois s’égarent sur elle (pas trop longtemps tout d’même, faut pas s’foutre d’ma patience !), autant ça m’agacerait un peu qu’ils s’méprennent sur elle à cause d’son apparence (que voulez-vous, on vit dans une société plutôt conne !). « Ca va d’soi ! », est la seule réponse qu’j’apporte à son empressement – feint – d’changer de style ! Son « Hum, j'ai déjà entendu ça, ouais. » m’arrache un p’tit rire, surtout en voyant la moue qu’elle fait. Quel clown, parfois, j’me dis qu’elle est pire qu’moi ! «  Malheureusement pour moi. Tiens, j'vais t'être me faire brune à l'occas, non ? ». Ah, j’dois avouer qu’l’idée m’plait plutôt. Juste pour voir c’que ça donnerait. Hors d’question qu’elle s’amuse à s’faire brune éternellement. Ca m’ferait bien trop bizarre, j’pense. Même si j’préfère les brunes en général, j’crois qu’j’y tiens quand même, un peu, bon, p’têtre beaucoup même, à ma p’tite blonde. « A ta place, j’plaindrai plutôt les brunes, parmi celles dans l’monde, qui rêveraient d’m’avoir dans leur lit ! Elles doivent détester la blonde qui rend ça impossible ! » Car ça coule de source qu’j’suis un sujet d’fantasmes pour une nuée d’femmes à travers l’monde entier, et même l’espace ! « Mais l’idée d’la teinture... J’aime assez ! », dis-je, en jouant à nouveau avec ses cheveux, « tant qu’tu redeviennes mon boulet blond par la suite ! », avec un petit sourire aux lèvres, lui signifiant, indirectement, qu’j’l’aime comme elle est. Cela dit... J’admets qu’là, j’peux pas m’empêcher d’l’imaginer en brune, et d’être curieux d’voir c’que ça donnerait, réellement. Bon, par contre, j’espère qu’elle va pas s’éclater à m’demander un jour à c’que j’me fasse une teinture. Parce qu’j’ai vraiment du mal à m’imaginer en roux, et j’flippe à l’idée d’être blond, dans les deux cas, l’résultat devrait être assez... flippant... « Et cette sentence est irrévocable. » J’m’amuse à paraître attristé, et presque résigné, alors qu’l’idée m’plaît, et m’motive depuis bien des années à présent. « Avoue quand même que réchauffer une pirate sexy trop court vêtue, c'est pas si désagréable. T'imagine même pas le nombre de pirates dangereux qui t'envient. » Là, l’rire qu’j’retiens depuis sa phrase précédente franchit enfin l’seuil d’mes lèvres, aussi bien à cause d’son argumentaire (imparable), qu’à cause du regard qu’elle m’lance. « Mouais, enfin, faut espérer qu’la pirate sexy trop court vêtue n’soit pas trop sexy hein, sinon, mon cœur d’ancien risque d’connaître des ratés hein ! » Mourir à cause d’trop d’sexitude d’la part d’sa fiancée, j’pense qu’y a pire comme mort ! Bon, j’vous rassure, j’ai l’cœur solide, donc, on devrait pas en arriver jusqu’à là ! Mais l’occassion était trop belle pour n’pas rebondir à sa phrase précédente, sur mon « grand âge », et mon cœur qui devait forcément en être fragilisé ! Il me faut cependant préciser une chose : j’ai absolument rien contre le fait de réchauffer Gaëlle, peu importe sa tenue, d’ailleurs.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 17 Déc 2015 - 1:04
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.



J ’vais être père. Genre, bientôt quoi. Bon, on en avait déjà parlé, d’notre envie d’fonder une famille, c’est un désir qu’on a rapidement mentionné lorsqu’on dessinait ensemble notre avenir. Mais on n’pensait pas qu’ça arriverait si tôt qu’ça. Néanmoins, j’me demande si c’est justement pas parce qu’on en parle depuis un moment déjà qu’j’réagis aussi bien, sans trop paniquer, j’veux dire, sans même l’planifier, j’me suis préparé depuis longtemps à c’que ça arrive. Enfin, si, j’angoisse un peu, la crainte d’être un père minable s’tapit en moi et n’va sans doute pas tarder à s’réveiller dans les jours à venir. Mais c’est tellement une étape normale, selon moi, dans notre histoire, qu’ça n’peut que m’réjouir. Même si ça s’produit plus tôt qu’nous n’l’avions prévu ! On sera à la hauteur, l’contraire est improbable, suffit d’nous voir avec mes neveux et nièces : on gère. J’avoue qu’j’ai même hâte d’voir Gaëlle avec notre enfant dans les bras, juste pour voir l’sourire qu’elle aura alors. Et puis, bien entendu, j’ai hâte d’voir l’gosse, illustration parfaite d’notre amour l’un pour l’autre. Pour être tout à fait honnête, il m’faut avouer qu’ça m’tardait un peu, d’être père à mon tour, surtout lorsqu’j’m’occupe des p’tits Edgecombe. Bien souvent, j’me faisais alors la réflexion qu’j’voulais l’mien, l’nôtre. J’m’écouterais, j’pourrais sauter d’joie, pire qu’un gosse en découvrant qu’le cadeau tant attendu s’trouve au pied du sapin. Mais, j’me contiens, même si mon sourire est sans équivoque, et qu’j’tente d’mon mieux d’faire comprendre à Gaëlle à quel point j’suis heureux. Un p’tit passage par la case « appellation princesse » en un beau pied d’nez à nos « fans », un p’tit moment en cuisine, et m’voilà revenu auprès d’ma fiancée, qui s’avère, d’surcroît, portée mon enfant. Et cette simple idée, qui m’effleure une fois d’plus l’esprit, fait naître un sourire ravi sur mon visage. Ce, même si l’gamin risque d’hériter du caractère merdique des Edgecombe, c’qui nous promet bien des situations pénibles. Surtout à l’adolescence. Mais, n’allons pas trop vite en besogne hein ! « J'espère que ce n'est pas proportionnel au nombre d'années. Sinon, t'es pas encore au stade ultime du Maître Raleur, et ça me fait un peu peur ! » En voilà une théorie qui est intéressante, bien qu’j’espère qu’elle n’soit pas vrai, à l’instar d’Gaëlle. Normalement, ça n’devrait pas être l’cas, j’estime en effet qu’j’suis nettement moins chiant qu’lorsqu’j’étais qu’un ado, un brin énervé, contre la terre entière qui n’voyait en lui qu’un Edgecombe parmi la masse edgecombienne, contre les gens d’son village qui passaient leur temps à médire sur sa famille et sur sa mère, contre l’destin qui avait voulu qu’il soit atteint d’une tumeur et passe tellement d’temps à l’hôpital qu’il pouvait écrire un bouquin sur l’secteur pédiatrique mais aussi contre la fatalité qu’avait voulu qu’j’m’éprenne d’la seule fille qu’il m’était interdit d’aimer. Aux côtés d’Gaëlle, j’m’étais lentement apaisé. J’irai pas jusqu’à dire qu’j’suis un enfant d’chœur aujourd’hui, faut pas déconner quand même, j’sais bien qu’si on m’cherche un peu trop, qu’si on tente d’s’en prendre à Gaëlle, à une personne figurant dans l’cercle d’mes plus proches amis, ou à un membre d’ma famille, on risque d’me trouver, d’réveiller l’côté sanguin en moi qu’Gaëlle contribue très largement à faire disparaître. J’sais qu’cet aspect plus impulsif et tête brûlée est toujours tapi en moi, il ressortira, pas d’une belle manière d’ailleurs, dans quelques mois. J’espère qu’l’gamin n’en héritera pas, ou pas à un point aussi accentué qu’moi ! « T’dis ça, mais t’ferais bien d’t’y préparer : paraît qu’on retombe en enfance quand on devient vieux... », la fin d’la phrase s’perd dans l’silence. J’espère juste qu’ça n’se passera pas comme ça : si j’redeviens aussi pénible qu’autrefois, ça risque d’être chiant pour ma pauvre Gaëlle ! J’lui souhaite alors bien du courage ! Mais non, j’refuse, j’veux pas qu’Gaëlle finisse par en avoir marre d’moi, un jour. Bon, ma chance viendra p’têtre du fait qu’j’sois toujours qu’un gamin dans ma tête, comme l’atteste ma sublime réplique de « Gnagnagna hein ! » Super crédible, surtout qu’j’tente d’endosser, d’nouveau, l’rôle du maître Jedi dispensant d’profondes leçons à son jeune padawan ! C’qui m’vaut d’être scruté entièrement par Gaëlle. Un simple regard, qui augmente mon rythme cardiaque, au même titre qu’sa main m’caressant l’crâne, et qui m’donnerait presqu’un coup d’chaud. L’Diable s’est tapi en cette femme, c’est pas possible autrement, vu l’effet qu’elle m’fait, à travers des gestes aussi simple qu’ça. C’est presque flippant d’constater qu’j’adore être ainsi sous son regard, qui brille d’la même lueur qu’j’pense avoir dans mes yeux lorsqu’j’la regarde, cette lueur qu’indique clairement à quel point on est irrémédiablement accro l’un à l’autre. ‘fin, ça, c’est sans compter sur les sales tours qu’peut nous jouer notre mémoire, comme on l’apprendra, à nos dépens, dans quelques temps... C’est avec tendresse qu’mon regard s’repose sur la photo nous montrant tous deux en train d’faire les cons. Parmi toutes les photos d’nous, c’est l’une d’mes préférées, même si, pour être honnête, j’les aime toutes. Parce qu’elles ont toutes leur histoire, qu’elles sont toutes liées à des souvenirs qu’j’affectionne, et qu’elles nous montrent, épanouis et heureux, même si on fait parfois les idiots. « Je ne vais pas abandonner, ne t'en fais pas. » J’m’arrange pour croiser l’regard d’ma kiné, et d’lui faire comprendre à quel point j’suis dépité et peu surpris d’la voir aussi têtue, non sans parvenir cependant à dissimuler l’brin d’fierté qu’j’éprouve. C’est nettement plus marrant d’la voir agir ainsi. « Dis donc, tu piques un peu. Presque comme sur la photo, d'ailleurs ! », m’dit-elle, quelques secondes plus tard, alors qu’mes yeux s’sont posés tout seuls sur ses lèvres qu’elle vient d’mordiller, et qu’sa main a brièvement glissée sur mes joues. J’pousse un soupir, visant à expulser mon envie d’l’embrasser, et j’lui rétorque, d’un ton pince-sans-rire : « J’veux voir à partir d’quel moment j’pique trop pour qu’t’ai plus envie d’m’embrasser. Malheureusement pour moi, j’crois qu’il va m’falloir finir avec la barbe du Père Noël pour y parvenir ! ». J’m’efforce alors d’pousser un soupir, à fendre l’cœur l’plus dur au monde, puis j’lance un malicieux : « J’attends aussi d’voir à partir d’quand t’en auras marre d’attendre qu’j’me rase et qu’tu finiras par vouloir m’raser toi-même ! », avec un grand sourire. Bien qu’j’sais qu’elle est maladroite, j’admets qu’lui confierais sans problème, s’il l’fallait un jour, l’soin d’me raser. Faut quand même qu’j’admette la chance qu’j’ai d’avoir une fiancée qui m’casse pas les pieds, tous les matins, pour qu’j’me rase. Car j’sais qu’c’est l’calvaire qu’endurent certains d’mes frères et d’mes beaux-frères, vu qu’leurs copines n’apprécient pas la barbe, aussi courtes soient-elles. Et parfois, c’est parmi les nièces, qu’ça râle, ronchonnant lorsqu’vient l’moment d’faire la bise aux plus barbus d’la tribu. « Oh bah non, ça me plait bien d'être au top comme ça. », n’dit Gaëlle, m’faisant revenir à notre conversation sur l’fait qu’il nous faudra être moins canons, un jour, pour cesser d’faire d’l’ombre aux autres. « Il nous faudra au moins le tapis rouge partout où on ira, hein. » J’esquisse un sourire en l’écoutant, continuant à jouer avec sa main, bien décidé à la capturer aussi longtemps qu’elle l’a fait avec l’une des miennes, avant l’repas. J’lutte d’ailleurs pour éviter qu’mes yeux s’ferment, non d’fatigue, mais juste d’plaisir d’être ainsi auprès d’elle. J’aime l’observer à la dérobée, mon regard s’posant tantôt sur elle, tantôt sur l’plafond, tantôt sur un autre élément d’notre maison, au gré d’notre conversation et d’mon état d’esprit. Même s’il faut qu’j’admette qu’mon regard est plus souvent posé sur Gaëlle qu’ailleurs, mais ça, c’est plus fort qu’moi. M’demander d’pas la regarder, c’est comme m’demander d’me remettre à manger du chocolat un jour : une attente totalement stupide et improbable ! « Bon, dans c’cas, sois un peu moins canon, juste parce qu’j’ai pas envie qu’l’reste d’la population masculine du monde t’remarque trop et tente de t’voler à moi. » Bien qu’ma phrase soit balancée sur l’ton d’la rigolade, j’ne peux cacher qu’cette peur, j’la ressens parfois. Bon, j’l’ai pas au point d’être jaloux et d’l’empêcher d’vivre sa vie sans qu’j’sois en permanence à ses côtés pour la surveiller. J’ai confiance en elle et en c’qu’elle ressent pour moi. Mais une partie d’moi, infime, reste quand même tétanisée à la perspective d’la perdre un jour, qu’un beau parleur n’parvienne à trouver les mots justes pour la détourner d’moi. Ma phobie prendra corps dans quelques mois, lorsqu’l’doc’ réussira à la séduire alors qu’sa mémoire chancèlera. C’est p’têtre plus par manque d’confiance en moi qu’par manque d’confiance en elle qu’j’cesserais d’lutter, au bout d’quelques mois, l’laissant m’voler mon bien l’plus précieux. Ca doit paraître quelque peu difficile à comprendre, mais la confiance en soi n’est pas ma meilleure pote, bien qu’j’sois fort doué pour donner l’change, depuis des années qu’j’feins être d’une arrogance qui frôle l’insupportable par moment ! L’heure d’m’étaler sur mes failles n’a pas sonnée, pour l’moment, j’m’amuse, en charmante compagnie, à imaginer un thème farfelu pour l’un des événements les plus importants d’ma vie : mon mariage avec Gaëlle. « Faudrait qu'ils viennent avec des chevaux et tout ça ! Ce serait trop cool ! », m’répond Gaëlle, suite à mon évocation d’la présence d’la famille royale lors d’ce grand événement mondain. Remarquez, ça serait quand même la classe d’les avoir pour l’occasion, mais j’doute qu’ils acceptent ! Bon, on peut toujours tenter hein ! Après tout, ils peuvent bien venir pour célébrer l’union d’la meilleure kiné d’leur pays, et du meilleur sculpteur anglais ! J’précise, au cas où l’besoin s’en fasse ressentir : j’rigole ! « T’sais qu’s’ils viennent, ils vont nous piquer la vedette hein ! Pis, j’ai pas envie que t’habitues trop aux strass et aux paillettes, t’serais bien capable d’vouloir installer un tapis rouge à la maison après ! », qu’j’lance d’une voix espiègle. Puis, j’secoue la tête, négativement, en ajoutant : « D’toute façon, il est hors d’question qu’y’ait une autre princesse qui t’éclipse, j’devrais la virer d’là, ça  serait pas très apprécié par la royauté, j’le crains ! ». L’petit côté sérieux qui s’fait entendre dans ma voix n’est pas feint. J’ai vraiment pas envie qu’quiconque tente t’occulter l’fait qu’la seule star du jour sera accrochée à mon bras. Si y’a bien un jour durant lequel Gaëlle mérite vraiment d’être encore plus resplendissante qu’une princesse, c’est bien pour notre mariage ! J’me fais encore bien plus sérieux lorsqu’Gaëlle tente de m’convaincre de n’pas trop délaisser mon boulot, pour l’élaboration d’mon expo, durant les mois à venir. J’sais qu’elle tient à c’que j’la mène à bien, aussi finis-je par accepter d’lui jurer d’pas trop lever l’pied. A condition, bien entendu, qu’de son côté, elle s’préserve. J’ai pas envie qu’il lui arrive quoi qu’ce soit. A présent, elle doit aussi veiller sur notre gosse, et son métier est loin d’être de tout repos. J’n’ai que trop observé, au fil des multiples grossesses qui ont jalonnées mon existence, via les femmes Edgecombe, qu’le moindre événement peut tout foutre en l’air. Il est arrivé qu’certaines grossesses n’puissent pas être menées à terme, bouleversant ainsi l’ensemble d’la famille. J’donnerais tout pour qu’nous n’ayons pas à déplorer un tel drame. Et, plus que tout, j’donnerais tout pour qu’Gaëlle n’suive pas les traces d’sa mère. Car, très franchement, j’sais qu’j’pourrais pas encaisser l’fait d’la perdre un jour, et d’devoir vivre alors qu’elle n’est plus. Là est ma plus grande peur, bien plus anxiogène, à mes yeux, qu’de la voir partir un jour avec un autre. J’suis cruellement persuadé qu’ça sera au dessus d’mes forces, que d’être contraint d’vivre dans un monde dans lequel elle n’est plus. En général, j’parviens à étouffer cette crainte, mais là, il est vrai qu’la sachant enceinte, j’ne peux empêcher mon cerveau d’penser au destin tragique d’sa mère, et ça m’coupe le souffle, encore plus sûrement qu’un coup d’poing percutant vivement mon ventre. « Je ferai au mieux, c'est promis. » D’un simple hochement de tête, j’salue sa réponse, même si mon regard est toujours teinté d’ma crainte qu’il n’lui arrive quelque chose, illustrant parfaitement l’désarroi qui serait alors l’mien si l’pire arrivait. Sans même l’voulait, j’adopte mon regard « Chat Potté », comme l’qualifie l’une des mes plus jeunes nièces lorsqu’j’en use sur elle. D’mon mieux, j’tente d’faire disparaître cette lueur attristée, m’concentrant sur l’présent, noyant mes craintes, non fondées pour l’instant, dans l’ébauche d’ce futur qui s’annonce plus qu’radieux pour nous et la famille qu’on est en passe d’fonder. « Mais c'est impossible que je m'arrête complètement.. Pour le moment. » Ca, j’n’en doute pas, et d’toute façon, j’suis pas assez stupide pour lui demander d’s’arrêter aussi tôt, n’étant pas sans ignorer à quel point son boulot est important pour elle. A sa place, j’ferai pareil d’toute façon. Elle n’a qu’trop besoin de s’sentir utile, et son boulot y contribue largement, lui permettant d’soulager quelque peu les souffrances d’autres êtres. Cela dit, comme j’ne peux m’empêcher d’lui faire remarquer : « Ca m’va, mais compte sur moi pour aller donner ton arrêt d’travail dès qu’le médecin l’aura signé et estimé nécessaire pour toi, et prépare-toi à m’voir t’ramener ici en t’portant s’il l’faut, si tu tentes d’bosser un peu plus ! » Au moins, ça, c’est dit, même si j’pense pas qu’elle va s’amuser à désobéir au docteur, lorsqu’il lui aura fait savoir qu’elle doit arrêter d’bosser. J’sais parfaitement qu’cette grossesse lui tient à cœur, et j’me doute bien qu’elle doit, comme moi, craindre l’pire. C’qui fait, qu’du coup, elle va très certainement s’préserver d’son mieux. Puis bon, d’ici à c’qu’elle doive cesser d’travailler, mon expo devrait être passée, c’qui m’permettra d’passer un peu plus d’temps avec elle. Et j’m’arrangerai, d’toute façon, pour qu’elle n’soit pas tout l’temps seule, aussi bien chez nous qu’lorsqu’elle voudra sortir. J’compte bien profiter d’l’immense tribu Edgecombe pour trouver des gens venant lui tenir compagnie, d’temps à autre. Et puis, avec notre cercle d’amis, il devrait largement avoir de quoi la distraire, lors des journées qui la maintiendront loin d’son cabinet.

N otre sujet d’conversation s’faisant plus léger, j’me détends à nouveau. C’est ainsi qu’ma jambe, celle qui s’trouve l’plus prêt du bord du canapé, finit au sol, mon pied venant d’s’échapper d’son précédent emplacement. Signe manifeste d’l’excitation qui parcourt mes veines, mon genou s’met alors à s’balancer, mon pied glissant doucement sur l’sol. Clairement, j’pourrais pas dormir avant un long moment. Il m’faudrait presque aller courir pour parvenir à calmer mon surplus d’énergie, mais j’préfère largement rester auprès d’Gaëlle, juste pour savourer l’moment présent en sa compagnie. Ma fiancée, par sa douceur si caractéristique, devrait réussir, sans trop d’soucis, à détendre les prémices d’pile électrique qui s’agite en moi. Puis, il est nettement plus agréable d’se projeter, encore un peu plus, dans notre avenir, qu’d’aller courir, seul. « Priorité au choix de la maman, non ? Puis avec tous les Edgecombe déjà présents.. Ça réduit quand même les choix. », m’répond Gaëlle après qu’j’ai évoqué l’fait qu’nous allons sans nul doute débattre longuement à propos du prénom à donner au bébé. La première partie d’sa phrase m’fait sourire. La seconde aussi, même si c’est avec moins d’amusement, par contre, du fait qu’ça risque, en effet, d’grandement nous compliquer la tâche ! « Pas sûr qu’ça soit une bonne idée d’te laisser choisir, j’ai pas envie qu’notre gamin s’retrouve avec un nom comme ceux dont s’sont vus affubler tes animaux d’compagnie lors d’ton enfance hein ! ». P’tite boutade, gratuite, qu’je n’me prive pas d’lui lancer, n’doutant pas l’moins du monde qu’elle débordera d’idées d’prénoms, tous plus beaux les uns qu’les autres, pour notre gamin. « Pis à t’entendre, les Edgecombe ont envahis l’monde ! », qu’j’ronchonne, faussement, en levant les yeux au ciel, « mais j’te prie d’te souvenir qu’on représente seulement.... », tout en continuant à balancer doucement mon pied au sol, j’marque un temps d’silence, donnant l’impression d’réfléchir avant d’donner une statistique compliquée à calculer « ¼ d’la population mondiale ! ». Belle statistique qu’j’balance avec un rire sonore. J’aime feindre d’abonder dans l’sens des anti-Edgecombe, qui estiment qu’nous sommes bien trop nombreux, qu’on devrait presque être considérés comme une secte ! J’vous jure, j’ai entendu d’ses conneries, au cours d’ma vie, sur les miens, qu’j’pourrais écrire un bouquin, un jour ! « Je t'avoue que je n'y ai pas vraiment penser pour le moment. Bon, ce serait nul de presser les choses juste parce qu'il a décidé de venir plus tôt que prévu, non ? », m’répond Gaëlle, suite à mon interrogation sur notre mariage. Avec L’une d’ses mains dissimulée sous la main et s’trouvant sur mon cœur, tandis qu’l’autre effleure, du pouce, mon front, j’me laisse aller à fermer les yeux quelques secondes. Simplement pour savourer l’apaisement qui m’envahit, peu à peu, même si j’me sens encore un peu survolté suite à sa nouvelle. C’qui n’m’empêche pourtant pas d’resserrer ma main autour d’la sienne et d’laisser l’autre courir l’long d’son bras qui s’trouve actuellement en ma possession. Pour toutes réponses, j’me contente d’hocher la tête, positivement. Ca serait bien con, en effet, d’se presser, juste parce que notre premier gosse va pointer l’bout d’son nez plus tôt qu’nous l’avions envisagé. . « Ce serait t'être mieux si Mini-Edgecombe premier du nom est là, non ? » J’ouvre les yeux avec cette phrase, tandis qu’le sourire revient s’flanquer sur mes lèvres. . J’dois avouer qu’j’aime assez l’idée, mais aussi l’appellation utilisée pour désigner l’gamin.  « Imagine les photos une seconde. En plus de têtes de cons, v'là le ventre énorme d'une baleine blanche qui se balade en robe de princesse .. Moby Dick est dans la place ! » J’rigole en écoutant Gaëlle, sans moquerie, juste avec beaucoup d’tendresse, car, comme j’m’empresse d’lui dire : « N’empêche, j’suis sûr qu’personne n’aura jamais vu d’Moby Dick aussi belle qu’toi hein ! ». Non, j’n’suis pas du tout d’parti pris. Si peu. Mais, à vous d’voir si vous voulez vraiment vous amuser à dire, devant moi, qu’Gaëlle n’sera pas sublime, même avec son gros ventre d’femme enceinte. Mon regard s’illumine d’l’étincelle typique du mec p’têtre un peu trop fou d’sa p’tite amie, mais ça n’effraie pas, j’l’assume. « Sarah sera sans doute la première à vouloir faire la nounou en plus, j'en doute pas. » Ca, c’est même assuré ! D’toute façon, il est indubitable que « L’bébé passera plus d’temps à être pouponné par les invités qu’dans les bras d’ses parents ! Faudra presque qu’on pense à fouiller les gens avant leur départ, j’suis sûr qu’y’en a bien un qui serait capable d’embarquer l’gosse. Parce qu’il sera aussi canon qu’ses parents et tout l’monde nous l’jalousera ! » Etre déjà fier d’son enfant alors qu’il n’est même pas né, j’confirme : c’est possible ! Mais bon, vu les parents qu’il aura aussi, il n’pourra qu’être magnifique, c’est totalement logique ! J’cesse d’caresser l’bras d’Gaëlle pour étendre ainsi l’mien jusqu’à la table et à ma pomme (l’avantage d’être grand, c’est qu’j’ai pas besoin d’me bouger trop pour parvenir à atteindre l’fruit. Spéciale p’tite pique à mon p’tit boulet favori !) J’ramène la pomme jusqu’à moi, pour en manger un bout, tandis qu’mon autre main maintient encore celle d’Gaëlle. Une fois ma bouchée d’pomme avalée, j’déclare alors : « Bon, va falloir qu’on prévienne la famille royale qu’le mariage d’l’année est repoussé ! J’espère qu’ils seront pas trop déçus ! ». Parce qu’il est indubitable qu’ils attendent notre mariage avec impatience, voici c’qu’on peut deviner, au vu du ton qu’j’ai utilisé pour parler. Tout en mangeant à nouveau un bout d’pomme, j’extirpe alors mon pied de l’espace entre l’accoudoir et l’coussin dans lequel j’l’avais enfoui, pour l’poser sur l’accoudoir, et l’agiter, dans l’illustration parfaite du pied en éventail, certes, pas au bord d’la plage, mais à un endroit hautement plus agréable pour moi : sur les cuisses d’Gaëlle. Me voilà quand même rassuré d’voir l’mariage décalé. Non pas qu’j’veuille plus m’marier avec Gaëlle, j’vous arrête tout d’suite ! Il s’trouve juste qu’j’préfère qu’on s’concentre, pour l’instant, sur nos emplois respectifs, et surtout, sur sa grossesse, l’mariage pouvant bien attendre. Et puis, depuis qu’elle a évoquée l’idée qu’la crevette soit là pour notre mariage, j’arrive pas à envisager c’grand jour sans elle. «Dis voir... », finis-je par dire, reposant la pomme sur la table (oui, j’grignote parfois, ‘fin, surtout lorsqu’j’suis dans un tel état, j’ai encore un p’tit creux – et ouais, quand j’suis en pleine forme, j’peux être un véritable ogre – mais l’excitation m’empêche d’réellement manger.) « On peut réserver la primeur d’ta grossesse à ma mère ? », qu’j’demande alors, cherchant à nouveau à croiser l’regard d’Gaëlle, un p’tit air d’supplication sur l’visage, rien qu’pour la faire craquer plus rapidement. J’vais même jusqu’à entremêler mes doigts aux siens, via nos mains superposées, et les amener jusqu’à mes lèvres, juste pour embrasser sa paume, étant donné qu’ma main recouvre toujours la sienne. Mais bon, outre l’fait qu’j’aime la faire parfois céder, j’avoue qu’ça m’tient à cœur qu’ma mère soit la 1ère à savoir qu’elle sera, une fois d’plus, grand-mère. Ca la comblera d’joie, j’ai pas d’doute là-dessus, elle qui est, depuis des années déjà, la plus grande fervente d’notre couple. Elle est même l’une des rares à n’avoir jamais éprouvée la moindre rancune à l’encontre d’Gaëlle, après l’geste fou d’son père. Ca égayera ses journées, passées loin des siens. Certes, par choix, car elle n’veut pas s’assommer d’médoc en permanence, mais ça lui coûte, d’ne pas pouvoir être à la maison, et surtout, d’être loin d’son mari. Car, en dépit du nombre d’années passées l’un avec l’autre, mes parents sont toujours aussi amoureux l’un d’l’autre. Et j’espère bien suivre leurs traces avec Gaëlle. J’sais qu’on y parviendra. On s’aime largement assez pour ça, sans même qu’on ait besoin d’se faire d’promesses sur un quelconque amour sans faille. Parce qu’les promesses sont aussi instables qu’le vent, elles peuvent s’éclipser en quelques secondes seulement. Alors qu’les sentiments, eux, s’ils sont sincères, comme c’est l’cas entre nous, ils restent, peu importe les événements. Et, pour être tout à fait honnête, j’fais bien plus confiance aux sentiments qu’aux promesses, car les sentiments sont concrets, alors qu’les promesses n’sont qu’de belles paroles. Y’a d’fortes chances qu’j’révise mon opinion sur l’sujet dans quelques mois. Car les sentiments n’seront plus présents des deux côtés, ou, du moins, elle les aura oubliés. Et, malheureusement pour moi, j’craindrais qu’ça n’soit à jamais.... Enfin, tout ça pour dire qu’ma mère s’est faite interner pour n’pas être assommée d’médoc’, et n’pas obliger mon père à veiller à c’qu’elle suive son traitement à la lettre, n’pas avoir à lui imposer de n’pas pouvoir être elle-même, de s’sentir être un poids pour l’homme qu’elle aime tant, et d’se savoir possiblement dangereuse pour les siens. Choix horrible qu’mes parents ont pris, mais qu’ils tentent d’assumer, au jour le jour. Alors, dès qu’j’peux adoucir un peu l’éloignement d’ma mère, j’le fais. Et là, j’sais qu’ça sera l’cas, avec cette nouvelle. J’vois déjà sa tête lorsqu’elle l’apprendra ! Elle a beau avoir déjà un nombre impressionnant d’petits enfants, et sans doute pas loin d’devenir arrière-grand-mère si mes neveux et nièces qui ont pas loin d’mon âge s’y mettent, mais à chaque fois, ça la comble d’bonheur. « Oh, et, tant qu’j’y pense : faudra pas qu’t’oublie d’venir m’voir déguisée en pirate avant qu’l’minus débarque, car j’pense qu’on aura plus trop l’temps les 1ers mois hein ! Et moi, j’veux voir ma pirate prendre mon atelier à l’abordage ! », dis-je, en reposant nos mains sur mon torse. Bah ouais, j’y tiens, alors j’le fais savoir ! Et, par-dessus tout, j’aime à réaffirmer, dès qu’possible, l’fait qu’Gaëlle « m’appartienne » (ceci étant à prendre avec des guillemets, car, il va d’soi qu’j’considère pas réellement qu’elle soit à moi, hein, j’la prends pas pour un objet, j’ose espère qu’vous avez cependant compris l’idée qu’j’souhaitais faire passer ici.). « Sinon, t’me connais, va falloir qu’j’aille m’trouver une autre pirate à aller réchauffer ! L’instinct d’protection, tout ça, quoi ! », dis-je, agitant ma main libre pour donner plus d’poids à mes mots. Taquin, j’hausse un sourcil, un brin provocateur, tandis qu’j’me mordille la lèvre, pour tenter d’retenir un rire d’m’échapper. J’avoue, j’ai envie d’l’embêter un peu, en jouant sur sa jalousie, même si de c’côté-là, elle n’a vraiment aucune inquiétude à avoir, et elle le sait très bien !

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyLun 21 Déc 2015 - 1:08
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Le moment présent a un avantage sur tous les autres qu'on a déjà vécu dans notre p'tite vie de couple, il nous appartient. On en est les seuls acteurs, et ça ne me déplait pas du tout. Libre à nous de lui donner la direction que l'on veut prendre. Là, pour le coup, je suis plus que ravie de voir que cette soirée se passe sans la moindre prise de tête avec cette nouvelle que je garde presque égoïstement sous secret pour le moment. D'ailleurs je m'en veux un peu, ça me ronge de lui dire tout ça, de garder en moi cette impatience de voir sa tête lorsqu'il saura qu'on ne sera plus simplement deux. Ces moments où on est juste nous, juste tous les deux sont si précieux.. N'allez pas croire qu'ils sont si rares malgré ce que je dis, non. Ils sont bien présents. On est un couple heureux, comblé l'un de l'autre et qui peut facilement être la cible des jalousies les plus extrêmes. On en connait, des couples, dans notre entourage plus ou moins proche. Et si certains s'aiment, -ça ne fait aucun doute- : ils n'ont de loin pas ce petit truc en plus que nous uni, Raphaël et moi. Ca ne m'échappe pas. Même en pleine tempête, mon regard est là pour lui prouver que je l'aime et que je tiens à lui même si mes paroles peuvent, parfois, être virulentes. Je sais aussi très bien lorsque je dois lever le pied face à lui, connaissant que trop bien son caractère haut perché. Disons que je sais distinguer les moments où je peux m'imposer et ceux où, au contraire, je dois juste le laisser dire et le laisser parler, juste parce qu'il a besoin d'extérioriser un tracas qui s'empare de lui ou ce genre de choses. C'est même précisément dans ces moments-là que je dois m'efforcer de ne pas mettre mon grain de sel pour ne pas faire exploser mon cher fiancé, qui, forcément, finira toujours par revenir dans mes bras. J'y tiens. Comme je l'ai déjà dis, même si on se prend la tête, j'ai besoin de ses bras pour trouver le sommeil. Il me faut m'ennivrer de sa présence. Puis, il s'est quand même énormément assagit avec le temps. Ca, tout le monde s'accorde à le constater et ça me rend fière de lui. Je suis juste tellement fière de mon homme, capable de prouver à n'importe qui qu'il n'est pas ce crevard qu'il s'amuse à laisser paraître lorsqu'on ne le connait pas. Bon, encore faut-il que la personne en face lui inspire suffisament confiance pour ça, hein. C'est sans doute parce que je le connais si bien, d'ailleurs, que je suis capable de percer son jeu comme je le fais et ce, depuis tellement d'années maintenant. Bref. De quoi est-ce que je peux donc rêver de plus, que ces moments d'une complicité quasi légendaire chez nos proches qui nous rassemble ? Ce présent si appréciable et si beau sera pourtant entaché d'un futur tellement moins agréable.. Heureusement que je profite de cette soirée comme je le dois, me contentant d'être pleinement à son écoute et sans cesser d'essayer d'attirer son attention pour me perdre dans la profondeur de la sincérité de son regard et surtout, profiter de son sourire qui me désarme à chaque fois. Le fait qu'il puisse être si taquin avec moi, si follement amoureux de moi à m'en jeter des regards presque capables de me faire fondre comme de la neige au soleil me rend, à chaque fois, encore plus dingue de lui si seulement c'est possible de l'être ! Certains couples doivent accuser la monotonie de leurs vies que trop plates, laissant apparaitre le relief d'une routine souvent dévastatrice. On ne connait pas ça, on n'a même pas à se battre pour éviter ça. Non, on est nous-même, tout simplement. Et surtout, on s'aime. Oh oui, on s'aime. Voilà notre secret.

Lorsque j'en viens à fermer les yeux pour laisser mes rêves prendre le relai sur notre présent, je n'ai en tête que des images d'un bonheur construit de nos propres mains. On travaille suffisament pour avoir notre maison -même si je ne doute pas qu'avec notre future troupe de Mini-Edgecombe et bien, on va devoir en trouver une plus grande !-, on sait se retrouver lorsqu'il le faut et surtout, on n'a de cesse de vouloir combler l'autre. Que ce soit par du soutien face aux épreuves de la vie ou des petites attentions pour le plaisir, on est là pour l'autre. Si j'écoute mon p'tit coeur qui tambourine en rythme à chaque fois que le regard de mon fiancé me couve, je pourrai même dire, sans trop me tromper, qu'en plus de vivre l'un avec l'autre .. On vit l'un pour l'autre. Il n'y a qu'à voir ces retrouvailles que l'on s'accorde après une longue journée de travail. Même si j'adore mon métier et mes patients, j'aime encore plus retrouver Raphaël pour être près de lui, savoir ce qu'il a bien pu faire de sa journée, manger un bout en sa compagnie. Bref, des p'tits plaisirs quotidiens que j'adore partager avec lui. Et ces délires qui nous suivent depuis toujours sont aussi là pour m'aider à vouloir me ruer pour sortir du cabinet et rentrer le plus rapidement possible. Même si on évoque la beauté quasi parfaite de ce cher Anakin, je dois tout de même dire qu'il n'arrive pas à la perfection de Dieu vivant de mon fiancé. Et oui, même si j'avais le choix entre l'acteur au compte bancaire bien fleuri et mon sculpteur râleur, c'est ce dernier que je prendrai encore et toujours. Juste parce que je n'imagine pas ma vie sans lui. J'ai beau dire que je ne veux que son bonheur, dans le fond, je nourris juste l'espoir qu'il ne cessera jamais de se conjuguer en nous. Même si le destin va nous séparer une fois de plus, ce ne sera que pour mieux revenir l'un vers l'autre. Je me plais à me dire qu'on ne sépare pas l'inséparable, c'est comme ça. Certes, je suis pas une nana des plus ponctuelles malgré le fait que je ne passe jamais trois heures dans la salle de bains. Faut dire que j'aime bien trainasser, si bien que ce haussement d'épaules qu'il a lorsque j'évoque ce trait qui me suit depuis toujours me fait sourire. Je vais finir par être ridée avant l'heure, à force de ne cesser de rire et de sourire en sa compagnie. Mais je m'en fous. Je préfère ça que de pleurer lorsqu'il est près de moi. D'ailleurs, malgré nos disputes même les plus virulentes, il ne m'a jamais fait pleurer. Non, jamais. Et pourtant, il en a la possibilité. Puis, il faut dire que ma grande sensibilité pourrait me faire flanchir rapidement. Mais il n'en est rien, parce que je sais qu'il m'aime. C'est aussi simple que ça. La seule fois où j'ai pleuré en pensant à son nom, c'est lorsque je suis partie pour Londres. Mais ce n'était pas de sa faute, non. J'avais juste du mal à ne pas regarder en arrière pour fuir sa vie et celles des membres de sa famille suite à l'incendie causé par mon père. Puis c'est vrai que je dois préciser pleurer de tristesse. Les larmes de joie, par contre, peuvent couler si facilement. D'ailleurs, je me demande si je vais avoir la force de les contenir lorsqu'il saura pour Mini-Edgecombe tout comme lorsque je vais pouvoir enfin porter son nom. Là, je ne garantis rien. Reportant mon regard sur mon fiancé, gardant ma tête légèrement tournée sur ses cuisses, je me délecte de son sourire alors que je sais très bien qu'il voit clair dans mon jeu de piètre comédienne. « J’espère pour moi qu’ça, c’est pas toujours valable, sinon, c’est qu’j’m’y prends mal. » Un nouvel éclat de rire ne tarde pas à se faire entendre tellement j'arrive à déceler, d'une facilité déconcertante, ce qu'il glisse dans cette phrase pourtant si innocente. Rien que pour l'embêter, je pose ma main sur celle qu'il s'est mis en tête de mettre devant son visage comme pour confirmer que oui, il peut se cacher, là. Inutile de lui répondre qu'il sait très bien ce qu'il fait, ce qu'il dit et ce, peut importe le moment. Sérieusement, est-ce que c'est possible d'avoir quelqu'un dans la peau autant que je l'ai, lui ? S'il avait été mon premier amour, il aurait été le dernier aussi. Mais ce n'est pas le cas, et je ne jette pas la pierre sur l'histoire que j'ai eu avec son frère, non. Elle aussi était très belle, d'une autre façon, mais toujours à la Edgecombe. Il peut donc être rassuré par mon sourire qu'il voit, j'en suis persuadée, malgré sa main devant sa belle bouille. Quelle idée aussi, de me priver de la contemplation de son visage ! Un visage, qui, lorsque j'évoque mon p'tit uniforme qui m'a suivit pendant quelques années et que mon cher fiancé appréciait à vu d'oeil, prend une petite teinte qui n'est pas vraiment familière sur la peau de mon Raphaël. Je m'en félicite, bien entendu. Un point pour moi, un gros même ! Et ce regard.. Pincez-moi, je rêve ! Comment une simple évocation peut donner cette lueur-là, alors que je revois très facilement cette façon qu'il avait de me dévorer du regard et qui me déstabilisait instantannément. Et oui, cet uniforme renferme de très bons souvenirs pour moi aussi après tout. C'est pour ça que j'ai décidé de le garder. « Marrant ça, moi, j’me souviens pas des masses d’ce jour-là ! T’veux pas m’en dire un peu plus, histoire d’me rafraîchir la mémoire ? T’sais, avec l’âge, j’ai la mémoire qui flanche ! » Je lève les yeux au ciel une fois de plus, ne croyant pas le moindre mot de tout ça. Ce regard malicieux qu'il vient d'avoir en est la preuve, qu'il se souvient très bien de cette fameuse journée qui marquait l'une des premières dans mon nouvel établissement. Avec cette question, je me revois dans cette salle de classe. Un cours de physique qui était bien loin de me passionner en fait. Quoique, à bien y réfléchir, je n'étais juste pas concentrée sur cet exercice me paraissant si compliqué en ce lundi-là, alors qu'il n'avait rien d'insurmontable puisque j'avais déjà étudié ce chapitre dans mon ancienne école. L'inconvénient de devoir changer d'environnement du jour au lendemain sur un coup de tête de mon cher père. Je m'étais rapidement fait un petit cercle d'amis avec lequel je restais pour ne pas être trop impressionnée face à ce changement plutôt radical. Forcément, on me demandait pourquoi je venais comme ça, au plein milieu de l'année scolaire, mais je ne savais pas quoi répondre à ça. Mon père prétextait que l'enseignement public n'était pas assez bon pour moi. Peut-être bien. Mais je n'étais de loin pas idiote et Raphaël non plus. Il voulait nous éloigner l'un de l'autre, venant même à m'interdire de sortir de chez moi. J'étais bridée alors que ses coups redoublaient le week-end avant ma rentrée dans cette nouvelle école. Il voulait me rabaisser toujours plus pour que je ne pense plus à mon copain. Mais il n'y arrivait pas. J'arrivais toujours à communiquer avec lui d'une façon ou d'une autre. Juste quelques mots, quelques regards, un petit signe de la main. Et mon coeur ne désirait que sa présence. Je m'occupais en faisant mes devoirs, puis en lisant quelques livres entre deux coups sur ma peau et deux avalanches de larmes silencieuses qui perlaient lorsqu'il ressortait de ma chambre. Il était hors de question que je pleure devant lui, je ne voulais pas lui faire ce plaisir. J'imaginais très bien son air satisfait, et ça me donnait la force nécessaire pour les contenir. J'aurais pu crier, fuir. Mais je savais qu'il allait forcément me retrouver à un moment ou à un autre.. Ce cours de physique n'en finissait pas. Je regardais l'heure passée, minute après minute en attendant cette sonnerie qui allait donné fin à cette première journée de cours. Savoir qu'il allait être là, à m'attendre, me rendait juste impatiente et nerveuse. Je jouais avec mon stylo alors que ma jambe devenait frénétique. J'avais été privée bien trop longtemps déjà de son attention, et mon état me manqua pas à ma professeur qui me rappela alors sèchement à l'ordre devant mes nouveaux camarades de classe. Heureusement, j'ai toujours eu cette facilité de m'entourer rapidement des bons éléments, si bien que ma voisine m'adressa un regard me redonnant courage. Et enfin, le cours s'arrêta. Une libération. Je rassemblais mes affaires rapidement dans ma besace en bandouilière que j'adore tellement. Je n'écoutais que vaguement ce que mon amie à côté de moi me disait, tellement j'avais hâte de sortir de là. Bien que je ne sois pas une nana superficielle, je me suis dépéchée de me rendre aux toilettes, juste pour prendre état de ma tête et replacer quelques petites mèches que j'avais malmené pendant ce cours de physique. Je n'avais parlé à personne que Raphaël m'attendait sur le parking, bien qu'ils ont vite remarqué que mon coeur était pris. Je descendais donc les marches du bâtiment, dévorant les enjambées dans la cour en compagnie de ma nouvelle amie. Tous les étudiants de cette école ayant le même uniforme, je remarquais très rapidement ce petit groupe qui se détachait du reste de la foule restant devant l'entrée de l'école. Et mon amie les remarqua forcément, elle aussi, surtout que sans y faire attention, je lui faussais compagnie en me rendant directement droit vers eux, droit vers lui. Me rendant compte de ça, je me suis tournée vers elle pour lui adresser un p'tit geste de la main, la laissant littéralement sur place alors que mon coeur battait de plus en plus rapidement. Qu'il était définitivement trop.. Canon. Même avec sa tête de surpris. Je n'avais qu'une hâte : me rapprocher de lui pour signifier à n'importe quelle nana aux alentours qu'il était là pour moi. Face à lui, je n'ai pas hésiter à poser mes mains sur ses bras alors qu'il murmurait si bas ce « J’crois qu’j’vais m’mettre à adorer les uniformes, en fait ! » qui résonne encore dans ma tête et qui m'avait vraiment fait rougir. « Tu vas t'y faire. » que je lui ai alors répondu tout aussi malicieusement. Terminant dans ses bras, je l'entourais alors à mon tour pour m'ennivrer de sa présence. J'en avais rien à faire qu'il y avait des gens autour de nous, même de ses potes. J'étais comme déconnectée, ne me souciant plus de rien jusqu'à ce qu'il ait ajouté ce « Enfin, p’têtre pas tant qu’ça, en fait ! » qui m'a arraché un sourire, me doutant très bien de la raison de cette précision. Il fallait dire que toute la journée, j'ai subi ces regards et ces murmures étant la nouvelle et donc, une proie toute offerte aux prédateurs des lieux. Et comme pour prouver que je savais très bien pourquoi il avait dit ça, je l'ai poussé doucement contre la rambarde sur laquelle il siégeait en m'attendant, ne lâchant pas pour autant ses lèvres. Si les chasseurs des lieux pouvaient voir que la nouvelle était une chasse gardée, moi ça m'allait très bien et pourtant, on n'a jamais été du genre très démonstratifs à outrance comme d'autres. Mais là, c'était sans doute nécessaire, sans compter ce manque qu'on se devait de combler. Je reviens à moi, sentant le regard de mon fiancé alors que mes joues rosissent à leur tour, preuve informelle que je me suis à mon tour égarée dans ce souvenir-là. Histoire de l'embêter un peu plus, je m'étire un peu en lui disant nonchalement. « En fait.. J'ai pas trop envie de t'en parler. » Unr air rapidement balayé par mon sourire en coin. « Du moins, pas avant d'avoir enfilé à nouveau cette tenue pour espérer te voir réagir de la même façon, quelques années plus tard. » Ce serait plutôt classe si j'arrive à lui faire le même effet que ce fameux lundi en enfilant à nouveau cet uniforme qui nous a fait vivre des choses pas très catho, m'voyez.. Puis faut dire que je le trouve plutôt classe, en rouge comme ça. C'est une couleur que j'aime bien et qui ne fait pas si horrible que ça sur moi. Puis, heureusement que je n'ai pas grandi depuis le temps ! Cela aurait été dommage que je ne puisse plus rentrer dedans. Je crois même que j'ai perdu un peu de poids entre temps, l'état d'anxiété dû à mon père jouant pour que je garde quelques formes plus accentuées, sans être pourtant surdéveloppées. Au contraire, je suis tellement plus détendue, sereine et sous la protection de mon fiancé que mon corps ne ressent plus le besoin de se cacher. Du coup, ça devrait le faire, je devrais pouvoir me glisser dedans à nouveau ! Enfin, si je ne tarde pas trop. Pas dis qu'avec ma grossesse, ce sera encore le cas dans les mois à venir. « Pas envie de t'influencer, tu comprends. » Voilà l'argument de choc que je lui sers ! Du grand Gaëlle, comme toujours. Puis très franchement, je ne suis pas blonde au point de ne pas avoir perçu son égarement lorsque j'ai évoqué cette fameuse journée. Disons que je contourne les choses pour les placer en mon avantage pour en tirer le meilleur tout prochainement.

Malheureusement pour moi, même pas mon petit côté irlandaise sur les bords n'arrive à me faire gérer le froid sans claquer des dents au moindre rafraichissement. Ne cherchez pas, il faut toujours que la fille joue le rôle de la frileuse pour que son homme se sente missionné d'une mission de la plus haute importance, non ? Moi, en tout cas, ça ne me dérange pas. Au contraire. Surtout que mon cher fiancé s'amuse de ces situations, allant même jusqu'à me taquiner bien souvent. Puis, il a bien raison, hein. S'il n'est pas à la maison, pour n'importe quelle raison, j'en suis parfois au point de sortir mes grosses chaussettes toutes chaudes pour garder mes p'tits pieds gelés au chaud. C'est horrible d'adorer l'hiver, mais de ne pas supporter le froid sans se transformer en glaçon dès que la température chute de trop. J'adore la neige. Les paysages enneigés, c'est juste magnifique. J'en suis même parfois à tirer Raphaël pour sortir un peu, un dimanche tout blanc, pour aller profiter de ce spectacle non pas seulement de derrière la fenêtre du salon. Bon après, il nous arrive parfois de faire des week-ends avec des amis, dans un p'tit chalet perdu en pleine nature. Et là, ça se complique un peu lorsque le temps est vraiment très froid. Je deviens encore plus maladroite qu'en temps normal. Du coup, le ski, moi j'évite. Lorsqu'ils vont tous dévaler les pistes, je pousse mon fiancé pour aller avec eux, lui expliquant que je vais rester devant la cheminée ou le chauffage, enroulée dans mon plaid et avec un bouquin dans les mains. Après, il arrive parfois que j'les suis. Mais comme pour le patin, sur des skis, j'suis une vraie catastrophe ambulante. Et là, si sur une patinoire on peut être bien proche, Raphaël me retenant contre lui, c'est déjà plus délicat sur une piste. C'est donc tout naturellement que cette idée de me rouler dans la neige m'est venue en tête. Mais quel plan foireux je n'ai pas lancé ! « Même si j’sais qu’t’as pas besoin d’aller rouler dans la neige pour être encore plus frigorifiée qu’tu n’peux l’être, j’demande quand même à t’voir l’faire un jour. ‘fin, laisse-moi juste virer tout l’voisinage avant, par contre ! » Ah ça, il est bien placé pour savoir qu'il n'y a pas besoin de chercher plus que de raison à glacer mon sang de la sorte. Une nuit un poil trop froide, et hop, me voilà en mode sangsue contre ma bouillotte perso. Je le regarde, soupirant ouvertement au sujet de la fin de sa réplique. Même si je sais qu'il n'est pas le fiancé hyper jaloux à contrôler le moindre de mes faits et gestes, je dois avouer que son côté si protectif et ne touche pas ma nana, même pas du regard ne me déplait de loin pas. J'ai l'impression d'avoir une certaine importance à ses yeux comme ça. Il ferait vraiment des choses folles pour moi, j'en dirai facilement la même chose à qui veut l'entendre. Puis, je suis ravie de voir qu'il ne nourrit pas un fantasme exibitionniste. Faut dire que c'est pas mon délire. Entrant une fois de plus dans le jeu, j'ajoute avec une petite moue. « Que si t'es de la partie. Je vais mourir de froid sinon ! » Il faudrait bien qu'il me réchauffe, non ? En parlant de voisinage.. « Oh bah oui, je n'ai pas envie que le p'tit vieux du coin de la rue ne me voit en sous-vêtements. » Et oui, on a un p'tit vieux assez pervers qui habite non loin de chez nous. Il me fait un peu peur même s'il n'est pas méchant, hein. Disons juste que la perte de sa femme se ressent plutôt bien, et que ça me met un peu mal à l'aise lorsqu'il est dans les parages. Après, je sais qu'il n'est pas fou et pas un pervers au sens propre du terme. Mais bon, il peut parfois avoir des regards qui me font vite rebrousser chemin pour aller me terrer dans les bras de mon fiancé. Et on continue sur la lancée du radiateur pour blonde frigorifiée. « Si tu veux, j’peux p’têtre devenir un radiateur pour plus d’personnes hein ! » Cette simple idée me fait grincer des dents. Je lui lance un petit regard faussement vexée qu'une telle proposition ait osée sortir d'entre ses lèvres, même si je me doute qu'il plaisante encore une fois. Mais quand même, l'idée de le partager.. Non. C'est mon Raphaël. Et même si je ne suis pas d'une jalousie maladive, je reconnais que l'idée de ce qui est à moi, est à moi -à lui aussi, bien entendu !-. A personne d'autre. C'est plus une forme d'égoïsme que de jalousie à bien y penser. Et c'est comme si moi aussi, je nourris cette peur de le savoir trouver un bonheur encore plus grand dans d'autres bras que les miens. Mais je n'y pense jamais. S'il avait ressenti le besoin d'aller en voir une autre en étant avec moi, il l'aurait déjà fait depuis un moment. Or ce n'est pas le cas. « Mais j’suis pas sûr qu’t’apprécies autant d’générosité d’ma part ! » Je fais un non de la tête, la faisant rouler sur sa cuisse tout en gardant ma tête de nana toute tristounette à cette idée. Une tête tout de même restant amusée de tout ça. « Non. Tu risquerais d'avoir trop de clientèle et plus suffisamment de temps pour moi. » que je lui lance, croisant mes bras sur ma poitrine, même si l'une de mes mains garde toujours l'une de Raphaël en otage, l'entrainant du coup avec dans ce signe protestataire. Mon regard se pose sur cette main d'ailleurs, alors que je lance. « Y'a des points sur lesquels j'aime bien être égoïste. Toi, par exemple. » Ou le chocolat aussi. Mais quand même plus Raphaël que les p'tites gourmandises sucrées, hein. A choisir entre les deux, je prends tout de même mon homme ! Je pourrai vivre de son amour tout simplement, alors que si j'vivais avec du chocolat (même fournit à volonté !), me manquerait mon double. « Même pas négociable. » Comme s'il y avait besoin de le préciser ! En plus qu'il va bientôt être un père de famille. Ce rôle lui ira tellement bien d'ailleurs.. J'ai juste tellement hâte de le voir à l'oeuvre ! Les vieux sages.. Impossible de ne pas lancer un petit tacle en tout bien tout honneur à mon Raph, de quelques maigres années mon ainé. Comme si cette petite marge d'années en plus lui conférait réellement un statut d'ancien.. J'en profite d'être ainsi installée pour laisser ma main se rapprocher de ce coeur dont le moindre battement ne m'échappe pas. Je souris de le sentir s'emballer en douceur à mon contact. Je ne suis de loin pas sadique au point de m'en amuser, hein ! Mais, disons que j'apprécie ce simple constat. Qu'il m'aime au point que ma main l'effleurant lui procure un petit effet. Jalousement, je garde cette main dans la mienne alors que je l'entends soupirer et surtout, que je sens ses doigts prendre possession de ma chevelure qui, soit dit en passant, commence à avoir une longueur qui me convient de plus en plus ! « D’toi à moi, j’dois avouer qu’j’en suis un peu embêté : j’aimais assez être une exception, moi, t’vois ? » Je lui lance mon petit regard d'amoureuse folle de son homme, même lorsqu'il dit de pareilles choses. N'empêche que pour en revenir à cette histoire d'amusement avec mes cheveux.. Il est bien l'une des rares personnes que j'autorise à jouer avec. Faut dire que mon cher père, si j'essayais veinement de me cacher ou de filer dans ma chambre, arrivait toujours à m'attraper par mes cheveux qui étaient alors bien plus longs, pour me ramener à lui. Mais, encore une fois, Raphaël rend les choses tellement plus douces et terriblement plus agréables. Et j'aime bien. Sincèrement, ça me plait qu'il passe ainsi sa main dedans, entortillant ses doigts avec. Ainsi, il aime être une exception. Ah, s'il savait à quel point il est une exception dans ma vie. La seule et unique, l'homme avec qui je veux vivre ma vie. C'est déjà pas mal, non ? « T'en fais pas, la palme du plus grand râleur de tous les temps te seras toujours réservée. » Il m'a tendu une perche, hein. Tout en lui adressant un p'tit clin d'oeil, j'ajoute avec un timbre de voix digne d'une toute grande. « Faut dire que ça manque cruellement de nominés pour ne pas avoir plus de suspence que ça. » Après, il est facilement champion toutes catégories. Mais moi, je m'en fous. J'ai appris à vivre avec son côté un peu emmerdant par moment et franchement, ça me manquerait si cela devait changer un jour. Je l'aime râleur, taquin, joueur et fou de moi. Et galant à la façon Raphaël Edgecombe, des petites attentions qui le rendent terriblement attachant. Rester séquestrée chez nous, à l'attendre revenir de sa journée de travail .. Y'a vraiment pire comme vie. Je devrais même pouvoir m'en contenter pour ne pas regretter ma propre vie professionnelle. Et même, si on veut vraiment cette famille nombreuse dont on rêve depuis longtemps, il va falloir que je revois certaines choses pour mener tout ça à bien. Prendre un mi-temps plutôt qu'un temps complet pour pouvoir gérer les p'tits pour que Raphaël soit tranquille pour bosser à son tour. On a encore un peu de temps pour y réfléchir, même si Mini-Edgecombe, le premier pour nous, est déjà en chemin. « Flûte, j’suis démasqué ! T’es trop intelligente toi ! » Petit mouvement de sourcils pour dire qu'il a tout de même affaire à Gaëlle la plus blonde des kiné, mais de loin la meilleure tous domaines confondus. « En fait : t’es une fausse blonde ! Oh, qu’à cela n’tienne, j’peux quand même séquestrer une fausse blonde ! D’ailleurs, lève-toi femme, qu’j’t’enferme ! » Je rigole face à cette nouvelle intervention digne du plus grand des Edgecombe. Il est génial mon fiancé ! Du bonheur au quotidien. Il n'y a que lui pour sortir ce genre de connerie et réussir à me faire rire. « Si t’pouvais juste arrêter d’te mordre les lèvres d’la sorte, ça serait cool, M’dame Edgecombe ! » Je le regarde, toute surprise de cette prise de position totalement homme des cavernes comme il dit. Ca me donne juste envie de me mordre la lèvre à nouveau, mais je me retiens de peu. « Arrête d’faire ça aussi ! » Il n'en faut pas plus pour me faire rire à nouveau, un rire tellement léger et vrai. . Je ne résiste pas à l'idée de balancer une nouvelle référence, cette fois un peu plus hasardeuse que le beau Anakin. « Faudrait quand même que le daron Pierrafeu pense à bien refermer cette grotte pour m'éviter de fuguer, hein. » que je lui lance alors, ponctuant ma phrase avec un petit coup de coude. Comme si j'ai envie de fuguer de là, alors que je suis la larve la plus épanouie en ce bas monde. « Une fausse blonde est plus difficile à apprivoiser qu'une vraie. J'espère que t'as conscience de cette lourde tâche qui t'attend. » Simple conseil qui n'en ai pas finalement vraiment un. Il a signé pour vivre avec une blondasse comme certains disent, il n'a qu'à assumer un peu. Surtout qu'il sait que je lui suis déjà entièrement dévouée. L'apprivoisement a déjà eu lieu, il y a bien des années de ça maintenant. Je passe mon autre main sur le visage de mon Raph sans le quitter du regard. « Désolée, mais je suis obligée de me mordre ma propre lèvre à défaut de pouvoir attaquer la tienne. Et ça fait quoi, si je continue ? » Simple question posée alors que mon doigt s'amuse à se poser sur la lèvre inférieure de mon fiancé, alors qu'ouvertement je me mords la mienne à nouveau. C'est à croire que je suis bien décidée à gagner cette partie. Je me garde de faire un commentaire sur mon autre mimique le rendant visiblement dingue et qui vise en une contemplation du plafond. Après tout ça, je commence à m'égarer dans un délire pseudo-féministre à deux balles. J'aime bien constater cette fausse poussée machiste chez Raphaël pour ne pas être en droit d'essayer d'inverser la tendance. « Suprématie et féminine ensemble, ça sonne très antithétique, t’sais ! Jamais ! J’faiblirais jamais ! » Je lui lance un regard qui se veut accusateur d'avoir osé prononcer une telle offense aux droits des femmes. Mouais, je ne suis vraiment pas convaincue sur son j'faiblirais jamais. Il est bien trop sûr de lui, et ça, ça peut être un avantage pour moi. Rien que pour me donner une preuve face à ce que je pense, je me mords, encore une fois, la lèvre, gardant mon regard rivé vers le sien. Oui je le cherche, je suis consciente que je joue avec le feu et que s'il le veut, il va pouvoir retourner le jeu en sa faveur en un claquement de doigt. Mais, je ne pense pas que ce soit pour tout de suite, je vais m'y attendre. Il va sans doute laisser un peu de temps filer avant de contre-attaquer. Sans doute avant d'aller dormir, d'ailleurs. C'est fort probable.. Du moins, si la nouvelle va être bien accueillie. « Et, crois-moi, quand j’voudrais t’déstabiliser, tu l’sauras très rapidement ! Même si t’es blonde ! » Tiens, est-ce que ça sonne comme une sorte de menace ? Possible .. Je frissonne un peu rien que d'y penser. Face à Raphaël, s'il a décidé de me faire plier, je ne suis pas armée pour me défendre bien longtemps. « Non, je trouve que ça sonne très bien. Tu ne l'as pas écouté assez attentivement. Je vais te les répéter doucement, tend l'oreille une fois.. » que je lui dis alors, avant de répéter lentement en articulant exagérément. « Suprématie féminine. » Je lui lance mon regard de blonde fière d'elle avec un sourire en coin et un sourcil arqué. Je sais très bien de quoi il peut être capable pour me prouver qu'il connait toutes les ruses nécessaires pour me déstabiliser. L'inconvénient d'être avec un artiste, même si c'est un gros avantage la plupart du temps. Son imagination débordante me fascine. Mais, quand même.. « Ne jamais dire jamais, mon p'tit chat. » P'tit chat. Un surnom de loin pas habituel, mais qui me fait rire utilisé dans ce genre de contexte. Disons que je n'use que très rarement des noms bidons qui se donnent généralement. Ce n'est de loin pas mon délire pas plus que ce n'est celui de Raphaël, pour preuve son Princesse p'tit boulet, ce qui est tellement plus sympa que les surnoms bateaux ! D'une voix malicieuse, j'ajoute. « Palpatine peut tranquillement retourner manger son cookie lorsque tu auras décidé de me déstabiliser. J'donne pas cher de ma peau. Tu passerais sans gêne du Côté Obscur. » Comme si un pareil événement pouvait m'inquiéter .. Ah, Gaëlle. Même ça, je serai capable de lui pardonner. Et oui. Il peut vraiment me faire dire, me faire faire n'importe quoi. Heureusement qu'il est le seul à avoir ce pouvoir sur ma personne. Imaginez un peu le désastre si chacun y allait de son petit délire. Mais quand même, je suis bien curieuse et impatiente de le voir à l'oeuvre. Promi, je ferai au mieux pour lui résister le plus longtemps possible. Mais ne me demandez pas l'impossible. Je finirai par craquer, hein.

J'ai beau ne pas être l'ami des plantes, il n'en reste pas moins que je sais apprécier leur compagnie. Il faut juste qu'on m'évite de me laisser la lourde tâche de m'en occuper et tout se passe bien. Lorsque Raphaël doit s'absenter plusieurs jours, j'en ai d'ailleurs des sueurs en ayant tellement peur de les voir toute se faner en un claquement de doigts. Je suis nettement capable de l'appeler en panique pour une feuille qui fait la gueule alors qu'elle est dans cet état depuis un moment, arrivant en fin de vie. Du coup, lorsqu'il doit partir, je vis une expédition de fou dans ma propre maison. Heureusement qu'il prend le soin de me dire quelles plantes arrosées (et jusqu'à quel point au risque de la noyer !) et lesquelles peuvent faire une p'tite diète d'eau. J'ai beau le regarder faire pour essayer d'en prendre de la graine.. Même si je mets pour la meilleure de mes volontés, le résultat peut être bien cruel. Après, même si j'ai du mal dans ce domaine, j'ai toujours dis à Raphaël que j'adore beaucoup les fleurs de magnolia. Sous-entendu : on se démerdera pour en avoir un dans le jardin. Puis au moins, y'a pas besoin de se rappeler qu'il faut l'arroser ! En plus d'un beau magnolia, je n'hésite pas non plus à lui faire part de ma dernière trouvaille. Oui, oui, cette belle couverture qui serait parfaite dans ma collection ! En plus, elle n'est pas hors de prix.. Et alors que je lui dis que cette couverture serait parfaite pour le remplacer en plus du fait qu'il semble préférer les plantes à moi, je sens son regard me scruter et j'en rougis. « Ah, ça t’vas bien d’me dire ça hein ! A ta place, j’me cacherai ! » Je glousse à nouveau comme une petite fille, réussissant juste à glisser un petit : « Ah ? » me doutant de l'arrivée imminente d'une nouvelle connerie. Je lève les yeux vers notre sublime lustre une fois de plus avec que sa main libre se met en mission de cacher ma tête. Je rigole tout en posant ma main elle aussi libre sur la sienne pour tenter de la repousser en prenant l'air dépité d'une fillette prise en flagrant délit de vol de bonbons. « Tu m’préfères bien un plaid hein ! » Rhalala, M'sieur est d'une si parfaite fausse susceptibilité ! Je lui tire la langue pour toute réponse. « Sacré concurrence d’ailleurs : faut qu’tu t’méfies des plantes, et moi, des plaids ! J’préfère pas savoir c’qu’un psy en déduirait ! » C'est vrai que dit comme ça.. On a sans doute du soucis à se faire ! Ne le croyez pas, quand même, hein. Je ne préfère de loin pas mes plaids à lui. Quelle victime lorsqu'il s'y met ! « Tant que ça ne décrit pas un fantasme inavoué, moi.. Ca me va. Sinon, évite les cactus, quand même, hein ! » Et voilà que je lance une belle connerie. Il m'a une fois de plus bien chercher pour ma défense ! Puis, en ce qui concerne les psy.. « Au moins, on sort un peu des cas d'école trop banals. » Que je lui lance alors, un grand sourire sur les lèvres. Ils auraient pas mal de boulot avec nous, même si on est de loin pas des fous furieux. Disons juste qu'on reste de grands enfants qui s'aiment comme des fous. Pour rebondir sur le fait que je préfèrerai mes couvertures à lui.. « Ca devrait pourtant te faire plaisir, si j'te dis que tu es mon plaid préféré. » que je lui dis presque en battant des cils pour souligner ce fait-là. Ce n'est même pas un mensonge dans le fond. Je pourrai me contenter de ses bras, de son corps pour me réchauffer, ce qui est déjà le cas bien souvent. Et histoire de boucler ce délire végétal, je reprends ma mine de boudeuse. « Et face aux plantes, c'est une concurrence déloyale ! » Je fronce les sourcils, faisant genre de vraiment pas être très ravie face à tout ça. Mais, peu importe. Heureusement qu'après ma phobie de l'arrosage de nos plantes on passe à quelque chose de plus attrayant. J'en serai presque à sautiller de joie face à ce programme qui me convient plutôt bien. Faut dire que le corps si parfaitement entretenu de mon fiancé ne m'a jamais laissé de marbre. J'en suis parfois à me demander ce qu'un gars aussi sportif et bien batti que lui peut bien faire avec une nana aussi feignante que moi. La petite et le grand, la blonde et le corbeau, la feignasse et l'hyperactif, la retardataire chronique et l'mec toujours en avance.. Heureusement qu'on se ressemble sur autant de points qu'on est différents ! Les opposés s'attirent, qui se ressemble s'assemble.. Bref, on est vraiment un joyeux cocktail de tout ça. Que celui qui doute encore de notre couple fuit loin de nous. J'en loupe décidement pas une, alors que je lui fais une petite leçon de morale -qu'il va pouvoir lancer à Mini-Edgecombe lorsqu'il sera là- alors qu'il me tire la langue. color=#cc6666]« Nan ! Mais c’est normal, t’sais bien qu’j’ai été élevé parmi les vaches et les cochons ! »[/color] Même si cette pique est lancée avec humour, je n'arrive pas à ne pas penser à ces gens qui ont des préjugés sur cette famille et se permettent de les juger sans les connaitre. Maintenant que j'ai goûté à cette douce folie qui l'entoure, j'ai choisi mon clan. Et je veux les rejoindre, histoire d'alimenter encore plus les ont-dis à leur sujet. Je me suis toujours sentie comme chez moi avec eux -sauf les temps suivant l'incendie, bien entendu-, et j'aime ce nom. J'aime à penser que j'attends, moi, la p'tite blonde qu'était leur voisine, l'un des leurs. Si j'avais su, en embrassant Raphaël pour la première fois que nous en serions à cette étape un beau jour.. Ils ont vécu des choses difficiles et en sont toujours sortis encore plus soudés, il y a une telle force dans cette famille que oui, j'en suis fière, de tendre la main à ce nom et pas à un autre. Ceux qui ne voient pas la réelle valeur des Edgecombe sont certainement trop aveugles pour la comprendre. Et pourtant, ils ont tellement plus de valeurs que d'autres. Je lui adresse un petit sourire, lui prouvant -si c'est nécessaire-, que pour moi, je m'en contrefous royalement voire même qu'au contraire, son enfance passé avec sa famille dans leur ferme lui confère une éducation avec de véritables valeurs, loin de la superfitialité du monde actuel. Toujours avec mon petit sourire, je n'hésite pas à dire, rêveuse, comme bien souvent lorsque je pense à notre futur. « Ce serait bien d'avoir une petite vache. Une avec de belles tâches brunes ! » Notez que ce n'est pas une nouveauté, je rêve d'avoir pleins d'animaux depuis toujours. Une p'tite chèvre naine, un poney, un cheval .. Des poules aussi et un grand clapier avec des lapins -pas à manger !- ça me ferait tellement de mal de savoir que la bête que je cuisine est celle que j'ai nourris depuis toujours. Non, franchement, je ne pourrais pas. Ce ne serait même pas une réelle folie en plus, vu qu'il sait s'y prendre avec cette petite vachette dont je parle alors. Je redescends de ma rêverie alors que je parle de cette escorte pour ramener ma royale personne sous la douche, en sa compagnie bien entendu. « La Princesse P’tit Boulet Glacé n’est guère plus poli qu’le Prince Râleur hein ! » Une petite auréole au-dessus de la tête, et je lui lance un regard comme pour lui dire que je ne vois absolument pas où il veut en venir. « La seul escorte qu’elle mérite, pour la peine, c’est d’être trimballer comme un sac à patate ! » Je joue avec sa main, à nouveau, profitant de ma main libre pour venir effleurer les doigts de cette main prisonnière de longue date. Je rigole, à nouveau, me disant qu'il en est encore capable ! Mais, je ne me laisserais pas transportée de la sorte, hein. S'il se décide à me balader comme ça, je vais me donner un malin plaisir à faire du tamtam dans son dos. D'accord, c'est dangereux puisqu'il aurait mon royal derrière à porter de main. Mais bon, quand même.. A garder en tête.. Si jamais. Puis ce clin d'oeil ! Il abuse .. « S’tu veux, on peut y aller maintenant ! » Mon regard me trahit ouvertement, se mettant à briller d'une lueur connue que par cet homme. J'étouffe de peu un « Oh oui ! » qui se perd alors qu'il enchaine, ma main se refermant un peu plus sur sa prisonnière. « Pis en bonus, j’peux même faire l’bruit d’une sirène d’pompier pour augmenter l’côté escorte d’princesse ! » Je me mordille doucement la lèvre en imaginant la scène dans notre couloir vers notre salle de bains. Le pire, c'est que je sais très bien qu'il en est capable. Mais ce serait bien drôle, non ? J'ai envie de le mettre un peu au défi, lui lançant avec un sourire du coin des lèvres. « T'es même pas cap.. » que je glisse rapidement entre ses répliques. Comme si j'en doutais ! Je sais qu'il n'attend que ça, que d'être mis au défi pour voir cet air joueur que je lui apprécie tant. « Si j’t’habitue trop au luxe, t’vas m’demander d’te porter pour rentrer à la maison après l’mariage ! » Je soupire, tout en remettant ma tête droite sur ses cuisses pour river mon regard vers le plafond. C'est pourtant comme ça que c'est censé se passer, non ? J'hausse un sourcil, pensive certes, mais toujours terriblement amusée. « C'était pour te montrer le parfait exemple à ne pas suivre, en fait. Tirer la langue comme tu l'as fais, ça m'a juste donner envie de l'attaquer de mes dents. » Voilà qui est dit. Il est prévenu à son tour, maintenant. J'ai bien envie de dire que c'est à ses risques et périls à partir de maintenant. « Et ça, c'est pas fair-play. Je serai obligée de me redresser et de quitter mon p'tit confort. » J'hausse légèrement les épaules comme si cet aveu me coûtait quelque chose, alors que pas du tout. Bien au contraire. A choisir entre rester allongée de la sorte et kidnapper une parcelle de son corps, le choix s'impose de lui-même ! « Pis, j'te ferai dire qu'il n'y a jamais trop de luxe pour une princesse ! » Cette réplique-là, il fallait s'y attendre. A force de fréquenter cet Edgecombe en particulier, la Princesse P'tit Boulet tend à devenir aussi Princesse Casse-Pieds. Je repense alors à ce qu'il m'a dit au sujet du mariage. « Et franchement .. Comme si t'allais résister à l'envie de me prendre dans tes bras pour qu'on soit plus rapidement rentrés tout en évitant de finir aux urgences dans nos si belles tenues. » Ce serait quand même une sacrée soirée que de passer nos premiers moments de jeunes mariés, chez nous, à devoir trouver un moyen d'aller rendre visite chez les blouses blanche parce que je me serai vautrée de tout mon long en voulant me dépécher de rentrer dans notre maison. Ca risquerait, par contre, de mettre un peu d'ambiance aux urgences et de placer notre vie de mariés sous le signe de ma maladresse que trop bien connue. Non, franchement. Ce serait bien plus sage s'il me gardait dans ses bras, non ? Je lui fais mon plus beau sourire, en toute innocence. Juste pour espérer l'entendre revenir sur son sens de l'escorte. Je sens alors son regard se poser sur moi, symbôle d'une nouvelle connerie à venir. Qui ne tarde d'ailleurs pas. « D’ailleurs... Egalité des sexes : c’est quand qu’tu m’portes pour aller à la douche, hein ? » Je le regarde alors, lui qui me détaille en me lançant ce défi que trop impossible pour moi à réussir. Un soupire m'échappe alors que je lève ma main libre une fois de plus pour caresse sa joue devenant un peu piquante. « Quand tu veux, j'suis prête. J'ai quoi, en échange ? » Une réponse à la hauteur de sa question, pleine de bon sens, hein ! Même si je sais très bien que ma force est équivalente à .. Quasi rien, et que donc il m'est impossible de réussir cette sorte de défi, je fais comme si j'en étais capable. Et je ne me débrouille pas trop mal, en fait. Alors que je lui dis que je suis presque prête à le porter -la blague !-, il en vient quand même à me menacer de brûler mes livres ! Il n'abuserait pas un tout petit peu, là ? Je me marre, encore, en l'entendant me répondre. « Alors, déjà... T’es une femme, t’as pas besoin d’loisirs, les femmes sont naturellement bien trop oisives ! » Je le regarde en arquant un sourcil, presque consternée par ce constat si.. Homme des cavernes ! Heureusement que je sais qu'il se joue de moi. Là, face à de telles paroles, une nana bien féministe comme il le faut l'aurait directement remercié. Mais moi, ça m'amuse. Je caresse toujours sa joue de mon pouce alors que ma main reste de marbre. Qu'est-ce que j'aime lire, surtout lorsque Raphaël n'est pas là pour m'embêter. Ca me prend un peu de temps en l'attendant, du coup, je suis nettement plus patiente. J'adore surtout les romans de fantasy, sans doute mon style de bouquins favoris. Mais n'allez pas me faire lire Le Seigneur des Anneaux, par exemple. Je n'accroche vraiment pas à cette saga. J'ai essayé de lire le premier livre, m'endormant dès les premières pages. Même constat pour le film qui me fait comater dès les premières minutes. L'engouement qui l'entoure me semble presque irréaliste. « Et ensuite... C’est pour prendre soin d’toi qu’j’proposais ça ! Si t’aimes bien avoir froid et lire, fais-toi plaisir ! Mais compte pas sur moi pour t’soigner quand t’seras malade ! » Mon p'tit regard tout suppliant prend alors place sur mon visage. Il me fait marcher, je le sais très bien. Mais il n'empêche que j'aime bien lui laisser la satisfaction d'entrer dans son jeu à pieds joints. Ou du moins de le lui faire croire. Je sais, je ne suis vraiment pas douée pour ça, surtout qu'il sait lire en moi comme dans un livre ouvert, tiens. Mais quand même ! J'ai -un peu- progressé ! Je tapotte alors sa joue, tout doucement, de ma main jusqu'alors posé dessus. « Toi, tu vas être chargé de cuisine pendant une semaine.. » Que je lui balance sans retenue, avec un grand sourire amusée. Je sais très bien qu'il n'est pas fan de ça, du coup j'en profite pour lui donner une raison de râler un peu, bien que je sois loin d'être sérieuse. La cuisine, c'est mon domaine. « Et pas de feintes en appelant les restos ! » Précision somme toute nécessaire tellement je le connais. S'il acceptait ce genre de défi à son tour, je suis quasi certaine que l'idée de faire appel à ces traiteurs lui a effleuré l'esprit. Ce serait juste de la triche. Même si, très franchement, jamais je ne vais lui imposer de s'occuper de la cuisine. J'ai déjà la chance d'avoir un homme qui -malgré les apparences, ce soir, de macho en chef-, m'aide énormément. La cuisine, ce n'est vraiment pas son truc, ça je le sais. Par chance, ma gourmandise et moi, on adore se coller aux fourneaux pour mijoter de bons petits plats, surtout lorsqu'il est là. Si je suis seule, j'avoue prendre moins de plaisir à cuisiner, et j'expédie la chose assez rapidement sans trop m'attarder. « Tu te mettras vite à genoux pour supplier ta femme si oisive de reprendre son activité. » Nouveau petit clin d'oeil alors que j'arrête de l'embêter avec mes mains, relâchant finalement ma prisonnière. Sans réfléchir, je repose mes deux mains sur mon ventre. Comme j'ai hâte qu'il soit là, avec nous.. Tout en faisant un petit non de la tête, j'ajoute. « Dommage, t'es pourtant un bon médecin. » Impossible pour moi d'en prendre un autre ! Surtout qu'il est toujours aux petits soins lorsque je ne suis pas en pleine forme. Même un simple rhume le rend inquiet. Je trouve ça tellement mignon ! C'est sa façon d'être galant, en fait. Et c'est juste comme ça que je l'aime. Je ne lui demanderai jamais de m'écrire un poème d'amour ni même de m'offrir des bijoux qui coûtent un bras. Déjà parce que l'excès de romantisme en mode sortez les violons me met mal à l'aise -et je préfère tellement sa façon de l'être-, mais aussi parce que je n'ai pas besoin d'avoir une rose tous les jours pour qu'il me prouve qu'il m'aime. J'ai juste besoin de son bonne nuit avant de dormir, et un petit bonjour lorsque l'on se réveille à peu près en même temps. Là, je suis juste aux anges ! Et même, s'il est parti courir, avoir ce petit mot matinal alors qu'il rentre enfin lorsque je prépare le p'tit déj... Ca me va terriblement bien aussi. Il a besoin de courir, de se dépenser. Je ne fais donc pas une jaunisse lorsque je me réveille seule. Puis ses petits messages qu'il m'envoit lorsque je suis cloitrée à la maison et qu'il est à son atelier ..

Mon affection pour le sol, tout le monde la connait. Disons que je suis la première à trébucher, à glisser sur le trottoir en hiver ou ce genre de choses. Même si ça ne se fini pas toujours en chutes -heureusement !-, y'en a quand même, de temps en temps. Bon, ce ne serait pas drôle sinon. Ca l'était nettement moins pour moi, en cours de sport. Une vraie plaie pour moi, je détestais ces cours, surtout que si mon père avait eu la bonne idée de me massacrer la veille, étirer tout ça faisait ressortir cette douleur écrasante. Sans oublier nos séances à la piscine, où je restais au bord, me contentant de les regarder patauger sans que je puisse les rejoindre à cause de mon allergie au chlore, simple mascarade de mon père pour justifier mon inaptitude à me mettre en maillot devant mes camarades et le prof, bien entendu. Du coup, ça me plait bien cette image du fiancé qui règle les comptes sur mes admirateurs en tout genre. Je l'ai déjà dis, je suis une vraie fille de ce côté-là. « Très bien.... Mais j’te préviens, viens pas t’plaindre si l’sol t’agresse à nouveau dans les jours à venir hein ! » J'hausse légèrement les épaules tout en remontant légèrement mon petit chemisier pour passer ma main sur mon ventre affamé -et pas que, mais ça, Raphaël ne le sait pas, hein-, un geste que je fais assez souvent quand la faim se fait trop ressentir. Du coup, ça ne devrait pas plus l'alerter que ça. « T'es sympa de dire dans les jours à venir.. Ca peut se produire dès les prochaines heures, cet harcèlement-là. » Ben oui, quitte à jouer, autant poser toutes les cartes sur la table ! Détournant mon attention vers la télé encore éteinte, j'ajoute une fois de plus en toute innocence. « Si j'ai le droit à un bisou magique, promis, je ne me plaindrais pas. » Tournant à nouveau ma tête vers lui pour capturer son regard, je m'amuse à lui envoyer un nouveau bisou volant, juste histoire de l'attendrir un peu plus et de l'avoir dans la poche, une fois de plus ! En tout cas, je suis certaine que passer une soirée en invitant Flavien -certes avec sa nana- sera un bon moment, bien sympa et agréable. Je ne sais pas encore vraiment ce que je vais faire à manger, mais ce n'est de loin pas un problème. Tout fini par se trouver à ce sujet, je ne m'en inquiète absolument pas. Le problème avec moi, c'est que j'ai beau être sympa et m'entendre plutôt bien avec pas mal de monde, quand ça ne passe pas trop avec une personne ... Ca ne passe vraiment pas. Je peux me vanter d'avoir un bon flair sur les premières impressions -hum..- que me laissent les personnes que je croise. Et cette femme, là, j'ai vraiment du mal. On pourrait presque faire une échelle de caractère, avec le niveau Gaëlle et son niveau à elle, qui serait à l'opposé du mien en fait. S'est même pas tant qu'elle est méchante comme dit, c'est juste que je mène pas une étude comparative de la durée de tenues de toutes les marques de vernis possibles et imaginables. Du coup, ça tourne un peu en roue libre. C'est pas rare que lorsque Flavien vient manger chez nous, ça se finit tous sur le canapé devant un jeu vidéo. Même si j'aime bien jouer, j'aime encore plus regarder et encourager mon fiancé pour mettre la pâté aux visiteurs. Par moments même, je m'amuse à distraire l'ennemis pour lui offrir une possibilité de prendre de l'avance. Me pencher d'un coup, agiter le bras devant les yeux d'un adversaire à Raph, c'est quelque chose que je maitrise plutôt bien. Et oui, j'en suis même plutôt fière ! Du coup, je parie que ça va encore se finir comme ça. Fort heureusement d'ailleurs ! Là, devant un jeu, on peut mettre de côté le dernier défilé de mode, un monde qui m'est totalement étranger. « Ca va d’soi ! » Une fois de plus, je lui adresse mon sourire amusé. Il se s'étale pas plus que ça sur le sujet -je l'en remercie !-. Mais comme dit, si j'ai lancé cette invitation, c'est surtout pour remercier Flavien pour ce qu'il fait pour Raph, pour passer une bonne soirée. Je vais la supporter sa nana, ça va le faire ! Parler de tout ça m'a quand même mis quelque chose en tête. Même si je ne me suis jamais vraiment amusée à colorer mes cheveux, ce serait à essayer, juste une fois, pour voir la tête que ferait mon fiancé en me voyant non plus blonde, mais bel et bien brune ! Il risque de ne pas être le seul à être choqué du résultat. Bref, pourquoi pas, une fois, pour le fun. En parlant de brunes.. « A ta place, j’plaindrai plutôt les brunes, parmi celles dans l’monde, qui rêveraient d’m’avoir dans leur lit ! Elles doivent détester la blonde qui rend ça impossible ! » Ah ça, pour les plaindre.. C'est évident qu'elles n'ont même pas conscience de ce qu'elles loupent ! Je ne doute pas qu'il y a bien des nanas qui rêveraient d'être à ma place. Rien qu'en cours, je sentais déjà ces regards emplis de jalousie sur moi lorsque je marchais dans les couloirs. Une chance que je n'ai jamais douté de mon fiancé, j'aurais pourtant pu, vu comme certaines pouvaient être prêtes à tout pour obtenir des choses que leurs parents ne pouvaient pas leur offrir. Comme un gars. « Mais l’idée d’la teinture... J’aime assez ! Tant qu’tu redeviennes mon boulet blond par la suite ! » Je souris à nouveau en le sentant jouer avec mes cheveux, alors que son sourire me fait un effet fou. Il m'aime comme je suis, aussi blonde et maladroite que je l'être par moment. Et il ne veut pas de moi en brune, alors que c'est vers elles que vont sa préférence. Comme quoi, j'ai vraiment l'impression d'avoir une place d'ultra VIP dans sa vie. « Hum.. T'as pas tord. Les rues de Londres, et même bien plus encore, doivent être remplies de brunes qui veulent me faire la peau. » J'en soupire, presque inquiète pour ma personne face à ces fans qui siègent les rues en campant pour attendre mon sculpteur et lui sauter dessus. « Elles me font pas peur. J'saurai défendre ma place sous la couverture. » que j'ajoute non sans en sourire. Un peu à la manière avec laquelle il a décidé de massacrer le sol pour qu'il me laisse tranquille. Je serai capable d'en faire autant face à cette marée de brunes en manque de vrais mâles comme l'est mon homme. Ma foi, tant pis pour elles. Et bien évidement, loin de moi l'idée de lui demander de se teindre les cheveux à son tour. Je l'aime tellement avec cette couleur des plus sombres. Surtout que les colorations temporaires n'auraient pas de grands effets sur lui. Au mieux, ça lui donnera des reflets. Mais, il en est hors de question qu'il passe par la case décoloration ! Oh non, ce serait un vrai carnage. Surtout que je ne peux pas l'imaginer d'une autre couleur que ce quasi noir dont je raffole. Je l'aime. Voilà, c'est dit une fois de plus pour ceux qui souhaitent le voir plus souvent. Et rien que l'idée de passer ma vie à ses côtés m'enchante comme ce n'est pas permis ! Du coup, cet air triste me fait une fois de plus pouffer de rire. C'est vrai que c'est un vrai calvaire que de vivre avec moi, hein. Pourtant, c'est ce que je vais penser d'ici peu lorsqu'il me dira que je n'ai été qu'une erreur dans sa vie.. Bref. « Mouais, enfin, faut espérer qu’la pirate sexy trop court vêtue n’soit pas trop sexy hein, sinon, mon cœur d’ancien risque d’connaître des ratés hein ! » Son rire m'arrache presque une moue faussement anxieuse à la simple évocation des ratés de son coeur. D'accord, je ne serai pas aussi sexy que ce que j'ai prévu. Ou pas.. « T'en fais donc pas. Je sais comment le relancer si besoin. » Malgré le fait que je déconne presque en disant ça, une fois de plus, c'est pas une parole en l'air. Merci les formations aux premiers secours ! Puis même, si je m'emparre de ses lèvres, ça devrait déjà suffire pour relancer le tout, trop sexy ou pas. « Bon, t'as gagné. Ca sera pas trop. Ce que je ne ferai pas pour te garder plus longtemps avec moi. » Je soupire et je secoue la tête de gauche à droite, déprimée de devoir lui accorder une telle chose et surtout, de devoir utiliser une telle pseudo justification. Je sais qu'il lui arrive d'être inquiet pour l'avenir, surtout au sujet de son combat passé duquel il est pourtant sorti victorieux. Je sais qu'il s'inquiètera aussi, lorsqu'il saura, d'ici peu, qu'il sera lui aussi, comme bon nombre de ses proches, un futur papa. Mais je sais aussi qu'il a conscience qu'on traversera tout ça ensemble, même si sa maladie décidera de revenir lui pourrir la vie. Je serai là pour lui, comme je l'ai déjà été.. Si seulement...

C'est sans doute pour combler le manque d'une réelle famille qui m'a fait défaut lorsque j'étais gamine, que je souhaite m'entourer du plus possible maintenant. Cela passe forcément par un mari aimant plus que parfait et par plusieurs heureux événements. Disons que je n'ai pas envie d'élever un enfant unique, sans frère ni soeur. Ca m'a manqué, ce soutien, lorsque j'étais petite. Heureusement qu'il y avait Maxxie, même s'il était sur un autre continent que moi. Et si je peux éviter ça pour notre Mini-Edgecombe .. Et puis même, il n'y a pas vraiment à chercher longtemps, Raphaël veut aussi une famille nombreuse en écho à son nom. Les Edgecombe ont un sens de la famille si développé qu'il force à l'admiration, sauf sans doute pour les éternels connards de la vie qui ne sont animés que par la haine et la jalousie. Eux peuvent ne pas voir ça. Mais je ne porte aucune attention à ces gens-là. Trop tard, j'ai rejoins les Edgecombe d'une façon indirectement officielle, et je suis prête à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour être acceptée comme un membre à part entière. Sincèrement, je ne pensais pas que cette nouvelle ferait un tel effet à mon fiancé. Je l'imaginais heureux, bien entendu ! Mais là, ces regards qu'il m'accorde de même que ces sourires me comblent bien plus que dans mes rêves les plus fous. Du coup, je suis dans le même état que lui. La naissance, puis les anniversaires de notre premier Mini-Edgecombe seront des occasions rêvées pour organiser de bons goûters, chez nous, maintenant, non plus chez ses soeurs et frères. Il ne sera plus seulement considéré comme le fils de, mais plutôt comme le père de. Encore une marche qui s'impose à nous et qu'on va gravir avec la classe qui nous représente. Du coup, pour son exposition, je risque d'arborer, avec un peu de chance, un petit quelque chose qui ne devrait pas faire d'illusion sur sa paternité à venir. Comme quoi, ce sera la preuve qu'il arrive à gérer sa vie de famille et son travail. Une preuve de sérieux. Et je sais qu'il y arrivera parfaitement bien. « T’dis ça, mais t’ferais bien d’t’y préparer : paraît qu’on retombe en enfance quand on devient vieux... » Ma théorie de propotionnalité tombe donc à l'eau. Mais, un retour en enfance, ce n'est peut-être pas forcément un bon signe. Je rigole, hein, bien entendu. Pour le meilleur et pour le pire, c'est ce qui se dit, non ? Par chance, on a plus de meilleur que de pire, pour le moment. Je jette un rapide coup d'oeil vers la télé étant plus intriguée par les images qui y défilent que par les dialogues qui se disent du film. Je me tâte sur la réponse à lui offrir. Lui dire que, malheureusement, en raison de son grand âge déjà acquis il est censé être à nouveau un p'tit gamin dans sa tête, et que donc, sa théorie part elle aussi en fumée ? Hum, non. J'opte pour l'autre possibilité. « Ca promet.. Dis, ça passe dans les vices cachés, tu crois ? » Mes yeux le contemplent un peu jusqu'à ce qu'ils soient rattrapés à nouveau par ceux de mon fiancé. D'accord, d'accord, ce n'est de loin pas un vice caché à proprement dit puisque je l'ai choisi en connaissance de cause. Mais c'est mignon, du coup je n'ai pas hésité à sortir cette nouvelle connerie. On n'est plus à ça près, non ? Et même si s'en était un.. Il me convient parfaitement mon Raphaël, il n'a pas à changer qui il est. Même pas en rêve ..


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyLun 21 Déc 2015 - 1:09
Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre.
Raphaël & Gaëlle



Alors qu'il semble à nouveau s'intéresser à cette fameuse photo, je continue mes tendres caresses sur le sommet de sa tête, tout en jouant par moment avec l'une ou l'autre de ses mèches. Abandonner la partie, ce n'est pas vraiment dans mes habitudes. Enfin.. Ca dépend sur quel sujet, bien entendu. Devoir renoncer à l'idée de passer par le couloir parce qu'une araignée à décider de me griller la priorité de passage, j'avoue que je suis nettement plus tentée de faire demi-tour, mais pour revenir armée d'un balai ou de quelque chose d'autre. J'en ai une peur bleue, et oui. Je réponds à ce regard qu'il me lance par un sourire, y décelant cette fierté qu'il voulait me confier. Et alors que je le charrie un peu sur sa barbe, que j'aime bien au final -ça lui donne un petit côté sauvage-, je ne peux pas ignorer ce regard de prédateur qu'il lance à mes lèvres. Je laisse ma main s'égarer un peu sur son visage. « J’veux voir à partir d’quel moment j’pique trop pour qu’t’ai plus envie d’m’embrasser. Malheureusement pour moi, j’crois qu’il va m’falloir finir avec la barbe du Père Noël pour y parvenir ! » Un nouveau soupir de sa part qui a juste le don de décrocher un sourire à en dérider n'importe quel homme un minimum porté sur une attirances féminine. Oui, je le cherche.. « J’attends aussi d’voir à partir d’quand t’en auras marre d’attendre qu’j’me rase et qu’tu finiras par vouloir m’raser toi-même ! » Sans savoir pourquoi, je sens à nouveau ce petit rosiment sur mes joues comme si le simple fait de m'imaginer devoir m'occuper de cette tâche serait une pure folie. Je ne sais pas si sa barbe serait un frein à mon envie de l'embrasser. Non, j'en doute énormément. Je crois que rien ne serait capable de m'ôter ce désir toujours aussi fort qu'à nos débuts. On garde tout de même ces attentions surtout pour nous, comme avant lorsqu'il a appris la nouvelle, souvent lorsqu'on est seuls en fait. Comme déjà dit précédemment, on n'est pas du genre à ne pas se lâcher d'une semelle quand on est en public, même s'il ne fait aucun doute qu'on a des petites attentions l'un pour l'autre qui ne laissent de doute à personne sur notre couple. Disons qu'un inconnu qui se trouve au même endroit que nous saura qu'on est ensemble, même si on n'est pas coller l'un à l'autre. Et que donc, il n'a tout simplement aucune chance. « Tu vas devoir attendre un bon moment alors. T'être pas jusqu'à ressembler à ce fameux Père Noël quoique.. » Je laisse planer quelques petites secondes, m'attardant sur ses petites joues. « Tu prends des risques. T'en es bien conscient ? Mais, ça fera encore plus artiste comme ça, hein. » Nouveau petit sourire, juste pour lui montrer qu'il n'a pas à croire ce que je viens de lui dire. Je me doute bien que ces barbes ne doivent pas toujours être un cadeau, si bien que je le laisse gérer tout seul, comme un grand. J'aime autant pouvoir caresser sa peau sans que ça picotte autant qu'avec une p'tite barbe de quelques jours. Du coup, je suis neutre à ce sujet. Puis ce ne sont pas quelques poils qui changeront mon regard sur lui. Je lui laisse ma main, la sachant sous bonne garde.

Cet échange de position me fait sourire en fait, il fait presque exactement ce que je lui ai fais endurer avant. Ma main se resserre un peu sur ce tissu qui recouvre son torse, gardant ses doigts mêlés aux miens. Je ne sais pas si c'est permis d'être aussi amoureuse que je le suis.. Mais j'accepte cette situation avec une joie non dissimulée. Le tapis rouge, c'est juste pour marquer le coup et lui prouver, encore une fois, qu'on va si bien ensemble. « Bon, dans c’cas, sois un peu moins canon, juste parce qu’j’ai pas envie qu’l’reste d’la population masculine du monde t’remarque trop et tente de t’voler à moi. » Une fois des plus, mes yeux roulent vers le plafond. Des nanas plus canons que moi, il faut reconnaitre qu'il y en a un tas. Je ne sais pas si je suis un aimant à gars au point d'attirer l'attention d'autres hommes même s'ils me savent déjà prise. De toute façon, je n'y prête aucune attention. Au cabinet, il peut arriver qu'un patient lance une petite phrase pour draguer gentiment, mais je recadre directement les choses, indiquant bien que s'il fait appel à mes services juste pour assouvir une quelconque poussée d'hormones, j'ai d'autres collègues qui se feront une fois de les calmer plus rudement que je ne le fais. Ca marche assez bien. Du coup, certaines personnes, pour leurs prochains rendez-vous, demandent étrangement à passer chez une de mes collègues. Comme par hasard.. Puis là, maintenant, j'ai un argument de choc. Si tu ne veux pas te retrouver encastrer dans le mur par le père de mon enfant, t'as intérêt à te calmer. Ca claque, hein ? Et me voler à lui.. Impossible. Tout en lui lançant un petit regard, l'air de dire je vais voir ce que je peux faire, je n'hésite pas à lui dire, d'une voix.. A la Gaëlle, toute petite et toute meugnonne. « Même s'ils essaient de me voler, ils ne sauront pas comment dévérouiller mon p'tit coeur. » Voilà que je réussis à me faire rougir moi-même. Si c'est pas merveilleux ! Au moins, avec l'arrivée du p'tit, on a encore du temps devant nous pour tout préparer au mieux. Je ne sais plus à quel moment ni pourquoi on est parti sur ce délire d'inviter la famille royale à notre mariage. On ne sait jamais, s'ils n'ont rien de spéciale de prévu, pourraient au moins passer à l'apéro ? « T’sais qu’s’ils viennent, ils vont nous piquer la vedette hein ! Pis, j’ai pas envie que t’habitues trop aux strass et aux paillettes, t’serais bien capable d’vouloir installer un tapis rouge à la maison après ! » J'éclate de rire face à son argumentaire. C'est vrai que pour notre mariage, ce sera nous les stars. Sans trop de strass tout de même. En plus de coûter chers, ça risque de rendre des photos bien trop lumineuses en plus de notre perfection naturelle. Un tapis rouge à la maison. Tiens, ce serait une belle motivation pour tracer le chemin jusqu'à la douche ! « D’toute façon, il est hors d’question qu’y’ait une autre princesse qui t’éclipse, j’devrais la virer d’là, ça  serait pas très apprécié par la royauté, j’le crains ! » Oh qu'il est adorable. Vous voyez, c'est avec des paroles de ce genre qu'il me perd et qu'il me fait tomber encore plus amoureuse de lui que je ne le suis déjà. Une fois mon petit gloussement dompté, je lui réponds directement dans la foulée. « C'est vrai que ça ferait un peu désordre. Presque un incident diplomatique en fait ! Puis en parlant de tapis rouge. Ce serait sympa pour les shooting photo au milieu du salon, non ? » Comme si j'étais aussi imbue de moi-même pour me prendre en photo sous tous les angles possible dans notre maison, ou partout ailleurs en fait. Non, moi, les photos, c'est à un instant donné et si possible, sans faire cent fois la même prise, hein. D'ailleurs, les gens qui se prennent en photo de cette façon m'exaspèrent un peu. A croire qu'ils n'ont que ça à faire de leurs journées, alors que les miennes me paraissent incroyablement trop courtes. Et quelque chose me dit que ça n'ira pas en s'arrangeant.. Mais tout de même, la légèreté d'alors semble s'être évaporée pour laisser place à des paroles nettement plus sérieuses. Un ressenti qui m'a d'ailleurs poussé à lui faire part de mes craintes au sujet de son exposition. Il a déjà passé tellement de temps dessus, il y déploie tellement d'énergie que je refuse que ma grossesse soit un frein à cette ascension, à son travail et à sa réussite à venir. S'il va falloir que je passe par une réduction de mes heures, quitte à ne travailler que le matin et prendre un remplaçant pour les après-midi, je le ferai. Si ça peut le rassurer, ce sera fait. « Ca m’va, mais compte sur moi pour aller donner ton arrêt d’travail dès qu’le médecin l’aura signé et estimé nécessaire pour toi, et prépare-toi à m’voir t’ramener ici en t’portant s’il l’faut, si tu tentes d’bosser un peu plus ! » Je sais que le sujet ne prête pas à la rigolade, mais j'en souris tout de même, ravie de constater qu'il accepte ce que je viens de lui dire. Dès que ce sera nécessaire pour que tout ce passe au mieux, j'adapterai mon emploi du temps en fonction des manipulations que je peux faire sans le moindre risque et je tâcherai de ne pas m'attarder au travail aussi longtemps qu'il m'arrive de le faire. Je reprends mes caresses, essayant d'imaginer les choses. « T'en fais pas. J'pense que tu n'auras pas à me chercher du cabinet pour me ramener ici. » Le fantôme de ma mère et de sa mort alors qu'elle me mettait au monde reste forcément dans ma tête. C'est inévitable de ne pas y penser. C'est bien pour ça que pour ce Mini-Edgecombe -et ceux à venir-, je redoublerai d'attention pour ne pas passer du côté des grossessses à risque. Je sais que trop bien ce que c'est que de vivre sans l'un de ses parents, même si je peux presque dire que je n'ai pas vraiment eu de père non plus. Bref. Ce n'est donc pas un schéma de vie que j'envisage pour notre famille. Puis, je ne veux pas laisser Raphaël seul. Et juste pour redonner un peu de légèreté, j'ajoute tout en lui offrant un sourire presque réconfortant, sachant très bien qu'il s'inquiète aussi pour la même raison que moi. « Mais, je note que tu te portes volontaire pour aller déposer la paperasse ! » Et cela, ça ne sera pas oublié, parole de Gaëlle ! Ma main fourrée dans ses cheveux retourne à la base de son front pour le caresser doucement. Bon, après je dois reconnaitre que l'idée qu'il vienne me chercher de force pour me sortir du cabinet pourrait être intéressante, hein.

Mon regard se porte vers la télé. Une nouvelle pause publicitaire interrompt ce film que j'ai abandonné de suivre depuis bien un moment déjà, tout comme Raphaël. Je crois bien qu'il commence à vraiment prendre conscience de ce qui se passe, et de l'ampleur qu'aura cette annonce dans nos vies -enfin, qui aurait du-. Je laisse ma main alors dans ses cheveux venir masser en douceur cette petite tête qui doit fourmiller de questions. Il faut dire que j'ai une journée d'avance pour assimiler cette nouvelle, qui est bien plus fraîche pour Raph. Je m'amuse à lui parler de priorité maternelle pour le futur prénom de notre premier enfant. Pffiou, je n'en reviens toujours pas que ça arrive maintenant en fait. Comme dit, je ne vais vraiment pas être exigeante sur ce choix, laissant une belle avance de décision au futur papa. Si, par contre, son deuxième prénom pouvait rappeler les origines irlandaises, je n'en demanderai pas plus. « Pas sûr qu’ça soit une bonne idée d’te laisser choisir, j’ai pas envie qu’notre gamin s’retrouve avec un nom comme ceux dont s’sont vus affubler tes animaux d’compagnie lors d’ton enfance hein ! » Ca, c'est bas ! Mais j'étouffe un petit rire, à nouveau, lui répondant de ma petite voix de fillette toute chou. « C'était mignon, Caramel. » Oui, j'avais nommé mon petit chaton tout roux Caramel. Juste parce que ... J'adore ça et que je trouvais que ça lui allait vraiment bien vu sa couleur. Bon, de là à appeler notre futur p'tit de ce style.. Ca coince un peu, évidement. Mais, pour ma défence, c'était mon imagination d'enfance ! Là, je serai capable de sortir des propositions bien plus décentes, hein. « Pis à t’entendre, les Edgecombe ont envahis l’monde ! » Raph en mode faussement râleur, attention les gens ! « Mais j’te prie d’te souvenir qu’on représente seulement.... ¼ d’la population mondiale ! » Le rire de mon fiancé qui illustre à merveille cette soirée si agréable qu'on passe ensemble me fait pouffer de rire à mon tour. Bon, mon fiancé ferait un piètre statisticien quand même, avouez-le. Même s'ils sont plutôt abondants aux alentours de Londres, de là à représenter autant de monde.. Ah, mon Raphaël. N'empêche que ça se voit qu'il tient à ses racines, et ça me touche particulièrement, n'en ayant pas vraiment à offrir, moi, à nos futurs enfants. « Pour le moment.. » que je lui glisse alors, n'hésitant pas à accompagner ça d'un vaste sourire. « Ca ne va t'être pas durer. Ca se rapproche de la moitié de la population mondiale, là ! » Bien entendu, je fais référence aux nombreux Edgecombe, mais surtout à cette tendance folle dans cette famille : les jumeaux, une probabilité qu'on va, d'ailleurs, devoir considéré certainement tant cela semble presque courant dans cette famille. Ce serait pourtant bien sympa qu'on y échappe pour notre premier, hein. Deux, tout de suite, ça risquerait de changer bien des choses. Ma main kidnappée par celle de mon futur reste toujours sur ce coeur que je me plais à sentir palpiter sous mes doigts. Je l'observe fermer ses yeux, le trouvant enfin plus.. Calme, même si ça n'est qu'une apparence, les battements de son coeur me le prouvant. Il se marre alors que je m'amuse à me filer de moi-même le beau nom plein de grâce qu'est celui de Moby Dick, la fameuse baleine. Il ne tarde cependant pas à me rassurer. « N’empêche, j’suis sûr qu’personne n’aura jamais vu d’Moby Dick aussi belle qu’toi hein ! » J'hausse légèrement mes épaules en répondant simplement, « Arrête, tu vas me faire rougir. » Comme si ce n'est pas déjà le cas. Mais bon, si on peut éviter le mariage en étant enceinte jusqu'aux dents, moi ça me va. J'ai bien envie de profiter de cette journée pour ne pas être inquiétée à m'imposer des limites quant à mon état. Puis comme dit, ce ne seront pas les bras qui manqueront pour jouer les nounous du jour. « L’bébé passera plus d’temps à être pouponné par les invités qu’dans les bras d’ses parents ! » Tellement vrai. Non pas qu'on aura envie de s'en débarasser, hein ! Mais c'est juste qu'il sera, lui aussi, une star étant presque le symbole de notre amour. Certes, certains membres de ma famille vont être bornés à dire qu'on devrait se marier avant la naissance du p'tit. Ce serait barbant de devoir tout organiser au lance-feu pour être rapidement prêt ! Bon, si encore on avait quelques pistes sérieuses déjà de côté.. Mais ce n'est pas le cas. « Faudra presque qu’on pense à fouiller les gens avant leur départ, j’suis sûr qu’y’en a bien un qui serait capable d’embarquer l’gosse. Parce qu’il sera aussi canon qu’ses parents et tout l’monde nous l’jalousera ! » C'est un risque, et oui. Ils verront que l'apport d'une petite blonde rendra la souche des Edgecombe encore plus parfaite qu'elle ne l'est déjà. Je nous vois déjà à balayer la salle de long en large et en travers pour savoir où le petit sera. Ca risque d'être sportif ! Mais, bien évidement, tous les bras qui l'accueilleront auront toute ma confiance. Histoire d'en rajouter une couche, je lui réponds, toujours un sourire au coin des lèvres. « Sans aucun doute ! Ce serait terrible, n'empêche. Après, on a les noms et les adresses. Puis,Edgecombe ou pas, celui qui le volera .. L'aura affaire à moi ! » J'essaie de prendre un air déterminé, mais c'est bien absurde puisque ça ne se passera pas comme ça. Au contraire, si quelqu'un va essayer de nous piquer notre Mini-Edgecombe, l'armée du même nom tombera forcément sur le coupable et lui fera passer un sale quart d'heure ! Je cale ma tête confortablement contre le dossier du canapé alors qu'il attrape sa pomme pour croquer dedans. Un vrai estomac sur pattes ! Mais bon, avec tout ce qu'il parcourt en une journée, ça peut se comprendre. Tant pis, pour la famille royale. Même sans eux, je suis certaine que notre futur mariage sera aussi parfait que ne l'est notre couple. Ils vont juste manqués l'événement de l'année. Tant pis pour eux, hein. Je souris de voir que cette idée folle à leur sujet passionne autant mon fiancé. Je n'arrête plus de le caresser, de le masser d'une main puis de jouer avec ses cheveux. Impossible de rêver mieux. « Dis voir... » Mon regard suit cette pomme qu'il repose sur la table sans aucun mal alors que ces deux simples mots m'intriguent énormément tellement je me demande ce qu'il veut me demander. S'il commence une phrase de la sorte, c'est qu'il a une demande à formuler. Je le regarde, toujours accompagnée de mon sourire habituel, l'invitant à continuer. « On peut réserver la primeur d’ta grossesse à ma mère ? » Je ne m'attendais pas à cette demande, qui a le mérite de me faire sourire encore plus tellement je la trouve juste et adorable. Il doit voir qu'à ma tête si attendrie face à sa question, la réponse est toute donnée. Et très franchement, elle est bien la personne qui le mérite le plus pour tout ce qu'elle a fait pour moi, pour nous. Ce serait si injuste qu'une autre personne soit au courant avant elle. Puis, elle sera la seule grand-mère de ce Mini-Edgecombe, jouant ce rôle avec cette perfection qui la suit dans toutes ses relations avec ses enfants et petits-enfants. Franchement, cette demande, en plus de cet air qu'il prend .. Tout ça en plus de ce baiser du bout de ses lèvres sur ma main.. Il n'en faut vraiment pas plus pour me faire craquer. Bah oui, je suis une grande sensible, moi. Il doit sans doute le sentir, avec cette main liée à la sienne menée près de ses lèvres qui se mets à trembler sensiblement. « Bien entendu. » Voilà les deux seuls petits mots que j'arrive à prononcer alors que ma voix est bien plus faible que d'habitude. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens bien fébrile pour le coup. Mais une faiblesse qui n'est de loin pas désagréable, bien au contraire. Me mordant la lèvre tout en détournant mon regard quelque peu pour rassembler mes esprits qui se sont éparpillés avec cette demande si légitime, j'ajoute, d'une voix que je veux un peu plus sûre de moi. « Ca va lui faire plaisir, et c'est une bonne occasion pour lui rendre visite. » Même s'il n'y a pas besoin de bonne raison pour aller la voir. Je sais que chaque moment que Raph passe avec elle est quelque chose d'important pour lui. Et ça me fait tellement plaisir de pouvoir lui donner cette chance de lui annoncer ça.. Puis ce sera tellement mieux s'il décide de la voir plutôt que de lui annoncer ça simplement par téléphone. Mes yeux se redéplacent vers Raphaël, ne pouvant vraiment pas s'éloigner de lui si longtemps. « Oh, et, tant qu’j’y pense : faudra pas qu’t’oublie d’venir m’voir déguisée en pirate avant qu’l’minus débarque, car j’pense qu’on aura plus trop l’temps les 1ers mois hein ! Et moi, j’veux voir ma pirate prendre mon atelier à l’abordage ! » Tiens, voilà qu'il repart à l'attaque. Il y tient vraiment, à sa pirate sexy ! Il l'aura, qu'il ne s'inquiète pas. Ca m'arrache d'ailleurs un autre rire, alors que ma main se refait une place sur son torse, redevenant plus assurée. Il va vraiment falloir que je planifie tout ça. Qu'il s'apprête à faire de la place ! « Sinon, t’me connais, va falloir qu’j’aille m’trouver une autre pirate à aller réchauffer ! L’instinct d’protection, tout ça, quoi ! » J'hausse un sourcil en le regardant, à la limite de le défier d'oser faire ça. Il ne le fera pas, j'en suis assurée, je le connais. Mais si déjà, autant continuer sur la lancée. Ma main libre reprend sa petite activité, allant jusqu'à sa mâchoire cette fois-ci. « Est-ce que c'est une façon détournée de me dire que j'ai plutôt intérêt à me dépécher de venir saboter ta journée de travail ? » Et allez savoir si Flavien ne va pas râler si je décide de venir bousculer ses plans. Disons que je n'ai pas tellement envie que les deux, là, se prennent la tête à cause de moi. Je m'en mords la lèvre a trop y penser. « Faudra que je m'débrouille pour pas que tu m'oublies trop, mais t'en fais pas pour ça. T'auras pas le temps de partir protéger une autre pirate, qui sera de toute façon moins.. Sexymaispastrop que moi. » Petit clin d'oeil servit en prime. Il ne faut pas voir une preuve de jalousie dans tout ça -quoique.. Enfait si-, parce que je sais très bien que s'il y a bien un homme fidèle sur cette Terre, c'est bien lui. « N'est-ce pas, l'vieux ? » Petite référence à notre conversation passée au sujet de son petit coeur de vieillard que je vais devoir lutter pour maintenir en vie. C'est dans mes cordes, ne vous inquiètez pas. Jamais je ne laisserai mon Raphaël tomber à cause d'une tenue trop sexy pour ses p'tits yeux. Sans m'en rendre compte, je lui adresse un regard bien plus insistant. « Donc aucune autre ne sera autorisée à se faire une place dans tes bras pendant que j'chantonne une berceuse à Mini-Edgecombe. » Si des gens peuvent s'amuser à reprocher certaines choses à mon fiancé, il faut lui laisser ce dévouement sans limite qu'il a pour les personnes qu'il aime et à qui il tient. J'ai la chance d'en faire partie. Et bon sang, je n'échangerai ma place à ses côtés pour rien au monde. On peut me proposer de la richesse, de la gloire, de la connaissance sans limite .. Tout ça n'est rien à côté de l'amour sans faille que je lui voue. Je lui adresse un nouveau sourire, comme pour lui faire comprendre, au cas où, qu'il n'a pas à me prendre au sérieux. Mes pensées s'égarent à nouveau. Je viens de penser à cette pièce de notre maison dans laquelle on a entreposé une tonne de cartons et de bricoles en tout genre. Cette pièce, bien trop petite pour servir d'atelier à mon fiancé pourrait enfin avoir une vraie utilité.. Je serre un peu plus mes doigts entremêlés avec les siens. « Au moins, maintenant, on sait quoi faire de la pièce à l'étage. » que je lance alors, sous-entendant bien qu'elle pourrait servir comme chambre pour Mini-Edgecombe. Oui, je reviens à ce sujet, je n'y peux rien. N'étant pas vraiment douée pour estimer la taille d'une pièce, je ne sais pas si elle peut convenir. Je pense, mais Raphaël serait bien plus apte à répondre à cette question que je viens de me poser. « Elle est suffisament grande, non ? » Et oui, en plus de ne pas être douée avec les plantes, d'avoir un sens de l'orientation particulièrement nul, je n'ai pas une vision de l'espace très.. Juste. C'était d'ailleurs une vraie plaie en cours de géométrie et ce genre de délire lorsqu'on étudiant les formes dans l'espace. Ca me rendait folle tellement je ne comprenais rien. Bon, j'espère qu'il va me rassurer sur la taille de cette pièce-là, sinon.. Ca va déjà être un peu plus délicat pour la suite.


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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 2:32
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


J’suis sûr qu’les gens qui m’apprécient pas, s’ils m’voyaient avec Gaëlle, lorsqu’on qu’tous les deux, pourraient avoir du mal à croire qu’ils ont bien, en face d’eux, l’même Raphaël qu’ils méprisent. C’est vrai, j’le sais bien, j’donne l’impression d’être un gros con qui s’soucie pas d’grand-chose, ni d’grand monde, j’ai tendance à prendre les gens qu’j’connais pas ou peu, de haut, et à utiliser mon ironie et mon sarcasme afin d’les repousser encore plus. On en déduit aisément qu’c’est juste parce qu’j’ai un sale caractère, alors qu’en fait, c’est juste qu’j’aime pas les gens. A ma décharge, faut dire aussi qu’y’en a pas des masses qui m’ont donné une bonne vision des autres humains : quand on voit c’que j’me suis pris dans la gueule, ainsi que c’qu’ont enduré les Edgecombe dans notre village, ça s’comprend. Ne dit-on pas qu’la meilleure des défenses, c’est l’attaque ? Bah, c’est c’que j’fais : j’attaque en faisant fuir les gens, comme ça, s’ils veulent m’faire chier, au moins, j’sais pourquoi, et d’toute façon, ils évitent rapidement d’jouer à c’jeu-là avec moi, voyant qu’c’est limite suicidaire d’me chercher d’la sorte ! C’est pour ça qu’lorsque j’étais gamin, les seuls amis qu’j’avais et qui n’étaient pas des Edgecombe, c’étaient d’autres gosses d’mon âge, et avec lesquels j’avais grandis. J’sortais pas d’ma zone de confort, ainsi, car les nouvelles connaissances, ça n’a jamais été mon fort, les rares qu’j’avais tenté d’intégrer dans ma sphère d’amis quand j’étais gosse ont finit par s’foutre d’moi, en apprenant qu’j’venais d’une famille très nombreuse ou qu’j’vivais dans une ferme, ou encore en découvrant c’qu’on pouvait bien s’amuser à dire sur les miens. Ca n’a changé qu’lorsqu’j’ai été contraint d’délaisser ma tribu pour aller régulièrement à l’hôpital, bien qu’là encore, les rares autres malades qu’j’ai véritablement considéré comme étant des amis étaient des jeunes qu’j’voyais souvent et qui ont eu l’courage d’apprendre à m’connaître, un tant soit peu, avant d’me juger. C’est ainsi qu’dans mon entourage amical, hormis quelques Edgecombe, on trouve uniquement des gens qu’j’ai connus dans mon enfance, voire dans mon adolescence. En fait, Flavien est l’seul à faire exception à cette règle. Et ouais, contrairement à c’que j’peux laisser à croire, bien que je ne m’lie pas d’amitié en 3 minutes, j’suis très fidèle par la suite : tant qu’on m’fait pas d’coups bas, on peut compter sur moi en permanence ! ‘fin bref, pour en revenir à l’étonnement qu’mes détracteurs pourraient ressentir en m’voyant avec Gaëlle, en fait, j’m’en fous. Les gens peuvent m’qualifier d’tout c’qu’ils veulent, ça m’passe bien au-dessus d’la tête ! Les seules opinions qui aient du sens, à mon humble avis, m’concernant, sont ceux d’ma famille, d’mes amis, et, par-dessus-tout, celui d’Gaëlle. Pour les autres, étant donné qu’ils m’connaissent pas vraiment, ça serait idiot d’ma part d’accorder l’moindre crédit à c’qu’ils peuvent penser d’moi. Attention, par contre :j’irai p’têtre pas jusqu’à dire qu’j’fais toujours d’mon mieux pour qu’mes proches valident chacun d’mes faits et gestes, mais la plupart du temps, quand j’fais pas preuve d’impulsivité du moins, je tâche toujours de réfléchir pour savoir quelle décision prendra telle personne dans mon entourage (prenant un « modèle » différent, dépendant de la situation à laquelle je dois faire face.). C’réflexe, par contre, n’est ancré en moi qu’depuis 2/3 ans, même s’il a démarré un peu avant, lorsque j’ai réussis à bouter ma tumeur hors d’mon crâne. J’crois qu’ça a été comme un électrochoc pour moi, en fait, d’échapper à la mort d’justesse, qu’ça a contribué à m’faire grandir, réaliser qu’faudrait p’têtre qu’j’arrête mes conneries. Et c’qui a terminé l’processus, c’qui m’a donné l’énergie d’poursuivre mes efforts, c’est bien entendu l’fait qu’j’voulais enfin être digne d’Gaëlle. Comme ça, qu’elle m’choisisse à nouveau ou pas, au moins, j’savais qu’j’avais tout mis en œuvre pour la reconquérir, j’aurais pas eu d’possibilités d’éprouver d’éventuels regrets. Bon, par chance, l’issu m’a été favorable, mais j’ai pas pour autant arrêté mes efforts. On peut pas dire qu’j’sois à présent entièrement moins impulsif qu’autrefois, mais y’a quand même du mieux. Le plus gros changement ? J’pense qu’c’est l’fait qu’j’me batte moins souvent qu’avant. Demandez à Gaëlle, j’suis sûr qu’elle a un paquet d’anecdotes à vous offrir sur les innombrables fois où elle s’est transformée en infirmière pour soigner mes récentes blessures. Si j’me battais autant, outre l’fait qu’j’ai toujours eu l’sang-chaud et tendance à privilégier l’utilisation d’mes poings pour rétorquer qu’les mots, c’était surtout un moyen pour moi d’évacuer mon impuissance face à l’enfer qu’vivait Gaëlle, et duquel j’étais incapable à l’en sortir. Gaëlle ne m’parlait pas forcément des nouveaux sévices auquel son père l’avait soumis, mais j’étais assez observateur pour les voir, même lorsque je n’la croisais qu’quelques minutes dans la journée. Déjà, parce qu’irrémédiablement, dès qu’elle était dans mon champ d’vision, instinctivement, mon regard s’posait sur elle, et ensuite, parce qu’j’la connaissais déjà bien à l’époque pour analyser assez justement son langage corporel, quand bien même elle a toujours été douée pour cacher ses blessures. L’intensité des bagarres qu’j’provoquais ou dans lesquelles j’me plongeais variait donc, en fonction des ecchymoses que j’devinais en (ou voyais sur) Gaëlle. Cogner sur d’autres mecs, à défaut d’pouvoir refaire l’portrait du père Gates, voici tout c’que j’avais trouvé pour éviter d’empirer la situation d’ma p’tite amie à l’époque et extérioriser la rage qu’j’éprouvais alors. C’est très certainement l’une des raisons qui a fait qu’l’entourage d’Gaëlle ne voyait pas notre couple d’un très bon œil. Oscar en tête, d’ailleurs, même si lui savait parfaitement qu’j’étais au courant de c’qui s’passait chez lui. Il avait bien remarqué les regards noirs qu’j’lui lançais alors qu’Gaëlle était encore avec Riley, et qu’j’me montrais encore plus distant avec lui lorsqu’j’ai commencé à fréquenter sa fille. J’sais pas quand ni comment il a acquis la certitude qu’j’avais découvert son côté sombre, mais il a finit par essayer d’faire pression sur moi. Il était pas assez fou pour m’menacer ouvertement dans l’but d’me convaincre d’laisser Gaëlle, non, cet enfoiré était plus malin qu’ça. Il m’avait comprendre qu’Gaëlle connaîtrait bien pire chez eux si jamais j’m’avisais d’parler c’qu’il lui faisait, à quiconque, ou qu’j’tentais d’l’aider à s’échapper. J’me suis retrouvé l’dos au mur, incapable d’prendre l’risque d’faire courir encore plus d’risques à Gaëlle, et p’têtre bien trop égoïste pour qu’l’idée d’la quitter afin d’la préserver un tant soi peut d’la folie paternel ne m’effleure l’esprit au point d’devenir la meilleure solution pour moi. C’est pour ça qu’j’ai commencé à m’battre nettement plus, quelques semaines après avoir commencé à sortir avec elle, et pas uniquement parce qu’j’aimais la voir endosser l’rôle d’mon infirmière perso. Elle ne l’savait pas à l’époque, j’évitais d’lui en parler, d’crainte qu’elle ne s’mette en tête de s’confronter à Oscar et qu’son corps n’finisse par gagner d’nouvelles cicatrices, alors qu’il en comptait déjà bien trop. J’me doute bien qu’elle devait avoir quelques doutes, pas au point cependant d’s’imaginer qu’son père pouvait fonctionner au chantage, après tout, elle aussi m’connaissait déjà bien à l’époque, mais l’sujet n’a jamais été réellement abordé. A l’époque, on tentait même d’en rire, d’ailleurs, Gaëlle m’vannant sur l’fait qu’elle m’voyait souvent amoché, et moi, j’lui rétorquais qu’ça durerait tant qu’elle continuerait à être trop canon dans son rôle d’infirmière. Tout ça pour dire qu’j’avais p’têtre besoin d’une personne comme ça dans ma vie pour m’apaiser un peu, d’quelqu’un qu’avait amassé encore plus d’coups qu’moi dans sa vie, afin d’faire ressortir en moi l’envie d’la protéger et d’me convaincre d’museler l’monstre violent qui s’tapi au fond d’moi, pour lui faire comprendre qu’elle n’risquait rien avec moi. Et, aujourd’hui encore, bien qu’Gaëlle n’ait plus rien à craindre d’son père, mon envie d’la protéger est toujours présente en moi. J’crains bien qu’j’cesserai jamais d’vouloir veiller sur elle, qu’elle veuille toujours d’moi à ses côtés ou pas. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui feront, à l’avenir, qu’j’finirais par m’faire une raison en voyant qu’elle n’semblera décidemment pas prête de s’souvenir d’moi : j’l’aime assez pour la laisser m’échapper, si son cœur l’décide. Non pas qu’ça n’était pas l’cas alors qu’nous n’étions qu’ado, mais disons qu’j’ai gagné en maturité, et qu’si c’est vraiment l’mieux pour elle, j’sais qu’j’pourrais parfaitement renoncer à elle.

Ees nuages noirs s’amoncellent déjà au dessus d’nous, mais nous n’en savons rien. Dans quelques mois, l’orage grondera , et aucun d’eux n’en ressortira indemne, malheureusement. Non, là, c’soir, après une nouvelle connerie qu’j’ai lancé et qui m’a incité à m’cacher partiellement l’visage sous l’une d’mes mains (plus ou moins aidé par une Gaëlle amusée), on s’contente d’évoquer des moments heureux d’notre passé. Certains s’cristallisent d’ailleurs autour d’l’uniforme qu’elle a été contrainte d’porter durant plusieurs mois. Pourtant, c’qui a amené à c’qu’elle s’voit contrainte d’revêtir l’uniforme n’est guère heureux : son père a essayé d’nous séparer, d’influencer sa fille pour qu’elle laisse tomber l’abruti qu’j’étais et qui n’semblait qu’lui causer une tonne d’problème. Il nous avait fallu redoubler d’ingéniosité pour réussir à s’voir malgré tout, une fois nos journées d’cours terminés, l’plus compliqué, c’était les week-end ou les vacances. Et pourtant, j’garde un très bon souvenir d’cette tenue. Comment pourrait-il en être autrement, d’toute façon ? Gaëlle, dans son uniforme, c’était... renversant, j’dirais, à défaut d’trouver un mot plus adéquat. Heureusement qu’j’étais déjà amoureux d’elle avant d’la voir dedans, d’ailleurs, car certains s’seraient pas privés (quelques-uns l’ont faits d’ailleurs !) d’prétendre que j’ne restais avec elle qu’pour la voir dans son uniforme. Comme si ça avait jamais eu la moindre importance pour moi, la tenue d’Gaëlle. On peut être aussi stupide qu’moi, mais pas s’arrêter à des choses aussi futiles qu’ça, merci bien ! L’idée d’voir à nouveau Gaëlle dans sa tenue d’écolière n’est pas pour m’déplaire, et ma fiancée m’connait assez bien pour s’en rendre compte. Ca m’déplaît tellement pas qu’j’revois d’ailleurs, dans mes pensées, l’jour où j’l’ai vu l’porter pour la première fois. Et en revenant au moment présent, en sentant l’regard d’ma blonde posé sur moi, j’arrive pas à retenir quelques rougeurs d’prendre positions sur mon visage. Comme si j’étais encore un ado surpris à rêver d’sa p’tite amie lors d’une réunion d’famille. Bon, c’est plus ou moins l’cas, faut l’dire, vu qu’j’étais en train d’penser à Gaëlle, mais c’qui m’a fait rougir, c’est, d’une part, d’me souvenir assez précisément d’ce jour-là, et d’autre part, d’m’être ainsi perdu dans mes pensées, devant elle. J’ai pas honte d’penser à notre passé, n’allez pas conclure n’importe quoi ! C’est juste que l’regard qu’elle m’lance, à peine revenu à moi, m’fait rougir. La fourbe, elle doit être fière d’son coup-là hein, d’voir qu’elle a réussit à m’faire planter l’cerveau quelques temps. J’ose même pas imaginer c’que ça donnera lorsqu’elle s’trimballera avec son uniforme, un d’ces jours. Bon, j’vais pas m’plaindre, au vu du rougissement qui s’empare d’ses joues, on dirait bien qu’j’suis pas l’seul à faire un retour dans l’passé hein ! J’serai bien curieux d’savoir c’qui l’a ainsi faite rougir : la façon dont j’l’avais littéralement dévoré des yeux c’jour-là, la flagrante possessivité dont j’avais fait preuve en la prenant dans mes bras, mon désir d’signifier à tous qu’elle était déjà prise en l’embrassant devant ce flot d’étrangers et d’quelques-uns d’mes potes, ou encore l’fait qu’on avait tous deux mis d’côté, pour quelques temps, notre réserve concernant les effusions public en prolongeant c’baiser qui m’avait valu d’terminer contre la rambarde. Etrangement, après coup, j’ai développé une affection particulière pour cette rambarde, qui, malheureusement depuis, a été enlevée, lorsqu’le parking a été refait. Avant qu’elle n’soit virée, quand on passait à proximité avec Gaëlle, j’la taquinais souvent, en disant qu’j’évitais qu’on n’en approche trop, craignant qu’elle n’finisse par m’replaquer à nouveau contre. Bon, j’avoue, l’ton qu’j’employais alors montrait bien qu’ça m’dérangeait pas vraiment, comme perspective... « En fait.. J'ai pas trop envie de t'en parler. » J’ouvre la bouche pour protester face à l’absence de collaboration dont fait preuve Gaëlle dans mon souhait d’me rafraîchir la mémoire. Quelle cruelle sans cœur d’refuser d’aider un p’tit vieux à s’replonger dans son passé, tout d’même ! Mais j’suis devancé par ma kiné, qui ajoute alors : « Du moins, pas avant d'avoir enfilé à nouveau cette tenue pour espérer te voir réagir de la même façon, quelques années plus tard. » J’ferme partiellement les yeux, comme si j’étais quelque peu agacé au point d’froncer les sourcils et d’avoir les yeux mi-clos. Sauf qu’y’a aucune trace d’colère dans mon regard, juste beaucoup d’amusement, celui-ci étant souligné par l’petit sourire qu’j’lance à Gaëlle. « Pas envie de t'influencer, tu comprends. » J’lève les yeux au ciel en secouant la tête, tâchant d’signifier ainsi à quel point j’me plains d’avoir une fiancée aussi fourbe que ça. « Si p’tite et si cruelle, c’est pas humain ça hein ! », que j’dis, penchant la tête sur l’côté, comme si j’amenais là une bien triste conclusion. « Sache qu’mon cerveau a fait d’nombreuses mises à jour, depuis, pour réduire l’nombre d’bug qu’tu peux lui causer », mensonge !, « alors ça m’fera pas grand-chose ! » et re-mensonge ! Elle l’sait parfaitement, d’ailleurs. Mais ça m’dérange pas, parce qu’j’ai confiance en elle, j’sais qu’elle abusera jamais d’l’effet qu’elle continue à avoir sur moi, en dépit des années. « Pis d’abord, c’est pas juste ! », voici c’que j’finis par ajouter, sachant bien qu’ma précédente réplique n’a pas réussit à dépasser l’stade d’l’esbroufe pure et dure, « j’peux pas m’venger avec d’vieux uniformes moi ! ». Malheureusement pour moi, c’est vrai. D’une part, parce que j’ai été qu’dans des établissements publics, d’autre part parce qu’j’ai pas vraiment été du genre à faire parti de quelconques équipes sportives, aussi bien dans mon cursus scolaire qu’en dehors des bancs d’l’école. Les activités extra-scolaires coûtaient trop chers pour qu’mes parents s’permettent d’en payer à l’ensemble d’leurs marmailles, et les équipes scolaires, disons qu’j’ai vite fait une croix dessus. D’mes 8 ans jusqu’à ma rentrée au collège, j’étais dans l’équipe d’foot d’mon école, mais j’ai pas pu poursuivre au collège. A cause d’mon comportement assez explosif, qui faisait d’sacrées étincelles avec l’coach d’l’équipe. J’me suis rabattu sur l’basket d’mes 12 ans à mes 14 ans, ayant été contraint d’arrêter quand ma tumeur a commencé à s’manifester, et n’pouvant pas reprendre, même après qu’elle ait été identifiée. Mes parents craignaient qu’j’prenne des risques quelconques en m’fatiguant à faire rebondir l’ballon. Puis, par la suite, ils n’ont jamais voulu qu’j’réintègre une équipe quelconque, estimant qu’j’pouvais m’trouver trop faible à tout moment, et qu’ça pourrait m’faire prendre des risques inutiles ! Puis, quitte à dépenser d’l’énergie, selon eux, autant qu’ça soit à lutter contre ma maladie. Autant dire qu’j’avais dû batailler ferme pour qu’ils m’laissent quand même faire du sport, avec mes frères et mes potes, d’temps à autre. Il n’est pas impossible qu’Sarah n’ait pas plaidé en ma faveur, sans m’le dire, car les parents avaient finit par admettre qu’s’ils continuaient à m’limiter d’la sorte, mon comportement à la maison serait nuisible pour la famille, et qu’j’finirais par devenir fou, de voir mes journées s’composer uniquement des cours, des moments à étudier, d’instants à filer des coups d’main à la ferme (qui s’sont vus réduire, toujours parce que mes parents voulaient m’préserver !), ou d’séances à l’hôpital. Bref, tout ça pour dire qu’moi, malheureusement, j’peux plus rentrer dans mes anciens uniformes. C’est c’qui arrive, lorsqu’on fait pas la taille d’poche d’Gaëlle hein ! Après avoir terminé ma plainte, j’détourne ma tête à l’opposé d’là où s’trouve ma promise, pour regarder l’mur, feignant d’bouder. C’est surtout pour dissimuler mon nouveau sourire, qu’j’fais ça. Même le spectacle qu’j’aperçois à travers la fenêtre n’parvient à détourner mon attention d’ma future épouse : l’horizon commence à rougeoyer alors qu’le soleil disparaît lentement. J’ai bien plus intéressant à voir, allongée sur c’canapé, prenant ma cuisse comme un oreiller. « Dommage pour moi », qu’j’souffle alors, en tournant à nouveau ma tête, afin d’avoir Gaëlle dans mon champ d’vision, « va falloir qu’j’trouve un autre moyen d’me venger ! J’ai confiance ! ». Ah, qu’est-ce qu’j’peux dire comme conneries, j’sais, c’est bien c’qui vous intrigue en c’moment ! Comment pourrais-je réellement vouloir me venger d’une Gaëlle qui veut s’amuser de ma réaction en portant à nouveau, à l’avenir, sa tenue d’écolière ? D’autant plus que là, contrairement à l’époque, j’aurai pas à supporter les regards des mecs sur elle. Car ouais, c’était bien un truc qui m’agaçait autrefois : ainsi habillée, elle attirait encore plus les regards sur elle. Et j’savais très bien c’qu’ils pensaient, j’avais assez entendu mes potes m’bassiner, des années durant, sur l’effet qu’leur faisaient des nanas en uniformes, sans oublier qu’j’avais compris , grâce à Gaëlle, tout l’attrait d’ces uniformes, du coup, j’savais c’qui pouvaient bien travers leur esprit ! Et ça m’rendait parfois fou, d’voir ces mecs baver, pas forcément discrètement, sur ma petite-amie. C’est pour ça qu’à chaque fois qu’j’allais la voir devant son école, j’veillais toujours à l’embrasser devant ses camarades de classe, afin d’leur rafraîchir la mémoire sur l’fait qu’elle était déjà prise, qu’il était trop tard pour eux (et, sur c’coup-là, j’compatissais pas sur leur déconvenue !) Cette habitude m’avait valu d’être pas mal charrié par mes potes, d’ailleurs, car ils n’étaient pas habitués d’me voir démonstratif d’la sorte, et encore moins très possessif, avec mes autres conquêtes. J’les avais rapidement envoyé boulé, d’ailleurs, m’appréciant guère d’voir leurs sourires idiots poindre dès qu’Gaëlle arrivait vers nous et qu’ils étaient là, ou dès qu’l’un d’nos sujets d’conversations nous amenait à évoquer la blonde. Encore un truc qui m’étonnera, dans quelques mois, lorsqu’on gobera en masse les mots durs qu’j’balancerais sur Gaëlle, car la plupart des gens d’mon entourage ont rapidement remarqués la profonde affection qu’j’n’ai cessé d’éprouver pour elle, du moins, une fois qu’j’ai pu l’assumer réellement.

Décidément, c’soir, l’thème, c’est « tentons d’voir les multiples possibilités pour rendre Raph dingue », ou quoi ? Car après l’évocation de l’uniforme d’Gaëlle, nous voici en train d’parler d’ma fiancée s’roulant dans la neige, en sous-vêtements, afin d’avoir encore plus froid. J’sais qu’elle est folle d’mon corps (humour partiel), mais d’là à faire ça, juste pour s’réchauffer contre moi, quand même... Bon, allez, j’avoue, l’idée m’plaît bien. J’aime bien la neige, moi. Ca m’rappelle mon enfance, lorsqu’on faisait des batailles de boules de neige, avec mes frères, mes sœurs, mes cousins, mes cousines, et les aîné(e)s d’mes neveux et nièces. On faisait même des concours du plus beau bonhomme de neige, qu’j’gagnais assez facilement, d’ailleurs, mais ça aide d’avoir l’âme d’un sculpteur aussi. Quand y’avait assez d’neige, on s’construisait même des igloos, qui nous servaient d’cabanes quand on voulait s’isoler, et sous lesquels il nous arrivait même d’dormir, parfois. J’me souviens qu’une fois, pour les fêtes d’Noël d’mes 14 ans, on avait fait une tonne d’igloos dans l’champ l’plus proche d’la maison parentale, juste pour qu’on puisse tous dormir en dessous, parce qu’les années d’avant, on s’était bien trop engueulés pour savoir qui pourrait dormir sous les rares qu’on avait fait. Et qu’là, on voulait dormir, entre Edgecombe et avec quelques amis (qui nous avaient d’ailleurs aidé à la construction). C’qui, vu l’nombre d’gosses qu’on était, même si y’avait pas mal d’écarts d’âges entre nous, fait beaucoup d’igloos. C’qui avait valu qu’on surnomme c’champ « l’champ aux igloos », p’tit nom qu’on utilise toujours à l’heure actuelle. Les plus grands avaient promis d’surveiller les plus p’tits, cette nuit-là, on avait fait un énorme feu d’camp pour pouvoir s’réchauffer devant, on s’était nous-mêmes préparé à manger... Bref, cette soirée-là a toujours un p’tit goût d’aventure, même dans mon esprit d’adulte. On avait amené les chiens d’la famille avec nous, c’qui avait accentué quelque peu l’côté « nuit dans l’Grand Nord ». C’est p’têtre suite à cette nuit qu’j’ai eu l’envie d’aller m’balader dans c’coin-là, un jour, pour une p’tite semaine en traîneau. Bon, ça c’est pas fait, et ça s’fera sans doute jamais, mais ça m’plairait bien. On avait même pu inviter quelques amis, c’qui n’avait pas été si problématique qu’ça et n’avait pas engendré trop d’jalousie, du fait qu’on avait presque tous nos amis en commun, et qu’certains n’avaient pas été autorisés à rester. Alors qu’pourtant, on risquait rien, du fait d’la proximité avec la maison d’mes parents, la présence des chiens, et aussi les nombreux Edgecombe majeurs qui surveillaient la flopée d’enfants et d’ados qu’nous étions alors. On avait donc accès à la maison en cas d’besoin, largement d’quoi nourrir un régiment (d’toute façon, chez les Edgecombe, mourir de faim, c’est mission impossible tant on prépare toujours 10 fois trop d’bouffe !), et aussi une tonne d’couvertures pour les plus frileux d’entre nous. Comme ce fut l’cas d’Gaëlle. Car, bien évidement, elle avait été d’la partie ! On avait beaucoup ris, à cette occasion. Certains avaient dansés autour du feu, alors qu’d’autres chantaient (pas toujours juste), et jouaient d’la musique. On s’était fait griller quelques bonbons. On avait fait une bataille géante d’boules de neige. On s’était fait une partie d’foot nocturne. Dans la journée, on s’était même fait un peu de ski et d’luge (utile d’avoir un champ enneigé pour ça !) Bref, l’ambiance bon enfant avait rendu l’tout vraiment fun. Malheureusement, nous n’avions pas pu répéter l’truc par la suite, j’crois qu’la découverte d’ma tumeur avait plus nettement refroidie l’ambiance qu’la neige n’a jamais pu l’faire ! J’avais eu beau dire qu’ça n’était rien, qu’même si les parents n’voulaient plus qu’j’dorme dehors en hiver, les autres pouvaient l’faire : ils ont tous refusés. Tant pis ! Puis, quelques années après, y’a eu l’incendie déclenché par Oscar, c’qui a foutu un sacré coup au moral à l’ensemble du clan Edgecombe. Cela dit, ça m’donne une idée, faudra qu’on s’fasse ça un jour avec Gaëlle. J’ai bien envie d’réchauffer mon glaçon sous un igloo moi ! Même si elle s’amuse à soupirer d’la sorte, comme si elle était réellement dérangée d’me savoir aussi protecteur et parfois possessif à son encontre. J’sais qu’elle ne pense pas cela, qu’ça l’amuse juste d’faire comme si c’était vrai. Pis, d’toute façon, pour l’côté possessif, j’crois qu’on s’ressemble assez. Les regards qu’les autres peuvent lancer sur l’second peuvent être accepté par l’premier, tant qu’ils ne s’font pas trop insistants. Après, d’toute façon, on s’fait assez confiance pour savoir qu’on risque rien. Si y’a des couples qui finissent par tomber dans l’infidélité, j’pense qu’nous, on est bien loin d’ça, pour n’pas dire qu’ça n’arrivera jamais. Y’a une différence entre savoir qu’il existe d’autres personnes attirantes dans les environs et dans l’monde, et réellement passer à l’acte. Pis, d’toute façon, la seule qu’j’désire véritablement est à mes côtés. Donc, navrée mesdames, mais pour qu’j’finisse dans votre lit ou qu’j’vous invite dans l’mien, faudra m’faire un lavage d’cerveau pour m’faire oublier Gaëlle. Totalement ironique d’se dire que l’lavage d’cerveau sera pour Gaëlle, et qu’pour moi, il suffira juste d’croire que j’l’ai perdu pour de bon afin d’renier la promesse qu’j’m’étais fait d’jamais coucher avec une autre qu’elle. « Que si t'es de la partie. Je vais mourir de froid sinon ! » J’lève les yeux au ciel, signifiant ainsi qu’il est hors d’question qu’j’la laisse s’rouler dans la neige toute seule. Quoi que..... « Oh bah oui, je n'ai pas envie que le p'tit vieux du coin de la rue ne me voit en sous-vêtements. » Ah, sur c’coup-là, j’peux qu’approuver. Même si j’me méfierais pas que d’lui, dans l’voisinage. Y’a quelques célibataires, ou quelques ados, qui n’seraient sans doute pas contre l’idée d’se rincer l’œil, l’air de rien. Et ça m’gênerait, franchement, d’foutre en l’air les rapports d’bon voisinage qu’on a réussit à instaurer avec l’ensemble d’nos voisins, juste parce que certains n’savent pas regarder ailleurs à l’occasion. « T’sais qu’si j’me roule dans la neige aussi, ma température corporelle diminuera aussi, c’qui réduira mon pouvoir d’radiateur à blonde frigorifiée ! Pourtant, t’connais mon goût pour m’balader à poil hein ! », conclue-je avec un p’tit sourire. Ouais, l’côté exhib’, c’est pas trop mon délire, vous allez pas m’voir retirer mon haut en public pour m’changer devant tout l’monde s’il le faut, juste pour l’plaisir d’leur montrer mon torse (parfait, vu qu’c’est l’mien !). Bon, j’avoue, parfois, j’fais ça. A la maison. Juste pour jouer avec les nerfs d’Gaëlle. Mais... C’est différent. « Et pour éviter les curieux, j’ai plus simple : on s’fait une excursion en Alaska ou dans un pays d’ce style. Comme ça, tu t’vautres 2-3 fois quand on fait du traîneau, et moi, j’te soigne et t’réchauffe sous l’igloo ! ». Et paf, p’tite idée, lancée comme ça, l’air de rien, avec un p’tit sourire narquois. J’précise pas à Gaëlle qu’l’idée dormir dans un igloo avec elle m’plait assez, car j’lui ai déjà dis qu’j’regrettais qu’la seule fois où on a passé une nuit ensemble sous un igloo, on n’dormait pas dans l’même, parce qu’on n’était pas encore en couple, et qu’de toute façon, les plus vieux veillaient, d’leur mieux du moins, à c’que la mixité n’se fasse pas... Ils n’avaient pas été très efficaces, cela dit, car ça n’m’avait pas empêché d’quitter mon igloo pour aller retrouver ma p’tite amie d’l’époque, qui figurait parmi les invités extérieurs à la famille, dans un lieu défini au préalable et à l’abri des oreilles indiscrètes. C’est Josh qu’avait fini par nous griller, juste parce qu’il s’cherchait une planque pour fumer tranquille. J’précise pas à quel point il m’avait ouvertement charrié, par la suite, l’con, m’foutant la honte devant toute la bande que nous étions, et continuant cela pendant d’longues semaines ! « Non. Tu risquerais d'avoir trop de clientèle et plus suffisamment de temps pour moi. », m’rétorque Gaëlle, après qu’j’ai soumis l’idée d’devenir l’radiateur d’plusieurs personnes. Après tout, si j’suis si doué qu’ça, pourquoi priver d’autres personnes frileuses d’mon incroyable talent ? Faut être généreux, dans la vie, à c’qu’on dit ! Mais bon, j’comprends pas, l’idée n’plaît pas à ma fiancée, c’est vraiment étonnant ! Ah, bon sang, qu’il m’est compliqué d’garder mon sérieux face à la mimique qu’elle affiche en c’moment. J’savais pas qu’on jouait au « Voyons voir combien d’fois, en une seule soirée, Gaëlle peut donner envie à Raph de l’embrasser, et combien d’temps c’couillon va résister ! ». Non, parce que si on m’avait au moins prévenu, j’me serais mentalement préparé à résister à la fourberie d’ma kiné hein ! « Y'a des points sur lesquels j'aime bien être égoïste. Toi, par exemple. » Ah bah voilà, là, j’comprends tout d’suite mieux son raisonnement ! « Même pas négociable. » Faudrait qu’j’commence à compter combien d’mordillages de lèvre j’enchaîne depuis tout à l’heure, car en voilà un d’plus. Même si j’pense que celui-ci qu’j’endure en c’moment est p’têtre l’plus puissant qu’j’m’inflige depuis l’début d’la soirée. Mais bon, comment pourrait-il en aller autrement alors qu’Gaëlle vient indirectement d’me faire comprendre (comme si j’avais vraiment pu l’oublier) qu’j’appartenais déjà à quelqu’un (elle, pour les plus lents d’entre vous !) ? J’avoue qu’j’aime assez la voir balancer d’telles choses. Même si c’est pas nécessaire d’le dire, car j’le sais, c’est une certitude qu’j’ai en moi depuis toujours, même si je n’l’affiche « que » depuis prochainement 10 ans. Ouais, bientôt 10 ans. Dire qu’sans la folie d’Oscar, ça ferait donc bientôt une décennie qu’Gaëlle et moi sommes en couple. Mais non, à cause d’lui, on a été contraints d’faire une longue pause, pour mieux s’retrouver par la suite, heureusement. C’est p’têtre pour ça qu’avec Gaëlle, on a l’impression d’être un couple depuis des années (attention, là, j’parle juste du côté stabilité, pas d’une éventuelle lassitude hein !). Tout ça pour dire qu’on sait très bien qu’en dehors d’l’autre, on voit personne (et ce, dans tous les sens du terme.). « Oh, ça demandera juste un peu d’organisation, mais ça devrait aller, j’peux gérer ! », qu’j’explique en faisant d’grands gestes, tel un patron d’entreprise exposant une nouvelle stratégie d’vente à des clients particulièrement compliqués à satisfaire. « Mais bon, puisqu’t’es pas partageuse ! », ce disant, j’hausse les épaules, « c’qui n’est pas très généreux, t’sais ! », nouveau haussement d’épaules ponctué d’un petit regard moralisateur, du genre de celui qu’un adulte pourrait lancer à un enfant afin de lui faire comprendre l’importance du partage, « j’vais délaisser les autres frileuses du monde. Rien qu’pour tes beaux yeux, t’peux les remercier, d’ailleurs ! », car il est sûr que sans ça, j’aurai déjà été voir ailleurs, on y croit tous, bien entendu ! A croire qu’mon glaçon préféré n’est pas déjà contre moi. A croire qu’j’accepterais qu’une autre fille, qui n’ait pas d’patrimoine génétique en commun avec moi, vienne s’blottir contre moi. « Pis aussi parce qu’t’es pas mal, quand tu t’la joues propriétaire ! », qu’j’avoue dans un murmure, espérant presqu’elle n’l’entende pas, car elle en jouera (pas méchamment, j’le sais, mais pour m’faire craquer d’temps à autre). Sans oublier qu’j’ai quand même toujours du mal à m’étaler sur mes sentiments, à lui faire comprendre à quel point j’suis fou d’elle et à laisser entrapercevoir l’ampleur du pouvoir qu’elle peut exercer sur moi. Non pas parce qu’j’ai peur d’ce qu’elle pourra alors faire, juste parce qu’j’me trouve toujours excessivement maladroit en d’tels cas. Tout c’que j’peux alors lui dire m’paraît tellement mièvre, et bien faible en comparaison de c’que j’éprouve pour elle, qu’ça m’agace. Puis, l’étalage d’sentiments, c’est simplement un truc qui m’met mal à l’aise, c’est tout, c’est comme ça. Pour ça qu’j’préfère le lui faire savoir autrement, via des p’tites attentions qui peuvent être jugées totalement cons par certaines personnes, mais que j’sais qu’elle appréciera, par des p’tits regards ou des sourires qui sembleront anodins à quiconque ne m’connait pas, mais qui veulent pourtant dire beaucoup quand on m’connait assez. Ou encore juste grâce à mon cœur, qui m’trahit, encore et toujours, dès qu’elle m’touche, ou qu’elle joue d’ses charmes (volontairement ou pas), sur moi. Là, mon cœur s’met à tambouriner un peu plus vivement dans ma poitrine, juste parce que sa main m’effleure. Et ouais, c’est assez dingue, mais bien qu’nous soyons en couple depuis un moment déjà, l’moindre de ses faits et gestes continuent à m’troubler. J’me demande si ça cessera un jour. J’espère qu’non. D’toute façon, ça m’étonnerait, j’vois pas comment ça pourrait être l’cas. Même dans nos pires disputes, mon amour pour elle n’faiblit jamais, c’est tout juste s’il est partiellement obscurcit par mon énervement du moment. Il suffit qu’j’pose à nouveau l’regard sur elle, une fois la pression retombée, pour m’dire qu’il est con qu’on s’prenne la tête, il suffit qu’j’repense à mon désarroi lorsqu’elle est partie pour Londres après qu’son père ait foutu l’feu chez moi pour qu’j’me souvienne qu’rien n’vaut la peine qu’j’m’éloigne d’elle et qu’j’prenne l’risque d’la perdre à nouveau. Et puis, lorsqu’elle me regarde comme elle le fait en ce moment, là, mon cœur s’souvient qu’il n’cessera jamais d’lui appartenir. Bien qu’elle soit blonde et qu’normalement, j’préfère les brunes. « T'en fais pas, la palme du plus grand râleur de tous les temps te seras toujours réservée. » C’est bien l’une des rares personnes à s’moquer ainsi d’mon caractère d’râleur, qui pousse beaucoup d’individus à bout. Et ça a d’ailleurs l’mérite d’m’arracher un p’tit rire, qui est teinté d’fierté. J’aime bien faire chier mon monde, qu’ça plaise ou non. Rentrer dans l’moule, juste pour être accepté par l’plus grand nombre, ça n’sera jamais mon truc. Quand y’a un truc qui m’déplaît, j’le dis, pas forcément juste pour énerver les gens, juste parce qu’j’estime qu’c’est les critiques qi nous font avancer dans la vie. Et qu’l’hypocrisie, a perd critiquer les gens dans l’dos, ça sert à rien ! « Faut dire que ça manque cruellement de nominés pour ne pas avoir plus de suspense que ça. » Mon sourire s’transforme en moue prétendument boudeuse. « T’vois, là, t’as joué ta blonde, parce qu’t’aurais dû t’arrêter quand t’as parlé la palme qu’j’gagne haut la main ! Ca m’aurait empli d’fierté ! T’as dis qu’y’avait pas d’concurrence, ça enlève tout l’mérite ! ». Remarquez, même si y’avait plus d’concurrents, j’suis sûr qu’j’gagnerais quand même. J’suis un véritable chieur depuis toujours, et j’me suis entraîné des années durant pour affiner cet aspect-là d’ma personnalité ! Puis bon, j’sais bien qu’ça plaît à Gaëlle, d’me voir aussi borné et pénible que ça, tant qu’j’suis pas trop pénible avec elle, bien entendu ! J’suis d’ailleurs quasi-sûr qu’si j’avais été moins chieur, et donc, plus discret et effacé parmi la marmaille edgecombienne, elle ne m’aurait sans doute pas remarquée. P’têtre qu’à l’heure actuelle, elle serait en couple avec Riley, fiancée à lui, voire déjà mariée, et lui aurait p’têtre déjà donné des enfants. Même si cette possibilité m’fait plaisir car ça signifie qu’Riley serait encore en vie, elle m’déplaît fortement. J’pourrais donner plein d’choses pour qu’Riley n’ait pas brûlé dans cet incendie, mais j’serai certainement pas capable d’renoncer à Gaëlle pour ça. Désolé frangin, mais sur c’coup-là, j’joue mon crevard ! Ou alors, faudra remonter l’temps, pour changer l’cours des choses, et accéder à une réalité dans laquelle j’ai jamais goûté aux lèvres d’Gaëlle ni à la douceur d’son étreinte. Maintenant qu’j’en suis dépendant, il est hors d’question qu’j’y renonce. Mais bon, j’vais m’prendre une claque dans la gueule, quand Gaëlle sortira d’son coma, et finira par s’étonner de n’pas voir Riley à son chevet, persuadée qu’ils sont encore ensemble... Vous pouvez pas imaginer à quel point ça sera un crève-cœur pour moi que d’devoir lui annoncer la mort d’Riley. Presque aussi douloureux qu’de réaliser qu’elle aura alors oublié qu’nous avions été un couple, durant notre adolescence, car pour n’pas s’souvenir d’l’incendie, faut avoir oublié c’qui l’avait déclenché, à l’origine... Presque autant d’voir qu’elle ne finira par voir en moi qu’un ex, et rien d’autre... Par chance, avant d’en être à là, nous bénéficions d’encore quelques instants d’répit et d’insouciance, qu’j’mets à profit pour la taquiner à propos d’sa blondeur, et des préjugés qui sont liés à cette couleur de cheveux. Préjugés qui n’sont en rien avérés concernant ma fiancée, que ça soit dit : Gaëlle n’est en rien une jolie blonde idiote, suffit d’voir les références qu’elle s’amuse à sortir d’temps à autre, ça dénote quand même une certaine culture qui n’est pas au niveau d’tous ! Libre à vous d’penser cela, si ça vous chante, mais, si vous tenez à votre nez et à votre mâchoire, évitez d’le dire en face d’moi. Y’a qu’moi qui ait l’droit d’la taquiner sur l’sujet (et ses amis, bien entendu). Bon, par contre, l’seul qui soit en droit d’lui dire qu’la voir s’mordiller la lèvre lui fait un peu perdre les pédales, c’est moi et uniquement moi ! « Faudrait quand même que le daron Pierrafeu pense à bien refermer cette grotte pour m'éviter de fuguer, hein. » : qu’est-ce qu’j’disais, niveau références ! « Aïe ! », bah ouais, elle m’frappe, alors j’me plains. C’est qu’elle est violente, ma p’tite blonde hein ! J’précise, s’il en est besoin, qu’j’rigole hein ! « Pas grave : j’te courrais après ! Ou p’têtre même pas, j’te pisterais et j’attendrais qu’tu tombes ! », telle est l’idée qu’j’finis par suggérer à Gaëlle. J’cours plus vite qu’elle, d’toute façon. Pis elle est tellement maladroite qu’elle pourrait tomber en tâchant d’fuir. Bon, bien entendu, faudrait déjà qu’tout ça n’soit pas qu’un simple délire, hein ! Elle ne m’fuira jamais, pas pus qu’j’la fuirais un jour. Ou alors, c’est qu’le monde part en live, et qu’le ciel est en passe d’nous tomber sur la gueule. Parce que, d’mon point d’vue, y’a vraiment qu’un truc grave qui pourrait m’convaincre d’la laisser un jour. Et ça sera l’cas, à l’avenir... P’têtre qu’si Oscar avait su qu’il suffisait d’un accident d’voiture et d’une amnésie d’Gaëlle pour m’convaincre d’la laisser, il aurait tenter d’nous envoyer dans l’fossé avant. Vu à quel point c’type est malade, j’suis sûr qu’il en aurait tout à fait été capable ! « Une fausse blonde est plus difficile à apprivoiser qu'une vraie. J'espère que t'as conscience de cette lourde tâche qui t'attend. » J’secoue la tête, seule réponse d’ma part pour lui faire savoir qu’j’relève l’défi, et qu’celui-ci ne m’effraie pas l’moins du monde. Puis, entre nous deux, j’sais pas lequel est l’plus apprivoisé, pour être honnête. C’est qu’j’peux être têtu, quand j’suis déterminé à obtenir quelque chose ! « Désolée, mais je suis obligée de me mordre ma propre lèvre à défaut de pouvoir attaquer la tienne. Et ça fait quoi, si je continue ? ». Sur cette réplique, Gaëlle s’amuse à me provoquer. Oui, vous avez bien lu : à me provoquer. Jugez par vous-même : elle s’ingénie en effet à se mordre ostensiblement la lèvre (mon cerveau est en train de faire ses valises pour se tirer là), et même à frôler ma lèvre avec l’un de ses doigts (là, c’est bon, mon cerveau est absent). Pour ça qu’il m’faut un p’tit temps d’silence, l’temps d’retrouver l’fuyard, et être en mesure d’formuler une réplique cohérente. J’attrape la main d’Gaëlle pour mordiller doucement son doigt taquin : « C’est ça qui risque d’t’arriver, ma vieille ! », qu’j’annonce, une fois mon trouble passé. Gardant toujours sa main en otage (après tout, elle a bien mon autre main de captive, c’est un juste retour des choses, j’trouve !), j’ajoute : « Moi qui m’croyais préservé d’ton cannibalisme en tartinant d’temps à autre mon torse d’chocolat, va falloir qu’j’reconsidère la situation là ! ». J’arque alors un sourcil, non sans malice, tâchant d’afficher un air songeur, alors qu’j’espère juste avoir réussis à déstabiliser Gaëlle, autant qu’elle vient d’le faire. Ouais, c’est comme ça, entre nous : on alterne les moments où on s’vanne, avec d’autres durant lesquels on est sérieux, et d’autre qui nous voient occupés à chercher l’autre, afin d’tester sa résistance et s’amuser à l’faire céder. Pour être tout à fait honnête, il m’faut dire qu’c’est bien uniquement lors d’ces p’tits jeux dont j’viens d’faire mention à Gaëlle qu’j’en reviendrais presque à apprécier l’chocolat, moi qui en suis dégoûté depuis mes divers séjours à l’hôpital, au cours desquels on m’en offrait parfois bien trop ! Il faut cependant qu’j’précise une chose : j’préfère qu’Gaëlle l’mange sur moi plutôt qu’d’en manger à nouveau. J’perds pas Gaëlle du regard, bien désireux d’la voir rougir (espérant qu’cela s’produise). Toutefois, j’suis magnanime, j’lui rends donc sa main. N’étant, par contre, pas un prince charmant, j’me charge d’le lui faire savoir, via un discours macho savamment étudié, et dont je n’en pense pas un traître mot ! J’ai p’têtre été un peu trop présomptueux dans mes propos, car Gaëlle s’mordille, une fois d’plus, la lèvre. Elle veut vraiment m’faire perdre la tête, c’est ça ? « Arrête donc, t’vas être privé d’chocolat sinon ! ». Ouais, maintenant qu’j’ai trouvé c’délire, j’compte bien l’sortir souvent. Donc, plus d’chocolat pour Gaëlle, ni du chocolat « normal », ni d’torse chocolaté ! Voilà c’qu’elle encourt à s’mordiller ainsi ! Mais si elle veut vraiment jouer à c’jeu-là, on va être deux, j’me prive pas pour le lui dire d’ailleurs ! . « Non, je trouve que ça sonne très bien. Tu ne l'as pas écouté assez attentivement. Je vais te les répéter doucement, tend l'oreille une fois.. » j’secoue la tête en signe d’protestation, continuant à feindre mon désaccord, même lorsqu’elle s’met à articuler, très lentement : « Suprématie féminine. » J’l’observe, une moue intriguée sur l’visage, pour finir par lui demander, comme si la question venait vraiment d’me traverser l’esprit : « T’es capable d’m’épeler ces mots ? », avec toute l’espièglerie dont j’suis capable. Etant donné qu’j’m’amuse, depuis quelques minutes, à la vanner sur sa blondeur, autant continuer sur la lancée, bien qu’j’sois loin d’penser qu’ma promise soit écervelée. C’est juste qu’parfois, c’est drôle d’jouer au con, macho et plein d’préjugés ! « Ne jamais dire jamais, mon p'tit chat. » C’surnom m’amuse, l’parfait reflet d’la connerie dont notre couple sait faire preuve. Cependant, j’feins d’me rebeller contre c’surnom en lui tirant la langue. Puis si, si j’veux dire « jamais », j’dirai jamais, voilà tout ! Peu importe l’surnom ridicule qu’elle s’plaira à m’sortir ! « Palpatine peut tranquillement retourner manger son cookie lorsque tu auras décidé de me déstabiliser. J'donne pas cher de ma peau. Tu passerais sans gêne du Côté Obscur. » S’il est vrai qu’rire augmente l’espérance d’vie, j’crois qu’on a pas trop d’soucis à s’faire, tous les deux, vu qu’on passe beaucoup d’temps à faire rire l’autre, comme vient d’le faire Gaëlle avec sa nouvelle référence sur Star Wars (heureusement qu’on doit pas payer des droits d’auteur dès qu’on évoque un film ou autre, car ça arrive souvent entre nous !). « Serais-tu en train d’capituler par anticipation ? ». La question mérite d’être posée, j’trouve. « Dommage, j’aime bien t’voir tenter d’résister pour finir par m’céder. ». Bon, allez, j’suis gentil, j’avoue qu’c’est l’un d’mes péché mignon ! Même si j’aime bien lorsqu’la situation est inversée, en fait, rien qu’pour voir la fierté traverser l’regard azur d’Gaëlle. Après, faut avouer qu’on n’est pas très résistants face à l’autre, ni elle, ni moi, sur c’niveau-là, on s’vaut, lorsqu’l’autre veut vraiment nous faire craquer, et il arrive même qu’la situation s’inverse soudainement, la proie devenant l’chasseur, comme dans un jeu d’provocation.

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MessageSujet: Re: Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back]   Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. [Gaëlle - Flash-back] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 2:34
Gaëlle ∞ Raphaël
Never had much faith in love or miracles. Never wanna put my heart on the line. But swimming in your world is something spiritual. I'm born again every time you spend the night. Cause your sex takes me to paradise. Yeah your sex takes me to paradise & it shows, yeah, yeah, yeah. Cause you make feel like I've been locked out of heaven for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long. You bring me to my knees, you make me testify, you can make a sinner change his ways. Open up your gates cause I can't wait to see the light & right there is where I wanna stay. Can I just stay here spend the rest of my days here? Cause you make feel like I've been locked out of heaven, for too long, for too long. Yeah you make feel like, I've been locked out of heaven, for too long, for too long.


Les plantes, c’est p’têtre bien ma seule contribution à la décoration d’la maison. Tout c’qui est design ou mobilier, j’m’en fous. Tant qu’ça reste fonctionnel et qu’les couleurs n’jurent pas ensemble, ça m’va. Oui, même dans d’tels cas, surtout dans d’tels cas, d’ailleurs, l’artiste qui sommeille en moi s’agite aisément. On pourrait croire qu’j’m’amuse à afficher certaines d’mes œuvres, peu importe leurs supports, mais il n’en est rien. Sauf si Gaëlle y tient particulièrement, bien entendu, ou qu’c’est des trucs qu’j’ai fais afin d’les lui offrir. Mais, sans ça, mes œuvres n’se trouvent pas vraiment chez nous, pour la déco. Disons qu’j’aime rarement c’que j’fais au point d’les afficher avec fierté. Et qu’j’manque p’têtre d’égocentrisme au point d’les voir au quotidien. Tâcher d’flatter son talent d’la sorte, en jouant les faux modestes lorsqu’des gens s’interrogent sur l’artiste qui a fait ça, c’est tout sauf mon délire. Partir indirectement à la pêche aux compliments, c’est pas non plus ma came ! Donc, ma seule participation à la décoration intérieure réside en ma gestion des plantes. C’qui m’permet aussi d’garder la main verte, car j’perds pas espoir qu’un jour, Gaëlle et moi posséderons une maison, avec un jardin potager, que j’gérerais avec nos gosses, afin d’leur donner l’goût et l’respect d’la nature, mais aussi qu’ils mangent quelques fruits et légumes sains. Puis c’est un bon moyen d’canaliser son énergie, que d’la dépenser pour aider à nourrir les siens. J’apprécierais aussi grandement qu’il m’soit possible d’construire une cabane dans un arbre d’notre cour (car ouais, il faut aussi qu’on ait une cour dans laquelle nos enfants pourront jouer !). J’sais qu’James prendra un grand plaisir à m’apporter son aide d’menuisier pour qu’cette cabane soit encore plus belle qu’celle qu’mon père, Remiel, Mickaïl et lui ont construites, lorsqu’mes trois aînés étaient encore enfants. Qu’est-ce qu’on a pu y passer du temps, dans cette cabane, d’ailleurs, avec mes frères et sœurs ! Cabane qui nous a également servie d’refuge, avec Gaëlle, lorsqu’on voulait s’voir, sans être entourés d’Edgecombe et s’éloigner d’son père. Donc, pour en revenir aux plantes : m’en occuper m’permet de n’pas perdre ma main verte, pour l’avenir qu’j’veux bâtir avec elle et avec nos enfants. Quand bien même Gaëlle préfère un plaid à moi, comme elle vient plus ou moins d’le laisser à entendre ! Et lorsque j’le lui fais remarquer, elle a l’culot d’paraître surprise, et d’me tirer la langue ! Non mais oh ! Pour la peine, j’cache son visage, elle n’mérite que ça, mais même là, elle proteste, la sale gosse, en tentant d’enlever ma main d’son visage. Ma langue claque contre mon palais pour montrer mon prétendu agacement, alors qu’j’libère enfin son visage, juste parce qu’j’préfère l’voir entièrement afin d’profiter d’son sourire et du p’tit vent d’folie qui illumine son regard. « Tant que ça ne décrit pas un fantasme inavoué, moi.. Ca me va. Sinon, évite les cactus, quand même, hein ! » C’est officiel : j’vais épouser une folle ! J’ignorais qu’elle était totalement cinglée, j’viens juste d’en prendre conscience ! (Bon, OK, j’déconne p’têtre en fait, c’est son p’tit grain d’folie qui a contribué à m’séduire chez elle. Même si, en fait, il m’faudrait des heures pour énumérer tout c’qui m’a attiré chez elle !). « T’sais quoi, j’préfère même pas savoir à quel fantasme inavoué tu viens d’penser avec un cactus ! ». Fallait bien qu’j’le dise, tout d’même. Bien qu’là, elle m’a mis l’doute, va p’têtre falloir qu’on aille consulter un psy pour en apprendre plus sur nous et notre folie, nan ? Ou p’têtre pas en fait.... « Au moins, on sort un peu des cas d'école trop banals. » C’est vrai qu’elle marque un point, sur c’coup-là. Cependant, à savoir s’ils sont vraiment aptes à gérer des patients tels que nous ! J’en suis pas sûr ! D’ma main libre, j’fais l’signe universel signifiant « mouais, pas sûr », montrant bien qu’j’suis pas totalement convaincu par cela, mais qu’j’réfute pas pour autant son argument. « Ca devrait pourtant te faire plaisir, si j'te dis que tu es mon plaid préféré. » Ca m’arrache un sourire d’fierté. C’est vrai, c’est pas tout l’monde qui peut s’vanter d’avoir un glaçon qui l’préfère à un plaid bien chaud hein ! « Et face aux plantes, c'est une concurrence déloyale ! » Ah, ça lui va bien, d’parler d’concurrence déloyale. Même l’café et l’art n’parviendront jamais à m’détourner d’Gaëlle. Mais ça, j’estime qu’elle l’sait assez, pas besoin d’le lui dire, d’abord (oui, c’est très puérile comme raisonnement, j’vous l’concède ! Mais j’ai jamais dis qu’j’étais d’une maturité folle non plus !). « Ca va, tu t’es parfaitement rattrapée ! J’accepte d’te servir d’plaid pour les années à venir ! Puis t’sais, les plantes, j’les aime bien, mais... Redoute plutôt l’jour où on pourra enfin faire rougir les plantes ! D’ici-là, t’as pas d’soucis à t’faire ! » Car ouais, j’l’ai p’têtre pas assez dit, mais j’adore faire rougir ma Gaëlle. Puis, les plantes, contrairement à ma kiné préférée, n’savent pas dire des conneries ni m’faire la morale avec humour, comme elle vient d’le faire à propos d’ma manie d’lui tirer la langue d’temps à autre. « Ce serait bien d'avoir une petite vache. Une avec de belles tâches brunes ! », m’fait savoir Gaëlle, rebondissant à la pique qu’j’ai indirectement lancé aux fans des Edgecombe, qui ont grandis, selon eux, parmi leurs animaux. Un sourire, attendri, cette fois, apparait sur mon visage. Cette demande ne m’étonne même pas d’Gaëlle, l’amour des animaux est l’un d’nos points communs. « Si t’veux ! J’sais où on pourrait en trouver une ! », dis-je, en tentant d’afficher un p’tit air mystérieux du mec qui a ses adresses, alors qu’il est clair qu’j’fais allusion à la ferme familiale. J’ai aucun doute sur l’fait qu’les Edgecombe n’seront pas ravis d’nous céder l’une d’leur vache. « Vu tous les animaux qu’on aimerait avoir, va nous falloir une sacrée propriété ! ». Et très certainement qu’on quitte Londres, ou alors, qu’on s’en éloigne un peu. Mais ça, ça m’dérange pas l’moins du monde. Au contraire, j’dois avouer qu’j’préfère la vie campagnarde, à la vie citadine (du moins, lorsqu’celle-ci est dans une grande ville. Ouais, j’suis u mec d’la campagne, moi, et j’le revendique !) Remarquez, vu la famille nombreuse qu’on aimerait avoir, il nous faudra, d’toute façon, une grande maison, alors autant avoir une belle cour et un beau jardin pour aller avec, ainsi qu’de l’espace pour les animaux qu’on aimerait avoir. Et là, pour le coup, si j’sais qu’Gaëlle n’a pas la main verte et n’viendra donc pas filer un coup d’main dans l’jardin, avec les animaux, il en sera autrement. Avec tout ça, si nos gosses n’aiment pas la nature, c’est à ne rien y comprendre ! L’sujet dérive par la suite sur quelque chose d’moins neutre, vu qu’on parle de douche, d’course, d’portage, et d’leçon sur l’fait qu’tirer la langue, c’est malpoli. Evidement, concernant l’dernier point, ma future épouse feint d’prétendre qu’elle n’tire jamais la langue. Cela dit, lorsqu’j’évoque la possibilité d’la porter, dès à présent, pour aller jusqu’à la douche, l’idée n’semble pas lui déplaire, à en croire la lueur qui s’met à s’ajouter dans son regard. Et là, croyez-moi, il m’faut faire preuve d’beaucoup d’self-control pour n’pas céder à mon envie d’la porter, comme un sac d’patates (pour coller à ma « menace » précédente), et nous amener tous deux sous la douche. « T'es même pas cap.. » Oulà, c’est qu’elle m’défie en plus, elle s’est même mordillée la lèvre un peu plus tôt.... « ‘tention Gaëlle, à force d’me chercher, t’vas m’trouver hein ! ». Autant qu’ça soit dit hein ! Bon, par contre, j’précise pas quand elle m’trouvera, elle l’verra bien. Car ouais, pour la peine, j’la préviendrais pas, voilà. Comme ça, au moins, j’pourrais voir s’il est vraiment besoin d’la prévenir, comme c’qu’elle a laissé à entendre il y a quelques minutes d’cela. J’ponctue ma réplique d’une pichenette sur son nez, comme pour lui faire comprendre que m’défier, c’est jouer avec le feu. Mais bon, si elle veut s’brûler, moi, j’y vois pas d’objections, loin d’là ! « C'était pour te montrer le parfait exemple à ne pas suivre, en fait. Tirer la langue comme tu l'as fais, ça m'a juste donné envie de l'attaquer de mes dents. » Mais c’est qu’elle insiste avec son anthropophagie ! Va falloir que j’me méfie d’elle ! J’écarquille les yeux, mimant d’être ainsi hautement scandalisé par son attitude. « Prépare-toi à dire au revoir au chocolat ! », qu’j’murmure entre mes lèvres, juste assez fort pour qu’elle m’entende. « Et ça, c'est pas fair-play. Je serai obligée de me redresser et de quitter mon p'tit confort. » Avec peine, j’me retiens d’me mordiller la lèvre, uniquement pour la provoquer. Cela dit, avec c’que j’finis par lui dire, on peut pas prétendre qu’je n’la provoque pas l’moins du monde : « Ouais, mais ça en vaudrait la peine, nan ? », qu’j’demande, comme un gamin qui cherche à savoir s’il a bien fait. D’toute façon, qu’elle cherche pas, j’ai décrété qu’ce soir, si y’en avait un d’nous qui devait craquer, ça serait elle ! Non mais oh ! « Pis, j'te ferai dire qu'il n'y a jamais trop de luxe pour une princesse ! » C’est à mon tour d’soupirer, à croire qu’j’en reviens pas d’c’qu’elle ose balancer, alors qu’c’est pas l’cas du tout. C’est qu’elle devient très douée pour dire des conneries et rentrer dans les divers rôles qu’elle feint avoir, au cours d’nos délires. « Et franchement .. Comme si t'allais résister à l'envie de me prendre dans tes bras pour qu'on soit plus rapidement rentrés tout en évitant de finir aux urgences dans nos si belles tenues. » Ma main libre s’pose sur ma mâchoire, dans un geste indiquant la profonde réflexion dans laquelle sa remarque vient d’me poser. C’est une excellente remarque, ça, même si.... « T’sais qu’avec c’que t’viens d’me dire, j’crois qu’va falloir qu’j’te porte durant tout l’mariage, quand t’seras pas assise ? J’ai pas envie qu’tu t’casses la gueule moi, M’dame la reine des maladroites ! ». Pas sûr qu’j’irai jusqu’à cette extrémité-là, par contre. Elle devra faire d’son mieux pour éviter les chutes. Bon, par contre, j’avoue qu’il est possible qu’j’initie l’mouvement visant à rentrer chez nous relativement tôt. D’une part parce que les réunions d’famille d’grandes ampleurs d’ce genre n’ont jamais été mon fort, et qu’là, niveau monde, on sera servit, rien qu’avec l’ensemble des Edgecombe et des pièces rapportés, sans compter nos amis ! D’autre part parce qu’j’sais parfaitement que c’jour-là, j’risque de n’pas voir beaucoup Gaëlle, car on sera tous deux sollicités d’part et d’autre. Puis, les rares fois où on sera ensemble, on sera l’centre de l’attention d’la plupart des gens, et ça m’mettra mal à l’aise, à la longue. Cela a déjà été dis, mais les effusions d’affections en public, j’aime pas trop. Hors, là j’devrais m’y plier d’temps à autre, mais sans vraiment m’sentir à l’aise. Alors ouais, j’avoue, j’serai certainement pressé d’me retrouver seule avec Gaëlle, juste pour profiter d’elle sans sentir les regards d’nos proches s’poser sur nous. « Quand tu veux, j'suis prête. J'ai quoi, en échange ? », m’demande Gaëlle, après qu’j’ai fais ma remarque sur l’égalité des sexes et l’fait qu’elle devrait m’porter jusqu’à la douche un jour. Une fois d’plus, elle parvient à m’faire rire, parce qu’elle parait vraiment prête à relever c’défi haut-la-main. « J’te dirai bien qu’tu m’auras moi, mais étant qu’c’est déjà l’cas, bah... J’sais pas... T’veux quoi ? », j’laisse planer un p’tit temps d’silence, avant d’ajouter, comme si j’venais d’avoir une éclaire d’génie, « l’plaid dont tu m’parlais tout à l’heure ? ». C’est bien parce qu’nous rebondissons toujours sur la folie d’l’autre qu’j’ai autant foi en notre couple et en notre capacité à rebondir sur toutes les difficultés qu’la vie pourra nous imposer. Puis bon, vous en connaissez beaucoup, vous, des femmes capables d’supporter des conneries telles qu’celles qu’j’peux lancer en permanence, et d’surenchérir d’la sorte ? Oui ? Bah, tant mieux pour vous, j’vous les laisse, moi, j’ai trouvé la seule qu’j’voulais et qu’j’voudrais jamais jusqu’à ma mort ! Parce qu’Gaëlle, en plus d’poursuivre mes conneries, continue à m’dispenser quelques gestes tendres, c’qui a l’mérite d’me faire fondre inlassablement, à l’instar d’son pouce qui caresse ma joue. « Toi, tu vas être chargé de cuisine pendant une semaine.. », me menace-t-elle après qu’j’ai prétendu qu’j’ferai bien un autodafé, et qu’elle s’est amusée à prétendre être outrée par mon pseudo refus d’la soigner lorsqu’elle sera malade à l’avenir. Impossible qu’une telle chose arrive ! J’tâchais déjà d’le faire durant notre adolescence, essayant surtout d’aider à une guérison plus rapide des nouvelles plaies qu’lui avait infligées son père. C’qu’a sans doute contribué au fait qu’j’les connaisse par cœur, en fait, au point même d’me souvenir d’l’origine d’certaines d’entre elles. Comme quoi, s’battre souvent a du bon, étant donné qu’on m’avait souvent soigné, j’savais quel produit utiliser ou non. J’me souviens du crève-cœur qu’c’était pour moi d’la voir tressaillir alors qu’j’tentais, en douceur, d’la soigner. C’est incontestablement depuis cette époque qu’mon réflexe premier, lorsqu’j’la prends dans mes bras, c’est d’la serrer avec autant d’douceur qu’si elle était la chose la plus fragile qu’il m’ait été donné d’voir. Mais bon, lorsqu’on a eu l’malheur d’serrer sa copine un peu trop fort dans ses bras au point d’lui faire mal à ses plaies dans l’dos, on s’montre tout d’suite plus attentionné. « Et pas de feintes en appelant les restos ! », précise Gaëlle, m’faisant en douceur revenir à ses côtés. Si jusqu’alors, sa menace n’m’avait pas effrayé, là, j’avoue qu’j’pince mes lèvres, boudeur. « Tu te mettras vite à genoux pour supplier ta femme si oisive de reprendre son activité. » Qu’à cela n’tienne, j’ai une autre idée ! « M’en fous, j’appellerais Gabriel à l’aide pour qu’il m’donne des astuces pour préparer des repas, bons et pas prises de tête à faire ! ». Autant qu’ça serve d’avoir un cousin qui a été restaurateur quelques années, avant d’devenir traiteur ! « J’veillerais juste à pas faire des choses trop bonnes pour éviter qu’ma femme, comme tu dis, prenne trop goût à l’oisiveté ! », conclue-je avec un p’tit sourire en coin. D’l’extérieur, si on peut nous voir et nous entendre c’soir, j’dois réellement avoir l’air d’un sale connard d’macho, j’pense. Mais, comme j’l’ai dis un peu plus tôt : j’m’en cogne d’c’qu’on pense de moi ! Ma main, prisonnière depuis un long moment déjà, s’voit enfin offrir la liberté dont elle rêvait depuis un long moment à présent. Elle s’hisse alors jusqu’à mon crâne, pour errer quelques instants dans mes cheveux, avant que j’ne finisse par m’étirer, posant mes bras sur le haut du dossier. « Dommage, t'es pourtant un bon médecin. », m’dit alors Gaëlle. « Ouais, j’sais, mais c’est qu’j’ai étudié longtemps pour aussi ! ». Oh, qu’c’est bon d’feindre de s’la raconter, d’temps à autre. Assez tristement, on peut faire remarquer d’ailleurs qu’dans quelques temps, elle préférera un autre médecin à moi, et cette fois, ça sera véritablement son métier....

A nouveau, sa maladresse est mise sur l’tapis. Nouvelle occasion d’la taquiner pour ma part, même si, ce faisant, j’utilise mon côté protecteur ? Pas d’ma faute, j’ai envie d’la protéger depuis presque aussi loin qu’j’me souvienne, alors bon... J’ai longtemps feint d’penser qu’c’était uniquement parce qu’à force d’la voir, j’avais finis par la considérer comme une sœur, mais j’ai dû m’faire une raison. C’qui n’fut pas facile pour moi, lorsqu’j’ai lentement pris conscience que j’la voyais vraiment pas une sœur. Ca m’a d’ailleurs mis mal à l’aise, et donner l’impression d’être... presque un monstre, en fait, car j’estimais anormal d’être attiré par elle, qu’la plupart des Edgecombe considéraient comme faisant partie d’la famille. Puis, à l’époque, notre p’tit écart d’âge m’mettait encore plus mal à l’aise. Alors ouais, tout ça a contribué au fait qu’j’ai fais d’mon mieux pour étouffer c’que j’éprouvais pour elle à l’époque. Puis la vie a fait qu’on s’est rapproché un peu plus, qu’j’ai même appris par Riley ce qu’Oscar lui faisait vivre, et là, ça a décuplé mon envie d’veiller sur elle. Et plus j’me rapprochais d’elle, plus j’réalisais qu’j’arriverais pas à m’la sortir d’l’esprit, en dépit du fait qu’elle était en couple avec Riley. J’vous cache pas qu’ces années-là furent atroces pour moi. « T'es sympa de dire dans les jours à venir.. Ca peut se produire dès les prochaines heures, cet harcèlement-là. », s’plaint Gaëlle tout en montrant des signes d’faim. « Si j'ai le droit à un bisou magique, promis, je ne me plaindrais pas. », explique-t-elle en m’envoyant un baiser. C’qui m’fait lever les yeux au ciel (sa connerie, pas l’envoie du baiser !). « Clown va ! Là, t’risques rien, t’es la larve sur l’canapé ! L’sol n’ira quand même jusqu’au canapé pour s’en prendre à toi. », j’me mordille les lèvres, hésitant à ajouter un autre truc, mais, au final, j’résiste pas longtemps : « T’dis juste ça pour qu’j’te porte jusqu’à la douche tout à l’heure puis jusqu’à la chambre après ? ». L’pire, c’est qu’j’suis capable d’le faire. Bon, en mode « Gaëlle l’sac à patates », par contre, comme annoncé un peu plus tôt dans la soirée. Rien qu’pour l’embêter d’réussir à m’faire plier à ses envies. Heureusement qu’Flavien, qui bénéficie pourtant d’mes confidences, n’sait pas à quel point cela est vrai, sinon, j’suis sûr qu’il m’vannerait à fond, à chaque fois qu’on s’voit. Y’a qu’Gab et Erin qui soient au courant d’cela, mais faut dire qu’à eux, j’dis presque tout, depuis des années maintenant, et qu’ils ont vus notre couple, dès sa naissance, qu’ils étaient déjà à mes côtés alors qu’j’tentais d’convaincre mon cœur d’suivre mon cerveau en oubliant Gaëlle. Ils ont contribués à m’faire prendre conscience qu’j’finirais tôt ou tard par craquer. C’est sans doute grâce à eux qu’j’ai réussis à céder à mon envie d’répondre au baiser qu’Gaëlle a finit par m’donner, et à m’lancer dans une histoire avec elle, car sans eux, j’pense qu’j’aurai pas eu l’cran d’faire tout ça. Par manque d’courage face à ce qu’tout cela impliquerait. Mais, pour en revenir à Flavien, bien qu’il n’figure pas parmi mes meilleurs amis, il n’en est pourtant pas loin, et m’est souvent d’bons conseils. Parfois, on s’prend la tête, bien souvent lorsqu’j’lui demande c’qu’il fout avec sa copine. Car vous l’savez, j’suis honnête, et j’lui ai jamais caché qu’pour moi, elle ne l’mérite pas. Du coup, on a fini, par un accord tacite, d’arrêter d’parler d’nos p’tites amies respectives au boulot, du moins, quand il n’y avait pas d’problème d’couple sur lesquels on avait besoin d’conseils. Bref, après avoir convenu d’inviter Flavien prochainement (faudra qu’j’vois avec lui demain quand il sera dispo d’ailleurs), on discute des pauvres brunes qui doivent forcément regretter de n’pas pouvoir bénéficier d’mon corps d’Apollon (humour !). « Hum.. T'as pas tord. Les rues de Londres, et même bien plus encore, doivent être remplies de brunes qui veulent me faire la peau. » Vous voyez, même Gaëlle approuve mes propos, ça veut bien dire qu’j’suis trop canon pour qu’on n’se retourne pas sur mon passage ! « Sur c’coup-là, par contre, j’te laisse t’défendre seule ! ». Bah ouais, j’ai pour principe d’jamais lever la main sur une femme, peu importe l’offense commise. « Elles me font pas peur. J'saurai défendre ma place sous la couverture. », voilà qui est donc réglé, Gaëlle s’défendra toute seule. L’idée m’fait sourire, d’ailleurs, montrant bien à quel point j’aime assez la perspective d’une Gaëlle s’battant becs et ongles pour virer ses hypothétiques concurrentes (qui n’seront ses concurrentes que dans leurs têtes, par contre !). Y’a p’têtre certains mecs qui n’supportent pas d’voir qu’leurs petites amies peuvent faire preuve d’possessivité les concernant, moi, ça m’dérange pas l’moins du monde. Au moins, ça prouve qu’Gaëlle tient à moi, même si j’sais qu’elle m’fait tout autant confiance que moi j’lui fais confiance. Mais bon, la possessivité est un truc qu’on trouve en l’un comme en l’autre, alors bon... « Ah ouais, qu’sous la couverture ? Ca veut dire qu’j’peux tomber raide dingue amoureux d’une brune et qu’ça te fera rien ? C’est bon à savoir ! », finis-je par demander, tentant d’conserver mon sérieux l’plus longtemps possible, mais cela m’est difficile, un sourire n’tarde pas à apparaître tant cette question est hautement idiote, qui m'permet quand même d'lancer une nouvelle évocation d'mes sentiments pour Gaëlle l'air de rien. Par la suite, j’mets en garde ma future épouse sur les dangers  pour mon cœur d’apparaître devant moi en étant trop sexy, c’qui semble, prétendument du moins, l’inquiéter. .. « T'en fais donc pas. Je sais comment le relancer si besoin. » J’hausse un sourcil, feignant d’être anxieux quant à ses talents. « T’es sûre d’ton coup ? T’as pas besoin d’t’entraîner un peu plus ? Nan parce que tu vois, j’connais quelqu’un qui serait ravi de t’servir d’cobaye pour t’exercer hein ! ». Idée lancée juste comme ça, bien entendu, on y croit tous réellement. Mais bon, on plaisante pas avec les premiers secours, tout d’même. « Bon, t'as gagné. Ca sera pas trop. Ce que je ne ferai pas pour te garder plus longtemps avec moi. » Ma main, la plus proche d’Gaëlle, descend du rebord du canapé, pour glisser sur la sienne, s’trouvant sur son ventre. « T’es trop gentille avec moi ! », même si j’me retiens d’souligner mon doute quant à sa capacité à pouvoir n’pas être trop sexy. D’mon point d’vue, elle l’est toujours beaucoup, alors bon... Mais j’sais c’que vous allez dire, j’suis d’parti pris ! Cependant... regardez donc Gaëlle. Enfin, pas trop, tout d’même, ça m’embêterait d’devoir tous vous retrouver pour vous refaire le portrait !

La simple idée d’être père fait battre mon cœur comme jamais. Pourtant, j’croyais qu’il en avait déjà vu, à force d’s’agiter face à Gaëlle, mais non, faut croire qu’il avait encore d’l’énergie en réserve, pour tambouriner avec une telle intensité dans ma poitrine. Enfin, j’précise : c’est l’fait d’avoir un enfant avec Gaëlle qui m’met dans un tel état. Lorsqu’Loan m’annoncera la même nouvelle, dans d’nombreux mois, ça m’fera pas l’même effet. Ca m’apparaîtra bien plus désespéré, en fait. Pour elle, parce qu’elle n’parviendra pas à s’résoudre à l’idée d’avorter, tant son désir d’enfanter est grand, et tant elle galère à trouver un homme digne d’fonder une famille avec elle. Pour moi, car j’y verrais là ma seule et unique chance d’avoir un jour un enfant, alors qu’la tumeur fera son retour en moi, et qu’le désespoir m’étreindra l’âme comme jamais en retrouvant une Gaëlle, sur l’point d’en épouser un autre. Enfin... Avec Gaëlle, pour l’moment, on a un débat pour savoir comment on évolue, en vieillissant. Pour ma part, on retombe en enfance. J’ai pu l’voir avec mes parents et mes oncles et tantes, ils finissent tous par s’comporter comme s’ils avaient encore 20 ans. Enfin, pour mon père, c’est différent, mais pour l’instant, on l’sait pas. On commence à s’poser quelques légères questions, car il agit d’manière un peu étrange, d’temps à autre, mais ça reste tellement rare qu’pour l’heure, ça n’est pas vraiment alarmant. Puis bon, parvenir à s’dire qu’son père peut être atteint d’Alzheimer, ça n’est pas facile à atteindre, comme conclusion ! Faut dire qu’mon père, d’aussi loin qu’j’m’en souvienne, ça a toujours été un homme capable d’courir partout, pour bosser à la ferme, pour aider sa femme, pour passer un peu d’temps avec ses enfants. Alors, s’propulser à celui qu’il pourra être à cause de cette maladie, c’est un grand écart qu’aucun des Edgecombe n’est prêt à faire, pour l’instant. Et, malheureusement, lorsque l’verdict tombera, j’ne pourrais même pas bénéficier d’la présence rassurante d’Gaëlle, car l’amnésie m’l’aura volée. Autant dire qu’les mois qui m’attendent n’s’annoncent guère agréables pour moi, et mettront ainsi à rude épreuve mon endurance à résister aux saloperies qu’la vie peut réserver. « Ca promet.. Dis, ça passe dans les vices cachés, tu crois ? » Bonne question... « Faudrait qu’on aille voir un avocat, tiens ! Comme ça, on préparera un contrat d’mariage en béton ! », que j’suggère avec force, limite j’crois vraiment qu’c’est la seule chose à faire pour éviter toutes mauvaises surprises, et ainsi, nous préparer une belle porte de secours. Il n’en est rien, bien évidemment. Pour l’meilleur comme pour l’pire, j’veux unir ma vie à celle d’la femme qui m’sert d’oreiller pour l’instant, et qui porte mon enfant. Même si cette femme est un p’tit boulet souvent gelé qui m’pique parfois la vedette sur nos photos ! Et qui refuse visiblement d’me raser un jour, c’qui m’choque profondément (à comprendre : pas du tout !). « Tu vas devoir attendre un bon moment alors. T'être pas jusqu'à ressembler à ce fameux Père Noël quoique.. » J’pousse un soupir, qu’j’jumelle avec une p’tite moue boudeuse et attristée. « Tu prends des risques. T'en es bien conscient ? Mais, ça fera encore plus artiste comme ça, hein. » J’ferme les yeux, amusé par sa connerie. « T’sais que comme ça », dis-je en rouvrant les yeux, « t’vas surtout finir avec l’Père Noël à la maison, hein ! J’suis capable d’cesser d’me raser rien qu’pour t’voir craquer et t’en occuper toi-même ! ». Bon, OK, j’joue avec le feu là, j’en ai conscience, car j’ai la chance d’avoir une fiancée tellement raide dingue d’moi qu’elle m’trouve canon avec ou sans barbe, peu importe la durée d’vie d’la barbe, d’ailleurs. « Faudra qu’tu t’entraînes pour l’jour où j’pourrais plus m’raser tout seul, tellement j’serais vieux. Et fatigué d’tes conneries ! » L’ajout était fort utile, j’trouve, car fort débile et totalement non pensé. Puis bon, après tout, j’suis pas à l’abri d’une nouvelle rechute d’ma tumeur, alors autant s’préparer maintenant à m’voir trop faible pour parvenir à effectuer des gestes du quotidien aussi basique qu’ça, nan ? J’sais, j’pense tout d’suite au pire, mais j’sais qu’j’ai une bombe à retardement dans l’crâne, qu’elle a été désamorcée pour l’instant, mais pas vraiment enlevée, alors... qui sait ?

Nous voilà à présent à délirer autour d’notre mariage et d’la présence d’la famille royale à ce dernier. J’garde la main d’Gaëlle prisonnière d’la mienne, comme pour maintenir la complicité qu’nous partageons en c’moment, comme si j’avais besoin, ce soir plus qu’jamais, d’avoir la certitude qu’elle est bien là, à mes côtés, et qu’j’ne rêve pas tout c’qui nous arrive. Un bébé, un mariage... C’est presque trop d’bonnes nouvelles tout ça. Et la vie est d’accord avec moi, au vu d’c’qu’elle nous réserve.... J’pousse un soupir en voyant Gaëlle réagir alors qu’j’évoquais la possibilité qu’d’autres hommes voient à quel point elle est sublime. Si seulement elle s’voyait à travers mes yeux, elle saurait qu’y’a pas plus belle qu’elle, qu’c’est juste pas possible. Mais bon, vous m’direz p’têtre qu’être amoureux rend con et aveugle, moi, j’vous répondrais qu’dans c’cas, j’suis presque un aveugle de naissance hein ! Néanmoins, j’vais pas m’plaindre si certains hommes n’détectent pas cette beauté qui réside pourtant dans chaque fibre de Gaëlle, ça m’fait moins d’concurrence comme ça ! Pour c’qui est des autres concurrents, Gaëlle s’en charge, elle sait leur faire comprendre qu’c’est mort. « Même s'ils essaient de me voler, ils ne sauront pas comment déverrouiller mon p'tit cœur. » Une simple phrase qui a l’mérite d’me faire sourire, bien qu’mon sourire vienne surtout de la teinte rouge qui est apparue sur l’visage d’ma blonde préférée. « Tant mieux, j’ai pas envie d’casser la gueule à tous tes prétendants ! », qu’j’lance, aussi sérieux qu’taquin. Car j’sais qu’s’il l’faut vraiment, si un mec s’montre trop insistant avec Gaëlle, j’pourrais vraiment lui foutre mon poing dans la gueule. Mais dans l’même temps, j’sais qu’Gaëlle parvient toujours à faire comprendre à l’autre, en de tels cas, qu’insister n’sert à rien. Puis bon, quand même, s’amuser à draguer une femme qui a une bague à l’annulaire gauche, c’est quand même un peu con... Oui, bon, je sais, c’est plus ou moins c’que j’vais faire dans quelques mois. Sauf que moi, ça sera différent, vu qu’ça sera Gaëlle... Bon, OK, elle sera, tout comme elle l’est là maintenant, sur l’point d’se marier. Mais bon, on peut pas s’attendre à ce que j’reste les bras croisés, des mois durant, alors qu’un autre s’apprête à l’épouser, nan ? Pour les beaux yeux d’Gaëlle, j’suis même prêt à m’mettre à mal avec la famille royale, lorsqu’ils viendront à notre mariage, s’ils osent essayer d’éclipser les véritables vedettes de l’événements, et plus encore, s’ils espèrent s’mettre en avant par rapport à la plus belle des anglaise (selon moi). Au moins, mes conneries continuent à faire rire Gaëlle. « C'est vrai que ça ferait un peu désordre. Presque un incident diplomatique en fait ! Puis en parlant de tapis rouge. Ce serait sympa pour les shooting photo au milieu du salon, non ? » J’hausse les épaules lorsqu’elle évoque l’incident diplomatique, montrant bien qu’ça m’fait ni chaud ni froid. Et l’pire, c’est qu’c’est vrai, s’il l’faut vraiment, j’peux aller virer une princesse, et même frapper un prince, pour peu qu’l’un d’eux ait osé s’en prendre à Gaëlle. En fait, peu importe qui vous êtes, vous pouvez bien être Obama en personne qu’ça m’gênera pas pour vous remettre à votre place si vous touchez à un seul cheveu d’Gaëlle. Pour ça, sans doute, qu’ma fiancée a toujours craint qu’j’finisse un jour par m’en prendre à son père. C’qui aurait pu s’produire, tôt ou tard, dès lorsqu’il a essayé d’me frapper c’soir-là, durant lequel Gaëlle s’est interposée entre nous. Gros risque qu’elle a pris, c’jour-là, d’ailleurs. Car si jamais son père avait eu la folie d’essayer d’lever la main sur elle devant moi, il est sûr qu’ça aurait pu très mal finir, soit pour mon connard d’parrain, soit pour moi. Mais j’n’aurai certainement pas laissé passer ça, déjà qu’j’me faisais l’effet d’un lâche depuis des mois, depuis qu’j’étais devenu l’p’tit copain d’Gaëlle et qu’j’pouvais rien faire pour la sortit des griffes d’cet enfoiré. Concernant sa remarque sur un tapis au milieu du salon, maintenant.... « J’suis pas sûr, va falloir qu’on refasse toute la déco sinon, pour qu’ça soit assorti au tapis et au luxe qu’ça dénote. Ca nous coûtera plus cher qu’le mariage, du coup ! ». Totalement évident, vous trouvez pas ? « Pis bon, j’risque d’vouloir finir par t’rouler dedans pour te transporter plus facilement jusqu’à la douche... ‘fin, non, attends, durant ta grossesse, j’risque plutôt d’vouloir te traîner en t’faisant glisser sur l’tapis jusqu’à la douche, nuance ! » Allez, dites-le, j’suis un enfoiré. Mais j’rigole. J’peux bien taquiner ma dulcinée sur l’fait qu’dans quelques mois, elle va prendre du poids. C’est la vie, d’toute façon. Puis bon, Gaëlle, enceinte, moi j’dis qu’c’est forcément canon à voir. Moins concernant les nausées et tous les à-côtés, par contre, mais bon... D’ailleurs, en parlant de tout ça, j’fais savoir à Gaëlle qu’j’suis prêt à aller voir son boss, dès qu’le docteur lui fera savoir qu’il vaut mieux pour elle qu’elle cesse d’bosser. Hors d’question qu’elle prenne le moindre risque ! J’ai pas envie d’craindre, chaque jour qu’j’aurai à affronter sans elle, d’devenir un salop comme Oscar. « T'en fais pas. J'pense que tu n'auras pas à me chercher du cabinet pour me ramener ici. » J’hoche la tête, rassuré, même si j’me fais pas trop d’soucis sur la question, car elle sait bien trop c’qui risque d’arriver si elle ne s’montre pas raisonnable. Elle n’a que trop souffert d’l’absence d’sa mère dans son enfance, j’me doute bien qu’elle n’a pas envie d’imposer ça à notre enfant. Elle n’a que trop vu les dégâts qu’un deuil pas vraiment fait peut engendrer chez un homme, même si elle s’doute qu’j’finirais pas comme Oscar. Par contre, j’pense qu’elle m’connait assez pour savoir qu’mon goût d’la vie sera fortement entaché s’il lui arrivait quoi qu’ce soit. « Mais, je note que tu te portes volontaire pour aller déposer la paperasse ! » J’lui lance un regard lui signifiant bien qu’ça m’étonne même pas d’elle, mais j’ne dis rien, préférant profiter pleinement d’ses caresses, qui m’ramènent à des pensées moins tourmentées.

La question du prénom du p’tit s’pose. Enfin, partiellement, car d’toute façon, on n’en est pas encore au stade où faut qu’on s’décide hein ! « C'était mignon, Caramel. » Par contre, si on peut éviter ça pour notre gamin, ça serait une bonne idée hein. J’adresse d’ailleurs un regard à Gaëlle qui lui indique clairement qu’j’suis en train d’m’imaginer appeler notre gosse Caramel. Et Caramel Edgecombe, ça passe pas. Remarquez, j’suis sûr qu’pour certaines personnes, ça pourrait plaire. Quand on voit qu’y’a des parents qui s’éclatent à donner des prénoms tordus à leurs gosses, comme Apple... Non mais honnêtement, vous vous voyez appeler votre gamin Pomme, vous ? Moi, j’sais pas pour vous, mais les pommes, j’les mange, comme celle qu’j’ai transporté depuis la cuisine et qui s’trouve, partiellement mangé, sur la table du salon. Par la suite, j’tente de faire le compte, l’plus proche d’la réalité possible, du nombre d’Edgecombe qui parcourent le monde. « Pour le moment.. », m’dit alors Gaëlle, après m’avoir accompagné dans mon rire. « Ca ne va t'être pas durer. Ca se rapproche de la moitié de la population mondiale, là ! » C’est vrai, j’avais oublié d’tenir compte des naissances qui peuvent très certainement survenir au cours des années futures. Puis bon, y’a aussi les jumeaux. Heureusement qu’y’a pas d’triplés chez les Edgecombe, ça pourrait être pire ! « T’verras, un jour, on dominera l’monde ! Et p’têtre qu’là, j’te laisserais mettre un tapis rouge dans notre maison. Ou non, j’ai mieux : c’jour-là, on vivra à Versailles ! » Ouais, quitte à avoir des rêves de grandeur, autant voir dans la démesure ! Etrangement, l’fait d’dire des conneries n’ralentit pas la cadence d’mon cœur, mais bon, j’suis encore dans l’excitation d’être prochainement père. Et surtout, d’être en compagnie d’la mère d’mon enfant, ça joue pas mal aussi sur mon p’tit palpitant ! « Arrête, tu vas me faire rougir. », voici c’que Gaëlle m’dit, lorsqu’j’dis qu’elle sera une Moby Dick à tomber. J’penche ma tête sur l’côté, pour mieux la voir, et lui dire : « Tu crois vraiment qu’la possibilité d’te faire rougir puisse m’faire arrêter ? », avec sérieux. Non, parce qu’si elle croit ça, c’est qu’elle m’connait mal. J’pense qu’depuis qu’on est ensemble, j’ai dû passer des heures et des heures à tout faire pour la faire rougir, alors bon.... A l’avenir, j’vais passer des heures et des heures à m’occuper d’notre gosse, même si, l’jour du mariage, j’risque pas d’le voir des masses, les invités vont sans doute vouloir l’cajoler à fond ! « Sans aucun doute ! Ce serait terrible, n'empêche. Après, on a les noms et les adresses. Puis,Edgecombe ou pas, celui qui le volera .. L'aura affaire à moi ! » Car ouais, l’gamin court l’risque d’se faire enlever, parce que d’mémoire d’Edgecombe, y’aura jamais eu d’Edgecombe aussi mignons qu’lui, j’en doute pas ! Il devra surtout remercier sa mère pour ça, par contre ! « Hum... Mère Poule : ça m’plaît assez ! », dis-je, non sans parvenir à retenir un sourire face au ton employé par Gaëlle. C’est pas pour m’déplaire d’la voir s’montrer presque lionne pour défendre son lionceau. La possessivité qu’j’aime voir en elle s’étend à c’qu’elle manifeste pour tout ses proches, et j’sais qu’ça m’plaira particulièrement lorsqu’il s’agira d’nos enfants. Nos enfants, penser simplement ces mots m’fait sourire. Encore. J’crois qu’il va m’falloir d’longues heures avant d’le perdre, avant qu’il n’cesse d’s’inviter sur mes lèvres en pensant à la famille qu’Gaëlle et moi, on commence à construire. C’même sourire qui m’fera défaut, dans quelques mois, lorsqu’la roue aura tournée. « Au pire, on fera appel au service d’sécu’ d’la famille royale : faut bien qu’ils s’rendent utile, après tout ! » Un p’tit grignotage de pomme plus tard, et voilà qu’j’formule à Gaëlle la demande que ma mère soit la première personne d’notre entourage à savoir pour l’nouvel Edgecombe qui est en cours de route. Au vu du sourire qui illumine littéralement son visage, j’en déduis qu’elle approuve totalement ma suggestion, bien qu’ça n’m’étonne pas, car j’sais bien qu’elle apprécie réellement ma mère. C’est sans doute l’un des autres points positifs d’notre histoire, d’nous connaître depuis toujours : elle a appris à connaître mes parents et ma famille depuis bien longtemps, et à s’en faire accepter. Contrairement à d’autres mecs, moi, j’ai pas à voir ma copine n’pas s’entendre avec l’un des miens, et feindre l’contraire quand on est en famille, ni à supporter ma famille la critiquer dans son dos. Frôlant sa main d’mes lèvres, j’la sens trembloter, et ça m’fait sourire. Si j’parviens à la faire réagir ainsi sans même réellement l’chercher, lorsqu’j’le veux, ça peut être fun. Non, mais dans un registre plus sérieux, ça m’fait plaisir d’la voir dans un tel état. Car j’sais qu’son . « Bien entendu. » est sincère. « Ca va lui faire plaisir, et c'est une bonne occasion pour lui rendre visite. », me lance-t-elle, d’une voix un peu plus vive, mais tout autant adorable qu’sa précédente réplique. « Bien évidemment. », dis-je, ne voyant pas les choses autrement. Une telle nouvelle, sauf si on n’peut faire autrement, c’est préférable d’l’annoncer d’vive voix, nan ? Puis bon, j’tiens à voir la surprise et la joie briller dans les yeux d’ma mère. Et aussi à la voir rassurée d’réaliser qu’son fils, incontestablement celui qui lui a causé l’plus d’soucis durant son enfance et son adolescence, a réussit à s’poser assez pour parvenir à fonder une famille. Sans oublier qu’la nouvelle du mariage, je n’ai pas pu la lui annoncer. Enfin, disons qu’elle était dans la confidence avant même que j’ne fasse ma demande. Elle l’a même su avant tout l’monde, avant Gab, Erin et Sarah. C’est à ma mère qu’j’ai demandé des conseils pour la demande en premier lieu. C’est même elle qui m’a donné l’idée d’la Claddagh, après qu’j’lui ai confié qu’j’souhaitais offrir une bague à Gaëlle qu’elle serait la seule à avoir, qui lui ressemblerait et qui lui plairait vraiment. Dès qu’j’ai lu la légende liée à cette bague, et entendu parler du côté traditionnel irlandais, j’ai su qu’c’était c’qu’il m’fallait. J’avoue que c’qui m’a surtout convaincu, c’est l’histoire autour, celle d’un amour assez contrarié par l’destin, mais qui parvient à s’retrouver au final, à force d’persévérance. J’ai trouvé qu’ça nous correspondait assez, bien trop pour qu’on passe à côté d’cette jolie symbolique. Juste dommage d’savoir qu’j’perdrais d’vue cela dans les mois à venir... Tout ça pour dire que ma mère n’a pas été surprise d’l’annonce du mariage, vu qu’elle était dans la confidence depuis l’début. Là, j’veux donc qu’elle ait cette surprise, qu’elle soit, une fois encore, en avance par rapport aux autres. « Faudra que tu viennes avec moi d’ailleurs ! » Autant faire entièrement les choses dans les règles de l’art. Ca n’en sera que plus plaisant pour ma mère, qui pourra nous féliciter tous les deux, et p’têtre même m’faire savoir qu’elle aurait dû s’douter plus tôt qu’ça finirait ainsi, entre nous, car elle s’plait souvent à dire qu’elle a été l’une des premières à remarquer qu’Gaëlle était l’une des rares personnes en mesure d’m’apaiser et d’calmer ma fougue. Même si elle déplore qu’nous n’en avons pas pris conscience avant qu’Riley n’soit pris dans cette histoire.... J’évoque ensuite mon envie d’voir Gaëlle revêtir sa tenue d’pirate, sentant bien qu’ça risque d’m’inspirer d’nombreux dessins. « Est-ce que c'est une façon détournée de me dire que j'ai plutôt intérêt à me dépêcher de venir saboter ta journée de travail ? » J’me mordille la lèvre, en affichant la moue la plus innocente qu’j’ai en stock, mais j’me fais presque mal en appuyant plus fortement, parce qu’j’vois Gaëlle en faire d’même (ouais, parfois, mon cerveau est con !) « J’dirais pas saboter, mais plutôt... Me distraire. Me changer les idées. », ça sera une distraction bienvenue dans ma prépa’ d’expo’, j’trouve. « Faudra que je m'débrouille pour pas que tu m'oublies trop, mais t'en fais pas pour ça. T'auras pas le temps de partir protéger une autre pirate, qui sera de toute façon moins.. Sexymaispastrop que moi. N'est-ce pas, l'vieux ?» J’ai déjà dis qu’j’l’aimais ? Pas assez, p’têtre, nan ? « Quelle délicatesse attention d’veiller sur moi d’la sorte. Va falloir qu’tu t’montres à la hauteur pour qu’j’t’oublie pas alors, j’ai tendance à oublier assez vite pas mal d’choses, t’sais ! ». L’pire, c’est qu’c’est vrai. Les gens qui m’marquent pas, comme les événements qui n’ont guère d’importance pour moi, j’les zappe assez facilement. On en aura la preuve, dans l’futur, avec ma belle rencontre avec la secrétaire d’Gaëlle, qui m’marquera tellement qu’j’serai surpris d’voir qu’elles bossent ensemble ! Bon, par chance, Gaëlle, j’suis pas prêt d’l’oublier. Par contre, la réciproque n’est pas vraie, mais ainsi va la vie... . « Donc aucune autre ne sera autorisée à se faire une place dans tes bras pendant que j'chantonne une berceuse à Mini-Edgecombe. » J’pousse un soupir, à fendre l’cœur des plus insensibles. Ou pas. Disons qu’c’est juste un soupir qui peut au moins faire sourire les gens. « Mais... J’vais réchauffer qui moi, pendant c’temps ? Perte d’énergie, avec l’réchauffement climatique, c’est pas très bio tout ça, t’sais ! ». Essayer d’dire des conneries alors qu’j’imagine déjà Gaëlle chanter la berceuse à notre enfant, c’est assez compliqué. La vision qu’’j’en ai m’plaît assez. Autant qu’j’aime voir Gaëlle s’amuser à essayer d’me déconcentrer lorsqu’j’bosse, et qu’elle joue d’la guitare vers moi. D’autant plus qu’elle choisit soigneusement ses titres pour mieux m’déconcentrer, la gueuse ! « Au moins, maintenant, on sait quoi faire de la pièce à l'étage. Elle est suffisamment grande, non ? », m’demande finalement Gaëlle. J’fronce les sourcils, réfléchissant quelque peu, pour n’pas dire d’bêtises, avant d’déclarer : « Ca ira parfaitement ! », sur un ton réjoui. La pièce est même idéale pour ça. Bon, par contre, va pas falloir qu’on reste là des années, j’pense, surtout pas si on veut fonder notre famille nombreuse, car elle risque d'être un peu petite s'il faut y mettre deux gamins, mais en attendant d’trouver mieux, pour les quelques années à venir, ça devrait aller. Ne tenant décidément plus en place, j’finis même par m’lever, et attraper ma pomme, pour croquer dedans, et dire, quelques secondes plus tard. « Allez, viens donc, Moby Dick, on va voir la chambre d’notre 1er mini-Edgecombe ! ». Me tapez pas, mais j’ai déjà des idées pour l’agencer, en plus. Puis, p’têtre qu’en présentant quelques idées à Gaëlle, elle parviendra à mieux voir la pièce comme une nurserie, et non comme un débarras. Bon, la référence à la baleine, vous avez compris d’où elle sortait, j’espère. J’repose la pomme sur la table, j’la finirais plus tard, et j’dis alors. « J’te préviens, j’te porte pas pour aller là-haut par contre ! », qu’j’lance, souriant. Pas besoin d’préciser qu’notre conversation m’donne envie d’bouger, elle doit s’en douter, elle m'connait. Pourtant, j'étais bien sur l'canap', mais rester sans bouger, aussi longtemps qu'ça, ça m'est compliqué. Rien qu'lorsque j'regarde un film, si j'ai pas Gaëlle blottie dans mes bras, et qu'j'refuse donc d'la déranger, j'change régulièrement d'position. J’me penche alors vers elle, pour lui murmurer à l’oreille, ostensiblement provocateur : « Par contre, j’garantis pas de pas t’trimballer sous la douche dans la soirée. » Hey, que voulez-vous, on motive comme on peut une femme à s’lever du canapé sur lequel elle était aussi bien, hein ! Puis bon, j’avoue qu’de la savoir enceinte, ça m’fait moins envie d’la voir courir. Elle pourrait s’vautrer, ma maladroite, et ça m’angoisserait. « Et faut qu’j’tente de voir combien d’temps encore t’peux t’contenter d’te mordiller la lèvre ! » Lentement, sans perdre mon sourire, j’me redresse, lui tendant une main pour l’aider à s’lever. Le film, ça fait bien longtemps qu’j’l’ai oublié, j’l’avoue ! En même temps, il n’fait pas l’poids face à c’que vient d’m’annoncer Gaëlle !

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